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00:00Bonjour et bienvenue sur L'Estar TV, notre émission Business Angel, où les Business
00:13Angels viennent nous partager leur expertise d'investissement en amorçage dans les startups.
00:18Aujourd'hui en visio, c'est Nicolas Lemettier que nous accueillons.
00:22Nicolas, bonjour.
00:23Bonjour Stéphane.
00:24Alors, peut-être deux mots sur votre parcours, brillant parcours, devrais-je dire, puisque
00:28vous êtes donc le cofondateur de deux belles boîtes, pouvez-vous nous en dire deux mots?
00:33Oui, oui.
00:34Déjà, merci de m'inviter aujourd'hui.
00:36Effectivement, j'ai un parcours entrepreneurial qui commence un petit peu à dater puisque
00:41ça fait maintenant un peu plus de 15 ans que j'entreprends et 10 ans que je suis dans
00:45ce qu'on appelle la French Tech concrètement.
00:47J'ai été cofondateur de Youbooks, une plateforme de lecture en streaming, qu'on a monté à
00:53un peu plus de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires et qu'on a revendu il y a quelques
00:55années.
00:56Ensuite, j'ai cofondé Swann, qui était une plateforme de paiement B2B, où là, c'est
01:01pareil, j'ai un peu connu tout ce qu'on peut, tout ce qu'on cherche en tant qu'entrepreneur
01:06et startupeur.
01:07Donc, des levées de fonds successives jusqu'à une série A, puis on a revendu la boîte
01:11après l'avoir scalée à un peu plus de 100 personnes il y a un an maintenant.
01:15Oui, ça a monté jusqu'à 130 salariés, je vois.
01:18Alors, vous êtes, comme on dit, à Business Angel depuis 7 ans, vous avez investi dans
01:23des petits startups, on va y revenir, mais vous avez un peu professionnalisé cette activité
01:26puisque vous avez cofondé, avec d'autres entrepreneurs, un corporate venture studio
01:32qui s'appelle LECAR, L E I C A R, et qui a déjà lancé 60 startups dans la tech en
01:38France au cours de ses dernières années.
01:40Vous pouvez également vous en dire des mots ?
01:41Effectivement, LECAR, c'est la continuité de mon projet en tant qu'entrepreneur, puisqu'à
01:49peu près de 40 ans, j'avais l'envie de continuer à entreprendre, mais je réfléchissais
01:53un peu aux prochains steps, quelque part, après avoir fait deux startups vraiment à
01:58temps plein.
01:59Je me suis surtout aperçu qu'en côtoyant l'écosystème de l'entrepreneuriat et des
02:04startups, qui est vraiment, moi, mon ADN, qu'il y avait quand même beaucoup de projets
02:08qui meurent aujourd'hui, c'est 90% des startups qui meurent dans les trois prochaines années,
02:14des difficultés aussi à faire exister des startups à plus de 10 millions d'euros.
02:17Et donc, je me suis dit que j'avais vraiment envie de travailler à créer un écosystème
02:22en France, mais un écosystème surtout européen pour, un, préempter le risque d'échec des
02:27startups et surtout favoriser l'accessibilité des assets, la transmission, donc le M&A
02:33de startups entre elles dans un écosystème, ou la transversalité qu'on pourrait avoir
02:38avec des corporate.
02:39On a lancé du coup LECAR avec cinq autres entrepreneurs assez expérimentés avec cette
02:44vision-là, cet ADN, donc concrètement, on accélère des projets, donc de startups,
02:50on fait matcher ces startups aussi avec des corporate, et ces startups, on les co-finance
02:54aussi si c'est nécessaire dans leur phase de financement, et on a verticalisé notre
02:59approche sur tout ce qui touche au sport, donc plus précisément la sport tech et la
03:03health tech, donc tout ce qui touche à la santé.
03:05D'accord.
03:06Alors, si on met un petit peu en arrière, déjà, qu'est-ce qui vous a motivé à devenir
03:09Bizess Angel ?
03:11C'est le give-back, je pense, assez traditionnel de beaucoup de personnes qui deviennent Bizess
03:17Angel, c'est d'avoir rencontré sur sa route beaucoup de Bizess Angel qui ont aidé,
03:23parce que quelque part, moi, avant de faire mon premier ticket, j'avais probablement dû
03:29convertir 60 ou 70 BA sur les dix dernières années pour financer mes différentes startups,
03:36donc le jour où finalement j'ai pu me permettre, en gagnant un petit peu d'argent, de pouvoir
03:41give-back et finalement, moi aussi, venir contribuer à ça, ça a été assez naturel
03:45pour moi, je l'ai fait tout de suite.
03:46Vous avez donc perpétué la chaîne, si l'on peut dire.
03:50Quels sont vos critères de sélection et le ticket moyen consacré par projet ?
03:55Alors, le premier critère, c'est l'humain, c'est les entrepreneurs.
04:01Donc, est-ce que j'ai un fit ? Est-ce que je suis convaincu que ces entrepreneurs vont
04:06réussir ?
04:08Et surtout, est-ce que je suis convaincu qu'ils vont être capables d'endurer la douleur
04:13suffisante pour réussir ? Parce que ça prend du temps de faire un projet, entre sept et
04:19dix ans dans le meilleur des cas, si on fait une startup, on crée suffisamment de valeur
04:23pour l'exiter, et ça prend toujours plus de temps que prévu et c'est toujours plus
04:27compliqué que prévu.
04:28Donc, l'enjeu, ça va être surtout cette capacité à absorber cette endurance.
04:32Il faut que j'arrive vraiment à être convaincu de ça.
04:36Et ensuite, l'appétence marché, c'est est-ce que je comprends le marché et l'industrie
04:42sur lequel en fait je suis en train de regarder le dossier ? Et moi, j'ai mis des tickets
04:47à 20 000 euros sur les plus petits et puis jusqu'à 70 000 euros, je crois même un peu
04:53plus sur vraiment des startups coup de cœur.
04:56D'accord.
04:57Comment vous opérez le sourcing ?
04:59Ce n'est que du sourcing qui vient du réseau.
05:03D'accord.
05:05Quel est votre degré d'application ?
05:08Alors, indépendamment de l'écart, on aura compris que c'est une partie un petit peu
05:12professionnalisée.
05:13Mais sinon, quand vous allez dans les startups Business Angel classique, il y a plutôt tendance
05:18à vouloir vous impliquer ou uniquement quand on vous appelle, quand on a besoin de vous ?
05:22Alors, maintenant, j'ai vraiment opéré aussi un move sur mon rapport à l'investissement
05:28et au Business Angel depuis qu'on a fondé l'écart.
05:32On a aussi créé du coup un véhicule d'investissement de Business Angel pour syndiquer en fait les
05:39investissements sur la thèse qui est le sport et la santé.
05:42Autrement dit, je ne me dédie qu'à cette verticale-là et à travers maintenant le
05:47véhicule d'investissement syndiqué de Business Angel.
05:50Donc ça, c'est le maintenant.
05:52Ce que je faisais avant, c'est que j'ai beaucoup travaillé sur le fait d'avoir pu
05:57côtoyer différents types soit d'EBA, soit d'investisseurs, soit d'ICI.
06:01Ça m'a permis de comprendre un peu ce qu'un entrepreneur pouvait attendre en fonction
06:05de la maturité de sa boîte.
06:06Quand on fait la toute première levée de fonds et qu'on va chercher des entrepreneurs
06:10qui peuvent mettre un petit ticket, on va aussi chercher l'expérience de l'entrepreneur.
06:14Donc à ce moment-là, je peux faire un peu ce qu'on appelle maintenant de l'operating
06:18partner route complètement pro bono.
06:20L'idée, c'est de venir un petit peu amener des tips à ses dirigeants.
06:24Maintenant, je le fais beaucoup moins parce que ces startups, elles sont beaucoup plus
06:29matures et donc elles se sont structurées.
06:31Souvent, elles ont mis en place des organes de surveillance comme des boards.
06:35Moi, je suis au board de trois de ces startups, mais je ne suis pas forcément au board de
06:39toutes les startups dans lesquelles j'ai pu mettre un billet.
06:41D'accord.
06:42Alors, comme vous avez été un entrepreneur heureux, vous êtes aussi un investisseur
06:45heureux puisque quand on regarde les performances de portefeuille, pour l'instant, il n'y
06:48en a aucune qui est encore au tapis.
06:49J'espère qu'il n'y en aura jamais.
06:51Trois devraient sortir cette année, donc avec un fois huit.
06:54Bravo.
06:55Donc en moyenne.
06:56Et puis les autres sont en cours de développement.
06:57C'est ça ?
06:58Oui, c'est ça.
07:00Moi, je me repose aussi beaucoup sur le moment où je me positionne sur les levées de fonds.
07:05J'essaie vraiment tout le temps de rentrer sur des projets, sur une valo prémonnaie
07:09entre un et deux millions d'euros maximum puisque finalement, l'écosystème aujourd'hui
07:16repose sur une grosse partie des sessions, compris entre sept et quinze millions d'euros,
07:20on va dire.
07:21Donc, si on rentre sur des valos à six ou sept, c'est quasiment impossible d'avoir
07:24un TRI qui soit vraiment intéressant.
07:27Donc, j'essaie vraiment de rentrer le plus tôt possible et justement d'accompagner
07:31aussi pour aller chercher au moins des ventes cibles à dix millions.
07:38C'est un peu mon sweet spot quelque part.
07:40D'accord.
07:41C'est peut-être aussi un peu la résultante de vos déceptions que vous avez rencontrées
07:43notamment.
07:44Déjà parce que vous n'arriviez pas à sortir assez rapidement.
07:50Et puis, les VCs avec leur liquide, ce qu'on appelle la lucre de prêt, expliquez-nous
07:59ce qui vous a un peu frustré dans vos débuts.
08:02Oui.
08:03Alors ça, c'est tout ce qui s'est passé sur ma dernière startup où effectivement
08:09quand vous faites rentrer, c'est tout l'enjeu et la difficulté de l'investissement des
08:13business angel.
08:14En fait, les BR, ils interviennent sur les toutes premières phases de l'idée d'une
08:19startup, parfois même sur des levées type qu'on appelle family, friends ou autre.
08:25Ça intervient très tôt et en général, une startup, soit elle arrive à se financer
08:29avec ses premiers tours d'investissement et là, c'est trop bien puisqu'on peut créer
08:34beaucoup de valeur, soit en fait, on est sur des projets qui vont nécessiter plus de cash
08:38et donc d'aller tenter de s'indiquer d'autres tours de table qui pourraient être.
08:43Oui.
08:44C'est appelé Seria, Seribé.
08:45Voilà.
08:46Seria, Seribé.
08:47On est sur des tours de table beaucoup plus conséquents.
08:49Les personnes qui font ces tours de table sont des professionnels de l'investissement.
08:54Donc, ça peut être des fonds régionaux ou des ventures capitales qui investissent et
09:00quand ils investissent, ils investissent pas qu'avec de l'argent, ils viennent avec des
09:03conditions suggestionnées à leur investissement qui peut être justement des liquid-prefs.
09:09Alors, les liquid-prefs, ça veut dire quoi ?
09:11Ça veut dire que...
09:12Oui.
09:13Expliquez bien parce que ça intéresse tant les business angel et les petits business
09:16angels du début que les entrepreneurs parce que les entrepreneurs aussi sont un peu balayés
09:20par cette fameuse liquid-prefs.
09:21Expliquez-nous bien.
09:22Exactement.
09:23Et du coup, là où c'est très important, la liquid-prefs vient de la valo de la boîte.
09:28Ce qu'il faut comprendre, c'est que souvent un entrepreneur, il est trop content de se
09:33dire « Ah, j'ai valorisé ma boîte tant, admettons 10 millions d'euros et j'ai dilué
09:36que 10% de mon capital ». Il a l'impression d'avoir fait le meilleur deal du monde parce
09:40qu'il a lâché que 10%.
09:42La réalité, c'est que s'il a, par exemple, lâché 10% de son capital avec des liquid-prefs
09:48qui sont valorisés 1 à 2 fois la dernière valorisation, ça veut dire que s'il vend
09:52sa boîte moins de 20 millions d'euros, il ne touche pas à l'argent.
09:56C'est-à-dire que le SER, le fonds d'investissement, va se servir en priorité sur le coefficient
10:02multiple de ces liquid-prefs qui sont souvent compris à minima fois 1 voire fois 2.
10:06On peut considérer que c'est légitime parce qu'en général, ils mettent beaucoup d'argent
10:10sur une valo qui est beaucoup plus élevée qu'au début.
10:12Donc, on peut considérer que c'est légitime qu'ils essayent de se baquer.
10:16Mais effectivement, il faut que les business angels du début et les entrepreneurs le sachent.
10:20Est-ce que c'est légitime ? Oui, ça peut se comprendre.
10:24Mais la problématique, c'est que souvent, les entrepreneurs découvrent ce plaid-là
10:28au bout de deux ou trois jours de financement et on n'est pas suffisamment formé, donc
10:31on découvre ça.
10:32On a du mal aussi en tant qu'entrepreneur à un moment donné quand on a besoin de cash
10:37à défendre aussi les intérêts des premiers investisseurs et donc des B.A.
10:41C'est le job aussi du CEO, quelque part, d'aller défendre ses intérêts et les intérêts
10:45de ses premiers B.A.
10:46Et souvent, on se retrouve où tout le monde est balayé par ces liquid-prefs.
10:48Et effectivement, là, ça peut avoir beaucoup de frustration parce que ça veut dire concrètement
10:52que si l'entrepreneur ne réussit pas et on est sur des valos qui sont élevés, et
10:56je l'ai dit tout à l'heure, la session moyenne d'une start-up tech en France, je crois que
11:02c'est compris entre 7 et 15 millions.
11:03Alors après, ça dépend des quartiles qu'on regarde, mais ça reste assez faible quelque
11:07part.
11:08Quand vous faites une série A, vous levez 3 millions d'euros sur une valo par exemple
11:11à 6 ou 7, ça veut dire qu'après l'opération, on est sur une valo à 10 millions.
11:16Si vous avez des liquid-prefs fois 2, il faut vendre 20 millions.
11:18Donc, ça fait beaucoup.
11:19Ça veut dire qu'il faut faire partie des 1% de boîtes qui arrivent à se vendre plutôt
11:23sur une valorisation très élevée.
11:25C'est beaucoup de pourcentages.
11:27Là, on commence à déjouer les statistiques.
11:30Effectivement, c'est quelque chose qui peut être assez frustrant de se dire, j'ai accompagné
11:35la boîte au départ, si je ne l'avais pas accompagnée, elle ne serait jamais arrivée
11:38sur cette phase-là.
11:39Donc, le fonds d'investissement n'aurait jamais non plus mis ses billets dans la start-up
11:43et quelque part, le business angel n'est pas suffisamment valorisé sur ces phases-là
11:48en tout cas au moment où les fonds rentrent.
11:51Je pense qu'il y aurait matière à travailler autour de bien évangéliser ce que ça implique
11:57de faire entrer un VC au capital de sa boîte, que ce soit pour le dirigeant, mais aussi
12:01pour les BA et que les BA comprennent aussi un peu du game dans lequel ils sont en train
12:07de rentrer.
12:08Et ça, ça doit être, je pense, assez conditionné au tout début de l'équité historique de
12:11la start-up.
12:12Je pense que le dirigeant doit être assez clair et avoir une vision assez claire aussi,
12:17même si forcément, elle peut évoluer.
12:19Est-ce que moi, mon plaid, c'est de faire une ou deux levées de fonds ou est-ce que
12:22mon plaid, c'est de lever le plus d'argent possible ?
12:25Et donc, forcément, il faut avoir conscience que les premiers BA seront probablement impactés
12:30à un moment donné et risquent de jamais gagner d'argent.
12:32Tout à fait.
12:33Ce point était très important, donc il méritait d'être précis et bien expliqué, comme
12:38vous venez de le faire.
12:39Et c'est aussi l'intérêt de l'émission Business Angels, justement, ce partage d'expérience
12:44avec les Business Angels qui ont été confrontés à différentes situations.
12:49Indépendamment des start-ups, dans quel autre type d'actifs placez-vous vos économies ?
12:54Alors, malheureusement, j'ai investi beaucoup d'argent, alors malheureusement ou heureusement,
13:00je ne sais pas, mais je commence seulement à investir dans des projets maintenant plus
13:05d'actifs immobiliers, mais j'ai mis une grosse partie de tout ce que j'ai pu gagner
13:11dans les start-ups.
13:12Là, je le fais parce que j'arrive à un âge, à 40 ans, où je me dis, il faut qu'il
13:16fasse ce qu'il peut.
13:17Voilà, il faut penser un peu à sécuriser tout à fait le patrimoine familial.
13:20Parfait.
13:21Pour vous, Joël, Nicolas, comment fait-on l'Indie, j'imagine ?
13:24Le plus simple, c'est de me connecter sur LinkedIn.
13:26Nicolas, le mettez.
13:27Parfait.
13:28Nicolas, un grand merci.
13:29Merci à vous.
13:30Merci à tous de nous avoir suivis.
13:32Je vous donne rendez-vous très vite sur Investor TV avec de nouveaux Business Angels.
13:54Au revoir.