Pendant tout l'été, l'actualité du jour vue par les témoins du quotidien dans #180MinutesInfoEte
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00:00:00Bonjour à tous, bienvenue dans cette édition spéciale de 180 minutes info, on est ensemble
00:00:05jusqu'à 17h.
00:00:06Il était le dernier samouraï du cinéma français, Alain Delon s'est éteint à l'âge de 88
00:00:11ans, annonce faite ce matin par ses trois enfants, Anoushka, Anthony et Alain Fabien.
00:00:17Alain Fabien, Anoushka, Anthony ainsi que son chien Loubo ont l'immense chagrin d'annoncer
00:00:22le départ de leur père.
00:00:23Il s'est éteint sereinement dans sa maison de douchi, entouré de ses trois enfants et
00:00:27des siens.
00:00:28Il a appris de bien vouloir respecter son intimité dans ce moment de deuil extrêmement
00:00:31douloureux.
00:00:32C'est le message qui a été adressé tôt ce matin, on continue bien sûr de lui rendre
00:00:36hommage cet après-midi et tout au long de cette journée sur CNews avec de nombreuses
00:00:41réactions.
00:00:42Dans un instant on va redécouvrir une émission spéciale qui lui avait été consacrée sur
00:00:47notre antenne, émission qui date de 2019.
00:00:49Alain Delon était l'invité exclusif de Pascal Praud, mais juste avant, retour sur
00:00:54sa vie et sa carrière avec ce sujet signé Vivien Hervier.
00:00:57Lorsqu'il tourne en 2008 Astérix aux Jeux Olympiques, cela fait près de dix ans qu'Alain
00:01:07Delon est resté éloigné des plateaux de cinéma.
00:01:10L'auto-dérision dont il fait preuve dans son interprétation de Jules César sera saluée
00:01:14par le public.
00:01:15D'une certaine façon, la star tord le coup à cette image d'acteur mégalo, prétentieux
00:01:20et imbue de sa personne qui lui colle à la peau.
00:01:22Il faut dire qu'Alain Delon a joué avec les plus grands réalisateurs et les plus
00:01:25grands interprètes du cinéma français et international.
00:01:28J'ai une grande nostalgie des acteurs disparus parce que d'abord il y en a beaucoup, mais
00:01:31c'est tous ceux qui ont fait ma carrière, tous ceux qui m'ont, alors insus ou pas,
00:01:35m'ont apporté, m'ont donné quelque chose et m'ont fait sûrement ce que j'ai été
00:01:38les années qui ont suivi et ce que je suis encore aujourd'hui.
00:01:40Ça fait partie de ma vie.
00:01:42Doté d'une beauté renversante, d'un charisme quasi-animal, le succès sera presque immédiat.
00:01:48J'aurai vraiment confiance.
00:01:51Pourtant, Alain Delon est entré dans le cinéma par effraction.
00:01:54Il n'a jamais pris de cours, son enfant se décline sur fond de parents divorcés, de
00:01:58familles d'accueil et d'institutions d'où il sera systématiquement renvoyé.
00:02:02Après un CAP de charcutier, il s'engage dans la marine au moment de la guerre d'Indochine.
00:02:07De retour à la vie civile, il enchaîne les petits boulots.
00:02:10Ses rencontres amoureuses vont changer son destin.
00:02:13Des femmes, mais aussi Jean-Claude Brialy qui l'emmène à Cannes.
00:02:16Si j'ai les mains prises...
00:02:19Yves Allégret sera le premier réalisateur à lui donner sa chance dans « Quand la
00:02:22femme s'emmêle ». Puis René Clément, dans « Plein soleil », lui offre son premier
00:02:29grand rôle.
00:02:30Sa carrière est lancée.
00:02:31Lucchino Visconti le repère.
00:02:34Avec lui, il tourne « Rocco et ses frères », puis « Le guépard », « Palme d'or
00:02:38à Cannes » en 1963.
00:02:39C'était les religieuses qui s'étaient réfugiées dans la chapelle, toutes agglutinées
00:02:42contre l'autel.
00:02:44Alain Delon a 28 ans.
00:02:46Ils vont suivre Mélodie en sous-sol d'Henri Verneuil, qui marque sa rencontre avec Jean
00:02:51Gabin, son modèle dans le métier.
00:02:52Les films vont s'enchaîner.
00:02:59Plus de 90 au total.
00:03:01« Le samouraï », « La piscine », « Le clan des Siciliens », « Monsieur Klein »,
00:03:06« Paroles de flics » pour ne citer que les plus célèbres.
00:03:08Dans « Borsalino », il donne la réplique à Jean-Paul Belmondo, son alter-ego à l'écran.
00:03:19Côté vie privée, l'acteur est un séducteur.
00:03:24Il enchaîne les conquêtes féminines.
00:03:25Les femmes qui ont compté dans sa vie, Romy Schneider, avec qui il formera un couple
00:03:37mythique à l'écran, comme à la ville, ou encore Mireille D'Arc, sa compagne pendant
00:03:4115 ans.
00:03:42Il lui faudra attendre 1985 pour être reconnu par la profession qui lui attribue le César
00:03:48du meilleur acteur pour le film « Notre Histoire ».
00:03:52Au festival de Cannes, la reconnaissance sera encore plus tardive et c'est un Alain Delon
00:03:59ému aux larmes qui reçoit en 2019 une palme d'or pour l'ensemble de sa carrière.
00:04:03Alain Delon est entré de son vivant dans la légende.
00:04:08Sa filmographie impressionnante et sa longévité lui confèrent à tout jamais une place à
00:04:14part dans le cinéma français.
00:04:15Bonjour Fabien Lequevre.
00:04:19Bonjour.
00:04:20Merci d'être avec nous cet après-midi sur CNews pour parler d'Alain Delon.
00:04:23Alain Delon était-il le plus grand acteur français, Fabien ?
00:04:27Indiscutablement.
00:04:28Je pense qu'Alain Delon est le plus grand acteur du cinéma français et l'acteur
00:04:32phare peut-être du XXe siècle.
00:04:34Pour quelles raisons ?
00:04:35La longévité de sa carrière, le nombre de films.
00:04:38D'abord pour la longévité de sa carrière, pour les 90 films dont il a été quand même
00:04:43le héros et puis aussi pour sa personnalité.
00:04:46C'est une personnalité très clivante.
00:04:49On peut être contre aussi sur ses engagements, ses opinions, ses avis différents dans plein
00:04:57de domaines.
00:04:58Aussi bien la chanson, le cinéma, l'art, la politique.
00:05:02Il était engagé sur tous les terrains et il avait un vrai avis.
00:05:05Il s'exprimait peu, mais quand il s'exprimait, il faisait savoir de l'avis.
00:05:09Oui, il aimait bien faire savoir bien avant les réseaux sociaux même.
00:05:13Déjà à travers des interviews pour des grands hebdomadaires, souvent il donnait son
00:05:17opinion sur plein de choses.
00:05:18Après, avec les réseaux sociaux, c'était un peu plus complexe.
00:05:22Son opinion était un peu plus clivante, on va dire, par des nouvelles générations.
00:05:28Ils n'admettent plus forcément ce qui appartient au XXe siècle.
00:05:31C'est comme ça, c'est l'époque.
00:05:33Qu'est-ce qu'il représentait pour vous Alain Delon ? Parce que finalement, son image,
00:05:37elle va bien au-delà du cinéma.
00:05:38Delon, c'est la France.
00:05:42D'ailleurs, le président Macron, dans son communiqué qu'il a pu faire ce matin,
00:05:46par exemple, il l'appelle « c'est un monument ». Et le mot est bien choisi, à mon sens.
00:05:51C'est un monument.
00:05:52C'est-à-dire, c'est au-delà.
00:05:53Vous savez, il y a d'abord la vedette, après il y a la star, il y a la légende et le monument.
00:05:57Lui, je crois qu'il avait franchi le seuil du monument, indiscutablement.
00:06:01Et sincèrement, il l'était et il est reconnu par plusieurs générations de Français.
00:06:05C'est une carrière très longue, de l'année 1957 jusqu'aux années 2000, c'est très très long.
00:06:11C'est le dernier finalement des...
00:06:13Je disais tout à l'heure, le dernier des samouraïs.
00:06:16On pense à Jean Gabin, on pense à Lino Ventura aussi, Jean-Paul Belmondo, évidemment.
00:06:21Et aujourd'hui Alain Delon.
00:06:23Oui, dans cette génération-là, c'est le dernier.
00:06:25Il était né en 1935.
00:06:27Cette génération d'acteurs, en tout cas, sont tous partis.
00:06:30Les gens Rochefort, Lino Ventura, enfin tous ceux qui ont animé les bouchons du cinéma, on va dire,
00:06:36des années 60 aux années 90, ils sont tous, tous partis.
00:06:41Philippe Noirèche, enfin tous ces grands acteurs que la France a eus.
00:06:44Alors Belmondo, bien sûr.
00:06:45Bon, il nous reste encore Gérard Depardieu dans les grands acteurs.
00:06:48Bien sûr, Catherine Deneuve, Bardot.
00:06:49Mais je pense que pour le XXe siècle, ça a été pour moi le plus grand acteur et pour des millions de Français.
00:06:54Ça a été, à mon sens, le plus grand acteur du cinéma.
00:06:57Alors justement, nous sommes allés vous poser la question.
00:06:59Que représentait Alain Delon pour vous écouter vos réponses ?
00:07:04Le dernier monstre sacré du cinéma français.
00:07:07Un artiste incomparable.
00:07:09Un acteur.
00:07:10Il aimait se faire appeler acteur, non comédien.
00:07:13Et voilà, c'est le dernier monstre sacré du cinéma.
00:07:16Après Jean Gabin, Lino Ventura, et voilà, c'était...
00:07:19Et bon, c'est une grande tristesse pour l'ensemble des Français, je pense.
00:07:23C'est sûrement une grande figure du cinéma.
00:07:26Ça le restera.
00:07:28Voilà, tout le monde connaît Alain Delon.
00:07:30Et bon, c'est désolant.
00:07:32Tous ceux qui meurent, c'est désolant.
00:07:34Il a eu une belle vie.
00:07:35Je pense qu'il a été au fond des choses.
00:07:37Il a dû avoir la vie qu'il voulait.
00:07:39Voilà, c'est bien pour lui.
00:07:41Mais bon, c'est pas mon acteur préféré.
00:07:43Marie, c'était un très bel homme.
00:07:44J'ai vu il y a deux semaines, par exemple, j'ai vu Borsalino.
00:07:49Excellente image.
00:07:50Un homme très beau.
00:07:51Je me pose pas de questions sur sa vie privée.
00:07:53Ça ne me regarde pas.
00:07:54Mais quand même, c'est un monstre du cinéma qui a su, je veux dire, faire plaisir aux gens.
00:07:59Il avait vraiment un charisme extraordinaire.
00:08:01Et puis, il était beau.
00:08:02Voilà.
00:08:03Peu importe le reste.
00:08:05Chacun a sa vie.
00:08:06C'est un monstre du cinéma.
00:08:08Et puis, il était beau.
00:08:09Vous voyez le physique d'Alain Delon.
00:08:11C'est très important d'en parler, surtout dans notre époque aujourd'hui, en 2024-2025.
00:08:15C'est très important, cette notion de beau.
00:08:17Aujourd'hui, on dénonce presque les gens beaux comme un problème.
00:08:21On est dans une époque, c'est vrai, dans la réussite de Delon, au-delà de son talent d'acteur.
00:08:28Il avait un physique très avantageux, évidemment, qui plaisait aux femmes, à des millions de femmes.
00:08:33Pas qu'en France, parce que c'est une carrière internationale, Delon.
00:08:35Bien sûr.
00:08:36Ses films étaient diffusés dans 77 pays au monde.
00:08:39Ce qui est quand même énorme.
00:08:41En Asie, c'est une immense star.
00:08:42On dit qu'il a boudé le cinéma américain, qu'il aurait pu faire carrière à Hollywood.
00:08:46Oui, parce qu'il se sentait français avant tout.
00:08:48Il aimait la France, les Français.
00:08:49Il aimait le général de Gaulle, il aimait les valeurs de la France.
00:08:51Donc, il a toujours défendu ses valeurs de la France, d'une manière patriotique, d'une manière parfois excessive, contrariée par d'autres.
00:09:00Mais non, c'est un grand homme, tout simplement.
00:09:04Je crois qu'on est obligé de saluer aujourd'hui ce départ qui rend triste des millions de personnes en France, à l'heure où on parle, bien sûr.
00:09:12Parmi ces personnes, on entendait aussi cette femme qui disait qu'il a eu une belle vie.
00:09:15Alors, il a eu une belle vie.
00:09:16Mais est-ce que c'est la vie qu'il a rêvée, finalement, Alain Delon ?
00:09:19Est-ce qu'il n'était pas destiné déjà à ce métier à l'origine ?
00:09:22Non, il n'était pas destiné à ça.
00:09:23Et puis, c'était, à mon sens, je pense que sa vie a été un roman.
00:09:27Il y aura des films plus tard, très certainement.
00:09:30Il y aura des films sur sa carrière.
00:09:32Cette réussite très difficile, très laborieuse, cette enfance compliquée lorsque ses parents divorcent en 1939.
00:09:38Il a quatre ans, Alain Delon.
00:09:39Il le vit très mal.
00:09:41Il est réfugié dans une famille d'accueil.
00:09:43Et puis, en même temps, les coups de chance.
00:09:45Les coups de chance dans sa vie.
00:09:47C'est-à-dire que Romy Schneider a fait partie de ces coups de chance.
00:09:50Elle le sélectionne sur une photo pour l'avoir comme partenaire dans un film.
00:09:54Un film qui s'appelle Christine.
00:09:56D'un seul coup, il est choisi.
00:09:58Il est sous les projecteurs.
00:09:59Il fera son premier succès avec Plein Soleil en 1960.
00:10:02Et la suite, on la connaît.
00:10:03C'est-à-dire qu'à la fois, c'est fait de difficultés, mais aussi de coups de chance.
00:10:07Aussi de coups de chance.
00:10:08Comme beaucoup de carrières, d'ailleurs.
00:10:09Comme dans tous les romans, quelque part.
00:10:11On va évidemment y revenir tout au long de cet après-midi.
00:10:14CNews rend hommage à Alain Delon.
00:10:16Et pour la suite, on va redécouvrir à présent une émission spéciale diffusée en 2019.
00:10:20Alain Delon était l'invité exceptionnel de CNews.
00:10:23Émission présentée par Pascal Praud avec Sonia Mabrouk.
00:10:26C'est tout de suite.
00:10:27Et nous serons juste après en direct, justement, avec Pascal Praud pour en parler.
00:10:31Bonsoir à tous et bienvenue à l'heure des pros.
00:10:33La perfection existe.
00:10:35Elle a le trait d'un visage.
00:10:37Un visage que Botticelli aurait dessiné.
00:10:39Voilà plus de 60 ans que le monde entier regarde Alain Delon
00:10:43comme on compta en plein un accident génétique.
00:10:4660 ans de films, d'articles, de photos, de documentaires, d'exégèses.
00:10:51Et depuis 60 ans, chacun cherche à percer le mystère Delon
00:10:55à coups de psychanalyses de comptoir, de thèses érudites ou d'entretiens fleuves.
00:11:00Alain Delon est avec nous ce soir.
00:11:02Bonsoir Monsieur Delon.
00:11:04Bonsoir Pascal.
00:11:05Merci d'être avec nous.
00:11:0662 pour être précis.
00:11:08Vous allez bien ?
00:11:0962 pour être précis.
00:11:1062 ans.
00:11:1157.
00:11:12Vous allez bien ?
00:11:14Pas trop mal.
00:11:16Je vais bien d'être ici, ça me fait plaisir d'être là.
00:11:18Et on va parler cinéma.
00:11:20C'est bien la première fois que je parlerai de cinéma mais enfin c'est pas grave.
00:11:23On va parler cinéma parce que du 14 au 25 mai,
00:11:27le palmarès de Cannes, Cannes va enfin vous rendre hommage
00:11:31à travers une palme d'honneur, une palme d'or d'honneur
00:11:35qui sera remise, d'ailleurs on ne sait pas encore la journée.
00:11:38Le 19.
00:11:39Le 19 mai.
00:11:40Oui j'arrive le 18, c'est dimanche 19, touche-moi c'est dimanche 19 et je repars le lundi 20.
00:11:45Et vous aurez une palme d'honneur.
00:11:48Est-ce que vous avez hésité avant d'accepter ?
00:11:53Il y a longtemps que j'ai hésité, mais je n'ai pas refusé que j'hésite parce que,
00:11:58comme ils l'ont dit dans leur communiqué,
00:12:00je pensais que l'intérêt d'aller à Cannes c'était surtout pour ceux qui,
00:12:06les génies qui m'avaient fabriqué, les Visconti, les Clément, les Lozet, tout ça,
00:12:10plus que pour moi parce que moi je suis quand même l'expression de ce qu'ils ont fait de moi, vous voyez.
00:12:14Mais c'est eux, les maîtres.
00:12:17Et je pensais que c'était peut-être plus intéressant à eux qu'à moi.
00:12:21Mais ils ne sont plus là alors voilà.
00:12:23D'autant que vous avez eu parfois des rapports difficiles avec Cannes,
00:12:26vous n'avez jamais eu de palme d'or d'interprétation,
00:12:29vous n'avez pas été primé.
00:12:30Jamais, ce n'est pas de ma faute, j'ai eu des films qui l'ont eu, mais moi pas.
00:12:33Mais bon, ça c'est un peu le travail de Cannes aussi, c'est pas toujours facile.
00:12:39Et il y a notamment un film que vous aimez par-dessus tout,
00:12:41qui aurait pu être primé en 1976, c'est l'année de Taxi Driver.
00:12:45Ce film c'est Monsieur Klein.
00:12:48Alors Monsieur Klein qui est un film de Joseph Lozet.
00:12:50Souvent vous dites que c'est un de vos films préférés.
00:12:53C'est lui qui va être présenté le 18-19.
00:12:56Et je vous trouve d'ailleurs assez sévère sur vous-même,
00:12:58parce que vous dites souvent je suis un acteur.
00:13:01Et vous faites la différence entre un acteur et un comédien.
00:13:03Ben précisément, dans Monsieur Klein, et on va voir un extrait dans quelques instants,
00:13:07je trouve que vous composez, vous êtes vraiment un comédien,
00:13:10vous n'êtes pas Alain Delon tel qu'on l'a vu dans de nombreux films.
00:13:14Je ne serai jamais d'accord avec vous, c'est Alain Delon qui n'est pas Alain Delon,
00:13:17mais c'est un acteur qui vit Monsieur Klein, et pas un comédien.
00:13:21Un comédien, vous savez Pascal, c'est une professe,
00:13:24c'est une envie quand on est jeune, on veut être comédien, acteur,
00:13:29faire du cinéma ou autre chose, et on devient comédien.
00:13:32On va à l'école pour apprendre ce que c'est,
00:13:34on va au cours Simon, on va au cours Florent, au cours machin,
00:13:36ça c'est les comédiens.
00:13:38Je ne vous citerai pas les noms, mais il y a des comédiens exceptionnels,
00:13:40comme Jean-Paul Belmondo par exemple,
00:13:42et puis il y a les accidents, comme Gabin, comme Ventura,
00:13:47ou comme moi, je ne parle pas des Américains, j'en connais beaucoup,
00:13:50ils sont des acteurs.
00:13:52C'est des gens qu'on a pris en général un jour, en fonction de leur personnalité,
00:13:55sans savoir ce qu'ils allaient faire, ce qu'ils pouvaient faire,
00:13:57et c'est devenu des acteurs.
00:13:59Et la différence essentielle entre un comédien et un acteur,
00:14:02c'est que le comédien joue, c'est ce qu'il a appris toute sa vie,
00:14:05sa vocation, son métier, l'acteur vit.
00:14:08– Et vous vivez, on va voir un extrait…
00:14:10– Je vis tous mes rôles, que ce soit Monsieur Klein ou Plein Soleil ou ailleurs,
00:14:13je ne joue pas, c'est pour ça que souvent on me dit
00:14:15mais dis-moi dans quel film c'est toi ?
00:14:17Je lui dis c'est moi dans quel film, c'est moi dans tous les films, je vis.
00:14:20Je ne joue pas, je vis, voilà.
00:14:22C'est la différence essentielle, j'y tiens, entre l'acteur et le comédien.
00:14:25Ce n'est pas péjoratif pour le comédien, mais moi je n'ai jamais été à l'école
00:14:29en disant tiens je vais être acteur, je vais être comédien, je vais prendre des cours.
00:14:33C'est arrivé par hasard et c'est un accident, vous connaissez,
00:14:35vous savez très bien comment c'est arrivé.
00:14:37– Tous les noms dont vous avez parlé, tous les films que vous avez évoqués,
00:14:39on va figurez-vous en parler jusqu'à 21h ce soir.
00:14:42Je voudrais qu'on voit un extrait de Monsieur Klein.
00:14:44Alors Monsieur Klein, on est en 1942 à Paris, c'est sous l'occupation allemande,
00:14:48vous jouez Robert Klein qui est un Alsacien qui fait des affaires,
00:14:51notamment en rachetant à vil prix des objets d'art à des Juifs qui sont en difficulté.
00:14:55Dans la scène qu'on va voir, vous achetez un tableau à un merveilleux comédien.
00:14:59Et j'adore ce cinéma des années 70, 80, 60, pour aussi ces raisons-là.
00:15:04C'est la qualité de ce qu'on appelle parfois péjorativement les seconds rôles.
00:15:09Mais Jean Buys est un comédien magnifique.
00:15:12Voyez cet extrait, parce qu'il en dit aussi beaucoup sur…
00:15:17Je vous ai dit aussi que c'est le film qui sera présenté le 18 juin.
00:15:19Bien sûr, il sera le 19 juin.
00:15:21Voyez cet extrait, vous venez de vendre le tableau.
00:15:25Je connais l'extrait, allez-y.
00:15:26Et on le regarde.
00:15:31Vous avez dû le laisser tomber.
00:15:34Non.
00:15:42Vous avez raison, c'est bien mon nom et mon adresse.
00:15:45C'est le facteur qui l'aura posé devant votre porte.
00:15:49Au revoir, monsieur.
00:15:51Bon voyage et bonne chance.
00:15:54Bonne chance à vous, monsieur Klein.
00:15:57Et ça, c'est une scène de Launienne, lorsque vous regardez le miroir,
00:16:17et c'est vous qui avez demandé à ce qu'on regarde le miroir
00:16:21et qu'on fasse cette scène précisément comme ça.
00:16:24Je voudrais juste vous dire que le film ne devait pas se faire et ne devait pas exister.
00:16:28Il a été écrit, j'ai oublié les noms avec ma thyroïdite,
00:16:32par un couple d'Italiens très brillants.
00:16:35Le film devait se faire, mais ils ont tout annulé.
00:16:37Et un jour, un ami à moi, qui travaillait avec moi comme producteur délégué,
00:16:41Norbert Sada, pour ne pas le citer, arrive vers moi et me dit
00:16:44« Alain, ce film-là devait se faire, il ne se fait plus.
00:16:47Je voudrais qu'il l'ait, s'il te plaît, parce que c'est vraiment trop beau. »
00:16:51Le soir même, j'ai lu, je l'ai appelé, je lui ai dit « Je vais le proposer à Losey ».
00:16:56J'ai appelé Joe, je lui ai envoyé le scénario, et deux jours après,
00:17:01Joe m'a dit « On fait le film ».
00:17:03Ce n'était pas prévu ni pour moi, ni pour Joe Losey, ni pour personne.
00:17:07– Il est allé à Cannes, vous auriez dû avoir cette année-là la palme d'or.
00:17:15– Je sais ce qu'il s'est passé cette année-là, mais j'aurais dû avoir la…
00:17:19– Effectivement, il y a eu des… vous étiez personna non grata,
00:17:23on ne voulait pas vous le donner parce que vous n'aviez pas la carte
00:17:27pour le milieu du cinéma.
00:17:29Alors j'ai un mot quand même de Joseph Losey qui est absolument extraordinaire
00:17:33puisque Joseph Losey a écrit à son épouse pendant le tournage,
00:17:37et on est en 1976, vous avez 40 ans, vous avez le monde à vos pieds.
00:17:42Bon, et voilà ce qu'il écrit.
00:17:44« Alain se comporte parfaitement bien avec moi. »
00:17:48– Je la connais, elle est très belle.
00:17:50– « Il est un homme brisé et triste, il est une tragédie. »
00:17:54Vous avez 41 ans.
00:17:58– Il n'y a pas de miracle, il n'y a pas de secret,
00:18:01on peut être une tragédie à 41 ans, à 80 ou à 22,
00:18:04mais j'ai beaucoup évolué depuis quand même.
00:18:06– Mais quand je disais, vous savez que je vis un peu avec vous depuis 15 jours,
00:18:09parce que je regarde plein d'interviews qui ont été faites,
00:18:12et à chaque fois, tous ceux qui vous interrogent ne vous interrogent pas
00:18:16comme on interroge, j'ai envie de dire, un acteur classique,
00:18:18parce que tout le monde essaye de percer comme s'il y avait une sorte de psychanalyse.
00:18:22Je disais tout à l'heure, psychanalyse parfois de comptoir, d'essayer de comprendre.
00:18:26– Est-ce que vous avez lu, tout à fait par hasard,
00:18:28est-ce que vous avez lu ce que j'ai fait dans le monde ?
00:18:30– Dans le monde, bien sûr, avec cet été, exactement.
00:18:34Magnifiques, les six magnifiques papiers sur vos six films.
00:18:37– On ne peut pas être plus vrai et plus direct que ce que j'ai écrit dans le monde.
00:18:39J'ai tout dit, j'ai tout expliqué, j'ai tout fait.
00:18:42Je suis comme ça, vous savez, c'est pour ça que je suis un acteur,
00:18:45c'est pour ça que je suis un accident.
00:18:47Je n'ai jamais été fait pour faire ce métier, Pascal, loin de ça.
00:18:51Et c'est, je ne vous l'ai pas dit parce qu'on ne se connaît pas,
00:18:54mais je veux dire, j'ai fait ce métier pour et à cause des femmes.
00:18:57C'est elles qui m'ont fait faire ce métier.
00:18:59J'étais, paraît-il, pas mal à 25 ans.
00:19:03– Je vous rassure, vous êtes…
00:19:05– Je vous passe les noms, vous les connaissez.
00:19:07Et ce sont elles qui m'ont dit, il faut faire du cinéma, s'il te plaît.
00:19:11Et ils se sont battus avec leur mari, leur maître en scène, pour que je fasse.
00:19:15Et c'est comme ça que j'ai commencé.
00:19:17Je n'avais rien fait, rien appris, je n'ai jamais fait un cours,
00:19:19je n'ai jamais été dans une école ou quoi que ce soit.
00:19:21– Deuxième extrait qui m'intéresse, non pas tant, d'ailleurs,
00:19:24par l'extrait qu'on va voir dans « Plein soleil »,
00:19:26mais parce qu'il révèle, là aussi, de vous.
00:19:28On est en 1959, lorsque le film va sortir.
00:19:32– 25 ans.
00:19:33– Bon, vous avez 25 ans, mais ce n'est pas tant ça qui m'intéresse.
00:19:36Voyons l'extrait avec Maurice René de « Plein soleil ».
00:19:40« Plein soleil », c'est quoi ? C'est un milliardaire américain
00:19:43qui confie donc à Tom Ripley la mission de convaincre son fils,
00:19:47qui s'appelle Philip Greenlife, dans le film,
00:19:50qui passe de longues vacances en Italie avec sa maîtresse,
00:19:52de rentrer en Californie.
00:19:54Mais ce qui est tout à fait exceptionnel dans cette histoire,
00:19:56et qui en dit long sur vous, c'est qu'au départ,
00:19:58vous devez jouer ce bourgeois insouciant qui est sur la côte italienne, etc.
00:20:04– J'ai pris l'autre.
00:20:07– Alors, on voit l'extrait et, vous allez me dire pourquoi,
00:20:10il y a quelque chose qui nous intéresse beaucoup.
00:20:14– Viens m'aider !
00:20:17Allez, saute, il va me rayer toute la coque !
00:20:19Saute, on va le mettre à l'arrière ! – Je ne peux pas, j'ai peur !
00:20:21– Tant de quoi ? – Mais de la flotte !
00:20:23– Mais je m'en fous, c'est de ta faute ! Allez, saute, mon Dieu !
00:20:32– Philip !
00:20:34Philip !
00:20:35Qu'est-ce que tu fais ? Philip !
00:20:38Philip !
00:20:39Qu'est-ce que tu fais ? Philip !
00:20:45Ça t'apprendra !
00:20:47Philip !
00:20:49– Vous devez jouer, en gros, le gentil, et finalement, vous dites non,
00:20:53le gentil n'est pas pour moi, ce bourgeois, ça ne me ressemble pas du tout,
00:20:56moi, je veux jouer celui qui est un peu voyou.
00:20:58Mais, donc, il y a les frères Hakim qui sont là,
00:21:00les grands producteurs de l'époque, il y a René Clément qui est là,
00:21:03il y a son épouse qui dit tout d'un coup, Alain a raison, le petit a raison,
00:21:06– C'est elle qui a tout décidé.
00:21:08– Oui, mais surtout, il y a un trait de caractéristique absolument incroyable
00:21:11et qui vous définit, vous ne négociez pas.
00:21:15– Non, je dis, c'est ça que je veux faire, je ne vois pas pourquoi je ferais l'autre,
00:21:18mais comment, tu peux te permettre, vous pouvez me permettre,
00:21:20je n'ai rien fait, je dis, écoutez, je suis désolé, je vous dis ce que je pense,
00:21:24je ne peux pas faire ce rôle-là, c'est l'autre, c'est tout,
00:21:26parce que ceci, parce que cela, mais comment vous parlez comme ça,
00:21:28vous ne voulez pas faire le film, et qui vous êtes, les producteurs,
00:21:30les frères Hakim, m'insultent devant Clément, etc.
00:21:33Et d'un seul coup, il y avait Mme Clément qui était là-bas en train de faire la vaisselle,
00:21:37elle se retourne et dit, René Chéry, le petit a raison.
00:21:42René Chéry, le petit a raison.
00:21:46Mme Clément, quand elle parlait, son mari faisait ce qu'elle disait.
00:21:50– Elle était un peu plus âgée que lui, d'ailleurs.
00:21:52– Oui, et c'est à cause de lui, sinon j'étais viré.
00:21:55– Oui, mais, enfin, c'est votre vie, vous ne négociez jamais Alain Delon.
00:22:00– Non. – Jamais vous n'avez négocié,
00:22:02ni dans vos amitiés, ni dans vos engagements, ni dans vos films.
00:22:05– Je ne négocie pas. – Mais parce que les gens négocient.
00:22:08Souvent, les gens font des compromis avec la vie, avec l'amour, avec les enfants.
00:22:15– Ce n'est pas ma nature, ce n'est pas mon caractère.
00:22:17– Alors ça, je trouve que c'est peut-être le trait de personnalité le plus fort chez vous, très rare.
00:22:23Par exemple, tous les parents qui ont des enfants, ils négocient,
00:22:26parce que c'est l'enfer les ados.
00:22:28Voilà, tu négocies avec tes enfants, etc., à quelle heure tu rentres, etc.
00:22:31Vous ne négociez rien, jamais.
00:22:33– On n'a jamais beaucoup négocié avec moi non plus,
00:22:36dans ma jeunesse, dans mon enfance, dans mon adolescence.
00:22:39Et lorsque je suis revenu, les premiers qu'on négociait
00:22:42sont les femmes qui ont voulu me faire faire ce métier.
00:22:46Et puis, je peux vous interrompre deux minutes ?
00:22:49Oui ? – Oui.
00:22:50– Ah ben, vous n'avez pas dit oui.
00:22:52Non, pourquoi je suis là aujourd'hui, moi ?
00:22:55– Parce que je vous l'ai demandé.
00:22:57– C'est pas tout à fait ça.
00:22:58– Parce que je vous ai appelé de nombreuses fois.
00:23:00– C'est pas tout à fait ça.
00:23:01Je voulais simplement vous dire que je suis là aujourd'hui
00:23:03pour vous et pour vous, tout seul.
00:23:05Et avant Cannes, je vous ai bien dit, je ne verrai personne
00:23:08et personne ne me verra avant Cannes que vous.
00:23:10Pourquoi ?
00:23:12Parce qu'il y a quelques années, j'ai beaucoup souffert
00:23:14d'une situation délicate, où les gens étaient terribles avec moi.
00:23:17Et il y a un monsieur qui s'est dressé, que je ne connaissais pas
00:23:20et que je ne connais toujours pas, je le vois ce soir pour la première fois,
00:23:23c'est Pascal Praud.
00:23:25Il s'est mis à hurler, on ne touche pas à l'un de l'autre.
00:23:28Ça m'a bouleversé.
00:23:30Je lui ai dit, mais qui c'est celui-là ?
00:23:32On s'est parlé au téléphone depuis, mais c'est la première fois,
00:23:34disons-le aux gens qui nous regardent,
00:23:36c'est la première fois qu'on se rencontre, Pascal.
00:23:39À cause de ça, et je voulais vous le dire, merci.
00:23:43Parce que souvent dans ma vie, on m'a attaqué,
00:23:45on m'a fait beaucoup de choses, mais personne n'a fait comme vous
00:23:48en disant, on ne fait pas ça, on ne dit pas ça à cet homme-là.
00:23:51Pourquoi ? C'est vous.
00:23:53Merci Pascal.
00:23:54Écoutez, je suis très touché,
00:23:56mais c'est vrai qu'on ne touche pas, pour le coup, à l'un de l'autre.
00:23:58Pourquoi on ne touche pas à l'un de l'autre ?
00:24:00Parce que vous êtes une icône nationale.
00:24:02J'aurais essayé de le faire.
00:24:04Vous êtes une icône nationale.
00:24:05Et puis ceux qui vous attaquent,
00:24:07bon, ça n'arrive pas, parfois,
00:24:09ils n'ont pas fait la racine carrée de ce que vous avez fait.
00:24:12Mais avançons, j'ai une chanson pour vous.
00:24:14Mais je voudrais...
00:24:15Une chanson ?
00:24:16Oui, j'ai une chanson.
00:24:17J'ai une chanson, vous allez l'écouter,
00:24:19mais je sais qu'elle va, pour le coup, vous toucher, cette chanson.
00:24:22Écoutons quelques notes de musique.
00:24:24Quelques ?
00:24:25Notes de musique.
00:24:30Quand j'étais gosse, haut comme trois pommes,
00:24:34je parlais bien fort pour être un homme.
00:24:37Je disais je sais,
00:24:39je sais, je sais, je sais.
00:24:47C'était le début, c'était le printemps.
00:24:49J'avais 20 ans.
00:24:51Mais quand j'ai eu mes 18 ans,
00:24:54j'ai dit je sais.
00:24:56Ça y est.
00:24:57Une fois, je sais.
00:24:59C'est un père, c'est un grand frère,
00:25:02c'est un ami.
00:25:03Maintenant, je sais que je sais.
00:25:05Et d'ailleurs, je pensais que cette chanson, pour tout vous dire,
00:25:07vous pourriez la reprendre.
00:25:08Si j'étais producteur, je dirais...
00:25:10Alors évidemment, vous diriez peut-être,
00:25:11Gabin l'a fait tellement extraordinairement.
00:25:13Je ne peux pas, je ne peux pas.
00:25:14Sincèrement, je ne pourrais pas faire ça à Pricap.
00:25:16Ça lui appartient trop.
00:25:18Et la fin est tellement belle.
00:25:19Maintenant, je sais que je sais,
00:25:21que vous ne le savez jamais.
00:25:23Je ne peux pas prendre ça à Gabin.
00:25:25Il a été tout pour moi.
00:25:26Il m'a tout appris, il m'a tout donné.
00:25:27Il m'a appelé le Maume.
00:25:29À la fin, j'avais la chance de pouvoir l'appeler Jean.
00:25:32Je l'appelais Patron pendant tous nos films,
00:25:34et je l'appelais Jean.
00:25:35Et il me l'appelait le Maume.
00:25:37Et il m'a fait une très belle photo avant de mourir.
00:25:40Il m'a dit pour toi, Alain, en souvenir du vieux.
00:25:44C'est tout, sans signer.
00:25:45Pour toi, Alain, une photo du clan des Siciliens
00:25:47où on est tous les deux.
00:25:49Pour toi, Alain, en souvenir du vieux.
00:25:52Il m'a fait pleurer.
00:25:54Gabin était de 1904.
00:25:56Il est mort en 1976.
00:25:57Comme mon père.
00:25:58Il est mort en 1976.
00:26:00Il avait 72 ans.
00:26:01Mais je le sais.
00:26:02Ce qui est incroyablement jeune.
00:26:03Et il jouait les vieux depuis 20 ans.
00:26:06Je le sais, je l'ai dit.
00:26:07Je lui ai dit d'ailleurs pourquoi,
00:26:09mais il m'a dit c'est comme ça.
00:26:11Il est né en quatre comme mon père.
00:26:12Et figurez-vous que l'autre jour,
00:26:14et j'étais pas le seul,
00:26:16parce qu'on connaît par cœur le clan des Siciliens.
00:26:19Mais par cœur.
00:26:21Il est repassé sur Arte il y a un mois.
00:26:24Sarte.
00:26:25Vittorio Manalese.
00:26:27On va voir l'affiche du clan des Siciliens
00:26:30qui sort le 1er décembre 1969.
00:26:34Le 20 mai 70 sortira Borsalino.
00:26:37En six mois, vous faites le clan des Siciliens et Borsalino.
00:26:41Pas tout à fait.
00:26:42Je fais le clan des Siciliens pour des producteurs
00:26:44et avec les acteurs.
00:26:45Et je fais Borsalino parce que je le produis tout seul.
00:26:49Et je décide de le faire avec Jean-Paul.
00:26:51Donc ce film, le clan des Siciliens,
00:26:53on le revoit, on était là,
00:26:54on en a parlé le lendemain à l'heure des pros.
00:26:5669 films qu'à 50 ans.
00:26:58Le rythme.
00:26:59Oui, je sais.
00:27:00Le dialogue.
00:27:01Les comédiens.
00:27:02L'intrigue.
00:27:03Ventura.
00:27:04Gabin.
00:27:06Delon.
00:27:08Et quand je vois ça,
00:27:09Verneuil,
00:27:10quand je vois ça, je me dis mais
00:27:12comment ce cinéma exceptionnel des années 70 et 80,
00:27:16avec des scénaristes,
00:27:17avec des dialoguistes,
00:27:18avec des réalisateurs, etc.,
00:27:20avec des comédiens qui ont une épaisseur,
00:27:22parce que vous n'êtes pas seul,
00:27:23Ventura est magnifique.
00:27:25Pourquoi ce cinéma-là n'existe-t-il plus aujourd'hui ?
00:27:29Il faut passer la nuit.
00:27:31Non, je vous interromprai pour vous dire,
00:27:33c'est trois acteurs.
00:27:34Gabin, Ventura, Delon, c'est trois acteurs.
00:27:36Ce ne sont pas des comédiens.
00:27:38Pourquoi ?
00:27:39Parce que d'abord, les choses changent.
00:27:41Peut-être que ça reviendra un jour,
00:27:43mais ni vous ni moi ne serons là.
00:27:45Et puis parce que les gens n'écrivent plus à l'époque
00:27:49comme ils le faisaient pour le cinéma.
00:27:52Il y avait des gens qui écrivaient pour Gabin,
00:27:54des gens comme Pascal Jardin,
00:27:56des gens comme Jean Caux,
00:27:57qui écrivaient pour Gabin, pour Linaud,
00:27:58et après pour moi.
00:27:59Maintenant, on ne sait pas ce qu'il fait.
00:28:01On ne sait pas qui écrit pour qui.
00:28:02Il n'y a pas.
00:28:03On prend une histoire,
00:28:05l'acteur ressemble à mon copain qui est dans un bar.
00:28:07Ce n'est plus comme avant.
00:28:09Et un jour, Gabin m'a dit,
00:28:10« Tu sais, il faut que tu saches que faire un film,
00:28:12ce n'est pas compliqué.
00:28:13Tout est dans l'histoire.
00:28:15Si tu as l'histoire, tu fais tout ce que tu veux,
00:28:17la production, la coproduction, les acteurs. »
00:28:20Et le problème maintenant,
00:28:21c'est que je crois qu'il n'y a plus d'histoire
00:28:22parce qu'il n'y a plus d'auteur,
00:28:24comme avant, pour le cinéma ou pour des acteurs.
00:28:27Je suis en train de chercher dans mes notes
00:28:29une phrase extraordinaire de Pascal Jardin,
00:28:33ce qu'il a écrit sur vous.
00:28:34Je la connais par cœur.
00:28:35« Dans guerre après guerre,
00:28:37il me regarde de ses yeux métalliques
00:28:39aux reflets d'alliage suédois
00:28:41qui me font penser au musée de l'Inquisition de Ratisbonne
00:28:45et aussi au supplicier des catacombes de Palerme
00:28:48dont on vida le corps de son sang
00:28:51pour le remplacer par du mercure.
00:28:53C'est un regard doux et meurtrier. »
00:28:59Oui, merci.
00:29:01Pascal Jardin qui était scénariste.
00:29:04« Que je regrette beaucoup, qui me manque beaucoup
00:29:07et qui a beaucoup écrit pour moi
00:29:08et qui a beaucoup compté dans ma carrière.
00:29:10Et de Gabin aussi. »
00:29:12« La race des seigneurs » d'ailleurs.
00:29:13Film qui est sorti en 1974,
00:29:15qui est sorti 8 jours après la mort de Georges Pompidou,
00:29:17le 10 avril 1974.
00:29:19Film formidable, avec Claude Riche,
00:29:21avec Jeanne Moreau dans le rôle de Marie-France Garot.
00:29:26Ce film, il est très dur à trouver en DVD.
00:29:29On ne le trouve pas, il n'est pas distribué en France.
00:29:31Visiblement, moi je l'ai fait venir en import.
00:29:33Formidable film.
00:29:36Il y a également Jean-Pierre Casteldi dedans,
00:29:38au tout départ de sa carrière.
00:29:41Le clan des Siciliens, bien sûr.
00:29:43On ne peut pas parler avec vous sans évoquer Jean-Paul Benmondo.
00:29:47Jean-Paul Benmondo avec qui vous faites un succès
00:29:50avec Borsalino le 20 mai 1970.
00:29:54Vous jouez d'ailleurs, parce que les gens ne le savent pas,
00:29:57ou les plus jeunes ne le savent pas,
00:29:59le rôle, le personnage que vous jouez,
00:30:02s'appelle Rock Siffredi.
00:30:04Et Jean-François Capella.
00:30:06François Capella.
00:30:08François Capella et Rock Siffredi.
00:30:10Avec, pareil, une pléiade de comédiens
00:30:13tout à fait extraordinaires dans ce film-là.
00:30:15J'insiste pour dire que c'est le film que j'ai produit tout seul,
00:30:18que j'ai fait tout seul,
00:30:20parce qu'on m'a demandé souvent pourquoi je ne réalisais pas de film
00:30:23ou pourquoi je n'écrivais pas d'histoire.
00:30:25Je disais que ce n'était pas mon métier.
00:30:27Moi, pour être le patron d'un film, il faut que je le produise.
00:30:29C'est parce que j'ai produit ce film,
00:30:31que je dis que ce film n'est valable, il ne sera valable,
00:30:33que s'il y a Belmondo et moi.
00:30:35Alors on voit effectivement des images avec Belmondo
00:30:37où vous êtes tous les deux radieux.
00:30:39Il n'y a pas l'équivalent aujourd'hui de star que vous étiez
00:30:42dans le cinéma des années 70.
00:30:44Je pense que c'est la maman de Jean-Paul Belmondo d'ailleurs.
00:30:47C'est la maman de Jean-Paul Belmondo
00:30:49qui est à côté de Jean-Paul Belmondo.
00:30:51Absolument.
00:30:52Et c'est vous.
00:30:53Et puis il y a une image également peut-être émouvante
00:30:56lorsque vous vous êtes retrouvés récemment
00:30:59où Belmondo et vous étiez conviés.
00:31:04À la préfecture de police ? Non.
00:31:06Non.
00:31:07Je crois que c'était pour défendre Marcel Campion.
00:31:10Ah, pour Marcel Campion.
00:31:11C'est cela.
00:31:12Ah oui, à la grande roue.
00:31:14Et effectivement, on ne peut pas parler de vous
00:31:16sans évoquer Jean-Paul Belmondo
00:31:19et le couple que vous avez formé.
00:31:22Et chacun se demande la nature de la relation qui existait entre vous.
00:31:28C'était entre la rivalité forcément de deux grandes stars.
00:31:31Ce n'était pas forcément la réalité
00:31:32parce qu'il n'y avait que nous deux.
00:31:34On tenait le cinéma.
00:31:35Pendant des années, on a tenu le cinéma.
00:31:37Et j'ai dit souvent, je disais à Jean-Paul aussi,
00:31:39notre carrière c'est un 100 mètres qu'on court tous les deux.
00:31:42Lui, c'est lui qui gagne.
00:31:43Un jour, c'est moi.
00:31:44Un jour, c'est l'autre.
00:31:45Et on a fait toute cette carrière et tout le cinéma français
00:31:48pendant des années, tous les deux.
00:31:50Au-delà de tout et au-dessus de tout le monde.
00:31:52Je ne le dis pas parce que c'est...
00:31:54Je le dis parce que c'est la vérité.
00:31:56Et on est encore là.
00:31:58Jean-Paul, malgré ce qui lui est arrivé,
00:32:00qui m'a rendu malade,
00:32:03cet AVC qu'il a mis dans cet état,
00:32:05c'est affreux.
00:32:07Voilà.
00:32:08– Je voudrais qu'on voit un extrait maintenant du Cercle Rouge également
00:32:11pour parler du...
00:32:13Cette photo est formidable.
00:32:14– Oui, c'est au sud Boulogne.
00:32:16– Quelques mètres d'ici d'ailleurs.
00:32:18– Je suis à Joinville.
00:32:19On venait voir tourner Gabin.
00:32:21Tous les deux.
00:32:23Elle est belle, cette photo.
00:32:24Elle est magnifique.
00:32:26– Moi, ce que j'aime, c'est le regard que vous portez sur Jean Gabin.
00:32:32Le regard à la fois de tendresse et de fils qui écoutent.
00:32:36Vous disiez que vous l'appeliez patron.
00:32:38– Patron, oui.
00:32:40Oui.
00:32:41Mais vous savez ce qui était très beau ?
00:32:42Je me souviens très bien.
00:32:44Un jour, on tournait avec Simone Signoret, Le Chat.
00:32:47Vous connaissez ce qu'il se passe ?
00:32:48– Bien sûr, Le Chat.
00:32:49Magnifique film.
00:32:50– J'avais été les voir.
00:32:51Et j'ai une image comme ça, qui en fait sourire certains,
00:32:54mais qui moi me bouleverse.
00:32:56Entre deux scènes, j'allais voir Simone et Jean.
00:33:00Et on était assis côte à côte sur des fauteuils de cinéma.
00:33:03Et Simone se mettait toujours à côté de Jean, mais en retrait.
00:33:08Et moi, j'ai compris tout de suite.
00:33:10Et j'ai eu une photo magnifique où on est tous les trois ensemble,
00:33:12où Jean est là, Simone est ici un peu en retrait.
00:33:16Et à côté de Simone, encore un peu en retrait.
00:33:19Pour Jean.
00:33:20Vous voyez ce que je veux dire ?
00:33:21– Bien sûr.
00:33:22– On ne pouvait pas imaginer ça autrement.
00:33:24– Bon, évidemment, il y a le héros de Lognin.
00:33:27Le héros de Lognin, il parle assez peu.
00:33:29Il s'exprime peu.
00:33:30Mais il y a des codes d'honneur.
00:33:31Et on va voir une séquence du Cercle Rouge.
00:33:33Alors, je la replace dans le contexte.
00:33:35Cercle Rouge, je le connais par cœur.
00:33:36On le connaît tous par cœur, pour tout vous dire.
00:33:38Après cinq ans de prison, Corée.
00:33:40Vous jouez le rôle de Corée, libérée.
00:33:42– Jeff, Jeff, Jeff, oui.
00:33:43– Et un autre malfrat qui s'appelle Vaugel,
00:33:45qui est joué par Gianmaria Volonté,
00:33:47est escorté par le commissaire Matéi,
00:33:49joué par Beauville avec son chapeau.
00:33:51Et Vaugel réussit à s'évader.
00:33:53Il saute du train.
00:33:54Et il parvient à se glisser dans le coffre de la voiture
00:33:57que vous conduisez.
00:33:58Et il pense qu'il ne vous a pas vus, à votre insu.
00:34:01Et là, il y a une scène que je trouve absolument extraordinaire.
00:34:04Oui.
00:34:05Regardez cette scène et vous allez la commenter.
00:34:08– Il se termine par une cigarette.
00:34:09– Exactement.
00:34:10Regardez.
00:34:11Il n'y a personne.
00:34:21Des mains en l'air.
00:34:30Charmante façon de me remercier.
00:34:32Tu m'avais vu monter dans ta voiture ?
00:34:34Bien sûr, sinon je ne t'aurais pas invité à en sortir
00:34:36pour te permettre de respirer.
00:34:37Pourquoi avoir pris de tels risques ?
00:34:40Allez, réponds à ma question.
00:34:43Prends-moi le livre de Méget, je peux pas te répondre autrement.
00:35:09Cette scène est géniale.
00:35:22– C'est Melville.
00:35:23– Vous esquissez sur le visage.
00:35:28C'est même pas un sourire.
00:35:29– C'est Melville.
00:35:30– Mais l'amitié est passée.
00:35:32Le deal est fait entre deux hommes.
00:35:34– Cigarette, du feu.
00:35:36Il n'est pas sûr.
00:35:37Moi, je sais ce que je fais.
00:35:39Et c'est Jean-Pierre.
00:35:41C'est Jean-Pierre qui a trouvé tout ça, qui a inventé tout ça.
00:35:44C'est trop beau.
00:35:47Ce sont des êtres qui me manquent terriblement.
00:35:51Melville, Clément, Visconti, Lozet, tout ça.
00:35:54Et j'ai pas vraiment de comparaison en ce moment
00:35:56avec le cinéma d'aujourd'hui, à part des noms,
00:35:59un ou deux, style Besson et Polanski, vous voyez.
00:36:06Mais il y a une jeune génération, c'est vrai, qui arrive.
00:36:08Et il y a des tas de…
00:36:09– Mais je vais vous dire, si je devais faire un film maintenant,
00:36:11je l'ai dit, toute ma vie, je serais malheureux parce que je ne l'ai jamais fait.
00:36:15C'est d'avant de partir, je souhaitais, je voulais, je veux,
00:36:18je l'aurais dit, tourner avec une femme.
00:36:20– Oui.
00:36:21– Avec Maywen ou avec Lisa Azuelos.
00:36:25– Lisa Azuelos, qui a fait « Mon bébé », qui est un film très réussi.
00:36:28C'est formidable.
00:36:29– « La femme d'un ami » en plus.
00:36:30Oui, oui.
00:36:31Et « Police », c'était pas beau par Maywen ?
00:36:33C'est formidable de Maywen, vous avez raison.
00:36:35Mais Maywen dit…
00:36:36Alors, elle nous écoute, j'en suis sûr.
00:36:38– Mais je l'aurais dit, elles le savent.
00:36:39Mais je ne sais pas, elles ont peur, je n'en sais rien.
00:36:41– Et « Mon bébé » est très, très réussi.
00:36:43Bon, on passe vite.
00:36:44Moi, il y a un film que j'adore, c'est « Mort d'un pourri »
00:36:46qu'on peut revoir et revoir et revoir encore,
00:36:48qui est un des derniers films de Maurice Ronay.
00:36:52Il y a Stéphane Audran, il y a Michel Aumont qui est exceptionnel.
00:36:56Je voulais juste, pour vous dire la qualité de l'écriture de ces années-là.
00:37:00C'est l'un du film.
00:37:01Michel Aumont est un furieux, c'est un illuminé.
00:37:05Bon, et puis vous le piégez dans la gare,
00:37:08formidable d'ailleurs cette scène-là.
00:37:10Et puis, voilà ce que vous lui dites, je vais le dire moins bien que vous.
00:37:13« Les psychiatres diront que vous êtes un illuminé. »
00:37:16C'est Michel Audiard qui écrit, un paranoïaque.
00:37:19« Mais aucun ne dira vraiment ce que vous êtes,
00:37:21parce que le mot sonne mal dans un prétoire. »
00:37:23La vérité, c'est que vous êtes un con moro.
00:37:26Oh, rassurez-vous, il y en a eu d'historiques.
00:37:28« Vos prédécesseurs s'appellent Savonarole, Fouquier-Tinville.
00:37:31Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre.
00:37:35La corruption me dégoûte et la vertu me donne le frisson. »
00:37:39J'entends très bien Gabin disant ça.
00:37:42« Vous êtes un con. »
00:37:44Et c'est Audiard.
00:37:46Oui, c'est Audiard qui écrivait pour les acteurs et pour le scénario.
00:37:49Voyez Mordin pourri de Georges Lautner.
00:37:54Il y a Klaus Klinsky qui joue dedans.
00:37:57Il y a Mireille surtout.
00:37:59Et il y a Mireille d'Arc, bien sûr.
00:38:01Mireille d'Arc qui vous suit partout dans le film.
00:38:04Et vous arrivez toujours en retard.
00:38:07On parlera tout à l'heure de Mireille d'Arc, bien sûr.
00:38:11Je voulais qu'on voit également l'affiche de « Deux hommes dans la ville ».
00:38:14J'adore ce film.
00:38:16On le revoit.
00:38:18Ça c'est Giovanni.
00:38:20Vous jouez Gino Strabligi avec cette dernière scène
00:38:23qui a marqué tous ceux qui le voient.
00:38:25J'ai peur quand vous regardez Gabin.
00:38:28J'ai peur au moment où vous allez à la guerre.
00:38:30Et le retour, le regard à la fin.
00:38:33Et le Gabin qui fait...
00:38:36Vous êtes toujours pour la peine de mort ?
00:38:40Oui, toujours.
00:38:43Je vais vous dire pourquoi si vous insistez.
00:38:46Parce que je pense que...
00:38:49Enfin, je suis pour la peine de mort.
00:38:51Je suis surtout pour la perpétuité parce que je pense que ce...
00:38:54La peine de mort, c'est trop facile pour certains.
00:38:56Et le temps de passer 40 ans en taule pour réfléchir et penser,
00:38:58c'est plus dur que la peine de mort.
00:39:00Vous voyez ce que je veux dire ?
00:39:01Mais il y en a d'autres qui la méritent.
00:39:04Il y en a qui la méritent et je ne discuterai pas.
00:39:07On va parler d'un film.
00:39:09C'est le seul dont on va parler dans lequel vous n'avez pas joué.
00:39:13Mais vous avez un jour écrit une lettre au réalisateur,
00:39:16qui était François Truffaut.
00:39:18Et là encore, il y a une passerelle.
00:39:20La Chambre verte.
00:39:22En fait, vous êtes la Chambre verte.
00:39:24C'est un film de 1978, c'est Julien Daven.
00:39:27Julien Daven, qui est joué par François Truffaut,
00:39:29c'est un film formidable.
00:39:31Il a perdu son épouse
00:39:33et il consacre toute sa vie à une chapelle
00:39:37et pour son épouse, mais également pour tous les gens qui sont décédés.
00:39:41Et il y a cette dimension chez vous
00:39:43d'honorer tous les gens que vous avez connus
00:39:46et qui sont décédés.
00:39:47Mais il y a ça.
00:39:48Donc je comprends en 1978
00:39:50pourquoi ce film vous a tant touché
00:39:52et vous aviez écrit une lettre à François Truffaut, d'ailleurs.
00:40:00Ah, je croyais que vous aviez une projection.
00:40:01Ah, pardon, j'attendais une...
00:40:03Non, j'ai pas d'extrait.
00:40:04Pourquoi ? Parce que ça m'a bouleversé,
00:40:05que j'ai voulu lui dire ce que je pensais
00:40:07et ce que je pensais sincèrement, que j'aurais pu faire ça aussi.
00:40:09Mais...
00:40:11C'était très fort, très beau, très grand.
00:40:14Et Truffaut, qui est aventureux metteur en scène,
00:40:16a fait l'acteur prodigieusement bien.
00:40:18Tout à l'heure, on a écouté une première musique.
00:40:20On va écouter une deuxième chanson.
00:40:23Et sur cette chanson,
00:40:25il y a une jeune femme qui va nous rejoindre,
00:40:27que vous connaissez,
00:40:29qui présente le soir notre émission
00:40:31entre 22h et minuit.
00:40:33C'est Sonia Mabrouk.
00:40:35Une chanson et Sonia Mabrouk qui rentre sur le plateau.
00:40:46Paroles, paroles, paroles
00:40:49Je te jure
00:40:50Paroles, paroles, paroles, paroles
00:40:53Paroles, encore des paroles
00:40:56Que tu sais, mon amour
00:41:00Que tu es belle
00:41:01Voilà mon destin
00:41:02De parler
00:41:03Que tu es belle
00:41:04De parler comme la première fois
00:41:05Que tu es belle
00:41:06Encore des mots
00:41:08Toujours des mots
00:41:10Les mêmes mots
00:41:11Ah, Dali, ça me bouleverse
00:41:12parce que j'ai aimé cette femme terriblement
00:41:14et j'ai tellement souffert
00:41:16quand elle s'est fait partir
00:41:19et j'aurais voulu être là
00:41:21pour l'empêcher de partir comme ça.
00:41:23Mais elle avait
00:41:25elle avait pris sa décision,
00:41:27elle ne voulait pas aller en arrière,
00:41:28elle voulait s'en aller.
00:41:29Elle est partie très vite.
00:41:31Et je sais pourquoi.
00:41:34Mais ça c'est un grand souvenir,
00:41:36cette chanson avec elle.
00:41:37Elle a fait le tour du monde dans la chanson.
00:41:39Exceptionnelle chanson.
00:41:40Alors Alain Delon,
00:41:41chanson italienne à la base.
00:41:43Sonia Mabrouk, que vous écoutez,
00:41:45je sais que vous l'écoutez tous les soirs,
00:41:46Sonia, entre 22h et minuit.
00:41:47Je vous l'ai reproché,
00:41:48je lui ai dit, écoutez,
00:41:49il faut que j'attende 22h pour vous voir
00:41:51et après je ne peux pas me coucher avant minuit,
00:41:53alors quand même,
00:41:54faites-la commencer plus tôt.
00:41:55Maintenant que je sais
00:41:56quel indigo vous regarde,
00:41:57quelle pression.
00:41:5822h.
00:41:59Bonsoir à vous.
00:42:00Bonsoir.
00:42:01Bonsoir.
00:42:02Sonia, vous êtes magnifique.
00:42:03Je vous remercie.
00:42:04Non mais je vous le dis.
00:42:05Je vous remercie,
00:42:06je veux retourner le compliment.
00:42:07Pour moi, vous êtes la femme du XXIe siècle.
00:42:10Voilà.
00:42:11On va parler peut-être des femmes du XXIe siècle
00:42:13parce qu'évidemment,
00:42:15il y a quelque chose qui m'a beaucoup touché
00:42:16et qui a touché beaucoup de gens
00:42:18par votre délicatesse
00:42:19et ce que vous avez fait
00:42:21le dimanche 23 septembre dernier.
00:42:23C'est un message
00:42:25que vous avez fait paraître
00:42:26dans le carnet du jour du Figaro.
00:42:28Et il était écrit,
00:42:30Rosemarie Albarque,
00:42:31rédite remiche nédère.
00:42:32On aurait 80 ans aujourd'hui.
00:42:33Voilà.
00:42:34On aurait 80 ans aujourd'hui,
00:42:35ce dimanche 23 septembre.
00:42:36Que ceux et celles qui l'ont aimé
00:42:38et l'aiment encore
00:42:39aient une pensée pour elle.
00:42:40Merci Alain Delon.
00:42:42Et ça, c'était dans le carnet du jour.
00:42:44Et ce qui est absolument extraordinaire,
00:42:46c'est que c'est vous, personnellement,
00:42:49qui êtes allé dans les locaux du Figaro
00:42:53pour apporter ce message.
00:42:54Oui.
00:42:55Parce que j'estimais que c'était à moi de le faire
00:42:57et à personne d'autre.
00:42:59On ne demande pas à un sbire
00:43:01ou à un secrétaire
00:43:02ou à un chauffeur de taxi
00:43:03d'aller porter le message
00:43:04sur Romy qui venait d'avoir 80 ans.
00:43:06Je voulais simplement que les gens le sachent,
00:43:08y pensent, s'en souviennent.
00:43:1180 aujourd'hui, ce 23 septembre.
00:43:14C'est vrai.
00:43:15Je ne l'imagine pas,
00:43:17je ne peux pas l'imaginer une seconde
00:43:20à 80 ans.
00:43:22Vous savez qu'il y a plein de gens
00:43:23qui ont dans leur appartement
00:43:25une photo de Romy Schneider et d'Alain Delon
00:43:28parce que cette photo-là
00:43:29symbolise pour eux l'amour.
00:43:32La photo définitive de l'amour,
00:43:34de la sensualité, de la beauté.
00:43:36Vous parlez de la piscine.
00:43:37De la piscine.
00:43:38Il y a beaucoup de photos qui ont été faites dans ce film.
00:43:44Regardez ce regard de Romy Schneider
00:43:48et ce visage tellement incroyable,
00:43:50tellement expressif
00:43:52et vous qui regardez devant.
00:43:55C'est vrai, je l'ai vu dans des appartements
00:43:58comme si c'était une photo
00:44:01qui signait.
00:44:03Après, il n'y avait plus de photos possibles sur l'amour.
00:44:06Il n'y avait que celle-là de possible.
00:44:08Merci Pascal.
00:44:09Merci Alain Delon.
00:44:10Merci Pascal.
00:44:11Parce que quand Pascal Praud m'a appelé ce matin
00:44:13pour me dire que j'allais être présente ici ce soir,
00:44:15évidemment, je ne m'y attendais pas.
00:44:17Evidemment, je ne l'espérais pas.
00:44:18Alors je me suis dit,
00:44:19si vous m'autorisez Pascal et Alain Delon,
00:44:22que je n'allais pas poser de questions.
00:44:24Oui, ça va nous changer.
00:44:26Que j'allais peut-être vous dire des choses,
00:44:27des choses qui vont peut-être paraître banales.
00:44:29Mais croyez-le, Alain Delon,
00:44:31elles sont marquées du sceau de la sincérité.
00:44:33Parce qu'en ces temps troublés,
00:44:35nous les partageons en ce moment,
00:44:36il y a peu de choses qui nous rassemblent.
00:44:38Et ce qui nous rassemble est éphémère.
00:44:40Alors on aime à se raccrocher,
00:44:41à s'accrocher à des détails.
00:44:43Mais des détails qui font l'essentiel.
00:44:45Ce que François Zéritier,
00:44:47l'immense François Zéritier a appelé
00:44:49le sel de la vie.
00:44:50Et je crois que pour nous tous,
00:44:51vous êtes à la fois la vie et le sel de la vie.
00:44:54Vous êtes la vie,
00:44:55parce qu'il y a peu de gens
00:44:56qui sont doués pour l'existence.
00:44:58La véritable existence.
00:44:59Et Pascal Praud,
00:45:01en aigraînant cette incroyable filmographie
00:45:04a aigraîné votre vie,
00:45:05avec les moments de bonheur,
00:45:06d'amour éternel,
00:45:07de tragédie,
00:45:08de vides qui ne vont plus se combler.
00:45:10Et puis vous êtes évidemment l'immense acteur.
00:45:13La quintessence de la noble séduction,
00:45:15une beauté toujours saisissante.
00:45:17Et puis il y a le sel de la vie.
00:45:19Modestement aussi,
00:45:20le sel de la vie,
00:45:21j'y crois beaucoup,
00:45:22parce que c'est l'irréductible.
00:45:25C'est l'intime qui devient universel.
00:45:27Et le sel de la vie,
00:45:28il est là.
00:45:29C'est vous,
00:45:30quand vous êtes allongé sur le bord de la piscine,
00:45:32c'est ce soleil brûlant,
00:45:33cette atmosphère si lourde,
00:45:37et puis un magnétisme animal,
00:45:39en vous regardant tous les deux.
00:45:40Le sel de la vie,
00:45:41c'est lorsque vous remontez votre imperméable,
00:45:43quand vous grillez une cigarette dans le samouraï,
00:45:45c'est ça le sel de la vie.
00:45:47C'est l'intime en nous,
00:45:48c'est notre imaginaire,
00:45:49qui devient universel.
00:45:51Et il y a peu de gens,
00:45:53peu de personnalités,
00:45:54dans ce monde,
00:45:55qui sont à la fois la vie,
00:45:57et le sel de la vie,
00:45:58vous en faites partie.
00:45:59Et puis il y a autre chose,
00:46:00si vous me permettez,
00:46:02vous êtes le symbole de l'intranquillité.
00:46:05Nous sommes ici sur un plateau de télévision,
00:46:07et on sait ce que c'est parfois être tranquille.
00:46:09Nous sommes parfois baignés,
00:46:11pas Pascal,
00:46:12mais parfois,
00:46:14on se laisse glisser sur la pente du conformisme,
00:46:17du politiquement correct.
00:46:19Et par vos mots,
00:46:20par vos paroles,
00:46:21par vos propos,
00:46:22vous bousculez ce monde-là.
00:46:24Vous envoyez vos mots comme des flèches acérées,
00:46:27et vous venez fendiller le politiquement correct.
00:46:29Alors ça ne plaît pas à certains.
00:46:31Certains osent se plaindre,
00:46:33alors qu'ils ne savent-ils tout ce que vous avez fait,
00:46:35comme l'a dit tout à l'heure Pascal Praud,
00:46:37si on avait fait le tiers.
00:46:39Allez.
00:46:40Eh bien merci pour tout cela,
00:46:42parce qu'il n'y a pas beaucoup de gens
00:46:43qui bousculent cette intranquillité.
00:46:46Merci encore, Alain Delon.
00:46:48Merci à vous,
00:46:49à ce que vous dites,
00:46:50et de la manière dont vous le dites.
00:46:52Ça me touche énormément.
00:46:55Cette intranquillité aussi,
00:46:56elle pose certaines questions,
00:46:58parce que vous êtes forcément un acteur de notre époque,
00:47:01et un observateur.
00:47:02Vous la regardez avec des yeux,
00:47:04non pas nostalgiques,
00:47:05parce que certains pensent
00:47:06que c'est de la nostalgie,
00:47:07c'est faux.
00:47:08Moi je dirais que vous la regardez,
00:47:09si vous êtes d'accord,
00:47:10avec bon sens.
00:47:11Et ce sont ces valeurs-là qu'on a oubliées.
00:47:13Ce bon sens vient de chez nous.
00:47:16Moi je ne suis pas née ici,
00:47:17mais j'adhère à ce bon sens français.
00:47:19C'est l'une des valeurs qu'on a méprisées,
00:47:21qu'on a ringardisées,
00:47:22et on la retrouve dans vos propos.
00:47:24Alors, modestement,
00:47:26est-ce qu'on peut vous dire,
00:47:27restez surtout comme vous êtes,
00:47:28parce qu'on aime votre bon sens.
00:47:30Le problème c'est qu'on est fan.
00:47:32C'est ça Alain Delon,
00:47:33nous on est fan.
00:47:34Oui, il le faut de temps en temps.
00:47:36Heureusement, merci.
00:47:37Il n'y a pas de critique journalistique possible,
00:47:39puisqu'on est...
00:47:40Non, mais on a le droit de ne pas aimer quelque chose,
00:47:42de ne moins aimer quelque chose.
00:47:44Mais d'être absolument absolu comme ça,
00:47:45ça me fait très plaisir.
00:47:47Regardez ces images avec Mireille Darc.
00:47:49On a parlé tout à l'heure de Romy Schneider.
00:47:51Et regardons ces images également,
00:47:54cette image,
00:47:56qui est tout à fait magnifique, émouvante.
00:48:01Et évidemment,
00:48:03puisque nous sommes dans ce chapitre
00:48:05pour évoquer les femmes de votre vie,
00:48:07je voulais qu'on écoute votre fille Anoushka,
00:48:11qui est intervenue, Anoushka,
00:48:13dans le grand journal de Michel Deniso,
00:48:15il y a quelques années.
00:48:17Et on lui a demandé,
00:48:19est-ce que c'est difficile d'être la fille, parfois, d'Alain Delon ?
00:48:22Et est-ce qu'on a le sentiment que son papa est pris par le monde ?
00:48:27Écoutez sa réponse.
00:48:29Comment vivre avec un donjon ?
00:48:31C'est la question que je vous pose, Anoushka, évidemment.
00:48:33Est-ce que ça a été compliqué pour vous
00:48:35de partager votre père avec le monde entier ?
00:48:38Un petit peu, oui.
00:48:40Parce qu'on en devient... On est jaloux, en fait ?
00:48:42On est jaloux.
00:48:43Jaloux des autres ?
00:48:44Jaloux de l'impression qu'il ne vous appartient plus.
00:48:46Ah non, parce que vous avez vu, c'est ce que Mouloud disait.
00:48:49Quand il est à côté, il n'y a pas de problème.
00:48:51Mais non, je ne suis pas jalouse.
00:48:55Les gens non plus, il n'y a pas de problème.
00:48:58C'est juste que c'est quand même assez impressionnant
00:49:00quand je le vois, quand on sort du théâtre,
00:49:02quand on sort au restaurant...
00:49:03C'est tellement mignon !
00:49:05Quand on sort au restaurant, c'est les femmes, quoi.
00:49:09Il a un effet sur les femmes.
00:49:11Mais que ce soit, je ne sais pas, même des super jeunes,
00:49:14quand je lui présente des copines qui sont comme ça
00:49:16quand elles le rencontrent,
00:49:17jusqu'aux femmes un peu plus âgées...
00:49:21C'est gentil, mais c'était quand même plus avant que tu naisses.
00:49:24Oui, c'était plus avant que je naisse.
00:49:26Oui, mais ça n'a pas perdu, je trouve.
00:49:28Quand on voit l'effet qu'il fait sur les femmes,
00:49:30ça a été quand même un des plus...
00:49:32Même sur vos copines, vraiment ?
00:49:33Ah oui !
00:49:34Il y a des copines qui vous ont dit
00:49:35présente-moi ton papa ?
00:49:36Non, elles ne m'ont pas dit présente-moi mon papa,
00:49:37sinon ce ne seraient pas mes copines.
00:49:39Elle a dit des choses très charmantes de votre fille.
00:49:42Les garçons dans la famille Delon,
00:49:44ce n'est pas forcément simple qu'ils s'harmonisent.
00:49:47Ce n'est pas facile, oui.
00:49:48Mais elle, c'est vraiment la femme de ma vie.
00:49:50Je dis à beaucoup d'amis,
00:49:52c'est fabuleux pour un père d'avoir une fille.
00:49:54Ce n'est pas tout seul, quand même,
00:49:56d'avoir une fille comme père.
00:49:57Mais d'avoir une fille, c'est fabuleux.
00:49:59Votre jeune garçon...
00:50:01Alain Fabien.
00:50:02Oui.
00:50:03Il avait eu cette phrase,
00:50:04il avait dit, avec ce très beau livre qu'il a écrit,
00:50:06il a dit, vous n'en êtes pas convaincu,
00:50:08il vous rend hommage, il a dit,
00:50:10mon père m'a toujours dit qu'il faut être de la race des seigneurs.
00:50:12Et je me souviens d'un journaliste qui lui a dit,
00:50:14les seigneurs, ça veut dire qu'il y aurait des seigneurs et pas des seigneurs.
00:50:17Il a dit non.
00:50:18Les seigneurs, ce n'est pas une question de classe,
00:50:20c'est une question de manière d'être,
00:50:22de manière de vivre, un savoir-vivre, un savoir-être.
00:50:24Et est-ce que vous retrouvez quand même,
00:50:27justement, cette race des seigneurs en lui ?
00:50:30Chez vos enfants également, tous, j'imagine.
00:50:34C'est une question difficile.
00:50:36Je ne retrouve plus cette race des seigneurs chez ma fille,
00:50:38comme elle s'est exprimée avant.
00:50:40Lui, c'est par période, c'est par moment,
00:50:42c'est par instinct, par pulsion,
00:50:44c'est par aussi événements dans la vie.
00:50:46C'est beaucoup de choses à la fois.
00:50:48Mais il est mon fils.
00:50:50– Oui, mais on en revient au début de la conversation,
00:50:52vous ne négociez pas. – Pardon ?
00:50:54– Vous ne négociez pas.
00:50:56C'est dur.
00:50:57– Non, attendez, si je négocie dans ma vie,
00:50:59c'est quand même avec les enfants.
00:51:01– Oui, c'est dur.
00:51:02C'est à la fois formidable d'être le fils d'un adolent,
00:51:04mais non, je ne veux pas faire de psychanalyse à deux balles,
00:51:07mais…
00:51:08– Il faudrait que vous sachiez que ce n'est pas facile
00:51:10d'être le père des enfants d'un adolent.
00:51:12Le père du fils.
00:51:14– Bon alors, j'ai des phrases, j'ai des phrases extraordinaires de vous.
00:51:16Je voulais savoir ce que vous en pensez,
00:51:18parce qu'évidemment, il y a des phrases où on se dit
00:51:20qu'il n'y a qu'un adolent qui peut dire ces phrases-là.
00:51:22Et moi, je les adore, ces phrases, parce qu'il y a beaucoup d'humour
00:51:24et de distance.
00:51:25J'aime quand même comme je m'aime.
00:51:27Vous avez dit ça ?
00:51:28– Je n'ai jamais dit ça.
00:51:29– Ah bon ? Bon alors, celle-là, on l'enlève.
00:51:31– Non, j'aime quand même comme j'aime quand j'aime.
00:51:36– Mais alors, comment vous aimez ?
00:51:38– À la folie.
00:51:39J'aime quand même…
00:51:40Ça, je ne connais pas votre phrase, là, j'aime quoi ?
00:51:42– Ben, j'aime quand même comme je m'aime.
00:51:44– Non, non, j'aime quand même comme j'aime quand j'aime.
00:51:48– Bon.
00:51:49– C'est limpide, Pascal.
00:51:50– C'est clair, non ?
00:51:51– Oui, au bon sens.
00:51:52– Il y a celle-là que j'aime bien.
00:51:53Je fais très bien trois choses, mon métier, les conneries et les enfants.
00:51:57Vous n'avez pas non plus dit ça ?
00:51:58– Si, j'ai dit ça.
00:51:59– Ça, c'est bien.
00:52:00– Ça, c'est moi.
00:52:01– C'est pas mal, ça.
00:52:02– Oui, les enfants, mes conneries et quoi ?
00:52:06– Mon métier, les conneries et les enfants, oui.
00:52:08– Je fais très bien trois choses.
00:52:09– Oui, c'est vrai.
00:52:10– Bon.
00:52:11Alors, je suis un des rares mythes vivants du XXIe siècle.
00:52:13– Quoi ?
00:52:14– Je suis un des rares mythes vivants du XXIe siècle.
00:52:20– Oui, on est dans le XXIe siècle, il y a longtemps que j'ai dit ça.
00:52:23Non, on me parle toujours d'un mythe et quand on me dit
00:52:25vous êtes un mythe, je dis toujours je suis un mythe vivant
00:52:28parce que beaucoup d'acteurs comme les Américains
00:52:32qui font la publicité encore, qui sont morts depuis 20 ans,
00:52:35moi, je suis un mythe encore vivant.
00:52:37– Est-ce qu'on peut ajouter un mot à vivant, populaire
00:52:40et réhabiliter le mot populaire dans le plus beau sens qu'il a, Alain Delon ?
00:52:44Parce que souvent, aujourd'hui, sur nos plateaux télévisiens,
00:52:47quand on dit que quelqu'un est populaire, immédiatement,
00:52:49on lui accole le mot populiste, comme si être proche du peuple,
00:52:52clair au peuple, était devenir un gars.
00:52:55Alors pour ça aussi, merci, parce qu'être populaire,
00:52:57aujourd'hui, ça fait du bien et ça manque.
00:52:59Vous remettez, en quelque sorte, l'église au milieu du village.
00:53:01– Eh bien l'église, justement, on va en parler.
00:53:03– L'église ?
00:53:04– Oui, figurez-vous, on va parler de Notre-Dame,
00:53:07parce que ça, c'est une image.
00:53:09J'ai dit ce matin que vous êtes un peu comme Notre-Dame,
00:53:11vous êtes un monument national, c'est vrai.
00:53:14– Non, il ne faut pas comparer quand même.
00:53:16– Mais en revanche…
00:53:18– Notre-Dame, pour moi, c'est la maison de Marie.
00:53:20– Et je voulais savoir, forcément, est-ce que cette actualité,
00:53:24elle vous a touché ?
00:53:27– Elle m'a plus que touché, parce qu'elle m'a bouleversé,
00:53:30comme beaucoup de Français, d'étrangers d'ailleurs,
00:53:32beaucoup de monde, parce que je trouve que c'est injuste.
00:53:36Et il y a une chose que je n'ai pas compris,
00:53:38je ne vous parle pas tout de suite de ce qui s'est passé,
00:53:40mais j'ai lu le lendemain dans un journal,
00:53:43qui disait à peu près ceci,
00:53:45que voulait nous dire Dieu en faisant ça ?
00:53:47Là, je n'ai pas compris.
00:53:49Que voulait-il nous dire en laissant ça arriver ?
00:53:53Alors là, pour moi, il n'y a pas de problème,
00:53:55puisque moi, je l'ai déjà déclaré, je ne crois pas en Dieu,
00:53:57je n'ai pas peur de le dire.
00:53:59Moi, c'est Marie et son fils.
00:54:02Mais qu'on dise, pourquoi Dieu a fait ça,
00:54:05et qu'est-ce qu'il attendait de nous, ça je ne comprends pas.
00:54:07– Vous n'y voyez pas l'un de l'autre,
00:54:08certains ont dit que cet incendie,
00:54:10c'était peut-être une comparaison avec notre civilisation,
00:54:13déclinante, vacillante, mais au final, regardez,
00:54:15malgré l'incendie, Notre-Dame est restée debout.
00:54:18– D'accord, mais qui l'a déclenchée ?
00:54:19Vous parlez comme si quelqu'un l'avait déclenchée,
00:54:21pour nous donner une leçon.
00:54:23Je ne pense pas que ce soit votre Dieu
00:54:25qui l'ait déclenchée pour nous donner une leçon.
00:54:27– Déclencheur, mais en tirer les leçons, peut-être ?
00:54:30– Il y a d'autres choses à faire que détruire Notre-Dame,
00:54:33vous ne croyez pas ?
00:54:34– Certains cherchent toujours un signe aux choses qui arrivent,
00:54:38et parfois, à trouver un symbole dans ce qui s'est passé,
00:54:42ce que disait Sonia, effectivement, cette civilisation,
00:54:45parfois, et pour certains…
00:54:47– C'est effrayant, je suis très triste de ce qui se passe,
00:54:50et j'étais très contrarié par que le pape ne se manifeste pas,
00:54:54je me permets de le dire, le premier jour,
00:54:56mais attendre le second, ça m'a profondément choqué.
00:55:01Je ne sais pas pourquoi, je le respecte,
00:55:03ça ne s'entend-t-il pas, pourquoi il ne s'est pas tout de suite ?
00:55:06Le premier qui a parlé, il n'a pas été apprécié par tout le monde,
00:55:10c'est quand même Trump, c'est effrayant.
00:55:13Pourquoi le pape n'a pas réagi comme ça ?
00:55:15C'est mon sentiment, attention.
00:55:17– Et quel est votre sentiment, Alain Delon,
00:55:19parce qu'on a parlé de communion et d'union,
00:55:21qui a été un peu fracturée par,
00:55:23est-ce qu'on peut appeler ça vraiment une polémique ?
00:55:25On ne croit pas, mais les très riches donateurs,
00:55:27ces centaines de millions, ce milliard,
00:55:30et certains qui ont dit qu'il y avait une forme d'indécence, de surrechère.
00:55:33– Écoutez, il faut qu'on discute en France en ce moment,
00:55:36qu'on fasse n'importe quoi, tout ce qu'on fait, ça serait mal.
00:55:40Donnez-les, allez-y, j'ai envie de leur dire,
00:55:43qu'est-ce que vous attendez pour mettre de l'argent
00:55:45pour reconstruire notre âme ?
00:55:49Vous voulez dire quoi ? Qu'est-ce que vous voulez dire à ces gens ?
00:55:51Puisqu'on peut les citer à Pinault ou à Arnaud, qu'est-ce que vous voulez dire ?
00:55:54Ce n'est pas bien ce que vous faites ?
00:55:56Moi ça m'a bouleversé quand j'ai vu ça.
00:55:58– On termine.
00:56:00– Et ça continue de me bouleverser.
00:56:02– Il nous reste quelques secondes pour évoquer…
00:56:04– On a déjà passé une heure ? Oh merde alors.
00:56:06– Il est 53, il est 20h53.
00:56:08– Pascal Praud, si vous voulez aller plus loin sur l'émission,
00:56:11vous y allez du soir.
00:56:13– Il est 20h53.
00:56:15– Mais vous arrivez à 10h vous.
00:56:17Si vous voulez vous pouvez rester avec Sonia à 10h.
00:56:19Mais en revanche je voudrais vous montrer une image,
00:56:21parce que l'autre jour vous êtes arrivé dans la cour de l'Elysée
00:56:23et les jeunes avec qui on travaille aujourd'hui,
00:56:25puisqu'on travaille qu'avec des jeunes, ils ont 25 ans.
00:56:27– Vous en avez fait un paquet pour l'Elysée.
00:56:29– Ils ont vu cette image, ils ont dit regarde c'est le taulier.
00:56:31Ils ont 25 ans.
00:56:33Thibaut Gautier qui est en régie avec nous, il a 25 ans.
00:56:35Il a dit mais Delon c'est le taulier quand il arrive à l'Elysée.
00:56:38Regardez l'image.
00:56:41♪ Musique de la marseillaise ♪
00:57:01– Il est fou ce mec.
00:57:02– Il peut aller jusqu'à 57.
00:57:04– Incroyable.
00:57:06– Ben oui mais c'est, écoutez il y avait plein de choses.
00:57:08Vous voyez j'avais plein de notes.
00:57:10On n'a pas parlé de l'étranger, vous deviez jouer en 67 l'étranger.
00:57:13Vous deviez jouer Meursault, le roman de Camus.
00:57:15Vous aviez trop fait pour le jouer et puis ça ne s'est pas fait.
00:57:20Vous n'avez plus voulu rejouer après avec Luchino Visconti.
00:57:24Vous ne vouliez pas le voir forcément diminuer.
00:57:26Et on disait que Luchino Visconti avait posé une photo de vous sur sa table de nuit.
00:57:31– Je ne savais pas ça.
00:57:33Mais j'ai refusé ce film parce qu'il était en petite voiture.
00:57:37Je me suis dit je ne peux pas faire un film et voir Luchino comme ça tous les jours.
00:57:42C'était trop pour moi.
00:57:44Pas possible.
00:57:46– Merci.
00:57:47– Mais c'est moi qui vous remercie.
00:57:48Je ne comprends pas qu'on ait été si vite.
00:57:50On n'a pas dit la moitié de ce que je voulais dire.
00:57:53Moi je n'ai rien dit.
00:57:54C'est vous et heureusement elle.
00:57:56Merci.
00:57:57– Je vous remercie à vous.
00:57:58– Merci.
00:58:00– Merci encore Pascal.
00:58:01Je vous l'ai dit pourquoi j'étais là.
00:58:02Je vous le redis.
00:58:04Pour vous.
00:58:05– Merci.
00:58:06– Et maintenant pour elle aussi.
00:58:07– Merci d'être vous.
00:58:09– Vous savez ce qu'il a dit un jour quand même.
00:58:10Je ne le connaissais pas.
00:58:11On ne touche pas à Alain Delon.
00:58:13Je lui ai dit mais qui c'est ce type que je ne connais pas qui parle comme ça de moi.
00:58:16J'ai un peu bouleversé.
00:58:17On m'a dit c'est Pascal Praud.
00:58:19Je lui ai dit c'est qui Pascal Praud ?
00:58:21Suivez-moi.
00:58:22Il faut le faire.
00:58:23Il y a quelques années personne n'a eu les couilles au pardon de parler comme ça.
00:58:29– Merci d'être vous.
00:58:30Merci pour votre émotion.
00:58:32Merci d'être en forme.
00:58:35– Et de le rester.
00:58:37– Oui.
00:58:38– Promesse est faite.
00:58:39– Elle est trop elle.
00:58:41– Et vous êtes en forme.
00:58:43Vous allez bien.
00:58:46– Non mais oui comme une vieille bagnole quoi oui.
00:58:49Qui a 400 000 kilomètres.
00:58:51Il y a toujours un petit problème là, un petit machin là.
00:58:55Rappelez-vous, je n'oublie jamais, je ne pense qu'à ça de Gaulle.
00:58:58Vieillir est un naufrage.
00:59:01Le mot on ne peut pas trouver mieux.
00:59:03Vieillir, c'est un naufrage.
00:59:06– Heureusement qu'il y a la vie et le sel de la vie que vous incarnez.
00:59:10Merci à vous.
00:59:11– Les deux.
00:59:12– On se quitte en musique, avec une musique d'Ennio Morricone.
00:59:15Merci.
00:59:16– Le clan des Siciliens.
00:59:17– Le clan des Siciliens.
00:59:18Merci, merci.
00:59:19Regardez, écoutez.
00:59:21– Sous-titrage ST' 501
00:59:51Fabien Lecoeuvre est toujours avec nous.
00:59:53Et puis Adrien Spiteric va nous relayer les différentes réactions sur les réseaux.
00:59:57Et il y en a bien sûr depuis ce matin.
00:59:59Et puis Pascal Praud est avec nous.
01:00:01Bonjour Pascal.
01:00:02– Bonjour.
01:00:03Je ne sais pas si vous m'entendez bien.
01:00:05– On vous entend parfaitement bien Pascal.
01:00:07On vient de redécouvrir cet entretien que vous aviez eu avec Alain Delon en 2019 sur CNews.
01:00:13Quel souvenir vous gardez de cette émission Pascal ?
01:00:16– C'est un souvenir exceptionnel.
01:00:18Et puis l'émotion de la fin de l'émission.
01:00:21Mais vous savez depuis ce matin, tout le monde dit la même chose, à juste titre.
01:00:26Alain Delon est unique.
01:00:28Alain Delon ne ressemble à personne.
01:00:30Donc c'est un charme, un charisme, une présence.
01:00:33Et on va tous répéter les mêmes mots.
01:00:35Ce qui était intéressant avec lui, c'est effectivement quand il arrive quelque part,
01:00:41il prend tout l'espace.
01:00:43Et dans cette interview, dont je me souviens très bien,
01:00:47il y a évidemment le journaliste que je suis,
01:00:50mais il y a aussi l'homme, et j'ai envie de dire l'enfant,
01:00:54que je suis, qui connaît Alain Delon depuis toujours.
01:00:57C'est-à-dire que c'est une icône absolue.
01:01:01Donc tu es peut-être intimidé au moment où tu fais l'entretien,
01:01:08mais tu es surtout très content,
01:01:10parce que tu rencontres quelqu'un qui t'a fait rêver.
01:01:13Lorsqu'on a vu des images, notamment de Zorro,
01:01:17qui est un film qui doit être daté de 1975, 1976 ou 1977.
01:01:21C'est une époque où j'avais sans doute découvert Delon.
01:01:25La Tulipe Noire également.
01:01:27Quand on était enfant, c'était ces films-là,
01:01:30avant Monsieur Klein, avant Mélodie en sous-sol,
01:01:34avant le samouraï qu'on va découvrir à 12 ans, 13 ans, 14 ans,
01:01:39au moment de l'adolescence.
01:01:41Donc voilà, c'est un souvenir formidable.
01:01:43Et avec cet entretien, et ça c'est toujours,
01:01:46Delon ça se passe toujours comme ça,
01:01:48si vous avez acquis sa confiance,
01:01:51et bien après il vous l'accorde toujours.
01:01:55Et à chaque fois que moi je lui envoyais un texto,
01:01:58que je cherchais à le joindre, il répondait.
01:02:01J'étais allé le voir, je me souviens, à l'hôpital américain,
01:02:04après ses AVC.
01:02:06Et effectivement, c'est quelqu'un de ce point de vue-là
01:02:10qui est fidèle.
01:02:12C'est-à-dire qu'une fois que les choses sont faites,
01:02:15elles ne changent plus.
01:02:17Mais c'est très émouvant.
01:02:18Il y a beaucoup de tristesse aujourd'hui.
01:02:20Je pense qu'il y a un mélange de tristesse et aussi de soulagement,
01:02:24parce que lui-même n'aimait plus cette vie.
01:02:26Il le disait souvent qu'il avait envie de partir,
01:02:30qu'il avait eu une vie tellement exceptionnelle à 88 ans.
01:02:34Et puis de le voir comme il était,
01:02:38ce n'est pas l'image qu'on avait envie de voir de Delon.
01:02:42Et d'ailleurs, dans ce qu'il vient de dire il y a quelques minutes,
01:02:45il était obsédé par ça.
01:02:46Il dit je ne pense qu'à ça.
01:02:48La vieillesse, c'est un naufrage.
01:02:50Voilà, la vieillesse, c'est un naufrage.
01:02:52C'est ce qu'il dit en tout cas.
01:02:53Cette confiance dont vous parlez, Pascal,
01:02:55elle est très importante durant cette interview.
01:02:57Il y a cet échange très touchant entre vous deux,
01:02:59cette déclaration qu'Alain Delon vous fait.
01:03:03Vous vous en souvenez ?
01:03:04Oui, et ça c'est très étonnant.
01:03:07J'étais à l'époque sur RTL et j'avais fait effectivement un petit post.
01:03:13Je faisais un billet le matin à 7h59
01:03:17et puis il avait été attaqué par je ne sais plus qui.
01:03:20Et j'avais dit on ne touche pas à Alain Delon.
01:03:23Et ce que je pourrais redire aujourd'hui,
01:03:25comment peut-on attaquer une légende, une icône,
01:03:29le plus grand acteur du monde,
01:03:31par des gens qui parfois n'ont rien fait ou souvent n'ont rien fait
01:03:35et l'attaquent, etc.
01:03:37Et ce qui est incroyable, c'est qu'il le dit d'ailleurs.
01:03:40Je ne connaissais pas.
01:03:42C'était en 2014 ou 2015, je ne sais plus.
01:03:45J'étais journaliste de sport à l'époque
01:03:47et puis je faisais quand même une chronique éditoriale.
01:03:51J'ai envie de dire voilà.
01:03:53Et ça le touche quand même.
01:03:55Parce qu'il y a une personne qui a dit on ne touche pas à Alain Delon
01:03:58et on voit bien l'animal blessé qu'il est toujours.
01:04:01Donc il y a quelqu'un qui lui dit je t'aime.
01:04:04Ce qui est mon cas, moi je suis un fan absolu d'Alain Delon.
01:04:07Et c'est ce que je dis ce jour-là dans cette minute.
01:04:10Je dis voilà, c'est un des plus grands, sinon le plus grand.
01:04:14Et il est touché par ça.
01:04:16Et moi je ne le connaissais pas à l'époque.
01:04:18Il cherche.
01:04:19Marc-Olivier Fogiel était RTL à l'époque.
01:04:21C'est Marc-Olivier qui me dit tiens Alain Delon cherche à te joindre.
01:04:25Il voudrait te remercier de ce petit mot, etc.
01:04:30C'est comme ça que j'entre en relation avec lui.
01:04:33Je ne le connaissais pas.
01:04:35Et j'avais trouvé ça mais sidérant.
01:04:37Et précisons que vous ne vous étiez jamais rencontré avant cet entretien.
01:04:41Il n'accordait que très peu d'interviews Alain Delon.
01:04:44Surtout ces dernières années.
01:04:46C'est peut-être même une des dernières de l'acteur.
01:04:49Je le ferais.
01:04:51Mais Delon c'était ça.
01:04:53Je crois qu'avec Patrick Sabatier m'a raconté ça pour le jeu de la vérité.
01:04:58Je crois que c'est six mois ou un an avant le jeu de la vérité.
01:05:02Ils se mettent d'accord qu'ils vont faire le jeu de la vérité.
01:05:04Il habitait en Suisse à ce moment-là Delon.
01:05:06Et quelques jours avant, Sabatier est ennuyé parce qu'il n'y avait pas de nouvelles.
01:05:11Rien du tout, etc.
01:05:13Et le jour avait été fixé.
01:05:15Il avait été fixé très longtemps avant.
01:05:17Et au milieu d'après-midi, Delon arrive à Roissy je crois.
01:05:24Appelle Sabatier, il dit je suis là.
01:05:25Je suis là, je t'avais dit que je serais là.
01:05:27Bon, c'est des modes de fonctionnement convenaisants qui sont particuliers.
01:05:32Mais il y a quelque chose chez lui de tellement extraordinaire dans ce charisme.
01:05:38Et c'est pour ça qu'il est une star mondiale.
01:05:40C'est quelque chose qu'on a tous du mal à définir.
01:05:45De la présence, du fluide.
01:05:50Le fluide où il arrive.
01:05:52Moi je l'ai vu et Fabien l'a vu sans doute aussi de la même manière.
01:05:56Moi je l'ai vu à l'époque j'étais à TF1, c'était pour Fabio Montal.
01:05:59Il arrive un soir au journal de 20 heures.
01:06:02Et je me souviens, il descend d'un escalier.
01:06:05Il y avait 50 personnes, 100 personnes qui étaient là.
01:06:08C'est exceptionnel.
01:06:09C'est-à-dire que tout le monde s'arrête.
01:06:11Ça s'appelle un fluide et c'est Alain Delon.
01:06:14Et je dis à chaque fois, j'ai une expression que j'ai utilisée 12 millions de fois.
01:06:19C'est un accident génétique.
01:06:20On est 8 milliards ou 9 milliards d'humains.
01:06:23Il n'y a pas un homme qui est aussi beau aujourd'hui qu'Alain Delon.
01:06:25Ce visage est absolument…
01:06:27J'entendais Jean-Marie Perrier cet après-midi parler des photos qu'il a faites.
01:06:35Il y a quelque chose chez lui qui est tellement exceptionnel dans ce visage,
01:06:40dans ce sourire, en même temps dans quelque chose de puissant.
01:06:46Et puis les films.
01:06:48Je vous assure, revoyez les films.
01:06:50Revoyez Mélodie en sous-sol.
01:06:52Revoyez Le Professeur.
01:06:54Revoyez Le Clan des Siciliens.
01:06:57Et on connaît tous les noms qu'il interprète.
01:07:00Il y a Jeff Costello dans Le Samouraï.
01:07:03Roger Sartet dans Le Clan des Siciliens.
01:07:06M. Klein qui le joue.
01:07:08C'est formidable M. Klein avec Michael Lonsdal.
01:07:10C'est un film formidable.
01:07:11Il aurait dû être d'ailleurs…
01:07:12Rendez compte qu'il n'a pas eu le prix d'interprétation à Cannes.
01:07:16Et c'est un obscur comédien qui l'a eu en 1976 ou 77.
01:07:20Alors ils ne lui ont pas donné.
01:07:22Il a eu le César, heureusement, pour Notre Histoire de Bertrand Blier.
01:07:25C'est tellement incroyable de ne pas lui avoir donné le prix d'interprétation
01:07:29pour ce film qui est un film merveilleux.
01:07:31Mélodie en sous-sol.
01:07:33Il y a une réplique exceptionnelle dans Mélodie en sous-sol.
01:07:36Ils sont au bar et il y a une jeune femme qui est jouée par Doradolle
01:07:39qui est une prostituée.
01:07:41Mais une fausse prostituée.
01:07:43C'est, je veux dire, en tout cas une prostituée des grands hôtels.
01:07:46Et puis elle entreprend de draguer Alain Delon.
01:07:49Parce qu'elle pense que c'est un client.
01:07:51Mais Alain Delon, ce n'est pas un client dans Mélodie en sous-sol.
01:07:54C'est un aigre fin d'une certaine manière.
01:07:56Et il lui dit, t'inquiètes pas Totoche, on est du même beurre.
01:08:02Donc c'est dans Mélodie en sous-sol également.
01:08:08Et je le disais ce matin où la mère du héros Alain Delon lui dit,
01:08:14tu vas nous faire mourir de chagrin.
01:08:18Et Delon répond, comme ça on ne trouvera pas l'arme du crime.
01:08:22Donc c'est aussi un cinéma qui était très écrit à l'époque.
01:08:25C'est des films de Verneuil très, très écrits.
01:08:27Le clan des Siciliens, c'est formidable.
01:08:29C'est un film qui a 60 ans.
01:08:30Vous pouvez le voir à l'instant.
01:08:32On entendait la musique des Neomoricon du clan des Siciliens.
01:08:35Vous avez quand même Gabin, Ventura, Delon qui sont des monstres.
01:08:41D'ailleurs, les trois ont un point commun.
01:08:44Alors Gabin avait fait quand même du théâtre et était un enfant de la balle.
01:08:48Mais Ventura et Delon, ce sont deux personnalités
01:08:52qui en fait, ils ne jouent pas, ils sont.
01:08:56Donc il est dans la vie, Delon j'ai envie de dire, comme il peut être dans les films.
01:09:03Et donc là, il y a une magie.
01:09:06Et effectivement, on est tous orphelins à la fois de ces personnalités,
01:09:10de ce cinéma, de cette époque.
01:09:14Moi, j'aime beaucoup cette époque parce que c'est le respect de la parole donnée.
01:09:18C'est des gens d'une très grande droiture.
01:09:23C'est des gens fidèles.
01:09:25Il y a beaucoup de valeurs qui peuvent nous toucher aujourd'hui.
01:09:30Des gens qui ne négocient pas.
01:09:32Je trouve que Delon, il ne négocie pas.
01:09:34C'est ça qui me frappe.
01:09:35Il n'a jamais négocié avec personne, ni avec ses enfants,
01:09:38ni avec le public, ni avec les réals.
01:09:41Il ne négocie pas.
01:09:43Donc c'est quelqu'un qui est brut d'une seule pièce.
01:09:48Donc il y a quelque chose de tout à fait exceptionnel chez lui.
01:09:51Merci beaucoup, Pascal, pour ces mots.
01:09:53On vous sent très émus en tous les cas.
01:09:54Merci d'avoir été avec nous.
01:09:55On l'est tous.
01:09:56Vraiment, on l'est tous.
01:09:58On l'est tous.
01:09:59C'est ça qui est frappant.
01:10:01C'est notre histoire, sans jeu de mots.
01:10:03On est tous, évidemment.
01:10:05En même temps, je pense qu'il y a une forme de soulagement
01:10:08qui doit exister même pour la famille.
01:10:11Je pense à Anthony Delon.
01:10:12Vous savez, Anthony Delon, il a été formidable.
01:10:14Il a défendu son père.
01:10:15Il a été formidable parce que son père était quand même
01:10:18dans des situations très compliquées.
01:10:20Il a défendu son père.
01:10:21Il est intervenu dans un dossier.
01:10:22Il a pris beaucoup de coups.
01:10:24Et je trouve qu'Anthony, vraiment, je pense à lui,
01:10:29comme je pense à Nathalie Delon, à sa mère.
01:10:31On parle beaucoup de Romy Schneider,
01:10:32beaucoup de Mireille Dark.
01:10:33On oublie aussi Nathalie Delon.
01:10:35Il n'y a eu qu'une Madame Delon.
01:10:36Il n'y en a eu qu'une, Madame Delon, c'est Nathalie.
01:10:38C'est la mère d'Anthony.
01:10:39Et Anthony, il lui a légué la chose la plus extraordinaire.
01:10:43Il lui a légué son visage.
01:10:45Parce qu'Anthony, c'est vraiment l'héritier Delon.
01:10:48Il porte sur son visage la marque Delon.
01:10:51Et je trouve que je pense forcément à lui
01:10:54et puis à ses enfants, bien évidemment.
01:10:56Merci beaucoup, Pascal Praud, d'avoir été avec nous
01:10:58cet après-midi sur CNews.
01:10:59C'est un accident génétique, a dit Pascal,
01:11:01pour parler d'Alain Delon.
01:11:03J'ai beaucoup aimé cette formule.
01:11:04Eh oui, c'est une très belle formule.
01:11:05Mais vous savez, ce qui rassemblait, à mon sens,
01:11:07en observant comme ça cet entretien
01:11:09qu'on a revu ici sur CNews,
01:11:10entre Alain Delon et Pascal Praud, le journaliste,
01:11:13ce qui les rassemblait, à mon sens, tous les deux,
01:11:15c'est la vérité, ils ont deux hommes de vérité,
01:11:17et le courage, deux hommes de courage,
01:11:19qui en leur temps, dans des domaines très différents,
01:11:22se sont exprimés courageusement, finalement,
01:11:25pour rassembler un public qui n'est pas toujours d'accord
01:11:28sur cette manière, aujourd'hui, en 2024,
01:11:30sur cette manière de s'exprimer.
01:11:32Mais c'est important de le rappeler.
01:11:33Et c'est pour ça que les deux hommes se sont vraiment reconnus
01:11:35et on le sent dans l'entretien.
01:11:37On sent qu'ils se regardent.
01:11:39L'un admire beaucoup l'autre,
01:11:41mais l'autre considère beaucoup Pascal Praud.
01:11:44Alberto Toscano, c'est toute une génération
01:11:46qui s'en va avec Alain Delon, aujourd'hui.
01:11:47Oui, c'est une génération qui s'en va
01:11:49et dans des conditions difficiles,
01:11:51parce que cette phrase,
01:11:53« vieillir, c'est un naufrage »,
01:11:55c'est une phrase qui nous fait penser au général de Gaulle.
01:11:58Et Chateaubriand.
01:12:00Et Chateaubriand.
01:12:01Qui est le premier à prononcer la phrase.
01:12:02L'idole de Victor Hugo, d'ailleurs.
01:12:04C'est Chateaubriand qui a dit au départ,
01:12:05qui a été reprise, phrase célèbre,
01:12:07par le général de Gaulle, bien sûr.
01:12:08Donc, cette phrase célèbre
01:12:10qui nous fait penser au général de Gaulle,
01:12:12à Chateaubriand,
01:12:14et à toute une série de réflexions,
01:12:18a aussi son, quelque part,
01:12:22l'autre côté, le contraire,
01:12:27dans une phrase prononcée par Alberto Sordi,
01:12:32un grand comédien italien,
01:12:34qui dit « vieillir est la seule façon de vivre longtemps ».
01:12:39Et donc, entre ces deux extrêmes,
01:12:41« vieillir, c'est un naufrage »,
01:12:43phrase de Chateaubriand,
01:12:45et ce que dit Alberto Sordi,
01:12:49sans avoir lu Chateaubriand,
01:12:51est « vieillir, la seule façon de vivre longtemps »,
01:12:55il y a comme une thèse et une antithèse.
01:12:58Et il faut faire la synthèse.
01:13:00Essayer de vivre bien,
01:13:02de vieillir bien,
01:13:04et vieillir bien,
01:13:05n'est pas vivre forcément longtemps,
01:13:08c'est vivre en étant cohérent avec soi-même.
01:13:11Et je crois que la leçon,
01:13:14l'une des leçons,
01:13:15qui nous est livrée par Alain Delon,
01:13:19est aussi cette idée de cohérence avec soi-même.
01:13:22Sa phrase, et son conseil aussi,
01:13:25des jeunes comédiens,
01:13:27soit tout d'abord toi-même.
01:13:29Tu interprètes un personnage,
01:13:31tu es quelqu'un d'autre,
01:13:33en jouant un film ou une pièce de théâtre.
01:13:36Mais tu peux être quelqu'un d'autre
01:13:38en restant toi-même.
01:13:39Et surtout en étant toi-même
01:13:41dans tes propensions,
01:13:43dans tes enthousiasmes,
01:13:45même dans tes pulsions.
01:13:46Il ne jouait pas,
01:13:47c'est ce qu'il disait régulièrement,
01:13:49il ne jouait pas,
01:13:50il était les rôles qu'il interprétait.
01:13:52Eric Nolot est également avec nous.
01:13:54Bonjour Eric, merci d'être sur CNews
01:13:56cet après-midi pour parler d'Alain Delon.
01:13:58Il représentait quoi pour vous,
01:14:00Alain Delon, Eric Nolot ?
01:14:02C'est-à-dire qu'il y a les bons acteurs,
01:14:04il y a les grands acteurs,
01:14:06et puis il y a les acteurs mythiques.
01:14:08Et Alain Delon faisait partie
01:14:10de ce cercle très fermé.
01:14:11On peut même parler d'une aristocratie.
01:14:13Je pense que les membres
01:14:15se comptent sur les doigts d'une seule main.
01:14:17Il y a Gabin, il y a Brigitte Bardot,
01:14:19il y a Belmondo, et il y avait lui.
01:14:21Et quand vous vous promeniez à travers le monde,
01:14:24vous constatiez que dans de nombreux pays,
01:14:26Alain Delon était synonyme de cinéma français,
01:14:28et que cinéma français était synonyme d'Alain Delon.
01:14:31C'était vraiment une star planétaire.
01:14:33On n'en a peut-être pas pris toute la mesure en France.
01:14:36Et quand je dis ça, c'est que j'ai été
01:14:38associé tout à fait à la marge
01:14:40à un épisode curieux.
01:14:42Au moment où on lui a remis une palme d'honneur
01:14:44pour l'ensemble de son œuvre,
01:14:46ce qui était quand même le moins,
01:14:48il y a eu un mouvement,
01:14:50il y a eu une levée de boucliers,
01:14:52des gens ont protesté,
01:14:54pour cette palme d'honneur, pour des raisons politiques.
01:14:56On est quand même dans un pays
01:14:58où remettre une palme d'honneur
01:15:00à un acteur de légende pose problème.
01:15:02Donc ça c'est le problème de la France.
01:15:04Mais j'avais défendu Alain Delon,
01:15:06j'avais parlé de maccartisme,
01:15:08j'avais tweeté dans ce sens,
01:15:10et j'ai eu l'immense surprise de recevoir
01:15:12un coup de téléphone d'Alain Delon en personne,
01:15:14qui voulait me remercier de mon intervention.
01:15:16J'ai trouvé ça très grand seigneur,
01:15:18parce que mon intervention n'avait quand même
01:15:20pas grand poids dans cette polémique,
01:15:22mais je crois que ça ressemblait beaucoup
01:15:24au personnage qui était très sensible,
01:15:26au fond, sous des apparences un peu rudes.
01:15:28Il avait été très, je pense,
01:15:30chagriné, plus que ça,
01:15:32même très marqué
01:15:34par cette contestation
01:15:36de gens qui l'attaquaient
01:15:38sur le seul terrain qui lui importait,
01:15:40celui du cinéma.
01:15:42Voilà, sinon je n'avais pas de rapport
01:15:44plus personnel qu'Alain Delon,
01:15:46mais j'avais discuté dix minutes au téléphone
01:15:48et j'en reste encore sous l'impression
01:15:50qu'il prend le temps de remercier
01:15:52un de ses défenseurs presque anonyme.
01:15:54Ce monstre sacré du cinéma français,
01:15:56et pas que, comme le souligne aussi
01:15:58Éric Nolot. Merci, Éric, d'avoir été
01:16:00avec nous cet après-midi, et pas que.
01:16:02Merci à vous, et merci pour ce bel hommage que vous lui rendez.
01:16:04Merci à vous, Éric,
01:16:06puisque Alain Delon représentait
01:16:08le cinéma français dans le monde entier,
01:16:10Alberto Toscano.
01:16:12Matteo Salvini, qui est le ministre des Transports Italiens,
01:16:14a d'ailleurs réagi, il dit
01:16:16« Une légende du cinéma nous quitte, un symbole
01:16:18rêvé de nombreuses générations et qui ne sera jamais
01:16:20oublié. Le guépard, en Italie, était
01:16:22considéré comme un chef-d'oeuvre. »
01:16:24Voilà, ne mélangeons pas Visconti
01:16:26avec Salvini, qui ont
01:16:28à mon avis un niveau culturel
01:16:30un peu différent. Et le guépard,
01:16:32il a topard
01:16:34le chef-d'oeuvre, l'un des chef-d'oeuvre,
01:16:36peut-être LE chef-d'oeuvre, de
01:16:38Lucchino Visconti, dont d'un
01:16:40grand réalisateur qui
01:16:42interprète
01:16:44le néo-réalisme italien,
01:16:46mais qui va au-delà de ça,
01:16:48dans sa carrière de grand réalisateur.
01:16:50Je crois
01:16:52à Alain Delon,
01:16:54l'un des protagonistes
01:16:56de deux films
01:16:58emblématiques
01:17:00de Lucchino Visconti,
01:17:02« Rocco et ses frères », « Rocco et ses fratelles »
01:17:04et « Il gâte au parc » de Le Guépard.
01:17:06C'est deux films profondément
01:17:08différents entre eux,
01:17:10qui, dans le premier cas,
01:17:12c'est encore...
01:17:14On voit, évidemment, la marque
01:17:16du néo-réalisme, et dans le
01:17:18deuxième, on voit toute une
01:17:20révisitation extraordinaire
01:17:22de l'histoire d'Italie,
01:17:24à laquelle, je pense, on peut
01:17:26réfléchir à la fois sur le plan
01:17:28artistique
01:17:30et aussi sur le plan historique.
01:17:32Et le message
01:17:34du Guépard est un message
01:17:36terriblement actuel, un message politique,
01:17:38un message, si vous voulez,
01:17:40moral,
01:17:42et un message
01:17:44terriblement actuel. Mais le message
01:17:46moral, à mon sens,
01:17:48est l'envers de la phrase
01:17:50qui a rendu célèbres
01:17:52Le Guépard, la phrase prononcée
01:17:54par Trencrede,
01:17:56par Alain Delon, par Sejeun,
01:17:58Garibaldien, dont le révolutionnaire,
01:18:00celui qui apparemment
01:18:02prend tous les risques pour tout changer,
01:18:04mais qui avoue qu'il faut
01:18:06tout changer pour que les choses
01:18:08restent comme avant.
01:18:10Il faut faire une révolution
01:18:12pour avoir une conservation.
01:18:14Et c'est la contradiction
01:18:16aussi de la politique.
01:18:18Combien de fois on voit des partis politiques
01:18:20qui gagnent une élection en promettant
01:18:22le grand changement
01:18:24et une fois au pouvoir,
01:18:26font la grande conservation.
01:18:28Donc, il y a
01:18:30cette contradiction que
01:18:32cette phrase prononcée par
01:18:34Trencrede, Alain Delon,
01:18:36dans le film, rend
01:18:38terriblement actuel.
01:18:40Le décès d'Alain Delon est une
01:18:42véritable honte de choc dans le
01:18:44milieu de la culture. Nous écouterons la réaction
01:18:46dans un instant de l'ancienne ministre de la Culture
01:18:48Roselyne Bachelot, mais juste avant
01:18:50Adrien Spiteri, de nombreuses réactions également
01:18:52sur les réseaux depuis ce matin.
01:18:54On voit énormément de réactions.
01:18:56On va commencer justement avec celle de Gabriel Attal,
01:18:58le premier ministre démissionnaire,
01:19:00étoile du cinéma, étoile
01:19:02populaire, étoile viscéralement
01:19:04française. Alain Delon transcende toutes
01:19:06les générations. Il a été de toutes
01:19:08les salles obscures et de toutes les télévisions
01:19:10françaises une figure,
01:19:12un visage, des yeux dans lesquels se retrouvent
01:19:14tous nos compatriotes. Voilà
01:19:16ce qu'il a déclaré sur le réseau social
01:19:18X. Autre réaction à gauche,
01:19:20cette fois celle de la candidate
01:19:22du Nouveau Front Populaire pour Matignon,
01:19:24Lucie Casté. Toutes mes condoléances
01:19:26à sa famille et ses proches que
01:19:28ce grand acteur repose en paix.
01:19:30Enfin, dernière réaction que l'on voulait
01:19:32vous montrer, qui n'est pas politique cette fois,
01:19:34celle de l'Académie des Césars
01:19:36qui a rendu hommage à Alain Delon.
01:19:38Alain Delon n'était pas seulement
01:19:40un acteur au travers de la variété des
01:19:42rôles qu'il a incarné avec passion et
01:19:44intensité, mais aussi par sa personnalité
01:19:46contrastée et son magnétisme
01:19:48unique. Alain Delon était
01:19:50devenu une icône éternelle du
01:19:527e art, l'incarnation du cinéma.
01:19:54Voilà pour quelques-unes des réactions, Michael.
01:19:56Merci beaucoup Adrien Spiteri. L'Académie
01:19:58des Césars qui rend hommage
01:20:00et qui salue la carrière d'Alain Delon,
01:20:02qui pourtant n'avait reçu qu'un seul
01:20:04César tout au long de sa longue
01:20:06carrière.
01:20:08Oui, parce que trop populaire
01:20:10je pense, un peu comme Danny Boone,
01:20:12ou Jean Dujardin qui ont eu
01:20:14un succès planétaire
01:20:16avec leur film. Et
01:20:18en France, Boud, le grand
01:20:20succès populaire évidemment.
01:20:22Mais ça a toujours existé.
01:20:24En plus de Danny Boone et d'autres
01:20:26acteurs, mis à part le succès, il
01:20:28représentait quelque chose Alain Delon.
01:20:30Et puis pour le monde entier, c'était un succès
01:20:32planétaire. Dans plus de 77
01:20:34pays, on diffuse les films d'Alain Delon.
01:20:36Alors avec des traductions, évidemment, chacun des
01:20:38pays, quand c'est l'Asie, l'Australie,
01:20:40pourquoi pas l'Amérique du Nord
01:20:42et tous les pays d'Europe, la Russie.
01:20:44C'est-à-dire que c'est un monument
01:20:46français. Le président Macron, dans son communiqué ce matin,
01:20:48a très bien terminé son communiqué
01:20:50en disant que c'est un monument français.
01:20:52Monument, c'est au-dessus des légendes, des mythes
01:20:54ou des stars. Il avait boudé
01:20:56à un moment donné ce type de cérémonie, alors en particulier
01:20:58le Festival de Cannes. Oui, mais parce que
01:21:00Alain Delon boudait ces cérémonies
01:21:02parce que, tout simplement, il savait
01:21:04qu'on riait sous cap.
01:21:06On ne voulait pas le remettre
01:21:08en lumière, mais ça a toujours existé. Eric Nolot
01:21:10l'a très bien souligné encore à l'instant.
01:21:12C'est-à-dire que souvent
01:21:14ces grands, grands acteurs, ces légendes
01:21:16ne sont pas reconnus par l'institution
01:21:18de leur propre pays,
01:21:20très curieusement, alors qu'il a eu beaucoup
01:21:22de trophées, beaucoup de prix à l'étranger, Alain Delon.
01:21:24Mais c'est parce que, voilà, il n'avait pas
01:21:26la carte, comme dit Pascal Praud, c'est-à-dire que
01:21:28quelqu'un qui n'avait pas la carte, on le sait, alors bon,
01:21:30on aimait son propos,
01:21:32cette liberté de ton,
01:21:34cette opinion, mais
01:21:36l'institutionnel ne veut pas reconnaître,
01:21:38quelque part, ce discours et encore moins
01:21:40cette personnalité.
01:21:42C'est une personnalité attachante. Et puis trop
01:21:44populaire aussi, comme vous le disiez.
01:21:46C'est un gros mot, des fois.
01:21:48Le populaire est un gros mot, des fois. Et vous le dites très justement,
01:21:50Michael, c'est-à-dire que le mot populaire peut être un gros mot
01:21:52chez certaines personnes. On l'associe
01:21:54au populisme, qui n'a rien à voir. Évidemment,
01:21:56on le sait. Un chanteur populaire, un acteur
01:21:58populaire, une actrice populaire,
01:22:00c'est comme ça. Ça veut dire que...
01:22:02est écouté ou regardé par le plus grand nombre.
01:22:04Regardé, je ne sais pas
01:22:06combien de millions de spectateurs en salle
01:22:08Alain Delon a fait, entre, on va dire,
01:22:101960, l'année de sortie,
01:22:12de plein soleil, et peut-être les
01:22:14derniers succès à la fin,
01:22:16juste avant l'an 2000,
01:22:18ou au premier jour de l'an 2000.
01:22:20Mais c'est colossal. C'est des centaines
01:22:22de millions de spectateurs en salle.
01:22:24C'est les chiffres
01:22:26qui imposent Delon aujourd'hui.
01:22:28Je peux
01:22:30continuer sur le même sujet.
01:22:32Je suis tout à fait d'accord, et qui plus
01:22:34est, moi, en venant,
01:22:36je suis venu pour la première fois
01:22:38vivre en Italie, en France,
01:22:40une année en 77,
01:22:4278, et déjà à l'époque,
01:22:44je me suis étonné de la contradiction
01:22:46entre la popularité
01:22:48d'Alain Delon en Italie
01:22:50et il a toujours été considéré
01:22:52comme un sacré monument
01:22:54en Italie, et
01:22:56toutes les critiques qu'on lui faisait
01:22:58parfois de façon méchante,
01:23:00parce que j'avais du mal à l'interpréter,
01:23:02mais il a pris cette position
01:23:04politique-là, qui n'est pas
01:23:06telle. Enfin, on trouvait toujours
01:23:08une façon de faire une critique
01:23:10à Alain Delon, comme s'il n'était pas
01:23:12exactement dans le
01:23:14système
01:23:16de la perfection
01:23:18intellectuelle d'un
01:23:20bon comédien.
01:23:22En France, on aime faire le procès,
01:23:24par exemple, on l'a vu aussi avec Michel Sardou.
01:23:26Michel Sardou n'est pas l'homme de ses chansons,
01:23:28comme Delon n'était pas
01:23:30l'homme de ses films. Évidemment,
01:23:32un acteur, il emprunte le costume
01:23:34de quelqu'un d'autre, pour jouer, pour être
01:23:36le personnage.
01:23:38Et souvent, il y a une espèce de mélange,
01:23:40et Sardou a un peu été victime
01:23:42du même procès qu'Alain Delon.
01:23:44C'est-à-dire qu'on reproche à un Sardou
01:23:46de chanter des titres,
01:23:48encore une fois de plus,
01:23:50qui ne correspondent pas à l'intelligentsia
01:23:52française. Quand vous chantez, je ne sais pas,
01:23:54il y a des chansons qu'on ne veut pas admettre,
01:23:56et en même temps, moi je dis toujours,
01:23:58pour défendre un Sardou ou un Delon,
01:24:00je dis, mais si Maxime Le Forestier,
01:24:02qui est plus à gauche sur les Chiquiers que
01:24:04Michel Sardou, eh bien, s'il avait chanté Le France,
01:24:06Le France serait une grande chanson
01:24:08de gauche.
01:24:10En France,
01:24:12Alain Delon
01:24:14a eu un César.
01:24:16Or, s'il est vraiment
01:24:18un monument, et moi je pense
01:24:20qu'Emmanuel Macron a raison,
01:24:22mais un monument
01:24:24pendant toute sa vie,
01:24:26artistique, c'est ça.
01:24:28Il y a un problème.
01:24:30Les Français le ressentent aujourd'hui.
01:24:32Il y a une bonne tradition française à laquelle
01:24:34il faudrait réfléchir, qui va au-delà du personnage
01:24:36d'Alain Delon, qui mérite
01:24:38une réflexion sur la relation
01:24:40entre ce qu'un artiste est
01:24:42et l'image que cet artiste
01:24:44donne chez un certain
01:24:46public, qui peut-être un peu
01:24:48parfois...
01:24:50C'est passionnant.
01:24:52C'est passionnant.
01:24:54Vous avez bien raison, mais on va continuer
01:24:56à parler d'Alain Delon, si vous le voulez
01:24:58bien, cet après-midi. Les hommages
01:25:00se poursuivent. Le monde de la culture est du septième
01:25:02arrêt en deuil, vous l'avez vu tout à l'heure avec
01:25:04l'Académie des Césars qui lui est rendue hommage.
01:25:06Alain Delon rejoint ainsi les autres
01:25:08légendes du cinéma français,
01:25:10Jean Gabin, Lino Ventura, et bien sûr
01:25:12son ami Jean-Paul Belmondo. Écoutez
01:25:14la réaction de l'ancienne ministre
01:25:16de la Culture, Roselyne Bachaud, qui était interrogée
01:25:18ce matin dans Midi News. Écoutez.
01:25:20J'ai eu un grand chagrin,
01:25:22une grande tristesse.
01:25:24Je l'ai rencontré plusieurs fois
01:25:26et véritablement,
01:25:28jusqu'à la fin de sa vie,
01:25:30il est resté ce qu'il était, un monument
01:25:32du cinéma français.
01:25:34Quand on regarde sa filmographie,
01:25:36on est saisi par la
01:25:38justesse de ses choix artistiques.
01:25:40Il n'a pratiquement rien acheté
01:25:42dans sa carrière
01:25:44qui a accumulé
01:25:46les chefs-d'oeuvre. Il a toujours
01:25:48résisté aux sirènes
01:25:50de Hollywood. Malgré
01:25:52les tentatives qui ont été faites
01:25:54auprès de lui, ça ne m'intéressait
01:25:56pas. Il était un acteur français
01:25:58et
01:26:00je dirais qu'il y avait
01:26:02un accord entre ses convictions
01:26:04politiques et ses choix
01:26:06d'artiste.
01:26:08Il aimait à dire
01:26:10qu'il habitait totalement
01:26:12ses rôles.
01:26:14Il n'était pas
01:26:16un comédien mais un acteur
01:26:18et
01:26:20en cela,
01:26:22il laisse un grand vide.
01:26:24Je pense qu'il n'y a rien d'équivalent
01:26:26actuellement
01:26:28dans le panel des acteurs
01:26:30français qui soit
01:26:32à la hauteur du mythe
01:26:34qu'il représente.
01:26:36Voilà la réaction de Roselyne Bachelot,
01:26:38l'ancienne ministre de la Culture.
01:26:40Tout à l'heure sur CNews,
01:26:42Fabien Lequeuvre.
01:26:44Encore une fois, le monde de la Culture lui rend hommage.
01:26:46Oui. Que ce soit Rachid Haddati
01:26:48ou l'ex-ministre de la Culture,
01:26:50je crois qu'il mérite aujourd'hui,
01:26:52et les Français seraient d'accord à mon avis, à 90%,
01:26:54qu'il y ait un hommage
01:26:56national pour ses obsèques.
01:26:58Je pense qu'il le mérite.
01:27:00C'est un grand homme.
01:27:02Un grand homme n'est pas forcément un homme politique.
01:27:04Après, est-ce que c'est ce que veut la famille aussi ?
01:27:06Parce que souvent c'est la question qui se pose.
01:27:08Je pense que là, ils sont déjà en contact avec l'Elysée.
01:27:10Je pense qu'à mon avis, ça doit être discuté cet après-midi
01:27:12de tout ça.
01:27:14Un hommage national ou un hommage populaire,
01:27:16comme ça avait été le cas pour Djonalidé ?
01:27:18Je pense que, quel que soit l'hommage,
01:27:20dans la tête des Français, c'est la même chose.
01:27:22C'est une question de prise en compte
01:27:24de l'organisation.
01:27:26Au niveau des institutions, ce n'est pas exactement la même chose.
01:27:28Exactement. Mais pour les Français,
01:27:30Djonalidé, même si c'est un hommage populaire,
01:27:32c'était un hommage national.
01:27:34Quand vous rassemblez un million de personnes dans les rues de Paris
01:27:36pour vos obsèques, les Français sont d'accord.
01:27:38Il n'y a pas plus grand nombre
01:27:40depuis les obsèques de Victor Hugo,
01:27:42le 1er juin 1885.
01:27:44Oui, Johnny était Johnny.
01:27:46C'est une autre situation,
01:27:48une autre relation avec le public
01:27:50et l'opinion publique.
01:27:52Je crois que l'idée de l'hommage national
01:27:54est sacro-sainte.
01:27:56D'ailleurs, Jacques Lang,
01:27:58qui a donné un hommage appuyé
01:28:00à la mémoire de l'indolent,
01:28:02en a parlé.
01:28:04Je crois que ce serait
01:28:06parfaitement logique.
01:28:08Et ce serait aussi une façon
01:28:10de rattraper cette contradiction
01:28:12dont on parlait tout à l'heure.
01:28:14Bien sûr.
01:28:16Merci Alberto
01:28:18pour l'hommage populaire
01:28:20qu'on peut espérer en tous les cas
01:28:22pour cet artiste.
01:28:24On a parlé de Djonalidé tout à l'heure,
01:28:26de Fabien Claude-François
01:28:28au moment de sa disparition.
01:28:30On se souvient de ses liesses populaires
01:28:32dans les rues.
01:28:34C'était la première fois
01:28:36qu'une idole disparaissait
01:28:38le 11 mars 1878
01:28:40avec cette ferveur populaire
01:28:42et ces larmes qui venaient de partout
01:28:44et surtout de l'enfance.
01:28:46On ne guérit jamais de son enfance.
01:28:48Je pense que nous tous,
01:28:50quelle que soit la génération en France
01:28:52ou sur ce plateau,
01:28:54par des images de films
01:28:56ou par des chansons.
01:28:58C'est terrible.
01:29:00C'est lié à notre enfance.
01:29:02Ces films et ces musiques de films
01:29:04qui d'une façon ou d'une autre
01:29:06sont les bandes originales
01:29:08de nos vies à nous.
01:29:10C'est ce qu'on appelle le populaire.
01:29:12C'est quand on touche le plus grand nombre
01:29:14et que des fois
01:29:16les autorités françaises ne comprennent pas
01:29:18en dénonçant, en montrant du doigt les choses
01:29:20pas comme ça.
01:29:22On le sait, il y a toujours ce débat
01:29:24entre l'institutionnel
01:29:26et le grand public, le très large public.
01:29:28On va se rendre dans le Loiret
01:29:30à présent, près du domaine
01:29:32de la brûlerie à Douchy
01:29:34où se trouvent nos journalistes Mathilde Ibanez
01:29:36et Pierre Emko. Beaucoup d'émotions
01:29:38dans ce lieu hautement important
01:29:40pour Alain Delon.
01:29:44Exactement.
01:29:46Beaucoup d'émotions devant le domaine
01:29:48de la brûlerie où s'est éteint ce matin
01:29:50Alain Delon à l'âge de 88 ans.
01:29:52Dans ce village
01:29:54de 1300 habitants,
01:29:56amis, connaissances, anonymes
01:29:58pour certains qui ont fait
01:30:00même plusieurs kilomètres
01:30:02se retrouvent ici
01:30:04devant ce grillage
01:30:06pour y déposer des fleurs, des mots
01:30:08pour rendre hommage à cette figure
01:30:10du cinéma français.
01:30:12Je vous propose d'écouter.
01:30:14C'est toute une génération
01:30:16comme il le disait souvent, il n'y a plus que moi.
01:30:18Il est le dernier
01:30:20et ça fait de la peine.
01:30:22Je suis contente de voir
01:30:24qu'il n'y a pas que des gens de ma génération.
01:30:26Il y a aussi des gens beaucoup plus jeunes
01:30:28voire encore plus jeunes
01:30:30et tant mieux. Carrière reconnue.
01:30:32Connue et reconnue.
01:30:34C'est très bien comme ça.
01:30:36J'espère surtout
01:30:38qu'il va rester là, c'est ce qu'il souhaitait.
01:30:42Cette résidence très appréciée
01:30:44par l'acteur a été considérée un petit peu
01:30:46comme son refuge
01:30:48depuis plus de 50 ans.
01:30:50Alain Denon venait régulièrement ici.
01:30:52C'est dans sa maison de coeur
01:30:54que l'acteur s'était réfugié
01:30:56depuis juillet 2023
01:30:58après ses AVC. C'est ici
01:31:00qu'il voulait s'étendre
01:31:02et être enterré aussi
01:31:04aux côtés de ses chiens. Vous pouvez le voir
01:31:06sur les images de Pierre Emco.
01:31:08Beaucoup de personnes viennent ici
01:31:10prendre des photos, rendre en tout cas
01:31:12un dernier hommage à cette figure
01:31:14d'un français.
01:31:18Voilà pour ces images de
01:31:20Pierre Emco, merci Mathilde Dibanez
01:31:22et ces français qui viennent déjà se recueillir
01:31:24devant cette résidence
01:31:26à Douchy,
01:31:28le domaine de la brûlerie.
01:31:30Un domaine qui avait évidemment
01:31:32toute son importance, c'était la maison d'Alain Denon.
01:31:34Oui, il cherchait d'ailleurs au départ
01:31:36avant qu'il habite Douchy, il cherchait
01:31:38une propriété tout simplement pour faire d'abord
01:31:40une maison familiale, pour réussir
01:31:42à tenir les membres de sa famille. Il avait d'ailleurs
01:31:44chargé Mireille Dark,
01:31:46une des femmes de sa vie
01:31:48évidemment, de s'occuper
01:31:50de la restauration, de l'aménagement, etc.
01:31:52pour bien y vivre, recevoir tout le monde.
01:31:54Et en plus, il avait
01:31:56demandé une autorisation de pouvoir
01:31:58être enterré un jour dans la chapelle
01:32:00de cette propriété, évidemment.
01:32:02Une autorisation qui lui a été accordée,
01:32:04ce qui est très rare, parce que depuis le milieu du 19ème,
01:32:06on n'a plus le droit d'être enterré chez soi.
01:32:08Comme l'étaient les seigneurs
01:32:10à l'époque d'une France avant la Révolution française,
01:32:12on va dire. Donc il devrait être enterré dans...
01:32:14Logiquement, il devrait être enterré là-bas, parce que je pense
01:32:16que comme Charlie Chaplin en Suisse
01:32:18aveuvait, par exemple, je pense que
01:32:20cette maison risque d'être transformée
01:32:22peut-être en musée du cinéma,
01:32:24avec salle de projection,
01:32:26avec un musée à visiter, ses trophées,
01:32:28tout ce qu'il a reçu dans sa carrière, les affiches
01:32:30de ses films. Je pense qu'on a besoin de se souvenir
01:32:32de ce grand homme du cinéma,
01:32:34mais aussi ce grand homme tout simplement qu'il est
01:32:36dans l'histoire de la France et des Français.
01:32:38– Bernard Montiel est avec nous.
01:32:40Bonjour Bernard, merci d'être en direct
01:32:42avec nous sur CNews.
01:32:44Vous avez été très touché,
01:32:46effondré même, je vous cite
01:32:48par cette nouvelle, Bernard.
01:32:50– Oui, oui, c'est vrai.
01:32:52Comment dirais-je ?
01:32:54Moi j'ai tellement fréquenté
01:32:56Alain Delon pendant des années,
01:32:58il est vrai que les derniers temps je ne le voyais pas,
01:33:00mais j'avais des nouvelles à la fois par Anoushka
01:33:02ou même Anthony.
01:33:04C'est dur, c'est une journée très
01:33:06particulière parce qu'évidemment
01:33:08on savait qu'il n'allait pas bien,
01:33:10on a vu les dernières images qu'on n'avait pas
01:33:12plaisir à voir d'ailleurs, les dernières,
01:33:14et
01:33:16c'est vrai que ça fait beaucoup de peine,
01:33:18mais je voulais revenir, j'ai écouté un tout petit
01:33:20peu ce qui a été dit, si vous le permettez.
01:33:22Je vais vous dire,
01:33:24il me semble vraiment qu'il va être vraiment
01:33:26enterré à Douchy
01:33:28comme il l'a toujours souhaité,
01:33:30ça a été accepté, effectivement
01:33:32ça va être fait et il n'y aura pas
01:33:34d'hommage national, je crois,
01:33:36parce que c'est à leur demande, c'est la demande d'Alain,
01:33:38il n'a jamais voulu, on en avait beaucoup parlé
01:33:40à la suite de la mort de Johnny,
01:33:42où il avait été très impressionné par tout ce qui est arrivé,
01:33:44il me dit, moi je ne veux pas tout ça,
01:33:46et je crois que les enfants vont respecter
01:33:48ça, il me semble maintenant,
01:33:50c'est à eux de le dire, c'est pas à moi de le dire,
01:33:52mais je crois qu'effectivement il n'y aura pas d'hommage
01:33:54national, même si le Président de la République
01:33:56le souhaite.
01:33:58C'était le cas pour
01:34:00Johnny Hallyday, Bernard Montiel,
01:34:02il y a, quoi qu'il en soit,
01:34:04une attente en tous les cas des Français,
01:34:06puisque c'était une personnalité qui était
01:34:08particulièrement aimée, et on le voit depuis
01:34:10ce matin avec les nombreuses réactions
01:34:12qui se succèdent.
01:34:14Oui, c'est vrai, parce qu'en fait,
01:34:16Alain Delon fait partie de nos vies, de notre
01:34:18histoire, que ce soit à travers les films,
01:34:20même au travers de sa vie privée,
01:34:22ces femmes remarquables qu'il a aimées,
01:34:24moi j'étais très proche d'Emilie Darc aussi,
01:34:26et que ce soit
01:34:28Nathalie, la beauté suprême
01:34:30comme lui, c'était son miroir,
01:34:32d'ailleurs, et ce
01:34:34gosse merveilleux qu'est Anthony,
01:34:36Anoushka, dont il disait
01:34:38qu'il était l'amour
01:34:40de sa vie, Anoushka,
01:34:42c'est un homme remarquable,
01:34:44on gardera évidemment ses talents d'acteur,
01:34:46parce que c'est un grand acteur,
01:34:48un félin, c'est une présence féline,
01:34:50c'est une beauté diabolique.
01:34:52Je connais depuis les années 89, on est
01:34:54contre 90, et on avait
01:34:56d'excellents rapports, mais il était difficile,
01:34:58mais ce que j'aimais, qu'on partageait
01:35:00ensemble, c'était cet amour des animaux,
01:35:02évidemment, quand on cite Louvaud
01:35:04dans le communiqué des enfants, c'est touchant,
01:35:06il était fou des animaux, il voulait être
01:35:08enterré avec eux, il aime les animaux,
01:35:10c'est formidable, c'est un amateur d'art,
01:35:12moi j'ai vécu de grands moments avec lui,
01:35:14à Monaco pour les voitures aussi, il aimait les
01:35:16voitures, il a été aux 48 heures du Mans,
01:35:18et l'âme phare aussi,
01:35:20contre le sida, il était très impliqué,
01:35:22il y a été souvent,
01:35:24au Pilat-sur-Mer, où il venait chez moi aussi,
01:35:26où il venait se réfuyer parfois
01:35:28de la fureur et des fans,
01:35:30il était tranquille là-bas,
01:35:32et quand il restait la semaine entière
01:35:34au Pilat, chez moi, il me disait, tu m'enfermes,
01:35:36moi je veux voir du monde, parce qu'au début, en arrivant,
01:35:38il disait, je ne veux voir personne,
01:35:40il était très fort
01:35:42de caractère, et très joueur aussi,
01:35:44vous savez, quand on lui demandait une photo
01:35:46dans la rue, quand quelqu'un comme ça,
01:35:48ça le dérangeait un peu, il le faisait bien volontiers,
01:35:50mais il prenait l'appareil photo de la personne,
01:35:52il prenait la personne
01:35:54en photo, il disait, tiens, voilà, vous avez une photo
01:35:56d'Alain Delon, mais il n'était pas dessus,
01:35:58il était toujours emmerdant,
01:36:00et vous savez, quand il y avait des films
01:36:02de lui qui passaient à la télé,
01:36:04c'était dingue, il m'appelait,
01:36:06mais c'était souvent
01:36:08sur la 3 ou ailleurs,
01:36:10ou encore comme ce soir sur C8,
01:36:12mais il l'appelait, et il me disait,
01:36:14Bernard, tu regardes mon film,
01:36:16évidemment, j'ai dit, bah évidemment, je regarde ton film,
01:36:18oui, que j'ai vu 50 fois, mais oui, je regarde,
01:36:20et là, il n'y a pas intérêt
01:36:22de regarder mon film, et en plus, là, il me racontait
01:36:24des anecdotes sur le film, et puis il s'amusait
01:36:26aussi, autre anecdote, si vous me permettez,
01:36:28il s'amusait beaucoup de l'effet qu'il suscitait
01:36:30auprès des gens quand on rentrait dans un restaurant,
01:36:32il est vrai que le silence se faisait,
01:36:34un peu comme Johnny, d'ailleurs, et ça l'amusait
01:36:36beaucoup, ça, ça l'amusait beaucoup,
01:36:38il était très joueur, et il avait des côtés extrêmement
01:36:40gamins, voilà,
01:36:42et je suis vraiment très triste aujourd'hui,
01:36:44vraiment. – S'il y a un souvenir que vous garderez,
01:36:46Bernard Montiel,
01:36:48d'Alain Delon, ce serait lequel ?
01:36:50– Oh, il y en a beaucoup,
01:36:52vous savez, moi, il m'a fait de très beaux
01:36:54cadeaux amicaux, vous savez, par exemple,
01:36:56Alain Delon, vous imaginez
01:36:58la star mondiale qu'il est, un jour,
01:37:00quand on s'est connu au début,
01:37:02il a eu la gentillesse de venir
01:37:04pendant deux heures et demie,
01:37:06en public, à la radio, en direct,
01:37:08à Bordeaux, quand j'étais à Bordeaux,
01:37:10il a fait ce cadeau-là,
01:37:12il était très, tout le temps, il avait des petites attentions,
01:37:14mais comme il m'engueulait aussi,
01:37:16par exemple, un jour, chez lui,
01:37:18dans son appartement à la Beauvoir-Haussmann,
01:37:20il me présente un flingue,
01:37:22vous savez qu'il aimait les armes,
01:37:24et il me disait, tu vois ça,
01:37:26je m'en servirai un jour, parce qu'il était hanté
01:37:28par la mort, vous savez, par le passé,
01:37:30et puis souvent, il montrait une photo
01:37:32de Romy Schneider,
01:37:34voilà, qu'il a gardée dans son portefeuille,
01:37:36qui était très émouvante,
01:37:38et il avait ce flingue, il me disait,
01:37:40tu vois ce flingue, c'est pour moi,
01:37:42ou alors si c'est pour toi, si tu m'emmerdes,
01:37:44voilà, une espèce de franc-parler,
01:37:46j'ai adoré vivre ces années-là avec lui,
01:37:48franchement, j'ai adoré.
01:37:50Merci beaucoup Bernard Montiel,
01:37:52pour ces mots, pour ces paroles,
01:37:54merci d'avoir été avec nous sur CNews,
01:37:56c'est vrai que
01:37:58il avait une angoisse,
01:38:00il avait quelque chose
01:38:02avec le fait de mourir, et avec la vieillesse,
01:38:04c'est ce qu'on a entendu aussi dans l'émission
01:38:06tout à l'heure, qui était rediffusée sur CNews,
01:38:08la vieillesse est un naufrage,
01:38:10disait-il. Oui, il disait, c'était sa phrase
01:38:12préférée, évidemment,
01:38:14le château brillant reprise par le général De Gaulle,
01:38:16mais ce que dit Bernard Montiel est très très juste,
01:38:18c'est-à-dire qu'il avait
01:38:20cette fascination
01:38:22de la mort, à la fois,
01:38:24et moi je me souviens, la première fois
01:38:26qu'il m'a téléphoné, je m'occupais
01:38:28d'une vente aux enchères de Marcel Serdant
01:38:30à l'époque, on vendait toutes les affaires de Marcel Serdant,
01:38:32et dans cette vente-là, il y avait
01:38:34un bronze avec le point
01:38:36de la main de Marcel Serdant
01:38:38qui avait été coulée dans le bronze.
01:38:40Marcel Serdant, comme chacun le sait,
01:38:42était en 1949 dans un accident tragique
01:38:44d'avion. Bref, eh bien, lui,
01:38:46quand il était petit, Delon, son idole,
01:38:48c'était Serdant, il aimait la boxe,
01:38:50Delon, donc il voulait absolument
01:38:52acheter ce bronze, mais rester anonyme.
01:38:54Donc, il m'a appelé pour avoir
01:38:56les renseignements du bronze, qui avait signé
01:38:58l'empreinte de la main
01:39:00de Serdant,
01:39:02de quelle fonderie, en quelle année ça avait été
01:39:04faite, est-ce que c'était avant ou après le match
01:39:06mythique de Serdant,
01:39:08enfin, etc., etc. Finalement, il a
01:39:10acheté cette empreinte de la main
01:39:12de Serdant, de manière anonyme,
01:39:14par téléphone, en donnant un pseudonyme,
01:39:16évidemment, pour pas dire que c'était Alain Delon,
01:39:18l'étude, et moi-même, je savais que c'était
01:39:20Alain Delon qu'il achetait, évidemment. Parce que
01:39:22dans sa collection de bronze, il voulait absolument
01:39:24avoir l'empreinte de la main
01:39:26de Serdant.
01:39:28Et ça, vous voyez, il était
01:39:30calé dans plein de domaines, en art,
01:39:32en vin, en armes.
01:39:34Et en armes, je voudrais qu'on revienne effectivement
01:39:36sur ce que disait Bernard Montiel, et
01:39:38confirmer cette...
01:39:40Je ne sais pas si on peut parler de fascination
01:39:42qu'il avait pour la mort. Je
01:39:44me souviens aussi d'un très beau film dans lequel
01:39:46il jouait qui s'appelle Le Passage. Je ne sais pas si vous
01:39:48vous souvenez de ce film. Le Passage, qui parle finalement
01:39:50de ça, qui est un film sur la mort, avec
01:39:52cette chanson, avec la bande originale
01:39:54de Francis Lalanne.
01:39:56Entre autres, bien sûr, la chanson en 86.
01:39:58Il y avait quelque chose
01:40:00quand même autour de cette thématique chez Alain
01:40:02Delon. Oui, mais il en parlait aussi
01:40:04avec Dalida, qui avait cette fascination
01:40:06de la mort, qu'il avait connue rue Jean Mermoz
01:40:08à Paris. Tous les deux étaient deux jeunes
01:40:10débutants, en 1957-58.
01:40:12Dalida venait d'arriver à Paris,
01:40:14évidemment, et lui essayait
01:40:16de vivre en tout cas de son
01:40:18métier. Ce qui n'était pas facile, personne ne le connaissait
01:40:20encore vraiment à ce moment-là. Et ils
01:40:22avaient tous les deux la fascination de la mort.
01:40:24Ils parlaient souvent de la mort, très curieusement.
01:40:26Parce que c'était quelque chose qui
01:40:28les attirait, parce que
01:40:30c'est comme ça, ça s'appelle une fascination
01:40:32tout simplement. Il avait cette
01:40:34espèce de discours, en tout cas
01:40:36très ouvert,
01:40:38parce que pour lui, la mort faisait partie de la vie.
01:40:40Et il avait ce rapport avec tous ces gens
01:40:42qu'il a pu enterrer tout au long de sa carrière.
01:40:44Je pense à George Bone, je pense à, bien sûr,
01:40:46Mireille Dark, Romy Schneider, enfin,
01:40:48Nathalie Delon qui est partie plus récemment. Alors, on en parlait
01:40:50justement, effectivement, de Mireille Dark,
01:40:52tout à l'heure. Nathalie Delon, c'est Pascal Praud qui l'évoquait
01:40:54tout à l'heure sur notre antenne.
01:40:56Alain Delon qui rejoint, d'une certaine façon,
01:40:58les amours de sa vie. Romy Schneider,
01:41:00Mireille Dark, Nathalie Delon,
01:41:02des femmes qui ont énormément compté dans sa vie personnelle
01:41:04et dans sa vie d'acteur aussi.
01:41:06Regardez ce sujet de Viviane Hervier
01:41:08et on parle, juste après, des femmes
01:41:10qui ont marqué la vie d'Alain Delon. Regardez.
01:41:12Tout ce que je suis
01:41:14aujourd'hui, tout ce que j'ai fait,
01:41:16tout ce que j'ai entrepris, je l'ai fait pour les femmes.
01:41:18Je n'étais pas prédestiné à faire ce métier,
01:41:20je ne voulais pas le faire. Et une femme m'a aimé,
01:41:22elle m'a dit, il faut que tu fasses ce film.
01:41:24Je lui ai dit, je n'en ai pas envie, mais si tu me le demandes
01:41:26pour te faire plaisir parce que je t'aime,
01:41:28je vais faire l'acteur et je suis devenu acteur par amour.
01:41:30Et ce premier film, sorti en 1957,
01:41:32porte un titre prédestiné
01:41:34« Quand la femme s'en mêle »
01:41:36d'Yves Allégret.
01:41:38C'est vrai que vous êtes la dactylo de maman ?
01:41:40Romy Schneider sera son premier
01:41:42grand amour. Il se rencontre en 1958
01:41:44sur le tournage du film
01:41:46Christine.
01:41:48J'ai une vie si compliquée !
01:41:50Leur idée, il va durer 5 ans.
01:41:52Même après leur séparation,
01:41:54ils vont former à l'écran un couple mythique.
01:41:56Alain Delon, on le reconnaissait,
01:41:58il aimait les femmes.
01:42:02J'aime les femmes.
01:42:04Assez grandes, belles de toute façon
01:42:06et si possible intelligentes.
01:42:08Nathalie Delon est la seule à avoir épousé l'acteur.
01:42:10Ensemble, ils auront un fils,
01:42:12Anthony, qui suivra plus tard
01:42:14les traces de son père au cinéma.
01:42:16Mais après 4 ans de mariage, le couple
01:42:18divorce. Alain Delon a rencontré
01:42:20Mireille Dark sur le tournage du film
01:42:22Jeff.
01:42:24Mireille Dark va partager
01:42:26la vie d'Alain Delon pendant 15 ans.
01:42:28Ils vont vivre un amour fusionnel
01:42:30qui, après leur séparation, va se muer
01:42:32en amitié complice et indéfectible.
01:42:34On a un grand projet en commun,
01:42:36c'est de vivre le plus longtemps possible
01:42:38tous les deux et de se voir le plus longtemps possible
01:42:40le plus souvent possible.
01:42:42Avec Rosalie Van Breemen,
01:42:44mannequin néerlandais,
01:42:46rencontrée en 1987,
01:42:48Alain Delon a deux enfants, Anoushka
01:42:50et Alain Fabien. L'acteur partage
01:42:52avec sa fille la même passion pour le cinéma.
01:42:54C'est avec elle qu'auront lieu
01:42:56ses dernières apparitions publiques.
01:42:58Il a eu à cœur de lui transmettre le flambeau
01:43:00avant de quitter définitivement
01:43:02la scène.
01:43:08Voilà, Alain Delon et les femmes.
01:43:10On a souvent dit, Alberto Toscano,
01:43:12qu'Alain Delon était devenu
01:43:14Alain Delon grâce aussi aux
01:43:16femmes avec qui il a partagé l'écran.
01:43:18Je ne suis pas en mesure de répondre à cette question.
01:43:20C'était quand même une très belle question.
01:43:22Je trouve que
01:43:24ce qu'on vient de voir,
01:43:26c'est un reportage émouvant.
01:43:28Sans doute,
01:43:30Alain Delon avait
01:43:32un magnétisme extraordinaire
01:43:34qui avait une force
01:43:36de séduction exceptionnelle
01:43:38qui n'était pas seulement due
01:43:40à sa beauté. Il y avait quelque chose
01:43:42d'autre, peut-être
01:43:44une tendresse de caractère.
01:43:46Il y avait sans doute
01:43:48une intelligence. Plusieurs choses
01:43:50en plus que la beauté physique.
01:43:52Alain Delon a été
01:43:54exceptionnel dans sa relation avec les femmes.
01:43:56Vous avez parlé dans ce reportage
01:43:58des femmes avec lesquelles
01:44:00il a eu une relation
01:44:02connue et célèbre.
01:44:04Il y a aussi les femmes avec lesquelles
01:44:06il a travaillé sur scène.
01:44:08Des actrices extraordinaires
01:44:10qui ont...
01:44:12Il y a eu comme une addition
01:44:14de capacités
01:44:16artistiques.
01:44:18Par exemple, je pense
01:44:20au guépard et à Alain Delon
01:44:22plus Claudio Cardinal.
01:44:24Cette actrice merveilleuse
01:44:26d'une
01:44:28capacité artistique exceptionnelle.
01:44:30Et ce couple
01:44:32sur la scène du guépard
01:44:34de grands artistes
01:44:36reste dans l'histoire
01:44:38du 7e art.
01:44:40Les couples d'une manière générale,
01:44:42les couples qu'il a formés à l'écran
01:44:44sont mythiques.
01:44:46Evidemment, pour l'esprit des Français,
01:44:48c'est ça. Je crois qu'on aime ces couples.
01:44:50Les Français sont amoureux de ces couples célèbres.
01:44:52Ce qui n'est pas facile. Quand il y a deux célébrités,
01:44:54c'est compliqué. Le petit-déjeuner est toujours
01:44:56avec beaucoup de discussion, généralement.
01:44:58Le succès n'est jamais à un moment, ni pour l'un, ni pour l'autre.
01:45:00Je parle des couples aussi dans la vie
01:45:02et à l'écran.
01:45:04Il y a une femme dont on ne parle pas, d'ailleurs,
01:45:06avec qui il a été en couple. C'est Brigitte Aubert.
01:45:08La première actrice
01:45:10en 1957 qui lui donne
01:45:12un rôle au cinéma.
01:45:14Avec ce rôle-là, il sera repéré
01:45:16pour faire Christine avec Romy Schneider
01:45:18l'année suivante, et puis après être sélectionné
01:45:20dans Plein Soleil pour faire Plein Soleil en 1960.
01:45:22Qui va changer sa vie.
01:45:24C'est son premier grand succès au cinéma.
01:45:26On peut le dire. Et cette Brigitte Aubert,
01:45:28il a toujours été fidèle
01:45:30à cette femme, finalement, qui a été
01:45:32sa première chance.
01:45:34Il en a parlé dans une interview il y a très longtemps.
01:45:36Mais son nom n'est pas resté,
01:45:38malheureusement, à cette merveilleuse actrice.
01:45:40Le nom n'est pas resté dans la mémoire collective,
01:45:42mais elle a été très importante
01:45:44dans la vie d'Alain Delon.
01:45:46Pour les Français, la vie d'Alain Delon,
01:45:48sentimentalement, et je rejoins votre question,
01:45:50c'est bien sûr Romy Schneider, Alain Delon, évidemment.
01:45:52Il se rencontre le 10 avril
01:45:541958 à Orly
01:45:56où une conférence de presse avait été organisée.
01:45:58C'est quand même génial, ça. Elle l'avait repérée,
01:46:00Romy Schneider, sur une
01:46:02photo qu'on lui avait présentée avec Qui veux-tu jouer ?
01:46:04Romy Schneider avait choisi
01:46:06ce beau garçon, évidemment, Alain Delon,
01:46:08là où le physique est intervenu.
01:46:10Et alors,
01:46:12la rencontre s'est faite sur le
01:46:14red carpet à Orly, devant
01:46:16une conférence de presse où on annonçait ce
01:46:18couple mythique qui allait jouer
01:46:20ensemble dans le film Christine. Ils ont fait ça en direct
01:46:22d'Orly, à l'époque. Donc, première
01:46:24rencontre, 10 avril 1958.
01:46:26A Orly. A Orly, tout simplement.
01:46:28Ils ne se sont plus quittés, bien sûr, après,
01:46:30parce qu'ils ont eu
01:46:32cet attachement et cette reconnaissance
01:46:34et cet amour, évidemment, qui est né comme ça
01:46:36au fil des semaines et des mois
01:46:38et pour être éternel, puisque
01:46:40jusqu'à la fin de sa vie, je crois qu'il
01:46:42n'a jamais oublié, et il avait
01:46:44gardé dans son portefeuille, comme l'a très justement
01:46:46rappelé Bernard Montiel, il avait gardé
01:46:48cette photo, évidemment, de Romy Schneider
01:46:50qu'il portait toujours sur son cœur.
01:46:52Les femmes qui ont marqué la vie d'Alain Delon,
01:46:54les femmes qui l'ont
01:46:56accompagnée à l'écran, et puis il y en a une qui l'a
01:46:58accompagnée sur scène aussi, c'est Dalida.
01:47:00On va en parler dans un instant,
01:47:02nous serons aussi en direct au téléphone avec Didier
01:47:04Barbelivien, mais juste avant, on va
01:47:06revenir sur toutes les réactions, cette pluie
01:47:08de réactions et d'hommages depuis ce matin
01:47:10sur les réseaux avec vous, Adrien Spiterich.
01:47:12Exactement, et si les réactions politiques sont
01:47:14nombreuses, les réactions du monde artistique
01:47:16le sont aussi. Lyne Renaud, par exemple,
01:47:18a réagi il y a quelques minutes seulement.
01:47:20Je suis tellement triste d'apprendre le départ
01:47:22d'Alain, il était mon ami depuis
01:47:24ses tous débuts. J'ai vu débarquer dans mon
01:47:26salon un garçon de 23 ans, à la beauté
01:47:28renversante. Il avait déjà tout
01:47:30pour devenir une star, le regard, la voix,
01:47:32le physique, la puissance,
01:47:34la modernité. Autre réaction,
01:47:36celle de l'acteur et du chanteur
01:47:38Patrick Bruel. Un immense
01:47:40acteur s'en va, vos mots
01:47:42à chacune de nos rencontres ont été
01:47:44un moteur. Merci monsieur
01:47:46Delon, et puis on termine aussi avec
01:47:48l'hommage d'une autre icône du cinéma
01:47:50français, Brigitte Bardot, dans une
01:47:52lettre. Elle déclare, il a représenté
01:47:54le meilleur du cinéma, prestige de
01:47:56la France, un ambassadeur de l'élégance,
01:47:58du talent, de la beauté.
01:48:00La disparition d'Alain Delon creuse un vide
01:48:02aussi sale que rien, ni personne ne pourra
01:48:04combler. Voilà pour quelques-unes des réactions
01:48:06Mickaël. Merci beaucoup Adrien Spiteri
01:48:08j'aimerais bien revenir sur la réaction de Patrick Bruel
01:48:10juste avant. C'est intéressant parce que
01:48:12Alain Delon aimait beaucoup Patrick
01:48:14Bruel. Il avait
01:48:16lors d'une interview, il avait dit que pour lui
01:48:18Patrick Bruel était le nouveau Yves Montand
01:48:20à une certaine époque. Oui, très tôt
01:48:22d'ailleurs, dès les débuts de Patrick Bruel au cinéma
01:48:24puisqu'il a mené conjointement d'abord une carrière
01:48:26finalement de chanteur puis d'acteur
01:48:28ou même inversement, je crois
01:48:30qu'ils ont commencé pratiquement en même temps, ils chantent depuis toujours
01:48:32et ils jouent depuis toujours. D'où le parallèle avec
01:48:34Yves Montand. Oui absolument
01:48:36et Delon
01:48:38avait reconnu en Bruel déjà
01:48:40le talent de l'acteur. C'est un
01:48:42grand acteur Bruel également au cinéma
01:48:44grand grand acteur, aussi bien
01:48:46au théâtre qu'au cinéma. Bien sûr. Et c'est vrai
01:48:48il l'avait reconnu tout de suite, il le comparait
01:48:50à Montand évidemment
01:48:52et Delon aimait
01:48:54beaucoup en tout cas le jeu de
01:48:56scène d'un Patrick Bruel dans un autre
01:48:58style, dans une autre époque, mais avec talent
01:49:00aussi. Bonjour Didier Barbeux-Livien
01:49:02Bonjour. Merci d'être avec nous
01:49:04cet après-midi sur CNews pour parler
01:49:06d'Alain Delon
01:49:08Oui
01:49:10Je n'oublierai jamais ni ta générosité
01:49:12ni ton talent que tu m'as fait
01:49:14approcher. Vous avez
01:49:16publié un joli message pour rendre hommage à Alain Delon
01:49:18Oui parce que vous savez
01:49:20j'ai eu la chance de l'admirer
01:49:22deux fois. Je l'admirais
01:49:24en tant que spectateur
01:49:26dans les salles comme nous tous
01:49:28comme vous tous. Et puis un jour
01:49:30j'ai eu à travailler
01:49:32avec lui, à enregistrer
01:49:34un projet qui était immense et qui n'est pas
01:49:36sorti. Mais j'en ai encore
01:49:38quelques extraits qu'on
01:49:40fera public peut-être si les enfants
01:49:42nous y autorisent
01:49:44et j'ai adoré ce monsieur parce
01:49:46qu'il était précédé
01:49:48j'adorais ça, d'une très mauvaise
01:49:50réputation. C'est à dire
01:49:52tout le monde m'avait dit oh là là tu vas enregistrer Alain Delon
01:49:54tu vas voir c'est très difficile
01:49:56il est très compliqué
01:49:58pas du tout. J'ai rencontré un homme
01:50:00très simple, très disponible
01:50:02très très respectueux des gens
01:50:04je me souviens
01:50:06qu'il s'était pris d'amitié pour
01:50:08Tony Medjurin qui était l'arrangeur
01:50:10de tout ce projet
01:50:12et il était
01:50:14très respectueux
01:50:16très talentueux. On oublie de dire
01:50:18que c'était un immense
01:50:20artiste dans le travail
01:50:22c'était un homme qui arrivait à l'heure
01:50:24qui connaissait son texte
01:50:26enfin il était
01:50:28ouais moi j'ai eu
01:50:30beaucoup beaucoup de plaisir
01:50:32à rencontrer ce monsieur
01:50:34Quel souvenir vous garderez
01:50:36d'Alain Delon ? Alors d'abord
01:50:38à travers ce projet dont
01:50:40il y en a eu plusieurs parce que vous savez ce projet
01:50:42comment dire
01:50:44incluait
01:50:46qu'il me raconte sa vie de A
01:50:48à Z. C'est un projet musical
01:50:50j'imagine
01:50:52Il parle sur des textes, il raconte sa vie
01:50:54sur des musiques classiques
01:50:56l'album devait s'appeler
01:50:58Delon joue ses classiques
01:51:00et on a enregistré par exemple
01:51:02Le rêve d'amour de Liszt avec
01:51:04Daniel Barenbo au piano
01:51:06et Delon qui parle, qui raconte
01:51:08une histoire justement sur le festival de Cannes
01:51:10et
01:51:12c'était
01:51:14des souvenirs
01:51:16j'en ai imaginé, on a passé des
01:51:18heures et des heures
01:51:20et moi je l'écoutais
01:51:22comme un prêtre
01:51:24presque, il était à confesse
01:51:26et il y a un truc qui était très étonnant
01:51:28c'est qu'il n'édulcorait
01:51:30rien, il me
01:51:32racontait toute sa vie, il y a des fois je disais
01:51:34Alain ça c'est pas grave ça
01:51:36on le met pas, non mais c'est pour que tu comprennes
01:51:38pour que tu saches
01:51:40il m'a tout raconté, son enfance
01:51:42Bourg-la-Reine, le départ en Indochine
01:51:44enfin sa vie
01:51:46Romy Schneider où il était
01:51:48je me revois dans ce
01:51:50restaurant italien, le Visconti
01:51:52là où il
01:51:54il sortait la photo de Romy comme un ado
01:51:56il l'avait sur lui
01:51:58j'avais un gosse de 15 ans
01:52:00devant moi là, il me montrait
01:52:02la photo, il me dit regarde
01:52:04voyez, c'était un type
01:52:06je pense extrêmement
01:52:08sentimental et qui avait
01:52:10en plus
01:52:12de la dérision
01:52:14le sens de l'humour incroyable
01:52:16il me faisait rire
01:52:18il m'a raconté un jour
01:52:20parce que ma femme était enceinte
01:52:22de nos jumelles, il me dit oh là là
01:52:24tu vas voir, père à 57 ans
01:52:26il n'y a rien au dessus
01:52:28moi je paniquais un peu à l'idée
01:52:30d'être un nouveau père, il me dit regarde moi
01:52:32quand j'ai eu Anoushka
01:52:34ça a vraiment changé ma vie
01:52:36et il me raconte une anecdote
01:52:38il me dit tu sais un jour je suis allé
01:52:40parce qu'il y aura un revers de la médaille
01:52:42je commençais à se marrer
01:52:44il me dit tu verras quand elles vont grandir
01:52:46et j'ai dit mais c'est quoi le revers de la médaille
01:52:48il me dit un jour je suis allé l'attendre
01:52:50aux courses de théâtre à la sortie
01:52:52je suis allé la chercher
01:52:54je suis un mec assez discret
01:52:56il me dit j'ai pas attendu à la grille
01:52:58j'étais de l'autre côté du trottoir
01:53:00je lui ai dit et alors ?
01:53:02et alors il me dit
01:53:04qu'elle dévale les marches avec ses copines
01:53:06et puis il y en a une qui crie
01:53:08Anoushka, Anoushka, regarde ton grand père
01:53:10il est venu te chercher
01:53:12il me dit tu vois
01:53:14j'avais l'âge d'être son grand-père
01:53:16il me dit tu connaîtras ça
01:53:18ça veut dire qu'il est
01:53:20ce que vous êtes en train de nous raconter
01:53:22Didier Barbelivien il était
01:53:24c'est quelque chose qui le
01:53:26dérangeait à Alain Delon
01:53:28pas du tout c'était un type
01:53:30du comment dire
01:53:32d'une totale sincérité quoi
01:53:34c'était impressionnant
01:53:36c'était un
01:53:38c'est vrai un homme qui vivait
01:53:40dans le passé avec les gens qu'il avait
01:53:42aimé, admiré, qu'il lui manquait
01:53:44il en parlait tout le temps
01:53:46il est venu un jour
01:53:48pareil il sonne à la porte du studio
01:53:50il me dit qu'est-ce que t'enregistres
01:53:52en ce moment ?
01:53:54il y a une chanson en hommage à Gabin
01:53:56il y a une chanson en hommage à Gabin, passe-moi le casque
01:53:58et à la fin
01:54:00de la chanson on entend la voix d'Alain Delon
01:54:02qui fait oui ça c'était Gabin
01:54:04et il les repasse
01:54:06vous voyez il faisait des surprises
01:54:08comme ça c'était
01:54:10c'était étrange
01:54:12parce que c'était un homme
01:54:14très comment dire
01:54:16qui était spontané en fait
01:54:18il était très spontané
01:54:20il était sincère, la sincérité, la spontanéité
01:54:22ouais puis l'inverse
01:54:24de cette image
01:54:26que la presse quelques fois
01:54:28les journalistes ont fait de lui
01:54:30un type compliqué, torturé
01:54:32non il était torturé dans sa tête
01:54:34mais il avait
01:54:36le goût de la vie
01:54:38du quotidien
01:54:40vous voyez il était très volontaire
01:54:42puis artiste
01:54:44moi c'est ça qui me plaisait
01:54:46Alain Delon, monstre au sacré du cinéma
01:54:48qui s'était aussi d'une certaine façon
01:54:50essayé à la chanson
01:54:52Didier
01:54:54on va écouter un petit extrait
01:54:56vous chantez bien Alain
01:54:58on va écouter un extrait de Parole Parole
01:55:00avec Dalida si on a ça en régie
01:55:04Parole Parole
01:55:06Écoute moi
01:55:08Parole Parole
01:55:10Je t'en prie
01:55:12Parole Parole
01:55:14Je te jure
01:55:16Parole Parole
01:55:18Parole Parole
01:55:20Parole Parole
01:55:22Parole Parole
01:55:24Voilà Parole Parole
01:55:26ce duo mythique
01:55:28Dalida et Alain Delon
01:55:30qui avait eu l'idée d'ailleurs de le faire chanter
01:55:32Didier est-ce que vous savez ?
01:55:34Je crois que c'est l'amitié qu'ils avaient
01:55:36qui remontait à leur jeunesse
01:55:38et un jour
01:55:40je pense que quand ils ont eu besoin
01:55:42d'une voix masculine
01:55:44tout naturellement Dalida a dit
01:55:46si on demandait Alain Delon ce serait merveilleux
01:55:48mais moi je l'ai entendu chanter
01:55:50vraiment des chansons
01:55:52par exemple je l'ai entendu chanter un enregistrement
01:55:54des Moulins de mon coeur
01:55:56de Michel Legrand, il chantait très bien
01:55:58très juste
01:56:00il avait que ça
01:56:02des qualités artistiques
01:56:04et puis il était
01:56:06pignâtre là-dessus
01:56:08quand on faisait les prises d'enregistrement
01:56:10moi j'étais quand même assez fasciné
01:56:12qu'il arrive à dire les mots
01:56:14le texte
01:56:16en arrivant à la note près
01:56:18c'était pas des chansons, c'était de la musique classique
01:56:20c'est très compliqué
01:56:22de devoir se caler
01:56:24j'ai dit bah dis donc t'es vachement doué
01:56:26il me dit dis donc j'ai beaucoup bossé
01:56:28merci beaucoup Didier Barbolivien
01:56:30pour ces mots, merci d'avoir parlé
01:56:32d'Alain Delon avec nous cet
01:56:34après-midi
01:56:36gardez le souvenir de cet homme merveilleux qu'il était
01:56:38c'est ce qu'on va faire, c'est ce qu'on essaie de faire
01:56:40cet après-midi
01:56:42j'ai oublié de dire quand même Didier Barbolivien
01:56:44c'est que Alain Delon il émet deux chansons
01:56:46en chanson française, il y avait bien sûr
01:56:48Mon Vieux de Nénè Guichard, une chanson de Ferrat
01:56:50et aussi co-écrite par Nénè Guichard
01:56:52on va dire, et puis Elsa de Didier Barbolivien
01:56:54il adorait cette chanson
01:56:56il la connaissait par coeur
01:56:58alors je sais pas, est-ce que Didier est encore
01:57:00avec nous, non il a dû raccrocher
01:57:02bon a priori, je sais pas s'il était au courant
01:57:04oui parce qu'en même temps je pense que
01:57:06Didier était peut-être aussi très impressionné
01:57:08de travailler avec Alain Delon, évidemment
01:57:10on l'aurait été tous, mais je pense que
01:57:12Delon avait aussi choisi Didier Barbolivien
01:57:14lorsqu'il avait cette considération
01:57:16du grand auteur qu'est Barbolivien
01:57:18en France. Et puis cette confiance aussi
01:57:20c'est ce que nous disait Pascal Praud tout à l'heure, c'est-à-dire à partir du moment
01:57:22où il connaissait la personne, où il savait que
01:57:24voilà, qu'il pouvait lui faire confiance
01:57:26après il répondait présent à chaque fois qu'on l'appelait
01:57:28complètement. Et j'aimerais
01:57:30qu'on parle aussi de cette sincérité
01:57:32dont vient de nous parler Didier Barbolivien
01:57:34Alain Delon il était
01:57:36sincère, il était spontané, d'une certaine
01:57:38façon il était sans filtre aussi
01:57:40oui, il avait le pouvoir d'être
01:57:42sans filtre, parce qu'on peut pas toujours l'être
01:57:44mais quand on faisait cette comparaison
01:57:46tout à l'heure avec Michel Sardou
01:57:48par exemple, c'est des personnalités
01:57:50électriques. Oui, ce sont des intouchables
01:57:52dans notre société aujourd'hui
01:57:54celui qui a un tel succès, qu'on soit Delon ou Sardou
01:57:56on a un tel succès qu'on devient
01:57:58intouchable. Donc on peut tout se permettre
01:58:00tout se permettre c'est d'être sincère
01:58:02et de dire vraiment ce qu'on pense
01:58:04aujourd'hui la différence peut être entre
01:58:06hier et aujourd'hui
01:58:08hier on pouvait se permettre de tout dire
01:58:10quelle que soit la vie politique
01:58:12sociale, sociétale
01:58:14quelle que soit l'humeur
01:58:16on pouvait tout dire. Aujourd'hui vous remarquerez
01:58:18que toutes les positions
01:58:20tout ce que tout le monde peut déclarer aujourd'hui
01:58:22il y a une forme de posture
01:58:24on est dans une époque de posture
01:58:26Delon, jamais. Il était
01:58:28dans sa manière de réfléchir
01:58:30et ça change tout
01:58:32et lui, malgré
01:58:34l'époque de posture
01:58:36on est à peu près dans cette posture aujourd'hui depuis une quinzaine d'années
01:58:38Delon a continué à être
01:58:40vrai. C'est-à-dire qu'il s'en foutait de ce qu'on pouvait
01:58:42penser de lui. Il pouvait s'en moquer
01:58:44qui, quoi, ce qu'on
01:58:46pouvait penser, on le traitait d'extrême
01:58:48droite, de droite, de machin, tout ça
01:58:50comme Sardou, d'ailleurs
01:58:52et en fait, il s'en moquait
01:58:54mais on peut se permettre, quand on est Alain Delon
01:58:56on peut tout dire, évidemment
01:58:58parce qu'on reste le monument au-delà de tout
01:59:00Alberto Toscano
01:59:02Il y a un détail
01:59:04du témoignage de Didier
01:59:06qui m'a fait
01:59:08une certaine impression, quand ils disent
01:59:10le restaurant italien
01:59:12où on allait dîner à Paris
01:59:14était le Visconti
01:59:16C'est-à-dire, pour celui qui était
01:59:18le protagoniste
01:59:20le plus graphique de Visconti
01:59:22allait dîner au restaurant Visconti à Paris
01:59:24c'est génial
01:59:26Une belle coïncidence
01:59:28La boucle est bouclée. Vous la connaissiez
01:59:30cette chanson, ce duo avec Dalida ?
01:59:32Bien sûr, parce que je la connaissais
01:59:34en français et en italien. Sorti dans
01:59:3627 pays. Ah oui, parce que le titre
01:59:38existait également en italien. Paroles, paroles,
01:59:40soltanto parole, parole d'amour
01:59:42et une très célèbre chanson en italien
01:59:44célèbre parce que Dalida
01:59:46et Alain Delon, deux
01:59:48monstres sacrés, l'une dans
01:59:50la chanson, l'autre au cinéma, est connue
01:59:52dans plus de 77 pays
01:59:54au monde. Les deux. Ils avaient
01:59:56cette célébrité. Et quand Orlando
01:59:58le frère de Dalida qui gérait la carrière
02:00:00de l'artiste à ce moment-là, de sa sœur
02:00:02il ne savait pas, il voulait faire un duo. On est
02:00:04au printemps 73
02:00:06et c'est une année où tout le monde a fait des duos
02:00:08célèbres. On a eu Shelly Ringo
02:00:10avec les gondoles à Venise, on a eu
02:00:12un problème de Johnny Hallyday et Sylvie Vartan
02:00:14et Orlando ne voulait pas
02:00:16rester, en reste en tout cas, de cela
02:00:18donc il ne savait pas avec qui
02:00:20lui faire faire le duo. Et Dalida
02:00:22dit tout naturellement, je vais faire
02:00:24ce duo, je vais appeler Alain Delon
02:00:26il ne peut pas me le refuser et je vais
02:00:28le faire avec lui. Un italien
02:00:30on s'est dit bon, très bien, pourquoi pas
02:00:32et puis finalement il ne pouvait pas lui
02:00:34refuser parce que n'oublions pas que quand ils ont
02:00:36commencé tous les deux à Paris, ils
02:00:38vivaient rue Jean Mermoz dans une petite chambre de Bonne
02:00:40les chambres étaient mitoyennes
02:00:42et de temps en temps ils partageaient un repas ensemble
02:00:44et évidemment
02:00:46comme Delon était quelqu'un d'extrêmement fidèle
02:00:48en amitié, il n'a jamais
02:00:50pu refuser à Dalida et quand
02:00:52il s'est rendu au sous-enregistrement, tenez-vous bien
02:00:54Michael, il a enregistré en
02:00:56une prise. Ils ont fait deux prises
02:00:58pour une prise de sécurité au cas où mais ils ont gardé
02:01:00la première. C'est dire si ça
02:01:02a été un immense acteur
02:01:04parce que même lorsqu'il doit chanter
02:01:06ou parler en chantant
02:01:08il faut quand même être juste
02:01:10comme le soulignait Didier Barbolivien, il faut être juste
02:01:12sur la musique, ce qui n'est pas facile
02:01:14mais comme c'était un grand acteur
02:01:16il est juste même dans la respiration
02:01:18si vous écoutez Parole Parole
02:01:20qui d'ailleurs
02:01:22cette chanson est venue célèbre parce que c'est la première fois
02:01:24que les femmes dénonçaient le comportement
02:01:26volage ou beau-parleur
02:01:28des hommes. C'est ça qui est aussi
02:01:30révolutionnaire en 1973
02:01:32pour le rappeler aussi. Mais
02:01:34fallait-il encore parler juste
02:01:36et c'est là où on voit
02:01:38les grands acteurs au pied du mur
02:01:40c'est-à-dire qu'à un moment donné
02:01:42et la première prise a été la bonne, c'est celle qu'ils ont conservée
02:01:44pour l'enregistrement
02:01:46et il avait très peu répété puisqu'à l'époque
02:01:48l'ingénieur du son au studio lui avait
02:01:50donné une petite cassette avec la voix témoin
02:01:52de Dalida qui avait déjà été posée sur le disque
02:01:54sur les fameuses 24 pistes du Master
02:01:56Donc ils ne l'ont pas enregistré ensemble
02:01:58Non, séparément
02:02:00mais ça a été un chef-d'oeuvre
02:02:02tout de suite et ça a été numéro 8
02:02:04pendant pratiquement 11 semaines
02:02:06en 1973
02:02:08ça a été l'une des chansons et des tubes de l'année
02:02:10qui a vendu à plus de 500 000 exemplaires
02:02:12et Delon n'en revenait pas. Il n'a pas demandé
02:02:14un euro. Rien.
02:02:16Il a fait ça pour son amitié
02:02:18pour l'affection qu'il avait pour Dalida
02:02:20cette immense chanteuse aussi
02:02:22dans un certain grand nombre de pays
02:02:24et ça a été un succès incroyable
02:02:26Il est 16h sur CNews, merci de nous rejoindre
02:02:28pour la suite de cette édition spéciale
02:02:30consacrée à Alain Delon
02:02:32On a appris sa disparition
02:02:34ce matin
02:02:36Le dernier samouraï du cinéma français
02:02:38nous a quitté à l'âge de 88 ans
02:02:40annonce faite par ses 3 enfants
02:02:42Alain, Fabien, Anoushka et Anthony
02:02:44ainsi qu'ils l'ont annoncé
02:02:46à la presse ce matin
02:02:48Ils ont l'immense chagrin d'annoncer
02:02:50le départ de leur père. Il s'est éteint sereinement
02:02:52dans sa maison de doucher entouré
02:02:54de ses 3 enfants et des siens
02:02:56Sa famille vous prie de bien vouloir respecter
02:02:58son intimité dans ce moment
02:03:00C'est un deuil extrêmement douloureux
02:03:02On continue bien sûr de lui rendre hommage
02:03:04cet après-midi sur CNews
02:03:06toujours en compagnie de Fabien Lecoeuvre
02:03:08et d'Alberto Toscano
02:03:10Mais juste avant, retour sur sa vie
02:03:12et sur sa carrière bien sûr
02:03:14avec ce sujet de Viviane Hervier
02:03:20Lorsqu'il tourne en 2008
02:03:22Astérix aux Jeux Olympiques
02:03:24cela fait près de 10 ans qu'Alain Delon
02:03:26est resté éloigné des plateaux de cinéma
02:03:28L'auto-dérision dont il fait preuve
02:03:30dans son interprétation de Jules César
02:03:32sera saluée par le public
02:03:34D'une certaine façon, la star tord le coup
02:03:36à cette image d'acteur mégalo, prétentieux
02:03:38et imbut de sa personne qui lui colle à la peau
02:03:40Il faut dire qu'Alain Delon a joué
02:03:42avec les plus grands réalisateurs
02:03:44et les plus grands interprètes du cinéma français
02:03:46et international
02:03:48J'ai une grande nostalgie des acteurs disparus
02:03:50parce que d'abord il y en a beaucoup
02:03:52mais c'est tous ceux qui ont fait ma carrière
02:03:54tous ceux qui m'ont apporté, m'ont donné quelque chose
02:03:56ce que j'ai été les années qui ont suivi
02:03:58ce que je suis encore aujourd'hui, ça fait partie de ma vie
02:04:00Doté d'une beauté renversante
02:04:02d'un charisme quasi animal
02:04:04le succès sera presque immédiat
02:04:06J'aurai vraiment confiance
02:04:08Pourtant, Alain Delon
02:04:10est entré dans le cinéma par effraction
02:04:12Il n'a jamais pris de cours
02:04:14Son enfant se décline sur fond de parents divorcés
02:04:16de familles d'accueil et d'institutions
02:04:18d'où il sera systématiquement renvoyé
02:04:20Après un CAP de charcutier
02:04:22il s'engage dans la marine au moment de la guerre d'Indochine
02:04:24De retour à la vie civile
02:04:26il enchaîne les petits boulots
02:04:28Ses rencontres amoureuses vont changer son destin
02:04:30Des femmes
02:04:32mais aussi Jean-Claude Brialy
02:04:34qui l'emmène à Cannes
02:04:36Yves Allégret sera le premier réalisateur
02:04:38à lui donner sa chance
02:04:40dans Quand la femme s'emmêle
02:04:44Puis René Clément dans Plein soleil
02:04:46lui offre son premier grand rôle
02:04:48Sa carrière est lancée
02:04:50Lucchino Visconti le repère
02:04:52Avec lui il tourne Rocco et ses frères
02:04:54puis Le guépard, Palme d'or à Cannes
02:04:56en 1963
02:04:58C'est les religieuses qui s'étaient réfugiées dans la chapelle
02:05:00toutes agglutinées contre l'autel
02:05:02Alain Delon a 28 ans
02:05:04vont suivre Mélodie en sous-sol
02:05:06d'Henri Verneuil
02:05:08qui marque sa rencontre avec Jean Gabin
02:05:10son modèle dans le métier
02:05:16Les films vont s'enchaîner
02:05:18plus de 90 au total
02:05:20Le travail, la piscine, le clan des Siciliens
02:05:22Monsieur Klein, paroles de flics
02:05:24pour ne citer que les plus célèbres
02:05:32Dans Borsalino
02:05:34il donne la réplique à Jean-Paul Belmondo
02:05:36son alter ego à l'écran
02:05:40Côté vie privée, l'acteur est un séducteur
02:05:42il enchaîne les conquêtes féminines
02:05:50Les femmes qui ont compté dans sa vie
02:05:52Romy Schneider
02:05:54avec qui il formera un couple mythique
02:05:56à l'écran comme à la ville
02:05:58ou encore Mireille Dark
02:06:00s'accompagne pendant 15 ans
02:06:02Il lui faudra attendre 1985
02:06:04pour être reconnu par la profession
02:06:06qui lui attribue le César du meilleur acteur
02:06:08pour le film Notre histoire
02:06:12Au festival de Cannes
02:06:14la reconnaissance sera encore plus tardive
02:06:16et c'est Alain Delon ému aux larmes
02:06:18qui reçoit en 2019 une palme d'or
02:06:20pour l'ensemble de sa carrière
02:06:24Alain Delon est entré de son vivant dans la légende
02:06:26sa filmographie impressionnante
02:06:28et sa longévité
02:06:30lui confèrent à tout jamais une place
02:06:32à part dans le cinéma français
02:06:36Voilà pour cette immense carrière
02:06:38la carrière de cette légende qui était Alain Delon
02:06:40il représentait quoi pour vous
02:06:42Alain Delon, Alberto Toscano ?
02:06:44Un mythe
02:06:46Pour moi en tant qu'italien
02:06:48c'était évidemment
02:06:50ces deux films extraordinaires
02:06:52le protagoniste de ces deux films
02:06:54fantastiques
02:06:56qui sont Rocco et son fratello
02:06:58Rocco et son frère et le guépard
02:07:00il y a Topardo
02:07:02c'était quelqu'un qui
02:07:04a su exprimer
02:07:06quelque chose à l'écran
02:07:08des personnages
02:07:10parfois difficiles
02:07:12à interpréter
02:07:14le professeur
02:07:18l'ultima antiqua
02:07:20était comme titre original
02:07:22et d'autres
02:07:24personnages
02:07:26difficiles mais qu'il a toujours
02:07:28fait avec une habilité
02:07:30fantastique
02:07:32à mes yeux il est aussi
02:07:34l'interprète
02:07:36et le protagoniste
02:07:38d'un cinéma franco-italien
02:07:40laissez moi dire
02:07:42je ne sais pas si vous partagez
02:07:44mon opinion mais je crois
02:07:46que ce cinéma, on a parlé
02:07:48de Dalida
02:07:50artiste de la musique
02:07:52mais enfin ce monde
02:07:54Belmondo
02:07:56Yves-Olive
02:07:58Yves Montand
02:08:00c'est un ensemble
02:08:02et même Alain Delon
02:08:04là-dedans qui est
02:08:06amené à ce niveau
02:08:08extrême
02:08:10d'expérience artistique
02:08:12par un réalisateur italien
02:08:14qui le considère
02:08:16comme son maître
02:08:18au point qu'il dit
02:08:20je refusais de jouer dans ce film
02:08:22parce que je ne voulais pas voir Visconti
02:08:24vieillir et diminuer
02:08:26donc il y a cet ensemble
02:08:28de films, d'épopées
02:08:30franco-italien du cinéma
02:08:32on était fondateur dans sa carrière
02:08:34La Terrazza
02:08:36combien de chefs-d'oeuvre
02:08:38on a vu, on a produit ensemble
02:08:40ces deux grands cinémas
02:08:42qui restent divisés
02:08:44ces deux cinémas mais qui
02:08:46dans plusieurs moments de l'histoire
02:08:48du cinéma de l'après-guerre
02:08:50ont su fusionner
02:08:52en donnant lieu
02:08:54des chefs-d'oeuvre comme
02:08:56Rocco et ses fratellis, comme
02:08:58Le Vépard
02:09:00Que représenter Alain Delon pour vous
02:09:02c'est la question qu'on est justement allé vous poser
02:09:04dans la rue, regardez
02:09:06C'était un immense acteur
02:09:08et ça m'a vraiment fait un choc
02:09:10parce que je pensais qu'il était éternel en fait
02:09:12je pensais qu'il ne mourrait jamais
02:09:14et c'était quelqu'un que
02:09:16j'aimais énormément
02:09:18C'est toujours triste de perdre
02:09:20une vedette comme Alain Delon
02:09:22Le rayonnement même de la France
02:09:24pour sa culture va même au-delà
02:09:26des grands concerts, des grands musiciens
02:09:28il y a des grands artistes
02:09:30C'est triste franchement, c'est un grand acteur français
02:09:32il a fait beaucoup beaucoup
02:09:34pour la France
02:09:36franchement moi je l'aime beaucoup
02:09:38je regarde ses films
02:09:40Louis Depardieu
02:09:42Belmondo
02:09:44on l'aime beaucoup
02:09:46on aurait voulu encore qu'il vit
02:09:48plus longtemps possible
02:09:50un très très grand acteur avec un jeu très riche
02:09:52une très belle personnalité
02:09:54contestable
02:09:56discutable
02:09:58le talent va avec ce que l'on conteste
02:10:00Alain Delon est
02:10:02français, je pensais qu'il était
02:10:04éternel, c'est ce que nous dit
02:10:06cette femme qu'on vient d'entendre
02:10:08Je pense qu'en même temps il va le devenir
02:10:10éternel, s'il ne l'est pas déjà un peu maintenant
02:10:12parce que c'est le cinéma, c'est les films
02:10:14c'est l'image, la trace qu'il a laissé de son
02:10:16existence à travers les films
02:10:18et qui sont totalement indémodables
02:10:20C'est un peu ce que les gens
02:10:22ont en tête
02:10:24lorsqu'elles perdent de telles idoles
02:10:26et on les compte sur les doigts d'une main en réalité
02:10:28parce que des célébrités, il y en a beaucoup, des acteurs qui ont eu du succès
02:10:30il y en a énormément
02:10:32mais des icônes, on les compte
02:10:34sur les doigts d'une main, on parlait de Johnny Hallyday
02:10:36tout à l'heure, et beaucoup de gens
02:10:38au moment de la disparition de Johnny alors qu'on le savait
02:10:40malade, Johnny, ont eu
02:10:42la même réaction en disant
02:10:44on le pensait éternel. Oui mais qu'est-ce qui fait
02:10:46que les noms que vous avez cités
02:10:48que ce soit Johnny, que ce soit Belmondo, que ce soit Delon
02:10:50qu'est-ce qui fait qu'ils rentrent dans la légende et dans l'histoire
02:10:52c'est l'oeuvre, c'est-à-dire
02:10:54que l'oeuvre cinématographique
02:10:56d'un Alain Delon, elle est considérable
02:10:58et elle est dans les mémoires
02:11:00collectives indiscutablement
02:11:02c'est l'oeuvre qui fait un artiste
02:11:04et pas l'inverse. Près de 90 films
02:11:06Près de 90 films, vous vous le rappelez
02:11:08c'est exactement ça, c'est-à-dire que c'est
02:11:10colossal, et 90 films
02:11:12des triomphes, pour l'essentiel
02:11:14c'est-à-dire, et donc
02:11:16il se positionne pour les, on va dire
02:11:18les 50, 100 prochaines années
02:11:20avec cette disparition ce 18 août
02:11:22c'est-à-dire c'est ça qui est important
02:11:24c'est de mesurer finalement un Alain Delon
02:11:26aujourd'hui, sur l'histoire
02:11:28du temps, et parce que
02:11:30c'est là un moment donné où le temps intervient
02:11:32ce qui d'ailleurs, cette notion
02:11:34du temps fascinait Alain Delon, au fur
02:11:36et à mesure et au fil du temps que ses amis
02:11:38ses proches disparaissaient, je pense
02:11:40que lui-même avait cette notion-là
02:11:42d'éternité, et il savait
02:11:44consciemment, parce que c'est un homme brillant
02:11:46drôle et intelligent, il savait
02:11:48que l'oeuvre dont il était
02:11:50à l'origine ou dont il a été l'acteur
02:11:52principal, il savait déjà
02:11:54que son oeuvre allait rester
02:11:56sur les 50, 100 prochaines
02:11:58années, c'est évident.
02:12:00Plein soleil, Rocco et ses frères,
02:12:02Le Guépard, Paris brûle-t-il, on parle de
02:12:04son oeuvre Le Samouraï,
02:12:06et évidemment La Piscine, Le Clan
02:12:08des Siciliens, on en parlait aussi tout à l'heure
02:12:10effectivement c'est, non seulement
02:12:12c'est près de 90 films
02:12:14mais c'est des films
02:12:16qui ont bercé notre enfance, qui ont bercé
02:12:18des générations. Bien sûr, et pas que la nôtre
02:12:20déjà deux ou trois générations avant nous
02:12:22aussi. C'est ça qui est intéressant
02:12:24et puis c'est des films qui ont été accompagnés
02:12:26d'une bande son, d'une
02:12:28musique exceptionnelle.
02:12:30La bande originale de nos vies, moi je disais
02:12:32des films qui ont bercé notre enfance, moi j'étais
02:12:34pané au moment
02:12:36de certains de ces films
02:12:38mais c'est des films qui sont passés, repassés
02:12:40à la télévision, que je regardais avec mes parents
02:12:42qui sont dans nos mémoires, qui sont dans les mémoires
02:12:44collectives des français. Ce matin j'ai eu Norbert Saada
02:12:46qui a été son ami fidèle depuis
02:12:48plus de 60 ans. Un producteur également
02:12:50célèbre producteur de beaucoup de films
02:12:52d'Alain Delon et qui me confiait justement qu'il était
02:12:54sur un projet le 8 novembre prochain
02:12:56c'est-à-dire pour le 89ème
02:12:58anniversaire d'Alain Delon
02:13:00au palais des congrès, il devait jouer
02:13:02avec un symphonique toutes les grandes musiques du film
02:13:04de la vie d'Alain Delon, la vie des français
02:13:06quelque part aussi. Alors je l'ai interrogé
02:13:08est-ce que ce projet est maintenu ? Il m'a dit bien sûr que c'est maintenu
02:13:10parce qu'évidemment il était au courant
02:13:12de ce projet déjà, il savait qu'on allait jouer
02:13:14toutes les grandes, grandes musiques du film au palais
02:13:16des congrès et
02:13:18il voulait et puis en plus c'était pour son anniversaire
02:13:20le 8 novembre, on savait qu'il allait
02:13:22pas être présent évidemment parce qu'il était déjà
02:13:24dans un état de santé un peu compliqué
02:13:26mais en tout cas ça lui faisait
02:13:28plaisir que les films
02:13:30exceptionnels qui ont accompagné la vie
02:13:32de Delon et à travers le
02:13:34grand écran et ça on peut pas
02:13:36lutter contre, c'est les mémoires collectives, on peut pas
02:13:38l'enlever aux français, on peut pas leur dire de
02:13:40penser différemment parce que c'est l'amour
02:13:42c'est nos vies à chacun d'entre nous
02:13:44Norbert Saada qui était justement avec nous
02:13:46ce matin sur CNews, je vous propose
02:13:48de l'écouter, il est revenu évidemment sur l'amitié
02:13:50sur la fidélité, c'est quelque chose
02:13:52qu'on entend beaucoup depuis ce matin au sujet
02:13:54d'Alain Delon, écoutez Norbert Saada
02:13:56Je peux simplement vous dire que je suis
02:13:58comme effondré
02:14:00on s'y attendait peut-être mais même
02:14:02quand on s'y attend c'est quand même un choc
02:14:04ces 65
02:14:06années d'amitié
02:14:10de joie, de peine
02:14:12de difficulté mais
02:14:14c'est un garçon exceptionnel
02:14:16d'abord avant d'être acteur c'est un
02:14:18monsieur très très fidèle
02:14:20sans jamais
02:14:22faillir, toujours
02:14:24fidèle dans tous les moments
02:14:26quels que soient les moments de la vie
02:14:28c'est pour moi, je le répète, le plus grand
02:14:30acteur de sa génération
02:14:32et c'est le dernier
02:14:34samouraï, ça me fait quand même beaucoup de peine
02:14:36et
02:14:38je suis très triste
02:14:40Voilà pour les mots de Norbert Saada
02:14:42ami d'enfance d'Alain Delon
02:14:44qui revenait ce matin
02:14:46sur sa disparition
02:14:48Oui et puis c'est un homme émouvant
02:14:50parce qu'il a tellement accompagné Delon dans sa vie privée
02:14:52comme dans sa vie professionnelle
02:14:54je pense qu'il est un des témoignages extrêmement légitimes
02:14:56Norbert Saada
02:14:58par l'engagement qu'il a avec lui
02:15:00et puis les rapports qu'il avait encore depuis très longtemps
02:15:02avec lui et je pense que
02:15:04c'est émouvant dans ce qu'il dit
02:15:06parce qu'on sent que cette relation était vraiment sincère
02:15:08fidèle depuis toutes ces années
02:15:10et c'est très respectable
02:15:12et on salue en tout cas ses amitiés
02:15:14qui traversent le temps d'une manière exceptionnelle
02:15:16ça c'est beau quand même
02:15:18Il est 16h14 sur CNews
02:15:20la suite de cette édition spéciale
02:15:22consacrée à Alain Delon
02:15:24on a appris la disparition de l'acteur ce matin
02:15:26à l'âge de 88 ans
02:15:28on va reparler de cette longue carrière
02:15:30d'Alain Delon
02:15:32qui n'était pas au départ destinée
02:15:34à ce métier, on va en parler avec vous
02:15:36dans un instant mais juste avant
02:15:38Petery nous a rejoint et de nombreuses
02:15:40réactions continuent d'arriver
02:15:42sur les réseaux sociaux
02:15:44depuis ce matin évidemment plus de réactions
02:15:46et d'hommages après la disparition d'Alain Delon
02:15:48Exactement et on va commencer justement avec cette réaction
02:15:50qui nous est parvenue il y a seulement quelques minutes
02:15:52celle de Nicolas Sarkozy
02:15:54l'ancien président de la République qui a accordé une interview
02:15:56exclusive à Paris Match dans laquelle
02:15:58il rend hommage à l'acteur
02:16:00Alain Delon était béni par les dieux, il est né avec un physique
02:16:02qui suscitait l'unanimité
02:16:04il n'était pas seulement beau, il incarnait la beauté
02:16:06exister à ses côtés était un combat
02:16:08perdu d'avance, a-t-il déclaré
02:16:10autre réaction à droite
02:16:12toujours celle d'Éric Zemmour, le président de Reconquête
02:16:14a déclaré sur X
02:16:16le plus bel homme du 20ème siècle est mort
02:16:18il fut l'incarnation de l'élégance française
02:16:20du style français et du cinéma français
02:16:22il porta dans le monde
02:16:24entier notre art de vivre et d'aimer
02:16:26Adieu Alain Delon
02:16:28et puis on termine avec une réaction à gauche
02:16:30elles sont un petit peu moins nombreuses, il faut quand même le reconnaître
02:16:32cette fois celle du maire de Lyon, Grégory Doucet
02:16:34le décès d'Alain Delon
02:16:36est une triste nouvelle pour le cinéma français
02:16:38il aura marqué de son talent
02:16:40et a contribué incontestablement
02:16:42à sa richesse et sa diversité
02:16:44je voudrais qu'on revienne sur
02:16:46ces propos de Nicolas Sarkozy
02:16:48Alain Delon était béni par les dieux
02:16:50exister à ses côtés
02:16:52était un combat perdu d'avance
02:16:54pour revenir évidemment sur, et on en parle
02:16:56sur cette beauté incroyable
02:16:58c'est intéressant dans une époque
02:17:00aujourd'hui qui ne salue plus du tout la beauté
02:17:02c'est à dire qu'on la met presque
02:17:04mise de côté dans notre époque
02:17:06parce qu'il faut penser différemment maintenant
02:17:08mais en même temps que ce soit les témoignages de Rue
02:17:10ou les témoignages de Nicolas Sarkozy
02:17:12on s'aperçoit que tout le monde cite
02:17:14son physique
02:17:16cette beauté insolente
02:17:18parce que c'est ça en fait
02:17:20cette espèce d'homme parfait physiquement
02:17:22la silhouette
02:17:24le profil, le regard
02:17:26tout, tout
02:17:28c'est à dire qu'il était
02:17:30et toutes les femmes le savaient bien
02:17:32parfaitement, quand on doit citer des acteurs
02:17:34la beauté des acteurs, on cite Delon
02:17:36je crois en premier évidemment
02:17:38et tout le monde le reconnaissait, il suffisait de le rencontrer
02:17:40il rentrait dans un restaurant
02:17:42d'un seul coup tous les couteaux et les fourchettes s'arrêtaient
02:17:44dans le restaurant, tellement
02:17:46il incarnait d'un seul coup
02:17:48une espèce d'Apollon qui rentrait dans un resto
02:17:50c'est hallucinant, mais c'est comme ça
02:17:52vous allez dire la beauté est subjective, oui
02:17:54mais quand même. Ce que dit Nicolas Sarkozy
02:17:56me fait penser à une image
02:17:58une photo qui revient beaucoup depuis ce matin
02:18:00sur les réseaux sociaux
02:18:02alors on pourra peut-être pas la voir à l'écran
02:18:04je l'ai sur mon téléphone, mais c'est une photo d'Alain Delon
02:18:06et de Mick Jagger
02:18:08qui sont assis, il y a une jeune fille
02:18:10entre les deux, et cette jeune fille
02:18:12est en train de discuter avec Alain Delon
02:18:14et on voit Mick Jagger qui est tout seul finalement
02:18:16et cette photo est titrée
02:18:18quand tu es Mick Jagger et que l'autre à côté de toi
02:18:20est Alain Delon, mais c'est exactement ça
02:18:22ça résume assez bien, vous avez raison
02:18:24pourtant Mick Jagger qui a été une icône
02:18:26et qui est d'une beauté
02:18:28il a un sex appeal incroyable
02:18:30lié à sa jeunesse évidemment aussi
02:18:32mais à côté de Delon
02:18:34on peut pas lutter, personne
02:18:36je pense qu'il dégage en plus un truc
02:18:38incroyable physiquement
02:18:40simplement que le physique, même sans parler
02:18:42du rôle et de l'acteur qu'il a incarné
02:18:44et qu'il représente, mais c'est comme ça
02:18:46c'est une force de la nature
02:18:48c'est pas de sa faute, c'est comme ça
02:18:50c'est la vie.
02:18:52A moi ça fait un moment que j'ai renoncé à lutter
02:18:54avec lui sur le terrain de la beauté
02:18:56c'est un défi
02:19:02Est-ce qu'en Italie aussi finalement
02:19:04Alain Delon représentait
02:19:06finalement son...
02:19:08En Europe, la popularité d'Alain Delon
02:19:10est extraordinaire
02:19:12En ce qui concerne le sex-symbole
02:19:14d'Alain Delon
02:19:16A mon sens, ce n'est pas la beauté classique
02:19:18c'est cette
02:19:20attractivité
02:19:22cette façon
02:19:24de séduire
02:19:26il y a un pouvoir de séduction
02:19:28il y a un magnétisme d'Alain Delon
02:19:30et le magnétisme vient de la beauté
02:19:32mais ce n'est pas que la conséquence
02:19:34de la beauté, il y a quelque chose de plus
02:19:36que la beauté, parce que tout le monde est capable
02:19:38d'être beau
02:19:40mais tout le monde n'est pas capable
02:19:42d'être beau plus intelligent
02:19:44beau plus magnétique
02:19:46beau plus séducteur
02:19:48beau plus capable
02:19:50de s'exprimer librement
02:19:52moi une des dernières fois où je l'ai rencontré
02:19:54c'était à l'Elysée, dans la salle des fêtes de l'Elysée
02:19:56et alors c'était drôle
02:19:58parce qu'il y avait une soirée consacrée à la chanson
02:20:00il était invité avec d'autres personnalités
02:20:02et alors c'était très amusant
02:20:04parce qu'il voulait que je reste à côté de lui
02:20:06et je lui soufflais à l'oreille qui était qui
02:20:08parce qu'il avait repéré des jolies femmes dans la soirée
02:20:10qui bien sûr étaient très intimidées de le rencontrer
02:20:12célèbres ou pas d'ailleurs, je ne donnerai pas les noms
02:20:14et alors il voulait savoir
02:20:16qui elles étaient ces femmes
02:20:18et moi je lui disais, une telle elle présente un JT
02:20:20une autre elle fait ceci
02:20:22une autre c'est une grande journaliste
02:20:24alors il fallait que je lui fasse à l'oreille
02:20:26je lui racontais qui était qui dans la soirée
02:20:28Est-ce que c'est la soirée
02:20:30d'où vient la photo que vous avez publiée sur les réseaux sociaux
02:20:32oui exactement, c'est cette fameuse photo
02:20:34qui était faite ce soir-là
02:20:36c'est une cerve photo ce soir-là
02:20:38vous êtes l'homme qui l'urbure à l'oreille d'Alain Delon
02:20:40je guidais un peu sa soirée
02:20:42parce que dans cette génération-là, il ne reconnaissait personne
02:20:44dans les nouvelles têtes de la télé
02:20:46il ne fréquentait plus du tout les soirées
02:20:48et à ce moment-là, je lui disais
02:20:50un tel, il a fait ceci, il a fait cela, il a dit cela
02:20:52alors je lui racontais à chaque fois
02:20:54toutes les choses, ça a duré une heure et quart
02:20:56et c'était assez amusant
02:20:58parce que je voyais ce grand homme
02:21:00qui s'intéressait à des visages
02:21:02de cette même soirée
02:21:04et alors il me tenait le bras
02:21:06pour que je reste à côté pour lui dire qui était qui
02:21:08j'étais un peu le guide
02:21:10tout le monde venait, tout le monde connaissait Alain Delon
02:21:12dans cette soirée
02:21:14il y avait cette espèce de curiosité
02:21:16en même temps
02:21:18et d'élégance, parce que c'était un type qui avait une grande
02:21:20élégance, une grande volupté
02:21:22pour parler aux femmes, pour les séduire
02:21:24d'un regard
02:21:26et toutes les femmes tombaient, on le voyait dans les yeux
02:21:28et dans le sourire, elles tombaient amoureuses
02:21:30gentiment
02:21:32de cet homme
02:21:34qui avait déjà un certain âge, comme vous le voyez sur la photo
02:21:36Fabien Lecoeuvre, l'homme
02:21:38qui murmurait à l'oreille d'Alain Delon
02:21:40c'est un peu ça, le temps d'une soirée
02:21:42comme dans le film
02:21:44les diables s'habillent en prades
02:21:46c'est un peu ça
02:21:48quand je disais la phrase
02:21:50tout le monde est capable d'être
02:21:52beau, je disais
02:21:54tout le monde qui est beau est capable d'être
02:21:56beau, mais la séduction
02:21:58c'est encore autre chose
02:22:00c'est intéressant de revenir aussi
02:22:02sur cette question du physique
02:22:04c'est ce que disait aussi Pascal Praud
02:22:06qui était avec nous tout à l'heure, lorsqu'il parlait
02:22:08d'accidents génétiques
02:22:10parce que le physique
02:22:12il a beaucoup aidé
02:22:14dans sa carrière à Alain Delon
02:22:16il faut rappeler Fabien Lecoeuvre qu'Alain Delon
02:22:18n'était pas voué à faire ce métier
02:22:20lui n'avait pas du tout prévu
02:22:22de le faire, on le compare souvent
02:22:24à Jean-Paul Belmondo, lui avait
02:22:26toujours rêvé d'être comédien
02:22:28mais pour ça il avait fait le conservatoire
02:22:30il avait pris des cours de théâtre
02:22:32ce qui a très justement rappelé Pascal Praud
02:22:34c'est que c'est un autodidacte Delon
02:22:36c'est cette intelligence d'avoir appris
02:22:38c'est à dire qu'il avait ce talent
02:22:40d'observer
02:22:42à son profit d'ailleurs
02:22:44il savait ce qu'il fallait ne pas faire
02:22:46c'est appelé Charcutier
02:22:48il devait reprendre la boucherie familiale
02:22:50oui mais il a fait ça pour faire plaisir
02:22:52finalement à son beau-père
02:22:54puisque son papa
02:22:56il avait des rapports compliqués
02:22:58son père géniteur en tout cas
02:23:00il avait des rapports difficiles avec son père géniteur
02:23:02qui lui dirigeait un cinéma
02:23:04son père qui a divorcé de sa maman
02:23:06lorsqu'il avait 4 ans
02:23:12c'est une histoire compliquée
02:23:14et en même temps c'est un roman sa vie
02:23:16parce qu'il a toujours eu
02:23:18des pépins, des ennuis de vie
02:23:20de société mais comme chacun d'entre nous
02:23:22célèbre ou pas
02:23:24et en même temps
02:23:26il a toujours trouvé la sortie à travers les femmes
02:23:28qui lui ont porté chance dans la vie
02:23:30vraiment, beaucoup de femmes
02:23:32qui ont influencé sa carrière
02:23:34alors que lui ne se prédestinait pas
02:23:36et vous l'avez très justement rappelé Michael
02:23:38à une carrière d'acteur
02:23:40il n'avait même pas envisagé d'embrasser
02:23:42cette carrière artistique
02:23:44pour lui il voulait s'en sortir dans la vie
02:23:46il se trouvait bien dans le milieu
02:23:48de la nuit
02:23:50avec toute cette pègre parisienne
02:23:52des années 50
02:23:54avec tous ces voyous, ces bandits
02:23:56qui étaient entre Pigalle et Marseille
02:23:58il se confortait dans ce système là
02:24:00jusqu'au jour où il est parti à l'armée
02:24:02et à partir de là il a changé une mentalité
02:24:04et un esprit
02:24:06Autre réaction politique cette fois
02:24:08de Valérie Pécresse qui s'est exprimée
02:24:10tout à l'heure sur notre antenne
02:24:12je vous propose de l'écouter
02:24:14Pour moi c'était un ami de 20 ans
02:24:16donc c'était évidemment une perte
02:24:18extrêmement, extrêmement
02:24:20douloureuse parce que
02:24:22je l'avais connue quand
02:24:24j'étais jeune députée
02:24:26il s'était pris d'affection
02:24:28pour moi il était passionné par la politique
02:24:30il m'avait vu dans une émission télévision
02:24:32il m'avait appelé pour me féliciter
02:24:34et j'avais cru que c'était un canular
02:24:36avec sa voix
02:24:38parfaitement reconnaissable
02:24:40sa voix d'Alain Delon
02:24:42et ensuite nous n'avons pas arrêté de
02:24:44dialoguer ensemble pratiquement jusqu'à la fin
02:24:46et je pense que c'était autant
02:24:48politique parce qu'il était ultimement
02:24:50ancré à droite
02:24:52il avait au coeur
02:24:54des valeurs d'ordre, des valeurs d'autorité
02:24:56mais en même temps c'était quelqu'un
02:24:58d'extrêmement humaniste
02:25:00et je suis infiniment triste aujourd'hui
02:25:02Voilà pour les mots
02:25:04de Valérie Pécresse interrogée tout à l'heure
02:25:06c'était sur notre antenne
02:25:08j'ai cru d'abord à un canular me dit Valérie Pécresse
02:25:10toute Valérie Pécresse
02:25:12qu'elle est, elle reçoit un coup de fil
02:25:14d'une personne qui lui dit c'est Alain Delon
02:25:16forcément il y a un doute quand même
02:25:18Mais là je crois qu'il avait cette
02:25:20habitude, corrigez-moi
02:25:22si je me trompe, de
02:25:24appeler des personnes que même
02:25:26ils ne connaissaient pas et de
02:25:28dire je vous ai vu à la télé
02:25:30vous avez raison
02:25:32ou vous avez tort
02:25:34je suis d'accord avec vous
02:25:36j'imagine Alain Delon
02:25:38vivant qui revient
02:25:40en vie pour deux heures
02:25:42qui voit cette émission et qui nous appelle
02:25:44et dit Alberto je vous
02:25:46connais pas mais vous avez dit une bêtise
02:25:48ou Fabien
02:25:50vous êtes formidable, je le vois
02:25:52intervenir, réagir
02:25:54et ça fait partie je crois
02:25:56j'ai jamais eu le plaisir de la connaître
02:25:58il avait cette sincérité
02:26:00c'est très important
02:26:02et spontanéité
02:26:04et le public ne se trompe jamais
02:26:06quand un artiste, un acteur, un chanteur est sincère
02:26:08il le sent, il le perçoit
02:26:10et c'est ce que nous disait tout à l'heure
02:26:12Pascal Praud puisque finalement la rencontre
02:26:14s'est passée comme ça pour ces deux hommes
02:26:16puisque c'est Alain Delon
02:26:18qui a cherché à joindre Pascal Praud à la suite d'une
02:26:20chronique à la radio
02:26:22il ne connaissait pas ce journaliste
02:26:24et il a cherché à le
02:26:26rencontrer parce qu'il avait été touché
02:26:28par une chronique à la radio
02:26:30et en même temps il le considérait
02:26:32Delon considérait beaucoup Pascal Praud
02:26:34dans sa manière de diriger
02:26:36un débat, dans sa manière de diffuser
02:26:38des vérités, d'expliquer
02:26:40à l'inverse d'une bien-pensance
02:26:42les choses telles que les gens
02:26:44pensaient tout bas, que Pascal Praud
02:26:46pouvait dire tout haut, donc je pense qu'il y avait
02:26:48quand même un échange d'admiration
02:26:50mutuel, Pascal évidemment
02:26:52de par son enfance, il est né en
02:26:541963, Pascal, évidemment
02:26:56il a grandi avec les films d'Alain Delon, toutes les années
02:26:5870, 80 évidemment
02:27:00mais inversement
02:27:02je pense que Delon avait aussi une
02:27:04grande considération sur la liberté
02:27:06de ton, l'expression et la manière dont
02:27:08un journaliste comme Praud dirige
02:27:10un débat à une table et je pense
02:27:12que c'est aussi ça qu'il a
02:27:14alors le déclencheur, il nous l'a
02:27:16très bien expliqué tout à l'heure, Pascal Praud
02:27:18quand il entend la phrase, on ne touche pas
02:27:20à Alain Delon
02:27:22c'est une phrase merveilleuse
02:27:24parce qu'il a eu cette spontanéité
02:27:26Pascal Praud
02:27:28et je pense que ça a été la goutte qui a fait que
02:27:30il a pris son téléphone Delon et il a appelé Pascal Praud
02:27:32pour venir le voir, le rencontrer
02:27:34mais c'est une phrase tellement vraie
02:27:36notre président de la république
02:27:38a comparé Alain Delon à un monument
02:27:40on ne touche pas à un monument
02:27:42c'est la vérité, c'est même interdit par la loi d'ailleurs
02:27:44donc on ne touche pas à Alain Delon
02:27:46cette phrase est vraie
02:27:48et je pense qu'il l'a perçue, il l'a dit sur le plateau
02:27:50d'ailleurs de Pascal Praud, Alain Delon
02:27:52à un moment donné il lui dit
02:27:54mais cette phrase m'a touché au coeur
02:27:56parce qu'au moment où il faisait l'objet d'une polémique
02:27:58on se moquait de lui
02:28:00parce qu'il parlait quelquefois
02:28:02on le faisait parler à la troisième personne
02:28:04il y avait toujours cette espèce de double discours
02:28:06journalistiquement
02:28:08pour certains qui étaient dans le débat français
02:28:10Alberto Toscano
02:28:12quelque chose en plus à mon avis
02:28:14on ne touche pas au monument
02:28:16mais il est
02:28:18parfaitement logique de discuter les opinions
02:28:20et je crois qu'Alain Delon serait
02:28:22le premier à accepter
02:28:24une discussion sur ses opinions
02:28:26et même le fait que
02:28:28quelqu'un ne soit absolument pas d'accord
02:28:30avec ses opinions, à la condition
02:28:32que ce désaccord soit exprimé
02:28:34de façon civilisée, respectueuse
02:28:36mais parce que
02:28:38respect d'ailleurs était son
02:28:40slogan
02:28:42honneur et respect
02:28:44il faisait partie
02:28:46de ce qu'on appelle l'ancienne école
02:28:48le respect, l'honneur
02:28:50dans le respect du monument
02:28:52Delon, il y a aussi
02:28:54la possibilité de discuter
02:28:56les opinions politiques de Delon
02:28:58sans rien toucher à l'oeuvre
02:29:00de l'homme et l'oeuvre de l'artiste
02:29:02totalement
02:29:04il n'y a pas plus profonde solitude que celle d'un samouraï
02:29:06si ce n'est celle
02:29:08d'un tigre dans la jungle
02:29:10cette phrase du film
02:29:12le samouraï avec Alain Delon
02:29:14Alain Delon était un samouraï, il était un tigre
02:29:16de par sa carrière
02:29:18de par son immense notoriété
02:29:20et ce qu'il représentait
02:29:22la célébrité à un niveau
02:29:24tel que pouvait
02:29:26la connaître Alain Delon
02:29:28représentait une certaine forme de solitude
02:29:30et représente pour toutes les personnes
02:29:32qui connaissent ce niveau de célébrité
02:29:34évidemment, c'est à dire quand on a la notoriété
02:29:36d'un Alain Delon pratiquement
02:29:38à l'âge de 23, 25 ans
02:29:40et qu'on vit avec ça toute sa vie
02:29:42alors c'est merveilleux, il y a beaucoup d'avantages
02:29:44dans la célébrité, mais il y a aussi beaucoup d'inconvénients
02:29:46surtout aujourd'hui, dans une époque
02:29:48depuis une quinzaine, vingtaine d'années
02:29:50avec les réseaux sociaux, ça peut être des fois
02:29:52un inconvénient la célébrité, on le sait
02:29:54donc Delon a toujours été
02:29:56par rapport à la définition du samouraï
02:29:58a toujours été finalement
02:30:00un artiste
02:30:02qui choisissait sa solitude
02:30:04vous savez, toute personnalité
02:30:06ils ont généralement horreur
02:30:08d'être seul
02:30:10mais d'être seul si la solitude est choisie
02:30:12oui, mais pas quand elle est
02:30:14involontaire
02:30:16dans leur vie, et Alain Delon
02:30:18choisissait cette forme de solitude
02:30:20mais choisie quand il s'isolait
02:30:22à Douchy par exemple avec ses chiens
02:30:24ou quand il voulait rester seul
02:30:26pour réfléchir, pour écrire
02:30:28pour travailler, pour faire des choix
02:30:30il a toujours fait d'excellents choix
02:30:32de carrière d'ailleurs, généralement
02:30:34et il y a aussi certainement le fait que
02:30:36ceux qui le vivent, personne d'autre
02:30:38autour d'eux, même leurs
02:30:40proches en fait, personne ne peut
02:30:42comprendre et ne peut ressentir
02:30:44ceux qui vivent, puisque cette célébrité
02:30:46elle ne les concerne eux, et eux uniquement
02:30:48j'ai une discussion avec Alain Delon
02:30:50il m'a toujours dit que la célébrité
02:30:52ce ne sont pas les gens qui changent
02:30:54avec la célébrité quand on l'acquiert
02:30:56à ce moment là, c'est le regard des autres
02:30:58c'est bien la différence
02:31:00c'est à dire qu'en fait
02:31:02ce qu'on appelle la grosse tête quand les gens
02:31:04deviennent ou ont un visage identifié dans la rue
02:31:06c'est à dire que ce n'est pas vous
02:31:08qui changez, c'est le regard des autres
02:31:10et ça c'est très important
02:31:12de le préciser, et Delon
02:31:14n'hésitait jamais à l'expliquer ce que c'était
02:31:16une célébrité elle est subie
02:31:18elle est vécue mais aussi subie
02:31:20c'est à dire que les gens
02:31:22ne vous regardent plus de la même manière
02:31:24et ne vous parlent plus de la même manière
02:31:26quand on acquiert une célébrité
02:31:28et c'est ça
02:31:30les gens n'expliquent jamais vraiment ça
02:31:32on le vit, soit on dit
02:31:34il a attrapé la grosse tête, il a ceci, il a cela
02:31:36il a pris un melon, la machin tout ça
02:31:38mais ce n'est pas forcément les gens
02:31:40c'est les autres
02:31:42en même temps je crois c'est une opportunité
02:31:44Alain Delon est quelqu'un
02:31:46qui a exploité d'une façon
02:31:48parfaitement légitime et normale
02:31:50cette célébrité, il a créé
02:31:52je crois ces marques de produits
02:31:54commerciaux, même des champagnes
02:31:56alors il a fait les champagnes
02:31:58les parfums, les cuirs
02:32:00Alain Delon, mais ailleurs qu'en France
02:32:02parce qu'en France
02:32:04s'il développait les marques
02:32:06et les produits
02:32:08merchandising on va dire
02:32:10c'est mal perçu alors qu'en Asie
02:32:12en Amérique du Sud
02:32:14dans beaucoup de pays
02:32:16d'Europe de l'Est même, il n'y a aucun problème
02:32:18c'est une
02:32:20célébrité qui est
02:32:22consacrée
02:32:24on va dire
02:32:26les champagnes Alain Delon, les parfums Alain Delon
02:32:28les cuirs, tout ce qu'il a développé
02:32:30autour de son nom, cette image
02:32:32il y a une société qui s'appelle Adid
02:32:34Alain Delon International Distribution
02:32:36qui gère tout cela
02:32:38toutes ces marques, mais curieusement
02:32:40et on en avait parlé au début de cet entretien
02:32:42Alberto, c'est à dire que
02:32:44très curieusement c'est qu'en France
02:32:46on n'a pas développé
02:32:48pour des raisons encore une fois plus
02:32:50un type qui réussit en France, on lui tape dessus
02:32:52aux Etats-Unis
02:32:54c'est ça merveilleux, la réussite
02:32:56On va retrouver nos journalistes Mathilde Ibanez
02:32:58et Pierre Emco qui se trouve dans le Loiret
02:33:00à Douchy précisément
02:33:02près du domaine
02:33:04de la brûlerie
02:33:06le domaine d'Alain Delon où beaucoup de monde
02:33:08plusieurs personnes se sont rassemblées
02:33:10pour lui rendre hommage
02:33:12depuis ce matin, Mathilde, c'est bien ça ?
02:33:16Ecoutez, ici beaucoup d'émotions
02:33:18dans ce village de 1300
02:33:20habitants, amis, connaissances
02:33:22anonymes dont certains ont fait
02:33:24même plusieurs heures de route
02:33:26viennent ici pour y déposer
02:33:28des mots, des DVD, des fleurs
02:33:30en tout cas pour rendre un dernier
02:33:32hommage à cette figure
02:33:34du cinéma français et moi justement
02:33:36je me trouve avec
02:33:38Roger, Ginette
02:33:40et Lydie, bonjour à vous
02:33:42pourquoi c'était important
02:33:44d'être présent aujourd'hui pour rendre un hommage ?
02:33:46Pour rendre hommage
02:33:48à Alain Delon, grand monsieur
02:33:50voilà, l'honorer
02:33:52Qu'est-ce qu'il représentait finalement ?
02:33:54Ah, un homme
02:33:56de principe quand même
02:33:58qui avait du caractère
02:34:00oui là
02:34:02il avait du caractère
02:34:04c'était une époque aussi
02:34:06les filles on a tous connu ça
02:34:08parce que
02:34:10on est quasiment dans les mêmes âges
02:34:12approximatifs
02:34:14dans 4-5 ans d'écart
02:34:16C'était important pour vous
02:34:18d'être présent, je sais que vous êtes de Montreau
02:34:20donc pas si loin que ça
02:34:22mais c'était naturel
02:34:24de venir ici
02:34:26en étant du coin on fait un effort
02:34:28comme ça
02:34:30on ramène un souvenir
02:34:32et puis voilà
02:34:36Et en tant qu'acteur
02:34:38qu'est-ce qu'il représentait finalement ?
02:34:40si on pouvait le décrire en tant qu'acteur
02:34:42un bon acteur
02:34:44des beaux films
02:34:46et puis voilà
02:34:48ses amours
02:34:50les femmes qui la fréquentaient aussi
02:34:52il y avait des belles femmes
02:34:54on s'en rappelle
02:34:56pouvez-vous me citer quelques noms ?
02:34:58Mireille Dard
02:35:00Romy
02:35:02Romy Schneider
02:35:04c'était le même
02:35:06c'était le haut du pavé ça
02:35:10finalement d'être là aujourd'hui
02:35:12c'est naturel, c'est normal
02:35:14on lui rend hommage
02:35:16c'est normal
02:35:18et puis nous on gardera un beau souvenir
02:35:20voilà aussi
02:35:22personne n'a déjà
02:35:24il y a du monde
02:35:26il n'y a pas de bruit
02:35:28c'est tranquille
02:35:30c'est tranquille
02:35:32c'est poli
02:35:34c'est vrai qu'il y a du respect
02:35:36un grand homme
02:35:38merci beaucoup
02:35:40voilà un hommage
02:35:42merci devant cette résidence
02:35:44qui tenait très cher
02:35:46Alain Delon
02:35:48cette résidence était considérée comme son refuge
02:35:50depuis plus de 50 ans Alain Delon
02:35:52venait ici, il avait un souhait
02:35:54c'était de s'étendre ici
02:35:56et d'y être enterré à côté
02:35:58de ses chiens
02:36:00merci beaucoup
02:36:02Mathilde Ibanez et les images de
02:36:04Pierre Mko pour CNews devant la propriété
02:36:06de l'acteur et déjà beaucoup de monde
02:36:08on l'a vu, des gens qui ont fait plusieurs
02:36:10heures de route pour venir
02:36:12rendre hommage à Alain Delon
02:36:14vous faisiez la remarque
02:36:16Fabien Lequeuve qu'il y avait beaucoup de femmes
02:36:1880% c'est des femmes qui se trouvent devant
02:36:20sa propriété évidemment parce que le public
02:36:22d'Alain Delon à 80% est rempli de femmes
02:36:24qui ont toutes été à un moment donné
02:36:26amoureuses de lui à un moment d'une époque
02:36:28secrètement ou pas
02:36:30et qui viennent lui rendre un dernier hommage
02:36:32ce qui est beau d'ailleurs, c'est toujours beau
02:36:34ces témoignages du public
02:36:36qui ont vécu avec Alain Delon
02:36:38dans leur vie finalement aussi
02:36:40devant cette propriété
02:36:42le domaine de la brûlerie
02:36:44qui avait une importance capitale
02:36:46pour Alain Delon
02:36:48Bernard Montiel nous le confirmait tout à l'heure
02:36:50il semblerait qu'il soit d'ailleurs
02:36:52enterré dans sa propriété
02:36:54ça avait été une demande d'Alain Delon auprès du département
02:36:56de la ville, de la région et même de la France
02:36:58vous savez qu'on n'a pas le droit d'enterrer les gens
02:37:00chez eux, dans leur maison, dans leur jardin
02:37:02en tout cas
02:37:04depuis 1840
02:37:06et puis lui a eu une exception
02:37:08il a fait une demande territoriale
02:37:10et il a eu l'autorisation
02:37:12pour être enterré dans sa chapelle, parce que c'est une grande propriété
02:37:14il y a une trentaine d'hectares
02:37:16il y a une chapelle
02:37:18où on peut enterrer évidemment quelqu'un
02:37:20donc
02:37:22l'autorisation lui a été autorisée
02:37:24il y a plusieurs années
02:37:26et je pense qu'on va respecter sa dernière volonté
02:37:28en tout cas, c'est un grand homme
02:37:30il a le droit et à moyen long terme
02:37:32je suis pratiquement persuadé que cette propriété
02:37:34sera transformée en musée
02:37:36Musée du cinéma, un peu comme ils ont fait en Suisse
02:37:38à Vevey pour Charlie Chaplin
02:37:40où aujourd'hui la maison de Charlie Chaplin est transformée
02:37:42en musée
02:37:44et alors ce qui est amusant dans ce musée de Chaplin
02:37:46c'est qu'on a
02:37:48le musée Grévin à Paris a fourni
02:37:50les silhouettes de Charlie Chaplin
02:37:52aux différents âges de sa vie
02:37:54de Charlot
02:37:56jusqu'à la fin de son existence
02:37:58et c'est formidable à voir
02:38:00je pense qu'on pourrait faire de cette propriété
02:38:02un joli musée
02:38:04avec ses trophées
02:38:06ses récompenses, tout ce qu'il a reçu
02:38:08ses affiches, ses films
02:38:10évidemment, salle de projection
02:38:12peut-être salle de conférence
02:38:14il y aurait certainement une demande du public
02:38:16quand on voit le nombre de personnes
02:38:18qui sont déjà présents
02:38:20la nouvelle est tombée ce matin
02:38:22et déjà des gens qui ont fait plusieurs heures de route
02:38:24pour être présents devant cette propriété
02:38:26devant cette résidence de la brûlerie
02:38:28Alberto
02:38:30les autorités
02:38:32de tourisme local
02:38:34et la municipalité
02:38:36seront enthousiastes
02:38:38il faut bien expliquer
02:38:40pour faire un musée d'une propriété, d'une célébrité
02:38:42par exemple, la condition essentielle
02:38:44c'est d'avoir les stationnements
02:38:46et le parking, ça paraît aussi curieux
02:38:48je peux vous le raconter
02:38:50par exemple Michael Jackson aux Etats-Unis
02:38:52si on connait sa propriété
02:38:54Michael en Neverland qui sont dans les vignes
02:38:56en Californie, il n'y a pas de possibilité
02:38:58de stationner des bus, des voitures
02:39:00donc on n'a pas autorisé que sa maison Neverland
02:39:02soit transformée en musée
02:39:04on a pu le faire en France avec Claude François
02:39:06avec le moulin de Danmois
02:39:08une des propriétés les plus visitées après le château de Versailles
02:39:10qui a été transformée en restaurant
02:39:12en musée, etc
02:39:14mais les propriétaires ont été obligés d'acheter
02:39:16deux ou trois terrains derrière pour faire des parkings
02:39:18à bus et à voiture
02:39:20c'est une des conditions, qu'on soit Jackson, Claude François ou Alain Delon
02:39:22et je pense que là sur la trentaine d'hectares
02:39:24de la propriété de Delon
02:39:26on a trouvé un moment, un espace pour faire un parking gigantesque
02:39:28pour pouvoir faire venir
02:39:30on a le problème avec John Hallyday
02:39:32la maison de Marne Lacoquette
02:39:34ne peut pas être transformée en musée
02:39:36si vous connaissez pour y aller, c'est une voie privée
02:39:38et vous imaginez que les voisins
02:39:40ne sont pas très contents quand ils voient arriver
02:39:423000 personnes le week-end
02:39:44qui viennent visiter la maison de Johnny
02:39:46ou je ne sais pas qui
02:39:48c'est très compliqué aussi pour le voisinage
02:39:50donc c'est essentiellement
02:39:52on oublie d'en parler souvent
02:39:54pour transformer la maison d'un chanteur ou d'un acteur célèbre
02:39:56en musée
02:39:58il faut remplir déjà la première condition du stationnement
02:40:00c'est un problème avec le voisinage
02:40:02évidemment aussi
02:40:04on a souvent caricaturé Alain Delon
02:40:06en disant qu'il parlait lui à la troisième personne
02:40:08c'était quoi ?
02:40:10c'est une forme d'égo
02:40:12de l'acteur ?
02:40:14Fabien ?
02:40:16c'est surtout une conscience d'être ce qu'il était
02:40:18je crois que
02:40:20alors ça peut déranger certains
02:40:22il était très conscient
02:40:24à mon sens
02:40:26du statut qu'il représentait
02:40:28de son vivant
02:40:30alors bien sûr c'est facile de le montrer du doigt
02:40:32il parle de lui à la troisième personne
02:40:34Alain Delon, il se prend pour qui ?
02:40:36pour Jules César
02:40:38il a interprété Jules César
02:40:40dans Asterix Obélix
02:40:42je ne pense pas que c'est de la prétention
02:40:44je pense que c'est de la conscience
02:40:46il expliquait dans une interview
02:40:48qu'il avait plusieurs casquettes
02:40:50avec le temps qu'il était acteur
02:40:52mais qu'il était aussi producteur
02:40:54et quand en tant que producteur
02:40:56il avait travaillé sur des films
02:40:58et qu'il était également acteur
02:41:00de ces films-là
02:41:02il disait voilà, je vois Untel pour jouer le rôle
02:41:04et je vois Alain Delon pour jouer ce rôle-là
02:41:06et c'est de là qu'était venue
02:41:08la troisième personne
02:41:10il a été influencé par la conscience de ce qu'il était
02:41:12et surtout par la marque
02:41:14parce qu'Alain Delon et Alberto l'ont très bien rappelé
02:41:16dans le monde entier, on a développé la marque Alain Delon
02:41:18il était pris quand il parlait d'Alain Delon
02:41:20c'était une marque en fait, dans sa tête
02:41:22et c'était pas dit
02:41:24alors bien sûr, les mauvais esprits
02:41:26les gens mal intentionnés
02:41:28à ce moment-là, on dit mais regardez comme il est prétentieux
02:41:30après il en avait joué aussi beaucoup
02:41:32on se souvient des guignols
02:41:34de l'info
02:41:36qui en avaient joué
02:41:38lui ça le faisait beaucoup rire
02:41:40je crois qu'on a en régie un extrait
02:41:42justement des guignols de l'info
02:41:44avec la marionnette d'Alain Delon
02:41:46à l'époque, on va en regarder un court extrait
02:42:17Alain Delon, on voudrait savoir s'il existe un plus grand acteur qu'Alain Delon
02:42:19Alain Delon est un immense acteur
02:42:21adoré, vénéré jusqu'au Japon
02:42:23mais il existe un acteur encore plus immense
02:42:25ah bon ?
02:42:27décris-le moi
02:42:29c'est un homme qui jeune était très beau
02:42:31je vois personne qui était plus beau qu'Alain Delon jeune
02:42:33c'est un homme qui a mal vieilli
02:42:35j'ai de la peine pour lui
02:42:37c'est un homme qui vit seul, avec ses chiens
02:42:39Alain Delon a deviné
02:42:41c'est Brigitte Bardot
02:42:43un homme je vous dis, il était gris
02:42:45vous savez qu'il vomissait l'époque dans laquelle il vivait
02:42:47c'est Alain Delon qui a déclaré ça ?
02:42:49lui-même
02:42:51donc la réponse est Alain Delon
02:42:53voyez quand vous voulez
02:42:55oui Alain Delon a quand même l'impression que le miroir d'Alain Delon
02:42:57se fout de la gueule d'Alain Delon
02:42:59exactement, parce que le miroir on a marre de renvoyer l'image d'Alain Delon
02:43:01il en peut plus le miroir
02:43:03de voir ta tronche tous les jours
02:43:05Alain Delon par-ci, Alain Delon par-là
02:43:07j'en peux plus
02:43:09j'ai l'impression que le miroir d'Alain Delon
02:43:11a pris le melon d'Alain Delon
02:43:15...
02:43:17...
02:43:19voilà pour ces images
02:43:21d'archives bien sûr des guignols
02:43:23de l'info et de cette marionnette
02:43:25d'Alain Delon
02:43:27qui avait été d'ailleurs interrogé
02:43:29à ce sujet
02:43:31c'était bien la télé où il y avait
02:43:33pas mal d'ironie
02:43:35oui oui tout à fait
02:43:37on a besoin d'ironie à la télé
02:43:39quelle bonne idée d'avoir diffusé cet extrait
02:43:41Michael, parce qu'en fait le rire
02:43:43tout finit par le rire
02:43:45c'est ça la force de la vie en tout cas
02:43:47pour traverser le temps
02:43:49et il avait ce recul Alain Delon justement
02:43:51pour se moquer de lui-même ou des parodies
02:43:53à travers la voix d'Yves Lecoq
02:43:55qui était dans les guignols à ce moment-là
02:43:57et qui avait pris la voix de Delon de manière admirable
02:43:59avec une observation encore une fois de plus
02:44:01remarquable
02:44:03c'était un bon moment
02:44:05et puis il représentait
02:44:07évidemment la France d'une certaine façon
02:44:09et les guignols étaient aussi ce reflet-là
02:44:11évidemment que les guignols ne pouvaient pas
02:44:13ne pas avoir une marionnette d'Alain Delon
02:44:15c'était obligatoire
02:44:17c'était très difficile de ne pas faire sa marionnette justement
02:44:19d'Alain Delon comme vous le dites Michael
02:44:21parce qu'il incarnait la France et les Français
02:44:23et on l'aimait tellement
02:44:25et encore une fois de plus
02:44:27c'était pas du tout de la prétention
02:44:29ça n'a aucun rapport
02:44:31c'était de la prise de conscience
02:44:33qui il était dans les yeux des Français
02:44:35pour des millions de gens
02:44:37donc quand on a cette conscience
02:44:39j'avais demandé à Claude François d'avoir une phrase un jour avec lui
02:44:41j'avais posé un jour la question à Claude François
02:44:43qui avait un statut aussi de star en son temps
02:44:45et je ne comprenais pas pourquoi il ne sortait jamais
02:44:47Claude François sans ses lunettes noires
02:44:49en dehors des plateaux télé et de la scène évidemment
02:44:51on ne voyait jamais ses yeux
02:44:53et il m'avait répondu Claude François
02:44:55moi je le vous voyais mais il me tutoyait
02:44:57j'étais jeune attaché de presse à l'époque
02:44:59il m'avait dit mais tu dois savoir que le regard d'une star
02:45:01ne doit jamais croiser le regard d'un autre
02:45:03il ne l'a pas dit d'une manière prétentieuse
02:45:05en tout cas je ne l'ai pas prise ainsi
02:45:07les gens sont célèbres, ils ont conscience de leur statut
02:45:09à un moment donné, parce que tout le monde ne leur parle que d'eux
02:45:11quand on fait un selfie dans la rue maintenant
02:45:13ou quand vous signez des photos, des livres
02:45:15des cartes postales, ce que vous voulez
02:45:17les gens sont conscients de ce qu'ils sont devenus
02:45:19indirectement
02:45:21à un moment donné ils viennent à parler d'eux
02:45:23comme un autre personnage qui est à côté
02:45:25mais qui n'est pas forcément l'homme
02:45:27qu'ils sont intérieurement
02:45:29c'est ça qui est intéressant d'expliquer
02:45:31la notoriété c'est très difficile
02:45:33en même temps c'est bien de l'expliquer
02:45:35on est sur le point et quart sur ces news
02:45:37la suite de cette édition spéciale de 180 minutes info
02:45:39consacrée à Alain Delon, nous serons en ligne
02:45:41dans un instant avec Philippe Labreau
02:45:43mais juste avant, Adrien Spiteri
02:45:45nous a rejoint avec
02:45:47ces nombreuses réactions
02:45:49qui continuent d'arriver sur les réseaux sociaux
02:45:51depuis l'annonce de la disparition de l'acteur
02:45:53Oui, il y a des réactions politiques
02:45:55des réactions également du monde de la culture
02:45:57et puis aussi des réactions de personnes qui l'ont côtoyé
02:45:59dans d'autres contextes, c'est le cas par exemple de Sylvie Tellier
02:46:01l'ex-directrice du comité Miss France
02:46:03Alain Delon, un géant nous quitte
02:46:05il a façonné le cinéma français
02:46:07influençant la mode et laissant une empreinte
02:46:09profonde sur notre culture
02:46:11à Miss France, il imposait son charisme
02:46:13avec une autorité naturelle, il restera
02:46:15l'éternel rebelle, inébranlable
02:46:17et indomptable
02:46:19autre réaction, celle du journaliste et écrivain
02:46:21Henri-Jean Servat, une réaction émouvante
02:46:23j'idolâtre Delon, j'ai habité
02:46:25chez lui, il m'a reçu 4 fois
02:46:27douchi, j'ai écrit 2 livres avec lui
02:46:29je l'ai souvent interviewé, même pour elle
02:46:31je suis dévasté par le chagrin
02:46:33et n'ai pas envie de parler à tous ceux qui
02:46:35m'appellent gentiment, pardon plus tard
02:46:37une référence évidemment aux nombreux journalistes
02:46:39enfin dernière réaction plus courte cette fois
02:46:41celle du philosophe Bernard-Henri Lévy
02:46:43adieu cher Alain, adieu
02:46:45Alain Delon, bouleversé
02:46:47j'écris voilà pour quelques-unes des réactions
02:46:49Michael
02:46:51Bernard-Henri Lévy qui avait d'ailleurs réalisé un film
02:46:53dans lequel avait joué Alain Delon
02:46:55dans les dernières
02:46:57années de sa vie
02:46:59ces nombreuses réactions
02:47:01je voudrais qu'on revienne aussi sur celle de Sylvie Tellier
02:47:03puisque Alain Delon était également
02:47:05président du jury Miss France
02:47:07pendant plusieurs éditions
02:47:09encore une fois de plus
02:47:11parce que quand on posait la question à des ex-Miss France
02:47:13ou à des candidates de Miss France
02:47:15qui elle voulait voir dans le jury
02:47:17Alain Delon évidemment, qui incarnait
02:47:19le côté masculin des choses
02:47:21avec tout ce que ça comporte comme qualité
02:47:23et comme défaut, je cherchais le titre
02:47:25c'est pour ça, le jour et la nuit
02:47:27c'était ce film de Bernard-Henri Lévy
02:47:29dans lequel Alain Delon
02:47:31jouait évidemment
02:47:33nous sommes en compagnie de Philippe Labreau
02:47:35qui est également avec nous, bonjour
02:47:37Philippe Labreau, merci d'être en direct avec nous
02:47:39sur CNews cet après-midi
02:47:41Alain Delon était une légende au-delà
02:47:43de notre pays, Philippe Labreau
02:47:45il était une légende dans le monde entier
02:47:47on en parlait tout à l'heure évidemment
02:47:49au Japon également
02:47:51aux Etats-Unis, en Italie
02:47:53bien évidemment
02:47:55bien évidemment
02:47:57c'est un garçon, un homme
02:47:59dont la carrière et le personnage
02:48:01ont traversé les frontières
02:48:03c'est évident, il a une
02:48:05statue internationale
02:48:07de par ses films, n'oublions jamais
02:48:09que sur la
02:48:11plus cinquantaine ou quatre-vingtaine de films
02:48:13qu'il a tournés, il reste
02:48:15c'est le journal Le Point d'ailleurs
02:48:17qui l'a très bien identifié, 15
02:48:19véritables chefs-d'oeuvre
02:48:21donc vous avez affaire à un homme
02:48:23qui aura fait beaucoup d'autres
02:48:25activités, comme chacun sait, de la boxe
02:48:27à la peinture
02:48:29les lettres du général
02:48:31de Gaulle à je ne sais quel
02:48:33dialogue avec Jacques Deray
02:48:35son mettant en scène favori
02:48:37il y a aussi de sa part
02:48:39la certitude et de notre part
02:48:41qu'il a imprimé
02:48:43le cinéma français par
02:48:45une série extraordinaire
02:48:47qui va de bas-soleil
02:48:49à un flic, le dernier
02:48:51Melville, et qui fait qu'aujourd'hui
02:48:53il incarne
02:48:55en effet une très grande partie
02:48:57du cinéma. Il y a sans doute
02:48:59dans l'histoire du cinéma français une carrière
02:49:01aussi brillante et aussi
02:49:03riche qui est celle de Jean Gabin
02:49:05jusqu'au jour où Gabin a commencé
02:49:07un peu à se répéter, à
02:49:09s'auto-imiter, mais sinon
02:49:11jusque-là
02:49:13un peu plus Amour-à-la-Vie que Jean-Paul d'une certaine
02:49:15manière, comme Belmondo
02:49:17Alain a
02:49:19passé, écrit, un
02:49:21récit cinématographique
02:49:23formidable, et ce qui est passionnant
02:49:25c'est que sa personnalité
02:49:27va au-delà du cinéma
02:49:29c'est un homme qui s'intéresse à tout, qui s'est
02:49:31intéressé effectivement au Miss France
02:49:33mais aussi à la boxe avec Boutier et
02:49:35Manzon, à la peinture, au
02:49:37bronze, il avait un goût inouï
02:49:39cet autodidacte avait acquis
02:49:41d'ailleurs sans doute à la fréquentation
02:49:43de Lino Visconti
02:49:45le grand metteur en scène italien
02:49:47qui l'a beaucoup influencé, il avait acquis
02:49:49un goût, un sens du beau
02:49:51un sens de l'antique, un sens de peinture
02:49:53qui faisait que cet autodidacte venu
02:49:55de nulle part
02:49:57abandonné par ses parents
02:49:59passant de pension en pension
02:50:01pour ensuite se retrouver un jour à 17 ans
02:50:03en Indochine dans la marine
02:50:05pour faire la guerre, pour ensuite revenir
02:50:07à Marseille et fréquenter les voyous
02:50:09voilà un garçon qui petit à petit
02:50:11autodidacte génial
02:50:13a acquis une culture
02:50:15une curiosité, une intelligence des choses
02:50:17qui faisait que de toute façon
02:50:19en dehors du cinéma, une conversation
02:50:21avec lui était enrichissante
02:50:23il avait une personnalité très très forte
02:50:25Il représentait quoi pour vous
02:50:27Alain Delon, Philippe Labreau ?
02:50:29Bah un ami
02:50:31pas intime, il a eu d'autres amis
02:50:33mais on se connaissait assez bien
02:50:35on partageait tous les deux si vous voulez
02:50:37la même passion, la même dévotion
02:50:39la même admiration pour Jean-Pierre Melville
02:50:41qui a été mon mentor comme vous le savez peut-être
02:50:43et qui était aussi bien sûr
02:50:45l'homme de Alain
02:50:47puisqu'il a fait avec Alain au moins 3 chefs d'oeuvre
02:50:49il a fait le samouraï, il a fait le cercle rouge
02:50:51et il a fait un flic
02:50:53et donc on avait tous les deux
02:50:55ce lien, c'est à dire que pour nous
02:50:57c'était notre mentor, on en parlait souvent
02:50:59on avait quelques amis communs
02:51:01bien sûr, quelques amis communs
02:51:03il a eu une longue vie avec
02:51:05Mireille Dart, Mireille je le connais bien aussi
02:51:07c'est une copine, j'ai même d'ailleurs
02:51:09fait son éloge funèbre
02:51:11à Saint-Sulpice lorsqu'elle a disparu
02:51:13et Alain et moi on est donc
02:51:15si vous voulez, c'est la même génération en gros
02:51:17donc on a en gros la même
02:51:19enfin pas la même culture mais
02:51:21beaucoup de relations communes
02:51:23mais oublions ma personne
02:51:25c'est pas ça qui est important, ce qui est important c'est
02:51:27se prendre la
02:51:29depuis ce matin si vous voulez moi je suis interrogé
02:51:31je sais pas 15 à 20 fois
02:51:33je commence d'ailleurs à me répéter, il faut faire très attention
02:51:35quand on se répète parce qu'on commence à dire des bêtises
02:51:37mais je retiens
02:51:39une personnalité
02:51:41très forte, singulière
02:51:43multidiverse
02:51:45et qui en dehors du cinéma
02:51:47de toute façon avait
02:51:49une aura, une électricité
02:51:51un magnétisme
02:51:53et une capacité de vous intéresser
02:51:55de vous passionner
02:51:57et effectivement aussi encore une fois
02:51:59revenons-y
02:52:01il a écrit une page
02:52:03du cinéma français
02:52:05c'est pas rien, je parle du cinéma français
02:52:07depuis longtemps
02:52:09donc la page elle est écrite
02:52:11et on peut la lire, parce qu'on a la chance
02:52:13et on va voir ça maintenant tous les soirs
02:52:15pratiquement sur toutes les télévisions
02:52:17d'avoir
02:52:19sous nos yeux nous allons revoir
02:52:21plein soleil, Rocco et ses frères
02:52:23le guépard
02:52:25le samouraï
02:52:27le cercle rouge
02:52:29et évidemment monsieur Klein
02:52:31n'oubliez pas monsieur Klein
02:52:33c'est un chef d'oeuvre
02:52:35au plan du message
02:52:37sur l'antisémitisme, sur la Shoah
02:52:39Alain a acheté les droits du livre
02:52:41il est devenu producteur
02:52:43du livre, c'est lui qui est allé chercher
02:52:45Joseph Lozet, qui est un des plus grands metteurs en scène de sa génération
02:52:47donc il s'est impliqué
02:52:49il prenait des positions
02:52:51très intéressantes
02:52:53par ailleurs il avait aussi pris position sur la guerre d'Algérie
02:52:55quand il joue dans les centurions
02:52:57donc il y a chez Alain Delon
02:52:59c'est pour ça qu'il est
02:53:01très important dans la vie politique et la vie publique
02:53:03française, il y a un chemin
02:53:05de choix politique
02:53:07qui surprenne, parce qu'il ne va pas
02:53:09forcément là où on croit qu'il va aller
02:53:11donc retenons ça aussi
02:53:13vous avez affaire à une personnalité
02:53:15extrêmement diverse, multiple
02:53:17et qui en dehors
02:53:19de ses chefs d'oeuvre au cinéma
02:53:21de toutes les façons
02:53:23retient l'attention
02:53:25c'est un homme passionnant
02:53:27et moi j'ai eu la chance de pouvoir un peu converser avec lui
02:53:29plusieurs fois bien sûr, avec ses copains
02:53:31et je dois dire que
02:53:33de tous les gens que j'ai rencontré dans ma vie
02:53:35et je sais que j'en ai rencontré un paquet
02:53:37je suis assez raconté ça dans mes livres
02:53:39il fait partie de ceux
02:53:41qui vraiment se distinguent
02:53:43il se distingue des autres
02:53:45distinction et élégance d'ailleurs
02:53:47parce que nous n'oublions jamais l'élégance d'Alain
02:53:49et l'amour d'Alain
02:53:51Philippe Labreau, Fabien Lequeu avoir une question à vous poser
02:53:53oui je voulais vous poser une question parce qu'on oublie de rappeler
02:53:55et moi je me permets de le faire
02:53:57face à votre
02:53:59déclaration, c'est qu'il avait une très grande admiration
02:54:01pour vous Philippe Labreau, pour votre écriture
02:54:03et je sais que son plus grand regret
02:54:05c'est que vous ne soyez pas encore à l'académie française
02:54:07parce que
02:54:09il adorait que ce soit
02:54:11l'étudiant étranger
02:54:13certains de vos livres qui ont obtenu
02:54:15pour certains des prix évidemment
02:54:17et il aimait particulièrement
02:54:19et c'est important de le rappeler parce que
02:54:21bien sûr que tout le monde a un regard sur Alain Delon
02:54:23merveilleux, une considération
02:54:25mais lui aussi sur ses amis
02:54:27les gens avec qui il entretenait
02:54:29une relation en tout cas amicale et plus
02:54:31souvent il avait de l'admiration
02:54:33est-ce qu'il était le cas pour vous Philippe Labreau
02:54:35et vous le savez sûrement mais je préfère en parler
02:54:37parce que je sais que vous n'allez pas en parler
02:54:39vous êtes gentil comme tout mais c'est vrai qu'il existe
02:54:41je crois que c'est Beaumarchais
02:54:43ou Montesquieu, je ne sais qui qui avait écrit ça
02:54:45il faut savoir admirer
02:54:47il faut aimer admirer les autres
02:54:49et d'ailleurs il y avait chez Alain
02:54:51cette capacité
02:54:53de respecter
02:54:55respecter le travail des autres
02:54:57et l'oeuvre des autres, c'était pas du tout
02:54:59un jaloux ni un envieux
02:55:01ni un aigri au contraire
02:55:03il y avait une générosité dans le jugement et dans le choix
02:55:05donc si vous me dites évidemment
02:55:07je touche beaucoup mais c'est pas seulement
02:55:09je ne suis pas le seul, il avait
02:55:11vis-à-vis de beaucoup de gens, beaucoup de contemporains
02:55:13et il leur disait
02:55:15il leur écrivait, il leur téléphonait
02:55:17une admiration pour ce qu'ils faisaient eux
02:55:19et c'est rare parce que
02:55:21les stars d'une manière générale tournent autour d'elles-mêmes
02:55:23donc il y avait chez lui en fait, malgré
02:55:25les apparences d'arrogance et de solitude
02:55:27une très grande générosité
02:55:29Et je peux compléter qu'en 2017
02:55:31lorsque vous avez fait sur les marches de la Madeleine
02:55:33l'oraison
02:55:35funèbre de John Hallyday
02:55:37en cette église de la Madeleine
02:55:39il avait été extrêmement bouleversé et séduit
02:55:41par le texte que vous aviez écrit
02:55:43justement pour cet hommage national
02:55:45qui avait été rendu en tout cas
02:55:47pour la mémoire de Johnny et particulièrement votre texte
02:55:49Philippe Lagraume
02:55:51C'était très aimable de le mentionner
02:55:53effectivement, bien sûr j'avais
02:55:55beaucoup travaillé sur ce texte et pour cause
02:55:57parce que Johnny faisait aussi partie de mes
02:55:59grands amis et c'est aussi
02:56:01sa manière d'une idole et une icône
02:56:03une icône pense à une autre
02:56:05icône et voilà
02:56:07Alain Delon c'est une icône
02:56:09et ça demeurera toujours une icône
02:56:11Merci beaucoup Philippe Lagraume d'avoir été avec nous
02:56:13cet après-midi sur
02:56:15ces news, avant de se quitter
02:56:17on a beaucoup parlé des femmes
02:56:19l'importance des femmes dans la vie d'Alain Delon
02:56:21dans sa vie personnelle, dans sa carrière
02:56:23également, je voudrais qu'on
02:56:25revoie un extrait
02:56:27d'image qui date de
02:56:292008, des Césars 2008
02:56:31lorsque Alain Delon rend des hommages
02:56:33à Romy Schneider, regardez
02:56:49Madame la ministre,
02:57:01bonsoir
02:57:03Messieurs les présidents,
02:57:05bonsoir
02:57:07Mesdames, Messieurs, chers amis, bonsoir
02:57:11Amour de ma vie, bonsoir
02:57:15Je n'étais pas prévu au programme, alors je vais
02:57:17faire bref afin de
02:57:19ne pas vous importuner, merci
02:57:23On m'a demandé
02:57:25de lui rendre hommage
02:57:27j'ai dit oui
02:57:31On m'a demandé de bien vouloir lui remettre
02:57:33un César d'honneur
02:57:35j'ai accepté
02:57:37Pourquoi ?
02:57:39Pourquoi ?
02:57:41Pourquoi ?
02:57:45Parce que
02:57:47parce que cette année
02:57:49tu aurais 70 ans
02:57:51et que tu me manques terriblement
02:57:57Parce que nous
02:57:59nous sommes fiancés il y a 50 ans
02:58:03Parce que nous avons
02:58:05nagé ensemble il y a 40 ans
02:58:07dans la piscine
02:58:09Parce que nous nous sommes aimés
02:58:11Parce que nous avons été
02:58:13heureux ensemble et malheureux
02:58:15quand David est parti
02:58:19Parce que c'était toi, parce que c'était moi
02:58:23Voilà pourquoi
02:58:27Alors ce soir, je voudrais vous demander
02:58:29pour elle
02:58:31une chose simple
02:58:33mais ô combien symbolique
02:58:35c'est de vous lever
02:58:37pour ses 70 ans
02:58:39et de l'applaudir avec moi
02:59:07C'est tout
02:59:09Je vous sens ému Fabien Lecoeuvre
02:59:11après avoir regardé ces images
02:59:13Oui, c'est tellement dit
02:59:15avec talent, on sent que c'est sincère
02:59:17c'est un cri du coeur, ça a été tellement
02:59:19une femme essentielle dans son existence
02:59:21et devant, c'est très difficile
02:59:23l'exercice qu'il fait, même si c'est
02:59:25un homme habitué à la scène
02:59:27et au cinéma, mais c'est très difficile
02:59:29devant toute une profession comme ça, se mettre à nu
02:59:31pour parler d'un être qui lui manque
02:59:33c'est un exercice extrêmement difficile
02:59:35et je trouve qu'il le fait
02:59:37avec son coeur
02:59:41et il nous tire les larmes
02:59:43Merci beaucoup
02:59:45C'est une opportunité pour rendre hommage à Romy Schneider
02:59:47Merci beaucoup Fabien Lecoeuvre
02:59:49Merci Alberto Toscano de m'avoir
02:59:51accompagné durant cette édition
02:59:53spéciale de 180 minutes info
02:59:55pour rendre hommage à Romy
02:59:57pour rendre hommage à Alain Delon
02:59:59bien sûr, édition spéciale
03:00:01et les hommages qui se poursuivent sur CNews
03:00:03Merci d'Elodi Huchard
03:00:05dans un instant pour Punchline
03:00:07Merci à toute l'équipe en régie
03:00:09et moi j'aurai le plaisir de vous retrouver à partir
03:00:11de 21h tout à l'heure pour Soir Info
03:00:13Bon après-midi sur CNews
03:00:15A tout à l'heure