Cette semaine, Alexandre Delpérier et Salim Ejnaïni reçoivent Anaïs Quemener. A 32 ans, elle est deux fois championne de France de marathon après avoir été atteint d'un cancer du sein diagnostiqué alors qu'elle avait 24 ans.
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00:00...
00:18-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:21soyez les bienvenus dans votre rendez-vous.
00:23Bienvenue dans La victoire est en elle.
00:26Aujourd'hui, avec mon ami Salim, nous recevons une femme
00:28qui a lancé la table, une championne exceptionnelle.
00:31Elle court depuis toujours, Anaïs Kemner.
00:34C'est elle et notre invitée, la jeune femme de 32 ans
00:36et double championne de France de marathon.
00:39Son parcours a loin d'avoir été une promenade de santé,
00:42mais elle a toujours su revenir plus forte et plus déterminée.
00:45Anaïs, je suis ravi de t'accueillir.
00:47Bonjour, merci beaucoup pour l'invitation.
00:49On est ravis, parce que Salim et moi, on aime pas courir,
00:52et donc on a une admiration sans borne
00:55pour celle qui, comme toi, établisse des records exceptionnels.
00:58Anaïs, tu vis en région parisienne.
01:00Tu as un boulot, t'es pas professionnelle.
01:02Non, je suis pas professionnelle.
01:04Je travaille de nuit, je suis aide-soignante à l'hôpital.
01:07Où ça ?
01:09À Bondy, à Jean-Verdier.
01:10Déjà, ça, ça se respecte.
01:12Par exemple, t'as travaillé la nuit dernière et t'es là.
01:15Bravo à tous les aides-soignants qui ont ces vies compliquées.
01:18Et puis, tu es une athlète amateur
01:20qui, aujourd'hui, côtoie les sommets.
01:22On va essayer de comprendre tout ça.
01:24En plus, en 2015, quand tu es toute jeune,
01:27J'avais 24 ans.
01:28À 24 ans, on te diagnostique un cancer du sein.
01:31C'est une nouvelle qui va bouleverser ta vie.
01:33Et on l'évoquera un peu plus tôt.
01:35Juste avant, je voudrais donner un chiffre.
01:38Tu es la première française au dernier Marathon de Paris.
01:41C'était quand, il y a quelques mois ?
01:42C'était le 2 avril.
01:442h32, première française.
01:46On lui a posé la question en préparant l'émission.
01:48On est tombés de notre chaise avec Salim.
01:51Marathon de Paris, 2h32, ça fait combien de moyenne ?
01:53Un peu moins de 17 km heure.
01:5517 km heure, les amis.
01:57Un peu moins.
01:58Pendant 42 km.
02:00Incroyable. Niveau mental, je n'ose même pas imaginer
02:04les énergies que tu dois déployer pour tenir ces moyennes-là.
02:09C'est une passion avant tout.
02:10Quand on se met à la course à pied,
02:13il faut prendre un maximum de plaisir.
02:16Tant qu'il y a du plaisir, il y a de la performance.
02:18Tu es dans une famille de coureurs.
02:20Ton papa courait, tes grands-pères couraient.
02:22Tu as commencé à courir à 7 ans.
02:25C'était à l'école ou déjà dans des clubs ?
02:27C'était à l'école.
02:29Je faisais des crosses scolaires
02:30ou je faisais des crosses à côté de chez moi ou mes grands-parents.
02:34Ça a toujours été très ludique.
02:37J'ai commencé à courir parce que je voyais mon père et mon grand-père courir.
02:41Je pense que ça s'est fait tout naturellement pour moi de faire comme eux.
02:45C'est qui, le monsieur sur la photo ?
02:47C'est mon père.
02:48Qu'on avait déjà vu avant, qui s'est laissé pousser le bouc.
02:52Et sa fille a grandi, du coup.
02:55Pas beaucoup.
02:58Quand tu courais à 7, 8, 9 ans, tu performais déjà ?
03:02Oui, j'ai vu que j'avais des qualités naturelles assez rapidement.
03:05Mon père l'a décelé.
03:06Pour moi, c'était très ludique au départ.
03:09Mais c'est vrai que, par exemple, quand je participais aux crosses scolaires,
03:13tous les ans, je gagnais sans forcément m'entraîner.
03:16Et facilement.
03:17Oui, je faisais les championnats départementaux
03:19quand j'ai commencé à m'inscrire en club à l'âge de 9 ans.
03:22Pareil, j'étais tout de suite sur le podium ou dans les trois premières
03:25sans trop m'entraîner.
03:26Donc, je pense qu'il y avait déjà quelque chose de naturel
03:28qui était en moi à ce moment-là.
03:30Et le goût de la victoire ?
03:32Pas, c'est arrivé un peu plus tard.
03:33C'était vraiment très ludique au départ.
03:35Je courais, c'était à l'entraînement, j'allais avec mes copines,
03:38on s'achetait des bonbons après l'entraînement.
03:40C'était vraiment très ludique.
03:41Salide.
03:42Et donc, sur ce projet, enfin, ce projet,
03:46sur ce chemin que tu fais dans le sport,
03:48à quel point, quand tu découvres la compétition,
03:53ce goût de la victoire arrive ?
03:56Je veux dire, à quel moment est-ce que tu te dis
03:57bon, allez, on va quand même commencer à essayer de performer,
04:00pas faire que s'amuser ?
04:02C'est arrivé un petit peu plus tard.
04:04Je crois que j'avais aux alentours de 14 ou 15 ans
04:06quand j'ai commencé à vraiment faire mes premiers 10 kilomètres.
04:09Quand tu bats le record de France cadette des 10 kilomètres.
04:11C'est ça, oui. Voilà.
04:13Quand je bats le record de France en cadette en 38 minutes 33 à 15 ans,
04:16je me dis, en fait, il y a peut-être quelque chose à faire quand même.
04:19Et mon père aussi était derrière moi.
04:21Pas grave. Lui, il devait surkiffer.
04:23Oui, il était à fond, mais en fait, il ne m'a jamais poussée.
04:26C'est-à-dire que tant que moi, j'avais envie de courir,
04:29il était avec moi, il m'encourageait à courir.
04:32Mais ça n'a jamais été dans le trop, trop surentraînement.
04:36Donc, il m'a toujours suivie.
04:38Évidemment qu'il n'avait pas envie que j'arrête de courir.
04:40Je pense que lui, c'était quelque chose qu'il a dans le sang aussi.
04:42Et c'est toujours le cas.
04:44Mais en tout cas, il a toujours été prêt à m'accompagner et à performer.
04:48Je m'en suis rendue compte plutôt aux alentours de 15 ans.
04:51Il y a ce record de France, mais tu te dis quoi exactement ?
04:54Parce qu'à 15 ans, il y a les copines, les petits copains, on s'amuse.
04:59Parce que j'imagine que pour performer, c'est des sacrifices,
05:02c'est de l'entraînement.
05:03Je pense que mon avantage, c'est que je n'ai jamais vu ça comme une contrainte.
05:06Comme ça a toujours été quelque chose que j'aime vraiment faire,
05:09je n'ai jamais vu de contrainte.
05:10Pour moi, l'entraînement, j'étais toujours contente d'y aller.
05:14Les compétitions, j'étais toujours contente d'y aller.
05:16Justement parce que je retrouvais les copains, les copines.
05:18Mon cercle le plus proche, il s'est fait autour de l'athlétisme.
05:22Donc au final, c'était toujours un jour de fête.
05:24Les compétitions, les entraînements,
05:26j'étais vraiment toujours contente d'y participer.
05:27Salim.
05:28Et comment est-ce que tu évolues dans tes objectifs à ce moment-là ?
05:33Si la victoire commence à avoir une importance,
05:36tu n'as pas forcément de pression de te dire,
05:39bon, il y a un record de battue, qu'est-ce qu'on va se faire par la suite ?
05:42Non, je n'ai jamais eu trop de pression.
05:44Je pense que mon père a toujours été présent aussi pour m'inculquer et tout ça,
05:49mais on n'était pas justement dans trop de compétition, trop de pression.
05:54Il fallait vraiment faire quelque chose qu'on aime faire.
05:56C'était vraiment le plus important.
05:58Moi, j'ai toujours dit, demain, il n'y a plus de plaisir, j'arrête de courir.
06:01Oui.
06:02Moi, je voudrais comprendre une chose.
06:04Tout de suite, tu as été sur le demi-fond
06:06ou tu étais dans plein de distances ?
06:09Tu n'as jamais été sur de la vitesse ou sur d'autres épreuves d'athlétisme ?
06:11Non. J'ai essayé.
06:14J'ai fait toutes les distances, toutes les disciplines
06:16à l'âge de 9 ans, 10 ans, 11 ans, comme beaucoup d'enfants,
06:20mais j'ai tout de suite vu et compris assez rapidement
06:23que je n'étais pas bonne dans les autres distances,
06:25sur les autres disciplines.
06:27Et naturellement, je me suis mise sur le demi-fond.
06:29Chez les enfants, c'était le mille-mètre, c'était les crosses.
06:33Et moi, c'est vraiment tout de suite
06:34ce qui m'intéressait et ce que je voulais faire.
06:36Tu jouais des coudes ?
06:38Non, pas vraiment.
06:39Tu étais tellement en devant ?
06:40Non, même pas. J'étais une petite fille très tête en l'air,
06:43donc à chaque fois, je papotais sur la ligne de départ,
06:45puis ça partait, je voyais que tout le monde partait,
06:46je disais, mince, il faut partir.
06:48On dirait mon fils.
06:49Sauf que le mien, il ne terminait pas devant,
06:50il pleurait, il se cassait la gueule, machin.
06:53Comme beaucoup.
06:54Tu continues l'école pendant ce temps-là
06:57et puis, un jour, tu décides d'être soignante.
06:59Ça, c'est quelque chose que tu avais en toi,
07:01que tu avais décidé assez jeune ?
07:03Oui, ça s'est fait assez naturellement.
07:04J'ai fait mon cursus scolaire normal,
07:06je suis passée en BEP Centérêt Social.
07:08J'ai passé ma formation d'aide-soignante
07:10parce que je n'étais pas très scolaire non plus
07:12et je voulais travailler assez rapidement.
07:13Et dès que j'ai commencé à travailler,
07:16j'ai compris que j'étais quand même dans ma voie
07:17parce que c'était quelque chose que j'aimais vraiment faire.
07:20Tu continuais le sport en parallèle ?
07:22J'ai toujours continué le sport en parallèle.
07:23J'ai un peu diminué aux alentours des 16-18 ans
07:26parce que, justement, comme on l'expliquait,
07:28un peu adolescente, je voulais sortir avec mes copines.
07:31Je n'avais pas spécialement envie de me lever
07:32ou de rentrer tôt le samedi soir
07:36parce qu'il fallait courir le dimanche matin,
07:37mais au final, je le faisais quand même.
07:39Et ça a plutôt bien fonctionné.
07:42Tu obtiens tes diplômes, tu continues,
07:44et puis en 2015, à 24 ans, on te diagnostique un cancer du sein.
07:47Comment ça se passe ? Il y a des signes avant-coureurs ?
07:50Il n'y avait aucun signe.
07:52En fait, juste, j'avais une boule dans la poitrine,
07:54enfin dans le sein gauche,
07:55et je ne me suis pas alertée tout de suite
07:58parce que j'avais une vie qui était hyper saine.
08:00J'ai toujours fait du sport,
08:01j'ai toujours mangé plutôt correctement.
08:03Vraiment, tout était nickel.
08:06Et en fait, à mes 23 ans, je sens que j'ai une boule,
08:09je le sens lors de ma douche,
08:11et dans la foulée...
08:12Pas douloureuse ?
08:13Non, jamais douloureuse. J'ai jamais eu mal.
08:16Et dans les deux semaines, j'ai mon rendez-vous avec ma gynécologue.
08:18Elle me dit, bon, ne t'inquiète pas, à 23 ans,
08:20tu n'as pas d'antécédents connus.
08:22Puis voilà, vu la vie que tu mènes, c'est rien.
08:24C'est hormonal et ça va passer tout seul.
08:27Moi, je ne suis pas médecin, je continue ma vie normalement,
08:28surtout que je n'ai aucune gêne, aucune douleur.
08:31Et donc...
08:32La boule reste ?
08:33La boule reste.
08:34Finalement, six mois plus tard, la boule continue de grossir,
08:37mais moi, je n'ai toujours aucune douleur.
08:38Donc, je vois un second médecin, cette fois sur mon lieu de travail,
08:41un urgentiste, et je lui demande, qu'est-ce que tu en penses ?
08:44J'aimerais faire un bilan ou savoir un petit peu ce qu'il en est,
08:46parce que ça commence à grossir, ça grossit sérieusement.
08:50Et elle m'a prescrit un bilan sanguin.
08:52Je fais le bilan sanguin, tout est parfait.
08:55Dingue.
08:55Donc, je me dis, bon...
08:56Je pense que mon corps était un peu dans le déni aussi.
08:59Ça m'inquiète un peu, parce que normalement,
09:00dans les bilans sanguins, on doit détecter...
09:01Ça dépend ce qu'on recherche.
09:03Ça dépend ce qu'on recherche.
09:04Si on cherche des marqueurs, effectivement, on peut les trouver,
09:07des marqueurs de cancer.
09:08Et si on ne cherche pas ça, parce qu'on cherche un bilan classique...
09:11Oui, d'une jeune femme de 24 ans sportive.
09:12Ce n'est pas forcément indiqué.
09:13Et donc ?
09:14Donc, tout est OK.
09:15Je continue ma vie, pareil, je pars en vacances,
09:17je fais mes compétitions, je fais ma vie.
09:19Et environ, pareil, quatre, cinq mois plus tard...
09:22Là, on est quasiment un an après.
09:23Un an après, oui.
09:24Je revois un troisième médecin sur mon lieu de travail, et pareil.
09:27Parce que tu te surinquiètes.
09:29Je ne m'inquiète pas spécialement.
09:30J'étais persuadée que c'était un kyste.
09:32Mais je me dis...
09:34La boule continue de grossir.
09:35Donc, bon, je voulais la faire enlever.
09:38Je me disais, ça commence à déformer un peu mon sein.
09:40Ce qu'il faut, c'est que tu aies quand même
09:41dans un cadre ultra médicalisé.
09:43Oui, c'est ça.
09:44Mais souvent, je pense qu'on a tendance à relativiser,
09:46à moins s'inquiéter quand on est dans le milieu.
09:48Parce que justement, on voit beaucoup de cas plus importants
09:52et on ne se dit pas que nous aussi, on peut être touchés.
09:54Et donc, troisième médecin.
09:55Troisième médecin, elle me dit,
09:56bon, tu as l'air quand même inquiète.
09:57Je vais te prescrire une ponction et une échographie de contrôle.
10:02Et en fait, à ce moment, voilà.
10:04Et quand je fais l'échographie, le radiologue me dit,
10:06bon, ce n'est pas très bon quand même.
10:08Je vois une grosse boule sous l'aisselle.
10:10On va faire une biopsie.
10:11Et en fait, là, tout s'est enchaîné.
10:14Et qu'est-ce qui se passe ?
10:15Du coup, je fais la biopsie.
10:17Les résultats, c'était au mois de juin.
10:19Donc, ça met un petit peu de temps à arriver.
10:20Je crois que j'ai eu les résultats, le vrai diagnostic,
10:23je l'ai eu début août.
10:25Donc, il se passe...
10:26Là, on est un an.
10:27Oui, une bonne année après.
10:29Vrai moment d'errance médicale quand même,
10:31où tu ne sais pas tellement.
10:32C'est ça.
10:33Mais après, moi, je ne m'inquiétais pas.
10:34En vrai...
10:35Si, quand j'ai vu le radiologue et que j'ai vu sa tête quand même,
10:38je me suis dit, bon, là, ça ne sent pas très bon quand même.
10:41Et donc là, le diagnostic, on te dit ?
10:43En fait, on me fait passer une mammographie en urgence déjà,
10:45alors que jusqu'à une heure avant, on me disait,
10:47non, à 24 ans, on ne fait pas de mammographie.
10:49Donc là, tout s'enchaîne.
10:50Et je commence à me poser des questions quand même.
10:52Donc je me dis, bon, là, ce n'est pas très bon,
10:54mais bon, on va voir ce que ça donne.
10:55Je ne préférais pas faire de suppositions
10:57tant qu'on n'a pas les résultats.
10:58Même si ce n'est pas facile, ça fait cogiter quand même.
11:01Et puis au final, début août, le 7 août,
11:04donc veille de l'anniversaire de mon père,
11:06je reçois les résultats et je vois mon médecin et il me dit,
11:09bon, voilà, c'est un cancer.
11:11Donc avancé, stade 3 sur 4,
11:13avec des métastases ganglionnaires.
11:16Et c'est un cancer triple négatif, donc assez agressif.
11:19Et là ?
11:20Et là, il a fallu agir très rapidement.
11:22D'abord, dans ta tête.
11:23Ah, dans ma tête.
11:25En fait, je pense que je n'écoute même pas le médecin.
11:28On me dit, tu vas voir un oncologue.
11:29Je dis, est-ce que je vais avoir de la chimio ?
11:31On me dit oui.
11:32Je dis, bon, d'accord, là, ça commence à partir loin.
11:34Je ne m'attendais pas à tout ça.
11:36Au final, je suis tombée sur un oncologue.
11:38J'ai eu beaucoup de chance qu'il a répondu à toutes mes questions,
11:41qu'il m'a énormément suivie et qu'il m'a beaucoup accompagnée,
11:44qui était génial.
11:45Le docteur Donarno, vraiment, il était super.
11:48Il m'a beaucoup fait rire.
11:49D'ailleurs, on a beaucoup relativisé et beaucoup rigolé
11:51pendant les rendez-vous, tous les mois.
11:56Et là, c'était un peu... C'était parti.
11:58Chimio, radio ?
11:59Chimiothérapie pendant huit mois,
12:01donc deux chimios toutes les trois semaines,
12:03radiothérapie pendant deux mois, tous les jours,
12:05du lundi au vendredi.
12:06J'ai eu l'ablation des deux seins,
12:08parce que première ablation, du sein malade,
12:11et deuxième ablation après avoir fait des tests génétiques
12:14où on a découvert que c'était positif.
12:17Pour ne pas que ça se déclare dans le deuxième.
12:19Voilà, c'est ça.
12:20Donc, c'était curatif, il fallait faire enlever le second.
12:22On a tenté des reconstructions, ma mère,
12:26mais je pense que mon corps n'était pas du tout OK,
12:28donc j'ai fait plusieurs infections, plusieurs rejets,
12:30et au final, on a fini par tout enlever.
12:32Et puis aujourd'hui, moi, ça me va bien comme ça.
12:34Ouais. Aujourd'hui, t'es en vie, t'es en pleine peau.
12:36Exactement. C'est ce que je dis toujours.
12:38J'ai peut-être plus ma poitrine, mais j'ai mes deux bras,
12:39je suis en bonne santé, j'ai mes deux jambes,
12:40je peux continuer à courir, donc franchement, tout va bien.
12:42Et tu portes le sourire et la lumière dans les yeux.
12:45Il faut.
12:47Il faut, je suis là.
12:48Bien sûr.
12:49En quoi le sport t'a aidée ?
12:52À te sortir de tout ça, à tourner la page ?
12:54J'imagine que pendant cette année-là,
12:56c'est un peu moins d'un an, finalement ?
12:58C'était plutôt un an et demi.
13:00OK. Pendant cette année et demie-là, tu ne travailles plus ?
13:03Non, je ne travaille plus parce que je suis en aplasie,
13:04je n'ai plus de défense immunitaire,
13:06donc je ne peux pas travailler à l'hôpital avec les malades.
13:09En même temps, vu la tête que j'avais,
13:10c'était mieux que je ne travaille pas avec les malades.
13:13Mais ouais, j'avais plus de cheveux,
13:16donc franchement, le physique, on connaît tout ce que c'est
13:19quand on est malade d'un cancer.
13:22Ce n'était pas fameux.
13:24Après, j'ai eu, entre guillemets, de la chance de tomber malade l'hiver,
13:27donc j'avais toujours mon bonnet,
13:29j'avais toujours des petits foulards, des choses comme ça.
13:31Donc franchement, je l'ai eu.
13:32Tu as eu des moments de doute ?
13:34J'ai eu des moments de doute, oui,
13:35parce qu'il y avait des histoires de récidive.
13:38Au départ, la chimie ne fonctionnait pas très bien,
13:41le cancer était toujours présent,
13:42donc on faisait des résultats, des examens tout le temps
13:44et les résultats n'étaient pas toujours au top,
13:47surtout que j'avais des masses dans les deux seins.
13:49Donc, quand on m'a enlevé le premier sein,
13:51il y avait toujours l'idée que j'avais toujours le second
13:53et que je pouvais l'avoir aussi de l'autre côté,
13:55avec les métastases dans le bras.
13:56Donc, je me disais, bon, c'est un peu compliqué.
13:59Il y a eu beaucoup de moments de doute.
14:00Je pense que j'en ai eu surtout marre à la fin des séances de chimio
14:03parce que c'était long, c'est sur huit mois,
14:05je n'en voyais pas le bout, quoi.
14:07Et le sport, pendant ce temps-là ?
14:09Eh bien, le sport, j'ai toujours continué.
14:11Je ne travaillais plus, donc...
14:13Là, tu vas me dire, j'avais que ça à faire ?
14:14C'est ça.
14:16Mais physiquement ?
14:17Physiquement, c'était difficile.
14:18Il fallait adapter la pratique.
14:20Donc, vraiment, c'était du cas par cas, c'était au jour le jour.
14:24Demain, je me lève, je me sens bien, je vais courir une heure.
14:26Mais j'avais pas d'allure, j'avais pas d'objectif précis.
14:30Je me disais pas, je vais faire comme avant,
14:31je vais courir à 12, 13, 14.
14:33C'était en fonction des sensations.
14:35Si je devais courir à huit, je marchais.
14:37Enfin, je courais à huit.
14:38Si je devais marcher, je marchais.
14:39Si je devais faire du vélo, je faisais du vélo.
14:41D'ailleurs, mon père m'a pris un vélo d'appartement
14:43à ce moment-là, parce qu'il avait peur que je sorte
14:45pour faire du vélo et que je fasse un malaise dehors.
14:48Qu'est-ce que tu peux nous dire, justement,
14:49sur un sujet très d'actualité ?
14:51Le sport santé, en ce moment, t'es hyper concernée par tout ça.
14:54Ouais, bah c'est...
14:55Comment tu l'as vécu, toi, à ce moment-là ?
14:56Qu'est-ce que...
14:57Ça n'existait pas encore, le sport sur ordonnance,
14:59à ce moment-là, et ça a été un long combat.
15:02Parce que j'ai dû quand même me batailler
15:04pour avoir un certificat médical
15:06pour qu'on m'autorise à continuer mes entraînements en club
15:09ou à faire mes compétitions.
15:10Oui, parce qu'on se dit, t'es malade, il faut que tu te reposes,
15:12il faut que tu restes chez toi.
15:13Donc, l'immobilité crée le mal-être, quelque part.
15:18Et voilà, il y a besoin de se sentir bien dans ses baskets
15:20pour se battre contre un truc pareil.
15:21Eh bien, c'est exactement ça.
15:22Et en fait, du coup, avec mon père, on s'est pas mal battus.
15:25On a vu un médecin du sport que je connaissais déjà d'avant,
15:29qui m'a autorisé à continuer la compétition et les entraînements
15:33en me disant, évidemment, tu fais bien attention,
15:35tu restes à l'écoute de ton corps, etc.
15:37Ce que je ne faisais pas du tout.
15:38Mais...
15:40Oui, mais tu savais le faire, quelque part.
15:41Mais c'est ça, en fait, je pense que...
15:42Pour faire du demi-fond, il faut savoir être à l'écoute, quand même.
15:44Mais c'est ça, oui.
15:45Tu l'avais en toi.
15:45Et puis, tu le connaissais, ton corps.
15:47Je connais bien mon corps, voilà.
15:48Mais après, la limite, elle était toujours un peu délicate
15:51parce que j'avais toujours envie de me dépasser,
15:53j'avais toujours envie de faire un peu mieux.
15:54Mais je faisais toujours en fonction de mes sensations
15:57et de mon ressenti, de l'humeur, des sensations du jour.
16:00À quel moment on va te dire, c'est fini ?
16:02La maladie ?
16:03Oui.
16:05En 2020, quand je suis en rémission.
16:07Donc...
16:08Depuis cinq années.
16:09Oui, il a fallu cinq ans.
16:10En fait, la rémission, c'est cinq ans après le début des traitements.
16:13Donc, en 2020, j'étais en rémission complète.
16:16Il se passe quoi, à ce moment-là ?
16:17Bah, rien de plus que d'habitude
16:19parce que je continuais ma vie déjà comme avant.
16:21J'avais déjà repris les compétitions.
16:23Entre-temps, j'avais déjà été championne de France de marathon.
16:26Enfin, pour moi, c'était...
16:27C'est fou, ça.
16:28La boucle est bouclée, quoi.
16:29Comment le monde du sport te regardait ?
16:31Comment ?
16:32Comment le monde du sport te regardait ?
16:34Je ne sais pas, vraiment.
16:35Je pense que j'ai toujours été hyper protégée dans une petite bulle.
16:39Hyper bienveillante avec tous mes proches.
16:42Et surtout mon père, qui m'a toujours accompagnée à tous mes examens,
16:45tous mes rendez-vous, tous mes entraînements.
16:47Il était là, mais du début à la fin.
16:48Il dormait à la maison, enfin, il était tout le temps là.
16:51Et non, je me suis sentie bien.
16:53Juste, je me disais, bon, bah maintenant, la vie continue.
16:57Et les entraînements, de plus belle ?
16:58Oui, c'est ça.
16:59Mais j'avais déjà bien repris après le début,
17:01enfin, après l'arrêt des traitements.
17:04Donc, dès que j'ai fini l'achimio,
17:05quelques mois après, j'ai commencé à me sentir un peu mieux.
17:07Et là, on a commencé vraiment à pouvoir se réentraîner normalement.
17:11C'est une renaissance, un peu, de retrouver ses capacités,
17:13ses chronos, ses pairs.
17:15Oui, carrément.
17:16C'est complètement une renaissance, parce qu'au final,
17:19le sport, moi, j'ai toujours pris le goût, j'ai toujours adoré ça.
17:24C'est une drogue ?
17:24Oui, c'est une drogue.
17:25Et pendant les traitements, je me sentais un peu bridée
17:27parce que je ne pouvais pas faire ce que je voulais.
17:29Et après, je pense que j'ai vraiment lâché les chevaux
17:31et je me suis dit qu'en fait, maintenant, il n'y a plus de limites.
17:33Donc, tout ce que j'ai envie de faire, je vais le faire.
17:36Qu'est-ce que ça a changé dans ton approche de la vie, tout ça ?
17:38Ça fait relativiser.
17:40Ça fait relativiser.
17:41Je parle en tant que malade, en tant que soignant, en tant que femme.
17:45Ça fait relativiser sur beaucoup de choses.
17:47Même à l'hôpital, il y a beaucoup de choses
17:48que je ne vois plus de la même façon en tant que soignant.
17:51C'est... Oui.
17:52Et tes patients ne le savent pas ?
17:53Mes patients ne le savent pas.
17:54Mais des fois, je discute avec certains patients.
17:57Et c'est marrant parce que moi, j'ai toujours mon petit badge sur moi.
18:00Et j'ai certains patients avec qui j'ai beaucoup sympathisé.
18:03Le badge sur lequel il est inscrit quoi ?
18:04Mon nom et ma profession.
18:06Et du coup, il y a certains patients qui m'ont retrouvée sur les réseaux sociaux
18:10en me disant, voilà, je comprends mieux en voyant ta page
18:14ou ce que tu nous racontes, ton approche par rapport aux patients
18:17parce que tu es passé par là, etc.
18:19Et il y a eu pas mal de familles comme ça qui m'avaient contactée.
18:22Et je suis toujours un peu sur les fesses quand je reçois ça,
18:25mais ça fait tellement plaisir.
18:26Anaïs, tu dirais que le sport t'a quoi ?
18:28T'as aidé ? T'as sauvé ? Je ne sais pas.
18:31Je pense que le sport m'a sauvée.
18:33Ça m'a vraiment permis de maintenir le lien social,
18:35de continuer à voir du monde, de ne pas rester enfermée.
18:38Parce que comme on disait tout à l'heure, quand on est malade,
18:41en fait, on n'a pas forcément envie de rester chez soi,
18:43enfermée, dans son canapé.
18:46C'est important de voir du monde.
18:47C'est peut-être peu de temps, mais ces peu de temps-là,
18:50ça permet vraiment de se sentir comme tout le monde
18:52et d'être bien accompagnée.
18:53Tu as l'impression que ce message porte aujourd'hui ?
18:55Tu disais que ce n'était pas très répandu,
18:57voire que ça n'existait pas, le sport santé, à l'époque.
18:59Tu as l'impression que ça prend un peu plus aujourd'hui ?
19:01Oui, j'en entends parler autour de moi aussi,
19:04ou des gens qui me disent, le sport sur ordonnance,
19:07mon médecin m'a prescrit de faire du sport,
19:10de m'inscrire dans une salle ou ci ou ça.
19:12Et je trouve que c'est vraiment très bien.
19:13Je trouve que ce n'est peut-être pas encore assez fait,
19:16mais il y a encore pas mal de travail là-dessus.
19:18C'est une mission pour toi aujourd'hui,
19:20on le voit sur tes réseaux sociaux.
19:22Tu as envie d'accompagner, d'aider, de donner ?
19:25Moi, j'aimerais pouvoir…
19:27Je ne suis pas médecin, donc je ne pourrais pas accompagner.
19:29Je peux juste conseiller avec mon parcours à moi.
19:33Tu es soignante quand même.
19:35Oui, mais bon, après, ce n'est pas moi qui vais dire aux gens,
19:38il faut courir, il ne faut pas courir.
19:39Bien sûr.
19:40Mais il y a des médecins pour ça, il y a des gens pour ça.
19:43Mais tu te sens comme un…
19:46Si mon message peut porter et encourager d'autres personnes,
19:48malades ou non d'ailleurs,
19:50parce que j'ai reçu des messages aussi des gens qui n'étaient pas malades
19:52et qui me disaient, moi, tout va bien dans ma vie,
19:54mais je n'arrive pas à me motiver.
19:55De voir ton parcours, ça me donne envie.
19:58Donc juste ça, c'est une victoire.
20:00Salut.
20:01C'est formidable.
20:02Aujourd'hui, tu es le meilleur exemple.
20:04Tu disais que tu n'étais pas médecin,
20:05mais tu restes la meilleure preuve que ça fonctionne et que c'est nécessaire.
20:10Je suis contente de l'entendre en tout cas,
20:12mais si ça peut aider pas mal de personnes,
20:15c'est une super victoire.
20:16Quand on regarde les images, tu es la seule fille à chaque fois.
20:19Tu viens trop vite pour les autres ?
20:20Ah non, c'est peut-être…
20:23C'est sûrement…
20:24Soit qu'il y a des filles devant, soit qu'il y a des filles derrière
20:26ou pas très loin, mais non, c'est un beau sport
20:28et justement, c'est pas mal de partage avec beaucoup d'autres filles aussi,
20:31beaucoup d'autres coureuses et c'est vraiment génial.
20:33Anaïs, tu n'as cessé de progresser.
20:35L'année 2022 a été incroyable.
20:38Tu fais deuxième aux 10 km de Paris, championne de France du marathon,
20:41victoire du marathon du Futuroscope.
20:43Tu gagnes la grande classique Paris-Versailles.
20:46Il s'est passé un truc supplémentaire ?
20:47Je vois presque du sourire ou de l'émotion dans tes yeux quand je te dis ça.
20:51Non, il ne s'est rien passé de particulier.
20:52Peut-être un déclic mental ou peut-être quelque chose de mental plus que physique.
20:58C'est vrai que dans le sport, c'est une question de confiance en soi aussi
21:01et ce n'est pas toujours facile, mais le fait d'être bien entouré…
21:04J'ai mon père qui est toujours en train de me dire
21:06mais arrête de croire que tu es mieux ou moins bien aussi ou ça.
21:09Il me dit, tu en es capable.
21:10Si un tel le fait, toi aussi, tu peux le faire.
21:12Et c'est vrai que des fois, avant l'entraînement ou avant la compétition,
21:15je suis toujours un peu dans le doute à me dire
21:17est-ce que ça va marcher ? Est-ce que je vais réussir ?
21:19Et au final, lui, il a un peu ce rôle de papa, bien sûr.
21:22Donc, il a toujours les bons mots,
21:24mais c'est un peu comme un préparateur mental.
21:26Des fois, je suis un peu dans le doute et il va m'appeler
21:29et puis je vais dire, OK, c'est bon, là, ça va bien se passer.
21:31C'est sûr, ça va marcher.
21:32J'aimerais bien qu'on remonte la photo de toi toute petite avec ton papa,
21:35s'il vous plaît, monsieur le réalisateur.
21:38J'aimerais te poser une question. Tu as des frères et sœurs ?
21:40J'ai un demi-frère.
21:42Parce que papa, on sent qu'il est bien, bien, bien, bien, bien, bien, bien présent.
21:46Oui, oui, tout le temps.
21:48C'est cette photo-là.
21:50Je la trouve magique, quoi.
21:52Là, tu as quel âge ? C'est tes premières courses ?
21:54Oui, là, je devais avoir huit ans.
21:57Et puis, il y a ce déclic, tu dis, peut-être en 2022,
22:00puis il y a l'année 2023,
22:02où tu réalises ta meilleure performance au Marathon de Paris, 2h32.
22:07Première Française, première Française au Marathon de Paris.
22:11Ça parle, ça pèse, ça claque, ça résonne,
22:15ça amplifie, ça déforme,
22:18voire même, ça doit foutre la trouille à d'autres.
22:20Je ne sais pas si ça fait peur à d'autres,
22:22mais en tout cas, c'est sûr que j'en suis fière.
22:252h32, 17 km heure au Marathon de Paris.
22:29C'est vrai que je suis très contente de ça.
22:31L'objectif, c'était toujours de faire un...
22:33Enfin, j'aurais aimé...
22:34La fourchette, c'était entre 2h30 et 2h32,
22:36mais 2h32, au vu du parcours, des conditions, de la forme, etc.,
22:40je suis plus que contente, quoi.
22:43Moi, j'ai envie de te parler de 2024, des Jeux de Paris.
22:46Il y aura combien de Françaises au départ ?
22:49Alors, ça dépend.
22:50Après, des minimas aussi, normalement, ils prennent trois Françaises.
22:54Et les minimas sont à ?
22:552h26,30 ou 2h26,50.
22:58Donc, tu es à 5 minutes 30 secondes ?
23:00Je suis à 5 minutes, oui.
23:025 minutes 30, quand on court déjà à 17 km heure,
23:04ça fait une hausse de vitesse de combien ?
23:06C'est énorme.
23:07Il faudrait faire 2h26.
23:09Je pense qu'on n'est pas loin du 18 km heure.
23:1217 fois.
23:1317 quelque chose, oui.
23:14Donc, oui, c'est énorme.
23:15C'est inatteignable ?
23:17Je ne sais pas...
23:18Je demande ça à la fille, Salim,
23:19qui vient de nous prouver que rien n'est inatteignable.
23:22Tu veux qu'on appelle ton père ? On va appeler un ami.
23:24Allô, papa ?
23:26Je ne pense pas que ce soit atteignable pour 2024.
23:30À long terme, j'aimerais que ce soit quelque chose de possible.
23:33Ah.
23:34Donc, voilà, je n'ai pas dit mon dernier mot, c'est sûr.
23:37Attends, c'est quoi l'âge moyen ?
23:39L'âge à partir duquel on commence à décliner ?
23:42Tu n'as que 32 ans.
23:43Oui.
23:44Sur Marathon, il n'y a pas vraiment de moyenne,
23:46parce que quand on regarde les Kenyans, ils performent très jeunes.
23:49Ils ont entre 18 et 20 ans.
23:50Mais bon, après, ce n'est pas la même ville non plus.
23:52Je pense que sur Marathon,
23:55l'âge d'or, entre guillemets,
23:57c'est vraiment entre, je dirais, 26 et 36 ans.
24:00Hum.
24:02Donc, t'as Paris, puis t'as Los Angeles.
24:04Qui sait ?
24:05Tu parles anglais ?
24:06Non, mais je vais m'y mettre.
24:08Bonne réponse.
24:09J'ai besoin de comprendre, ta vie, c'est quoi ?
24:11Tu t'entraînes quand ? T'as ton boulot ?
24:13Là, par exemple, t'as travaillé la nuit dernière.
24:15Donc, de quelle heure à quelle heure ?
24:16Je travaille de 21h à 7h du matin.
24:19God.
24:20Là, l'été, j'essaie d'aller au travail en vélo.
24:22Ça me fait une petite demi-heure de vélo, donc c'est cool.
24:25Aller-retour ?
24:26Aller-retour, oui. Enfin, une demi-heure allée.
24:28Donc, une heure en tout.
24:29Quand je rentre chez moi, ce que je fais en général,
24:33c'est que je promène mon chien,
24:34parce que j'ai quand même ma petite vie perso aussi à côté.
24:37Et je dors jusqu'à les 14h.
24:41Donc, 8h-14h ?
24:429h-14h, ouais.
24:43Plutôt 9h-14h.
24:45Et ensuite, vers 16h, je vais m'entraîner,
24:46jusqu'à 18h, et puis je me prépare.
24:49Donc, 16-18, c'est quoi ? C'est des kilomètres ?
24:51Ça dépend de ce que je prépare.
24:52Si je fais du marathon, ça va être un peu plus long.
24:54Si c'est du 10km, ça va être un peu plus rapide.
24:57Ça dépend vraiment des préparations.
24:58Salut.
24:59C'est assez incroyable comme vie.
25:01On a l'impression que tu t'arrêtes jamais.
25:03Je m'arrête jamais.
25:05Je m'arrête jamais, mais après...
25:06Même à l'envie.
25:07Ouais, je pense que j'aime ça aussi.
25:08Des fois, je dis que je suis fatiguée,
25:10mais je suis toujours en train de rajouter mille choses.
25:12Donc, au final, je pense que je suis un peu à demi la leur.
25:14Ouais, enfin, en même temps, t'as que 32 ans.
25:18C'est ça.
25:19Ouais, ouais, ouais.
25:20C'est ça, c'est un boulot, il faut s'accrocher.
25:22Il faut s'accrocher.
25:23Ouais, ouais.
25:24Mais ton objectif, c'est quoi ?
25:25Dans le sport ?
25:27En général.
25:29Bah, ouais, déjà, prendre du plaisir tout le temps.
25:31Parce que c'est primordial, vraiment.
25:34Il n'y a pas d'autres solutions possibles, en fait.
25:36C'est pas envisageable.
25:38Et puis, toujours continuer à progresser si c'est possible.
25:43Et même s'il y a un jour, forcément, je pourrais plus progresser
25:46parce que ce sera la vie, ou si, ou ça, ou peu importe les raisons,
25:49eh bien, c'est pas grave.
25:50J'aurai profité au maximum, j'aurai fait ce que j'avais à faire,
25:52et puis aucun regret, quoi.
25:54La maladie, c'est oublié, c'est dans un coin de ta tête,
25:58c'est passé, c'est quoi ?
26:00Alors, la maladie, c'est oublié.
26:02Après, c'est quelque chose que je vis bien.
26:04Je pense que l'entourage fait aussi que c'est quelque chose
26:06que j'ai très, très bien vécu.
26:07Même aujourd'hui, moi, j'ai pas de complexe
26:09sur le fait d'avoir des cicatrices, de ne pas avoir de poitrine et tout.
26:12Et je pense que le sport, ça aide aussi,
26:13parce que quand on fait du sport, étant une femme,
26:16on met toujours des brassières un peu serrées,
26:17des choses, voilà, on n'a pas envie d'être gênée.
26:21Donc, c'est quelque chose que je vis très bien.
26:23Et ensuite, la maladie, bah oui, elle est oubliée,
26:25mais elle reste quand même dans un coin de ma tête
26:27parce que je me dis, c'est arrivé à 24 ans, ça peut aussi revenir.
26:30Mais...
26:31Il n'y a pas d'appréhension.
26:32Il n'y a pas d'appréhension, parce que je me dis
26:36que je l'ai battue une fois et que si jamais...
26:38T'as eu un défi psychologique, j'imagine, aussi ?
26:39Non, j'ai pas eu de défi psychologique.
26:41Je pense que le sport a fait toute ma thérapie.
26:44Mais si ça devait revenir un jour,
26:47ce qui est toujours, évidemment, possible,
26:50eh ben, je me battrais de la même façon.
26:51Oui, puis de toute façon, pardon, Salim, mais on meurt tous un jour.
26:54Exactement.
26:55Et autant que ce soit dans 60 ans pour toi, voire plus.
26:58C'est ça.
26:59Et que d'ici là, t'es fait 2h26 et ainsi de suite.
27:01Eh ben, on croise les doigts, ouais.
27:02Cette femme est exceptionnelle. Merci, Anaïs.
27:04Merci beaucoup.
27:04Vraiment, du fond du cœur, bravo.
27:06Merci.
27:06Très inspirante.
27:08Tu veux lui dire un petit dernier mot ?
27:09Écoute, on va suivre avec application
27:12tes aventures, tes prochains objectifs.
27:14Et bravo, et j'ai même envie de te dire merci
27:16pour le message que tu propages relativement à la santé.
27:19C'est formidable et on n'entend peut-être pas assez.
27:21Merci beaucoup.
27:22Ça me plaît. Merci, Anaïs. Tu reviens quand tu veux.
27:24Merci à vous pour votre fidélité.
27:26Puis à très bientôt, parce que...
27:28Hein ? Elle a mis la barre très haut, Anaïs.
27:34Sous-titrage ST' 501