La Victoire est en Elles - Camille "Kami" Regneault

  • il y a 2 mois
Cette semaine, Alexandre Delpérier et Salim Ejnaïni reçoivent la danseuse Camille Regneault. Spécialiste du breakdance, on la surnomme "Kami". A 36 ans, elle est triple championne de France et championne du monde. Elle vise désormais les jeux olympiques de Paris en 2024.

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00:00...
00:18-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:21soyez les bienvenus dans votre rendez-vous.
00:23Bienvenue dans la victoire éternelle avec notre amie Salim.
00:27Aujourd'hui, nous accueillons une femme exceptionnelle,
00:30le directeur du breakdance français, Camille Rognot, alias Camille.
00:34A 36 ans, la Française vise les JO de Paris en 2024,
00:38après avoir déjà réalisé une carrière exceptionnelle.
00:41Bonjour, Camille.
00:43On est ravis de t'accueillir avec l'amie Salim.
00:45Bonjour, Camille. Bienvenue.
00:47Tu es venue avec ta mascotte ?
00:49On a un deuxième invité sur le plateau.
00:51Il semblerait que ce soit important.
00:53Tu as insisté pour... Elle te porte chance ?
00:55Oui, bien sûr, c'est ma mascotte.
00:57Je l'ai avec moi depuis presque toujours.
01:00Depuis que je fais des battles, je l'emporte toujours avec moi.
01:04Camille, tu as 36 ans, tu es trois fois championne de France,
01:07championne du World Championship Breakdance Unbreakable 2018,
01:12vice-championne du monde Battle of the Year 2016.
01:15On est ravis de t'accueillir, on veut comprendre ce parcours,
01:18comment t'en es arrivé là, les échéances à venir.
01:21Est-ce que tu te considères,
01:23moi, oui, avec beaucoup de respect, je sais que Salim aussi,
01:26comme une sportive de haut niveau ?
01:28Oui, bien sûr, parce que je m'entraîne comme une sportive de haut niveau.
01:32Je m'entraîne énormément, je fais de la préparation physique,
01:36des étirements, et je m'entraîne sur ma discipline.
01:39Donc, j'ai vraiment une routine de sportive de haut niveau.
01:42Après, je me considère aussi comme une artiste,
01:45parce que pour moi, le break, c'est vraiment de l'art.
01:48Salim.
01:49C'est une discipline qu'on découvre, ce qui fait son apparition.
01:53C'est tout jeune, notamment dans l'histoire des JO.
01:56Il y a pas mal de choses qui font que le grand public va découvrir la discipline.
02:00Si tu devais la résumer en quelques mots, comment tu décrirais le break ?
02:04Le break, c'est une danse qui fait partie de la culture hip-hop.
02:08Sa particularité, c'est qu'elle se danse au sol.
02:10C'est vraiment la seule danse de la culture hip-hop qui se danse au sol.
02:14Ça, c'est vraiment une particularité importante.
02:17Ce qui est très important aussi dans le break,
02:20c'est d'avoir sa propre personnalité
02:22et de se servir de ses forces, de sa personnalité,
02:26pour créer son propre style.
02:27C'est très important et quelque chose que j'ai aimé dans la discipline.
02:31Les images sont exceptionnelles. Oui, sportive de très haut niveau.
02:35Ton nom, Camille, ça vient d'où ?
02:37Camille, c'est parce que je regarde beaucoup de mangas.
02:40En fait, mon prénom, c'est Camille. C'est très proche de Camille.
02:44Quand je donnais des cours, les élèves m'appelaient Camille Sama.
02:48Je suis restée là-dessus.
02:52On va essayer de comprendre comment t'en es arrivée là.
02:54Toi, t'es originaire du nord de la France, de Picardie.
02:58Petite, t'es fan de hip-hop, de musique, de danse, comment ça se passe ?
03:02Alors, en fait, j'ai découvert la culture hip-hop d'abord par la musique
03:06parce que j'écoutais beaucoup de rap.
03:08Et j'ai voulu... Par ce biais, j'ai connu tout le reste.
03:11J'ai connu la danse, le graphe, le DJing, etc.
03:14Et j'ai vu le break sur un reportage à la télé.
03:19Je crois que c'était sur Arte.
03:21Et tout de suite, ça a été coup de foudre.
03:23J'ai vraiment adoré parce que j'avais fait de la gym
03:25quand j'étais plus petite.
03:27Et donc, j'aimais tout ce qui était figure impressionnante,
03:30faire des choses qui semblent impossibles.
03:32C'est le champ du possible. C'est l'ouverture qui t'intéresse.
03:34Exactement. Ça m'intéressait.
03:36Et il y avait ce truc, comme j'expliquais,
03:38de devoir avoir sa propre personnalité, ses propres mouvements, son identité,
03:43qui fait qu'il ne faut pas être comme les autres.
03:46Il faut se servir de ce qu'on a pour être différent.
03:49Et c'est quelque chose que vraiment j'ai adoré.
03:51Et alors, au début, malheureusement, je n'ai pas pu faire du break
03:54parce que là où j'habitais, il n'y avait personne qui faisait du break.
03:57Mais vraiment personne.
03:59Donc, j'ai essayé d'apprendre un peu toute seule.
04:00J'apprenais justement avec la vidéo.
04:03Mais il faut savoir qu'à cette époque, il n'y avait pas YouTube,
04:05il n'y avait pas Internet.
04:06C'était il y a combien d'années pour qu'on comprenne ?
04:07J'avais 14 ans.
04:10C'était...
04:11Il y a 22 ans.
04:12Oui, voilà. C'était il y a longtemps.
04:14Oui, les années 2000, il n'y avait pas tout ça.
04:16Oui, il n'y avait pas tout ça.
04:17Et du coup, j'avais une cassette vidéo
04:19où dans le fond, on voyait des gens breaker.
04:21Donc, je mettais pause, j'essayais de refaire les mouvements.
04:23C'était super compliqué.
04:24Et en fait, au fur et à mesure du temps,
04:25j'ai rencontré des gens qui faisaient de la danse hip-hop,
04:27mais c'était que de la danse debout.
04:28Donc, finalement, j'ai commencé par le popping,
04:30qui est une autre discipline de la danse hip-hop.
04:32Je suis devenue danseuse professionnelle en tant que popeuse à peu près en 2008.
04:37Et en fait, en étant danseuse professionnelle,
04:40je suis rentrée dans une compagnie de danse
04:42et dans cette compagnie, il y avait un breaker.
04:45Et là, quand je l'ai vu, j'ai dit,
04:46je suis dégoûtée, c'était vraiment ça que je voulais faire.
04:49C'était mon rêve, c'était de faire du break.
04:51Et à l'époque, j'avais à peu près 23 ans.
04:53Donc, je me disais, c'est mort, c'est trop tard.
04:55Je suis trop vieille.
04:56En plus, venant de la gym, je me suis dit,
04:58les carrières, les trucs difficiles, à 18 ans, c'est fini.
05:02Donc, voilà.
05:03Et finalement, le spectacle avec lequel j'étais avec lui dans le spectacle,
05:06et ce spectacle-là, il a tourné énormément pendant presque 8, 9 ans.
05:11On a fait le tour du monde, etc.
05:13Et en fait, à force d'être toujours avec lui,
05:15au bout d'un moment, je me suis dit, bon, à 26 ans,
05:17je me suis dit, vas-y, tu te prends un an,
05:20c'était ton rêve de faire du break, t'essayes et ça ne va rien te coûter.
05:24Donc, à 26 ans, pendant un an, j'ai tout arrêté le reste.
05:27J'ai fait que du break.
05:28Je me suis entraînée, entraînée, entraînée, entraînée.
05:30Et l'année d'après, j'ai commencé les battles.
05:33Et à la fin de cette année, en 2013, j'ai été championne de France.
05:37Donc...
05:38Je pense que ça va te plaire, Salim.
05:40Ah oui.
05:41Caractère obstiné, têtu,
05:43allé relever des défis.
05:45Un an, t'arrêtes tout, tu ne fais que ça, effectivement.
05:47La révélation, c'est de dire à quel point ça t'a plu.
05:50Oui, en fait, c'était vraiment...
05:52C'était mon rêve, quand j'étais petite, vraiment, de faire du break.
05:55Et là, je savais que j'avais 26 ans,
05:56je n'avais pas beaucoup de marge de manœuvre.
05:59Donc, je me suis dit, c'est soit j'y vais, je me le fais vraiment à fond,
06:02soit ça ne sert à rien.
06:03Donc, pendant un an, je n'ai fait que ça.
06:05Bien sûr, tout ce qui était professionnel, je continuais de le faire,
06:07tous mes spectacles, etc.
06:09Mais sinon, je n'ai fait que de m'entraîner en break.
06:11Et l'année d'après, quand j'ai été championne de France,
06:15pour moi, c'était fou.
06:17Parce que ça m'a vraiment montré que tout est possible.
06:20Parce que c'est souvent des choses qu'on se dit,
06:22oui, tout est possible, il faut croire en ses rêves, blabla.
06:25Puis, on se dit un peu que c'est des blablas comme ça,
06:26mais de le vivre, en fait...
06:28Quand le résultat arrive, c'est la même chose.
06:30Tu te dis que c'est vrai, en fait, quand tu crois vraiment en toi,
06:32quand t'as confiance, quand tu fais les choses avec amour,
06:35ça marche vraiment.
06:36Et ce titre de championne de France a tout changé ?
06:38En fait, ça m'a prouvé que j'avais fait le bon choix.
06:43Et donc, forcément, j'ai continué dans cette lignée.
06:46Tu as découvert la compète avec le break
06:48ou tu en avais déjà fait, je ne sais pas, via le popping, via la gym ?
06:51Via la gym, j'en ai déjà fait.
06:52Parce que j'étais en gym de haut niveau,
06:55j'étais en sport d'études,
06:56donc je connaissais vraiment la compétition via la gym.
06:59Est-ce que c'est, tu dirais, la même chose, similaire, voisin,
07:03ou complètement différent de faire de la compète en break et en gym ?
07:07Alors, il y a des similitudes, forcément,
07:09parce que ça reste de la compétition,
07:11donc il y a une préparation, il y a un stress qui est assez commun.
07:14Mais c'est aussi très différent parce que, quand j'étais en gym,
07:18j'étais très jeune, il fallait réussir.
07:22Enfin, il y avait vraiment une pression sur moi qui était forte,
07:26alors que le break, c'est vraiment un choix qui vient de moi.
07:32J'aime vraiment le break.
07:34Tu veux dire, tu parles de l'aspect artistique,
07:36de la création, au-delà de la performance sportive ?
07:39Parce qu'évidemment, on se rend compte qu'il y a une performance
07:41qui est conditionnelle, on voit les photos.
07:43En fait, il y a vraiment une marge beaucoup plus grande dans le break
07:46parce qu'il y a une part de freestyle dans les compétitions,
07:50dans les battles, parce que déjà, on ne connaît pas la musique qui va se jouer.
07:53C'est le DJ qui choisit la musique sur le moment donné,
07:57donc on ne peut pas préparer à l'avance sur la musique.
07:59Mais tu connais malgré tout déjà cette musique ?
08:02Des fois, oui, des fois, non.
08:04Ça veut dire que parfois, tu ne sais même pas le son qui va arriver,
08:06ni le rythme qui va arriver trois secondes après ?
08:08Le rythme, oui, quand même,
08:09parce que ça reste toujours à peu près le même rythme.
08:12Mais la musique, non, je peux très bien ne pas la connaître.
08:15Donc ça, c'est un aspect qui arrive là sur le moment.
08:19Pareil pour les adversaires, on ne sait pas…
08:21L'adaptabilité.
08:22Voilà, il faut s'adapter selon l'adversaire.
08:24C'est quelque chose qui est important dans le break,
08:26dans les compétitions, dans les battles de break,
08:28de s'adapter à ce que fait l'adversaire.
08:29C'est-à-dire, si l'adversaire fait un mouvement,
08:31toi, tu sais que tu as ce mouvement-là,
08:33mais tu as mis une petite variante dedans
08:36qui fait qu'il est un peu au-dessus.
08:38Ça veut dire qu'on ne sort pas mort ?
08:39C'est le moment de le sortir, oui.
08:40Et il y a combien de temps entre chacune des prestations ?
08:42C'est du direct, on passe, on fait notre passage,
08:45ça dure à peu près 45 secondes, une minute,
08:47et après, l'autre personne passe direct.
08:49Donc inversement, si quelqu'un fait un geste et tu dis « waouh »,
08:52toi, tu passes 40 secondes après, il va falloir que tu l'intègres.
08:55Exactement.
08:55Donc ça, il faut réfléchir très, très vite.
08:58Et sur la musique, parce que même la musique, il faut l'écouter,
09:01il faut l'écouter quelques secondes avant de passer.
09:03Si on ne la connaît pas, il faut essayer de comprendre
09:05quand est-ce qu'il y a des accents musicaux, etc.
09:07Même pendant qu'on danse, on la découvre,
09:10donc on se dit « ah ouais, là, il faut taper la musique », etc.
09:12Donc ça demande vraiment une concentration
09:15et vraiment bien s'adapter au moment donné.
09:19Tu as une préférence, toi, pour passer en première ou en deuxième ?
09:22Souvent, je passe en première.
09:23OK. Pourquoi ?
09:26Parce que les gens n'aiment pas trop commencer.
09:28Donc tu te dévoues et tu dis « c'est bon, je… »
09:30Ça attend trois heures et moi, je commence pour montrer
09:33« moi, il n'y a pas de problème, je peux commencer, je suis prête,
09:36je suis là, je suis rédite. »
09:37C'est un moyen de mettre la…
09:38On a fait une stratégie, oui.
09:39Oui, voilà.
09:40C'est un moyen de mettre la pression sur les autres aussi ?
09:43Parfois, oui, parce que comme les gens ont tendance à ne pas vouloir commencer,
09:47si toi, tu commences, tu montres que tu n'as pas peur,
09:49que tu es prêt, ça peut mettre une petite pression.
09:53Et en plus, si tu fais un très bon passage…
09:55Ben oui.
09:56Devenir championne du monde, ça a changé quelque chose ?
10:00Pour moi, oui, c'était vraiment important.
10:04C'était vraiment un objectif que j'avais.
10:06Et quand j'ai gagné le championnat du monde à l'Unbreakable, c'était vraiment…
10:09Et sachant d'où tu venais, ça a rendu le truc encore plus incroyable ?
10:12Oui, pour moi, oui.
10:14Parce qu'après, tout le monde ne connaît pas forcément mon histoire,
10:18mais pour moi, ça me prouve que tout est possible, encore une fois.
10:22Salim.
10:24Ça va t'amener où, tout ça ?
10:25Quelle histoire tu peux construire avec le break ?
10:28Combien de temps est-ce que tu peux breaker ?
10:32J'ai tendance à dire toute ma vie.
10:36C'est comme les grands maîtres d'art martiaux,
10:38ils continuent toute leur vie à breaker.
10:41Moi, je pense que j'aimerais breaker toute ma vie,
10:43même si ce n'est peut-être pas comme maintenant, mais continuer en fait.
10:47Et puis à côté, je suis aussi chorégraphe de ma compagnie de danse qui s'appelle Ye Yellow.
10:53Donc ça, c'est aussi pour moi un biais de continuer à vivre de la danse
10:57et continuer à faire vivre le break parce que j'utilise principalement le break.
11:00Oui, c'est ce que t'es entrepreneur aussi.
11:01Exactement.
11:03J'utilise principalement le break dans mes créations.
11:06Donc ça, c'est un aspect super important.
11:08Et j'aime aussi donner de plus en plus de cours
11:13ou même préparer des personnes qui veulent faire du break.
11:16Tu sens l'engouement des gens depuis l'apparition au JO,
11:20l'annonce de tout ça, la préparation.
11:22Tu sens l'engouement autour du break ?
11:24On rappelle donc qu'il y aura du break dance au JO à Paris.
11:27Oui.
11:28Et on parlera de toi après.
11:29Vas-y.
11:30Oui, je sens l'engouement parce que les gens s'intéressent de plus en plus au break.
11:35Et puis on l'a vu aussi avec la vente des places pour le break.
11:39C'est parti direct.
11:40Ce sera où à Paris ?
11:42Place de la Concorde.
11:43Waouh !
11:44Ça claque.
11:45Alors bon, maintenant, il va falloir se qualifier.
11:47Oui.
11:49Comment ça va se passer ?
11:50Je sais qu'il y a eu une blessure qui a fait que ça a décalé
11:52ta possibilité de te qualifier et que ça va être compliqué malgré tout.
11:56C'est quoi les étapes ? Explique-nous le cheminement.
11:58Alors, il y a plusieurs battles qualificatifs, donc plusieurs compétitions.
12:02Il y en aura jusqu'à juin 2024.
12:06Donc c'est vraiment très proche de l'échéance.
12:08Quand tu dis plusieurs, là, pendant un an, il va y en avoir combien ?
12:12Il y en a bien une dizaine.
12:14Et toi, tu peux participer à combien ?
12:16Pour l'instant, j'en ai deux sur lesquelles je peux participer, sûr.
12:20Et après, au fur et à mesure...
12:22En fait, c'est au fur et à mesure des points qu'on accumule en compétition
12:24que ça continue.
12:26Si tu performes, tu continues de...
12:28Tout à fait.
12:29Et donc, il y a plusieurs compétitions
12:32et on prend les quatre meilleurs résultats
12:34de toutes les compétitions auxquelles on a participé,
12:37ce qui donne un classement mondial.
12:39Et c'est uniquement le top 16 mondial qui participera aux Jeux olympiques.
12:44Aujourd'hui, il y en a qui sont déjà qualifiés ?
12:47Non, il n'y a personne qui est déjà qualifié.
12:49Mais bientôt, il y aura des compétitions
12:51qui seront qualificatives directes.
12:53Il y a les championnats d'Europe et les championnats du monde.
12:56La personne qui gagne les championnats d'Europe
12:58part directement jouer à la Ligue.
12:59Attends, je vais te la poser autour.
13:01Si tu es championne d'Europe, tu es aux JO ?
13:03Oui.
13:04C'est quand, le championnat d'Europe ?
13:05C'est là, en juin...
13:08Fin juin.
13:10OK, t'es prête ?
13:11Et les championnats du monde...
13:13Rémi, tu vas trop vite. T'es prête ?
13:14Je ne peux pas participer à ce championnat d'Europe
13:16parce que je n'ai pas pu faire la qualif...
13:18À cause de ta blessure ?
13:20Exactement.
13:21Mais il te reste les mondiaux.
13:22Au poignet, voilà.
13:24Et les mondiaux, c'est quand ?
13:25En octobre.
13:26Et là, tu vises ce ticket d'or ?
13:28J'espère, oui.
13:32Aujourd'hui, tu t'imagines
13:36à quel niveau de performance par rapport aux autres ?
13:38Qu'est-ce que tu sais des autres concurrentes ?
13:40Comment t'évalues tes chances d'être championne du monde ?
13:43Après, il y aura d'autres, on l'a compris,
13:45il y a d'autres échéances, malgré tout, jusqu'à juin 2024.
13:48Alors, franchement, le niveau, là,
13:50depuis qu'il y a les JO, a quand même augmenté.
13:55Notamment, il y a certaines nations qui n'étaient pas trop présentes
13:59avant dans le break et qui, là, sont au max du max.
14:01Par exemple, il y a une chinoise qui est extrêmement forte,
14:06alors qu'il n'y avait pas beaucoup de Chinois avant dans le break.
14:09À quel âge ?
14:10Elle a 16 ans.
14:12Eh oui.
14:13Il y a toute une nouvelle génération, là, de jeunes,
14:16entre 16 et 17 ans, qui sont vraiment fortes.
14:20Et moi, je pense que j'ai mes chances.
14:24De toute façon, on ne peut jamais aller à un battle
14:27ou quelque part en se disant que c'est perdu d'avance,
14:29sinon, ça n'a aucun intérêt.
14:31Donc, demander à un compétiteur,
14:34est-ce que tu as tes chances, c'est spécial,
14:37parce qu'il va toujours vous répondre,
14:38oui, bien sûr, j'ai mes chances.
14:40Donc...
14:42On voit une photo, là, derrière toi,
14:44que je trouve assez exceptionnelle.
14:46Je l'apprends.
14:47On sent de la puissance, de la force, de la souplesse,
14:49de la dextérité, de la maîtrise.
14:51Comment tu classes tous ces différents mots que je mets, là ?
14:57C'est à dire ?
14:58Qu'est-ce qui est...
14:59Enfin, alors, tout est important, évidemment,
15:02mais jusqu'où...
15:03Qu'est-ce qui est le plus important ?
15:04Ouais.
15:05Alors, pour moi, le plus important dans le break,
15:09c'est la créativité,
15:10parce que ça, ça ouvre énormément de portes.
15:13Ensuite, bien sûr,
15:14la condition physique, c'est très important,
15:18puisqu'il faut quand même...
15:20Oui, plus elle est là, plus ta créativité peut être poussée.
15:22Tout à fait. C'est exactement ça.
15:23Pour moi, les trois choses complémentaires,
15:25c'est la créativité, la force physique et la souplesse,
15:28parce que la souplesse et la force physique,
15:31ça permet d'aller encore plus loin dans la créativité
15:33et de réaliser toutes les idées que t'as dans la tête, en fait.
15:36Ton corps a la capacité de le faire.
15:38Ça veut dire, quand je vois ça, ton corps est ton jouet ?
15:41Mon jouet ?
15:43Oui.
15:44Je t'explique, elle est sur un bras, posée sur un coude,
15:47avec un grand écart en haut,
15:49et elle te regarde à côté de Pikachu.
15:52Tu vois ce que je veux dire ?
15:53Ouais.
15:54Moi, j'aimerais bien faire ça, mais bon,
15:55je ne suis pas sûr, un, de tenir sur un bras,
15:57et je suis certain que ce ne sera pas le grand écart derrière.
16:00Je suis déjà content quand j'ai un Einstein de classique,
16:02alors effectivement, je ne l'ai pas non plus.
16:05Mais ce champ du possible dans la créativité,
16:08il y a une barrière, c'est les limites de ton corps.
16:11Exactement.
16:12C'est pour ça qu'il faut pousser les limites de son corps au maximum
16:14pour avoir aucune barrière.
16:16L'entraînement, c'est quoi et comment, du coup ?
16:19L'entraînement, le matin, je fais de la prépa physique,
16:22donc musculation, classique.
16:24Ensuite, je fais des étirements.
16:26Parce qu'être trop musclée, ça peut être une limite aussi.
16:30Non, enfin, si on le fait correctement,
16:33moi, je fais de la musculation qui est vraiment en rapport
16:35avec ma discipline pour augmenter en force,
16:38pour ne pas augmenter en masse, par exemple.
16:39C'est ça, c'est du fonctionnel.
16:40Voilà, c'est vraiment du fonctionnel.
16:43Étirement aussi, c'est très important justement
16:45parce que je fais de la musculation,
16:47de continuer à m'étirer pour ne pas être raide, etc.
16:50Et puis l'après-midi, je m'entraîne là vraiment sur ma discipline
16:53entre deux et trois heures.
16:56Ça veut dire qu'on a cinq heures d'entraînement quotidien.
16:57Oui, à peu près.
17:01Et alors, j'ai quand même un rythme
17:04qui est de deux jours d'entraînement, un jour de repos,
17:06deux jours d'entraînement, un jour de repos.
17:08C'est le meilleur rythme que j'ai trouvé parce que…
17:10En fait, je suis quelqu'un qui aime vraiment beaucoup m'entraîner.
17:12J'aime bien la compétition, mais j'adore aussi m'entraîner.
17:15C'est vraiment quelque chose que j'aime faire.
17:17Je ne m'entraîne pas que pour gagner des battles ou autre chose comme ça.
17:20Je m'entraîne vraiment parce que j'aime ça.
17:22Et du coup, j'avais tendance parfois à trop m'entraîner
17:25et j'ai eu pas mal de blessures.
17:27Et c'est le rythme que j'ai trouvé pour éviter le maximum de blessures,
17:31d'avoir un jour de récupération après deux jours d'entraînement.
17:34Les blessures classiques, c'est quoi ?
17:36Pour moi, c'est beaucoup tendinite, c'est beaucoup aux épaules et aux cous.
17:41C'est vraiment les blessures que j'ai le plus régulièrement.
17:44Comment tu repousses les limites de ton corps, justement,
17:47sans aller dans le surentraînement ?
17:49C'est hyper…
17:50Ça, c'est dur. Surtout, pour moi, c'est vraiment ma faiblesse.
17:53Ça, c'est vraiment ma faiblesse.
17:55Et les blessures, c'est ma faiblesse parce qu'en plus,
17:57je déteste être blessée, je le vis très mal.
18:00Tu n'es pas une bonne patiente.
18:01Elle doit être sympa.
18:03Elle doit être sympa à vivre quand elle est blessée.
18:06Je le vis très mal.
18:07Mais au fur et à mesure du temps, j'ai quand même appris
18:09de mieux en mieux le gérer et à faire…
18:11Pendant que je suis blessée, à certains endroits,
18:13je travaille d'autres choses ou même je fais des entraînements
18:17dans ma tête, entraînement mental.
18:20Je réfléchis sur les nouveaux mouvements que je voudrais créer
18:23ou même je regarde les vidéos de mes entraînements
18:25pour regarder ce qui est bien, ce qui n'est pas bien,
18:27ce qui a amélioré, etc.
18:28Donc, j'essaie d'optimiser le temps quand même.
18:30La nutrition ?
18:32La nutrition, moi, j'ai des choses un peu particulières.
18:38Je ne mange pas de viande.
18:40Je ne mange pas de viande.
18:41Il y a plein de sportifs de très haut niveau qui gagnent.
18:43Ça se voit de plus en plus.
18:44Pas de viande, pas de produits laitiers.
18:46Ça, c'est parce qu'en fait…
18:49C'est un frein ?
18:50Non, pas du tout.
18:52J'ai même fait ça par rapport à mes blessures
18:55et aussi parce que j'ai de l'endométriose.
18:58Et en fait, depuis que j'ai arrêté de manger de la viande,
19:02je n'ai plus du tout de problème par rapport à l'endométriose.
19:04C'est le truc que j'ai trouvé.
19:06Vraiment, je n'ai plus rien du tout, rien du tout.
19:08Tu n'as pas senti dans tes performances un…
19:11Non, au contraire.
19:12Au contraire, je me sens vraiment mieux.
19:15Et alors, la question que tout le monde va te poser,
19:17où est-ce que tu trouves tes sources de protéines ?
19:20Il y en a plein d'autres.
19:22Déjà, je mange toujours des œufs.
19:24Je mange toujours du poisson.
19:27Je prends des protéines végétales,
19:31du soja, tofu, etc.
19:34Légumineuses.
19:35Voilà. C'est important à dire.
19:37C'est que les sources de protéines, pas que la viande.
19:40Exactement.
19:42Comment tu arrives à équilibrer l'aspect entrepreneur,
19:45ta troupe, tes performances perso,
19:48l'obsession ou pas de la Calif pour Paris 2024 ?
19:52Alors, là, forcément, c'est vrai que j'ai mis
19:54un peu plus de côté ma compagnie de danse.
19:57Donc, je continue à faire les spectacles qui sont programmés
20:00ou quand on me demande, mais je ne fais pas.
20:02Moi, je n'ai pas fait de nouveaux spectacles cette année.
20:04Je n'ai pas créé de nouveaux spectacles.
20:06Et je ne cherche pas à faire mon spectacle
20:09à différents endroits.
20:12C'est plutôt mon contact.
20:13Et dans ce cas-là, oui, bien sûr, je le fais.
20:15Et puis, il y a aussi la personne que je vous ai dit
20:18avec qui j'ai commencé le break, qui était dans la compagnie,
20:22qui est maintenant mon partenaire.
20:23C'est avec lui que j'ai créé la compagnie,
20:25qui s'appelle Bidi.
20:26C'est son nom de breaker. C'est un breaker aussi.
20:28Et lui, il m'aide énormément sur le travail de la compagnie
20:33puisqu'on l'a créé tous les deux.
20:35Donc, lui, il continue à travailler dessus.
20:38Et il m'aide aussi énormément dans ma préparation.
20:41Il te soulage pour que tu puisses...
20:42Oui, amour, vraiment.
20:43Tu es impliquée dans ta prépa perso pour les Calif.
20:44Tout à fait.
20:46Cette Calif, à quel point elle t'obsède ou pas ?
20:52Je ne peux pas dire qu'elle m'obsède
20:53parce que les Jeux olympiques,
20:58en fait, ce n'est pas quelque chose auquel je m'attendais
21:01puisqu'il faut savoir que ce n'est pas le break
21:04qui est venu vers le comité olympique.
21:05C'est vraiment le comité olympique qui est venu vers le break.
21:08Donc, ce n'est pas quelque chose que j'avais l'intention de faire.
21:12Oui, enfin bon, ce n'est pas rien.
21:13Mais bien sûr, ce n'est pas rien.
21:14Donc, en tant que compétitrice, quand j'ai su qu'il y avait les JO,
21:17je me suis dit, il faut que je tente l'expérience quand même.
21:20Donc, bien sûr, j'ai envie de le faire.
21:22Je me prépare pour.
21:24Mais il y a aussi énormément d'autres compétitions
21:27qui sont en dehors des JO, qui continuent d'exister
21:30et qui sont importantes pour moi et que je vise aussi.
21:32Donc, ce n'est pas mon seul objectif.
21:33C'est un de mes objectifs, bien sûr,
21:35mais ce n'est pas le seul, il y en a, j'en ai d'autres aussi.
21:37Merci. Tu n'oublieras pas Pikachu.
21:42Bravo. Et on espère, et on va continuer de te suivre,
21:44on espère te voir à Paris,
21:45mais aussi un petit peu partout dans le monde.
21:47Oui, merci.
21:48Merci à toi. Très fort les deux. Bravo pour ton parcours.
21:51Merci à toi. Merci, Salim.
21:52Merci à vous pour votre fidélité.
21:53Puis à très bientôt sur Sport Enfant. Salut.

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