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Pour cette nouvelle saison de La victoire est en elles, Alexandre Delpérier reçoit Camille Jedrzejewski, vice-championne olympique au tir au pistolet 25m cet été, lors des JO de Paris 2024. L'occasion également de revenir sur l'une des pionnières de la discipline, Nino Salukvadze, dans "Sacrée championne", la nouvelle chronique de Julie Caron pour Auféminin.

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Sport
Transcription
00:00Générique
00:18Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport,
00:20soyez les bienvenus dans votre rendez-vous dédié aux femmes dans le sport.
00:23Une championne, une championne exceptionnelle,
00:26une championne qui arrive avec une médaille autour du cou.
00:28Aujourd'hui, je suis ravi d'accueillir Camille Jodrojevski.
00:31Bonjour Camille.
00:32Bonjour, merci de m'accueillir.
00:34Camille, il faut que tu nous montres cette magnifique médaille d'argent olympique
00:37que tu as gagnée cet été à Paris.
00:39Ta distance de prédilection, alors tu es tireuse sportive
00:42et c'est une médaille que tu as décrochée au 25 mètres.
00:45Oui.
00:46Bravo, bravo, bravo, on est fiers de toi.
00:48Merci.
00:49Tu es une bombe d'énergie, de vitalité, d'envie, c'est magnifique.
00:54Je voudrais juste que tu me dises, on est combien de temps là ? Deux mois ?
00:57Deux mois et un peu plus, oui. Deux mois et quelques jours.
00:59Deux mois, est-ce que tu es toujours dans cette émotion exceptionnelle
01:03ou est-ce qu'aujourd'hui la vie a repris et puis bon, on avance ?
01:06Je crois que la vie reprend, mais tout doucement, ce n'est pas pareil.
01:09Mais oui, j'avance après, je suis encore dans les sollicitations,
01:13je suis encore dans l'après-jeu à 100% de mon temps.
01:16On va dire, je me lève le matin et j'y pense encore un petit peu
01:19ou on m'en parle beaucoup.
01:21Je n'ai pas fini de répondre aux sollicitations en général.
01:24Par contre, je pense que je suis bien redescendue, oui.
01:27Vice-championne olympique, on le dit et on le répétera.
01:29On va revenir sur ta carrière.
01:31Moi, j'aimerais comprendre comment on tombe amoureux de cette discipline,
01:34comment on découvre cette discipline ?
01:36J'ai eu la chance de découvrir cette épreuve avec ma grande sœur, Mathilde.
01:41Quand on était plus jeunes, on a pratiqué le sport au club de pentathlon moderne
01:46à Noyon, dans l'Oise.
01:48On avait une réelle habilité, presque un talent
01:53pour le tir au pistolet.
01:55Tout d'abord à 10 mètres, en étant plus jeune.
01:57On a pu atteindre les équipes de France assez tôt.
02:00J'étais à 14 ans en équipe de France de pistolet.
02:03Ensuite, j'ai choisi d'arrêter le pentathlon et de partir en sport-études
02:07tir au pistolet. Aujourd'hui, j'y suis toujours.
02:10Ça veut dire que très petite, tu as eu cette capacité et ce plaisir ?
02:15Oui, et surtout en compétition, je crois que ça s'est révélé.
02:18L'entraînement, après, j'étais douée.
02:20J'aimais bien parce que j'avais des bons résultats.
02:22Mais en plus de ça, j'aimais aller en compétition.
02:26Je trouvais que c'était un moment de...
02:29Il faut savoir qu'au tir, on ne bouge pas, mais on ressent beaucoup de choses.
02:33Réellement, en tant que tireuse...
02:35On ressent parce que c'est de la macrochirurgie.
02:38Voilà, c'est ça.
02:40Après, de derrière, on a l'impression qu'on ne bouge pas, etc.
02:44Mais il se passe réellement des choses en tirant.
02:46Je sais que j'étais particulièrement douée en compétition.
02:49Et je pense que c'est ça qui m'a fait choisir.
02:51C'est mental ?
02:52C'est mental.
02:53Après, il y a pas mal.
02:54Les épreuves sont assez longues.
02:56C'est une heure et demie quasiment au piso et 10 mètres.
02:59Il faut quand même tenir.
03:00Donc, il y a le côté mental, mais l'endurance mentale aussi.
03:03L'endurance technique.
03:04Et après, il faut aimer ça, vraiment être passionnée par ça.
03:07Je suis sûr qu'il y a plein de gens qui se posent une question.
03:09Est-ce qu'on a un apnée quand on tire ?
03:11Un petit peu sur la fin.
03:13Après, ce n'est pas la chose qui est la plus...
03:16La réelle qualité en tant que tireuse que j'ai eue rapidement,
03:20c'est que moi, je ne bougeais pas beaucoup.
03:22Du coup, ça m'a permis de rapidement développer des qualités,
03:25des habiletés techniques,
03:26de comprendre comment ça fonctionnait,
03:28de passer les étapes assez rapidement.
03:30Et après, je crois que j'ai aimé m'entraîner beaucoup.
03:32Parce qu'à un moment, il faut passer par du volume.
03:34Entre mes 16 et mes 18 ans, j'ai beaucoup tiré.
03:37Et aujourd'hui, j'ai encore des résultats grâce à ce travail.
03:41Si tu es forte mentalement et que tu aimes bosser...
03:43Voilà, c'est ça.
03:44On part mieux.
03:45Après, je suis accompagnée pour ça.
03:47On va en parler tout à l'heure.
03:48À 14 ans, tu intègres l'équipe de France 2 Tirs.
03:51À quel moment tu pars à Bordeaux, au Pôle France ?
03:53J'avais 15 ans, c'était en septembre 2017.
03:55C'est dur de quitter la famille, la sœur.
03:57Salut Noyon et bienvenue à Bordeaux.
03:59J'ai rejoint ma sœur.
04:00Ah, tu as rejoint ta sœur.
04:01Oui, donc je crois que j'ai...
04:02C'est plus dur pour elle d'y aller avant.
04:04Oui, elle a clairement ouvert la voie.
04:06Après, je suis reconnaissante déjà d'avoir eu ce parcours-là.
04:09C'est que mes parents m'ont toujours soutenue.
04:10J'ai quitté la maison, mais j'étais contente de découvrir un nouvel endroit.
04:14Attends, tu te souviens du jour où tu es partie
04:17et pour la première fois, tu es allée pour commencer cette nouvelle vie à Bordeaux ?
04:21Oui, je m'en souviens.
04:22Tu as 15 ans.
04:23Il se passe quoi dans ta tête à ce moment-là ?
04:24Je me dis que toutes ces personnes autour de moi, je ne les connais pas,
04:28mais peut-être que dans quelques années, ce sera mes amis.
04:30C'était vraiment ça, ma hantie.
04:31C'était de m'intégrer et de vivre le truc d'être à l'internat.
04:35Et moi, venant de Picardie, à Bordeaux,
04:37on s'imagine qu'il y a plus de 4h30 de train.
04:40À l'époque, je me souviens, je prenais ce train.
04:42C'était 4-5 heures de train.
04:43C'est le bout du monde.
04:44Et quand j'étais jeune, j'avais peur de ça, de me dire,
04:47OK, il y a ma grande sœur, mais est-ce que les filles à côté de moi,
04:50est-ce que je vais bien m'entendre avec elles ?
04:51Est-ce que l'entraîneur, ça va bien se passer ?
04:53Est-ce que le lycée, ça va bien se passer ?
04:54Je précise qu'elle habite toujours Bordeaux et que les Bordelais sont hyper sympas.
04:57Et ça se passe très bien, donc je suis très contente.
04:59Mais c'était un peu ma hantise au début, oui.
05:01Mais quand tu pars à 15 ans, est-ce que tu te dis, c'est une chance incroyable,
05:05je veux devenir une grande sportive ou pas encore ?
05:07Non, pas du tout.
05:08Je pense qu'à 15 ans, et même toujours,
05:10j'ai l'impression que le cheminement se fait plutôt petit à petit.
05:13J'étais concentrée sur mes compétitions dans lesquelles je voulais participer,
05:16donc j'ai rêvé de gagner, par exemple, un championnat d'Europe.
05:19Ça tombe bien parce que ça arrive vite.
05:21Ça arrive assez vite.
05:22À 17 ans, championne d'Europe.
05:23À 17 ans, championne d'Europe junior, oui.
05:25Là, tu te dis quoi ?
05:27J'étais assez forte à cette période, donc j'avais peur de perdre.
05:31C'était déjà dur.
05:32Ah, donc tu veux dire, je faisais partie des favorites,
05:34il fallait que je gagne, j'avais peur de ne pas gagner.
05:35Il fallait que je gagne, j'avais peur de ne pas gagner, oui.
05:37Et ensuite, ça m'a ouvert les seniors.
05:39Attends, tu vas trop vite, donc tu as peur de ne pas y parvenir.
05:42Voilà, c'est ça.
05:43Mais tu y parviens.
05:44Oui.
05:45Qu'est-ce qui se passe là-haut ?
05:46Je crois que c'était une fierté qui était immense.
05:48J'ai reçu beaucoup d'émotions ce jour-là.
05:50J'étais très, très fière de moi parce que c'était l'année du bac.
05:54J'avais pas vécu une préparation parfaite.
05:56On ne va pas se mentir.
05:57Souvent, c'est un peu ce qui se passe.
05:58Tu as vu ton bac quand même.
05:59Oui, j'ai eu des bonnes notes et tout, mais je n'ai pas eu la préparation que j'imaginais.
06:04Et pourtant, je me souviens, c'était le 15 septembre 2019.
06:07Alors, ça remonte, mais c'était vraiment un beau championnat.
06:11J'ai pu partager ça aussi avec ma coloc de chambre à l'époque
06:14qui était médaille d'argent.
06:17Donc, voilà, j'en ai des très bons souvenirs et c'est mon premier titre.
06:20Oh, ces belles larmes.
06:21Oui, c'était vraiment énorme.
06:23On ne se rend pas compte, mais j'étais archi-favorite dans le sens où,
06:26même en qualification, j'étais devant.
06:28J'avais fait des médailles dans toutes les compétitions.
06:30J'étais sélectionnée pour des débuts de compétition en senior.
06:33Et le fait d'être là, à ce niveau aussi prête, aussi forte,
06:37je m'étais dit, mais si jamais ça ne marche pas, mais...
06:39Qu'est-ce que je vais faire ?
06:40Qu'est-ce que je vais faire, quoi ?
06:41Et après, quand j'étais dedans, non, je n'y ai pas trop pensé.
06:44Mais c'était avant, tout ce qui se passe.
06:46Je n'ai pas bien dormi, c'était dur, oui.
06:48Tu nous as parlé de la force mentale.
06:50Tu as une grande capacité de concentration
06:52parce qu'on voit bien que c'est des sports.
06:53Oui.
06:54Oui.
06:55La concentration, elle est assez complexe.
06:58On va dire que quand on est sportif de haut niveau,
07:00et je parle en général,
07:02en fait, on se concentre sur un ou deux éléments
07:05dans lesquels on est compétent, dans lesquels on a un pouvoir d'action.
07:07On ne se concentre pas à penser à rien.
07:09C'est quelque chose que je ne suis pas capable de réaliser.
07:12Par contre, je peux me concentrer sur ma tâche
07:14et m'y vouer à 100 %.
07:16Donc, ça veut dire qu'à un moment, je vais couper
07:18des pensées peut-être un peu parties.
07:21Les éléments extérieurs.
07:22Les éléments, le classement, la voisine d'un côté,
07:24tout ça, c'est des choses qui me dépassent.
07:26Par contre, moi, je me concentre sur mon pistolet, ma cible,
07:29sur ma capacité à réaliser mes 10,
07:31et c'est ça la concentration qui est primordiale.
07:34J'ai l'impression que tu es très attachée à tes débuts,
07:37la FED, sa sélection.
07:39Oui.
07:40Ça m'a vraiment...
07:42J'ai eu un cheminement qui était parfait.
07:44Et je me dis à un moment, oui, j'ai eu des petites frustrations
07:47de ne pas réussir à telle ou telle compétition,
07:49parce que j'ai fait beaucoup de compétitions
07:51depuis mon plus jeune âge.
07:52J'ai été accompagnée par beaucoup d'entraîneurs.
07:55Je suis arrivée en sport-études et ça s'est bien passé pour moi.
07:58J'y reste.
07:59Donc, je crois que la FED et tout ça,
08:01elle a quand même agi pour que, entre guillemets,
08:04dès jeune, j'ai pu me professionnaliser un petit peu.
08:08Et tu n'as que 22 ans.
08:09Et je n'ai que 22 ans.
08:10Et 2024 restera une année extraordinaire pour toi.
08:13Il y a les Jeux, on va en parler,
08:14mais avant, il y a eu des championnats d'Europe.
08:16Oui.
08:17Comment tu les appréhendais ?
08:18C'était un vrai test ?
08:19C'était une façon de te jauger ?
08:20D'abord, juste qu'on comprenne bien,
08:22tes principales adversaires, elles viennent d'où ?
08:24Alors, au pistolet les 25 mètres,
08:27donc dans les cinq meilleures mondiales,
08:29il y a, moi, deux Coréennes et deux Allemandes.
08:31OK.
08:32Donc, des Européennes aussi.
08:33Donc, des Européennes aussi.
08:34Après, autour de nous, sur la finale olympique,
08:37il y avait deux, trois filles qui étaient médaillées aux Jeux.
08:39Alors, peut-être sur tes anciennes Olympiades,
08:40mais c'était quand même…
08:42En Europe, le pistolet vit assez bien.
08:44Le pistolet d'âme vit bien.
08:45Donc, ça veut dire que quand tu abordes ces championnats d'Europe…
08:47Ah, la Starkliss, c'est une folie.
08:49Les filles, elles sont toutes hyper fortes.
08:52Et tu sais que c'est la marche qui t'amène au JO ?
08:56Tu sais que tu seras au JO ?
08:58Oui.
08:59Mais tu sais que cette marche-là,
09:00mentalement, psychologiquement,
09:01elle est fondamentale ?
09:05Alors, ce qui était bien,
09:06c'est que ce championnat d'Europe,
09:07vu qu'il venait avant les JO,
09:08ce n'était pas l'objectif de la saison.
09:10Oui, oui, oui.
09:11Je crois que j'ai réussi à amener le truc,
09:12en tout cas en collaboration avec mon entraîneur
09:14et le staff,
09:15de se rendre compte que c'est une étape qui est importante.
09:17Mais étant déjà sélectionnée au jeu,
09:19j'étais dans la démarche de me préparer
09:21et pas de gagner forcément.
09:22T'as tellement de disciplines,
09:24où t'as les TQO, les tournois califs…
09:26Ah, moi, j'ai les rencontrés à super tôt.
09:28C'est un enfer.
09:29Tu rates une marque,
09:30tout ton monde s'écroule.
09:31Toi, tu savais que t'y allais.
09:32Oui.
09:33Et donc, tu es championne d'Europe.
09:34Voilà.
09:35Ça fait quoi ?
09:37Est-ce que tu le savoures
09:38ou est-ce que tu te dis
09:39« Ok, vite, maintenant, focus Paris-JO » ?
09:41Oui.
09:42C'est triste.
09:44Non !
09:45J'ai été championne d'Europe,
09:46c'était un moment qui a été fort, etc.
09:48J'ai pu le partager avec l'équipe.
09:50Donc, on a fait 8 championnes d'Europe par équipe en plus.
09:52Derrière l'équipe allemande.
09:53Donc, pour nous,
09:54c'était déjà une très belle médaille en supplément.
09:56C'est mon premier titre de championne d'Europe en senior.
09:59Et je sais que c'est bien,
10:03mais ça compte pas trop.
10:05C'est pas ça qui compte.
10:06Mais tout le monde le comprend.
10:07Mais oui.
10:08Donc, oui, très contente d'être championne d'Europe.
10:10Et donc, t'as une marseillaise.
10:11J'ai une très belle marseillaise.
10:12Et là, tu te dis
10:13que t'enflammes pas.
10:14L'objectif, c'est pas celui-là, c'est le prochain.
10:16Oui, exactement.
10:17C'est exactement ce que j'ai ressenti.
10:19Et il se passe quoi jusqu'à Paris ?
10:21Il se passe combien de temps ?
10:22Ensuite, on enchaîne une Coupe du Monde que je remporte.
10:24Une nouvelle fois devant la même Allemande.
10:26Donc là, c'était vraiment une très belle compétition.
10:28À Rio ?
10:29Non, c'était à Munich.
10:30En Rio, c'était un peu en avant.
10:32Et du coup, j'ai gagné les deux dernières compétitions avant les Jeux.
10:35Et à 25 mètres.
10:37Donc, on va dire que je savais que j'étais en forme.
10:40Après, il fallait juste tamponner.
10:41C'est que moi, je voulais aller aux Jeux maintenant.
10:43Il fallait attendre encore un mois et demi.
10:46Et ça, je pense que c'était la période assez complexe.
10:48C'est long, hein ?
10:49Ah oui.
10:50Faut savoir que je pense que j'aurais bien aimé tirer les Jeux fin juin.
10:53Bah oui, bien sûr.
10:54C'était le 2 et 3 août.
10:55Donc, mince.
10:57Tu n'as pas pu voir la cérémonie d'ouverture.
10:59Non.
11:00Explique pourquoi.
11:01Alors, j'ai participé aux épreuves du Pistoet 10 mètres.
11:03Donc, au Pistoet 10 mètres, j'étais vice-championne d'Europe quand même.
11:05C'est là où je me suis qualifiée aux Jeux.
11:07Et c'était une épreuve que j'affectionne particulièrement.
11:10Alors, cette année, elle m'a un petit peu moins bien réussie.
11:12C'est un peu le principe de partie.
11:16Et c'était juste après la cérémonie d'ouverture.
11:18Voilà.
11:19Tu tirais le 27 au matin.
11:20Et puis même, moi, j'ai Foxus dans ma compétition.
11:24Et ça, c'est obsolète pour moi en réalité.
11:26C'est quelque chose qui était très beau à voir.
11:29C'est vachement important.
11:30Et c'est fort, ce que tu dis.
11:31C'est qu'il y a un événement qui est peut-être le plus bel évén...
11:34Oui.
11:35Pardon.
11:36Peut-être une des plus belles images des JO, cette cérémonie d'ouverture,
11:39qui a bouleversé le monde entier.
11:40Toi, tu dis, « I don't care. » Moi, ça m'est égal.
11:42Moi, je suis dans mon truc.
11:43Je sais que je tire le lendemain.
11:44Ce n'est pas grave.
11:45Je crois que dans l'équipe de France de tir et dans le tir en général,
11:48on a vraiment conscience que la cérémonie d'ouverture,
11:50pour toutes celles et ceux qui tirent le lendemain et le surlendemain,
11:53c'est complètement OK de ne pas participer.
11:56Et c'est quelque chose qui est instauré et qu'on m'a prévenu peut-être deux ans avant.
12:00Génial.
12:01Donc, en fait...
12:02Oui, alors, c'est vrai que c'était beau, c'est unigine, tout ça.
12:04Mais je crois que j'étais contente de regarder la télé.
12:06Mais moi, j'étais vraiment dans ma compète et c'était ce qui comptait le plus pour moi.
12:09Tu n'as pas pris la flotte dessus non plus.
12:11Oui.
12:12C'est vrai que la météo...
12:13Mais après, c'était tellement, tellement chouette.
12:15Raconte-moi la compète du tir à 25 mètres.
12:17Alors, c'était le 2 août au matin.
12:19Est-ce qu'il y a eu une déception par rapport aux 10 mètres ?
12:22Énormément.
12:23Voilà.
12:24Donc, en fait...
12:25Comment tu fais pour te...
12:26Alors, ça, c'est la magie du staff.
12:28Mais je crois que j'ai été bien accompagnée pour...
12:30Donc, d'abord...
12:31Pardon, on reprend.
12:32Tu es très déçue.
12:34Alors, je termine, voilà, 18e avec un score qui est très moyen.
12:38Mais ce qui se passe, c'est que les 30 premiers points ont été assez difficiles.
12:43En fait, inhibés par la compétition.
12:45Et du coup, j'ai perdu beaucoup de points.
12:47Donc, au pistolet, on ne peut pas les rattraper.
12:48Quand on perd des points avec des 9, on ne peut pas dire...
12:51Si on fait plein de 10, c'est un peu limité.
12:53On a trop perdu.
12:54Donc, les 30 suivants ont été beaucoup mieux.
12:57Mais ça ne suffit pas.
12:59Et...
13:00J'ai eu une frustration.
13:01Mais je pense que j'ai compris ce qui fonctionnait pour moi.
13:05Et je pense que j'ai un petit peu relativisé face à l'enjeu.
13:08C'est que les Jeux olympiques, ça reste un événement qui est incroyable.
13:11Mais moi, je reste une personne entre guillemets humaine.
13:14Normal.
13:15Qui, des fois, passe un petit peu à côté.
13:17Je pense que j'ai réussi à la relativiser sur le fait que...
13:19Même si j'ai raté ma compétition, je ne suis pas morte.
13:23Je suis en bonne santé.
13:24Mes parents étaient là et étaient quand même contents.
13:25Mon entraîneur, il sera toujours derrière moi pour m'entraîner pour le 25 m.
13:29Alors, un, ce n'était pas la fin du monde.
13:31Et deux, la grosse échéance arrive derrière.
13:33Et je pense que le fait que ce soit, comme vous dites, pas la fin du monde...
13:37Ça m'a vraiment permis de...
13:39Je pense...
13:40C'est ce que je me suis dit avec le coach.
13:42C'est vraiment de kiffer les Jeux pour le 25 m.
13:44C'est un peu l'expression que j'ai dit.
13:46Même si c'est un petit peu vulgaire.
13:47Mais c'est vraiment ce que j'ai ressorti.
13:49C'est d'être plus moi-même et d'y aller avec plus la banane, plus d'envie.
13:54Mais tu l'as dit tout à l'heure.
13:55Le plaisir.
13:56Le plaisir d'entraîner, le plaisir de la compète.
13:58Oui.
13:59Sauf que c'est tellement particulier, les Jeux.
14:01À la maison, en plus.
14:02Voilà.
14:03J'adore le sport.
14:04Et je sais que les Jeux, c'est quelque chose d'exceptionnel.
14:07Tout le monde me le raconte.
14:08Et il a fallu que je me libère et que je comprenne que ce soit ce jour-là qu'il fallait réussir.
14:14Après, la qualification s'est bien passée.
14:16Attends.
14:17Ça veut dire que pour toi, il y a eu la Camille du 10 m et il y a eu la Camille du 25 m.
14:21Ce n'était plus la même.
14:22Non.
14:23C'est ce que j'ai envie de te dire.
14:24Heureusement que ce n'était pas dans l'autre sens.
14:25Tu avais plus de chances d'être médaillable sur 25 m que sur 10 m.
14:29Voilà.
14:30Cette année, c'était ça.
14:31Imagine si cette émotion-là du 10 m, tu l'avais eue sur le 25 m au début.
14:33Après, toutes les compétitions, elles sont dans ce temps-là.
14:36Moi, j'ai l'habitude de ça.
14:37Pour tous les championnats du monde.
14:38OK.
14:39Donc, les 25 m arrivent.
14:40Les 25 m arrivent.
14:41Et j'ai plus de fraîcheur, plus d'envie.
14:44Voilà.
14:45Je marchais la tête haute.
14:48Le temps se bombait.
14:49J'étais fière d'être là.
14:50J'étais contente.
14:51C'était magnifique.
14:52Alors, on tire 30 balles en précision et 30 balles en vitesse.
14:53Je vois les images des Jeux.
14:57Et la précision se passe très bien.
15:00Je suis soutenue par le public dès les qualifications.
15:02Donc, ça m'a beaucoup touchée.
15:03J'ai confiance en moi.
15:05J'ai confiance en ce que je fais.
15:07Je suis contente d'être là.
15:08Je suis reconnaissante de ce qui se passe.
15:09Je pense que j'apprécie réellement mon moment.
15:11Et ensuite, la vitesse se passe.
15:13Je termine avec un bon score.
15:15Je passe en finale.
15:16La première journée de qualifications se finit.
15:20Ce n'est même pas un soulagement.
15:22C'est une étape de fête d'être en finale.
15:24Pour ceux qui ne savent pas,
15:26nous, les qualifications,
15:27il y a les 30 ou les 40 filles alignées.
15:29Et les 8 meilleures continuent la compétition.
15:31Sinon, tout le reste est éliminé.
15:32Dans le noir.
15:33Voilà.
15:34Donc, j'ai réussi à passer cette étape.
15:36Pour moi, c'était important.
15:37Parce qu'en finale, c'est là où je prends le plus de plaisir.
15:40C'est là où je m'exprime le mieux.
15:42Sachant que j'étais à Châteauroux.
15:44J'étais dans un stand que je connaissais,
15:46dans lequel on ne s'en a pu se préparer.
15:48On s'est préoccupé de plein de finales,
15:49plein de championnats, etc.
15:51Mais pas de victoire encore.
15:53J'avais fait beaucoup de compétitions.
15:56Mais je ne vais pas dire que j'ai gagné des grands trucs à Châteauroux.
15:59Il n'y a jamais eu...
16:00J'ai été championne de France.
16:02J'étais super contente l'an passé.
16:03Donc, tu avais déjà gagné à Châteauroux.
16:04Oui, mais ce n'était pas pareil.
16:06Parce que c'était en préparation d'un championnat du monde.
16:08C'était une relation à la compétition qui était particulière.
16:11Et là, j'arrive dans un stand que je connais,
16:13avec l'entraîneur qui est derrière.
16:15Je suis le dernier poste.
16:16Réellement, je me sentais bien.
16:17Je suis contente d'être là.
16:18Donc, j'avais une pêche d'enfer au jour de la finale.
16:20Je t'arrête.
16:21Comment on fait pour être aussi bien, aussi détendue,
16:23alors que c'est une finale de Jeux Olympiques à la maison ?
16:26Je pense que mon coach m'a un peu lavé le cerveau
16:29en disant que j'avais le meilleur matériel.
16:31J'étais dans les meilleures conditions.
16:33J'avais une des meilleures préparations physiques des filles.
16:37Parce que du coup, on a investi sur...
16:39Enfin, des collaborateurs pour m'accompagner là-dessus.
16:42J'ai ma famille dans les tribunes en tant que Française.
16:45C'est quelque chose...
16:46C'est un accompagnement psychologique aussi.
16:47J'ai un accompagnement psychologique.
16:49Je sais que Julie croit en moi de base.
16:51Mais il y a vraiment eu un discours
16:55qui a fait que j'avais tout aujourd'hui pour être la meilleure.
16:59En rigolant, elle me dit
17:01« tu l'as déjà battue mille fois, tu l'as déjà battue mille fois ».
17:04Je ne sais pas.
17:05J'ai vraiment relativisé.
17:07J'ai vraiment apprécié.
17:08Réellement, dans la finale, ça s'est bien passé au début.
17:10Ça m'a vraiment permis de cultiver un peu cet état d'esprit
17:14et d'essayer d'aller au bout.
17:16Médaille d'argent.
17:17Voilà.
17:18Tu te dis quoi de cette médaille d'argent ?
17:20Eh bien...
17:22Je n'ai jamais été aussi proche de l'Eurolympique.
17:25Au bout des 10 séries, on était à égalité.
17:27Je m'incline sur le tir d'égalité.
17:30Aujourd'hui, ça a été une fierté de porter la médaille d'argent.
17:34Mais pendant 2-3 secondes, j'ai eu une petite déception
17:37de m'être inclinée, d'avoir un petit peu...
17:39Romande, tu sais quoi ?
17:40Prends-la dans ta main et regarde-la, cette médaille.
17:42Dis-moi, à quel point, aujourd'hui, de voir une médaille d'argent et pas d'or ?
17:47Aujourd'hui, non.
17:48Voilà.
17:49Aujourd'hui, non, parce que je crois que j'ai quand même tiré à mon meilleur niveau.
17:52Donc la fille qui gagne, c'est l'ancienne recordmanne du monde.
17:55C'est une fille qui est arrivée sur le cyclo du monde il y a un an et demi.
17:58Un an et demi avant les Jeux.
18:01Elle a un an de moins que moi.
18:02C'est une fille qui est réellement bosseuse et très talentueuse,
18:05que je respecte beaucoup.
18:06Et je crois que c'est ce qui m'a permis aussi d'accepter le fait
18:09qu'il y avait une meilleure que moi ce jour-là.
18:12Et une médaille d'argent olympique, je vous aurais dit ça,
18:15même en sortant du match des Europes, j'aurais été heureuse.
18:19Sur le moment, bien sûr, on s'incline.
18:21C'est dur de perdre juste à la fin.
18:23Mais ça reste une belle médaille.
18:25Je suis très contente de l'avoir fait.
18:27Et puis tu n'as que 22 ans, je te rappelle.
18:29Oui, il y a d'autres Jeux olympiques, j'espère, pour moi.
18:31Donc, pourquoi pas.
18:33T'es déjà, t'as déjà...
18:35Non, c'est trop loin pour Los Angeles.
18:37C'est trop loin, oui.
18:39C'est un peu loin.
18:40Parce qu'il y a d'autres compétitions avant.
18:42Par contre, je suis obligée d'y penser.
18:44Qu'est-ce que j'ai envie de faire en place
18:47et quelle athlète j'ai envie de devenir.
18:49Donc continuer de grandir, continuer d'évoluer.
18:51Tu fais des études de kiné en même temps, à Bordeaux.
18:53Tu te dis que tu...
18:55Dans un monde idéal,
18:57c'est quoi un monde idéal pour toi ?
18:59Je dis n'importe quoi.
19:00Je suis championne olympique à Los Angeles,
19:01j'arrête et je fais kiné.
19:02Ou ça peut aller encore beaucoup plus loin.
19:04D'abord, dans ta discipline, dans le tir,
19:06on va jusqu'à quel âge ?
19:07Alors, il y a des filles qui sont très fortes
19:09pendant plusieurs années.
19:10Après, je dirais qu'elles sont entre guillemets
19:12à leur prime sur deux ou trois olympiades.
19:16Il y en a des filles qu'il faut arriver à en faire cinq, six.
19:19Après, de là à gagner les Jeux, je ne sais pas,
19:21sur la sixième olympiade, est-ce qu'on peut vraiment gagner ?
19:24Donc, Tanguy l'a fait en para-tir,
19:27mais je ne sais pas si je serai prête
19:29à faire cinq, six fois les Jeux.
19:31Par contre, je crois que je peux les faire trois fois
19:33jusqu'à 30 ans.
19:34Ce sera quelque chose qui peut être possible.
19:36Par contre, avec un projet de vie derrière qui tienne,
19:39avec un niveau de vie qui me permet de m'épanouir
19:41dans ma pratique,
19:42de me sentir soutenue de façon générale, oui.
19:44Ton objectif, c'est d'être championne olympique un jour ?
19:46Oui.
19:47Surtout quand on a goûté à ça et de passer si près.
19:49Oui.
19:50J'ai une question.
19:51On t'a beaucoup vue pendant les Jeux olympiques.
19:54Et puis, il y a eu cette spirale, cette machine olympique
19:57avec des disciplines encore plus médiatiques
19:59où, à un moment, tout le monde disparaît un peu
20:01parce qu'il y a Teddy, parce que la natation arrive
20:05et les médailles et le machin.
20:06Comment tu l'as vécu, ça ?
20:08C'est une sensation qui est très particulière.
20:10Alors, on m'a un petit peu prévenue dans le sens où,
20:13même si t'es médaillée, attention,
20:15tu ne fais que du tir au pistolet, entre guillemets.
20:17Ça fait mal ?
20:18Oui, c'est une réalité.
20:19C'est que les trois premiers jours, j'ai vraiment été propulsée.
20:22Le 4-5e, je crois que j'ai...
20:24Enfin, le lendemain de la médaille, je ne sais pas.
20:26Donc, les trois, quatre premiers jours, c'était sympa.
20:28Et oui, le 5-6e, je suis vraiment redescendue.
20:30Et oui, c'est là où ça fait mal.
20:32En fait, je suis en décalé
20:34parce qu'il y a des gens autour de moi qui sont médaillés comme moi
20:37et qui n'ont pas du tout les mêmes sollicitations,
20:40qui arrivent à raconter leur sport, à comprendre ce qui...
20:42Enfin, à générer de l'engouement.
20:44Et nous, au tir, c'est un peu limité.
20:46Et pourtant, ce n'est pas que tu parles mal, ni que tu ne vendes pas du rêve.
20:49Oui, mais c'est l'attrait de la discipline, c'est la visibilité,
20:52c'est l'émission.
20:54L'émission, la réalisation de mon épreuve 25 m n'a pas été parfaite, en fait.
20:59On m'a très peu vue à l'écran.
21:02Mais tu vois, tu es là.
21:04Moi, je ne sais pas. Je ne m'en suis pas rendue compte.
21:06C'est les gens qui m'ont raconté mon truc.
21:08Et au début, c'était quelque chose que je me dis,
21:10ce n'est pas grave tant que j'ai la médaille.
21:12Mais il y a des gens qui n'ont pas pu s'identifier autant à moi
21:14qu'on a pu s'identifier à d'autres sportifs
21:16parce qu'au moment de passer à la télé,
21:18il y a eu un moment où la réalisation n'a pas été optimale
21:20par rapport à ce qu'on peut voir sur un championnat d'Europe de tir classique.
21:23On arrive à voir tous les tireurs, le classement évolue.
21:25Il y a quelque chose...
21:27En plus, c'est sympa, c'est qu'il y a des petites lumières rouges, verts.
21:29Pour le 25 mètres, il y a un côté un peu ludique, facile à comprendre.
21:32Et pourtant, il n'y a pas eu un engouement énorme autour de mon épreuve.
21:35Mais je sais qu'avec les victoires, avec les médailles,
21:38c'est quelque chose qui pourra peut-être évoluer.
21:40Mais oui, une petite médaille d'or en Los Angeles, tu verras.
21:42Oui, j'espère.
21:43Souvenez-vous, elle nous avait fait pleurer à Paris d'émotion avec la médaille.
21:48Tu restes avec nous.
21:49Tu n'es pas la seule championne olympique, évidemment,
21:51ou même la seule championne à donner de la visibilité à ton sport.
21:54Et on en a parlé de la visibilité.
21:55On va en parler tout de suite dans notre nouvelle rubrique
21:57« Sacré championne » avec Ophéminin et Julie Caron.
22:06Julie Caron est avec nous.
22:07Bonjour, Julie.
22:08Bonjour, Alexandre.
22:09Tu es rédactrice en chef d'Ophéminin et tu vas venir, dorénavant,
22:12dans chaque émission, nous présenter une chronique
22:14sur les histoires incroyables de ces femmes dans le sport
22:17et pas dans n'importe quelle discipline, Camille.
22:20En effet, donc bonjour Camille aussi.
22:22Pour cette première de la saison, je suis vraiment contente
22:24qu'on soit avec toi parce que l'idée aussi,
22:26c'est de lever certaines idées reçues.
22:28Et comme tu l'as dit, quand on pense aux tirs,
22:30souvent on pense aux hommes.
22:31Alors qu'il y a plein de femmes qui font bouger les lignes,
22:34tu en fais partie.
22:35Et il y a une autre athlète qui en fait partie,
22:37c'est Nino Salubadze.
22:39Je pense que ça te parle.
22:41Donc, accroche-toi bien.
22:42Est-ce que toi, Alexandre, ça te disait quelque chose ?
22:44Moins qu'elle.
22:45Alors, à la maison, je pense qu'aussi,
22:47accrochez-vous bien de cette tireuse géorgienne.
22:49Elle a vraiment une histoire incroyable.
22:51Tout simplement parce qu'à 55 ans, cette année,
22:54elle a participé à ses dixièmes Jeux olympiques.
22:57Dix JO.
22:58Oui, et c'est d'ailleurs un record absolu.
23:00C'est la première femme à participer
23:02à autant de Jeux olympiques.
23:04Et elle a ainsi égalé le record
23:06du légendaire cavalier canadien Yann Millard.
23:09Alors, si on revient un peu dans le passé,
23:11sa première Olympiade, elle remonte à 1888.
23:141900.
23:151900, pardon.
23:171900 quand même, on ne va pas la dire comme ça.
23:201988 à Séoul.
23:22Et elle a tout de suite frappé fort
23:24parce qu'en fait, elle a gagné deux médailles
23:26lors de ces Jeux.
23:28Donc l'or au pistolet à 25 m
23:30et l'argent au 10 m tire-air.
23:33Donc à l'époque, elle représente l'Union soviétique.
23:36Ah oui.
23:37Oui, ben oui.
23:38Donc elle est double médaillée olympique
23:40sous les couleurs, sous la bannière.
23:42Exactement, sous les couleurs soviétiques.
23:44Mais en 2008 à Pékin,
23:46donc là, elle a participé à tous les Olympiades entre-temps,
23:49elle participe.
23:50Et là, il y a une nouvelle fois les caméras
23:52qui sont braquées sur elle pour un geste fort
23:54parce qu'en fait, au moment du podium,
23:56elle vient enlacer la médaillée russe d'argent
23:59à ce moment-là.
24:00Alors qu'elle, entre-temps, est passée...
24:02De quoi ?
24:03Elle a changé de nationalité.
24:04Elle est là à ce moment-là,
24:05elle concourt pour la Géorgie.
24:07Elle vient enlacer cette tireuse russe
24:10parce qu'en fait, à ce moment-là,
24:12on est en plein guerre
24:13et la Russie vient d'envahir la Géorgie.
24:15Donc ça a vraiment été un geste de paix symbolique
24:17à ce moment-là.
24:18Et donc vraiment, pendant les JO,
24:20c'était vraiment une image marquante qu'on a retenue de Pékin.
24:24Mais ce n'est pas tout.
24:25Elle ne s'arrête pas là.
24:262016, encore une première
24:28puisqu'elle réalise un exploit unique.
24:30Elle participe aux Jeux de Rio
24:32aux côtés de son fils.
24:34De son fils.
24:35C'était la première fois dans l'histoire olympique
24:38qu'une mère et son fils concourent ensemble,
24:40lui aussi pour le tir.
24:41Et tous les deux, donc, pour la Géorgie.
24:43Ça te parle, toi, Camille.
24:44Oui.
24:45C'est une dame qu'on connaît et que je fréquente,
24:47mais qui a toujours été là, forcément.
24:49Qu'on respecte, j'imagine.
24:50Voilà, qu'on respecte.
24:51Et son histoire, elle est assez touchante
24:54parce que son pays n'est pas...
24:57Tu vois, nous, en équipe de France,
24:58on a les gros staff.
24:59Il y a des gens autour de nous,
25:00des médecins, des kinés, etc.
25:01Il fait des géorgiens, de tir.
25:03Il fait des managers d'équipe, des TN.
25:05On a des logisticiens, etc.
25:07Il y a du monde autour de nous.
25:09Et je trouve que Nino,
25:10elle a une belle histoire autour de ça.
25:11C'est qu'elle a vraiment...
25:13Enfin, elle s'est entourée,
25:14mais c'est elle qui a tout construit, en réalité.
25:16En géorgie.
25:17Voilà.
25:18Et aujourd'hui, elle construit encore
25:19pour les jeunes,
25:20en étant présidente de sa propre fédération.
25:22Magnifique.
25:23Toujours présidente,
25:24mais entre-temps,
25:25elle a continué, du coup, à participer,
25:26comme on l'a dit.
25:27Toujours.
25:28Donc, il y a aussi dans son parcours
25:29une belle leçon de résilience
25:31parce qu'en fait, en 2017,
25:33elle a dû faire face à une grosse opération,
25:35une lourde opération.
25:36Et à son âge,
25:38il y a beaucoup qui auraient raccroché le pistolet,
25:40mais non, elle continue.
25:41Et en fait, juste après ça,
25:43elle arrive à se qualifier pour Tokyo,
25:44puis pour Paris 2024,
25:46alors qu'elle a dû...
25:47Cette opération l'a forcée à changer
25:49d'œil de visée, en fait.
25:50Donc, on en parlera après,
25:52ce que ça veut dire vraiment techniquement.
25:54Et du coup, elle revient,
25:55elle se qualifie donc Tokyo-Paris.
25:57Et là, ça y est, 2024,
25:59elle a décidé de prendre sa retraite internationale.
26:01Donc, 55 ans.
26:02Nino Salukbadze,
26:03on peut retenir son nom dans le tir.
26:05Et donc, c'est pour ça
26:06que je voulais aujourd'hui lui rendre hommage
26:08parce que c'est, dans ta discipline,
26:10quelqu'un, quand même,
26:11parmi les femmes qui ont marqué
26:12le tir professionnel,
26:14à la fois, son palmarès en début de carrière
26:17avec deux médailles olympiques
26:18et quelques titres vendus.
26:19Dont une médaille d'or.
26:20Dont une médaille d'or.
26:21Mais surtout, pour ce parcours
26:23de femme, d'athlète,
26:24qui est vraiment un symbole
26:26de résilience et de ténacité.
26:29Qui a été deux fois porte-drapeau
26:30pour son pays, ce qui est quand même fou.
26:31Et on rappelle qu'elle a gagné
26:33sa médaille d'or et sa médaille d'argent
26:34sous la bannière de l'Union soviétique.
26:36Oui. Non, mais c'est pour ça.
26:37Incroyable parcours.
26:38Et je voulais partager ça avec toi,
26:41mais aussi avec les gens
26:42qui nous écoutent.
26:43Parce que dans cette chronique,
26:44l'idée, c'est ça.
26:45C'est de mettre en avant les femmes
26:46qui font un peu bouger les lignes.
26:47Et voilà.
26:48Nino Salukbadze.
26:50Oui.
26:51J'ai une question.
26:52L'importance de l'œil directeur,
26:53explique-nous.
26:54Alors, en fait, c'est l'œil
26:56avec lequel on va vouloir viser.
26:58Donc, soit l'autre, on le ferme,
27:00soit l'autre, on le cache.
27:01Principalement, moi, je le cache.
27:02Tu le caches, mais il reste ouvert.
27:04Oui, il reste ouvert.
27:05C'est une façon d'économiser
27:06un peu son énergie.
27:07Et en fait, c'est un réel confort
27:09de savoir que moi, par exemple,
27:10en étant droitière,
27:11j'ai mon œil directeur
27:12qui est du côté droit.
27:14En changeant d'œil directeur,
27:16donc elle, elle est passée
27:18de l'œil directeur droit au gauche.
27:20Donc aujourd'hui, elle a changé
27:21un peu sa position de tête.
27:22Est-ce que tu considères, pardon,
27:24que c'est comme si un sauteur en longueur
27:26ou une sauteuse en longueur
27:27changeait de pied d'appel ?
27:28Oui.
27:29C'est un peu ça.
27:30Parce qu'il y a un moment
27:31où pour développer des qualités,
27:34il faut passer par du volume
27:35pour que le cerveau s'habitue.
27:36Bien sûr.
27:37Et après, on a des habiletés.
27:38Elle a dû développer une sensibilité,
27:40mais elle l'a fait.
27:41Elle avait 45 ans, quoi.
27:43Oui, c'est ça.
27:44Et il faut savoir que juste ensuite,
27:46donc ce qu'il faut savoir,
27:47c'est qu'elle a gagné ses quotas
27:48et au tir,
27:49on est 120 sur les Coupes du Monde,
27:52on est 30 au jeu.
27:53Et elle a gagné son quota en 2018
27:55en étant vainqueur d'une Coupe du Monde.
27:57Et en ayant eu une opération
27:58le 10 juin 2009, quoi.
27:59Et en ayant eu une opération,
28:00donc il a fallu qu'elle fasse du volume,
28:01qu'elle apprenne à son cerveau
28:03et à son œil à viser du bon côté.
28:06Alors bien sûr,
28:07elle a des habiletés dans ses mains,
28:08dans son épaule, son corps, etc.
28:10Mais son cerveau et son œil
28:11ont dû se, entre guillemets, réapprendre
28:13ou alors, entre guillemets,
28:14développer les connexions neuronales qu'il faut.
28:16Et pour ça,
28:17il faut passer par de l'entraînement.
28:18Et elle l'a fait à plus de 40 ans.
28:20Et ça, c'est beau.
28:21Camille, qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?
28:24D'être épanouie dans ma pratique, je pense.
28:27C'est le truc le plus souhaitable,
28:30je pense, à une athlète.
28:32Donc ton bonheur avant des médailles ?
28:34Je pense, oui.
28:35Parce que s'il n'y a pas de bonheur,
28:36il n'y a pas de médailles.
28:37Je crois que c'est compliqué.
28:39Juste pour terminer,
28:40pour qu'on comprenne bien ton quotidien,
28:42c'est combien d'heures de tir par jour,
28:46de travail physique ?
28:49Alors, je m'entraîne 5 fois par semaine.
28:51Donc je fais 5 sessions de tir
28:53qui durent entre 2 et 3 heures.
28:55Ça représente au plus une quinzaine d'heures par semaine.
28:59Mais au pistolet.
29:00Et ensuite, je pratique du sport au quotidien
29:04pour me préparer à mes compétitions.
29:05Donc j'ai 2 à 3 séances de renforcement musculaire
29:08qui sont un petit peu plus spécifiques à mon épreuve.
29:10Et ensuite, je fais du cardio,
29:11notamment de la course à pied,
29:12entre 2 et 3 fois par semaine.
29:14Donc ça me représente 6 à 7 heures de course.
29:16À ta lance, autour du stade ?
29:17Pas autour du stade.
29:18Dans les forêts ?
29:19Je me promène plutôt dans les petits bois, etc.
29:21Est-ce que les JO ont changé quelque chose
29:23pour les partenaires qui te suivaient ?
29:25Alors, pour l'instant, pas vraiment.
29:27Après, je suis très fière d'avoir mes partenaires
29:29qui vont m'accompagner jusqu'à Los Angeles.
29:32Mais pour l'instant, c'est plus compliqué.
29:34J'ai une visibilité qui est un petit peu moindre
29:36en étant pratiquante de tir.
29:38Par contre, je reste une athlète accomplie
29:41avec encore plein de choses à faire vivre, en tout cas.
29:44Et j'ai quand même beaucoup d'ambition pour Los Angeles.
29:47Donc je serai très heureuse de partager ça
29:51avec des nouveaux partenaires, bien sûr.
29:52J'imagine bien.
29:53Julie, pour terminer, il y a une médaille olympique
29:55qui, elle, a renouvelé un partenariat important.
29:57Oui, c'est notre image de la semaine.
29:59C'est le sourire communicatif de Romane Dicot.
30:03Elle vient de renouveler son contrat, son partenariat avec Nike.
30:06Et ça fait plaisir aussi de voir des femmes
30:08dans des disciplines soutenues des athlètes françaises.
30:11Donc voilà, j'étais contente de partager.
30:13On la voit. Romane, elle fait plaisir à voir.
30:18Et ça peut aider. Cette dynamique est bonne.
30:21Oui, de donner la visibilité, peu importe le sport,
30:23peu importe l'épreuve.
30:25Il faut savoir qu'au quotidien, on a besoin de soutien.
30:27Moi, je suis loin d'être riche et d'être, comment dire,
30:32professionnelle comme un grand joueur de tennis
30:35ou un grand joueur de football.
30:36C'est complètement différent.
30:37Par contre, on est des personnes très compétentes
30:39dans plein de domaines.
30:40On développe plein de qualités en dehors.
30:42Je pense à Romane, mais à d'autres athlètes, en fait.
30:46Il y a vraiment des pépites parmi nous.
30:49Et vraiment, j'encourage des entreprises,
30:52des marques et même des fois des patrons
30:54de se tourner vers les athlètes féminines
30:56parce qu'il y a des parcours et des histoires
30:57qui sont très touchantes et qui méritent d'être partagées.
31:00Merci infiniment.
31:01Merci à vous.
31:02Merci Julie.
31:03Merci Alexandre, merci Camille.
31:04Bravo et encore merci.
31:06Reviens nous voir quand tu veux.
31:07Bon retour à Bordeaux.
31:08Merci.
31:09Merci beaucoup Camille.
31:10Merci à vous pour votre fidélité
31:11et je vous dis à très bientôt.
31:12Salut.
31:26Sous-titrage Société Radio-Canada

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