• il y a 5 jours
Dans la Victoire est en elles, Alexandre Delpérier reçoit des sportives inspirantes. Cette semaine c'est le cas de Manon Herbulot. A seulement 17 ans, Manon a réussi l'exploit de se qualifier pour participer aux Jeux Olympiques de Paris 2024 dasns sa discipline : le tir sportif. Cette native de Sedan a décroché son ticket grâce à sa médaille d'argent en carabine à air comprimé 10m à Rio derrière Océanne Muller. Dans la dernière partie de l'émission, Julie Caron - rédactrice en chef de auféminin - nous présente une sacrée championne !

Catégorie

🥇
Sport
Transcription
00:00...
00:17-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:20bienvenue dans votre rendez-vous dédié aux femmes dans le sport.
00:24Bienvenue dans La victoire est en elle.
00:26Nous accueillons une de ces femmes,
00:28des jeunes femmes, en l'occurrence, aujourd'hui,
00:30qui font le sport au quotidien. Bonjour, Manon.
00:33Merci de m'avoir invitée.
00:35Manon Herbulot, tu as 18 ans depuis quelques jours.
00:38C'est ça.
00:39Tu es une grande fille et déjà à 18 ans,
00:41elle a participé à des Jeux olympiques,
00:43en l'occurrence ceux de Paris.
00:45C'est bien ça.
00:46La classe, non ?
00:47C'est vrai, c'est bien.
00:49On va revenir là-dessus, mais tu me répètes ce que je t'ai dit
00:52en préparant cette émission.
00:54Faire les Jeux, c'était quoi ? C'était comment ?
00:56C'était incroyable.
00:58Je crois qu'il n'y a même pas de mots pour décrire
01:01cet événement grandieux, en réalité.
01:03Surtout que pour ma part, c'était pas prévu, donc magique.
01:07Émotionnellement ?
01:10Il y a tout un tas d'émotions qui peuvent ressortir lors des Jeux.
01:14Je pense que j'ai tout vécu comme émotions.
01:17J'en ai même découvert que je ne connaissais pas,
01:20mais c'était juste grandieuse et incroyable.
01:22Alors, toi, ta discipline, c'est le tir à 10 m à air comprimé.
01:27C'est ça.
01:28On va parler de comment on s'entraîne,
01:30comment on prépare l'approche mentale,
01:32comment on arrive à tout ça.
01:34Qu'est-ce que tu retiens de ces Jeux olympiques ?
01:37Moi, j'en retiens, tout d'abord, sportivement parlant,
01:40une expérience incroyable, magnifique,
01:42qui va m'apprendre beaucoup de choses pour la suite.
01:47Mais de l'autre côté, on a, comme je l'ai dit,
01:49le côté grandiose des Jeux qui laisse un souvenir indélible.
01:53Et c'était à Paris. Enfin, à Châteauroux, mais en France.
01:56On a eu la chance de remonter sur Paris après,
01:58donc on a pu vivre, en tant qu'athlète et spectateur,
02:01parce qu'on ne courait pas à Paris,
02:03le côté, justement, des Jeux olympiques.
02:06T'as participé à la cérémonie d'ouverture ?
02:09Non, de clôture.
02:10C'était comment ?
02:11C'était pareil, incroyable.
02:13Je ne m'attendais pas du tout à un truc comme ça.
02:15On ne s'en rend pas compte tant qu'on ne l'a pas vécu.
02:18Et pour l'avoir vécu, du coup, avoir eu cette chance-là,
02:21des paillettes dans les yeux tout le long,
02:24et ça restera à vie.
02:26Permets-moi de te dire ça,
02:27mais j'ai l'impression qu'une jeune femme,
02:29mais c'est ton cas de 18 ans, on est un peu...
02:32Alors, pas un bébé, mais une jeune femme.
02:34Est-ce que tu penses que ça va te donner une assise pour la vie ?
02:37Je parle en tant qu'athlète, en tant que femme, en tant que tout.
02:40Parce que, pardon, si on me donne n'importe quoi à mon âge avancé,
02:44on me dit, tu veux faire les Jeux de Paris ?
02:46Je quitte tout et j'y vais.
02:47Est-ce que ça va changer ta vie, à ce point-là ?
02:52Je ne dirais pas que ça la changera, mais ça va la marquer.
02:55Dans tous les cas, d'un côté ou d'un autre,
02:58ça va la marquer, c'est sûr.
02:59Parce que c'est une expérience que beaucoup d'athlètes rêvent de vivre.
03:04Évidemment.
03:05Et avoir eu cette chance-là, de pouvoir y participer,
03:08en plus jeune, de pouvoir vivre des choses,
03:10et en plus, ça ne s'annonce que du bon pour la suite,
03:13oui, ça va rester, ça va rester.
03:16T'as terminé en 34e position.
03:18À l'individuel, oui.
03:20Ouais, individuel.
03:21Quand t'y es arrivée, tu t'es dit, je peux aller chercher quelque chose,
03:24ou tu t'es dit, je prends ce qu'il y a à prendre et on verra ?
03:27Non, bien sûr. Quand je suis arrivée, à ce moment-là, c'était la médaille.
03:31Il n'y avait pas de doute, c'était l'objectif.
03:33Je suis aux Jeux olympiques,
03:35je fais partie des meilleures tireuses de France.
03:38C'est pourquoi j'ai été prise pour les Jeux.
03:41Mon objectif ne pouvait pas juste être de regarder, d'attendre.
03:44J'ai pas dit ça, hein ?
03:45Oui, mais...
03:47L'objectif était clair dans ma tête, je voulais une médaille.
03:50Donc, il y a eu de la déception ?
03:52Oui, il y en a eu un petit peu.
03:53Après, j'ai pris beaucoup de recul
03:56et j'ai su faire la part des choses,
03:59parce que, moi, il faut savoir que ce n'était pas du tout prévu,
04:02donc j'ai su faire la part des choses et, au final,
04:06ça s'est plutôt bien déroulé.
04:09En tout cas, j'en ai appris beaucoup
04:11et j'en ressortirai beaucoup par la suite.
04:14Pour les futures expériences dans ma vie sportive.
04:17Il y avait une émulation dans cette équipe de France ?
04:20Euh... Oui.
04:23Pas plus que ça ?
04:24Non, c'était bien, l'ambiance était géniale.
04:27Mais sinon...
04:29Enfin, si, l'ambiance était vraiment bien.
04:31Après, on avait tout à côté qui faisait qu'on ne pouvait que vivre les choses.
04:35On était très bien installés à Châteauroux, etc.
04:38C'était vraiment bien.
04:39Le fait de ne pas être à Paris ne vous a pas généré de frustration ?
04:42Au début, si, parce qu'on se dit qu'on a un peu écarté de la capitale,
04:47des infrastructures mises en place par la ville pour les Jeux.
04:52Mais au final, à Châteauroux, c'était plutôt bien organisé.
04:55Nous, on a eu la chance d'être dans une espèce de villa
04:59pas loin de Châteauroux pour les épreuves.
05:01Donc, on a pu passer du temps là-bas.
05:03C'était vraiment sympa.
05:05Ce qui est bien, c'est qu'on a pu vivre, comme je l'ai dit, après les épreuves,
05:09parce qu'on était les premiers à concourir.
05:12Donc, on a pu vivre après deux semaines de folie, je dirais, à Paris,
05:17vraiment dans l'ambiance des Jeux.
05:18Donc, finalement, ce n'était pas des rouges.
05:19Tu es allée voir des disciplines ?
05:20Oui, on a eu la chance d'aller les voir.
05:22Donc, on a été voir plein de trucs,
05:24que ce soit le ping-pong, l'athlétisme, l'escrime, le volley.
05:29Ah ouais, tu t'es régalée.
05:30Ah ouais, ouais.
05:31On faisait un à deux sports par jour.
05:34Dis-moi, je voudrais qu'on revienne sur un épisode qui est très important.
05:37C'est que tu te dis, moi, je ne dois pas y être à ces Jeux.
05:41Enfin, sur le papier, tu ne devais pas y être,
05:43sauf que tu t'es qualifiée à 17 ans.
05:46C'est à Rio, ce tournoi qualificatif.
05:48Raconte-nous comment ça se passe, parce que ce n'est pas simple non plus.
05:51Ah non, du tout.
05:52Alors, moi, je savais que Paris 2024 approchait,
05:56mais moi, je suis rentrée au Niveau réellement il y a quatre ans maintenant,
06:00mais en réalité, trois ans avant Paris.
06:02Donc...
06:03À 14 ans ?
06:05Oui, à 14 ans.
06:06Donc, moi, à ce moment-là, Paris, c'était un peu un rêve.
06:09Enfin, les Jeux olympiques, déjà, c'est un peu un rêve,
06:11mais l'objectif était plus Los Angeles,
06:14puisque ça me laissait beaucoup plus le temps de me performer,
06:17d'évoluer dans mon sport, pour pouvoir me démarquer.
06:21Puis 17 ans, pour les Jeux de Paris, ça faisait quand même jeune,
06:23surtout chez les tireurs.
06:25Donc voilà, Paris, c'était plus...
06:27Moi, c'était plus Los Angeles que j'avais en vision.
06:29Après, je sais que tout est possible, et ça, je me le suis toujours dit,
06:32parce que c'est ce qui me permet de ne pas me donner de limites dans mon sport.
06:36C'est-à-dire que je ne vais pas me restreindre au minimum
06:38et aller chercher à chaque fois le maximum.
06:40Donc je savais que ça allait être très dur à avoir,
06:43mais d'un autre côté, je me disais, bon, il y a une petite chance quand même.
06:47Et le temps passant, les résultats se faisant,
06:48t'as commencé à t'accrocher à cet espoir.
06:50En réalité, c'est l'année dernière, janvier dernier,
06:52où ça a vraiment commencé,
06:53parce que j'ai réussi à me qualifier sur des compositions d'âme,
06:56donc seigneur et dame,
06:58alors que je ne sortais qu'en junior avant.
07:00Et donc on faisait des Coupes du monde, j'ai fait les championnats d'Europe,
07:04enfin, voilà, il y a eu plein de compétitions.
07:06Avec des résultats.
07:07Avec des résultats, mais c'était de loin encore de la qualif pour les Jeux.
07:11Enfin, si j'avais de bons résultats, ça pouvait aller, mais c'était...
07:15Progression constante, mais on n'est pas encore au Jeux.
07:17C'était trop peu, oui, bien sûr.
07:18Et j'ai réussi à me qualifier au tournoi de qualification olympique à Rio,
07:24du coup, au mois d'avril, et c'est là que...
07:26Tu y vas en disant quoi ?
07:28J'y vais en...
07:29Déjà, j'étais contente, parce que pour me qualifier là-bas,
07:33j'ai battu mon record personnel,
07:35donc du coup, j'y suis allée très contente.
07:36En plus, le Brésil, c'est quand même une destination
07:40qui, pour moi, était un rêve,
07:41je voulais vraiment y aller de base dans ma vie,
07:44et donc j'étais très, très contente,
07:46mais j'y suis allée là-bas dans l'objectif de faire mes points
07:49et pas m'écrouler, parce que j'avais l'habitude...
07:52Enfin, pas une habitude, mais il ne m'arrivait que sur les Coupes du monde,
07:55donc je me qualifie avec des très bons scores,
07:56mais arriver là-bas, c'était vraiment très moyen.
08:00Et en même temps, je venais d'arriver un peu dans le...
08:02Oui, dans le très haut niveau.
08:04Dans le très, très haut niveau, enfin, il faut le tenter de s'habituer,
08:07il faut s'y faire, et...
08:09Enfin, il y a quand même tout un enjeu mental derrière
08:12qu'on ne se rend pas compte, en réalité.
08:15Tant qu'on ne le vit pas vraiment, on ne se rend pas vraiment compte.
08:17Oui, on a beau franchir les marches, il y a un moment, là-haut,
08:21même si tu flirtes avec la moindre petite chose,
08:24tu redescends depuis 10 marches.
08:25C'est simple.
08:26Les juniors, on pouvait encore concourir,
08:29faire une petite erreur et pouvoir se rattraper,
08:30même si c'était quand même super dur d'aller la rechercher.
08:33Enseignants, il n'y avait plus le droit, quoi.
08:35Et là, c'était dur.
08:38Donc, Neur, tout ça, au moment où il y a la médaille,
08:40est-ce que tu vois des 1 ou est-ce que tout le monde est...
08:43OK, on... Tu vois ce que je veux dire ?
08:45Est-ce que ton appréciation, elle est individuelle
08:48ou elle est aussi parce que tu vas chercher un regard auprès des entraîneurs
08:51et qu'ils te font comprendre qu'il faut continuer ?
08:53Tout le monde. Tout le monde dans le public.
08:56On avait tous les autres Français,
08:58donc les pistoliers, d'autres carabiniers,
09:00toute l'équipe de France qui était venue à Rio,
09:03qui était dans les gradins et qui criait, qui criait déjà
09:06pendant la finale, parce que c'est quelque chose
09:08qui se fait forcément quand on est en finale.
09:10Il y a beaucoup de bruit dans les gradins.
09:11Donc, ça veut dire que tout le monde que tu connais,
09:13ils sont tous là, ouais, tu seras à Paris !
09:15Et toi ?
09:17Oui. En fait, tout le monde crie dans les gradins
09:20en voyant le quota et moi, je suis à la finale,
09:22je suis concentrée et je dois finir.
09:24Je dois finir ma finale.
09:26Tu te rends compte de la maturité que t'as ?
09:28Moi, je le sens là, c'est où elle va, hein ?
09:32Oui.
09:34C'est une force incroyable, t'as 17 ans à ce moment-là.
09:38Tout juste, ouais.
09:40Parce que c'est en avril, donc j'ai deux semaines, je crois.
09:43Tu te sens plus forte que les autres, mentalement ?
09:45Non. Je me sens pas supérieure à qui que ce soit.
09:49Attention, c'est pas ça que je veux dire.
09:51Oui, mais c'est que je me sens...
09:53Tu parles de supériorité dans la compétition.
09:55Oui. Non, alors je suis consciente que j'arrive...
10:00Enfin, j'ai des facilités dans ma gestion mentale.
10:02Enfin, par exemple, je stresse pas beaucoup.
10:05Ça peut m'arriver, mais j'ai une gestion du stress
10:08que je gère extrêmement bien, je trouve.
10:10Et c'est ce qui me permet d'être très forte en finale
10:12parce que c'est là où, généralement, il y a énormément de stress.
10:14Et c'est pour ça que, moi, les finales, c'est plus mon truc.
10:17Mais malgré tout, je gère bien, je me sens pas forcément supérieure.
10:24Mais voilà, c'est ce qui fait des fois la différence
10:27entre les athlètes aussi.
10:28T'as l'impression que c'est quelque chose d'inné
10:30ou c'est quelque chose que t'as travaillé ?
10:33Les deux.
10:34Enfin, je pense qu'il y a une part d'inné parce que j'ai toujours...
10:37Déjà, de base, j'ai toujours été très compétitrice.
10:40Donc, du coup, j'avais toujours cette envie de gagner.
10:42Enfin, moi aussi, j'avais envie de gagner.
10:44Oui, mais c'est que j'avais...
10:45En fait, le stress, il ne comptait pas pour moi.
10:46Il n'existait pas.
10:47Dès que j'avais l'objectif de médaille, l'objectif de gagner,
10:51tout ce qui était autour...
10:53Occulté.
10:54Rien du tout.
10:55J'arrivais à faire abstraction, en fait.
10:56Et après, quand je suis rentrée au niveau,
10:58c'est là que je me suis rendue compte
10:59qu'il pouvait y avoir des émotions qui pouvaient venir,
11:02dans certains cas, parce que, bon, forcément,
11:04quand on fait un championnat départemental
11:06et qu'après, on se retrouve en Coupe du monde
11:08avec plein de nations, forcément, il y a des émotions qui viennent.
11:10Et là, c'est là qu'on apprend vraiment à les gérer.
11:13Et ça, pour moi, ça a été l'expérience.
11:172024, il y a les Jeux de Paris, il y a cette calife.
11:20T'as 17 ans et quelques mois.
11:22Et il y a le bac.
11:23Il y a le bac.
11:24Tu l'as passé quand ?
11:26Je l'ai passé comme tout le monde.
11:27C'était le bac de français en juin, bien sûr.
11:30Sans avoir été en cours.
11:32Quasiment pas.
11:33C'était très gentil.
11:34Parce que programme aménagé.
11:36Oui, on est aménagé.
11:37C'est pas juste parce que moi, je vais pas en cours.
11:39Non, c'est pas ça.
11:40Non, en fait, j'allais pas en cours
11:41parce que j'étais tout le temps en compétition cette année-là.
11:44Je sortais tout le temps, tout le temps, tout le temps.
11:45Oui, et puis l'échéance des Jeux,
11:47et toi qui continues d'avancer et qui va,
11:48ben oui, t'as des compètes.
11:50C'est ça. Donc j'avais beaucoup de compétitions.
11:52Donc forcément, beaucoup d'heures de cours manquées,
11:54en plus des heures qu'on manque déjà de base
11:57avec l'aménagement de l'emploi du temps,
11:59parce que quand on est en structure,
12:01enfin, on fait sport-études, quoi.
12:03Donc du coup, on a déjà nos demi-journées de libres
12:06pour pouvoir s'entraîner.
12:08Et en plus de ça, moi, je n'étais pas là.
12:09Donc j'allais pas en cours.
12:11Et c'est vrai que c'était compliqué.
12:12J'avoue que c'était vraiment pas une tâche facile.
12:15En réalité, mon bac, je l'ai révisé en trois semaines.
12:17Parce que... Les trois semaines juste avant.
12:20Parce que j'ai réussi à avoir trois semaines
12:23dans mon emploi du temps,
12:24où justement, je partais pas en compét.
12:27Enfin, voilà, j'étais ici, et c'était le moment de le faire,
12:29parce qu'il n'y avait pas d'autre moment, en fait.
12:32Et ça s'est passé comment ?
12:34Eh ben, franchement, les résultats étaient bien plus hauts
12:37que mes attentes. Je m'attendais vraiment à un plantage.
12:39En plus, le français, c'est pas vraiment mon fort, moi, de base.
12:42C'est un problème bien important, je peux te dire. C'est fluide.
12:44C'est gentil.
12:45Oui, mais c'est vrai qu'à l'école, c'est pas vraiment...
12:48Oui, c'est pas la même chose.
12:49La lecture, tout ça, moi, j'aime pas.
12:51Enfin, c'était vraiment compliqué.
12:52Mais voilà, je me suis donnée à fond, en fait, pendant trois semaines.
12:56Sportive de haut niveau, pareil.
12:57Pas de week-end, rien du tout.
12:58Enfin, c'était révision, révision, révision pendant trois semaines.
13:01On lâchait pas du tout.
13:02Résultat ?
13:03Résultat, 13 et 14 au bac.
13:05Je m'attendais à 6 et 7.
13:07Vraiment.
13:08C'est quoi ton objectif dans ta vie d'après ?
13:12Eh ben là, du coup, je suis en terminale.
13:13Donc, je suis en train un peu de décider de mon avenir,
13:16ce que je vais faire.
13:17T'as des envies, des...
13:19Non, j'ai pas vraiment d'idée précise de ce que je veux faire.
13:22Même s'il y a des trucs qui pourraient m'intéresser,
13:24c'est pour ça que je vais faire mes études là-dedans.
13:26J'avoue que je l'ai décidé il y a vraiment pas très longtemps
13:28parce que j'ai fait des recherches pour ça.
13:30L'année dernière, j'ai pas vraiment eu le temps de m'y poser
13:32avec tout ce qui s'est passé.
13:33Oui, bien sûr.
13:35Cette année, c'est un peu l'année post-jeu.
13:37Donc, c'est là que je dois m'y intéresser.
13:40J'ai pas trop le choix. Je suis en terminale.
13:41Là, je passe le back-to-back, le dernier.
13:44Et c'est quoi, ton...
13:46Et du coup, j'ai demandé...
13:48Je vais faire sûrement des études dans l'art numérique
13:51pour envisager d'être web-manager, web-marketer,
13:56développer des applications, etc.
13:59Ce serait un truc qui pourrait m'intéresser
14:00parce qu'en fait, je suis très...
14:02J'aime beaucoup l'art en général.
14:04Je dessinais beaucoup quand j'étais petite.
14:06Et créer des designs, etc., ça, j'aime bien.
14:10Et il y a des outils formidables aujourd'hui.
14:12En plus. Et du coup, je me dis que le numérique,
14:15c'est fortement dans l'actualité aujourd'hui.
14:17Et ça s'arrêtera pas.
14:18Et ça s'arrêtera pas. Ça ne fera que se développer.
14:21Du coup, je suis partie un peu dans ce que j'aimais faire
14:24en voyant sur quoi ça pouvait déboucher.
14:26Et je suis partie dans les arts numériques.
14:29Aujourd'hui, t'es à l'INSEP.
14:30Je suis à l'INSEP.
14:31Ça se passe comment ? Depuis quand ?
14:33Depuis septembre.
14:34OK. Donc, t'as fait les Jeux sans être passée par l'INSEP.
14:36Oui. J'étais aux Crêpes.
14:38Mais j'ai envie de dire que ces Jeux sont un tremplin.
14:42Oui.
14:43Même si pour certains, ça peut être un aboutissement.
14:45Toi, à 17 ans, les Jeux...
14:47Ça a aidé, oui. Bien sûr.
14:48En fait, mon entrée à l'INSEP a été faite forcément
14:52parce que j'ai augmenté en niveau.
14:53Je suis passée d'un niveau junior
14:55où j'avais pas réellement le niveau d'aller à l'INSEP.
14:58Et j'ai prouvé que je pouvais me qualifier pour les Jeux.
15:00C'est ça. Et là, du coup,
15:02on m'a demandé si je voulais venir à l'INSEP.
15:04Et je me suis dit que c'était l'occasion,
15:06que je l'aurais peut-être pas de voir.
15:08On peut très bien récréer ça en niveau.
15:10Donc je me dis que j'ai l'opportunité, je vais y aller.
15:13Surtout que c'était quand même dans mes convictions,
15:16dans mes objectifs d'y aller après le Crêpes.
15:19Donc je m'attendais pas assitôt.
15:20J'attendais au moins de finir mon bac.
15:22Mais l'occasion s'est présentée et je me suis dit...
15:25T'es heureuse là-bas ?
15:26Oui, ça se passe...
15:27Tu sens une émulation, un truc exceptionnel ?
15:30Bah... Ouais, je vois, en fait, le côté...
15:34J'en suis là aujourd'hui, quoi.
15:36Et des fois, je suis un peu nostalgique
15:39de tout ce qui s'est passé,
15:40parce qu'à la fois, ça a été très court.
15:42Enfin, ça s'est passé en quelques années seulement,
15:45et non plein d'autres, comme tout sportif.
15:48Beaucoup, en tout cas.
15:49Et d'un autre côté, j'ai vécu tellement de choses
15:52en quatre ans, enfin, en trois ans, que...
15:54Et t'en restes tellement à vivre.
15:55C'est ça. C'est ce que je me disais,
15:57le meilleur est à venir, et en tout cas,
15:59je vais tout faire pour que ce soit de mieux en mieux
16:02et de vivre encore énormément de choses.
16:04Je ne m'en rêve pas de ton adversaire, je te le dis.
16:07On pompe le rouleau au compresseur, Manon.
16:09Explique-moi une chose.
16:10Comment t'es arrivée au tir, toi ?
16:12Alors, moi, c'est assez simple, en réalité.
16:16C'est mon père, à l'époque...
16:19On avait un voisin qui était président
16:21du stand de tir de ma ville, donc à Sedan.
16:24Et mon père est parti essayer le tir avec lui.
16:28Et moi, je voyais qu'il partait tout le temps.
16:30Les dimanches, j'avais 8 ans, en ce moment-là,
16:32et je me disais, mais qu'est-ce qu'il fait ?
16:34C'était les dimanches matin, c'est le week-end, pourquoi il part ?
16:37Et je lui ai posé la question,
16:39je lui ai dit que je tirerais avec des armes.
16:41Et là, je me suis dit, j'aimerais bien voir ce que ça donne.
16:44J'aimerais essayer.
16:45Et du coup, il m'a amenée une fois, pareil, un dimanche matin.
16:49On m'a fait essayer la carabine,
16:51parce que c'est ce qu'on fait essayer aux enfants,
16:54aux plus jeunes, au départ, et j'ai accroché direct.
16:57Donc, j'ai commencé avec la carabine et le pistolet,
16:59je faisais les deux.
17:00Après, je me suis spécialisée.
17:02Qu'est-ce qui te plaisait, là-dedans, à 8 ans ?
17:05Franchement, je pense que je saurais pas décrire ce qui me plaisait,
17:09mais le fait de...
17:12C'est un peu...
17:14Le fait de tirer au milieu de la cible et que j'y arrivais,
17:16j'étais contente.
17:17Du coup, je me suis dit, j'aime bien, j'y arrive bien.
17:20Forcément, je le faisais pas à chaque fois,
17:22parce que quand on commence, on tire pas.
17:24Mais t'avais la volonté d'y arriver.
17:25J'avais la volonté, je voulais toucher le milieu de la cible.
17:28Du coup, j'ai travaillé pour toucher le milieu de la cible.
17:30A quel âge tu t'es sentie compétitrice ?
17:33Parce qu'au début, ça devait être rigolo, quoi.
17:35Ou tout de suite ?
17:36Tout de suite. Même avant.
17:38Enfin, j'ai fait d'autres sports avant.
17:40J'ai fait du foot, j'ai fait du tennis.
17:43Donc, foot, c'est plus sport collectif
17:46et tennis, plus individuel.
17:48Mais franchement, j'ai toujours eu cette envie de gagner,
17:51cet esprit de compétition, en fait.
17:53Et c'est venu comme ça, le tir, j'avais...
17:56C'est naturel. J'ai envie de gagner, j'aime gagner.
17:58Ouais, c'est ça.
17:59Excuse-moi de te poser la question,
18:01mais une défaite, ça représente quoi, pour toi ?
18:03C'est pas facile. C'est pas facile.
18:05Je pense que c'est pas assez fort, ce mot.
18:07Allez, vas-y.
18:08C'est compliqué, mais d'un autre côté,
18:12c'est bien.
18:13Parce que c'est grâce aux défaites aussi qu'on apprend beaucoup.
18:17Et moi, je vis pas une défaite comme...
18:20Oh là là, ça va plus du tout, je vais arrêter le tir, tout ça.
18:23Mais elle fait mal quand même.
18:25Elle fait très mal, forcément, parce qu'on n'est pas là pour perdre.
18:27Mais je pense que si j'en avais pas eu,
18:29je n'aurais pas autant appris que ce que je sais aujourd'hui.
18:34Les prochaines échéances, c'est quoi ?
18:36Alors là, cette année, on a plusieurs Coupes du monde,
18:39on a les championnats du monde senior,
18:41on vient de faire les championnats d'Europe,
18:45on a... Oui, Coupes du monde.
18:47Championnats d'Europe aussi, juniors à 59.
18:49Tes objectifs ?
18:50Tout.
18:52Tout quoi ?
18:53Je veux tout faire.
18:54Non, mais c'est pas... Oui, je veux tout faire.
18:56Non, tu ne veux pas que participer.
18:57Ah non, gagner.
18:58Voilà, donc je veux tout gagner.
19:00Je veux tout gagner.
19:01Je veux toujours tout gagner.
19:03J'adore.
19:04Tu restes avec nous, on va accueillir Julie Caron,
19:06rédactrice en chef d'Eau féminin.
19:08On va parler d'une sacrée championne.
19:15Ma chère Julie Caron, je suis ravi de vous accueillir ici.
19:18Moi aussi. Bonjour, Alexandre, et enchantée, Manon.
19:21Ravi de vous avoir avec nous.
19:23De qui allons-nous parler ?
19:24Alors, aujourd'hui, j'ai décidé de vous faire découvrir
19:27ou redécouvrir une véritable légende du tir sportif,
19:30et tu vas me dire si tu la connais.
19:33Donc, c'est une femme qui a vraiment brisé les barrières,
19:36c'est Margaret Murdoch.
19:37Est-ce que son nom, il te dit quelque chose ?
19:39J'avoue que je ne connais pas.
19:40T'inquiète, c'est sans doute normal.
19:42Ton nom, tu connaissais ou pas ?
19:43Moi, je connais Rupert Murdoch.
19:45C'est un autre type.
19:47Et en fait, c'est la toute première femme
19:49à avoir remporté une médaille olympique
19:52dans du tir sportif.
19:53Donc, il faut remonter aussi quelques années,
19:55c'est sans doute pour ça que tu ne la connais pas.
19:57Elle est née en 1942.
19:59C'est une Américaine, elle est née à Topeka, dans le Kansas.
20:01Et donc, elle commence à tirer très jeune.
20:03Elle aussi, elle va suivre son père au stand de tir.
20:06Et puis, dès lors, tout de suite, pareil.
20:08Elle a le feu sacré, elle adore ça, elle continue.
20:10Mais on est dans une époque,
20:12donc là, on est dans les années 50-60,
20:14où la compétition de tir sportif
20:16n'est pas du tout ouverte aux femmes.
20:19Donc...
20:21Non, à l'époque, il n'y a pas de femmes.
20:23Les femmes, elles ne peuvent pas concourir.
20:25Donc, c'est vraiment réservé aux hommes.
20:27Mais elle, elle est déterminée, elle adore ça,
20:30elle est aussi très douée.
20:31Et donc, elle réussit à intégrer l'équipe masculine de tir
20:34du Kansas, de l'Université du Kansas.
20:36Et c'est là où, en même temps, elle rejoint l'armée américaine.
20:40Et donc, elle va pouvoir progresser dans le tir.
20:42Et c'est dans ce contexte-là, en fait, qu'elle se forge,
20:46commence à se forger vraiment une réputation hors norme.
20:49Elle devient même instructrice de tir.
20:53De tir, oui.
20:54Et ben voilà, au fur et à mesure des années,
20:57son talent ne passe pas inaperçu,
20:58puisqu'en 1976, à Montréal, au JO,
21:01c'est la première fois que la compétition est ouverte aux femmes.
21:04Alors là, on est en mixte.
21:06Oui, ensemble. Il n'y a pas de compétition purement féminine.
21:08Et c'est justement tout ce qui va faire la belle histoire qui suit,
21:12puisque première compétition,
21:14première participation d'une femme à des JO en tir sportif.
21:17Et là, elle se retrouve à égalité pour la première place
21:20avec son homologue masculin,
21:23Lani Bassam.
21:24Donc, c'est lui, c'est le capitaine à cette époque-là
21:26de l'équipe américaine.
21:28Et donc, ils sont en épreuve de carabine,
21:30trois positions, et donc égalité.
21:33Et donc, elle est la première femme à participer,
21:36la première à autant performer.
21:39Mais voilà, donc à cause d'une règle un peu de départage
21:43qui est appliquée sur les dix derniers tirs,
21:45c'est lui qui remporte la médaille d'or
21:48et donc elle, la médaille d'argent.
21:50Sauf que...
21:51C'est quand même un exploit, à ce moment-là,
21:53il faut le réaliser, c'est la première à avoir une médaille olympique,
21:56mais il y a un petit goût d'inachevé, évidemment.
21:58Et donc, ce qu'on va retenir,
22:00et c'est aussi ce qui fait, ce qui offre les bons moments du sport,
22:04c'est qu'au moment de la remise de médaille sur le podium,
22:09il attire de force pour monter avec elle
22:11et qu'il partage cette première place sur le podium
22:15en signe que la règle, lui, il veut un peu oublier la règle officielle
22:19et dire que le symbole est magnifique.
22:22Et ça montre aussi que même dans un contexte
22:25où là, ils sont en compétition l'un contre l'autre,
22:28les deux veulent gagner.
22:29C'est très beau, parce que c'est lui, le champion olympique,
22:31et la médaille d'argent, mais mine de rien, symboliquement,
22:33il la mène à côté de lui.
22:35J'ai une question.
22:36Est-ce que si demain, vous vous battez contre des hommes,
22:43est-ce que tu sens...
22:44Enfin, pourquoi on serait meilleur que vous ?
22:48Alors, dans le tir, c'est un peu l'inverse.
22:50À ce qu'on pourrait croire dans les autres sports.
22:52Généralement, le niveau des filles est un peu plus élevé
22:56que chez les garçons, donc au moins la carabine,
23:00parce que...
23:01Alors, pourquoi, c'est la question,
23:03mais c'est vrai que les filles ont tendance à être légèrement meilleures,
23:06même s'il y a des garçons qui tirent très, très bien,
23:08mais partout, en fait.
23:11Quand on voit, que ce soit aux 10 mètres mixtes individuels...
23:14C'est incroyable, ça.
23:15Et donc, du coup, on n'a pas, nous, en tant que carabinière,
23:19ce sentiment un peu d'être dépassée ou surpassée par...
23:23Moi, je me battrais pour que les compétitions deviennent mixtes.
23:25Tu vois ce que je veux dire ?
23:27C'est pour ça qu'il y a le mixte qui existe.
23:29Donc, une fille et un garçon, ensemble...
23:32Ensemble, mais pas l'un contre l'autre.
23:33Pas l'un contre l'autre, mais on est contre d'autres mixtes.
23:36Donc, du coup, en soi, une fille, techniquement,
23:39tire contre un garçon, puisqu'il y a plusieurs...
23:42Oui, puisqu'on est en binôme.
23:44Oui, mais c'est vrai que sinon, les compétitions sont séparées.
23:47Donc, fille et garçon.
23:49Et ça, c'est venu après.
23:50Donc, oui, parce que là, à cette première compétition,
23:52ils étaient ensemble.
23:53Et donc, ce beau geste, il est resté gravé
23:55parmi les moments marquants des Jeux olympiques,
23:58parce que ça montre que, voilà, comme je disais,
24:00il y a une vraie reconnaissance du talent,
24:01malgré le genre, etc.
24:04Et donc, cette performance de Margaret,
24:06elle est aussi importante.
24:07Elle marque un véritable tournant dans l'histoire du sport en général,
24:10puisque les femmes qui rêvent comme toi,
24:12aujourd'hui, elle a ouvert la voie
24:14pour les autres athlètes qui voulaient participer au tir.
24:18Après ça, elle a continué à battre des records mondiaux, etc.
24:21Fille ou garçon, enfin, tout confondu.
24:25Et ce qui est particulièrement inspirant dans son parcours,
24:28c'est que, justement, elle a pu dépasser tous ces obstacles.
24:32D'abord, on ne voulait pas qu'elle participe à l'université.
24:35Elle arrive à intégrer l'équipe.
24:36Derrière, elle ne peut pas faire de compétition olympique.
24:38Elle arrive à se qualifier.
24:40Elle arrive à être sur le podium.
24:42Et donc, ça montre que, voilà,
24:44il ne faut jamais laisser les préjugés s'emparer de nous.
24:47Et alors, moi, j'espère que la discipline féminine
24:51n'a pas été inventée,
24:52parce qu'ils en ont marre que Margaret les batte.
24:56Tu sais, méfie-toi des hommes.
24:58C'est possible.
24:59En tout cas, voilà, c'était Margaret.
25:01Et maintenant, tu es la nouvelle ligne directe de son parcours.
25:07La photo de la semaine.
25:08Alors, on parle d'une autre Manon.
25:10C'est la championne olympique d'esprit Manon Apiti Brunet,
25:13qui est donc en plein entraînement,
25:15mais avec un ventre qui s'arrondit un peu.
25:17Magnifique, cette photo.
25:19Parce que, oui, l'athlète, elle a annoncé sa grossesse
25:22début février, un peu plus de six mois après son sacre à Paris.
25:27Et elle ne compte pas du tout lâcher ses ambitions sportives,
25:30parce qu'elle continue l'entraînement.
25:32Elle rêve d'être championne du monde.
25:34C'est un titre qu'elle n'a pas.
25:35Et elle a encore Los Angeles dans le viseur, elle, également.
25:38Tu la croises à l'INSEP ?
25:39Parce que je vois que c'est ta photo.
25:40Oui, je m'entraîne avec, des fois aussi,
25:42en préparation physique.
25:43Mais oui, c'est vrai, on la croise souvent, forcément.
25:47Moi, j'adore ce qu'elle fait, les ambitions qu'elle a.
25:51Ce qu'elle inspire.
25:52Oui, bien sûr.
25:53En même temps, pour une femme, déjà, devenir championne olympique,
25:56et puis avoir un bébé en route,
25:58et puis retourner derrière, au feu des compétitions,
26:02sous le feu des projecteurs, moi, je trouve ça génial.
26:05Ça donne une belle image, franchement, de la femme forte et douée...
26:09Complète.
26:10Complète, c'est ça, à part entière, en réalité.
26:13Parfait. On a fait le tour ?
26:14C'est tout pour moi.
26:15Merci mille fois, Julie. Très bon choix.
26:16Merci infiniment, Manon, pour votre retour à l'INSEP.
26:19Continue de nous faire rêver.
26:20Et je confirme, je n'aimerais pas être ton adversaire.
26:24C'est gentil. Merci à vous.
26:25Merci à vous toutes et à vous tous pour votre fidélité.
26:27A très bientôt. Salut.
26:43Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations