La Victoire est en Elles - Marie Leautey

  • il y a 3 mois
Cette semaine, Alexandre Delpérier reçoit Marie Leautey, tout juste rentrée de son tour du monde en courant. Au total, elle aura parcouru 28 000 km en près de 700 marathons.

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00:00...
00:18-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:21bienvenue dans votre rendez-vous dédié aux femmes dans le sport.
00:25Bienvenue dans La victoire est en elle.
00:27Attention, une femme étonnante, éblouissante,
00:30tellement forte et inspirante. Voici le sommaire.
00:32Aujourd'hui, depuis la Grèce,
00:34je reçois une femme qui vient de réaliser
00:36un exploit retentissant, le tour du monde en courant.
00:40Après 28 000 km, Marie Lothé est de retour
00:44où presque elle va tout vous dire.
00:47Bonjour, ma chère Marie. Je suis ravi de t'accueillir.
00:50Merci, Alexandre, de m'inviter. C'est un vrai plaisir.
00:54Alors, Marie, j'ai essayé de réunir quelques chiffres
00:58et je dois avouer que c'est assez déroutant.
01:0028 000 km,
01:02698 marathons,
01:05250 000 m de délivrés positifs,
01:07825 jours,
01:094 continents. Combien de pays, Marie ?
01:14Entre 24 et 26. Il faut que je refasse le compte.
01:17Avec le Covid, j'en ai fait plus que prévu.
01:19T'as quitté la France il y a combien de temps ?
01:23Il y a 25 ans.
01:25Non, sérieusement.
01:27J'ai quitté la France il y a 25 ans. J'ai 45 ans, je suis partie à 20 ans.
01:30Ça fait 25, mais j'ai commencé mon tour du monde il y a 2 ans et demi.
01:34J'étais partie en décembre 2019.
01:36Juste pour qu'on comprenne, tu cours un marathon par jour,
01:396 jours par semaine, depuis plus de 2 ans, c'est ça ?
01:43C'est ça, depuis 2 ans et 8 mois.
01:45Moi, je suis subjuguée par cette performance.
01:48On va essayer de comprendre, mais j'aimerais ce qui se passe dans la tête.
01:50Marie, qu'est-ce qui t'a pris de te lancer un défi pareil ?
01:54À la base, c'est juste un rêve qui ne vous quitte jamais, en fait.
01:59Vous êtes gosse, vous pensez au tour du monde,
02:03vous lisez les bouquins de l'Empire,
02:05vous lisez les bouquins de, je ne sais pas,
02:07même des grands navigateurs, Bernard Moitessier et autres.
02:09Vous vous êtes inspirée tout au long de votre vie
02:12par des voyages extraordinaires, et en fait,
02:14c'est votre propre voyage qui vous attend au bout d'un moment.
02:17Si vous ne faites pas le pas, vous sentez que vous allez finir
02:20avec des regrets ou quelque chose qui manque définitivement.
02:24Marie, tu es en train de me dire que depuis toute gosse,
02:29dans ta tête, dans un coin, s'était inscrit un jour,
02:31moi, je ferai le tour du monde.
02:33Le tour du monde, oui.
02:35En courant, je ne dis pas que c'était dès le début.
02:37Je ne savais pas du tout comment le faire.
02:39Je savais que je voulais le faire par mes propres moyens.
02:41Ça, c'était certain, autopropulsé, d'une certaine manière.
02:44En courant, c'est venu tard.
02:46C'est en fait quand j'ai mis les deux pièces du puls ensemble.
02:49Le tour du monde et en courant que là, je me suis dit, bingo, ça y est.
02:54C'est mon truc à moi. C'est ça.
02:56Quel était ton rapport à la course avant tout ça ?
03:00Parce qu'un marathon par jour, six jours par semaine,
03:04pendant plus de deux ans, un tour du monde,
03:06je répète bien, ce sont les bons chiffres,
03:08ce sont les bonnes données.
03:09Quel était ton rapport à la course avant ?
03:13Finalement, j'étais juste une coureuse amateur,
03:15une coureuse du dimanche, en fait.
03:17On ne trouve pas mes noms dans des courses d'ultra running,
03:19on ne trouve pas mon nom dans des super tentes de marathon ou quoi.
03:22Pour vous donner une ordre d'idée,
03:24mon meilleur marathon a été en 3h20.
03:26C'est un bon temps, mais ce n'est pas extraordinaire,
03:28sachant que les vrais athlètes,
03:31ceux qui sont des champions du monde vont le faire en deux heures.
03:33Moi, je le fais en 3h20.
03:35Donc, c'était ça.
03:37J'aimais courir et je me rendais compte
03:39qu'en fait, la course à pied, c'était un moyen de découvrir le monde.
03:41Moi qui vivais beaucoup à l'étranger,
03:42j'ai vécu les 25 dernières années de ma vie à l'étranger,
03:46quand on voyage beaucoup avec le business, etc.,
03:48on s'arrête dans une ville, on s'arrête dans un pays
03:50pour une semaine, un mois, trois mois.
03:52Et en fait, de courir, ça permet de découvrir le monde.
03:55Et en fait, ça, je l'ai compris très tôt, dès le début.
03:57Oui, j'ai envie de te dire, moi, si je devais le faire,
03:59je le ferais à vélo.
04:00Je verrais plus de choses, j'irais plus vite.
04:05Alors, j'ai pensé d'abord au vélo.
04:07Et en fait, ce qui me gênait avec le vélo,
04:08c'est qu'en fait, quand on est dans le guidon
04:10et qu'on est à 25, 30 km heure,
04:12finalement, on traverse un village
04:14où on n'a pas vraiment vu grand-chose.
04:16Quand on est à pied, en fait, le rythme de la course à pied
04:18me plaisait beaucoup.
04:19On a le temps de tout voir, on a le temps de s'arrêter,
04:21on a le temps de dire bonjour au monsieur,
04:23de dire il est joli le chien, d'avancer.
04:25On a le temps de sentir l'odeur de la boulangerie.
04:27On a le temps de cuivrir la figue sur les routes en Grèce
04:31quand on la traverse en plein mois d'août.
04:33On a le temps de tout ça.
04:34Et on est à un rythme qui permet tout ça.
04:37Et je pense que le vélo, ça me paraissait trop rapide.
04:41On est sur un outil, on est sur le vélo.
04:45Alors qu'à pied, on est dans le monde.
04:47On est nu dans le monde presque.
04:49Donc beaucoup plus ouvert, en fait.
04:50Enfin moi, quand je cours, je cours à 18.
04:53Non, je plaisante.
04:55Je plaisante.
04:56Explique-moi une chose.
04:58Tu es mariée, tu as des enfants, tu as une famille.
05:01Ce n'est pas un jugement, attention.
05:04Non.
05:05Non, non, mais c'est intéressant
05:07parce que je n'ai pas pu avoir d'enfant.
05:08En fait, le fait de ne pas avoir pu avoir d'enfant,
05:10c'était un projet que j'avais toujours eu d'avoir une famille.
05:13En fait, ça n'a pas pu se faire.
05:14Un projet s'éteint, un autre projet s'allume.
05:18Quand j'ai vu que ce ne serait pas possible comme ça,
05:20j'ai cherché l'autre projet dont j'avais vraiment envie
05:24et ça m'a permis de me lancer.
05:25C'est vrai que si j'avais eu des enfants,
05:26peut-être que je n'aurais pas pu partir aussi jeune probablement.
05:29Si je regarde les six personnes
05:31qui ont couru autour du monde avant moi,
05:32ils sont partis plus tard parce qu'ils avaient des enfants,
05:34parce qu'il fallait que les enfants soient émancipés
05:36pour partir dans un tel voyage.
05:38Forcément, c'est une malchance qui m'a porté un peu chance.
05:42Tu as quelqu'un dans ta vie ?
05:45Oui, j'ai quelqu'un dans ma vie.
05:47Il est venu ? Où est-il venu ?
05:50Il est venu et il m'a accompagné sur la deuxième partie du voyage.
05:53J'ai fait quand même 21 000 kilomètres en solo complet,
05:56donc deux ans.
05:57Mon compagnon est venu me rejoindre
05:59sur les derniers huit mois du voyage, l'hémisphère sud.
06:04Ça veut dire, Marie, que pendant deux ans,
06:07tu étais seule, tu as fait plus de 20 000 kilomètres, c'est ça ?
06:12Oui. Il y a une petite ironie comme ça.
06:14Tu me demandais il y a un instant si j'avais des enfants.
06:17Pour transporter mon matériel toute seule,
06:20je n'ai pas trouvé d'autre moyen que de pousser une poussette
06:22et à la place du bébé, de mettre mon sac avec mon équipement dedans.
06:25Porter un sac à dos, ça n'aurait pas été possible de courir un marathon.
06:28Quand je regarde la photo,
06:29on dirait que tu souris à un bébé dans la poussette.
06:31En fait, tu souris à ton sac à dos.
06:34C'est exactement ça.
06:35Le nombre de gens qui ont encouragé mon sac
06:37en disant que mon sac serait un grand athlète quand il serait grand,
06:40m'ont demandé si mon sac avait besoin d'un petit peu d'eau.
06:43Donc, c'était très amusant, mais c'était une petite ironie,
06:47finalement, de ne plus avoir d'enfants
06:49et de se balader à travers le monde avec une poussette
06:51en passant pour une mère de famille qui trimballe son enfant
06:53pour son jogging du dimanche.
06:55Moi, je trouve ça merveilleux, ce défi.
06:57Encore bravo, Marie.
06:58J'ai une question avant de partir.
07:00Tu étais directrice financière à Singapour.
07:02Tu gagnais correctement ta vie.
07:04T'étais heureuse ? T'étais épanouie ?
07:08Oui, complètement.
07:09Mais c'est marrant parce que c'est une question qu'on me pose.
07:11On me dit que je fuyais quelque chose, que je m'échappais.
07:13Au contraire, non, non.
07:14C'était un geste très positif
07:17d'aller se lancer dans ce voyage fabuleux.
07:19C'était un rêve que j'allais réaliser.
07:22Je ne fuyais rien.
07:23J'étais très bien dans ma vie.
07:24J'aurais pu continuer à bien gagner ma vie à Singapour
07:27et à continuer à voyager à travers le monde grâce à ma carrière.
07:31J'espère que ça va continuer derrière.
07:33C'était un truc très positif.
07:35Tu dormais où ? Tu t'organisais comment ?
07:37Est-ce que tu savais ?
07:38Est-ce que tu as prévu toutes les étapes ?
07:40Ou est-ce que tu as improvisé ?
07:43Il y a eu très peu de place pour l'improvisation au début.
07:46Je suis partie sur un directrice financière.
07:48J'ai tout planifié dans un grand tableau Excel
07:50avec toutes les étapes prévues, 40 km par 40 km.
07:53Et puis le Covid est arrivé au bout de trois mois
07:55et l'improvisation s'est invitée dans le voyage.
07:57Et là, ça a été fabuleux
07:58parce que je retraçais mon itinéraire en permanence
08:00en fonction des pays ouverts, des pays fermés,
08:03des pays où il fallait attendre une semaine
08:05avant de pouvoir rentrer avec les tests, avec je ne sais quoi.
08:08J'ai passé quasiment un an à retracer mon itinéraire carrément
08:12avec juste une semaine de visite devant moi.
08:14Tu dormais où ? Tu trouvais, je n'en sais rien,
08:17chez l'habitant, des hôtels ? Tu as une tente ?
08:19Il y a un peu de tout ça.
08:21Il y avait un peu de tout.
08:23Principalement, c'était prévu quand même.
08:25J'essayais de savoir où j'allais dormir
08:27parce que quand on vient de courir un marathon,
08:29l'essentiel, c'est qu'on veut une bonne douche derrière
08:31et un bon matelas pour se reposer.
08:33Donc, c'était quand même prévu.
08:35Mais il y avait des fois où il n'y avait pas le choix.
08:37Par exemple, à traverser l'Amérique du Nord,
08:38c'est des grands espaces où il n'y a pas grand-chose.
08:40Donc, il y avait du camping aussi.
08:43Et puis, des fois, on me proposait l'hébergement.
08:45Donc, je ne le refusais pas
08:47parce qu'une des merveilles de ce voyage,
08:49c'était aussi les rencontres humaines, bien sûr.
08:52Au niveau alimentaire, comment ça se passe ?
08:56Parce que pour courir un marathon par jour
08:58pendant toutes les semaines, six marathons par semaine…
09:01C'est là où c'est absolument formidable.
09:05C'est qu'en fait, je me suis préparée pendant deux ans
09:08en essayant d'être dépendante de rien,
09:09ni de jeûne énergétique, ni de barre énergétique,
09:11ni de boisson protéinée, ni de tout ce que vous voulez.
09:13Et en fait, tout ce tour du monde,
09:15j'ai mangé ce que je trouvais dans les endroits où j'étais.
09:17Parlons de la traversée de la Grèce,
09:20superbes poissons, régime méditerranéen,
09:23tout ce que vous voulez,
09:24traversée des États-Unis,
09:26burgers et pizzas congelées avec des frites,
09:29traversée de l'Amérique du Sud,
09:32vous imaginez les plats au Chili ou en Argentine.
09:35En fait, ça a changé sur tous les continents en permanence.
09:37Et ce qui est très surprenant,
09:39c'est que la performance n'a pas du tout été affectée.
09:41Parle-moi de ces rencontres, de ces hommes, de ces femmes.
09:44J'imagine qu'il y en a eu qui doivent être tellement atypiques
09:46et qui ne devaient pas piger en voyant ce petit bout de femme arriver.
09:49« Bonjour, je viens de faire un marathon, j'en ai un autre demain.
09:51J'ai fait 20 000 kilomètres, il m'en reste 6000 à faire. »
09:54C'est ça qui était extraordinaire.
09:56En fait, c'était la plus belle partie du voyage en termes de rencontres.
09:59C'était quand j'étais en solo finalement avec cette poussette.
10:01« Ça fera plaisir à ton mec. »
10:03Les plus belles rencontres, c'est là.
10:06Et le plus fabuleux, en fait,
10:08c'était probablement les parties moins peuplées.
10:10Parce qu'en Europe, je ne sais pas s'il n'a perçu,
10:12l'Europe est tellement densément peuplée
10:14que partout où j'allais, je pouvais facilement être une femme
10:16avec mon bébé dans la poussette en train de faire mon jogging.
10:18En revanche, quand j'ai traversé l'Amérique du Nord,
10:20les grands espaces,
10:21là, j'étais complètement une alienne, un ovni.
10:24Et donc, c'est là où j'ai eu toutes les plus belles rencontres.
10:27C'était là.
10:28Je peux te raconter, il y a eu une histoire absolument incroyable.
10:31J'étais en train de courir le long de l'autoroute
10:34dans le Dakota de Montana.
10:37Et il y a cette femme qui avait vu un article sur moi
10:39dans le journal la veille, dans le journal local.
10:41Et ce jour-là, c'était l'anniversaire.
10:43C'était triste.
10:44C'était un an de la mort de son fils.
10:46Donc, elle avait pris sa voiture et elle conduisait.
10:48Elle avait les larmes aux yeux.
10:49Elle n'arrivait pas à faire son deuil.
10:52Et là, elle me voit sur l'autoroute à courir.
10:55Elle fait demi-tour.
10:56Elle s'arrête juste devant moi.
10:58Et là, les larmes qui coulaient,
11:01elle me prend dans ses bras et elle me dit
11:03que j'avais perdu tout espoir dans la vie.
11:06J'attendais un signe aujourd'hui.
11:08J'ai perdu mon fils il y a un an.
11:11Et je te vois là et tu me redonnes espoir.
11:13Et là, elle me donne un cadeau,
11:15un truc lié à la mort de son fils.
11:17Et elle me dit, fais-moi une promesse
11:19que tu vas garder ça avec toi
11:21jusqu'à la fin de ton tour du monde.
11:23Et là, c'est un choc en pleine face
11:25parce qu'en fait, ce n'est pas moi.
11:26Moi, je ne suis rien du tout.
11:27Moi, je suis une fille qui court.
11:28En fait, c'est ce que représente ce tour du monde.
11:30Et en fait, dans les rencontres que je faisais,
11:32souvent, c'était ça.
11:34Moi, j'écoutais plus que je parlais.
11:36Parce que quand tu dis aux gens
11:37que tu fais un tour du monde,
11:38ils te racontent leur propre histoire.
11:39Ils te racontent leurs propres rêves,
11:41les choses qu'ils n'ont pas faites,
11:43qu'ils attendent de faire.
11:44Et c'est ça qui est extraordinaire.
11:45Et c'est la force de ce voyage,
11:46de susciter tellement...
11:48de stimuler l'imaginaire des gens et leurs rêves, en fait.
11:52Tu leur réveilles leurs rêves.
11:53C'est magique. C'est très beau et très émouvant.
11:56Parle-moi des plus beaux paysages que tu as vus.
11:59C'était quoi ? C'était où ?
12:02Il y en a un qui sort du lot, clairement.
12:04C'était la traversée des Andes,
12:06la Cordillère des Andes, en Amérique du Sud.
12:09Donc, j'ai traversé au niveau
12:11entre la frontière du Chili et de l'Argentine.
12:13Et je ne pouvais pas prendre la route pour les voitures
12:16parce que, tout simplement, il y avait beaucoup de tunnels
12:18pour traverser ces montagnes.
12:20Et donc, je suis montée en courant sur une route en lacets.
12:23Il y avait plus de...
12:24Il y avait entre 80...
12:25Il y avait plus de 80 lacets à monter
12:27sur une route, un sentier, en fait, où il n'y avait personne.
12:30Et je suis arrivée à 4 000 m d'altitude
12:33dans un endroit complètement improbable
12:35avec une grande statue du Christ rédempteur
12:37en haut de la montagne.
12:39Et je voyais toute la Cordillère des Andes,
12:41je voyais la Cancagua,
12:42qui culmine à près de 8 000 m.
12:44Je voyais tout ça et je me suis retrouvée
12:46dans cet endroit tellement insolite, tellement magnifique,
12:49où je me suis dit, mais sans ce voyage,
12:51jamais de ma vie, je me serais retrouvée à cet endroit-là.
12:54Et donc, c'est la force du voyage, en fait,
12:56qui m'a frappée plein fouet.
12:58Et là, c'était très émotionnel.
13:01Mais là, par exemple, est-ce que tu savais, le matin,
13:04qu'il y avait ces tunnels que tu ne pouvais pas les prendre
13:07et qu'il fallait prendre ces 80 lacets ?
13:09Ou ça, tu t'es retrouvée devant le fait accompli ?
13:12Non, non, il n'y avait pas de surprise.
13:14On en a tout été préparé.
13:16J'avais lu les livres des 6 personnes avant moi
13:18qui ont fait ce tour du monde dans le français,
13:20Serge Girard, et donc, ils étaient plusieurs
13:22à avoir pris la même route que moi.
13:24Donc, je savais un peu dans quoi je me mettais le pied.
13:26Mais malgré tout, quand on le fait soi-même,
13:29c'est juste un truc complètement improbable,
13:31d'autant qu'il n'y a personne.
13:33On est au milieu des Andes.
13:36C'est très impressionnant.
13:39C'est incroyable.
13:40Il faut que je te pose une question.
13:42La sécurité, là-dedans, il n'y a pas des moments où tu as flippé
13:45ou tu t'es dit, bon, Inch'Allah, on verra ?
13:48Comment ça se passe, ça ?
13:50En fait, c'était très particulier,
13:51parce que, comme je t'ai dit,
13:52la première partie du voyage, pendant les deux ans en solo,
13:55j'avais ma poussette.
13:56Et finalement, quand tu es une femme seule avec une poussette,
14:00tu n'es pas du tout la proie des prédateurs ou des agresseurs.
14:02C'est trop compliqué, une femme avec une poussette.
14:04Une femme seule, par contre, là, ouais,
14:07il y aurait peut-être eu des endroits
14:08où je me serais sentie mal à l'aise,
14:10un peu en danger, un peu bien isolée.
14:12Mais je me suis rendue compte très tôt,
14:14même dans ma préparation avant de partir,
14:15que le fait de pousser la poussette,
14:18c'était une forme de protection.
14:19Personne n'y va, la femme avec l'enfant dans la poussette.
14:23Et puis, sur la deuxième partie du voyage,
14:25les huit derniers mois, du moins,
14:26quand j'avais pu pousser la poussette,
14:28je pense que j'avais pris tellement d'assurance.
14:31Et c'est une forme de confiance, en fait.
14:33Et peut-être que j'ai eu aussi beaucoup de chance,
14:35et je n'ai jamais eu de problème.
14:37Ton compagnon t'a rejoint
14:38pour ces fameux 8 000 derniers kilomètres.
14:40C'est lui qui poussait la poussette, c'est ça ?
14:43Il conduisait le camping-car.
14:45Et en fait, je traversais,
14:47donc c'était pour aider à la traversée des Andes
14:49et puis la traversée du désert en Australie.
14:51Et en fait, c'était juste que ça aurait été
14:53très compliqué en solo de traverser un désert.
14:56Il aurait fallu porter une telle quantité d'eau
14:58et de nourriture pour être en autosuffisance
15:00que ça aurait été possible, mais très compliqué.
15:02Donc quand il s'est porté volontaire,
15:04j'ai volontiers accepté l'aide.
15:07Je vois bien à quoi on sert.
15:10Le désert, tu réussissais à faire un marathon par jour
15:13dans le désert australien ?
15:15Oui, mais alors aussi, j'ai eu de la chance
15:17parce que tout mon planning initial
15:19qui était prévu au couteau avant l'arrivée du Covid
15:23a été chamboulé complètement.
15:25Même l'ordre des continents que j'ai traversés a été chamboulé.
15:27Donc en fait, il y avait toujours cet inconnu
15:29au cours de mon parcours où je me demandais
15:32dans quelle période saison vais-je traverser l'Australie ?
15:36Et ça s'est goupillé hyper bien
15:38parce qu'en fait, je l'ai traversé dans l'hiver australien.
15:41Et donc, il faisait quelle température ?
15:42Pas de serpents, parce que les serpents…
15:44Non, mais c'était super clément.
15:45C'était entre 16 et 25 degrés, donc pas très bon.
15:48Les serpents hibernent, donc vous ne les avez pas.
15:52Toutes les petites bestioles, les araignées et tout ça,
15:54pareil, je ne sais pas s'ils hibernent,
15:56mais en tout cas, je n'en ai pas vu.
15:57Donc en fait, ça s'est très bien goupillé.
15:59Marie, tu cours pour une ASO,
16:00Women for Women International.
16:02C'est quoi ? Explique-nous.
16:04C'est une ONG qui, en fait,
16:07commence à apporter du soutien aux femmes
16:09quand la paix arrive et donc quand tout le monde s'en va
16:12en disant super, il y a la paix dans le pays.
16:14On voit ce qui se passe en Ukraine,
16:15notamment c'est les femmes et les enfants,
16:16surtout qui sont parties du pays.
16:18Les hommes sont restés pour se battre.
16:19Et d'ailleurs, ils n'avaient même pas l'autorisation
16:21de partir du pays pour la plupart.
16:22Et donc, il y a un grand exode de femmes
16:25qui se retrouvent avec rien sur les routes du monde
16:27et qui, quand la paix revient,
16:28essaient de revenir au pays,
16:29mais qui reviennent au pays dans des économies cassées,
16:32dans des modèles socio-économiques,
16:34des modèles communautaires, en fait, qui n'existent plus.
16:36Donc en fait, cette ONG les aide.
16:38En ce moment, elle bosse surtout avec l'Afghanistan,
16:41parce que les femmes en Afghanistan,
16:43la situation n'est pas simple en situation d'après-guerre.
16:45La République du Congo aussi,
16:48et je pense que leur prochain gros challenge,
16:50ce sera l'Ukraine.
16:51Donc moi, ça m'intéresse
16:52parce que c'est une cause qui est peu mise en avant
16:55et où un bon coup de projecteur de temps en temps,
16:58je pense que ça peut leur filer un bon coup de main.
17:01Et j'ai voulu leur apporter ça.
17:02J'ai voulu leur apporter mon effort.
17:05J'ai voulu leur apporter mes deux records du monde.
17:07J'ai voulu leur apporter quelque chose de tangible,
17:09en fait, pour leur montrer mon support.
17:11Je voudrais juste rappeler,
17:12pour celles et ceux qui nous rejoignent
17:13il y a un instant même,
17:14Marie, c'est deux ans et demi de course à pied,
17:16six marathons par semaine,
17:18698 marathons en deux ans et demi,
17:2128 000 kilomètres effectués.
17:24Surhumain, pardon.
17:25Marie, là, t'es en Grèce, t'es en vacances,
17:27tu te reposes, c'est la dernière étape
17:28avant de revenir du côté du Havre, du camp ?
17:33Du côté de Rouen.
17:34De Rouen, pardon.
17:35En Normandie.
17:36Du côté de Rouen.
17:37La célébration va avoir lieu le 17 septembre.
17:39Marie, j'ai une question, c'est quoi la suite ?
17:42Est-ce qu'on peut...
17:43D'abord, tu as dû changer,
17:44t'es plus la même femme, j'imagine,
17:46et puis le monde a changé.
17:47On voit les crises que l'on subit,
17:49la guerre, le Covid.
17:51Est-ce que tu es prête à affronter ça ?
17:54Oui, bien sûr.
17:55Je pense que je vais vouloir
17:56tourner la page un petit peu en douceur.
17:58D'abord, je vais vouloir rendre justice
18:00à ce voyage fabuleux que j'ai vécu.
18:02Je pense que je vais passer
18:03quelques mois à écrire, d'abord,
18:04pour faire un vrai rendu de cette aventure
18:07et pour la partager.
18:09Et puis, je pense qu'ensuite,
18:11j'irai vers où mon cœur penche
18:14et je pense que j'aimerais bien
18:16me mettre au service des femmes.
18:17J'aimerais bien me mettre au service
18:18de ces ONG qui travaillent dur.
18:20Il y a tellement de thématiques
18:22sur les femmes, sur le droit des femmes,
18:24l'égalité des femmes,
18:25même l'égalité des femmes dans le sport,
18:26j'ai envie de dire.
18:27Je suis seulement la deuxième femme au monde
18:28à traverser le monde en courant,
18:30alors qu'il y a eu 50 quand même.
18:32Donc, non, non,
18:33il y a beaucoup de thématiques,
18:36mais ça sera forcément, je pense,
18:38au service des femmes.
18:39C'est marrant, ça.
18:40Les tableaux Excel, direction financière,
18:42ça ne t'a pas manqué ?
18:44Alors, finalement, curieusement,
18:45j'ai envie de dire non.
18:48Mais ça m'a bien servi, par contre.
18:49Ça m'a bien servi.
18:50C'est des choses qui étaient très utiles
18:52au niveau planification,
18:53même planification financière.
18:54Moi, j'étais auto-financier à 100 %,
18:56donc le passé de directrice financière,
18:57elle a bien servi quand même.
18:59Marie, moi, je serais incapable
19:00de partir seule.
19:01Je pourrais partir à deux.
19:04Tu me dis viens, on repart.
19:05Moi, je prendrais un vélo et je te suis,
19:06mais tout seul, je n'y arriverais pas.
19:08La solitude, parfois, ce n'est pas dur ?
19:11Mais en fait, ça n'existe plus.
19:13Moi, je pense que mon voyage
19:14il y a 10 ou 15 ans,
19:15il aurait été très différent,
19:16effectivement.
19:17Mais là, je suis dans un voyage
19:18où pendant que je cours,
19:19sur ma poche de sac à dos,
19:22il y a mon téléphone,
19:23et ça peut être ma sœur
19:24qui m'appelle par WhatsApp
19:25en me disant comment tu vas.
19:26Je suis en train de courir,
19:27je prends l'appel,
19:28et puis je lui montre les jolis paysages
19:29dans lesquels je suis,
19:30et puis je partage.
19:31On est tellement connectés maintenant,
19:33et même dans un voyage commun,
19:34c'est vrai,
19:37il n'y a aucun coin du monde
19:39dans lequel je suis allée
19:40où je n'étais pas connectée.
19:41Finalement, il y a une forme de solitude
19:42parce que je cours seule,
19:43c'est vrai.
19:44Je suis toute seule sur la route
19:45et je ne peux pas tout partager
19:46tout le temps,
19:47mais il y a toujours un élément
19:48de partage et ça, c'est la beauté
19:50en fait des outils technologiques
19:52qu'on a à disposition.
19:53Et 28 000 kilomètres,
19:54deux ans et demi de course à pied,
19:55six marathons par semaine,
19:56il n'y a pas une entorse,
19:57pas une foulure, rien,
19:58pas un problème,
19:59pas un adducteur qui siffle,
20:00que dalle.
20:01Alors ça, c'est la folie du truc.
20:03Il n'y a eu aucune blessure.
20:04La seule blessure, c'était à la main
20:05à force de pousser la poussette.
20:07Et j'aurais adoré être cobaye.
20:10L'INSEP a pensé à un moment donné,
20:12m'a contactée pour voir
20:14s'ils pouvaient faire une étude sur moi.
20:16Et moi, j'étais prête.
20:17Moi, je leur donnais mon corps.
20:18Ils prenaient tout ce qu'ils voulaient.
20:20Je voulais avoir les réponses,
20:21en fait.
20:22C'était vraiment de la curiosité.
20:23Et ce qui s'est passé,
20:24c'est qu'en fait, ils ne m'ont pas eu
20:25dès le début, donc ils ne savaient pas
20:26d'où on partait pour aller à où,
20:27en fait.
20:28Est-ce que le corps s'adapte
20:30ou est-ce que le corps
20:31est comme ça dès le départ ?
20:32Donc en fait, ils leur manquaient
20:33des éléments et puis ça ne s'est pas fait,
20:34mais j'aurais adoré.
20:37Est-ce que l'étape d'après,
20:39ça pourrait être aussi des compétitions,
20:40des marathons, des trails,
20:42des ultra-trails,
20:43des choses comme ça ?
20:46Alors curieusement,
20:47je ne suis pas du tout compétitive.
20:50Donc j'en ai fait beaucoup
20:51des courses en tant qu'amateur.
20:52Je ne sais pas si j'en referai,
20:53probablement pour le plaisir,
20:54parce que c'est chouette.
20:56Moi, j'aime bien l'ambiance
20:57des courses, se retrouver
20:58avec plusieurs milliers de collègues.
21:00Par exemple, dans mon tour du monde,
21:01j'ai été invitée sur le marathon
21:02de Chicago.
21:03C'était super.
21:04Donc j'ai fait le marathon de Chicago
21:05le 10 octobre 2021.
21:08Et c'était super.
21:10Donc en fait, j'ai bien aimé,
21:11mais je ne le ferai pas
21:12de manière compétitive.
21:13Vous ne trouverez pas mon nom
21:14au palmarès des grandes courses.
21:15Mais quand tu t'es inscrite
21:16au marathon, tu leur as dit
21:17« J'en avais fait un hier,
21:18un avant-hier, un avant-avant-hier,
21:19et j'en ferai un demain ? »
21:21Non, c'est le consulat de Chicago
21:23qui, en entendant parler
21:25de mon aventure, a dit
21:26« On s'est arrangé
21:27avec les organisateurs
21:28et on vous a invité
21:29sur le Chicago marathon,
21:30parce que c'est impossible,
21:31sinon il faut s'enregistrer
21:32plus d'un an à l'avance. »
21:33Et donc, ils m'ont mis
21:38une super surprise pour moi.
21:40Marie, est-ce que ton corps
21:42t'a étonné ?
21:43Est-ce que tu te rends compte
21:44que finalement, le corps,
21:45il suit aussi ce que la tête
21:46lui dit et inversement ?
21:48En quoi, physiquement,
21:49tu t'es étonné
21:51et en quoi, mentalement,
21:52tu t'es rendu compte
21:53que quand on voulait,
21:55on y arrivait ?
21:58Alors, l'étonnement, en fait,
21:59il est plus venu au moment
22:00de la phase de préparation,
22:01parce qu'en fait,
22:02je ne me suis pas lancé dedans
22:03sans savoir pendant les deux ans
22:04qui ont précédé mon départ,
22:05alors que je bossais quand même
22:06à plein temps.
22:07Je revenais tous les soirs
22:08du bureau en courant.
22:09Et il se trouvait que mon bureau
22:10était à 20 km de ma maison.
22:12Donc, ça me faisait quasiment
22:13un demi-marathon
22:14que je faisais tous les soirs.
22:15Mais ce n'était pas en vain,
22:16c'était vraiment pour tester
22:17est-ce que mon corps
22:18peut supporter ça,
22:19sachant que j'habitais à Singapour
22:20où il fait 40 degrés
22:21avec 90 % d'humidité tous les jours.
22:23C'était très compliqué.
22:24Et en fait, j'utilisais
22:26toutes mes vacances pendant deux ans,
22:27tous mes longs week-ends
22:28à faire des voyages marathons,
22:29ce que j'appelais.
22:30Je partais trois marathons
22:31en trois jours
22:32sur un long week-end.
22:33Je partais huit marathons
22:34en huit jours
22:35sur quelques jours de congés.
22:40J'ai testé ça.
22:41Et c'est là où je me suis étonnée
22:42parce que c'est là où j'ai compris
22:43qu'en fait, je voulais tellement,
22:44je voulais tellement ce truc
22:45que le corps s'adaptait finalement.
22:49Et pour ce qui est des blessures,
22:50j'ai appris à être
22:51très, très vigilante.
22:53J'attendais.
22:56Et j'écoutais tout au long
22:57de la course.
22:58Je ne cours pas avec de la musique,
22:59je n'ai pas de distraction
23:00et j'essaye d'être vraiment
23:01à l'écoute.
23:02S'il y a la moindre tension,
23:03s'il y a le moindre truc,
23:04j'essaie de voir,
23:05est-ce que je pose bien mon pied
23:06comme il faut ?
23:07Est-ce que mon dos est droit ?
23:08Oh, pardon.
23:09Excusez-moi, il y a eu
23:10un petit saut de caméra.
23:11Est-ce que la proprioception
23:13me permet de voir
23:14si je fais bien mon mouvement ?
23:15Est-ce que ma chaussure
23:16n'est pas trop serrée ?
23:17Toutes ces questions.
23:18Et en fait, ça occupe
23:20pendant la course
23:21et ça permet de prendre
23:22vraiment bien soin de soi.
23:25Je pense que j'ai aussi
23:26un bon capital génétique.
23:28Je dois remercier mes parents
23:29quand même.
23:30Marie, on en parlait tout à l'heure,
23:32mais j'imagine que tu as changé.
23:34Tu as relevé un défi surhumain.
23:36Tu es la première femme française
23:37à avoir fait ça,
23:38ce tour du monde,
23:39en deux ans et demi, en courant,
23:40seule les trois quarts du temps.
23:42Est-ce qu'il y a d'autres défis
23:43qui te tentent ?
23:44Est-ce que la petite fille
23:45dont tu me parlais au début
23:46qui disait, un jour,
23:47je ferai le tour du monde,
23:48peut-être en courant,
23:49peut-être à vélo,
23:50est-ce qu'il y a d'autres trucs
23:51où là tu te dis,
23:52qu'est-ce que j'ai fait,
23:53je peux m'en lancer d'autres ?
23:54Parce que c'est vrai en même temps.
23:56Oui. Alors en fait,
23:57ce qui se passe,
23:58c'est que l'essence du projet,
23:59le fuel,
24:00c'était cette découverte du monde.
24:01Et en fait, quand on fait
24:02le tour du monde,
24:03malheureusement,
24:04quand on suit une latitude
24:05ou quoi, on ne peut pas traverser
24:06tous les continents.
24:07Il y en a qui se chevauchent.
24:08Par exemple, l'Europe est
24:09au-dessus de l'Afrique, etc.
24:10Donc je me dis qu'il y a quand même
24:11deux continents peuplés
24:12que je n'ai pas traversés.
24:13J'en ai traversé que quatre.
24:14L'Antarctique ne m'intéresse pas
24:15parce que ce n'est pas peuplé.
24:16Mais je me dis que j'irai bien
24:18quand même à la conquête
24:20de la traversée de l'Afrique
24:21et de la traversée de l'Asie.
24:22Ça, je pense que ça va être
24:23des projets qui vont se mettre
24:24en place dans les années
24:25qui viennent parce que j'ai
24:26vraiment envie de continuer
24:27l'aventure.
24:28Et puis la route est belle.
24:30Rappelle-moi ton âge.
24:3245 ans.
24:34Tranquiloubilou.
24:36J'ai le temps.
24:40Je ne t'ai pas entendu, pardon.
24:41Tu as dit quoi ?
24:43Oui, ça a coupé,
24:44mais j'ai dit j'ai le temps.
24:45Exactement.
24:46Marie, merci infiniment.
24:47C'est tellement fort,
24:49tellement inspirant.
24:50Pas de limite.
24:51Finalement, on fait ce qu'on a
24:53envie de faire, presque.
24:54Enfin, en tout cas,
24:55quand on parle d'aventure.
24:56Merci, Marie.
24:57C'était génial.
24:59Merci à vous.
25:00C'était un plaisir
25:01d'avoir échangé avec vous.
25:02Merci.
25:03Je t'embrasse.
25:04Salut, Marie.
25:05Merci à toi.
25:06Merci à vous toutes et vous tous
25:07pour votre fidélité.
25:08Je vous donne rendez-vous
25:09très prochainement.
25:10Un tour du monde seul.
25:12Un marathon tous les jours.
25:14Elle l'a fait.
25:15Salut.
25:19Sous-titrage ST' 501

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