Cette semaine Alexandre Delpérier reçoit Marlène Harnois, ambassadrice Peace and Sport et médaillée olympique de taekwondo en 2012. Les aventurières de la semaine sont Solène Chevreuil et Anaëlle Marot. Eco-aventurières, elle portent le "Projet Azur" depuis 2020, une action écologique et sportive.
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00:00...
00:18-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:21bienvenue dans votre rendez-vous dédié aux femmes dans le sport.
00:24Je suis ravi de vous accueillir, comme toutes les semaines,
00:27des femmes inspirantes, des championnes, des leaders,
00:31des femmes charismatiques. Voici le sommaire.
00:34Notre 1re invitée est une sportive et une femme exceptionnelle,
00:37la franco-canadienne Marlène Arnoa, médaillée olympique,
00:40souvenez-vous de taekwondo, en 2012 au Jeux,
00:43et aujourd'hui ambassadrice de l'organisation Peace & Sport.
00:46Son engagement dépasse les frontières
00:48pour faire valoir les valeurs du sport.
00:50Les aventurières de la semaine sont Anna Elmaro et Solène Chevreuil.
00:54Elles vont nous parler de Projet Azur,
00:57qui va nous mener en Méditerranée, le long de la Loire,
01:00une initiative solidaire qui vaut le détour.
01:02Soyez les bienvenues. Je suis ravi de vous accueillir.
01:05Nous allons accueillir notre 1re invitée, Marlène Arnoa.
01:09Bonjour, Marlène.
01:10Bonsoir.
01:11Alors, Marlène, si je regarde derrière toi,
01:13tu peux être à Miami,
01:16à Dubaï,
01:18sur la Côte d'Azur...
01:21T'es où ?
01:23Je suis dans le sud de la France,
01:24sur le Cap Martin, à proximité de Monaco.
01:27Sauf que le décor derrière toi est un décor virtuel.
01:31Oui, en l'occurrence, parce qu'il fait nuit.
01:33Mais sinon, ta vie ressemble à ça.
01:35Plutôt, oui.
01:37On est ravis de t'accueillir. Ça me fait plaisir, Marlène,
01:40parce que tu as une carrière hors du commun,
01:42une vie, des initiatives, des implications hors du commun.
01:46Tu es là pour nous parler des Awards Peace & Sport,
01:49car tu es ambassadrice de l'organisation,
01:51présidée par Joël Bouzou.
01:53On va en parler dans quelques minutes.
01:55Mais tout d'abord, c'est ton parcours, ta personnalité
01:58qui m'intéresse déjà.
02:00On va rappeler, et je le disais tout à l'heure dans le sommaire,
02:03que t'as été médaillée de bronze pour la France
02:06aux Jeux de Londres en 2012, en taekwondo.
02:08T'as été deux fois championne d'Europe en 2008 et 2012.
02:11Tu as été deux fois championne de France.
02:13Et pourtant, c'est un petit accent que j'entends bien du Québec.
02:17Exactement. Je suis d'origine canadienne.
02:19J'ai été naturalisée française
02:21en vue des Jeux olympiques de Londres en 2012.
02:24Alors, on va reprendre tout ça à l'envers.
02:27Tu es née où exactement ?
02:29Je suis née à Montréal. Je suis née au Québec.
02:32Et à l'âge de 4 ans, tu commences le taekwondo ?
02:35Exact.
02:36Qui te met au taekwondo à 4 ans ?
02:38Ma mère.
02:40C'est pas une critique, mais je suis un peu surpris.
02:43Ta mère en faisait ou comment ça se passe ?
02:45Ma grande sœur en faisait.
02:47Et du coup, je pense que c'était plus simple pour ma mère.
02:51Donc, j'ai commencé jeune.
02:53Après, je ne savais pas que c'était la norme,
02:56mais c'est assez fréquent de voir des enfants débuter
02:59aussi jeunes en Amérique du Nord.
03:01Et puis, voilà, ma mère, elle croyait
03:05que le sport était le meilleur outil pour former la jeunesse.
03:08Donc, elle m'a inscrit dans une multitude de sports.
03:11Et elle trouvait que les arts martiaux,
03:13ils avaient un ensemble de valeurs qui étaient formateurs,
03:15que ce soit la discipline, la confiance.
03:18Et aussi, c'était bien pour une jeune fille
03:21d'apprendre des notions de self-défense.
03:23Mais elle a raison.
03:24Et c'est vrai que cette culture sportive nord-américaine,
03:27et on le sait, on l'a vu ensuite dans ta carrière,
03:30est hyper importante. C'est vraiment ancré en toi, ça ?
03:33Oui, plutôt.
03:34Alors, 4 ans, début du taekwondo, 9 ans, la première ceinture, c'est ça ?
03:39Oui, la première ceinture noire.
03:40Ça veut dire quoi ?
03:42Euh...
03:44Ça veut dire que j'ai...
03:46Enfin, j'ai obtenu ma ceinture noire à l'âge de 9 ans.
03:49Et aujourd'hui, je suis ceinture noire 5e dan.
03:52Non, mais ça, j'ai bien compris.
03:54Mais ce que je veux dire, c'est, à 9 ans, avoir une ceinture noire,
03:56ça veut dire qu'on est une sportive exceptionnelle ?
04:00Ça veut dire que le cheminement parcouru
04:03nous a permis d'atteindre tous les grammes nécessaires.
04:06Et ensuite, en taekwondo, quand on est en junior,
04:08donc c'est la ceinture poum, donc c'est une ceinture noire.
04:11Mais chez les juniors, donc elle est moitié noire et moitié rouge.
04:15Ça s'appelle la ceinture poum.
04:17Tu pratiquais, quand t'étais toute jeune, là-bas, à Montréal,
04:21l'escrime, le hang, le snowboard, le taekwondo.
04:25Pourquoi t'as choisi, finalement, de garder celui-là ?
04:27Ou peut-être que t'as continué d'autres en parallèle, d'ailleurs.
04:30J'ai continué d'autres en parallèle, mais de manière loisire.
04:34Après, il n'y a pas forcément de raison qui explique vraiment le taekwondo.
04:38Je pense que ça fait partie de... C'était l'esprit d'équipe.
04:42C'était... Je me sentais bien dans le collectif.
04:45J'évoluais, je performais, je prenais plaisir à pratiquer ce sport.
04:48Et j'ai évolué très rapidement parce que je gagne mon premier US Open
04:52à l'âge de 12 ans en étant surclassée en junior.
04:56Et l'année suivante, à 13 ans, je fais ma première médaille mondiale
04:59en junior sous les couleurs canadiennes.
05:01Donc ma carrière s'est enchaînée très rapidement.
05:04À 14 ans, j'étais déjà surclassée en senior
05:07où je remporte la Coupe du monde francophone
05:09et j'intégrais par la suite le Krebs d'Aix-en-Provence.
05:13Est-ce que... Ou à quel moment tu t'es dit
05:15« je vais en faire ma vie de ça » ou « je vais en faire une partie de ma vie » ?
05:20C'était un rêve que j'ai depuis très jeune.
05:22Quand je regardais, je ne sais pas, peut-être vers l'âge de 8 ou 10 ans,
05:26déjà, quand je regardais les cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques,
05:29je rêvais... En fait, c'était mes zéros, je rêvais de défiler.
05:32Et c'est vrai que c'est arrivé au début de l'adolescence
05:36ou après mes premières performances sur la scène internationale.
05:39Là, j'ai vraiment commencé à croire en mon rêve.
05:41Je me suis dit « je veux vraiment me donner les moyens de le réaliser,
05:44d'aller au bout de mon parcours. »
05:46Parce que Marlène, tu es une besogneuse.
05:47Tu sais que ça n'arrive pas par hasard, tout ça.
05:50Dans les sports de combat, on n'a pas le choix.
05:52Dans tous les sports. Mais oui, c'est vrai dans les sports de combat aussi.
05:56C'est vrai.
05:58Travailler, il y avait beaucoup de plaisir.
06:00Tant que tu es surperformée, parce que tu le disais tout à l'heure,
06:04à 12 ans et à 14 ans, être déjà chez les seniors, c'est juste incroyable.
06:09Oui, c'est incroyable ce qu'on vit à travers le sport.
06:14Parce qu'il y a déjà toute la dynamique, la cohésion de groupe,
06:18les victoires qu'on partage.
06:19Même si le taekwondo, ça reste un sport individuel.
06:22On voyage avec l'équipe de France, on voyage avec des collectifs.
06:25Et qui en parle de l'esprit bleu, c'est vrai.
06:27On était toutes une grande famille et on se retrouve encore assez fréquemment.
06:32Alors attends, parce que là, tu es allée trop vite.
06:35Tu me parles déjà de l'esprit bleu, moi, je t'ai encore restée là-bas.
06:38Non, ce que je voulais savoir, c'est quand tu avais 12 ans
06:39que tu étais surclassée, quand tu avais 14 ans que tu étais surclassée,
06:42ce n'était pas dur pour une jeune fille de côtoyer du coup des adultes
06:46ou en tout cas des jeunes qui n'avaient pas ton âge,
06:48mais 2, 3, 4 ans de plus ?
06:50On s'adapte, enfin, sur l'ère de combat,
06:55peu importe l'adversaire.
06:57Oui, mais pas sur l'ère de combat.
06:58Je parle de l'entraînement, des déplacements, des stages,
07:01de tout ça, tu vois.
07:03Non, parce que du coup, je m'entraînais aux côtés de mes idoles.
07:07C'était Pascal Gentil, la star de l'époque.
07:11J'avais la chance de l'avoir comme partenaire d'entraînement.
07:14Donc pour moi, gamine, c'était un rêve et c'était une motivation
07:19et c'était une inspiration.
07:21Gladys Seppong également, qui a été championne du monde,
07:24médaille olympique et qui est une légende de notre sport.
07:27Donc non, pour moi, c'était une motivation en plus.
07:31Elle te parle, cette photo-là ?
07:33Oui, je me rappelle, c'est Aline Sepp.
07:36C'est Aline Sepp, elle était avec David Douillet
07:38à l'époque où il était ministre des Sports.
07:40Alors, la Canadienne, à un moment, reçoit un appel du pied de la France.
07:45Comment ça se passe ? Qui sollicite qui ?
07:48Qui va venir séduire qui ?
07:51Ou qui ouvre la porte tout en la perche ?
07:54En fait, à l'époque, quand j'ai fait ma première médaille junior
07:57aux championnats du monde sous les couleurs canadiennes,
08:00j'avais 13 ans, j'avais été sous classe en junior,
08:02donc c'était quand même un exploit.
08:05Et la France, la Fédération française,
08:07ils avaient un programme qui s'appelait
08:08la Solidarité internationale francophone.
08:10Et chaque année, ils invitaient un athlète
08:12ici d'un pays francophone à s'entraîner avec l'équipe de France
08:16pour une durée d'un an.
08:17Et c'était aux Crêpes d'Aix-en-Provence à l'époque.
08:20T'as quel âge ?
08:21J'ai 14 ans.
08:2214 ans, OK.
08:24J'ai 14 ans, le téléphone sonne, on m'invite à partir en France,
08:29m'entraîner aux Crêpes d'Aix-en-Provence
08:31et aux côtés de, comme je le disais,
08:33Pascal, également, il y avait Mickaël Bourreau,
08:36il y avait Mamie Di Zuccara,
08:38il y avait Gladys, qui était déjà en équipe de France.
08:40T'hésites pas une seconde ?
08:41J'hésite pas une seconde, j'hésite pas une seconde.
08:44Je me dis que c'est une opportunité incroyable.
08:45Et en plus, c'est vrai que les structures françaises
08:49sont exceptionnelles.
08:49Et au-delà des structures, il y a le double projet
08:52où tous les sportifs de haut niveau sont scolarisés en même temps.
08:56Il y a des aménagements rares,
08:57donc ça me permettait aussi de poursuivre mon cursus scolaire.
09:01Donc c'était une opportunité exceptionnelle.
09:04Je suis partie directement,
09:06j'ai vécu la plus belle année de ma vie,
09:09où je m'entraînais en France
09:11et je continuais de représenter le Canada.
09:13Et suite à ça, en fait, ça s'est imposé un peu naturellement
09:17que si je continuais à m'entraîner en France,
09:20à bénéficier des structures et du financement de l'opération,
09:24de concourir sous les couleurs françaises.
09:26Donc dans ce cas-là, ça veut dire quoi ?
09:27On fait une demande de double nationalité ?
09:30Voilà. Donc j'ai été naturalisée française.
09:32Après, le processus, il a été un peu long.
09:35Du coup, je n'étais pas éligible aux Jeux de Pékin.
09:37Alors que tu aurais pu y être ?
09:40J'ai fait championne d'Europe en 2008, quelques mois après.
09:43Mais comme les qualifications pour les Jeux arrivent très tôt,
09:46ils arrivent presque dix mois à l'avance,
09:48je n'étais pas encore éligible,
09:49donc j'ai dû faire l'impasse sur Pékin.
09:51Et j'étais prête à Londres
09:54pour ma première participation aux Jeux de décrocher une médaille.
09:57Ça, c'est pas mal.
09:58À quel moment tu as exactement la nationalité française ?
10:03Je l'ai le 14 avril 2008.
10:05C'est inscrit à ce point-là dans ta tête ?
10:08Oui, parce que je fais championne d'Europe
10:10moins de 48 heures après.
10:13D'accord. Et là, tu te dis,
10:15à Londres, les cocos, il faudra compter sur moi, je serai là.
10:18Exactement. Et on m'a aussi mis la pression
10:20parce que pendant toutes ces années
10:21où j'étais en instance de naturalisation,
10:23tous les jours, évidemment, à l'entraînement,
10:25je disais à mes partenaires,
10:26« Ah, si j'étais française, j'aurais gagné. »
10:30Et du coup, je me rappelle très bien
10:32le jour où j'ai eu les papiers, la première chose
10:34que Pascal Gentil m'a dit, c'est,
10:36« Maintenant, tu sais ce qu'il te reste à faire. »
10:38Et dans la foulée, j'ai remporté le premier titre européen
10:42et ça reste l'un des plus beaux moments, quoi.
10:46Explique-moi une chose, Marlène.
10:48Comment, quand on a grandi et qu'on est Canadienne,
10:52comment on arrive à avoir son cœur qui s'ouvre un peu en deux ?
10:56Parce que mon cœur, il est très généreux.
10:57Mon cœur, il est tellement grand qu'il a de la place pour deux nations.
11:01Mais au-delà de ça, c'est vrai que je suis extrêmement fière
11:05d'être Canadienne, j'adore le Québec,
11:08je rentre régulièrement, toute ma famille y est encore.
11:11Mais après, c'est vrai qu'à partir du moment
11:14où vraiment c'est la France qui a cru en moi
11:16et qui m'a donné les moyens de réaliser mon rêve olympique,
11:19je pense que c'est légitime aussi d'être fière de la France
11:23et de les représenter avec honneur, avec dignité
11:26et de me battre pour leur montrer qu'ils ont eu raison de croire en moi.
11:30Marlène, il y a Londres qui arrive quelques années après,
11:32les Jeux olympiques de Londres, les fameux JO de Londres.
11:35Raconte-nous tes JO. Déjà, t'es qualifiée combien de temps avant ?
11:40Début de janvier.
11:42Et donc là, j'imagine la machine Marlène est en route.
11:45« Je vais à Londres pour gagner. »
11:47Oui, évidemment.
11:48Oui, la machine Londres, elle est en route.
11:51Et c'est tellement d'émotion, parce que c'est vrai que dans les sports
11:55comme le taekwondo, les sports un peu plus confidentiels,
11:58c'est vrai qu'on vit pour les JO.
12:00C'est une opportunité tous les quatre ans.
12:02C'est l'opportunité d'une vie.
12:04Donc, on veut vraiment...
12:06Enfin, on veut être au top pour saisir l'occasion.
12:09Raconte-moi tes JO, Marlène.
12:11T'arrives combien de temps avant à Londres ?
12:13J'arrive, je crois, trois ou quatre jours avant.
12:16Ça a été très, très rapide.
12:18Je suis arrivée, je crois, la veille ou deux jours avant la pesée.
12:23Et déjà, quand on arrive sur le village,
12:26au-delà de tous les athlètes français qui nous inspirent,
12:29qui nous font rêver, qu'on a l'habitude de côtoyer,
12:31soit à l'INSEP ou dans des événements du CNOSF,
12:36là, on rencontre vraiment toutes les stars internationales.
12:39De toutes les disciplines.
12:41De toutes les disciplines.
12:42Donc, tu croises...
12:44Enfin, sur le village, tu croises tous les basketteurs de la NBA,
12:47tu croises Serena Williams, tu croises les plus grands champions.
12:50Et là, vraiment,
12:53c'est magique.
12:54T'as qu'une envie, c'est de monter sur le podium.
12:58En plus, les Jeux de Londres, ils étaient vraiment magiques
13:00parce qu'il y avait énormément de Français qui avaient fait le déplacement.
13:04Il y avait énormément de festivités qui étaient organisées
13:06pour célébrer les médailles.
13:08Donc, vraiment, c'était une occasion en or.
13:11Comment avait été ton année pré-Olympique ?
13:14Tu arrives là-bas, t'es parmi les favorites.
13:17Excellente, oui.
13:18Elle avait été très bien, mon année.
13:19J'avais fait championne d'Europe,
13:21j'avais gagné l'Open US Open, l'Open de Russie, l'Open Israël.
13:26Enfin, j'avais gagné toutes les compétitions internationales.
13:30J'avais gagné les universiades également.
13:33J'avais fait une superbe saison.
13:35Et donc, repartir de Londres avec une médaille de bronze,
13:38c'est une gigantesque satisfaction ou...
13:42Je visais quand même la médaille d'or.
13:47Après, la médaille de bronze, elle est quand même exceptionnelle
13:51au Royaume-Uni, en l'occurrence,
13:53parce qu'il y a une finale de repêchage.
13:55Donc, on termine notre parcours olympique sur une victoire.
13:58Donc, ça, c'est quand même bien.
14:00C'est-à-dire que, contrairement à la médaille d'argent,
14:03où tu es concentré tout au long de ton parcours
14:06et quand il y a la défaite en finale, tu t'écroules,
14:09au moins, là, on repasse par une finale de repêchage
14:12et on a l'occasion de triompher, de courir avec le drapeau
14:16et de finir sur une victoire.
14:18Alors, c'est génial, mais pardon de te poser cette question.
14:23Il t'a manqué quoi pour l'or ?
14:26Je suis partie trop confiante en demi-finale.
14:31Je suis partie vraiment trop confiante.
14:33J'ai été contre la chinoise,
14:34que j'avais battue précédemment avec un grand delta.
14:39Et je suis partie tellement confiante.
14:41Je suis partie en attaque et je me suis fait surprendre.
14:45Et dans les sports de combat, ça va tellement vite.
14:47Du coup, j'ai voulu enchaîner pour vite rattraper mon score
14:50et j'ai repris un deuxième coup de pied en défense.
14:53Le score s'est creusé
14:55et là, j'ai dû multiplier les prises de risque
14:57pour aller chercher, pour revenir au score.
15:00Et je me suis exposée et voilà, j'étais vulnérable.
15:04Donc, ça s'est arrêté sur une défaite en demi.
15:07Et là, je pleurais.
15:09J'étais tellement triste.
15:11Et ce qui est inconfortable, c'est que tu veux...
15:14En fait, t'as le choix de soit pleurer en salle d'échauffement,
15:17ce que tu veux pas faire parce que t'es face à tes concurrentes,
15:19ou soit pleurer en rond de mix,
15:21ce que tu veux pas faire parce que t'es face aux journalistes.
15:24Donc, c'était pas évident.
15:26Et après, j'ai pleuré un peu.
15:28Et après, je me suis dit, bon,
15:30il me reste une opportunité avec la finale de repêchage.
15:32Je me remobilise, c'est le combat de ma vie.
15:34Et là, j'ai aucune excuse et je vais à fond.
15:38Et j'ai été beaucoup plus stratégique
15:40dans la gestion de ce combat.
15:43Et je termine avec un super beau coup de pied au visage
15:46contre la Japonaise à quelques secondes de l'affaire.
15:48Donc, bravo pour cette magnifique médaille de bronze,
15:50j'ai compris, à Londres.
15:52Ta carrière, tu l'arrêtes quand?
15:54Je l'arrête...
15:57à peu près 8 à 10 mois après la médaille aux Jeux olympiques.
16:00Pourquoi?
16:03C'était un peu compliqué avec l'entraîneur, la fédération.
16:07Et puis, j'avais atteint la plupart de mes objectifs
16:10dans ma carrière sportive et j'avais d'autres envies.
16:13J'avais envie d'utiliser cette médaille,
16:15de partager mon expérience et d'inspirer la jeunesse
16:19et de les accompagner, d'accompagner
16:22la génération future dans la réalisation
16:23de leurs propres rêves.
16:25Alors, justement, c'est ça qui est formidable,
16:26c'est que tu as décidé de mettre ta notoriété
16:28au service des autres.
16:30Tu vas, notamment, juste après, t'engager en Afrique de l'Ouest
16:33pour promouvoir les valeurs du sport et aider ces jeunes.
16:35C'est quoi l'élément qui a fait que tu t'es orientée vers ça
16:38et pourquoi? Et pourquoi cela et pas d'autre?
16:41Il n'y a pas de jugement, évidemment, c'est pour comprendre.
16:45Il n'y a pas forcément de...
16:48La vie, elle fait plein de chemins soupçonnés.
16:49Il n'y a pas forcément de logique qui explique
16:51pourquoi l'Afrique de l'Ouest.
16:52C'est vrai que j'avais voyagé partout
16:55pendant ma carrière sportive
16:56et je n'étais jamais allée en Afrique subsaharienne.
16:59Et j'aime bien découvrir de nouveaux endroits.
17:02Et aussi, le taekwondo,
17:04il y a beaucoup de valeurs de solidarité,
17:07de respect de l'eau,
17:10de redonner à la société.
17:12C'est très important dans notre sport.
17:14Et voilà, j'ai eu l'occasion de partir en Afrique
17:18et je voulais partager mon expérience,
17:21contribuer au développement par le sport.
17:23Donc, j'ai commencé par mener des actions
17:25en intervenant en milieu scolaire,
17:28à faire des actions ponctuelles.
17:30Et ensuite, j'ai voulu plus structurer mon action.
17:34Avec la fondation Hearth Angel.
17:36Quand tu fais ça, t'es seule, tu pars avec quelqu'un,
17:38tu pars avec des amis, comment ça se passe ?
17:41Au début, ça se passe, j'avais quelques contacts.
17:44Parce que vous savez, quand je suis arrivée en France,
17:46je lui disais, je suis arrivée dans le programme
17:47de la solidarité francophone.
17:48Et chaque année, c'était un athlète
17:50issu d'un pays francophone.
17:51Donc, c'était majoritairement des Africains
17:53qui intégraient ce programme par la suite.
17:55Donc, j'avais eu tout au long de ma carrière
17:57en équipe de France, beaucoup de coéquipiers
17:58qui sont olympiens également,
18:00mais issus du Gabon, du Sénégal, du Mali
18:04et d'autres pays d'Afrique subsaharienne.
18:06Donc, j'avais déjà beaucoup de contacts dans le sport,
18:09qui, eux, avaient déjà un engagement social
18:11assez important auprès de la jeunesse.
18:13Donc, j'ai pris contact avec eux,
18:15je suis arrivée dans ces conditions-là.
18:17Et c'est surtout suite à mon arrivée à Bijan,
18:21où je crois que ça devait être 48 ou 72 heures
18:24après mon arrivée.
18:25En Côte d'Ivoire, donc ?
18:26Côte d'Ivoire, oui.
18:27Quand j'ai rencontré deux jeunes prodiges,
18:29Sheik Sissé et Ruth Bhabie,
18:31ils s'entraînaient dans des conditions
18:34extrêmement modestes,
18:35dans une banlieue d'Abidjan, à Kumasi,
18:39et ils s'entraînaient, voilà, sans matériel.
18:42Et ils avaient un potentiel, une détermination, du courage.
18:45J'étais tellement impressionnée quand je les ai vues.
18:47J'ai dit...
18:49J'ai dit, ils ont le potentiel d'être champions olympiques.
18:52Et personne ne m'a fait au sérieux,
18:54parce qu'on me disait, la Côte d'Ivoire
18:55n'a jamais eu une médaille d'or aux Jeux olympiques
18:57de son histoire, toutes disciplines confondues.
19:00Mais si tu y crois, parce que j'insistais quand même,
19:03on va te soutenir si tu veux monter une fondation.
19:06Donc, j'ai directement monté la fondation Artangel
19:08avec des amis là-bas.
19:12Et pendant trois ans,
19:13je les ai accompagnées dans l'aventure olympique
19:15pour construire un peu leurs séances,
19:17pour partager mon expérience avec eux,
19:19pour encadrer les séances.
19:20Je faisais sparring partenaire pour Ruth,
19:22la fille qui a moins de 67 kg.
19:25Et finalement, ils se sont qualifiés
19:26pour les Jeux olympiques de Rio.
19:28Et échec, le garçon est devenu
19:31le premier champion olympique de l'histoire de la Côte d'Ivoire
19:33dans la catégorie des moins de 80.
19:35Et Ruth Babi est devenue la première femme médaille olympique
19:38dans la catégorie des moins de 67 kg.
19:40Incroyable.
19:41Donc, ça a été une aventure
19:44tant sportive que humaine.
19:46Tant sportive qu'humaine, incroyable, incroyable, incroyable.
19:50Tu étais à Rio avec eux ?
19:52Oui, bien sûr, j'étais à Rio avec eux.
19:54J'étais aux côtés de l'air de combat,
19:56qu'un chèque a gagné, je sautais dans ses bras.
20:00Voilà, en plus, je devais commenter pour France Télévisions,
20:03et quand il a gagné, j'ai enlevé mon micro,
20:05je suis partie en pourrain.
20:08Tu devais commenter, t'enlèves ton micro.
20:10Je suis désolée, j'ai eu trop d'émotions.
20:11Je suis désolé, j'ai autre chose à faire, les gars.
20:13C'est mon cœur, c'est ma vie.
20:15Oui, ils ont pas renouvelé mon contrat, du coup, à Tokyo.
20:19Non, mais c'est assez incroyable
20:22que, comment tu as su déceler ce talent chez eux ?
20:25Alors, il y avait ton expérience, t'avais été médaillée olympique,
20:28mais après, il faut connaître les gens.
20:29T'as senti qu'ils avaient une soif de victoire,
20:32une rage de vaincre différente des autres ?
20:35Ah, ils avaient un sens du combat, un génie.
20:39En fait, ils avaient un potentiel énorme.
20:41Et en fait, il y avait deux choses,
20:43c'était de voir le potentiel qu'ils avaient
20:45et le peu de moyens qu'ils avaient à disposition, en fait.
20:48C'est ça qui m'a vraiment marquée,
20:51parce que c'est vrai que moi, j'ai fait ma carrière
20:54à m'entraîner à l'INSEP ou dans des crêpes,
20:57dans des structures françaises,
20:58où on s'entraîne à la clime,
21:01on travaille avec des chercheurs en biomécanique,
21:03on a tous les outils possibles et imaginables à notre disposition
21:07pour être le plus performant possible.
21:09Et eux, je les voyais sans...
21:11bon, pratiquement sans matériel,
21:16pieds nus, à s'entraîner sur le béton,
21:18avec deux, trois protections, un sac de frappe.
21:22Et avec un minimum d'encadrement,
21:28leur marge de progression, elle est énorme.
21:31Une gigantesque, oui.
21:33Et il y a ces résultats.
21:35Il y a ces résultats.
21:37Pardon, excuse-moi, Marlène.
21:38Je veux dire, il y a ces résultats qui arrivent,
21:39est-ce que ça te conforte, toi, la femme que tu es,
21:42avec ton passé, est-ce que ça te conforte
21:44dans l'envie de donner encore plus,
21:46d'aller encore plus loin, d'accompagner encore plus?
21:49Tout à fait.
21:51Quand j'ai vu, non seulement leur victoire,
21:54mais aussi l'impact qu'ils ont eu sur toute une nation.
21:58Quand j'ai vu l'impact qu'ils ont eu
22:00sur tous les jeunes en Côte d'Ivoire
22:02et aussi leur envie de s'impliquer à leur tour
22:05et de redonner, je me rappellerai toujours,
22:08je sais, quand il a eu son premier appel après les Jeux
22:10pour avoir un sponsor d'équipement matériel,
22:13il a dit, je ne veux pas de donation financière,
22:15doublez ou triplez en équipement matériel
22:18pour pouvoir développer les sports dans le pays.
22:21Et j'étais tellement fière de lui pour cette action-là.
22:24Et les deux continuent à s'engager un maximum
22:27auprès de leur communauté.
22:29Et voilà, je me suis dit,
22:30mais c'est impressionnant le pouvoir du sport.
22:33Nelson Mandela disait toujours que le sport peut changer le monde.
22:36Il a le pouvoir d'inspirer,
22:38parler une langue qui parle à la jeunesse.
22:40Et je trouve qu'ils incarnaient parfaitement cet exemple-là.
22:44Et donc, tu décides d'aller plus loin
22:45et tu vas créer Peace & Sport.
22:46Parle-nous de ça maintenant.
22:49Du coup, je vais m'engager auprès de Peace & Sport.
22:51Peace & Sport, c'est une organisation internationale
22:53neutre et indépendante qui est basée en principauté.
22:56Elle a été créée en 2007 par Joël Bouzou.
22:59À Monaco.
23:00À Monaco, oui, qui est un ancien champion du monde
23:03et médaille olympique de pentathlon moderne
23:06et qui est placé sous le patronage de son altesse sérénissime,
23:10le prince Albert II.
23:11Pourquoi lui ? Pourquoi eux ?
23:13Comment ça s'est passé ? Pourquoi ils sont venus le chercher ?
23:16Parce que Peace & Sport,
23:18ils utilisent le sport comme outil de dialogue et de paix
23:21à travers le monde.
23:22Ils mènent des missions de développement.
23:24Et j'avais envie, suite à cette victoire en Côte d'Ivoire,
23:28d'avoir le pouvoir de mener des actions structurées
23:31partout à travers le monde
23:32et auprès des communautés vulnérables,
23:35soit touchées par la précarité ou l'instabilité sociale,
23:38et de pouvoir avoir encore plus d'engagement
23:41et travailler avec des équipes,
23:45des équipes sur des méthodologies structurées,
23:47sur des programmes terrain.
23:50Et Peace & Sport a énormément d'outils.
23:52Aujourd'hui, ils ont développé une application mobile
23:55et une méthodologie qui permet de former des éducateurs
23:59à la paix par le sport.
24:01Et ils ont des programmes terrain dans 10 pays
24:04et avec plus de 2000 jeunes bénéficiaires.
24:07Voilà notre président fondateur.
24:09Et voilà.
24:10Explique-nous, ça fait combien de temps
24:12que tu travailles là-bas, toi, du coup ?
24:14Donc, depuis 2016,
24:17je suis championne de la paix auprès de l'organisation
24:20et les champions de la paix.
24:21C'est un collectif qui réunit environ 110 sportifs de haut niveau
24:26qui s'engagent tous pour promouvoir le sport
24:28comme outil de développement et de paix à travers le monde.
24:31Et il y a notamment Didier Drogba, Blaise Mathudy,
24:35Lionel Messi.
24:36Il y a de nombreux athlètes qui sont engagés à nos côtés.
24:40Explique-moi ton rôle, ta mission, ton job, c'est quoi ?
24:44Qu'est-ce que tu y fais tous les jours ?
24:46C'est un boulot quotidien ?
24:47Oui, c'est un engagement quotidien.
24:50Après, par exemple, ça peut être...
24:53Il y a plusieurs volets à l'organisation de Piscine Sport.
24:56On fait, par exemple, des initiatives de diplômatie
24:58par le sport.
25:00On a des partenariats aussi avec des agences des Nations unies
25:03et des fédérations internationales.
25:05Donc, mon engagement, ça peut être des prises de parole,
25:08ça peut être de mobiliser des champions de la paix,
25:11ça peut être de mener des actions sur le terrain.
25:14Ça peut être aussi à l'occasion du 6 avril,
25:16qui est la Journée internationale du sport
25:18au service du développement et de la paix.
25:20On lève un carton blanc.
25:21Donc, on a l'initiative de la white card.
25:24Et cette année, ça a touché 170 millions de personnes
25:27à travers le monde.
25:29Donc, il y a énormément de mobilisation,
25:31de sensibilisation à faire pour faire avancer ce mouvement
25:34de la paix par le sport.
25:35Donc, si vous voulez, mon engagement,
25:38il est divers et varié.
25:39Il y a deux semaines, j'étais en Martinique
25:41avec Muriel Ortiz,
25:43où on participait au Rêve des Alésiers
25:44au profit de Piscine Sport.
25:46Donc, c'est vraiment...
25:48Je veux dire, l'engagement, il est à plusieurs niveaux,
25:51mais c'est vrai qu'on veut sensibiliser les gens
25:54à ce mouvement.
25:55Et puis, il y a quelques jours, t'as remis le trophée
25:57de champion de la paix
25:58aux célèbres joueurs français du NBA, Rudi Gobert.
26:00Pourquoi lui ? Raconte-nous.
26:04L'année dernière, c'est Lionel Messi.
26:07Ensuite, il y avait eu Blaise Matuidi,
26:09ici à Colissy, parmi les derniers lauréats
26:11de la voie de Piscine Sport.
26:14Et cette année, le choix de Rudi Gobert s'est imposé logiquement
26:18parce que l'engagement qu'il a avec sa fondation Rudi's Kids,
26:21il est remarquable, il est impressionnant.
26:23Il s'engage tant aux États-Unis qu'en France
26:27et aussi pour les valeurs qu'incarne Rudi Gobert.
26:30C'est un... Au-delà d'être un grand sportif
26:32avec un palmarès, c'est une saison remarquable en NBA.
26:36C'est un grand homme et il fait beaucoup
26:39pour les générations futures, pour la jeunesse.
26:41Et voilà, il est pour nous...
26:45La reconnaissance s'imposait naturellement.
26:49Oui, et puis c'est tellement important
26:50de les mettre en valeur, de les féliciter,
26:53de les exemplariser en quelque sorte
26:55parce que Rudi, comme tu le disais,
26:58il a un palmarès maintenant en équipe de France et NBA
27:00qui est juste exceptionnel.
27:03C'est un des meilleurs joueurs là-bas en NBA.
27:06Et il trouve le temps encore de donner pour les autres.
27:08Oui, il a remporté trois fois
27:11le titre de meilleur défenseur de l'année.
27:14Il a remporté le titre de joueur de la semaine en début de saison,
27:18vice-champion olympique avec les Bleus cet été à Tokyo.
27:21Son palmarès sportif, il est impressionnant.
27:23Mais voilà, comme vous le disiez, il prend quand même de son temps
27:27pour s'engager pour la jeunesse.
27:30Là, il était en train de préparer des dons
27:32via sa fondation pour les fêtes de Noël.
27:35Plus récemment, en septembre, en France, à Saint-Quentin,
27:39il a inauguré un complexe sportif.
27:42Il a des projets en Afrique de l'Ouest également.
27:45Il essaie vraiment d'être présent.
27:47Il soutient énormément, énormément d'ONG aussi.
27:51Et il est très discret sur les soutiens qu'il fait,
27:54mais il soutient énormément de programmes,
27:58autant en France qu'à Salt Lake City,
28:01où il joue pour l'Utah Jazz.
28:02Donc vraiment, pour nous, c'est important aussi
28:05de valoriser le mérite.
28:06Et aussi, ça crée une dynamique et un cercle vertueux
28:11où ça inspire aussi d'autres sportifs à se mobiliser.
28:14Et je pense qu'on en a besoin,
28:17parce que finalement, l'impact qu'ils ont en dehors du terrain
28:20est aussi important que celui qui peut...
28:22est encore plus important que celui qu'ils peuvent avoir sur le terrain.
28:26C'est important de montrer ces garçons et filles
28:29qui brillent à travers le monde.
28:31Et en plus, quand ils sont français, on est contents.
28:33Puisque toi, t'as ton cœur moitié français, quand même.
28:35Tu me le confirmes.
28:37Oui, oui. Mon cœur français.
28:40Merci mille fois, Marlène, d'avoir été avec nous.
28:42C'était passionnant. Continue, bravo.
28:43Et puis à bientôt, j'espère.
28:45Merci bien. Excellente fin de soirée.
28:47Salut, au revoir. Merci à toi.
28:48Deux aventurières nous rejoignent.
28:50A tout de suite. Ne bougez pas.
28:57Et c'est non pas une aventurière,
28:59mais deux aventurières qui sont en direct avec nous.
29:02C'est Solène et Annaëlle. Bonjour, les filles.
29:04Bonjour.
29:06Alors, Solène à la gauche de l'écran et Annaëlle à droite.
29:09Solène, tu as 24 ans. Annaëlle, tu as 28 ans.
29:12Et vous êtes là aujourd'hui pour nous parler d'un projet
29:14que je trouve formidable, que vous menez,
29:16et qui s'appelle Projet Azure.
29:18Avant d'aller un petit peu plus dans le détail,
29:19je voudrais bien que vous vous présentiez,
29:21que vous nous expliquiez ce que vous faites,
29:23ce que vous... parce que vous terminez des études.
29:25Solène, par exemple, c'est quoi, ta formation ?
29:27Alors, moi, effectivement, je viens de finir un master
29:30en gestion de projets internationaux
29:32en langues étrangères appliquées.
29:34Et maintenant, je me dédie au Projet Azure au collectif.
29:37Et toi, Annaëlle ?
29:39Moi, j'ai fait un master d'éthologie, comportement animal,
29:42et une licence professionnelle de tourisme
29:44et économie sociale et solidaire.
29:46Et désormais, je fais aventure à temps plein, comme Solène,
29:48dans le collectif du Projet Azure.
29:50Alors, c'est juste génial,
29:51parce qu'on voit qu'on a deux têtes formidablement remplies.
29:55J'allais dire complémentaires.
29:56Expliquez-moi ce qu'est Projet Azure. Qui veut en parler ?
29:59Annaëlle.
30:01OK. Alors, le Projet Azure, c'est un collectif d'aventurières.
30:05On va faire des expéditions
30:07au service de la protection du cycle de l'eau.
30:09Concrètement, moi, cet été,
30:11je suis partie pour descendre la Loire en kayak,
30:15et je l'ai remontée ensuite à vélo
30:17pour organiser des collectes de déchets.
30:20On a ramassé plus de 500 kg sur la Loire.
30:24Il y a eu plus de 200 participants.
30:27C'est des collectes participatives.
30:29Et ça a été l'occasion aussi pour moi
30:32de me rendre compte de la fragilité de la Loire,
30:35qui, au final, est certainement le fleuve le plus protégé d'Europe,
30:39mais qui reste beaucoup trop aménagée et en danger.
30:44Mais là, on voit les images de la Méditerranée.
30:45D'ailleurs, Solène a fait la Méditerranée, elle, pour le coup, cet été.
30:50Voilà. En fait, moi, j'ai repris la deuxième édition
30:53du projet Azur Méditerranée.
30:55Et donc, dans le même temps, pendant qu'Annaëlle était sur la Loire,
30:58j'ai parcouru le littoral méditerranéen aussi en kayak,
31:01à vélo et en petit morceau à pied
31:03pour organiser des collectes de déchets très collectives,
31:06et ramasser aussi sur le parcours,
31:09et surtout agir avec toutes les personnes qu'on rencontrait sur le trajet,
31:12sur les différentes étapes,
31:14et se rendre compte que même dans des milieux inaccessibles
31:18par autre voie que le kayak,
31:19même un bateau n'y entrerait pas, les déchets s'y trouvent.
31:22Donc, on essaye de faire en sorte que ce problème soit à ce limite
31:26dès sa source.
31:28C'est formidable ce que vous faites, les filles, et vraiment bravo,
31:31et on va en parler pendant 20 minutes.
31:33D'où ça vous est venu, ça ?
31:35Toi, par exemple, Annaëlle, à quel moment tu t'es dit
31:38« Waouh, il y a un truc à faire, il y a quelque chose qui ne va pas ? »
31:40Quel a été le déclic chez toi ?
31:43Il y en a eu plusieurs.
31:44D'abord, j'ai grandi dans un petit village du Poitou-Charentes,
31:47au Passe-le-Toué,
31:49qui est une petite rivière qui se jette dans la Loire,
31:51et ce Toué, cette rivière, c'était mon terrain de jeu.
31:54C'est là où j'allais quand j'étais petite.
31:56C'est là que j'allais.
31:58Je ne naviguais pas, je ne me baignais pas,
31:59mais je passais du temps autour de cette rivière.
32:02Et puis, un jour, la rivière était pleine de mousse
32:06et tous les poissons qui flottaient étaient morts.
32:09Et ça m'a perturbée, en fait,
32:11parce que je me suis dit « Mais à quel point c'est fragile ?
32:13Et d'où vient toute cette mousse ? »
32:15Il s'avère que c'était des rejets agricoles,
32:17et donc là, je me suis rendu compte
32:19d'à quel point cette rivière,
32:21qui me paraissait être puissante,
32:23parce que c'est à force de la nature,
32:26ça déplace des litres et des litres par minute,
32:30et de voir à quel point elle a pu être impactée par l'être humain.
32:33L'acte qui a duré quelques heures
32:37et à quel point ça a pu dégrader ma rivière,
32:39ça m'a choquée.
32:41Donc, ça, c'était la première chose.
32:43Et puis ensuite, je formais des jeunes à l'action citoyenne,
32:47dans le cadre de mon travail.
32:48Et je me suis dit « Mais au lieu de les former,
32:50au lieu de leur dire quoi faire,
32:51j'ai envie d'incarner en changement,
32:52d'incarner une action citoyenne. »
32:56Et il s'avère que j'étais profondément révoltée
32:59par l'omniprésence du plastique en Méditerranée.
33:01Il faut savoir que c'est la mer la plus polluée du monde,
33:04la plus plastifiée du monde.
33:06On ne parle pas de l'océan Indien, de l'océan Pacifique,
33:08c'est vraiment en bas de chez nous.
33:09Et donc, de voir concrètement
33:12cette soupe de plastique en Méditerranée,
33:15ça m'a révoltée.
33:16Et il s'avère que j'en avais marre d'être en intérieur,
33:19j'avais besoin d'être dehors, j'avais besoin de faire du sport.
33:22Et donc, je me suis dit « Mets-en l'utile à l'agréable. »
33:25Et donc, organiser des collectes de déchets,
33:29d'en parler et de le faire en kayak,
33:32ça, ça attire vachement l'attention.
33:33Une femme seule qui part en kayak,
33:36on fait des bivouacs, chacune indépendamment l'une de l'autre,
33:40puisqu'on part seule sur nos aventures.
33:43On fait des bivouacs, on dort dehors, on se débrouille.
33:46Quand tu vois une nana débarquer sur une plage en kayak,
33:49avec les cheveux pleins de possidoniques,
33:51c'est le bazar, tout ça,
33:53les gens se disent « Mais qu'est-ce que tu fais ? »
33:54Et tu leur expliques que pendant deux mois,
33:57tu fais des itinérances en kayak sur la Méditerranée
34:00pour organiser les ramassages de déchets.
34:01Mais même les personnes qui ne sont pas convaincues,
34:04qui ne sont pas intéressées par la problématique,
34:06forcément s'y intéressent,
34:08du fait que l'« exploit sportif » les chamboule un peu.
34:13C'est un super axe de sensibilisation
34:17que de faire ces aventures participatives, mais en solitaire,
34:20et donc de parler de la problématique
34:24de la plastification de l'océan,
34:26mais aussi en étant utile concrètement en ramassant ces déchets.
34:31Solène, c'est quoi, toi, ton petit bouton des clics ?
34:35Mon des clics, c'est assez difficile.
34:37J'ai toujours du mal à l'identifier,
34:39parce que disons que j'ai toujours aimé aller faire du sport dans la nature,
34:43en tout cas à partir de mes 17 ans,
34:46quand j'ai commencé à vadrouiller un peu.
34:50Je suis tombée amoureuse de la mer de manière générale,
34:52j'adore aller randonner, etc.
34:54Et j'ai toujours eu plus ou moins cette sensibilité
34:57de protection de l'environnement.
35:00Et en fait, c'est en 2020
35:02où j'ai décidé de mêler cette passion pour le sport et pour le voyage
35:07à une action utile en faisant un premier parcours à vélo en Europe,
35:12en allant à la rencontre des acteurs de la protection de la Méditerranée,
35:16dont Annaëlle faisait partie,
35:17et on est devenus amies et maintenant co-éco-aventurières.
35:22Et donc, en fait, c'est en faisant un premier projet
35:24un petit peu plus individuel,
35:26mais à la rencontre de collectifs déjà engagés,
35:28que j'ai pu m'engager avec le projet Azure
35:30et que je continue à vraiment déployer ma passion
35:35pour cette cause qui est la protection de l'environnement
35:39de manière très générale, du cycle de l'eau.
35:41Et donc, cette année, c'était de la Méditerranée.
35:44Et donc, c'est ultra motivant, en fait, de continuer de le faire
35:48à travers un collectif,
35:50toujours des parcours sportifs en solitaire,
35:52mais avec des étapes collectives, vraiment à chaque étape.
35:57Et voilà, on fait des actions pour fédérer du monde autour de nous.
36:00Annaëlle, le projet Azure, c'est combien de personnes aujourd'hui ?
36:05Alors, l'année dernière,
36:07c'était plus de 900 personnes qui ont participé.
36:10750, pardon, 750 personnes l'année dernière.
36:13Et cette année, je crois que, cumulé, on était à 150, c'est ça ?
36:17Cumulé, oui, on a plus de 800, il me semble.
36:20Entre la Loire et la Méditerranée.
36:22Comment vous faites pour vous faire entendre toujours un peu plus ?
36:26Et on est ravis d'y contribuer.
36:27Comment vous faites ? Ça se passe comment ?
36:29Il y a les réseaux sociaux, les actions, des assauts.
36:33Comment vous faites ?
36:35Eh bien, pour organiser nos actions,
36:38en amont, on organise toutes nos étapes et on va contacter,
36:42on va créer des partenariats, des synergies avec plein de personnes.
36:45Et ça commence déjà par les associations
36:47qui sont sur les territoires sur lesquels on va arriver,
36:50mais aussi avec les mairies,
36:53avec des associations et des clubs sportifs.
36:55Et puis, on a les relais des militants maïfs,
36:58qui sont nos partenaires, qui sont des personnes mobilisées
37:00sur le terrain aussi et qui nous accompagnent,
37:03ce qui nous permet de faire venir du monde.
37:04On a les écoles aussi qui viennent participer.
37:06On essaye de toucher plein d'acteurs différents comme ça.
37:10Je ne sais pas si t'as vu que ça a ajouté.
37:12C'est ça, c'est complètement ça.
37:13En fait, il y a des acteurs locaux qui connaissent bien leur territoire
37:16mais qui agissent parfois déjà.
37:19Et nous, on va apporter notre énergie en plus
37:22pour que l'action ait plus de poids, qu'elle ait plus d'ampleur
37:27et qu'on ne réinvente pas l'eau chaude.
37:29Ça, c'est super important aussi, de bien travailler en synergie.
37:33Et oui, voilà, c'est surtout ça, c'est de travailler ensemble,
37:37mutualiser les compétences, être plus forts ensemble.
37:40Et ça marche bien.
37:42Donc, ça, c'est chouette et on les remercie tous.
37:44C'est sûr que le projet Azure sent toutes ces personnes
37:48qui se sont levées un dimanche matin pour aller ramasser des déchets,
37:51toutes ces personnes qui ont co-organisé les événements avec nous,
37:54donc les fédérations de sport,
37:56les associations de protection de l'environnement.
37:58Il y a eu aussi beaucoup de collectivité territoriale
38:01et toutes ces personnes qui, spontanément, nous ont aidées.
38:05Qu'est-ce que vous vous dites, vous, qui êtes toutes jeunes ?
38:07Solène, t'as 24 ans, Annaëlle, t'as 28 ans.
38:10Vous êtes ces générations qui prennent plus conscience que la mienne,
38:14par exemple, même si moi, j'ai cette sensibilité-là,
38:17qu'il faut qu'on se dépêche, quoi,
38:19parce que là, on est en train de faire n'importe quoi.
38:20On détruit notre planète, on détruit les fonds sous-marins,
38:24on détruit la biodiversité.
38:27Moi, quand je grandissais, il y avait des sauterelles, j'en vois plus.
38:29Les insectes, ça disparaît.
38:33Est-ce que vous avez conscience que c'est nous qui avons déconné
38:36et vous qui allez devoir nous aider à, certes, nous ouvrir les yeux,
38:40mais en plus, avec vos actions, à faire bouger les choses ?
38:44Alors, tu complèteras, Solène.
38:46Moi, je pense que le collectif sait que
38:52si on attend que les jeunes générations grandissent pour agir,
38:56ça va être trop tard,
38:58il faut qu'on agisse maintenant et tout de suite.
39:00Et on a tous la capacité de le faire,
39:02notamment à travers nos choix de consommation,
39:04puisque l'argent est un pouvoir,
39:06et les personnes à qui on donne notre argent,
39:07les industries à qui on donne notre argent,
39:09on leur donne du pouvoir.
39:10Donc, c'est intéressant, dans nos choix de consommation,
39:14de décider à qui on va donner cet argent.
39:16Et donc, c'est en ça que les enfants, oui, c'est l'avenir,
39:19mais les adultes qui ont ce poids de décision,
39:22qui peuvent voter aussi,
39:24sont beaucoup plus impliqués dans ces décisions, pour l'instant.
39:29Les enfants le seront quand ils seront grands,
39:30mais vraiment, il faut que tout le monde se mobilise.
39:35Et en effet, les actions du passé se répercutent désormais,
39:40mais on a tous la capacité d'agir,
39:43on n'est pas obligés tous de prendre un kayak
39:45et de faire le tour de la Méditerranée.
39:47On peut tout simplement faire attention à ce qu'on consomme,
39:50choisir à qui on donne notre argent,
39:53est-ce que c'est au petit producteur du coin
39:54ou c'est à quelqu'un d'autre ?
39:57Ça, déjà, le choix, pour moi,
40:01ça, c'est déjà un premier élément de réponse.
40:03Oui, voilà, et moi, j'ai envie d'ajouter que, finalement,
40:05c'est vrai qu'il y a beaucoup de...
40:07Enfin, il y a de quoi être pessimiste.
40:08Parfois, il y a des jours où, vraiment, on se dit,
40:11bon, on lutte, on fait de belles actions,
40:13mais il faudra aller plus vite.
40:14On se retrouve face à des discours, des fois,
40:16ou des personnes qui vont très, très lentement,
40:21que ce soit politique industrielle ou citoyen,
40:23mais, malgré tout, l'objectif de notre collectif, aussi,
40:26c'est de diffuser de la positivité et de prouver
40:30qu'il n'y a pas besoin de faire d'énormes efforts
40:33pour aggriver un résultat, donc il faut les faire,
40:35il faut s'engager et il faut commencer par quelque part.
40:40Il faut vraiment être positif et mettre de l'énergie dedans.
40:44Et puis, moi, ce que je trouve formidable,
40:46c'est qu'il n'y a pas d'intérêt économique pour vous, là-dedans.
40:48Il n'y a pas de notion mercantile.
40:50C'est pour ça, aussi, que tous les différents acteurs
40:54ou actrices qui défendent vos valeurs, vos idées,
40:57que vous parlez, qu'il y a vraiment un mouvement, un tourbillon.
41:04Oui, c'est ça.
41:05Pour en revenir, aussi, à ce que vous disiez tout à l'heure,
41:07Alexandre, c'est vrai qu'on fait partie de cette génération
41:09qui a été sensibilisée depuis qu'on est petit
41:12à l'impact environnemental qu'on a, à l'école, déjà, tout petit.
41:17En tout cas, moi, j'ai eu la chance d'avoir une maîtresse
41:18qui m'a enseigné ça.
41:20Et puis, autre chose que je...
41:24Non, j'ai perdu le fil de ma...
41:27J'ai une autre question.
41:28Il y a des élections présidentielles qui arrivent l'année prochaine.
41:33Alors, il y a un candidat d'Europe Écologie-Les Verts,
41:36mais on ne sait pas ce qui va devenir de lui,
41:39entre guillemets, est-ce qu'il sera élu ou pas.
41:40Qu'est-ce que vous trouvez, ou est-ce que vous trouvez
41:42qu'on parle assez d'écologie dans cette campagne présidentielle ?
41:46Moi, je pense que l'écologie ne devrait pas être un parti.
41:51En fait, ça devrait être au même titre que la santé.
41:54Oui, pour moi, non, on n'en parle pas...
42:00Chaque candidat devrait avoir une partie écologie
42:03qui devrait être essentielle, fondamentale,
42:05et qu'on n'en parle pas assez, c'est ça que tu me dis ?
42:07Oui, et puis, de toute façon, ce qui est sûr,
42:09c'est qu'on en parle un peu, de l'écologie,
42:11mais il faut le faire, quoi.
42:13Oui, voilà, c'est ça.
42:14Il faut le faire et il faut bien se rendre compte
42:16qu'on parle d'écologie, mais on veut sauver la planète,
42:19mais c'est un peu l'humanité, c'est l'existence humaine,
42:22et surtout la santé humaine, ça implique de l'éducation,
42:25ça implique plein de choses qui sont reliées.
42:28Donc, de toute façon, pourquoi ne pas en parler
42:30ou en faire qu'un parti, puisqu'il faudrait parler
42:32de tous les sujets qui jouent avec ?
42:34En tout cas, nous, dans le collectif du Projet Azur,
42:37on est apolitique, on n'est affilié à personne,
42:40mais en tout cas, ce qui est certain,
42:41c'est que si on mettait un petit peu plus de nature,
42:44un petit peu plus de local aussi dans nos politiques,
42:48ce serait beaucoup plus simple,
42:50beaucoup plus d'éducation à l'environnement aussi.
42:53La bonne santé de notre planète est tout à fait directement
42:57et terriblement liée à l'état de santé de notre planète.
43:00On l'a vu avec la crise Covid, et j'en passe des meilleures.
43:03Enfin, je veux dire, la qualité de l'air, tout ça,
43:06c'est évident que l'environnement doit être quelque chose
43:09de central, et voilà.
43:12Pour moi, c'est évident.
43:13Comment on peut vous aider, les filles ?
43:14Vous avez besoin de quoi, aujourd'hui ?
43:16Vous avez besoin de faire changer les mentalités ?
43:18Vous avez besoin de fonds, d'argent
43:20pour financer des opérations ?
43:21Vous avez besoin de quoi ?
43:23On a besoin que... Enfin, je vous le permets,
43:26on a besoin que les personnes ne se sentent pas découragées
43:32face aux problématiques environnementales,
43:35qu'on ne se sente pas submergées,
43:38qu'on ne se sente pas impuissantes,
43:39parce que l'impuissance, c'est le pire des freins
43:41pour réellement faire changer les choses.
43:43Quand on se sent impuissant, on n'agit pas,
43:47on ne se sent pas bien, et l'idée, c'est vraiment
43:49de retrouver cette confiance en soi pour changer les choses,
43:53et ça, ça passe par l'action, par le agir, faire des petits pas.
43:56Enfin, la politique des petits pas ne suffira pas,
43:59ça, c'est clair, mais il faut que chacun puisse
44:03prendre conscience de l'impact qu'il peut avoir,
44:06essayer de faire changer les choses petit à petit,
44:09et surtout, passer à l'action, l'action, ça rend heureux,
44:11ça fait du bien, ça donne le sentiment de construire
44:13la société dans laquelle on souhaite évoluer,
44:15et non pas de la subir, ça, c'est important.
44:18Et pour moi, on a besoin de tous passer à l'action,
44:22de tous savoir comment faire, ne pas prendre tout le poids
44:25sur nos épaules, la responsabilité, elle est partagée.
44:28Si tout le monde était absolument parfait
44:32sur sa consommation, sa manière de se déplacer,
44:35on ne résoudrait qu'à peu près 25 %
44:38du problème des émissions carbone globales.
44:41Donc, 25 %, c'est si tout le monde fait bien comme il faut,
44:44mais ça ne suffit pas, il faut que les industriels
44:47et les politiques s'y mettent, et c'est eux qui détiennent
44:5075 % de la manœuvre d'action.
44:53Et là, on peut aussi jouer un rôle, chacun,
44:56au sein de l'entreprise dans laquelle on est,
44:58puisque en changeant des petits process
45:01qui sont universalisés, on va faire la différence,
45:05et en apportant la sensibilisation au quotidien dans notre travail,
45:08on va pouvoir apporter beaucoup plus de contenu.
45:11Enfin, si on sensibilise au quotidien dans notre travail,
45:14forcément, ça va se voir dans les décisions
45:16qu'on va prendre dans notre travail.
45:18Mais les décisions sont prises à Paris, souvent,
45:20les décisions des politiques, je veux dire.
45:23Comment vous, à votre échelle, à votre niveau,
45:25Projet Azur, toi, Solène, toi, Naëlle,
45:28comment vous faites pour vous faire entendre ?
45:31En agissant, une première chose, c'est d'agir en collectif
45:34et de montrer qu'on est plein de personnes mobilisées,
45:37on est plein de personnes à vouloir que les choses changent,
45:40à vouloir que les choses s'améliorent,
45:41et au moins que la nature et ce qui se trouve autour de nous
45:47reste dans un état vivable.
45:48Déjà, en se mobilisant avec le plus de personnes possible,
45:52on montre déjà qu'il est là, notre pouvoir d'action,
45:55notre en tant que Projet Azur.
45:57Après, on est là, on est là,
45:58c'est le Projet Azur.
46:00Après, on espère que ça, ça ait un impact plus grand,
46:03et notamment, je prends l'exemple...
46:05Quand on fait des ramassages de déchets,
46:06c'est des ramassages de déchets citoyens,
46:09mais qui sont un processus de science participative
46:13qui est réuni sur une plateforme,
46:14donc Remède Zéro Plastique et Surfrider Foundation
46:19récupèrent les données de tous les ramassages de déchets qu'on fait,
46:21mais aussi que les autres associations qui en organisent font.
46:24Et toutes ces données qui sont collectées
46:26à échelle nationale et européenne,
46:28Elles servent à quelque chose puisqu'elles servent à aller faire du lobby
46:31auprès des décideurs politiques européens et nationaux.
46:35Et donc c'est essayer par ces petites actions d'avoir un impact concret
46:39et d'essayer de faire changer les choses du bas vers le haut.
46:44Alors les filles, si j'ai bien noté, pour 2021,
46:47c'est 4 400 kilomètres cumulés sur la Loire et la Méditerranée avec vos kayaks.
46:52Quasiment 1000 participants, 60 associations, 2,2 tonnes de déchets.
46:57Il y a encore énormément de boulot.
46:58Donc je voulais, un, vous dire merci parce que j'aime vos initiatives,
47:01votre genèse, votre force.
47:04Et puis, évidemment, il va falloir qu'on continue.
47:07Ben ouais, un grand merci. Merci pour l'invitation.
47:09Et puis, si vous voulez nous suivre sur les réseaux sociaux, c'est Projet Azure.
47:13On est sur Facebook, Instagram et puis on a toujours besoin d'aide.
47:17Un petit message, ça fait plaisir. On accepte aussi les dons.
47:22Et voilà, un grand merci d'encouragement aussi, c'est énorme.
47:262022, il y a déjà un ou deux projets de précis ?
47:30Oui, mais je pense qu'on va bientôt, ça va bientôt venir.
47:34Mais en tout cas, il y a des super projets qui viennent à partir du mois de mars.
47:37Encore plus fort et encore mieux.
47:40Voilà, exactement.
47:41Bravo les filles, je vous embrasse.
47:42Merci infiniment. Bravo à Projet Azure et continuez.
47:47Merci beaucoup, à bientôt.
47:48À bientôt, au revoir.
47:49Merci à toutes et à tous pour votre fidélité.
47:51Puis on se retrouve la semaine prochaine avec encore de nouvelles femmes tout autant inspirantes.
47:55Salut à tous, bonne soirée.