• il y a 6 mois
Cette semaine, Alexandre Delpérier reçoit deux vice-championnes olympiques d'aviron. Claire Bové et Laura Tarantola, médaillées d'argent en deux de couple poids légers. En deuxième partie, retrouvez Laëtitia Blot, combattante de MMA mais aussi championne de France de judo, lutte et sambo.

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Sport
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00:00:00...
00:00:18-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:00:21bienvenue dans votre rendez-vous dédié aux femmes dans le sport.
00:00:25Je suis ravi de vous accueillir, comme toutes les semaines,
00:00:28avec encore des femmes inspirantes, des femmes fortes,
00:00:31des femmes qui font briller la France
00:00:33sur la scène internationale.
00:00:35Voici le sommaire de cette émission.
00:00:37Cette semaine, un duo de championnes,
00:00:39avec Laura Tarantola et Claire Beauvais,
00:00:42vice-championne olympique d'Aviron sur l'épreuve du 2 de couple.
00:00:46C'était cet été, retour sur leur parcours.
00:00:48En 2e partie, une athlète hors du commun,
00:00:50Laetitia Blo, combattante de MMA,
00:00:52mais aussi championne de France, de lutte, de judo et de sambo.
00:00:55A 38 ans, elle a encore soif de victoire.
00:00:58Et tout vous dire.
00:01:00Voilà pour le sommaire de cette émission.
00:01:02On va partir du côté de la région Rhône-Alpes,
00:01:05un peu à Lyon, à Grenoble, avec deux jeunes filles
00:01:07qui ont brillé aux JO l'été dernier.
00:01:09Bonjour, Laura.
00:01:11Je vais commencer par la plus vieille,
00:01:13Laura Tarantola, 27 ans.
00:01:15Tu es, toi, du côté de Grenoble.
00:01:17Et ta pote, avec qui tu as ramené
00:01:19cette médaille d'argent des JO cet été,
00:01:21elle est de l'autre côté.
00:01:23Je parle de l'écran, évidemment.
00:01:25C'est Claire Beauvais, 23 ans. Salut, Claire.
00:01:28Salut.
00:01:29Et toi, Claire, tu es où ?
00:01:30Moi, je suis à Lyon.
00:01:32Je suis à Lyon.
00:01:33Juste une petite chose pour que ce soit clair
00:01:36pour toutes celles et ceux qui nous regardent.
00:01:38On peut être dans le même bateau au jeu
00:01:40et s'entraider dans des clubs différents,
00:01:43et être dans des villes différentes, c'est ça ?
00:01:45Oui, c'est ça.
00:01:47On est chacune dans nos villes respectives.
00:01:49On a énormément de stages avec l'équipe de France
00:01:52sur une année olympique comme celle qu'on vient de faire.
00:01:55On part plus de 200 jours par an en stage,
00:01:57donc pour se retrouver,
00:01:59mais à côté de ça, on a des moments
00:02:01où on est chacune chez nous pour bosser individuellement
00:02:04et progresser individuellement.
00:02:05Vous avez été vice-championne olympique cet été ensemble.
00:02:09Toi, Laura, tu avais été championne du monde 2018
00:02:11en skif poids léger, on en parlera tout à l'heure.
00:02:14Je voudrais qu'on revienne sur vos parcours,
00:02:17mais auparavant, vous me disiez comment étaient les après-JO.
00:02:20Claire, comment ça s'est passé ?
00:02:22La médaille d'argent, génial, formidable.
00:02:24Derrière, il se passe quoi ?
00:02:28Derrière, on est beaucoup sollicitées.
00:02:30Déjà, on a fait le podium, on a fait tout le cirque immédiat.
00:02:36Et en fait, c'est dingue de voir le nombre de personnes
00:02:40qui sont heureuses aussi pour nous.
00:02:42Donc on a beaucoup de messages,
00:02:45beaucoup de demandes,
00:02:46beaucoup de gens heureux, en fait.
00:02:50Et ça, c'est super cool.
00:02:52Et en même temps, là, depuis le mois de juillet,
00:02:56c'est vrai qu'on enchaîne pas mal de trucs
00:02:58qu'on n'avait jamais faits.
00:03:00Les shootings, les plateaux télé, les interviews et tout ça.
00:03:04Et en fait, on se prend vraiment au jeu
00:03:07et on n'a pas trop envie que ça s'arrête.
00:03:09Tu fais ta rosta, quoi.
00:03:11Oui, c'est ça.
00:03:13Et je regardais Laura qui avait des étincelles dans les yeux
00:03:15quand Claire parlait.
00:03:16C'est vraiment ça, c'est juste exceptionnel,
00:03:18cette médaille olympique.
00:03:20Oui, carrément, c'est exactement ça.
00:03:23Et puis de revoir les photos, même trois mois après,
00:03:26c'est vrai que les photos à chaque fois à Tokyo,
00:03:28ça me fait encore quelque chose, quoi.
00:03:32On est encore dedans.
00:03:33Moi, je suis encore sur mon nuage.
00:03:35J'ai pas tellement envie de redescendre,
00:03:36même si là, il va y avoir la reprise, etc.,
00:03:38et qu'on s'y remet.
00:03:39Mais c'est clair que c'est des choses incroyables.
00:03:43J'espère qu'on aura la chance de revivre ce genre de moments.
00:03:46Mais en tout cas, c'était une belle récompense
00:03:48de tout le travail qu'on a donné, quoi.
00:03:50Donc, ouais, trop contente.
00:03:52Et ce que j'aurais savoir,
00:03:54parce que là, vous me parlez à l'échelle nationale,
00:03:56les médias nationaux comme nous,
00:03:58mais j'imagine aussi au niveau familial, à l'échelle locale,
00:04:02il doit se passer des trucs incroyables, Claire.
00:04:05Ah, oui, oui.
00:04:07Moi, ne serait-ce que quand je suis arrivée chez mes grands-parents
00:04:10pour les vacances juste après les Jeux,
00:04:13j'ai rencontré des gens formidables dans le voisinage.
00:04:17On a fait des apéros sur des apéros.
00:04:22Et puis, c'est vrai que même à l'école,
00:04:25je suis fière de pouvoir être dans une super promo
00:04:29et même d'avoir été dans plusieurs promos,
00:04:31parce que je sais que tout le monde est derrière moi, en fait,
00:04:34et c'est une aventure incroyablement humaine.
00:04:37Donc, c'est ça qui est génial, quoi.
00:04:40C'est qu'on sent vraiment qu'il y a beaucoup de monde derrière.
00:04:42On se rend compte, Laura, à ce moment-là,
00:04:44que le regard des gens sur soi est en train de changer.
00:04:47Et puis, c'est super touchant, ce que dit Claire,
00:04:48mais c'est vrai même à l'échelon familial.
00:04:51Alors, il y a l'échelon national, génial, waouh !
00:04:54Mais j'imagine qu'il y a eu tellement d'émotions, de larmes
00:04:57quand on rentre à la maison, que la famille te raconte,
00:05:00je vous ai vu, c'était comme ci, comme ça, et ainsi de suite.
00:05:03Oui, oui, c'était dingue.
00:05:05Moi, mes parents, toute ma famille m'avait fait un peu en cachette.
00:05:09Ils s'étaient retrouvés pour la demi-finale et la finale,
00:05:13alors qu'ils n'habitent pas du tout dans les mêmes coins.
00:05:15Mais ils avaient fait quelques jours tous ensemble
00:05:17et en fait, ils se sont filmés pendant la course
00:05:21et du coup, ils me l'ont envoyé juste après.
00:05:22Moi, je n'étais pas au courant qu'ils étaient tous ensemble et tout.
00:05:25Et ils pleuraient toutes sur la vidéo, c'était trop chouette.
00:05:28En plus, ça faisait longtemps qu'on n'a pas vu nos familles à ce moment-là.
00:05:32Donc, oui, c'était hyper prenant.
00:05:33Et quand on est rentrés, ils m'ont fait la surprise au train, à la gare.
00:05:38Enfin, ils étaient trop contents.
00:05:39Et puis, même mes parents me disent qu'ils reçoivent des messages
00:05:42de gens qu'ils n'ont pas vus depuis 20 ans.
00:05:44Donc, on se rend compte que les Jeux,
00:05:46ça a quand même une portée différente de toutes les autres compètes.
00:05:49C'est ouf.
00:05:50Oui, la magie des Jeux, c'est ça, Claire ?
00:05:53Oui, c'est ça, franchement.
00:05:55Il y a vraiment les Jeux et le reste.
00:05:58C'est ça.
00:05:59Et puis, moi, ce que je trouve formidable, les filles,
00:06:01c'est que les Jeux olympiques, c'est une puissance phénoménale,
00:06:05vous venez de le décrire.
00:06:06Et puis, c'est des disciplines qu'on ne voit pas le reste du temps.
00:06:09C'est ça qui est difficile.
00:06:10Tout d'un coup, vous devenez au niveau égal
00:06:12des footballeurs, des tennismen, des pilotes de Formule 1,
00:06:15et tout ça, Claire ?
00:06:17C'est ça, c'est que d'un coup, on se dit que,
00:06:20même si l'aviron, ce n'est pas très médiatisé,
00:06:22finalement, là, on est sur un pied d'estale.
00:06:27Et même si on sait que ça ne va pas durer éternellement,
00:06:31on en est bien conscientes.
00:06:34Mais finalement, c'est un peu à nous aussi de faire durer le plaisir
00:06:37et d'accepter aussi de se montrer et de dire,
00:06:40oui, coucou, on est là.
00:06:42Et puis, vous êtes bien là, les filles.
00:06:43On va remonter dans le temps un peu.
00:06:47Laura, tu as 27 ans, toi, aujourd'hui.
00:06:50Tu es de Grenoble.
00:06:51À quel âge tu as commencé l'aviron, toi ?
00:06:53À 14 ans.
00:06:54Pourquoi l'aviron ?
00:06:56Par pur hasard.
00:06:57En fait, j'avais fait d'autres sports avant,
00:07:00mais sans trop accrocher.
00:07:01Et c'est une copine qui faisait de l'aviron qui m'a dit,
00:07:03viens essayer, tu verras, c'est sympa.
00:07:06Et en fait, j'y suis allée, du coup, sur une après-midi porte ouverte.
00:07:09Et en fait, je n'en suis jamais partie.
00:07:11J'ai rencontré...
00:07:13Il y avait plein de filles de mon âge qui avaient l'air de s'éclater,
00:07:16qui faisaient un peu de compètes.
00:07:18Il y avait une super ambiance.
00:07:19Et du coup, ça m'a tout de suite plu.
00:07:21Et après, de fil en aiguille, je me suis entraînée.
00:07:25On a fait des petites compètes.
00:07:26Et puis, petit à petit, on a progressé.
00:07:28C'est comme ça. C'est par pur hasard.
00:07:30Pour toi, Claire, c'est autre chose.
00:07:32Toi, tu es d'une famille où on pratiquait déjà.
00:07:35Ta maman, Christine, était vice-championne du monde en 1988.
00:07:37C'est naturellement que tu t'es tournée vers l'aviron ?
00:07:41Alors, pas du tout.
00:07:44En fait, ils m'avaient emmenée sur une compétition
00:07:48quand j'étais petite, et ça m'avait fait vraiment peur, en fait.
00:07:51Tous ces gens sur le bord de la mer criaient pour encourager les bateaux.
00:07:55Donc, j'avais dit, moi, je ne veux pas faire ça.
00:07:57Et en fait, dans mon collège, on avait une section sportive.
00:08:00Et ma meilleure amie voulait vraiment essayer l'aviron.
00:08:03Donc, moi, je lui ai promis que je ferais de l'aviron avec elle.
00:08:06Parce qu'il faut savoir qu'on ne se séparait pas.
00:08:09Et finalement, elle a fait du triathlon avec moi
00:08:14et j'ai fait de l'aviron avec elle.
00:08:16Et c'est comme ça que ça a commencé.
00:08:17Et finalement, on a continué ensemble.
00:08:20Et après, j'ai commencé le haut niveau.
00:08:21Mais c'est vrai que c'est comme ça que ça a commencé, surtout.
00:08:24Et très vite aussi, tu as commencé à avoir des résultats, des performances.
00:08:30Oui, c'est vrai que j'ai commencé à performer.
00:08:34Bon, en mini, une cadette, c'est à un niveau régional.
00:08:36Donc, ça ne change pas grand-chose.
00:08:38Mais c'est vrai qu'en junior, junior 1 déjà,
00:08:42j'ai été sélectionnée en équipe de France.
00:08:45Et j'ai vécu une année formidable avec les filles.
00:08:48On a testé le bassin qui allait servir pour les Jeux de Rio.
00:08:52Et ça, ça m'a donné vraiment très, très envie de continuer
00:08:54et de performer encore plus.
00:08:56Et c'est vrai que l'équipe de France, c'est devenu un peu une grande famille.
00:09:00Donc, moi, je voulais y aller tout le temps.
00:09:02Je voudrais savoir comment vous vous êtes rencontrées.
00:09:05Qu'est-ce qui a fait que, finalement, vous formez ce binôme exceptionnel aujourd'hui ?
00:09:10Laura ?
00:09:12Nous, du coup, on est associées en fonction de nos performances en individuel.
00:09:17Parce qu'en fait, pour représenter la France dans le double,
00:09:21donc à deux, il faut être dans les deux meilleures françaises individuellement.
00:09:25Et du coup, depuis 2017, on est à chaque fois première et deuxième,
00:09:30un coup elle, un coup moi.
00:09:31Et du coup, ça fait que notre association continue et marche bien.
00:09:36Donc, on a hâte de voir la suite,
00:09:39mais on est surtout associées à la base en fonction de nos pertes.
00:09:42Mais ça veut dire que ce n'est pas une histoire d'affinité ?
00:09:44Pour que ce soit bien clair dans l'esprit de tout le monde,
00:09:46c'est que si demain, il y a une fille qui est meilleure qu'une de vous deux,
00:09:50elle prendra la place de celle qui aurait été moins bonne, c'est ça ?
00:09:55Oui, c'est ça. Après, c'est un peu...
00:09:59Oui, c'est un peu, des fois, un peu contradictoire
00:10:01parce que ce n'est pas forcément à chaque fois les deux meilleures
00:10:03qui matchent le mieux, parce qu'il faut aussi s'entendre très bien,
00:10:07il faut aussi s'entendre très bien techniquement.
00:10:10Et puis après, les places dans le bateau, etc.
00:10:12Enfin, oui, on part beaucoup en stade.
00:10:13Donc, il y a aussi toute une alchimie qui se crée.
00:10:16Une complémentarité ?
00:10:18Oui, c'est ça, exactement, une complémentarité.
00:10:21Il faut réussir à se trouver.
00:10:22Et à ce niveau-là, ça se joue dans les détails.
00:10:23Donc, on sent vraiment ce qui fait le plus...
00:10:27Enfin, ce qui est vraiment bien dans notre association.
00:10:30Et ce n'est pas forcément qu'eux sur de la perf' individuelle,
00:10:33mais bon, c'est les sélections françaises qui sont comme ça, oui.
00:10:36Claire, quelle est la plus grande qualité de Laura ?
00:10:41Laura, c'est la puissance calme, vraiment.
00:10:45La quoi ? La puissance quoi ?
00:10:48La puissance calme.
00:10:49Mais j'ai l'impression que... Enfin, c'est une grande force.
00:10:54Quand on est avec elle, on a l'impression
00:10:55que rien ne peut nous arriver de mal, vraiment.
00:10:58Ça te parle ? T'es d'accord avec ça, Laura ?
00:11:02C'est vrai que je suis assez calme.
00:11:06C'est rare quand...
00:11:08Bon, après, quand j'ai des choses à dire, je le dis,
00:11:11mais c'est vrai que c'est ce qu'on me dit souvent.
00:11:14Mais sur le bateau, notamment.
00:11:16De quoi ? Sur le bateau, notamment.
00:11:18C'est là où ça doit être hyper important.
00:11:21Oui, après, il faut quand même s'exciter à des moments précis.
00:11:24Au niveau de la course, je ne suis pas calme.
00:11:26Ce n'est pas ce que je suis en train de dire.
00:11:27Mais n'empêche que tu dois dégager cette sérénité
00:11:29dont, visiblement, bénéficie, après, Claire.
00:11:33C'est exactement ça.
00:11:35Et pour toi, Laura, c'est quoi la plus grande qualité de Claire ?
00:11:39Pour moi, c'est sa capacité à se dépasser tout le temps,
00:11:42à être tout le temps au taquet.
00:11:44Même quand c'est dur, quand il faut y aller
00:11:47et quand il faut se faire mal, c'est la première à y aller.
00:11:50Donc, quand on est associé avec une personne comme ça,
00:11:53on ne peut qu'être à fond aussi
00:11:55et on ne peut que se donner pour l'autre,
00:11:56même quand c'est dur.
00:11:57Ça veut dire qu'elle te tire vers le haut aussi ?
00:12:00Oui, carrément.
00:12:01Claire, ça te correspond ?
00:12:03Tu es d'accord avec ça ?
00:12:05Je suis d'accord avec elle.
00:12:07C'est vrai qu'on me répète souvent que j'ai un peu un grain de poli.
00:12:11Mais c'est pour ça que je suis d'accord avec Laura.
00:12:14Mais c'est aussi pour ça que je pense que notre ensemble fonctionne bien.
00:12:19C'est qu'on est complémentaires.
00:12:21C'est que j'ai besoin de ce calme pour pouvoir me concentrer,
00:12:24me poser et exprimer toute cette folie
00:12:28et me dire que je peux me dépasser pour quelqu'un
00:12:30et que ce n'est pas que pour moi.
00:12:32Et ça, c'est juste génial.
00:12:34Claire, est-ce que le fait d'avoir une maman
00:12:35qui a été vice-champion du monde, ça aide ?
00:12:37Est-ce que tu penses que ça fait la femme que tu es,
00:12:39la personnalité que tu as ?
00:12:44Je ne sais pas si ça aide.
00:12:45Après, c'est vrai que, moi,
00:12:48il y a beaucoup d'histoires qui ont bercé mon enfance.
00:12:52Quand je rentre à la maison, des fois,
00:12:54et que je dis que j'en ai marre, j'en peux plus,
00:12:56et qu'elle me raconte juste elle, comment ça se passait,
00:12:59ou les sensations de glisse qu'elle avait.
00:13:01En fait, c'est une transmission qui est hyper importante.
00:13:06Et c'est vrai qu'elle a une force de caractère assez impressionnante.
00:13:09Donc, je pense que...
00:13:12Je ne sais pas si ça aide.
00:13:14Ça influe.
00:13:17Évidemment, normal.
00:13:19Claire, maintenant, question moins rigolote.
00:13:21Et ne te cache pas, Claire.
00:13:23Quel est le plus gros défaut de Laura ?
00:13:27Allez, vas-y, balance. Envoie, envoie.
00:13:30C'est que, quand...
00:13:32Ce n'est pas vraiment un défaut, mais quand elle s'énerve,
00:13:35on sent une aura autour d'elle, un peu de colère,
00:13:39comme s'il y avait un gros nuage gris autour.
00:13:40Et c'est vrai que si on ne crève pas la piscine très vite,
00:13:43c'est un nuage qui enfle tout le temps.
00:13:45Et ça peut dégénérer.
00:13:47Mais, en fait, on a appris à travailler avec et à se parler.
00:13:50Quand, moi, je ressens ça,
00:13:52maintenant, j'en parle directement,
00:13:53parce que, sinon, je sens que ça ne va pas.
00:13:56Allez, vas-y, balance.
00:13:57Le plus gros défaut de Claire.
00:13:58Ah, mon Dieu.
00:14:01Pour moi, je dirais qu'elle est têtue.
00:14:03Mais après, c'est aussi une force, dans le sens...
00:14:06Voilà, le sport de haut niveau, il faut aussi être acharné
00:14:10et être au taquet.
00:14:11Mais têtue, oui.
00:14:13C'est rare quand elle dit qu'elle a tort.
00:14:16Ah !
00:14:18Alors, Claire, c'était quand la dernière fois que tu avais tort
00:14:20et que tu ne l'as pas dit ?
00:14:22Je ne sais pas, ça ne m'a pas remonté à très longtemps.
00:14:28C'est ça.
00:14:29C'est bon, ça.
00:14:30Les filles, depuis quand vous ramez ensemble ?
00:14:33La première grosse compète que vous faites, c'était quand ?
00:14:36En 2018, du coup.
00:14:39Pour moi, je crois que c'était les championnats d'Europe
00:14:42en 2017 à Assiche.
00:14:44Oui, 2017.
00:14:45Parce que moi, j'ai Sarasota, Floride, 2017.
00:14:48C'est à peu près la même période ?
00:14:50Oui, c'est les championnats du monde.
00:14:53Là, vous faites une 9e place, c'était les mondes.
00:14:57Qu'est-ce qui se passe au sorti de ça ?
00:14:58Parce que 2017, c'était il y a 4 ans de moins.
00:15:02Donc, Claire, tu n'avais même pas 20 ans.
00:15:04Toi, tu es un petit peu plus âgée.
00:15:06Laura, tu avais un peu plus d'expérience.
00:15:07Comment, toi, Laura, tu sors de cette compète ?
00:15:10Alors que c'est la première grosse compète, c'est des mondiaux.
00:15:12Vous terminez 9e, donc.
00:15:15C'était un de mes premiers championnats du monde en élite.
00:15:20Et faire un 9e, on n'était pas en finale,
00:15:22parce que nous, au final, c'est les 6 premières.
00:15:24Mais on n'était pas très loin non plus.
00:15:29Et puis d'ailleurs, si je me souviens bien, on avait fait 7e.
00:15:31On avait gagné la finale D.
00:15:34Et en fait, on s'était dit, 7, dans notre catégorie,
00:15:36c'est le quota pour être qualifié au jeu.
00:15:39L'année d'avant les Jeux, il faut faire dans les 7 premiers bateaux
00:15:41pour qualifier le bateau.
00:15:43Et du coup, on s'est dit, 2017, 3 ans avant les Jeux,
00:15:46on est 7e, quoi.
00:15:47Donc, en fait, moi, en tout cas,
00:15:50ça m'a juste donné envie de m'entraîner encore plus,
00:15:53parce que les Jeux, c'était un énorme rêve il y a très longtemps.
00:15:57Et petit à petit, en fait, ça s'est transformé en objectif.
00:16:01Claire, tu te dis quoi, toi ?
00:16:04Parce que t'as quel âge ? 18 ans ? 18 ans et demi ?
00:16:08Ouais, 19, je crois, pour Sarah Sotar.
00:16:12Mais c'est vrai que j'étais…
00:16:16D'un côté, j'étais un peu déçue d'être en finale B,
00:16:18mais en même temps, on a gagné notre finale.
00:16:21Et puis, on n'arrêtait pas de nous répéter,
00:16:24mais oui, vous êtes un équipage jeune.
00:16:26Et c'est vrai que je n'ai pas eu cette réflexion de me dire,
00:16:29c'est le quota pour les Jeux.
00:16:31Mais juste, j'étais contente parce qu'on avait fait des super courses,
00:16:33on avait vécu un super moment.
00:16:35Et en fait, pour moi,
00:16:38c'était mon premier championnat du monde en senior,
00:16:40donc c'était déjà extraordinaire d'avoir fait un championnat du monde
00:16:43en senior, directement en sortant de junior, quoi.
00:16:47Et j'étais super contente parce que ça annonçait une belle aventure.
00:16:52Parce que, ouais, j'avais l'intention de continuer aussi jusqu'aux Jeux
00:16:54et ça annonçait quelque chose de bien, quoi.
00:16:57Et c'est ce qui s'est passé.
00:16:59Laura, tu te souviens, donc t'as 4 ans de plus.
00:17:01J'imagine que toi, t'avais déjà ramé avec des filles,
00:17:04d'autres filles que Claire.
00:17:07À ce moment-là, tu te dis, on est complémentaires,
00:17:10si ça se trouve, on va faire encore un bon bout de chemin ensemble.
00:17:13Ouais, c'est ça.
00:17:15Tout de suite, en fait, je me dis, ouais, mais là, il y a quelque chose,
00:17:17enfin, ça matche, quoi.
00:17:19Notre premier entraînement qu'on a fait sur l'eau,
00:17:22on s'en souvient toutes les deux
00:17:25et on avait l'impression que c'était trop bien,
00:17:27alors que là, quand on a revu des images il n'y a pas longtemps,
00:17:30c'était juste catastrophique.
00:17:31Mais sur le moment, ça matchait, quoi.
00:17:35Et de faire ce premier championnat-là dans les quotas olympiques,
00:17:39pas très loin des toutes premières, finalement,
00:17:42ça m'a confortée dans le fait,
00:17:45OK, là, on a une association,
00:17:48on peut faire un bout de chemin ensemble
00:17:51et si on travaille dur, ça peut le faire.
00:17:54Donc, ouais, j'étais hyper contente de...
00:17:57Voilà, quelqu'un qui sort de junior
00:18:00qui a déjà ce niveau en senior première année,
00:18:03ouais, c'était trop cool de tomber sur elle.
00:18:06Ça doit être terriblement difficile parce que les filles,
00:18:08si je ne me trompe pas,
00:18:10par exemple, pour les Jeux olympiques, c'est un bateau qui se qualifie.
00:18:13Donc, on sait qu'il y a un bateau français dans votre catégorie
00:18:16qui sera représenté, mais on ne sait pas qui sera dedans.
00:18:18Donc, après, il faut vous qualifier individuellement
00:18:21pour être celles qui vont former ce binôme.
00:18:24C'est bien ça, Claire ?
00:18:26C'est ça, ouais. En fait, l'année d'avant les Jeux,
00:18:30on fait un championnat du monde
00:18:32et sur le championnat du monde, les sept premières
00:18:35sont qualifiées pour les Jeux
00:18:37et c'est les sept premiers bateaux, en fait.
00:18:39Donc, c'est la politique française de dire qu'on qualifie un bateau,
00:18:43mais on enverra le bateau qui ira le plus vite.
00:18:45Donc, si quelqu'un va plus vite que nous dans ce bateau-là,
00:18:49on se fait sortir du bateau.
00:18:50Donc, 2017, c'est la première grosse compète les mondiaux à Sarasota.
00:18:54L'année d'après, en skif, donc, seule, en solo,
00:18:58tu ramènes, Laura, le titre de championne du monde.
00:19:01Un, c'est, j'imagine, perso, un truc fantastique,
00:19:05mais est-ce que, dans ta tête aussi, tu penses, avec Claire et les JO,
00:19:09qu'ils arriveront, théoriquement, deux ans après ?
00:19:12Oui, carrément.
00:19:14C'était top de pouvoir faire ça
00:19:18en attendant que Claire revienne,
00:19:21mais c'est clair que c'était compliqué aussi,
00:19:25dans le sens où, moi, déjà, de base,
00:19:28je fais de l'aviron pour faire un sport collectif,
00:19:32donc c'était chouette d'avoir fait cette expérience,
00:19:35mais c'était pas censé durer.
00:19:37Attends, tu fais de l'aviron
00:19:41parce que c'est un sport collectif ?
00:19:43Ah oui, certes, on a des points de passage en individuel.
00:19:47Le bateau individuel, c'est une très grosse partie de notre entraînement,
00:19:51mais je le fais parce que ce que j'aime,
00:19:53c'est quand on est en bateau à plusieurs,
00:19:55qu'on doit être hyper coordonnées,
00:19:58que mon job, c'est de suivre les gens, de m'adapter,
00:20:01et on vit des sensations de glisse de fou,
00:20:04et c'est vraiment ce que je préfère,
00:20:06ensuite, partager les podiums avec mes coéquipières.
00:20:10Là, c'était cool, mais c'était tout seul,
00:20:12donc j'avais hâte de la suivre.
00:20:14Claire, quand tu vois Laura, championne du monde en skiff,
00:20:17toi, tu te dis quoi ? Et t'es où, à ce moment-là ?
00:20:20Moi, à ce moment-là, j'étais toute seule chez moi,
00:20:25ou peut-être chez mes grands-parents, je ne sais plus trop.
00:20:27Et c'est vrai que j'étais juste trop fière, en fait,
00:20:31et je me suis dit que j'avais hâte de revenir,
00:20:34hâte de sortir de blessure,
00:20:35et hâte de réentraîner pour remonter dans le double, quoi,
00:20:39parce que, d'un côté,
00:20:41de voir tous les amis qui font des médailles à côté,
00:20:44ça fait mal, et de se dire qu'on ne peut pas partager avec eux,
00:20:47c'est encore plus dur,
00:20:48mais d'un autre côté, c'est une force énorme,
00:20:50on est trop fiers, et on se dit,
00:20:52ben ouais, j'ai envie d'y retourner juste pour ça,
00:20:55juste pour eux et pour partager tout ça ensemble.
00:20:58C'était quoi, ta blessure, Claire ?
00:21:01C'était du surentraînement.
00:21:03Donc, en fait, mon corps a dit stop,
00:21:05et je ne pouvais plus rien faire.
00:21:07Surentraînement, concrètement, ça se matérialisait comment ?
00:21:12C'est une très, très grosse fatigue,
00:21:14donc on ne développe plus de hâte,
00:21:17on se fatigue extrêmement vite à l'effort,
00:21:19donc on n'est pas du tout performants,
00:21:21on fait des contre-performances tout le temps,
00:21:23mais en même temps, on culpabilise de ne pas s'entraîner,
00:21:27donc on a envie d'y retourner, mais on ne peut pas.
00:21:29Et puis, peu importe ce qu'on fait,
00:21:32peu importe la volonté qu'on y met, en fait,
00:21:35ça ne marche pas, et ensuite, le corps...
00:21:38Moi, j'ai failli me blesser vraiment avec des tendinites
00:21:42si je ne m'étais pas arrêtée.
00:21:44C'est vrai que le corps, je sentais qu'il se fatiguait,
00:21:47à la fin, je perdais mes cheveux.
00:21:49On ne savait pas trop ce que c'était,
00:21:52et finalement, ce n'était pas une maladie,
00:21:54c'était juste le corps qui disait stop parce qu'il n'en pouvait plus.
00:21:57Et on a peur de perdre sa place définitivement ?
00:22:00Parce que tu avais 20 ans ?
00:22:03Oui, j'avais 20 ans.
00:22:05C'était en 2018.
00:22:08Et je n'avais pas peur de perdre ma place définitivement,
00:22:11parce que c'est un peu...
00:22:13Moi, ce qui me caractérise, c'est que je me battrais jusqu'au bout.
00:22:15Donc j'avais peur, en même temps, de ne pas m'entraîner,
00:22:19de prendre trop de retard par rapport aux autres, etc.
00:22:22Mais en même temps, j'avais cette petite voix dans ma tête
00:22:27qui me dit, prends les choses comme elles sont
00:22:29et tu reviendras plus tard quand ce sera possible,
00:22:32mais pour l'instant, tu ne peux pas.
00:22:34De toute façon, je n'avais pas le choix.
00:22:36L'année d'après, vous reformez ce beau tandem
00:22:39et vous faites vice-championne d'Europe à Lucerne, en Suisse.
00:22:43Là, tu te dis quoi, Claire, à ce moment-là ?
00:22:46Moi, j'étais trop contente,
00:22:48parce que c'était ma première médaille internationale
00:22:52qu'on a faite avec Laura.
00:22:53Et je me dis que finalement,
00:22:57après une pause, vraiment, j'étais bien dans mes baskets,
00:23:01j'étais bien dans ma tête,
00:23:03tout allait bien, en fait,
00:23:04et j'étais contente que ça se concrétise.
00:23:07C'était un peu un souffle de soulagement.
00:23:10Et toi, Laura, tu te dis quoi, à ce moment-là ?
00:23:13Moi, je suis trop contente, déjà, humainement,
00:23:16que ma copine, elle, soit bien,
00:23:19parce que ce n'était quand même pas facile.
00:23:21Et que ça se concrétise par un podium,
00:23:24ouais, enfin, moi, la catégorie...
00:23:26Voilà, notre catégorie, double femme, poids léger,
00:23:28à chaque fois, on est contre les deux meilleurs de chaque nation.
00:23:31Il n'y a pas plusieurs bateaux.
00:23:33C'est une catégorie que j'ai toujours vue.
00:23:35Les filles, j'avais des étoiles dans les yeux
00:23:37en les regardant quand j'étais plus jeune,
00:23:38et de se dire qu'on a fait un podium
00:23:41dans cette catégorie-là, c'était juste dingue.
00:23:44Et puis, ça lançait très bien la saison.
00:23:45Laura, c'était quoi, les ambitions, avant d'arriver à Tokyo ?
00:23:50Ben, franchement, c'est dur.
00:23:52Enfin, on n'avait pas trop mis de...
00:23:55Enfin, on ne s'est jamais dit, objectivement,
00:23:57on veut faire ça.
00:23:58Bien sûr, on s'entraîne au taquet,
00:24:00on s'entraîne avec ce rêve d'être médaillée,
00:24:04mais c'est dur de mettre un numéro, en fait,
00:24:08parce qu'on est dans une catégorie où tout est hyper dense,
00:24:11enfin, là, on l'a vu, la finale des Jeux,
00:24:13c'est la finale la plus serrée des Jeux,
00:24:16et en une seconde et demie,
00:24:17on peut faire première comme sixième,
00:24:19donc c'est très dur de dire, je veux faire ça,
00:24:22même si, clairement, l'objectif, oui, c'était le podium.
00:24:25Enfin, c'était même un objectif, un rêve.
00:24:28On s'est dit, waouh, mais ça serait ouf d'être médaillée.
00:24:30Mais à côté de ça, l'objectif, c'était vraiment de s'éclater,
00:24:34de faire les meilleures courses possibles.
00:24:35On sentait vraiment qu'on était à notre meilleur niveau,
00:24:37donc on était déjà...
00:24:39Enfin, voilà, l'objectif, c'était d'arriver en super forme,
00:24:41de pouvoir s'exprimer sans se mettre trop de pression négative
00:24:46à cause de tout l'engouement des Jeux,
00:24:48et réussir nos Jeux, quoi, peu importe la place,
00:24:51et qu'on soit contentes en sortant de Tokyo, quoi.
00:24:54Claire, raconte-moi ta finale,
00:24:55et après, je voudrais que Laura me donne la sienne.
00:24:59Moi, la finale, c'est vraiment bien passé.
00:25:02Je me souviens... Franchement, je me souviens pas de tout.
00:25:05Je me souviens juste que le bateau, il glissait,
00:25:08qu'il y avait des vagues,
00:25:09et j'entendais les Hollandaises qui parlaient à côté de moi,
00:25:12et je me disais, bon, tant que je les entends parler,
00:25:13c'est bon, on n'est pas loin, on n'est pas loin.
00:25:16Et je me concentrais sur mes pieds pour que le bateau glisse,
00:25:18et je me concentrais sur la respiration de Laura
00:25:21pour savoir si elle était bien avec moi.
00:25:23Et juste, je me souviens, on a passé le 500,
00:25:26et d'habitude, elle me donne toujours la place où on est,
00:25:29en me disant, on est deux, trois, il y a une longueur, une pointe.
00:25:33Et là, elle me dit, on est dans le tas.
00:25:35Alors, dans le tas, je tourne la tête et je me dis,
00:25:37mais c'est vague, Laura, dans le tas.
00:25:39Et c'est vrai que j'ai tourné la tête et j'ai vu qu'on était sur une ligne.
00:25:42Et là, je me suis dit, OK, là, c'est parti, il faut qu'on y aille.
00:25:45J'ai mis la tête dans le guidon,
00:25:47et c'était sauf qui peut jusqu'à l'arrivée.
00:25:49C'est vrai que dans le bateau, je suis devant,
00:25:53donc je suis plus à ce rôle du rythme, etc.
00:25:57Mais j'étais concentrée sur me dire, OK, si ça glisse,
00:26:01si on est avec le bateau, si tout va bien,
00:26:04on pourrait avoir un deuxième souffle,
00:26:06et ça ira encore plus vite.
00:26:08Et c'est vrai qu'il y a eu ce moment où on avait l'impression
00:26:10vraiment qu'on s'envolait tellement...
00:26:12Enfin, je sais pas, j'avais l'impression que ça glissait
00:26:15mille fois mieux que tout ce qu'on avait pu faire avant.
00:26:18Franchement, c'était trop bien.
00:26:20À quel moment tu sens que la médaille, elle est là ?
00:26:24À aucun moment.
00:26:26Vraiment, j'ai passé...
00:26:28Enfin, on a passé la ligne d'arrivée,
00:26:30et là, Laura, elle m'attrape par le cou et me dit,
00:26:33bon, peu importe ce qu'on a fait,
00:26:34peu importe ce qu'on a...
00:26:36On s'est fait plaisir et c'est le plus important,
00:26:38personne pourra nous l'enlever.
00:26:39Et moi, j'étais 100 % d'accord avec ça.
00:26:42Mais c'est vrai qu'on se regardait toutes les six bateaux
00:26:45et on se disait, mais attendez, qui est-ce qui est devant ?
00:26:48Et personne ne savait.
00:26:49Et ce temps, entre le moment où on a passé la ligne d'arrivée
00:26:52et où on a su qu'on allait sur le podium,
00:26:55ça a semblé une éternité, et vraiment, c'était super long.
00:27:00Les Jus devaient délimiter la photo finish,
00:27:03qui était devant et qui était derrière.
00:27:05Et quand ils ont affiché sur le tableau,
00:27:07vraiment, c'était tous les classements,
00:27:10mais d'habitude, ça ne s'affiche pas du tout comme ça.
00:27:13Donc, on s'est dit, non, c'est pas ça.
00:27:17Et là, ils ont affiché dans l'ordre des lignes d'eau,
00:27:19et c'est pas nous.
00:27:20Et finalement, Laura, elle me dit,
00:27:21si, regarde, on nous montre à la caméra,
00:27:24regarde là-haut et tout, je pense que c'est nous.
00:27:27En plus, il y a déjà trois bateaux qui vont au ponton.
00:27:29Nous, on doit aller au ponton d'honneur.
00:27:31Et c'est vrai que c'est là où on réalise
00:27:33qu'on a une médaille.
00:27:36Et là, il se passe quoi ?
00:27:39Là, il se passe qu'on a fini notre course, là, surtout.
00:27:44Et là, franchement, c'est génial.
00:27:46C'est la fin du stress, on est contentes,
00:27:48on a de l'adrénaline à n'en plus finir dans le corps,
00:27:52et on a l'impression qu'on ne peut plus s'arrêter.
00:27:55Non, franchement, c'est génial.
00:27:57Laura, raconte-moi ta finale.
00:27:59C'est génial de vous entendre l'une après l'autre.
00:28:00Raconte-moi ta finale, à toi, derrière, donc.
00:28:04Oui, ma finale, on est partis dans le tas.
00:28:09Et à chaque fois que je devais donner des infos à Claire,
00:28:13j'étais incapable de lui dire un chiffre
00:28:15parce qu'on était tellement tous serrés.
00:28:17Oui, mais quand tu lui dis, aux 500 mètres,
00:28:19on est dans le tas, c'est dans ta tête.
00:28:22À ce moment-là, on peut y aller, ou c'est le bordel,
00:28:25ou merde, on n'est pas devant,
00:28:27ou tant mieux, on n'est pas derrière, c'est quoi ?
00:28:30Non, c'était un dans-le-tas qui montre qu'on est dans le coup,
00:28:36qu'on n'est pas devant, et on n'est pas à la ramasse non plus,
00:28:39donc il y a encore tout qui peut se passer.
00:28:41Et on avait vu, on était vraiment confiantes
00:28:44sur nos fins de parcours,
00:28:46on l'avait bien travaillé, on avait bien analysé la chose,
00:28:50et du coup, c'était un dans-le-tas qui donnait du baume au cœur,
00:28:53dans le sens, OK, là, il nous reste 500 mètres,
00:28:56on est dans le tas, et là, on peut y aller.
00:28:59Il y a quelque chose à faire.
00:29:01Et ouais, c'était un dans-le-tas de, OK, là, c'est la guerre,
00:29:04il reste 1 minute 40 à tenir, et on va sprinter,
00:29:07et en tout cas, on ne va pas mourir sur la ligne d'arrivée,
00:29:10mais on va y aller le plus rapidement possible,
00:29:12et on verra ce que ça donne.
00:29:14Et comme elle, tu as la sensation que cette deuxième partie de course,
00:29:16vous volez sur l'eau, comme elle le dit ?
00:29:20Ouais, ouais, carrément.
00:29:21Ouais, ouais, on vole sur l'eau.
00:29:22Après, moi, mon job, c'est de prendre des infos de temps en temps,
00:29:25donc un coup, je prends les infos,
00:29:26un coup, je me dis, OK, là, je me reconcentre bien sur Claire,
00:29:30bien sentir le bateau, machin,
00:29:31mais c'était toujours un peu, voilà, une jongle entre...
00:29:35Je prends des infos de l'extérieur,
00:29:36mais je me concentre pour être à mon 100 %,
00:29:39pour que Claire, elle, se sente bien, pour qu'on aille vite,
00:29:41et en fait, je sentais les bateaux à côté,
00:29:44soit un coup, on se faisait décaler, soit on revenait sur elle.
00:29:47Enfin, quand vers le... Ouais, à 150 mètres de l'arrivée,
00:29:50on commençait à dépasser les Anglaises,
00:29:52je me dis, ouais, mais là, j'ai l'impression qu'on est sur une autre planète,
00:29:56qu'on est trop puissantes,
00:29:57et après, la faute des Hollandaises, du coup, on leur passe devant,
00:30:01le bip-bip avec les Italiennes,
00:30:04enfin, ouais, c'était quelque chose d'assez fou,
00:30:06c'est même dur de s'en souvenir concrètement,
00:30:09parce qu'on est tellement dans des efforts qui sont difficiles
00:30:11qu'on se bat pour garder de la lucidité jusqu'au bout, en fait,
00:30:16et du coup, on n'a pas tous les tenants et aboutissants de la course,
00:30:20mais sur le moment, ouais, c'était trop bien.
00:30:21C'est génial de vous entendre raconter ça.
00:30:23Pour terminer, je voudrais que vous me disiez...
00:30:25Je commence le début de la phrase et Claire, tu l'as terminée.
00:30:27Je te ferai pareil avec toi, Laura, après.
00:30:29Être vice-championne olympique, Claire, c'était...
00:30:33C'est toujours trop bien.
00:30:36C'est éternel, quoi.
00:30:37C'est éternel, magique, ce mot-là.
00:30:39Non, mais c'est formidable, ce que tu viens de dire.
00:30:40Laura, à toi, t'as pas le droit de dire la même chose.
00:30:45C'est magique.
00:30:47Magique, éternel. J'adore ce que vous dites, les filles.
00:30:49C'est formidable.
00:30:50J'ai un petit quiz pour savoir, quand même, qui connaît mieux sa discipline.
00:30:55Attention, c'est sur l'aviron au JO.
00:30:59Claire, Laura, cinq questions. Voici la première.
00:31:03En quelle année les épreuves féminines ont offert leur apparition au JO ?
00:31:10Vous ne battez pas, hein ?
00:31:11Dans les années 60 ?
00:31:13Dans les années, ça ne me va pas, donc il me faudra, tu vois...
00:31:19Je vais vous donner une indication, c'était à Montréal.
00:31:25Bon, alors je donnerai le point à celle qui est le plus près.
00:31:28Donc allez-y, les filles.
00:31:31En... 80.
00:31:35C'est Laura qui a parlé, là.
00:31:37Ouais.
00:31:38Tu dis combien, toi ?
00:31:40Claire ?
00:31:43Moi, je dirais 70 ou 68.
00:31:47Eh bien, c'était 76.
00:31:49Donc, c'est un point qui va à Laura.
00:31:51Je vais juste apprendre à tricher, Claire.
00:31:53C'est que moi, j'aurais dit 79 à partir du moment où c'était en dessous, tu vois.
00:31:56Ça, tu ne prenais pas de risque et tu étais sûre de prendre le point.
00:31:58Mais bon, 1-0 pour Laura.
00:32:00Question.
00:32:02Au JO, en aviron, combien de médailles compte la France ?
00:32:06Faites gaffe, il y en a un paquet.
00:32:09Dans tous les Jeux ?
00:32:11Ouais.
00:32:14Beaucoup ?
00:32:16Ouais, ouais, il y en a beaucoup, ouais.
00:32:18Après, beaucoup, ça ne veut tout dire et rien dire.
00:32:21Il y en aurait une trentaine ?
00:32:22Ouais, mais une trentaine, ça ne me va pas.
00:32:24Donc, tu me dis combien ?
00:32:2632.
00:32:27Attends, qui a...
00:32:29Tu as dit 32 et toi, tu as dit 34, c'est ça ?
00:32:32Ouais.
00:32:33C'était 42. Donc, c'est Claire qui est la plus proche.
00:32:35Un partout.
00:32:36Franchement, vous êtes nulles, les filles.
00:32:38Ouais, non, non, ne fais pas la maligne.
00:32:41Question.
00:32:42Quelle rameuse, donc une femme, est la plus médaillée aux Jeux olympiques ?
00:32:48C'est une Roumaine.
00:32:49C'est la Roumaine.
00:32:50Elle s'appelle comment ?
00:32:53Anastasia...
00:32:55Non.
00:32:57Elisabetha ?
00:32:59Ah oui.
00:33:01Et le nom de famille ?
00:33:03Aucune idée, je ne connais pas son nom de famille.
00:33:05Je sais juste que ça se finit ici.
00:33:06Lipa. Elle a eu huit médailles, donc cinq en or.
00:33:08Zéro point.
00:33:10Question.
00:33:11Quel pays a remporté le plus de médailles aux Jeux de Tokyo ?
00:33:14En aviron, hein ?
00:33:18Là, vous y étiez, les filles.
00:33:21Garçons et filles confondues.
00:33:22Quel pays a remporté le plus de médailles aux Jeux ?
00:33:25On va se faire tuer.
00:33:27Je ne sais pas.
00:33:29Australie ?
00:33:30Non.
00:33:31Chine.
00:33:33Non plus, c'était la Nouvelle-Zélande. Merci d'être venues.
00:33:36Question.
00:33:37Elles en ont eu cinq.
00:33:38Non, mais ceci dit, vous étiez en vôtre compète
00:33:40et après dans la Fiesta, donc...
00:33:41Non, mais c'est à la faute des journalistes,
00:33:42vous étiez trop sollicités. Allez.
00:33:44La dernière question pour vous départager.
00:33:46Je vous rappelle qu'il y a un partout.
00:33:48Ça, c'est compliqué.
00:33:50Qui sont les premiers médaillés olympiques
00:33:52en deux de couple léger féminin ?
00:33:55C'est nous.
00:33:56Eh ben oui, c'est vous !
00:33:59Eh ben voilà !
00:34:02Alors, on va dire que c'est pour Laura,
00:34:03mais comme t'es médaillée grâce à elle aussi,
00:34:05on va dire que c'est pour toutes les deux.
00:34:08C'est moi qui ai l'amour.
00:34:10Oui, enfin bon...
00:34:11Elle, elle a fait ça.
00:34:14De toute façon, vous êtes éternelles et indissociables.
00:34:16J'ai bien compris. Merci, les filles.
00:34:17Merci infiniment. C'était un super moment.
00:34:19Je vous embrasse et continuez.
00:34:21Et régalez-nous... Non, attends, juste une dernière chose.
00:34:23Et on va commencer par toi, Laura.
00:34:25À Paris, ça sera quoi, la médaille ?
00:34:28Ah ben, on va tout faire pour qu'elle soit en or.
00:34:31Claire ?
00:34:34Ben, je dirais bien pareil, mais d'abord, il faut se qualifier.
00:34:38Vous avez raison. Je vous embrasse, les filles.
00:34:39Salut, une aventurière, une femme exceptionnelle encore
00:34:41qui nous rejoint juste après ceci.
00:34:43Musique d'ambiance
00:34:47Et comme prévu,
00:34:48notre aventurière de la semaine, c'est Laetitia Blot.
00:34:51Bonjour, Laetitia.
00:34:52Bonjour à tous. Merci de m'inviter sur ce plateau.
00:34:55On est ravis de t'accueillir.
00:34:56Bien connue à l'international sous le nom de Laetitia Blot,
00:34:58parce qu'elle voyage à travers le monde.
00:35:00Vous allez voir, Laetitia, elle est juste incroyable.
00:35:03Dans le genre, je suis inspirante, je suis différente.
00:35:05Je crois qu'on a tiré le gros lot, aujourd'hui.
00:35:07Et je suis ravi de t'accueillir. Aujourd'hui, t'as 38 ans, Laetitia.
00:35:09Exactement.
00:35:11T'es quelqu'un qui a su...
00:35:13t'adapter, évoluer.
00:35:15Et on va le voir, t'es la seule sportive française
00:35:18à avoir été titrée dans autant de disciplines différentes.
00:35:21J'aurais juste, avant qu'on rentre plus dans le détail,
00:35:24parce qu'on parlera de judo, d'MMA, d'autres disciplines,
00:35:28savoir t'adapter, pour toi, c'est...
00:35:30Par la force des choses, tu l'as appris
00:35:33ou juste t'as plus la dalle que les autres ?
00:35:36On va dire que je repousse toujours mes limites
00:35:39de nouveaux challenges, ce qui n'est jamais facile,
00:35:41parce que tu dois toujours mettre ton ego de côté,
00:35:43puisque tu recommences à zéro,
00:35:44en fait, t'es au sommet de la montagne,
00:35:46au niveau d'un sport, et d'un coup, tu repars à zéro.
00:35:49Donc, c'est chaque fois un nouveau challenge à avoir,
00:35:53à se dépasser, et surtout, à vouloir montrer aux gens
00:35:56qu'on peut sortir d'une case où on vous met,
00:36:00vraiment en disant, tu feras tel sport
00:36:02et tu resteras dans ce sport.
00:36:03Non, en fait, avec ce sport, on m'a appris à faire comme ça.
00:36:07Ça va me permettre de m'ouvrir sur cet autre sport.
00:36:11Prendre des qualités que j'ai de ce sport
00:36:14et de pouvoir construire sur l'autre sport,
00:36:16et ainsi de suite.
00:36:17Mais t'aimes ce challenge ?
00:36:19Oui, j'aime bien.
00:36:20Surtout, en plus, en tant que femme,
00:36:22c'est bien, je trouve, de montrer qu'on est une femme,
00:36:25mais aussi qu'on peut y arriver avec de la négation,
00:36:29du courage, toutes les valeurs qu'on a
00:36:34par rapport aux hommes aussi.
00:36:36C'est ça qui est extraordinaire.
00:36:37Parce que tu penses que le fait que tu sois une femme,
00:36:41c'est aussi une faiblesse, aujourd'hui, encore ?
00:36:44Oui, je pense qu'aujourd'hui...
00:36:46Je ne demande pas d'être égale aux hommes,
00:36:49je demande juste d'avoir la même chance.
00:36:51On a encore un déficit au niveau des salaires,
00:36:54on est encore moins payés que les hommes,
00:36:58il y a plein de choses.
00:36:59Et puis, il faut toujours prouver sincèrement,
00:37:02quand on s'entraîne, surtout dans des sports d'hommes,
00:37:06qu'on est là, qu'on est meilleurs,
00:37:08qu'on a notre place à travers eux.
00:37:10Donc, c'est vrai qu'il y a toujours un dépassement de soi
00:37:13beaucoup plus important que chez les hommes,
00:37:16de mon sentiment à moi.
00:37:18Ca ne se voit pas, car on a une maquilleuse géniale,
00:37:21mais il a fallu travailler un peu sur le visage de Laetitia.
00:37:25T'es arrivée avec quelques échymoses.
00:37:27Si, si. Après, c'était Halloween,
00:37:30donc, le soir de 30, j'ai eu ça.
00:37:34Le lendemain, je l'ai remercié,
00:37:35parce qu'il n'y avait pas besoin de me maquiller.
00:37:38Qu'est-ce qui s'est passé ? Où étais-tu ?
00:37:40Donc, j'étais le 30 octobre, aux Énigmes de Paris,
00:37:44avec l'Hexagone, qui organisait un grand événement de MMA.
00:37:48Et il y a eu...
00:37:50Rappelez-nous ce que c'est.
00:37:51C'est Mixed Martial Arts,
00:37:53un regroupement de tous les sports de combat en un seul,
00:37:55dans un octogone, donc dans une cage,
00:37:58pour avoir les gens qui...
00:38:00On voit les images.
00:38:01D'accord, qui voient ce que c'est.
00:38:03Et donc, il y a eu des combats d'MMA.
00:38:07Dont le tien ?
00:38:08Dont le mien, ce soir-là.
00:38:11On en reparlera tout à l'heure.
00:38:13Ça s'est plutôt pas trop mal terminé.
00:38:15Je voudrais qu'on s'arrête sur ta carrière,
00:38:17car c'est assez exceptionnel, ce que tu as réussi à faire.
00:38:20Toi, t'es bretonne.
00:38:21Oui.
00:38:22Ton 1er sport, c'était le judo.
00:38:24Exactement.
00:38:25Pourquoi le judo ? Déjà, envie de sport de combat ?
00:38:28Je pense que j'étais une hyperactive.
00:38:30Et j'ai suivi mon frère qui était au judo,
00:38:33puis petit à petit, j'ai continué.
00:38:36Mon frère a arrêté,
00:38:37mais ça me permettait de me canaliser.
00:38:39J'avais tellement d'énergie que c'était très bien pour mes parents.
00:38:42De l'énergie et de la puissance ?
00:38:44L'énergie, de la puissance.
00:38:45Ce côté, toujours, pareil, à challenger.
00:38:49En disant...
00:38:50En plus, quand j'étais jeune, j'étais souvent la seule fille.
00:38:54Et donc, à challenger en disant,
00:38:56non, mais regardez, j'ai ma place,
00:38:58et être la mascotte un peu...
00:38:59Au milieu des gars.
00:39:01Au milieu des gars de la team.
00:39:02Non, j'aimais bien ce côté-là.
00:39:04Vraiment bien.
00:39:05Donc, 5 ans, tu commences le judo, ça se passe bien.
00:39:08Tu vas intégrer le Pôle espoir.
00:39:09Oui.
00:39:11A quel âge ?
00:39:12A 15 ans et demi, j'ai intégré le Pôle espoir
00:39:14au Pôle France Rennes.
00:39:16Et là, tu te dis quoi, à ce moment-là ?
00:39:18Tu te dis, tiens, c'est plus qu'un jeu ?
00:39:20Tu te le disais déjà ou pas encore ?
00:39:22Non, à partir du moment où vous intégrez le Pôle France,
00:39:25vous savez pourquoi vous y êtes.
00:39:26Mon objectif, c'était de rentrer à l'INSEP,
00:39:29rentrer en équipe de France de judo.
00:39:31Ça s'est fait plus tardivement pour moi,
00:39:33pour ceux qui veulent avoir plus d'informations,
00:39:35lire les Wikipédias,
00:39:36parce qu'il y a quand même, comme tu dis, une grande histoire.
00:39:39Mais...
00:39:41Mais t'y arrives.
00:39:42Voilà.
00:39:43Et puis l'INSEP, à quel âge ?
00:39:45Alors, j'y suis rentrée
00:39:46quand je suis partie sur Paris au Pôle France Brittany,
00:39:49vers l'âge de 20 ans, mais j'étais en externe.
00:39:52De temps en temps,
00:39:53j'étais pas encore intègre en équipe de France.
00:39:56J'avais pas réussi à percer et à faire mes preuves,
00:39:58même si j'arrivais de temps en temps à rester 1re division.
00:40:02C'était très dur.
00:40:03On est un sport dans le judo où,
00:40:05on le sait,
00:40:06être championne de France,
00:40:08c'est se confronter à un level chez les femmes
00:40:12qui est énorme, ce qui a été vu aux JO d'ailleurs.
00:40:15On a les meilleurs judocats au monde.
00:40:17Exactement, on a les meilleurs judocats.
00:40:19Et il y a très peu de places.
00:40:21Et il y a très peu de places.
00:40:22Pour aller au JO, t'as une place, deux par catégorie, basta.
00:40:26T'es 3e, c'est génial, tu restes à la maison.
00:40:28Exactement.
00:40:29Même des fois, en étant 1re ou 2e,
00:40:31on va dire que j'ai eu des bâtons dans les roues
00:40:34par la fédération.
00:40:35On me disait, non, tu vas rester là et on va mettre la 3e,
00:40:39parce qu'on a peur... Enfin, on a peur.
00:40:41On va mettre la 3e, la plus jeune.
00:40:44Pourquoi ? Je viens de faire 2e au championnat de France,
00:40:48je viens de battre la 3e. Pourquoi tu me mets pas ?
00:40:50Pourquoi ?
00:40:51Il y avait cette peur de...
00:40:54Alors, je pense,
00:40:56cette peur que j'étais capable de surprendre encore tout le monde.
00:41:00Parce que... Et de gagner.
00:41:02Et peut-être gagner des points dans une ranking liste
00:41:05aux JO et dans la ranking liste,
00:41:08monter devant celle qui voulait absolument mettre
00:41:11en priorité sur les JO.
00:41:14Ca peut se passer comme ça ?
00:41:16Oui. À l'époque, c'était un peu...
00:41:19particulier.
00:41:20On pouvait être la meilleure et, finalement, ne pas faire...
00:41:24Tu dérangeais, Laetitia ? Y a-t-il quelque chose qui n'allait pas ?
00:41:27Non. Ils ont leurs favoris et leurs poulains.
00:41:31Et après, à nous d'être les meilleures.
00:41:35Mais à un moment donné, on peut pas être tout le temps
00:41:38numéro 1 de 2013,
00:41:40parce que je suis rentrée en équipe de France 2013.
00:41:43De 2013 à 2016, je peux pas être toujours numéro 1.
00:41:47Vous faites vos combats avec une épée d'amoklès
00:41:49parce que vous avez 30 ans, on veut de la jeunesse.
00:41:52Donc, ce qui dérange, c'est l'âge.
00:41:54Et on veut de la jeunesse, donc...
00:41:56On veut les jeunes...
00:41:57T'es là, très bien, ça nous permet de bloquer des places.
00:42:00Dans la rankinist, le fait que tu montes,
00:42:03les autres filles de l'étranger descendent.
00:42:05On va faire un peu marche arrière.
00:42:07En 2009, tu décides de tout miser sur le championnat de France,
00:42:10en judo. Tu te blesses.
00:42:13Et là, tu dis, je me barre, je pars en Australie.
00:42:16Ca, c'est Laetitia.
00:42:18C'est ça, c'est mon côté atypique.
00:42:20Je sors de cette case.
00:42:21On m'enlève. À un moment donné,
00:42:23je vais pas m'acharner dans quelque chose.
00:42:25Il y a quelque chose qui va pas,
00:42:27qui ne fonctionne pas.
00:42:29Donc, je rebondis.
00:42:30Je vais faire différemment.
00:42:32Je vais penser un peu à ma carrière professionnelle,
00:42:35parce que je jonglais aussi, à l'époque,
00:42:38entre plusieurs métiers,
00:42:40pour gagner mon argent, parce que le sport ne me payait pas.
00:42:43Tu faisais quoi ?
00:42:44J'ai fait beaucoup de choses.
00:42:46J'ai fait personnage à Disney.
00:42:48J'étais Tic et Tac.
00:42:50C'est vrai ?
00:42:51Je vous jure.
00:42:52Rires
00:42:53Génial.
00:42:54T'étais à l'INSEP et tu faisais Tic Tac.
00:42:56Ouais, j'étais un bout en train.
00:42:58Voilà, c'est ça.
00:42:59J'essayais de gagner mon argent comme je pouvais.
00:43:02Le matin, je travaillais dans les petits déjeuners,
00:43:05dans certains hôtels, je faisais de l'intérim.
00:43:07L'après-midi, je partais sur Disney faire d'autres missions.
00:43:11Il n'y avait pas que Tic et Tac, mais la restauration, etc.
00:43:14Et quand je me suis blessée,
00:43:17quand je me fais trop ma crâne,
00:43:19je me dis, bon, allez, stop.
00:43:21Je veux être hôtesse de l'air,
00:43:22j'apprends l'anglais, je pars en Australie,
00:43:25je prends mon sac à dos et c'est parti.
00:43:27Du jour au lendemain.
00:43:28Du jour au lendemain, oui.
00:43:30Tu parles pas l'anglais ?
00:43:31Non, pas du tout.
00:43:32Je m'étais organisée pour quand même prendre une école
00:43:35pendant deux mois de langue pour approfondir, justement...
00:43:39Et le sport, là-bas, tu décides de te mettre au...
00:43:42Au football australien.
00:43:44J'ai pas décidé, on est même cherchés sur la plage.
00:43:47J'étais en train de jouer avec les gars au foot
00:43:50et y a une nana, elle m'a dit,
00:43:52écoute, tu veux pas essayer le football australien ?
00:43:55Franchement, tu fais du judo, on m'a dit.
00:43:57Là, t'es une guerrière, viens essayer.
00:44:00Bon, bah, vas-y.
00:44:01Et puis, finalement, j'ai intégré une équipe là-bas,
00:44:04les Buffalo.
00:44:05Un bon niveau.
00:44:06Un bon niveau, ouais.
00:44:07Sauf que ce qui était très drôle,
00:44:09c'est que j'avais pas tout l'anglais,
00:44:11parce qu'en plus, c'était à Darwin,
00:44:13ils ont un accent très fort, comme si...
00:44:16Et des fois, je comprenais pas,
00:44:17donc ils m'appelaient Frenchy.
00:44:19Je courais dans un sens, mais c'était l'autre côté,
00:44:22je me disais, opposite side, je partais de l'autre côté,
00:44:25et je comprenais rien à l'anglais,
00:44:27parce que c'est des termes techniques.
00:44:29Et je jouais avec, en plus, des aborigènes,
00:44:31des nanas qui étaient aborigènes,
00:44:33donc c'était exceptionnel,
00:44:35parce que là-bas, on sait qu'elles sont difficiles à approcher,
00:44:38et c'était des filles qui voulaient s'en sortir
00:44:41grâce au sport, donc ça a été...
00:44:43Une expérience incroyable.
00:44:44Et en même temps, là-bas, t'es hôtesse de l'air.
00:44:47Non, même pas, je prenais juste...
00:44:49Mon but, c'était d'avoir mon bagage d'anglais.
00:44:52Et passer mes diplômes d'hôtesse de l'air,
00:44:55mais 2010, quand je rentre, c'est la crise économique,
00:44:57il n'y avait plus d'embauches dans l'aviation.
00:45:00Dans le secteur de l'aviation.
00:45:02Et résultat, ben, qu'est-ce que je fais ?
00:45:04Je me dis, c'est parti, je vais à la SNCF,
00:45:06il y avait une journée de porte ouverte,
00:45:09je me suis pointée avec mon petit CV,
00:45:11et puis j'ai commencé par là-dessus, je me suis mis...
00:45:14Là, par contre, pour la peine, je pense que j'étais trop nette.
00:45:17J'ai été un peu trop cash en leur disant,
00:45:20non, mais moi, mon but, c'est d'être entraînée,
00:45:23de, voilà, avoir... être sportive,
00:45:27et je pense que...
00:45:28Ils avaient pas... Enfin, voilà, je suis tombée sur quelqu'un
00:45:32qui avait pas un profil sportif de recruteur.
00:45:34Ils s'attendaient pas à ça.
00:45:36Oui, ils s'attendaient pas à ça.
00:45:38Il m'a dit, je vous remercie, on vous rappellera peut-être.
00:45:41Au moment où je sors, je dis, non, je vais rentrer,
00:45:44je vais essayer contrôleur,
00:45:45et puis j'ai été prise comme contrôleuse à la SNCF en 2012.
00:45:49Voilà.
00:45:50Et tu reprends le judo ?
00:45:51Je reprends le judo un an après,
00:45:53une fois que j'étais bien dans les trains,
00:45:55et que je reprends le judo en 2013.
00:45:57On se fait un défi avec mon entraîneur de poteau combo,
00:46:00on se dit, allez, let's go, on y va, on repart.
00:46:03Et...
00:46:04Attends, on repart pour refaire une carrière ?
00:46:07Pour... Ouais.
00:46:08Enfin, pour continuer la carrière.
00:46:10Oui, c'était... Pour la peine, j'étais rentrée en 2012.
00:46:13En 2011, je reprends le judo.
00:46:15Je fais quand même trois aux premières dives,
00:46:17avec pas beaucoup d'entraînement.
00:46:19Tu fais trois quoi ?
00:46:20Trois aux premières divisions, en moins de 63,
00:46:23dès que je rentre d'Australie.
00:46:25Troisième française.
00:46:26Troisième française.
00:46:28Je me dis, bon, voilà, entre-temps, 2012,
00:46:30comme j'étais vraiment concentrée sur mon travail,
00:46:33parce que c'était vraiment important,
00:46:35là, je crois que je fais quelque chose comme 5 ou 7.
00:46:38Et l'année d'après, on dit, bon, vas-y,
00:46:41on descend en 57, parce que j'étais légère,
00:46:43et on va faire le Paris.
00:46:4557 kg.
00:46:4657 kg, pardon.
00:46:47Et on va faire le Paris, d'aller chercher cette médaille,
00:46:50d'être championne de France.
00:46:52Le fait d'avoir la pesée la veille, ça a beaucoup changé.
00:46:55J'ai survolé cette compétition.
00:46:57C'était extraordinaire, franchement.
00:47:00C'était une émotion...
00:47:01Enfin, c'était...
00:47:03Voilà, jamais je me serais imaginée
00:47:05gagner avec autant de facilité
00:47:08et d'arriver, voilà, championne de France, 2013.
00:47:11C'est dingue, ce que tu dis.
00:47:13C'est vrai que ça va...
00:47:14C'est une machine.
00:47:15Oui, une machine de guerre, comme on me dit.
00:47:18C'est vrai.
00:47:19Moi, j'aime ce côté très inspirant,
00:47:21mais il y a la difficulté d'être une femme,
00:47:24la difficulté d'être dans des systèmes...
00:47:27Oui.
00:47:28...où je comprends que tu déranges un peu.
00:47:31Des cases.
00:47:32Ce qui est terrible.
00:47:33Et en même temps, tu y arrives et tu reviens.
00:47:36Je vais vous montrer, championne de France.
00:47:39Comme ça, les doigts dans le nez.
00:47:41Oui, je veux faire vraiment...
00:47:42Pour vous dire, 2016, après Rio,
00:47:44puisque finalement, j'ai pas été sélectionnée,
00:47:47mais j'ai été en sparring partenaire.
00:47:49Pourquoi t'es pas sélectionnée pour les Jeux de Rio ?
00:47:52Parce que...
00:47:53De toute façon, on a sorti Automne les deux dernières années.
00:47:57Et avec sa fraîcheur...
00:47:59Automne pavé.
00:48:00Automne pavé avec sa fraîcheur, ce qui est légitime.
00:48:03Parce qu'il n'y avait qu'une place.
00:48:05Il n'y a qu'une place au Jeux.
00:48:07Elle a été légitime parce que, fraîche, tout va bien
00:48:10et qu'on avait son niveau aussi.
00:48:12Automne est très forte.
00:48:13Et que, forcément, de 2013 jusqu'à 2016,
00:48:16on me demande de faire des régimes et d'être là tout le temps,
00:48:19d'être performante.
00:48:21Et on sort les numéros un, en fait, au dernier moment.
00:48:24Donc, forcément, ils sont frais
00:48:26et ils peuvent que performer sur certaines compétitions.
00:48:29T'as pas cette fraîcheur à cause des régimes
00:48:32pour descendre dans la bonne catégorie de poids ?
00:48:34C'est compliqué.
00:48:36On te propose d'aller au Jeux en tant que sparring.
00:48:39Et tu dis ?
00:48:40Je dis oui.
00:48:41C'est la consécration, même si ça va pas au bout,
00:48:44d'être sur le tapis.
00:48:45C'est quand même une petite partie de voir ce que c'est.
00:48:48Et d'être là, d'échauffer nos amis quand même.
00:48:51C'est nos copines.
00:48:52J'ai chauffé Automne, j'ai chauffé Clarisse.
00:48:55C'était extraordinaire.
00:48:56Et puis, être là derrière et les soutenir,
00:48:59c'était une belle partie...
00:49:00Quelque part, c'était mon remerciement
00:49:03de tout mon investissement.
00:49:04Et pourtant, il a fallu encore que je me batte pour être sparring.
00:49:09On dit qu'on veut Laetitia comme partenaire d'échauffement.
00:49:12Une vraie solidarité.
00:49:13Oui, parce qu'elles ont vu comment je me suis acharnée.
00:49:17J'ai donné de ma personne.
00:49:18J'ai chauffé même les garçons et les filles
00:49:21sur certaines compètes au monde.
00:49:22Et à chaque fois, je passais au travers.
00:49:25Et vraiment, c'était dur.
00:49:27Et pour vous dire, c'est qu'en 2016, après les Jeux,
00:49:31on me dit gentiment,
00:49:32Laetitia, ça serait bien que tu partes.
00:49:35T'es un peu vieille, là.
00:49:36Je la regarde, je la regarde.
00:49:39A l'époque, je dirais pas son nom.
00:49:41Et je lui dis, tu sais, je vais gagner les Frances.
00:49:45Rassure-toi, je vais gagner les Frances.
00:49:47Je te l'annonce.
00:49:48Je vais te compliquer la tâche.
00:49:50Je vais être championne de France.
00:49:52Je vais avoir 34 ans, je crois, je sais plus.
00:49:55Et ?
00:49:56Je gagne les Frances.
00:49:57Sauf qu'à un moment donné, on vous sort pas après
00:50:00pour le tournoi de Tokyo, qui est un gros tournoi.
00:50:03Vous êtes championne de France, on met la numéro 3.
00:50:06J'ai compris.
00:50:08Vous me fermez la porte, je vais aller voir la lutte
00:50:10et gagner le championnat de lutte.
00:50:12Les mondes sont à l'année prochaine.
00:50:15Je vais faire des compétitions qui marquent des points
00:50:18et qui vont me permettre de faire les mondes.
00:50:20J'ai deux ans et demi de lutte.
00:50:22Je vais pouvoir basculer sur un autre sport.
00:50:24Qu'as-tu réussi à faire en lutte ?
00:50:26J'ai réussi à aller au monde et à être la même année.
00:50:29Je fais championne de France en 2016-2017
00:50:32et je fais la même année championne de France de lutte.
00:50:35C'est quelque chose qui n'avait jamais été fait
00:50:38dans des disciplines olympiques la même année.
00:50:40Et après, les mondes.
00:50:42Et là, vous vous dites, OK, donc judo, lutte,
00:50:44elle est mise de côté malgré qu'elle soit championne de France.
00:50:48Et si on rajoutait encore une troisième pierre à l'édifice ?
00:50:51Déjà, même en lutte, quand je suis passée au monde,
00:50:54ça dérangeait que je sois judocate et que j'efface les mondes de lutte.
00:50:58Et même là, les entraîneurs de lutte disaient
00:51:00que c'était pas normal que Blo efface les mondes.
00:51:04Mais en attendant, Blo a gagné Besançon,
00:51:06elle a fait le 3 au 2 glades, elle gagne les France.
00:51:09Aujourd'hui, c'est elle qui est légitime pour faire les mondes.
00:51:13Désolée, les gars, en fait.
00:51:14Ouais, mais c'est une judocate, vous comprenez.
00:51:17Ouais, mais elle sait s'adapter, on verra bien.
00:51:19Et au final, oui, c'est sûr,
00:51:21c'est pas avec deux ans, deux ans et demi de lutte
00:51:25que forcément je tombe sur des nanas qui sortaient des Jeux
00:51:28ou qui avaient je ne sais pas combien d'années de lutte
00:51:31où je pouvais vraiment performer.
00:51:33Il aurait fallu plus d'entraînement,
00:51:35mais sachant que je rentrais en plus chez Thalys,
00:51:37je changeais de...
00:51:39Thalys, contrôleuse.
00:51:40Contrôleuse dans les trains où j'apprenais le néerlandais,
00:51:43où c'était un enfer.
00:51:45Parce qu'il faut apprendre le néerlandais,
00:51:47donc ça a été... Voilà, je rentre en 2017,
00:51:49je fais les France. En même temps, il fallait que je...
00:51:52Forcément, vous avez... Comment ça s'appelle ?
00:51:55Vous devez faire vos preuves chez Thalys,
00:51:57donc il fallait que je passe mes examens.
00:52:00Vous ne négligez pas ta vie professionnelle.
00:52:02En gros, il faut aussi penser à ça,
00:52:04parce qu'il y a un avenir à avoir.
00:52:06Et puis, il y a l'argent.
00:52:08Il faut vivre à Paris et le sport,
00:52:10ça se saurait si nous, dans nos sports,
00:52:12on gagnait de l'argent, enfin...
00:52:14Pour en vivre, j'ai eu la chance d'être intégrée,
00:52:17quand j'étais contrôleuse de la CNCF,
00:52:19le dispositif athlète CNCF, qui est extraordinaire, d'ailleurs.
00:52:23La différence, c'est que moi, j'étais déjà intègre
00:52:26dans cette entreprise,
00:52:28mais ce qui est génial,
00:52:30dans la... Enfin, par la CNCF,
00:52:32c'est qu'ils donnent la chance et l'opportunité
00:52:35aux athlètes d'avoir un métier,
00:52:37de leur trouver un métier dans leur entreprise
00:52:40et de pouvoir pratiquer leur sport.
00:52:42Et ça, ça me permettait d'avoir des horaires...
00:52:44Exactement, d'avoir des horaires allégés.
00:52:47Chose que je n'avais pas chez Thalys,
00:52:49parce que, quand je suis rentrée, je leur avais dit,
00:52:52promis, j'arrête le haut niveau, manque de bol.
00:52:55Eh bien, j'ai continué,
00:52:56donc il a fallu que je travaille.
00:52:58J'ai gagné. Merde, j'ai gagné !
00:53:00Attends. Je vais faire les mondes.
00:53:02Je voudrais qu'on parle du MMA, maintenant.
00:53:05Comment t'arrives au MMA ?
00:53:06Donc, judo, t'y vas et tu gagnes,
00:53:08mais bon, elle nous emmerde un peu, la mère Blot.
00:53:11Elle va à la lutte, bah, elle gagne.
00:53:13C'est ça.
00:53:14Mais bon, ça dérange aussi ?
00:53:16Après les championnats du monde, en 2017,
00:53:18il faut savoir que je voulais...
00:53:21J'étais avec mon ancien petit ami,
00:53:23et je m'étais dit, bon, je vais essayer
00:53:25de construire une vie de femme, avoir des enfants,
00:53:28ça s'est pas fait, on s'est séparés.
00:53:30Et pendant 2017 à 2018,
00:53:32jusqu'à 2019,
00:53:34il y a eu une partie de...
00:53:36Je pense que beaucoup d'athlètes de haut niveau,
00:53:39de sportifs de haut niveau se reconnaîtront
00:53:41où il y a ce vide, où cette adrénaline
00:53:44qui se nourrissait par les compétitions
00:53:46et ces challenges,
00:53:48où vous vous retrouvez du jour au lendemain
00:53:50avec plus rien et à rattraper votre vie d'adolescence
00:53:53parce que finalement, nous, on est privés,
00:53:55on n'a pas connu les soirées étudiantes
00:53:58ou avec une hygiène de vie ou à faire la tête.
00:54:00T'as eu besoin de te construire en tant que femme
00:54:03et de mettre un peu le sport de côté.
00:54:05Pourtant, je m'entraînais encore, mais...
00:54:07Avec moins d'assiduité.
00:54:09C'est ça. J'ai profité jusqu'à même un moment
00:54:11d'être en limite dépression, parce que vous vous dites,
00:54:14j'en ai encore sous le coude, je suis une pile électrique,
00:54:17j'arrive à faire des perfs, m'entraîner encore,
00:54:20je comprends pas.
00:54:21Et derrière, en 2019,
00:54:24en octobre, je crois,
00:54:26il y a David Dukanovic,
00:54:28qui est mon manager aujourd'hui à la Science Team Dukas,
00:54:31qui vient me chercher, qui depuis des années m'avait dit
00:54:33de faire du MMA, mais étant donné que la fédération du judo
00:54:37avait verrouillé en disant,
00:54:39si vous mettez un pied dans le MMA,
00:54:41vous serez radiés deux ans du judo.
00:54:43Donc forcément, vous faites votre carrière.
00:54:46Après votre carrière de judo,
00:54:47votre club vous demande de faire les équipes.
00:54:50Donc, si vous êtes pas là, il y a un trou dans l'équipe.
00:54:53Et donc, vous étiez verrouillés vraiment...
00:54:55Vous étiez piégés.
00:54:56J'ai des gens qui allaient se cacher pour faire du MMA,
00:55:00s'entraîner dans d'autres clubs, parce que c'était mal vu.
00:55:03Si on avait le malheur de nous voir, c'était fini.
00:55:06Et là, comme moi, j'en avais pour la peine.
00:55:08Il y a un moment où t'as plus le choix.
00:55:10Donc tu y vas, tu dis oui.
00:55:12Ouais, voilà. En plus, à la base, je voulais pas y aller,
00:55:15je voulais pas abîmer mon visage.
00:55:17En MMA, on porte les coups.
00:55:18C'est ça. Là, on sait qu'il va y avoir...
00:55:21Des dégâts.
00:55:22Des dégâts, qu'il peut y avoir des coups perdus.
00:55:25J'avais dit, non, regarde, je m'en sors bien, mon petit nez.
00:55:28Et après, ils m'ont dit, allez, vas-y, je vais essayer.
00:55:31J'essaye et ça me plaît.
00:55:33Et pour la peine, je me suis dit,
00:55:35allez, je vais investir sur moi,
00:55:37je sais que le pied-point, le Muay Thai,
00:55:39c'est pas mon fort.
00:55:41Donc, genre, j'ai commencé en octobre, au mois de novembre.
00:55:44Ça n'a rien à voir avec le judo et la lutte,
00:55:46qui sont des sports, comme on dit, de...
00:55:48De prévention. Tu vois, t'es dans le tirage.
00:55:51C'est ça.
00:55:52Le grappling n'a rien à voir avec le kimono.
00:55:54La lutte est plus ressemblante pour le MMA.
00:55:57Sauf qu'en MMA, on porte des coups.
00:55:59On rentre dans une autre dimension,
00:56:01dans une autre discipline qui n'a rien à voir.
00:56:03T'as des appuis, on parle d'autre chose.
00:56:06C'est ça. En fait, il faut rajouter ce facteur coup
00:56:09aux grapplers qui sont au sol et qui font du Jiu-Jitsu brésilien,
00:56:12qui peuvent être très forts.
00:56:13Dès que tu portes un coup, tes réactions seront différentes.
00:56:17Tu vas te protéger, t'es au sol.
00:56:18On va regarder les images. C'est celle de ton dernier combat.
00:56:21Il y a quelques jours, c'est pour ça qu'on a un peu maquillé.
00:56:25Rires
00:56:26Donc, explique-nous un peu.
00:56:28Donc, là, en fait, c'est votre rentrée.
00:56:30C'est où ?
00:56:31Vous rentrez au zénith, avant la cage, juste avant.
00:56:34Il y a combien de personnes ?
00:56:35Il y a 2 000 personnes, exactement.
00:56:37En gros, chacun sa musique.
00:56:39Chacun choisit sa musique d'entrée.
00:56:41Et moi, j'ai choisi le dernier des Mohicans
00:56:43parce qu'il y a un peu de musique celtique.
00:56:47C'est une ambiance différente.
00:56:50Et voilà, ça me motive.
00:56:52C'est du show, du spectacle aussi ?
00:56:54Je pense que, pour ma part, je ne rentre pas
00:56:56dans le côté spectacle.
00:56:58Je me concentre et mon but, c'est de gagner.
00:57:00Le show, il y a des gens comme MacGregor
00:57:03qui font des spectacles, qui adorent.
00:57:05Moi, pour l'instant, c'était vraiment...
00:57:08Je rentre pour...
00:57:09Tu dis pour l'instant parce que c'est nouveau,
00:57:11que t'as que 3 combats et que t'es en train d'apprendre.
00:57:14On me voit, là.
00:57:15À un moment donné, je ne sais même pas où il faut aller.
00:57:18Non, c'est l'autre côté.
00:57:19Ah, bon, je vais où ?
00:57:21Attends, regarde, fais-moi voir.
00:57:23Tu sens que j'ai un manque d'expérience complète.
00:57:26T'es concentrée, t'es dans le truc, à ce moment-là ?
00:57:29Ouais, tu te répètes, tu te dis,
00:57:31c'est maintenant, tu rentres dans la cage,
00:57:33t'enlèves ton cerveau, tu le poses à l'entrée
00:57:35et c'est maintenant, t'as 5 minutes, 3 fois.
00:57:38Et...
00:57:393 fois 5 minutes. Hyper physique, hyper éprouvant.
00:57:42Voilà, c'est ça, parce que tu y laisses donner l'énergie.
00:57:45Comme je ne suis pas une boxeuse, forcément,
00:57:47j'y mets beaucoup de... Vous verrez dans certaines images,
00:57:50où j'arrache beaucoup, je fais beaucoup de prises.
00:57:53Tu te sers de tes expériences passées, du judo, de la lutte.
00:57:56Exactement, pour aller dans le domaine où je sais,
00:57:59pour justement essayer d'y arriver, quoi.
00:58:01Après, je fais des erreurs techniques.
00:58:03En plus, le fait qu'elles soient grandes,
00:58:05c'est encore un désavantage.
00:58:07Un paramètre différent, ouais.
00:58:09Et on...
00:58:10On...
00:58:11Plus puissante que toi, elle est ?
00:58:13Je dirais pas plus puissante.
00:58:15Peut-être pas.
00:58:16Mais le fait qu'elles soient longilignes,
00:58:19on change complètement nos appuis
00:58:21et on n'a pas du tout la même...
00:58:22On a vu une belle prise de judo.
00:58:24Exactement, sauf que ça me désavantage,
00:58:27parce que j'ai tendance à donner...
00:58:29Avec les prises de judo, on a tendance
00:58:31à avoir des mauvaises habitudes de donner son dos.
00:58:34Quand on est au judo, on peut faire la tortue.
00:58:36Et j'ai perdu des points, justement, on le voit,
00:58:39sur des techniques de judo,
00:58:41tellement elle était grande,
00:58:42elle arrivait à m'encercler comme un koala ou un cobra,
00:58:45et derrière, je perdais des points comme ça.
00:58:48Sauf que ça s'est terminé par un match nul.
00:58:50Par un match nul, exactement.
00:58:52Donc, t'as trois combats, deux victoires, un match nul.
00:58:55La suite, c'est quoi ?
00:58:56C'est le 26 février à Reims, toujours avec l'Hexagone.
00:58:59Et c'est...
00:59:00Normalement, je devais en faire un au mois de décembre,
00:59:03parce que la salle n'a pas été disponible.
00:59:05Donc, à partir du 26 février,
00:59:07c'est le retour avec une autre adversaire.
00:59:09Et ce que j'aspire et ce que j'espère,
00:59:12c'est que vraiment, en fait, je veux dire, OK,
00:59:14c'est un avertissement,
00:59:16et puis je reviens en plus de blessures
00:59:18parce que je fais du sambo.
00:59:19J'ai fait trois au monde...
00:59:21J'ai fait trois au monde...
00:59:23J'ai fait trois au monde...
00:59:24Rappelle ce qu'est le sambo.
00:59:26C'est un mélange de lutte et de judo
00:59:28avec un haut de kimono et un bas de...
00:59:30Donc, elle a fait trois au monde, en plus,
00:59:32il y a quelques jours.
00:59:34C'était, voilà, cette année,
00:59:35puisque là, c'est la nouvelle année,
00:59:37mais donc...
00:59:39Et je venais...
00:59:40J'ai fait les Europes fin mai,
00:59:41et je me suis pétée les ligaments postérieurs du genou.
00:59:44Donc, j'ai eu trois mois d'arrêt.
00:59:46Et en gros, je suis revenue en septembre,
00:59:49et il a fallu avoir deux mois de reprise,
00:59:51voilà, de repartir...
00:59:52De repartir à zéro et de continuer.
00:59:54Donc, là, mon but, c'est que j'ai trois mois,
00:59:57et j'ai trois mois à montrer aux gens que je serai là.
00:59:59Et je veux que les gens se disent
01:00:01que ça n'a plus rien à voir.
01:00:03Elle était là, mais elle monte là.
01:00:05Y a-t-il des titres de champions du monde ?
01:00:07Oui, mais en amateur, je crois.
01:00:09Après, j'ai pas...
01:00:10C'est quoi, ton objectif ?
01:00:11Moi, c'est d'atteindre une belle organisation,
01:00:14qui est l'UFC. C'est un peu le NBA du basket, en fait.
01:00:17C'est le Saint-Graal où tout le monde veut passer.
01:00:20C'est une belle écurie.
01:00:21C'est loin ?
01:00:22Il me faut encore gagner beaucoup de combats.
01:00:25Là, j'ai fait un match nul, donc ça me ralentit.
01:00:27Il faut encore que je prouve...
01:00:29Faut que tu gagnes Reims en février.
01:00:31Oui, exactement.
01:00:32En fait, on a toujours le choix,
01:00:34mais Reims, c'est le passage obligatoire de gagner,
01:00:37de performer, de dire,
01:00:40là, elle reprend encore un niveau.
01:00:43Et puis, par la suite, après, continuer à gagner
01:00:46pour vraiment montrer que j'ai ma place à l'UFC
01:00:49et être la troisième, après Manon Furaud,
01:00:52à l'UFC ou autre organisation qui est bien.
01:00:55Merci, Laetitia.
01:00:57Quelle leçon, quelle force.
01:00:59Merci beaucoup à vous et merci à tous.
01:01:01J'espère et j'aspire à ce que tout le monde
01:01:03puisse avoir une détermination,
01:01:05pas forcément en sport, mais dans leur vie,
01:01:08et qu'ils arrivent à se déplacer et à dire,
01:01:10ouais, les cases, on s'en fout, on peut y arriver,
01:01:14donc allez-y.
01:01:15Si on veut. Il faut la volonté.
01:01:16Merci à toutes et à tous.
01:01:18Merci pour votre fidélité.
01:01:19Je vous retrouve très bientôt. Salut.
01:01:26Sous-titrage ST' 501

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