La Victoire est en Elles - Tess Ledeux

  • il y a 4 mois
Cette semaine, Alexandre Delpérier reçoit Tess Ledeux, vice-championne olympique et double championne du monde de ski freestyle et Manon Genêt, championne de France et vice-championne du monde de triathlon longue distance.

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Sport
Transcription
00:00Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:18Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport,
00:21soyez les bienvenus dans votre rendez-vous dédié aux femmes dans le sport.
00:24Bienvenue dans la victoire éternelle.
00:26Je suis ravi de vous accueillir comme toutes les semaines avec encore des championnes,
00:29mais alors des championnes exceptionnelles et particulièrement inspirantes.
00:33Voici le sommaire.
00:35Je vous l'ai dit, deux grandes championnes à commencer par la reine du ski freestyle
00:38pour commencer à 20 ans, Tess Le Deux, et vice-championne olympique, double championne du monde.
00:43Une carrière déjà exceptionnelle et pleine, mais loin d'être finie, croyez-moi.
00:48En deuxième partie, focus sur Manon Genest, 32 ans, vice-championne du monde de triathlon longue distance.
00:53Pourtant, il y a six ans à peine, la Rochelaise est encore amateur, retour sur un parcours.
00:58Pas comme les autres.
01:00Voilà pour le sommaire de cette émission, soyez donc les bienvenus.
01:03Et nous partons tout de suite direction Anne-Syme, me semble-t-il, où elle est chez elle.
01:07Et oui, ça arrive de temps en temps.
01:08Retrouvez Tess Le Deux.
01:09Salut Tess !
01:11Salut !
01:12Merci d'être avec nous, je suis ravi de t'accueillir.
01:16Je ne sais pas par où commencer quand je regarde ton palmarès.
01:19Alors, il y a des championnes du monde, Slopestyle, Big Air, vice-championne olympique,
01:25le globe de cristal, vainqueur des X Games à Aspen, à Oslo, en Big Air, en Slopestyle.
01:34Tu peux me rappeler juste ton âge, que je sois certain de ne pas me tromper ?
01:38J'ai 20 ans.
01:40Tu te rends compte quand même, Tess, de ce que tu as réussi à déjà faire à seulement 20 ans ?
01:46Oui, j'espère que c'est que le début en tout cas.
01:48C'est sûr que je pense que je ne réalise pas trop tout ce qui m'est arrivé jusqu'ici,
01:51mais j'espère que c'est que le début.
01:53Tu as toujours autant faim, autant la dalle ?
01:56Oui, vraiment, j'ai l'impression que je commence et qu'il me reste encore plein de choses à faire.
02:02Alors, on va revenir sur ta carrière et puis tu nous parleras aussi de ton autre vie, celle d'étudiante.
02:07D'ailleurs, être étudiante, c'est pour préparer la suite ou finalement ça t'aide déjà ?
02:12Ça m'aide un petit peu à gérer ma carrière aujourd'hui, mais c'est surtout pour préparer la suite en effet.
02:18Est-ce que tu peux nous expliquer les deux disciplines, le slopestyle et le big air, exactement techniquement en quoi ça consiste ?
02:26Le slopestyle, c'est un enchaînement de sauts et de barres de fer qu'on appelle des rails.
02:32C'est un petit peu comme un skatepark sur la neige.
02:34On va devoir enchaîner les modules, enchaîner les figures, être le plus technique, le plus propre, le plus stylé possible.
02:40Il y a plein de critères qui rentrent en compte.
02:42Et le big air, c'est juste un seul saut.
02:44Ça ressemble un petit peu au saut acrobatique, mais c'est un peu plus freestyle parce qu'on a des critères de jugement différents.
02:50Alors maintenant, j'ai envie de comprendre pourquoi et comment tu en es arrivée là.
02:53Toi, tu es née en 2001 à Beaux-Saint-Maurice, donc déjà au pied des montagnes.
02:57C'est ça.
02:58Tes premiers souvenirs de neige, de ski, de glisse, c'est quoi et à quel âge ?
03:05Il me semble qu'on m'a mise sur les skis quand j'avais un an et demi, deux ans, donc à peine dès que j'ai su marcher.
03:10Et j'ai tout de suite accroché avec ça. J'avais envie d'y aller tout le temps, après l'école, etc.
03:15J'ai tout de suite accroché vers le ski freestyle aussi.
03:19Ça a été tout de suite mon truc.
03:21Donc, à l'âge de 9 ans, j'ai pu intégrer la section freestyle au Club des Sports de la Plaine.
03:25Va pas trop vite. Va pas trop vite.
03:27Donc, j'ai bien compris. Un an et demi, tu es déjà sur les planches.
03:29Oui, c'est ça.
03:31Très vite, tu te sens très à l'aise en l'air, c'est ça ?
03:36Très vite, je suis attirée par les petites bosses au bord de la piste.
03:40J'avais envie d'aller au snowpark tout le temps.
03:43Très vite, j'ai été attirée par le côté extrême du ski, en fait.
03:47Tes parents, ils font quoi ?
03:49Restaurateur.
03:51Donc, rien à voir avec la glisse.
03:53Rien à voir avec la glisse, mais on a grandi à la montagne.
03:56Le ski, c'était un peu le sport national.
03:58J'imagine.
04:00Mais il n'y a pas de champion dans ta famille ?
04:03Mon cousin.
04:05Voilà où je voulais en venir. Tu peux me rappeler son nom et son prénom ?
04:08C'est mon cousin, Kevin Roland, médaillé olympique en ski Halfpipe,
04:13champion du monde, etc. La totale.
04:16Une légende.
04:18Une légende du ski freestyle.
04:20Lui, il est en fin de carrière. Est-ce qu'il t'a inspirée ?
04:22Si oui, à partir de quel âge ?
04:26Je pense qu'il m'a inspirée.
04:28Il m'a montré que c'était possible
04:30et qu'être champion de ski freestyle,
04:33ce n'est pas quelque chose d'inaccessible.
04:35Il m'a un petit peu montré la voie.
04:37Je pense que quand on est enfant et qu'on se dit
04:39plus tard, je vais être le meilleur du monde,
04:42on a du mal à se projeter.
04:44Et là, dans ma famille, j'avais quelqu'un qui l'était.
04:46Du coup, je me suis dit, si lui, il l'a fait, moi aussi,
04:49c'est accessible.
04:51Je pense que c'est vraiment dans ça qu'il m'a montré la voie.
04:53Tess, j'entends ce que tu me dis et je trouve ça exceptionnel.
04:56Moi, j'adore ces propos.
04:58Quand on se dit être la meilleure du monde,
05:00à quel âge tu te souviens de t'être dit
05:02je veux un jour être la meilleure du monde ?
05:06Je crois que c'est venu très très jeune.
05:08Je ne me rappelle même pas, mais je sais que
05:10depuis que j'ai commencé le ski, je disais à mes parents
05:12un mois plus tard, je veux être championne du monde
05:14de ski freestyle.
05:16Ils disaient quoi ?
05:18Ils disaient, ben, let's go.
05:20Non, mais ça, c'est génial. Tu te rends compte ?
05:21Tu as quand même une chance folle.
05:22Parce que tu as plein de parents qui disent,
05:24attends, vas-y, Molo.
05:26Même si on est au pied des montagnes.
05:28Oui, c'est sûr.
05:30En plus de ça, c'est un sport extrême,
05:32c'est un sport dangereux, un sport à risque.
05:34J'ai eu énormément de chance d'être soutenue
05:36par ma famille comme je l'ai été.
05:38Je pense que c'est aussi grâce à eux que j'en suis là aujourd'hui, c'est sûr.
05:40À 9 ans, je t'ai coupé tout à l'heure,
05:42tu passes en école.
05:44C'était quoi le titre exact ?
05:46Oui, j'ai fait 2 ans de ski alpin,
05:48les piquets et tout ça.
05:50Et à la fin de 9 ans,
05:52j'ai passé de 7 à 9 ans.
05:54Est-ce que tu étais bonne ?
05:56Je ne sais plus.
05:58Honnêtement, je ne sais plus.
06:00C'était pour me former, avoir les bonnes bases de ski.
06:02Mais j'avais déjà qu'une seule envie,
06:04c'était de rentrer en section freestyle.
06:06J'ai dû attendre mes 9 ans pour intégrer la section.
06:08Pourquoi ? Parce qu'avant, on ne peut pas ?
06:10Ou parce qu'on est trop jeune ?
06:12Ou parce que tu n'étais pas assez compétente ?
06:14Déjà, je pense qu'il faut avoir une certaine maturité
06:16pour faire ça.
06:18Il faut avoir conscience du risque,
06:20des sauts qu'on va sauter, etc.
06:22Il faut aussi avoir un certain niveau de ski.
06:24On ne peut pas partir dans un snowpark si on ne sait pas skier.
06:26Du coup, je devais attendre d'avoir
06:28toutes les bases techniques
06:30et un peu plus de maturité
06:32pour pouvoir commencer cette discipline.
06:34Et 9 ans, c'était déjà très jeune.
06:36À l'époque, ils nous acceptaient
06:38dans la section freestyle à l'âge de 13 ans.
06:40Ils avaient fait une exception pour moi.
06:42C'est marrant,
06:44parce qu'en 5 minutes, tu as déjà employé
06:46deux fois le mot danger ou peur.
06:48C'est quelque chose
06:50qui, en toi, fait partie de la normalité presque.
06:52Oui.
06:54Je ne sais pas si ça fait partie de la normalité,
06:56mais je l'ai accepté. En tout cas, je sais que ça fait partie
06:58de ma discipline. Je sais qu'il y a des risques.
07:00Je sais que la peur est omniprésente,
07:02mais c'est sûrement ce qui me fait vibrer aussi.
07:04Donc, à 9 ans,
07:06tu rentres dans cette section.
07:08Tu es la plus jeune, si j'ai bien compris.
07:10Et là, très vite,
07:12tu te mets quoi comme objectif ?
07:14Très vite,
07:16j'avais envie de gagner
07:18dans toutes les compétitions.
07:20J'étais vraiment une compétitrice.
07:22J'avais la dalle.
07:24Ça, c'est génial.
07:26Tu te souviens du regard des filles
07:28qui étaient plus âgées ou plus grandes que toi ?
07:30Je m'en rappelle.
07:32Ça les a un peu surprises,
07:34parce que je n'avais peur de rien.
07:36Je n'avais pas de limite.
07:38Je me lançais sur des sauts très gros pour mon âge,
07:40etc.
07:42Je cassais les codes à l'époque,
07:44parce que c'est vrai que les filles,
07:46c'était encore vraiment notre place dans cette discipline.
07:48C'était encore rare
07:50pour une fille de faire du ski freestyle.
07:52Et moi, je ne me rendais pas compte de tout ça.
07:54J'avais qu'une seule envie, c'était de progresser
07:56le plus vite possible
07:58et d'avancer.
08:00Il y a un truc qui m'intéresse aussi.
08:02Tes coachs, tes entraîneurs,
08:04ils disaient quoi ? Ils pensaient quoi ?
08:06Peut-être qu'ils ne te disaient pas tout.
08:10Vas-y, réponds-moi.
08:12Certainement qu'ils ne me disaient pas tout.
08:14Je sais qu'ils ont toujours cru en moi.
08:16Le premier entraîneur que j'ai eu,
08:18qui m'a accompagnée pendant déjà très longtemps,
08:20a toujours cru en moi,
08:22m'a toujours poussée,
08:24m'a toujours projetée
08:26jusqu'à devenir une des meilleures du monde.
08:28Il ne s'était pas mis de limite non plus.
08:30Et ensuite, à 14 ans,
08:32j'ai intégré l'équipe de France
08:34et là, j'ai changé de coach.
08:36Et lui non plus, il ne s'est pas mis de limite.
08:38Il a tout de suite cru en moi, en mes capacités.
08:40Et je pense que c'est aussi grâce à eux
08:42que je me suis construite et que j'en suis là aujourd'hui.
08:44Bien sûr, mais à 14 ans,
08:46on est encore un bébé, quoi.
08:48Ça a été traumatisant ?
08:50Ça a été compliqué de changer de coach ?
08:52Parce que finalement, ton coach,
08:54c'est celui qui va le mieux te connaître.
08:56C'est un peu comme un deuxième papa, presque.
08:58Surtout à 14 ans.
09:00Oui, c'est vrai. J'ai intégré un groupe
09:02quand j'avais 14 ans qui était composé
09:04que de garçons,
09:06qui avaient 25-30 ans,
09:08qui étaient en fin de carrière.
09:10C'était assez compliqué. J'avais besoin de me construire
09:12en tant que jeune femme,
09:14en tant que skieuse,
09:16en tant qu'adulte.
09:18Et tout est allé
09:20très vite, en fait.
09:22Le coach a joué un rôle important là-dedans.
09:24Et en changeait, du coup ?
09:26Ça a changé quoi ?
09:30Tu l'as appréhendé, ce changement ?
09:32Je ne l'ai pas vraiment appréhendé
09:34parce que ça s'est fait très naturellement.
09:36Le coach avec qui je suis partie, je le connaissais
09:38depuis que je suis née, parce qu'il était de La Plagne.
09:40Il a coaché mon cousin, etc.
09:42Je ne suis pas arrivée dans une équipe
09:44qui m'était inconnue non plus.
09:46Tu parlais de tes premières compétitions.
09:48Je regarde la première compétition
09:50internationale en 2015.
09:52Tu as 14 ans ?
09:5415, oui.
09:56Première compétition internationale.
09:58Bim ! La victoire.
10:00Oui, c'était ma toute première étape
10:02de Coupe du Monde.
10:04Tu te dis quoi ce jour-là, à 15 ans ?
10:06Je pense que je ne réalisais pas.
10:08Tout est allé très vite en fait.
10:10C'était ma toute première étape.
10:12Encore une fois, je ne m'étais pas donnée de limites,
10:14mais je ne m'étais pas mise d'objectif non plus.
10:16Pas de pression. Je voulais juste me comparer
10:18au niveau international.
10:20Et oui, tout de suite, cette victoire,
10:22je me suis dit, waouh,
10:24mais qu'est-ce qu'elle me réserve la suite ?
10:26Mais en même temps, ça m'a un petit peu fait peur
10:28parce que je me suis dit, maintenant,
10:30j'ai mis la barre haute et je ne peux plus redescendre.
10:32Une fois de plus, tu n'as que 15 ans.
10:34Alors j'imagine que le rôle du coach est aussi
10:36de te dire ça parce qu'à 15 ans,
10:38on ne connaît pas la vie presque.
10:40Et pardon, ce n'est surtout pas péjoratif ni méchant
10:42quand je dis ça, mais je me souviens de moi à 15 ans,
10:44ce que j'étais. Alors évidemment,
10:46je ne faisais pas tout ce que tu fais, mais est-ce que du coup,
10:48la normalité
10:50de la complexité des choses devient
10:52quelque chose d'assez étrange,
10:54genre finalement c'est facile ?
10:56Je pense que je ne me suis
10:58jamais dit que c'était facile et
11:00au contraire, à chaque fois, je me mettais
11:02une pression énorme
11:04parce que j'avais peur de jamais réussir
11:06à avoir une victoire, etc.
11:08Du coup, à chaque fois,
11:10il y avait une remise en question.
11:12On se posait
11:14et c'est sûr que
11:16j'avais 15 ans et que
11:18tout est arrivé très vite,
11:20mais c'était vraiment l'objectif de garder
11:22les pieds sur terre.
11:24Et ?
11:26Pardon ?
11:28L'objectif, c'était de garder les pieds sur terre ?
11:30Oui, l'objectif, c'était de garder les pieds sur terre
11:32et ne pas
11:34se laisser embarquer dans un état.
11:36J'imagine.
11:38Une grosse année et demie plus tard,
11:40il y a ta première épreuve de Coupe du monde.
11:42Là, on est en 2017, donc
11:44tu as 17 ans.
11:46Oui, c'est ça.
11:48Première épreuve de Coupe du monde, bim,
11:50re, victoire.
11:52Là, tu te dis quoi aussi ?
11:54Là, je me suis dit
11:56que c'était assez incroyable
11:58ce qui se passait
12:00et j'avais envie de continuer là-dedans
12:02et encore une fois,
12:04j'espérais que ce ne soit que le début.
12:06Quelques mois plus tard,
12:08championnat du monde, bim, 17 ballets
12:10encore, championne du monde.
12:12Ouais.
12:14À quel moment...
12:16Non, ce que j'ai besoin de comprendre, Thèse,
12:18c'est que partout où tu passes,
12:20tu as tout gagné hyper jeune.
12:22À quel moment on arrive à la fois
12:24se projeter et à la fois regarder derrière
12:26et à se dire, waouh, il y a déjà tout ça ?
12:28La construction, quoi.
12:30Ouais, je pense que déjà,
12:32je ne réalise pas tout ce qu'il y a
12:34et c'est une bonne chose parce que chaque année,
12:36ça me force à recommencer
12:38et à essayer d'aller chercher des nouvelles victoires,
12:40etc. Et je sais qu'il me manque
12:42des titres que je n'ai pas
12:44et j'essaie de garder en tête
12:46ces titres-là
12:48en essayant de combler les autres.
12:50Je suis passionnée de mon sport, en fait.
12:52Je suis passionnée de ma discipline.
12:54Donc, j'ai toujours envie de mettre
12:56la barre plus haute.
12:58Cette précocité, tu le vis comment ?
13:00Parce qu'en même temps, tu le disais,
13:02il y a la championne, puis il y a la jeune fille
13:04qui devient une jeune femme.
13:06Est-ce que parfois, ça va un peu vite ?
13:08Je me suis souvent posée la question
13:10et ce n'était pas facile à la période du lycée
13:12parce que j'étais en train de me construire,
13:14j'étais en train d'évoluer
13:16et il y avait beaucoup de choses en même temps.
13:18Ma passion,
13:20qui était en train de devenir mon métier,
13:22mais aussi les compétitions, les sponsors,
13:24tout qui prenait beaucoup d'ampleur.
13:26Moi, j'étais au milieu et j'essayais
13:28juste de grandir et de me construire.
13:30Ce n'était pas facile,
13:34mais je ne sais pas.
13:36Je pense que cette précocité
13:38m'a permis d'évoluer
13:40et d'être très mature pour mon âge aussi.
13:42Bien sûr. Est-ce que parfois, tu n'avais pas envie
13:44de dire, lâchez-moi la grappe,
13:46j'ai 15 ans, 16 ans, 17 ans, laissez-moi faire une pause ?
13:48Est-ce que parfois, on n'est pas tenté ?
13:50Parce que j'imagine, en train de parler avec tes copines
13:52ou tes potes, d'abord,
13:54tu as une discipline et un âge
13:56où on a plutôt parfois envie de vivre
13:58que d'être dans cette discipline.
14:00Oui, c'est ça.
14:04Je pense que vers mes 16-17 ans,
14:06je me suis pas mal posé la question
14:08et je me suis dit, est-ce que je fais le bon choix ?
14:10Est-ce que j'ai vraiment envie de sacrifier
14:12une partie de ma vie pour ça ? J'avais vraiment l'impression
14:14que c'était un poids. Et aujourd'hui,
14:16je me rends compte que c'est une chance inouïe
14:18de faire ce que je fais. Je pense qu'il y a des milliards
14:20de jeunes qui rêveraient d'être à ma place.
14:22Et du coup, je l'ai vraiment...
14:24J'ai retourné un peu cette image que je m'étais faite
14:26et je ne le vois plus du tout comme un sacrifice
14:28mais comme une chance d'avoir tout ce que j'ai
14:30et de faire le tour du monde tous les ans,
14:32de voyager,
14:34de faire des compétitions. En plus, ça marche bien.
14:36Je ne peux pas me plaindre.
14:38En 2017, on l'a dit, il y a aussi la maladie d'argent
14:40aux X Games et puis arrive 2018
14:42et les Jeux de Pyeongchang.
14:44T'es dans quel état d'esprit avant Pyeongchang ?
14:48Euh...
14:50Sur un petit nuage, en fait. Je pense que
14:52c'était le début. Je ne réalisais pas du tout
14:54tout ce qui se passait.
14:56Tout se passait très très bien. J'avais jamais
14:58vraiment connu de défaite, etc.
15:00Donc j'arrive là-bas avec
15:02une seule envie, c'était de faire quelque chose de bien
15:04mais je n'étais pas préparée, en fait.
15:06Pas préparée, ça veut dire ?
15:08Pas préparée, ça veut dire que je suis arrivée là-bas
15:10et que je me suis plantée totalement
15:12et que je suis passée totalement
15:14à côté de mes Jeux parce que
15:16mentalement, je n'avais qu'un an et demi
15:18de compétition internationale
15:20d'expérience
15:22et c'était mes premiers Jeux et c'était
15:24compliqué à gérer. En même temps, c'est
15:26normal, non ?
15:28Ouais, je pense que c'est normal, ça fait partie de ma
15:30construction. Aujourd'hui, je ne suis pas du tout
15:32triste de ce qui s'est passé là-bas.
15:34Au contraire, je pense que ça m'a fait grandir et que c'est grâce
15:36à ça que j'ai pu regagner d'autres
15:38compétitions derrière, quoi.
15:40Alors Tess, et merci encore d'être avec nous
15:42parce que tu es
15:44tellement inspirante. Moi, je trouve ça assez génial.
15:46Il y a quelqu'un que tu connais bien
15:48qui est en ligne avec nous également, c'est
15:50Romain Hurteau, ton préparateur physique. Salut Romain.
15:52Bonjour.
15:54Tess, tu ne savais pas
15:56qu'il serait là ?
15:58Pas du tout.
16:00Romain, tu as écouté un peu. Ça fait combien de temps
16:02que tu bosses avec Tess ?
16:04Ça fait...
16:08Depuis
16:10l'année de Pyeongchang, en fait.
16:12Grosso modo. Avant ou après les Jeux ?
16:14Parce que si c'est avant, on va dire que c'est de ta faute. Je te prévais.
16:16Oui, c'est avant et j'assume pleinement
16:18mes responsabilités. Si ça la décharge,
16:20elle, c'est complètement de ma faute.
16:22Tess, c'est le moment de régler tes comptes. Vas-y.
16:24Non, c'est de la faute
16:26de personne. Je sais bien. Je t'en rassure.
16:28Je blaguais.
16:30Explique-moi
16:32une chose, Romain. Quand tu vas pour
16:34le début de ta collaboration avec Tess et
16:36si ça dure, c'est que ça marche,
16:38tu découvres quoi ? C'est quoi
16:40la jeune fille, la Tess de 2018, juste avant
16:42Pyeongchang ?
16:44Je découvre une petite...
16:46Une jeune femme
16:48ou une
16:50grande fille. Je ne sais pas
16:52trop le terme. Je pense qu'elle était un petit peu entre les deux.
16:56Pleine d'insouciance
16:58mais surtout pleine d'ambition.
17:00Qui ne
17:02gère sa vie que pour la compète.
17:04Qui ne pense qu'à la compète.
17:06Qui ne pense qu'à progresser.
17:08Qui est très
17:10insouciante de tout ce que
17:12ça impose, du milieu qu'elle est
17:14en train de découvrir
17:16et des résultats qu'elle est en train de faire
17:18aussi rapidement. Attends, Romain, il y a un truc
17:20qui me manque. Tu as tout dit une chose. Tu n'as pas dit
17:22pleine de talent.
17:24Oui, bien sûr qu'elle est pleine de talent.
17:26Je ne sais pas si elle s'en
17:28rend compte.
17:30Au moment où elle arrive sur le circuit international,
17:32je ne sais pas si elle se rend compte de tout ce qui lui
17:34arrive et du niveau qu'elle a déjà.
17:36Attends, on va lui demander.
17:38Tess ?
17:40Non, comme je l'ai dit,
17:42je suis arrivée sur mes premières compétitions
17:44sans vraiment d'objectif
17:46et juste envie de donner le meilleur de moi-même
17:48et de savoir ce que je valais parmi
17:50toutes ces filles.
17:52Donc, il y a
17:54assez jeu de Pyeongchang. Romain, tu le vis comment toi ?
17:58C'était très dur, les jeux de Pyeongchang.
18:00C'était très dur
18:02pour Tess
18:04et puis pour le freestyle en général,
18:06sauf pour Marie qui est une exception
18:08qui a été notre
18:10lumière.
18:12Marie Martineau, pardon, qui était un peu
18:14notre lumière dans cette quinzaine.
18:16Mais pour
18:18tous les autres athlètes, ça a été très
18:20difficile, très compliqué.
18:22Comment tu la récupères, Tess, après les Jeux ?
18:24Elle est
18:26déçue, effondrée.
18:28Elle remet beaucoup de choses en question.
18:30C'est une
18:32athlète qui vient de rater un moment
18:34important de sa carrière
18:36comme ça
18:38arrive souvent.
18:40Mais derrière, c'est une expérience.
18:42Il a fallu le vivre comme une expérience,
18:44construire là-dessus,
18:46se servir de ça
18:48pour préparer
18:50les Jeux qui suivaient,
18:52les années qui ont suivi, pour arriver
18:54mieux préparé, comme elle l'a dit tout à l'heure,
18:56aux Jeux de Chine,
18:58aux Jeux de Pékin. Moi, c'est marrant.
19:00Tess, quand je t'entends tout à l'heure
19:02et quand j'entends Romain maintenant, j'ai envie
19:04de te dire,
19:06dans la vie de tout le monde,
19:08surtout chez les génies,
19:10il peut y avoir le travail, il peut tout y avoir.
19:12De temps en temps, ils font un rappel à l'ordre
19:14et un coup de piot derrière. Ça me paraît
19:16indispensable. Et j'aimerais que tu me
19:18dises si tu es d'accord avec cette analyse
19:20quatre ans après ou cinq ans après, maintenant.
19:22Oui, je suis d'accord
19:24et je pense que ça a été un moment
19:26important dans ma carrière parce que, comme j'ai dit
19:28tout à l'heure, ça a été mon premier
19:30vrai échec auquel j'ai dû faire face.
19:32Jusqu'à présent,
19:34à ce moment-là, tout marchait très bien
19:36et je n'arrêtais pas de graduer les échelons
19:38sans vraiment me rendre compte de ce qui se passait.
19:40Et ça a été un petit rappel à l'ordre
19:42en me disant que ça ne marche pas toujours
19:44et maintenant, qu'est-ce qu'il va falloir mettre en place
19:46pour rebondir, pour
19:48appréhender la suite et pour se reconstruire aussi.
19:50Alors, je regarde le palmarès
19:52depuis. Il y a les championnes du monde de Big Air,
19:54vice-championne olympique,
19:56gros globe de cristal, le petit globe
19:58sur le Big Air, sur le Soap Style,
20:0012 podiums en Coupe du Monde, 9 victoires,
20:02victoire à Spain aux X Games
20:04Big Air 2020-2022.
20:06Depuis, ça déroule.
20:08En quoi Romain, ce n'est plus la même jeune femme ?
20:10Qu'est-ce qui a changé en elle ?
20:12De toute façon,
20:14en 4 ans, tout le monde
20:16change beaucoup.
20:18Surtout de 17 à 22 ou 21 ?
20:20Surtout de 17 à 22.
20:22Surtout pour une jeune fille qui
20:24prend de l'expérience
20:26au très haut niveau,
20:28qui se professionnalise.
20:30Là maintenant, on a face à nous
20:32une athlète de haut niveau, très professionnalisée,
20:34très consciente des efforts
20:36qu'il faut faire pour
20:38être la meilleure du monde.
20:40Alors qu'il y a 4 ans,
20:42tout semblait facile pour elle.
20:44Ses premières compétitions
20:46lui ont montré qu'elle pouvait
20:48y arriver sans faire plus d'efforts que ça.
20:50C'était presque trop facile.
20:52Presque, oui.
20:54Les JO l'ont rappelé à l'ordre.
20:56Les JO lui ont montré que
20:58ça se mérite, des médailles olympiques,
21:00des médailles sur la scène internationale.
21:02Ses adversaires travaillent,
21:04se préparent, réfléchissent aussi.
21:06Donc si elle veut être la meilleure,
21:08le talent est bien sûr indispensable.
21:10Mais surtout, travailler intelligemment
21:12est la priorité.
21:14Tu l'as senti ce changement ?
21:16Est-ce du diamant brut
21:18qui gagnait tout ?
21:20Tu le disais, presque un peu
21:22trop facilement.
21:24Ce rappel de la vie et ce coup de pied
21:26au-derrière. Et maintenant, cette organisation
21:28presque militaire,
21:30cette maturité
21:32qui fait que
21:34si je veux tout gagner, il faut que je fasse tout
21:36mieux que tout le monde, dont la prépa.
21:38Oui, c'est ça. Je me suis rendue
21:40compte que pour être la meilleure du monde,
21:42il fallait prendre
21:44tous les éléments en compte.
21:46Il ne fallait négliger aucun critère.
21:48La concurrence
21:50est de plus en plus rude.
21:52Du coup, il ne fallait rien négliger.
21:54J'ai essayé de monter les curseurs au maximum
21:56pour arriver
21:58la plus forte possible
22:00sur ces dernières années.
22:02Je pense que je me suis
22:04professionnalisée et que j'ai grandi
22:06en même temps. Il me fallait juste me laisser
22:08le temps de comprendre ce que c'était le haut niveau.
22:10Et puis,
22:12dans cette évolution,
22:14tu parlais tout à l'heure de risque
22:16et de tout ce que vous faites. Romain,
22:18comment ça se passe quand vous mettez au point des nouvelles figures
22:20comme celle qu'elle a réalisée juste avant
22:22les Jeux, qui était une première mondiale ?
22:24Qui décide de quoi
22:26et jusqu'où on peut aller ?
22:28Je veux bien, Thèse, d'abord, que tu me dises
22:30comment s'appelle cette figure que tu as faite, cette grande
22:32première mondiale ?
22:34C'est un double cork 1620.
22:36D'accord. Sinon, ça veut dire quoi ?
22:38Sinon, ça veut dire
22:40qu'on fait quatre tours et demi sur
22:42soi-même et qu'on passe deux fois la tête en bas.
22:44God.
22:46Qui décide ? Qui est le cinglé
22:48parmi vous deux qui a un moment dit
22:50« dis donc, jusqu'à présent ils en faisaient trois tours,
22:52on pourrait en faire quatre ? »
22:54Alors, c'est certainement pas moi.
22:58Je pense que ça part
23:00d'un rêve,
23:02le mot est peut-être un peu fort, mais de Thèse,
23:04d'une ambition, disons, de Thèse,
23:06discuter avec son entraîneur
23:08et ensuite
23:10c'est l'établissement d'un plan
23:12technique, physique,
23:14psychologique pour gravir
23:16tous les échelons qui vont l'emmener à réussir
23:18cette figure. Thèse, explique-moi,
23:20c'est venu comment ? C'est un jour, en réfléchissant,
23:22en regardant les autres, en rêvant, c'est
23:24venu comment ?
23:26Je ne sais pas, ça fait un petit peu
23:28partie de la progression. Je pense que
23:30dès qu'on apprend un nouveau son, on pense tout de suite
23:32à qu'est-ce
23:34qu'on pourrait faire de mieux. Je ne sais pas,
23:36dans deux, trois, quatre, cinq ans, on peut se projeter
23:38très loin. Et voilà, ce
23:40son, ça fait un petit bout de temps que j'y pense,
23:42mais il me fallait les capacités
23:44techniques et physiques pour y arriver
23:46et du coup, je pense que c'était la bonne
23:48année pour le mettre en place dans ma
23:50progression. Et c'est
23:52pour ça que je l'ai appris cette année, mais ça fait
23:54un petit moment que j'y pense et il a fallu
23:56d'abord
23:58l'apprendre sur le trampoline, puis le mettre en place
24:00sur un airbag, donc c'est un
24:02endroit d'entraînement. En fait,
24:04on part sur une rampe en synthétique,
24:06on atterrit sur un gros ballon
24:08pour ne pas se faire mal. Et une fois
24:10qu'il était bien mis en place sur cet airbag,
24:12je l'ai travaillé sur la neige.
24:14C'est vraiment un processus.
24:16Oui, je comprends bien. Romain,
24:18par exemple, physiquement, ça engendre quoi
24:20dans la préparation pour, par exemple, cette figure ?
24:22Cette figure,
24:24comme elle l'a dit, ça nécessite beaucoup d'acrobatie.
24:26C'est-à-dire que son physique ne devait
24:28pas être un frein
24:30à son évolution acrobatique et technique.
24:32Donc, si elle avait besoin
24:34de tomber
24:3625 fois sur le dos dans la même séance
24:38sur le ballon, il ne fallait pas qu'à
24:40vos 15e fois, elle soit
24:42trop courbaturée ou crampée
24:44ou nerveusement
24:46vide
24:48et plus en capacité de remonter.
24:50Donc, l'objectif, c'était que son physique
24:52ne la freine pas
24:54dans ses ambitions techniques
24:56et acrobatiques.
24:58Donc, quand elle
25:00nous a dit que c'était son objectif
25:02pour cet été, on a regardé avec l'entraîneur ce que
25:04ça imposait en termes de
25:06volume d'entraînement spécifique
25:08et puis ensuite, on a mis en place
25:10une préparation physique
25:12autour de ça pour lui donner les moyens
25:14de passer d'un
25:16rêve à la réalité.
25:18Romain, elle est comment dans sa tronche, Tess ?
25:20Qu'est-ce qu'elle a de différente et de plus que les autres ?
25:22Comme tous
25:24les athlètes, de mon point de vue...
25:26Moi, je ne te parle pas de tous, je te parle d'elle.
25:28Alors...
25:30Ils sont peu nombreux dans le tous.
25:32Comme tous les athlètes que j'ai eu
25:34la chance d'entraîner
25:36qui sont les meilleurs du monde,
25:38c'est quelqu'un qui ne laisse rien au hasard.
25:40C'est-à-dire qu'à
25:42un moment donné, tout ce qu'elle fait dans la vie
25:44a un impact sur son entraînement,
25:46sur sa forme
25:48ou sur ses performances.
25:50Elle s'en est rendue compte
25:52et maintenant, elle essaye d'avoir
25:54un impact
25:56sur tout
25:58ce qui la régit dans la vie.
26:00Elle ne s'achigne jamais au travail.
26:02Et notamment le travail physique qui est souvent très dur.
26:04Ouais, non, non.
26:06Si elle sait que ça va la faire progresser
26:08et l'amener à être la meilleure,
26:10il n'y a aucun problème pour la faire travailler.
26:12Dernière question pour toi, Romain, et après, je te garde Tess.
26:14Romain, c'est quoi la limite de Tess ?
26:16Et est-ce qu'elle a une limite ?
26:20Eh bien, si elle en a une,
26:22je ne la connais pas.
26:24J'espère qu'elle ne la connaît pas non plus.
26:26La seule limite
26:28qu'elle a pour l'instant,
26:30mais c'est peut-être sa jeunesse
26:32qui parle encore,
26:34c'est la régularité sur les temps faibles.
26:36Ça veut dire quoi ?
26:38Ça veut dire que quand on est
26:40très éloigné des compétitions,
26:42ce n'est pas toujours facile de la garder
26:44hyper concernée par son entraînement,
26:46sa régularité,
26:48son hygiène de vie, etc.
26:50T'as quel âge, Romain ?
26:52J'ai 35 ans.
26:54T'as un balai ?
26:56Oui.
26:58Bon, je peux te laisser partir, alors t'as compris.
27:00Exactement.
27:02C'est une blague, évidemment.
27:04Je l'ai prise comme telle,
27:06et elle est très en avance sur son âge.
27:08Et voilà.
27:10La limite, elle est là, je pense, pour l'instant.
27:12Parce que quand elle est engagée dans son processus d'entraînement,
27:14elle est quasiment irréprochable.
27:16Exactement.
27:18Et pour l'instant,
27:20les résultats parlent pour elle.
27:22Merci d'avoir été avec nous. Salut à toi.
27:24A la prochaine.
27:26Tess, j'entends et je comprends,
27:28et tout paraît tellement évident
27:30dans tout ce que nous dit Romain,
27:32ou tout ce que tu dis, toi.
27:34Ce que j'entends, c'est que tu décides
27:36de te lancer dans cette nouvelle figure
27:38qu'aucune femme n'avait jamais réalisée au monde
27:40de tous les temps de toute l'histoire.
27:42Les garçons la faisaient déjà,
27:44mais aucune femme ne l'avait jamais tentée.
27:46Ça veut dire qu'il faut accepter
27:48de tomber, tu l'as dit,
27:50de travailler beaucoup plus dur
27:52que ce qu'on faisait peut-être avant,
27:54et puis il faut accepter la chute,
27:56le renouvellement de la chute, et ainsi de suite.
27:58Ça, ça crée quoi, ça ?
28:00Parce que nous, on voit le résultat final.
28:02Waouh ! Mais c'est ouf ce qu'elle a fait, Tess ! On ne l'a jamais fait.
28:04Mais nous, on ne voit pas le travail derrière.
28:06Oui, c'est beaucoup de travail.
28:08C'est des heures et des heures d'entraînement,
28:10des heures et des heures de doutes.
28:12Oui, mais de chute aussi.
28:14Parce qu'évidemment, tu ne la passes pas la première fois.
28:16Oui, c'est ça.
28:18Il y a plein de choses qui rentrent en jeu
28:20dans l'apprentissage d'une nouvelle figure.
28:22Mais c'est une partie tellement intéressante de notre sport.
28:24Bien sûr.
28:26Voilà, c'est des moments que j'adore, moi,
28:28travailler une nouvelle figure, parce que c'est excitant
28:30et qu'on n'a qu'une seule hâte,
28:32c'est d'y arriver sur la neige.
28:34C'est bon, c'est fait.
28:36Quand tu la passes, cette figure,
28:38ça fait combien de temps que tu t'entraînes sur cette figure,
28:40sur la neige ?
28:42Ça veut dire qu'il y a eu déjà le travail de muscu,
28:44après les sauts sur les trucs gonflables.
28:46Ça fait combien de temps que tu la travailles sur la neige ?
28:48Quand tu l'attends, tu en compètes la première fois ?
28:52Ça faisait 4-5 mois.
28:544-5 mois, c'est combien de sauts
28:56et combien de fois des gamelles ?
29:00Ce n'est pas énorme, parce qu'honnêtement,
29:02dès qu'on se met une petite boîte,
29:04on n'y retourne pas tout de suite après.
29:06Je dirais que c'est une ou deux tentatives par jour.
29:08Et des jours, il n'y en a pas énormément non plus,
29:10parce qu'à cette période,
29:12la météo est très capricieuse sur les glaciers.
29:14Je ne sais pas, je dirais 10-11 jours.
29:18Mais c'est étalé sur tellement de temps
29:20que dans la tête…
29:22C'est une vingtaine de tentatives ?
29:24Oui.
29:26Et sur 20 tentatives, il y a eu combien de chutes ?
29:28Il y en a dû avoir une dizaine.
29:32Quand est-ce que tu as estimé,
29:34je suis prête, je vais pouvoir le faire en compète maintenant ?
29:36La veille de la compète.
29:38C'est génial.
29:40Et qu'est-ce qui se passe dans ta tête
29:42quand tu la passes et tu la réalises ?
29:46C'était assez fou.
29:48Je savais que je venais de réaliser un exploit,
29:50une première mondiale, etc.
29:52C'était une compétition très importante pour nous,
29:54les X Games.
29:56C'est une compétition privée,
29:58mais qui a énormément de valeur
30:00dans les disciplines des sports extrêmes.
30:02Je savais que je venais de réaliser un truc de ouf
30:04et je savais que c'était une figure
30:06qui pouvait me faire gagner.
30:08Et ça, ça compte beaucoup.
30:10C'est un truc qui est exceptionnel,
30:12mais je sais que pour toi, ce n'est pas suffisant.
30:14Raconte-moi ce jour où tu as vu la médaille d'or passer
30:16alors que tu avais fait une super perf juste avant.
30:20Oui, c'est ça qui était un petit peu difficile.
30:22Quand on passe de la 6e, 4e place
30:24à une 2e place,
30:26je pense que le sentiment est incroyable.
30:28Quand on domine la compétition tout le long
30:30et que la dernière minute,
30:32on passe de la 1re place à la 2e,
30:34là, ça fait un peu moins plaisir.
30:36Mais tout de suite après,
30:38on est vice-championne olympique
30:40et ça, ça restera toute une vie.
30:42C'était un sentiment de fou.
30:44Ce jour-là, j'ai eu des émotions
30:46vraiment décuplées. C'était vraiment incroyable.
30:48C'était des larmes plutôt de joie,
30:50mais un petit peu de déception.
30:52C'était vraiment un mélange.
30:54C'était de grosses émotions.
30:56Ce qui doit être hyper confusant,
30:58c'est qu'en même temps, tu as envie de dire
31:00« je voulais celle-là, mais malgré tout, j'ai quand même ça ».
31:02C'est presque ingérable, d'ailleurs.
31:04Je ne sais même pas que j'étais partie pour l'or.
31:06Je m'étais dit « je pars pour une médaille ».
31:08Déjà, l'objectif serait rempli x1000,
31:10mais c'est juste comment la compétition
31:12se déroulait qui a été compliquée
31:14parce que je pense que, comme tout le monde,
31:16tous les gens devant la télé,
31:18tout notre staff, tout le monde s'est dit
31:20« c'est bon, c'est gagné jusqu'aux 30 dernières secondes
31:22de la compétition ».
31:24Donc, ça a été assez frustrant pour nous tous,
31:26mais 10 minutes après,
31:28on était tous super contents et l'objectif
31:30était rempli.
31:32Tu ne le sais pas quand la chinoise va faire
31:34aux X Games juste avant ?
31:36Tu ne sais pas qu'elle va la tenter ?
31:38Non, je ne savais pas.
31:40C'est plein de surprises.
31:42Encore plus aux Jeux olympiques.
31:44Ça me fait encore plus me remettre en question
31:46pour savoir ce que je vais devoir faire
31:48de plus pour la suite.
31:50Tess, tu es en vacances en ce moment.
31:52C'est fini la compétition ?
31:54Oui.
31:56Il y a une particularité, c'est que tu es étudiante.
31:58Tu fais tec2co à Annecy.
32:00Tu vas reprendre les cours quand ?
32:02Jusqu'au…
32:04Jusqu'au 7 juillet.
32:06Donc, ceux qui en ont marre de travailler,
32:08elles ne travaillent pas,
32:10elles sont sportives de niveau,
32:12elles s'amusent.
32:14C'est énormément de boulot et de sacrifices
32:16que tu enchaînes avec ces 4 mois.
32:18Ton IUT, au lieu de le faire en 2 ans,
32:20tu le fais en 3 ans, c'est ça ?
32:22Oui, c'est ça.
32:24Ça veut dire que les temps de vacances
32:26deviennent très maigres et très rares, j'imagine ?
32:28Oui, c'est ça qui est difficile à gérer
32:30parce que depuis la seconde,
32:32je gère le ski, les études.
32:34Mon lycée, je l'ai fait en 4 ans au lieu de 3.
32:36Mon IUT en 2 ans au lieu de 3.
32:38À force, ça fait quand même prendre du retard sur nos études.
32:40C'est surtout que les skieurs,
32:42n'importe quel skieur, à la fin de la saison,
32:44ils ont un mois, un mois et demi de vacances.
32:46Je retourne tout le temps à l'école.
32:48J'essaie de prendre mes semaines de vacances en juillet.
32:50Mais ce n'est plus trop la période
32:52pour partir en vacances pour un skieur.
32:54Ça se limite à une ou deux semaines.
32:56Que je comprenne bien.
32:58Et ainsi, combien de temps par an, grosso modo ?
33:02Les 3 mois d'école et après,
33:04ça se compte en très peu de jours.
33:06Ton sac, c'est ton meilleur ami ?
33:08Oui, ma valise,
33:10je ne l'arrange jamais en fait.
33:12Elle est toujours ouverte quelque part dans mon appartement.
33:14Bravo Tess, on t'aime très fort.
33:16Bravo, c'est juste génial
33:18et t'es tellement inspirante.
33:20Bravo à toi, continue de nous faire rêver.
33:22Merci.
33:24À bientôt, bye bye.
33:26Il y a une exception aussi qui va être avec nous.
33:32Direction le sud de la France.
33:34Pas loin d'hier, vers l'Allongne-les-Morts.
33:36Retrouvez Manon Jaunet qui est avec nous.
33:38Bonjour Manon.
33:40Bonjour.
33:42Je suis ravi de t'accueillir dans La Victoire est en elle
33:44parce que comme toutes celles qui viennent ici,
33:46tu es une personne d'exception
33:48et une femme comme vous allez pouvoir le découvrir
33:50qui est toujours très inspirante.
33:52Manon, tu es dans une voiture, pourquoi ?
33:54Je suis dans une voiture
33:56parce que je suis rentrée d'Antibes cet après-midi
33:58et j'ai eu quelques
34:00petites complications sur la route, rien de grave
34:02mais j'ai dû m'arrêter
34:04au milieu de nulle part
34:06pour faire cette interview
34:08et trouver
34:10un lieu pour pouvoir discuter avec vous.
34:12En même temps, on est en 2022,
34:14ça ne choque plus personne, au contraire, tout va bien.
34:16On aime bien être dans la vie des gens et comprendre ce qu'ils vivent
34:18parce que moi, c'est ça qui m'intéresse.
34:20J'ai besoin de comprendre comment toi,
34:22Manon Rochelaise, tu es aujourd'hui
34:24parmi les meilleures
34:26dans l'Ironman, donc dans le triathlon,
34:28comment tu es devenue cette femme
34:30qui est vice-championne du monde, championne de France
34:32longue distance, évidemment, et tout ça.
34:34Tu as combien ? 32, 33 ans aujourd'hui ?
34:3632.
34:38Triathlète professionnel,
34:40tu as un parcours qui est juste
34:42improbable et c'est pour ça qu'il est inspirant
34:44et génial parce que tu as commencé ta carrière pro
34:46à 27 ans. On va essayer de comprendre pourquoi.
34:48Donc toi, tu es née à La Rochelle ?
34:50Famille de sportif ?
34:52Famille de sport d'endurance,
34:54course à pied notamment.
34:56Un peu de VTT.
34:58Donc déjà, un peu de vélo,
35:00un peu de course, comme par hasard, il ne manque que la natation.
35:02Enfin, comme La Rochelle, c'est au bord de la mer.
35:04J'imagine à peu près comment ça se passe.
35:06Toi, tes premiers souvenirs de sport, c'est quoi ?
35:08Ce n'est pas du tout ces disciplines ?
35:10Non, pas du tout.
35:12En fait, mes parents m'ont vraiment sensibilisée
35:14au sport depuis toute petite.
35:16Ma maman disait qu'elle ne voulait pas
35:18me voir tenir les murs.
35:20J'ai le souvenir de cette expression-là.
35:22Donc en fait, il fallait que je sois
35:24toujours en activité et toujours
35:26avec une activité
35:28extrascolaire en dehors
35:30de l'école. Donc très jeune,
35:32j'ai été mise avec ma soeur
35:34à plein de types de sport, ce qu'on appelait
35:36l'école d'aventure à l'époque.
35:38C'était beaucoup des sports co.
35:40Je me souviens de basket, je crois.
35:42Ils m'avaient mis aussi à la SPTT,
35:44à la voile l'été.
35:46Beaucoup de sports comme ça.
35:48C'est vraiment mes premiers souvenirs
35:50de sport, mais il n'y avait rien
35:52qui m'intéressait et moi, il fallait que ça soit viscéral.
35:58Le déclic, ça a été
36:00la gymnastique artistique quand j'ai vu
36:02les JO.
36:04Ce n'est pas
36:06la gymnastique rythmique
36:08et sportive.
36:10Moi, c'était la gymnastique artistique,
36:12donc les quatre agrès.
36:14Là, tu as quel âge ?
36:16Tu as 7 ans, 8 ans ?
36:18Oui, j'ai 6 ans.
36:20Et là, il se passe quoi
36:22dans ta tête ?
36:24Je vois les gymnastes aux JO d'Atlanta
36:26et je suis complètement fascinée
36:28par ce qu'elles font
36:30parce que le gym, c'est complètement fascinant
36:32comme sport, c'est extraordinaire.
36:34Et moi,
36:36je m'y vois direct et je crois que j'étais
36:38aussi fascinée par
36:40l'émancipation physique
36:42qu'elles avaient, ces nanas.
36:44Il y avait quelque chose
36:46que j'avais envie d'imiter.
36:48Du coup, j'ai dit à mes parents
36:50« Moi, ce sera la gym. »
36:52Je m'y suis mise
36:54et rapidement,
36:56on est passé d'un entraînement
36:58par semaine à 5.
37:00À 7 ans ?
37:047 ans,
37:06je faisais 4 entraînements par semaine.
37:08Et plus les années
37:10passaient, j'étais à 6,
37:126 entraînements.
37:14Puis très rapidement, à 10 ans,
37:16je faisais mes 15 heures de sport par semaine, 15 heures de gym.
37:18Et la compète est là tout de suite ?
37:20En gym, oui.
37:22Et les résultats, ça donne quoi ?
37:24Je suis
37:26dans le meilleur groupe à l'époque.
37:28Après, je n'ai pas non plus des prédispositions
37:30énormes. On m'avait repérée,
37:32mais je ne m'attendais pas
37:34à faire une carrière
37:36extraordinaire, mais j'étais complètement passionnée.
37:38Et
37:40j'ai quand même fait
37:42jusqu'à mes 15-16 ans.
37:44Je comprends et je trouve ça génial,
37:46mais est-ce que cette passion,
37:48ça te suffisait ?
37:50Est-ce que je dirais
37:52l'absence de résultats ou pas être tout là-haut ?
37:54Parce que toi, ce qui t'a fait rêver, c'est des petites nanas
37:56au JO et j'imagine que c'est aussi la victoire.
37:58Est-ce que ça générait chez toi
38:00un « merde, je ne pourrais pas aller plus haut »
38:02ou une petite frustration ?
38:04Oui, c'est exactement ça.
38:06J'étais frustrée parce que
38:08je n'arrivais pas
38:10à trouver ma place.
38:12J'avais l'impression
38:14qu'on n'arrivait pas
38:16à me faire exprimer mon potentiel.
38:18Mais on n'y arrivait pas
38:20ou tu n'avais pas le potentiel ?
38:22C'est une bonne question, je ne sais pas y répondre.
38:24Je pense que j'avais du potentiel,
38:26mais je pense que
38:28le sport, ce n'est pas
38:30que des qualités physiques.
38:32C'est aussi beaucoup de qualités mentales.
38:34Et pour qu'un individu
38:36arrive à performer,
38:38il lui faut un environnement
38:40où il est très à l'aise mentalement.
38:42Il soit mis en confiance,
38:44on croit en lui.
38:46Et ça, c'est un environnement qui n'est pas toujours
38:48facile à trouver, surtout que la gym,
38:50c'est très militaire.
38:52C'est dur, en fait.
38:54C'est très dur pour les enfants de faire de la gym.
38:56Je ne sais pas trop
38:58comment ça a évolué, mais à mon époque,
39:00c'était vraiment militaire.
39:02La notion de plaisir
39:04à l'entraînement, elle n'était pas
39:06très importante.
39:08Et ça, avec le recul, maintenant que tu as le double d'âge,
39:10parce que tu avais 16 ans, maintenant tu en as 32,
39:12avec ce recul-là
39:14et cette analyse,
39:16tu mets le doigt là-dessus ? Tu te dis, c'est dommage
39:18parce qu'avec plus de plaisir, j'aurais pu encore
39:20mieux performer ? C'est ça que tu me dis ?
39:24Je n'aime pas trop avoir
39:26des regrets.
39:28Ce n'est pas des regrets, c'est une analyse.
39:30Oui, oui.
39:32Mais je pense qu'en fait, ça m'a
39:34aidé à mettre le doigt sur
39:36la nécessité de prendre du plaisir
39:38à l'entraînement.
39:42Et je pense qu'en fait,
39:44c'est le moteur de tout, le plaisir.
39:46Et surtout, quand on est amené
39:48à faire du sport,
39:50on se rentrait dedans tous les jours.
39:52C'est très dur physiquement et mentalement.
39:54Si derrière, il n'y a pas
39:56du plaisir, une satisfaction
39:58personnelle ou quelqu'un qui encourage,
40:00qui félicite,
40:04c'est quasiment impossible de
40:06continuer en fait, en tout cas
40:08mentalement.
40:10Surtout si tu n'es pas la meilleure de France
40:12ou la meilleure du monde, j'imagine.
40:14Déjà, c'est difficile
40:16parce que je comprends bien, et on va le voir après,
40:18que toi, ce que tu veux, c'est gagner dans ce que tu fais.
40:22Gagner, oui, mais
40:24ce n'est pas
40:26indépendant du bien-être
40:28mental en fait.
40:30Parce que je pense qu'on ne peut pas gagner si on n'est pas bien dans notre tête.
40:32Ça, c'est sûr.
40:34Donc en fait, gagner, oui,
40:36mais pas à tout prix en fait.
40:38Donc là, tu as 15-16 ans, et à quel moment tu te dis
40:40« bon ben, je vais faire autre chose ».
40:42D'abord, est-ce qu'il y a un moment où tu te dis « je vais faire autre chose »
40:44ou est-ce que le hasard fait que
40:46tu te mets à la course à pied ?
40:48Le hasard, oui et non, parce que tes parents y en faisaient.
40:52J'ai vraiment décidé d'arrêter la gym
40:54quand j'étais arrivée à un point où je régressais.
40:56Et là, pour le coup...
40:58Ah, c'est dur.
41:00C'était impossible pour moi à accepter.
41:02C'était dur, d'ailleurs.
41:04Ça a été dur mentalement ?
41:06Oui.
41:08Jusqu'où ça a été dur ?
41:10Une sorte de petite dépression ?
41:12De manque de considération de soi ?
41:14C'était comment ?
41:18Je pense qu'en fait, on ne sait plus trop
41:20à quelle communauté on appartient
41:22quand on quitte un milieu
41:24dans lequel on a évolué depuis toute petite.
41:26Et pour retrouver un peu ses marques,
41:28il faut retrouver
41:30une activité qui nous plaît,
41:32qui nous passionne même.
41:34Et en plus, c'est l'adolescence.
41:3616 ans, il y a beaucoup de choses qui changent.
41:38Moi, j'avais décidé...
41:40En fait, il y a eu une cassure parce que
41:42j'ai décidé d'arrêter la gym
41:44et je voulais en même temps partir
41:46vivre à l'étranger.
41:48Je suis partie vivre un an aux Etats-Unis toute seule.
41:50J'ai quitté ma famille.
41:52J'ai tout quitté.
41:54Et je suis partie vivre en famille d'accueil
41:56pendant un an.
41:58J'ai été au lycée américain.
42:00Et ça a été un peu...
42:02Je ne sais pas, comme une nouvelle étape.
42:04J'avais besoin de découvrir autre chose dans ma vie.
42:06Oui, il fallait que tu casses quelque chose.
42:08Il fallait que tu casses un aspect routinier
42:10et qui t'a cassé, autant tout casser.
42:12Oui, c'est ça.
42:14J'avais vraiment besoin de m'émanciper en fait.
42:16Et aux Etats-Unis, entre guillemets,
42:18où on te dit que tout est facile en plus,
42:20là tu te mets à la course à pied, c'est ça ?
42:22Oui.
42:24La course à pied, c'est une partie un petit peu de ma vie.
42:26J'ai arrêté la gym pour garder un peu la forme.
42:28J'ai fait un cours à pied.
42:30J'accompagnais ma maman sur les 10 kilomètres.
42:32J'ai essayé de m'y mettre un peu.
42:34Mais par contre,
42:36aux Etats-Unis,
42:38je me suis vraiment mise au cross.
42:40À l'indoor track, à l'outdoor track et au cross.
42:42Parce qu'aux Etats-Unis,
42:44tout est très organisé
42:46pour qu'on puisse avoir des activités sportives.
42:48On a tous les après-midi libres en fait.
42:50Et là, très vite,
42:52tu te remets des objectifs ?
42:54Oui.
42:56Je veux gagner aussi les courses.
42:58Je veux progresser.
43:00Je veux apprendre.
43:02Je suis toujours très stimulée.
43:04En fait, je suis dans le challenge,
43:06mais jamais dans la confrontation avec l'autre.
43:08Je suis toujours dans le challenge vis-à-vis de moi-même.
43:10Quand tu rentres des Etats-Unis,
43:12tu te dis quoi ?
43:14Il est question de triathlon ou pas encore à ce moment-là ?
43:16Oui, mais je n'arrive pas à comprendre
43:18comment le triathlon est arrivé dans ma tête.
43:20En fait, je faisais de la pointe à pied.
43:22J'apprends la natation aux Etats-Unis
43:24parce que je voulais passer mon diplôme de sauveteur en mer.
43:26J'étais obligée de me mettre à nager.
43:28Et au vélo, à la Rochelle,
43:30pour ceux qui connaissent,
43:32c'est un peu le seul mode de transport
43:34acceptable.
43:36En fait, j'ai les trois activités
43:38que je pratique régulièrement.
43:40Et je ne sais pas
43:42d'où est-ce que j'ai connu le triathlon.
43:44Mais c'est arrivé dans ma tête.
43:46Je me suis dit qu'il faut que je me mette au triathlon.
43:48J'ai 17 ans.
43:52Est-ce que la compétition te manque aussi
43:54à ce moment-là ?
43:56Parce qu'on rappelle que de 7 à 16,
43:58tu étais mode compète à la gym.
44:00Est-ce que l'adrénaline de la compète,
44:02l'adrénaline des objectifs,
44:04l'adrénaline du travail, des sacrifices,
44:06est-ce que ça te manque ou pas du tout ?
44:08Non, j'ai détesté les compètes à la gym.
44:10Toi, ce qui te manquait, c'était le plaisir ?
44:12Oui.
44:14Franchement, je me suis sentie…
44:16dire à dire, mais je me suis sentie humiliée
44:18pendant toutes mes années de gym.
44:20Je n'étais pas bien du tout.
44:22Ah oui, c'est dur.
44:24Oui, c'était dur.
44:26Et là, finalement, tu commences le triathlon
44:28et tu performes rapidement.
44:30Alors, oui et non.
44:32Je me mets au triathlon.
44:34Je suis dans ma 18e année.
44:36Je passe mon bac.
44:38Je suis allée aux Etats-Unis et ça fait mal.
44:44Et là, j'ai juste envie de découvrir
44:46un autre milieu, une communauté,
44:48des valeurs,
44:50d'apprendre le sport dans tout.
44:52Et moi, la compète, pour moi,
44:54ce n'est pas très important.
44:56Et puis de toute façon,
44:58mes années de gym m'ont fait dire à moi-même
45:00que je n'étais pas compétitrice.
45:02Ah oui ?
45:04Ah oui, oui.
45:06Je n'avais pas un esprit de challenge.
45:08Je n'avais pas tout ça.
45:10Attends, je ne suis pas en train de discuter
45:12avec Manon, la femme
45:14qui est vice-championne du monde d'Ironman
45:16et championne de France longue distance ?
45:18Oui, oui.
45:20Mais ça s'est reconnecté quand, ça ?
45:22Et comment ?
45:24Ça s'est reconnecté en…
45:26J'avais 23 ans.
45:28Donc, il y a 3-4 ans
45:30où tu fais tes études en même temps ?
45:32Je fais surtout mes études.
45:34Je fais quelques mois de triathlon
45:36à mes 18 ans.
45:38Je craque complet pour cette discipline.
45:40Je fais acheter mon papa un vélo.
45:42Enfin, vraiment,
45:44de nouveau les étoiles dans les yeux.
45:46J'ai envie de faire ça.
45:48Mais de 18 à 23,
45:50tu continues de t'entretenir ?
45:52Tu fais un peu ou même pas ?
45:54Franchement, un footing par semaine,
45:56je suis en prépa littéraire.
45:58Je suis enfermée entre 4 murs.
46:00Le sport, il n'y a plus la place,
46:02il n'y a plus le temps.
46:04C'est juste pour me dégourdir les jambes,
46:06garder un petit peu la forme,
46:08soi-disant une forme.
46:10Donc, c'est de l'entretien.
46:12Il n'y a pas de compète.
46:14Il n'y a rien de tout ça.
46:16Par contre, je rentre en école de commerce
46:18sur concours.
46:20Et puis là, ça y est,
46:22je commence à voir un petit peu le ciel se dégager.
46:24Je commence à voir quelques plages horaires se dégager.
46:26Je me dis, bon, c'est bon.
46:28Il faut que je réintègre un club.
46:30Mon propre univers.
46:32Donc, tu cherches ?
46:34Oui, je cherche un club.
46:36Je trouve un club.
46:38Et il se trouve qu'en intégrant ce club,
46:40il y a un nouvel entraîneur.
46:44Et c'est le début
46:46d'une histoire parce que
46:48je rencontre mon entraîneur
46:50et aussi mon conjoint, mon futur conjoint.
46:52Ça aide ?
46:54Ça peut aider ?
46:56Non.
46:58Ça peut être une nuance quand même.
47:00Parce que tout mélanger,
47:02ce n'est pas forcément très facile.
47:04Mais disons que c'est lui
47:06qui me fait comprendre que je suis une compétitrice
47:08née et que j'ai
47:10des grandes qualités physiques.
47:12Et avoir le regard de quelqu'un
47:14comme ça,
47:16plus que ce que je crois en moi,
47:18ça m'a donné
47:20des ailes.
47:22Et c'est ce qui t'a manqué à la gym ?
47:24Totalement.
47:26Alors explique-moi comment
47:28tu vas passer
47:30de pas de titre à des titres
47:32de championne de France.
47:34Et à quel moment tu te dis, ou il te dit,
47:36ou vous vous dites, j'en sais rien,
47:38on va faire de la longue distance.
47:40Parce que moi ça me fascine. Déjà je trouve que le triathlon
47:42c'est une des plus belles disciplines qui existent.
47:44Parce que tu as de la natation, tu as du vélo, tu as de la course.
47:46Mais basculer dans l'Ironman,
47:48là on parle quand même
47:50d'autre chose. Tu peux me rappeler les distances
47:52de l'Ironman ?
47:54L'Ironman c'est 3,8 kilomètres.
47:56Attends, ça a coupé, redis.
47:583,8 kilomètres de natation.
48:003,8 kilomètres de natation, 180 kilomètres
48:02à vélo,
48:04et 42,195 à pied
48:06pour finir un marathon. Tranquille.
48:08Donc à quel moment, et qu'est-ce qui a fait
48:10que tu t'es lancée dans...
48:12Donc t'as quel âge quand tu commences à te dire, je vais aller sur les longues distances ?
48:14En fait,
48:16j'ai tout de suite 23 ans
48:18parce que 23 ans,
48:20j'ai pas de qualité,
48:22j'ai pas de vitesse en fait.
48:24Et le triathlon,
48:26c'est une activité
48:28qui englobe l'Ironman. Donc l'Ironman,
48:30c'est un label, mais ça a donné son nom
48:32à la distance reine.
48:34Mais c'est aussi tous les formats olympiques.
48:36Le format olympique. Oui, bien sûr.
48:38Et j'aurais très bien pu commencer
48:40et ça aurait été plus logique en fait.
48:42Mais j'ai pas de qualité.
48:44Je ne sais pas bien nager, je ne cours pas
48:46très vite. Par contre, je suis super
48:48endurante.
48:50Donc du coup,
48:52directement,
48:54mon entraîneur me dit,
48:56on va passer tout de suite sur la
48:58longue distance parce que t'as des qualités
49:00de... t'as des qualités endurantes.
49:02Donc je passe sur du
49:04half. C'est déjà ton
49:06chéri à ce moment-là ou pas ?
49:08Ben oui. Ok.
49:10Donc on le suit les yeux fermés en plus.
49:12Non, non, je suis
49:14pas... Non, je suis pas les yeux
49:16fermés. Mais bon, lui, il s'est engagé dans
49:18là-dedans. Il a envie de découvrir.
49:20Moi, j'ai envie de découvrir avec lui.
49:22Et puis voilà, quand quelqu'un croit en nous,
49:24c'est...
49:26C'est hyper mal brûlé. Evidemment.
49:28Donc le half. Et là, sur le half,
49:30tu fais quoi ?
49:32Je me débrouille pas trop mal.
49:34Mais à quel moment
49:36tu te dis, je veux faire partie
49:38des meilleures au monde ? Parce qu'aujourd'hui, c'est le cas.
49:42Mais en fait, je me le dis pas. C'est
49:44un chemin. D'accord.
49:46C'est-à-dire que petit à petit, je gravis
49:48les échelons et je me dis, mais en fait, j'ai peut-être
49:50ma place parmi les meilleures
49:52françaises. Peut-être que j'ai ma place parmi
49:54les meilleures européennes. Et puis peut-être qu'en fait,
49:56finalement, j'ai ma place parmi les meilleures mondiales.
49:58Et aujourd'hui, c'est devenu un leitmotiv.
50:00Mais pour en arriver là, en fait, il y a tout un tas
50:02d'étapes. Et c'est pas...
50:04On part de rien et on se dit, demain, je vais être championne
50:06du monde. C'est prendre confiance
50:08petit à petit. En tout cas, moi, ça a été ma façon
50:10de vivre les choses.
50:12Un Ironman, on met
50:14combien de temps pour le préparer et on met combien de temps
50:16pour récupérer, quand on n'a soi-disant
50:18pas les capacités. C'est-à-dire qu'on vient
50:20de loin, en plus.
50:22Mon premier Ironman,
50:24j'ai mis un an à le préparer.
50:28C'est-à-dire qu'on met un peu sa vie entre
50:30parenthèses et à côté du travail, on s'entraîne
50:32et quand on n'est pas à l'entraînement, on est au
50:34travail et voilà.
50:36C'était le début de ma vie active aussi.
50:38Dans le marketing.
50:40Oui, en marketing.
50:42Et maintenant,
50:44un Ironman, ça se prépare
50:46toujours toute l'année, mais en période spécifique,
50:48un mois et demi, deux mois.
50:50Et on met combien de temps pour s'en remettre ?
50:52Le premier Ironman,
50:54j'ai mis un an à m'en remettre.
50:58Mais parce que j'en ai enchaîné
51:00un deuxième très peu de temps après et que j'avais
51:02pas une qualité de vie à côté
51:04qui me permettait de récupérer.
51:06Et maintenant, je récupère
51:08un mois après,
51:10pour un autre.
51:12A quel moment tu t'es dit, je suis une sportive de haut niveau ?
51:20C'est une bonne question. Je ne sais pas si j'arrive
51:22à me le dire encore aujourd'hui.
51:24Tu rigoles.
51:26Tu fais partie des meilleurs au monde.
51:28Mais il te manque quoi alors ?
51:30Qu'est-ce qu'il faut pour...
51:32En fait, j'ai le nez dans mon activité
51:34au quotidien et du coup, je vois tous les écueils
51:36auxquels je suis confrontée au quotidien.
51:38Et il y a des écueils, je me dis,
51:40c'est pas du haut niveau.
51:42On est toujours dans de l'approximation,
51:44dans du bidouillage,
51:46dans rechercher
51:48des petites façons
51:50de s'améliorer. Mais en fait, pour moi,
51:52le haut niveau, je vois encore celles qui sont devant moi
51:54et qui ont des moyens qui sont bien supérieurs
51:56aux miens. Et du coup,
51:58je me dis parfois que je suis encore
52:00une petite athlète, que j'ai encore
52:02énormément de chemin à parcourir.
52:04Alors bien sûr, j'arrive à faire des belles choses
52:06comme j'ai aujourd'hui, mais
52:08j'ai le nez
52:10dans ce que je n'arrive pas à faire.
52:12Donc parfois,
52:14je me dis, j'ai encore...
52:16À quel moment tu es passée pro et tu as arrêté le boulot ?
52:18Tu as mis entre parenthèses ta vie professionnelle
52:20pour ne te consacrer qu'à ça,
52:22qu'au triathlon et aux longues distances ?
52:242016,
52:26fin 2016, je me dis qu'il est temps
52:28de faire un choix parce que
52:30je performe sur ALF,
52:32les meilleures françaises,
52:34j'ai un boulot à côté,
52:3635 heures en CDI, etc.
52:38Et là, je me dis qu'il y a peut-être quelque chose à faire.
52:40On arrive à un point où le matin,
52:42je ne me réveille pas pour aller bosser,
52:44je me réveille pour aller m'entraîner.
52:46Et il y a un moment
52:48quand la progression d'une activité
52:50compromet celle de l'autre,
52:52ça veut dire que les deux sont plus compatibles en fait.
52:54Et je me suis dit,
52:56je n'ai pas envie d'avoir des regrets,
52:58je n'ai pas envie de me réveiller un jour à 50,
53:0060 ans et me dire
53:02que si j'avais osé,
53:04j'aurais pu tenter une carrière.
53:06Je me suis dit, je préfère la tenter maintenant,
53:08si je me plante, tant mieux,
53:10si j'y arrive, tant mieux.
53:12En fait, j'aurais zéro regret.
53:14Bien sûr, mais en 2021,
53:16quand tu deviens championne de France
53:18de triathlon de longues distances
53:20et que tu deviens vice-championne du monde d'Ironman,
53:22tu te dis quoi là ?
53:24Je me dis que
53:26qu'il était temps.
53:28Aujourd'hui, tu as 32 ans,
53:30jusqu'à quand et jusqu'à quel âge
53:32tu te dis que tu vas continuer à avoir
53:34cette vie à la fois merveilleuse,
53:36mais pleine de sacrifices et de rigueur
53:38parce que l'Ironman, c'est du travail
53:40tous les jours.
53:42Je compte bien
53:44aller aussi longtemps que je peux.
53:46Ça dépendra de mon corps,
53:48de ma tête, de mes sponsors,
53:50de ce que j'ai envie de faire
53:52aussi de ma vie de femme.
53:54Mais moi,
53:56je me vois bien continuer jusqu'à
53:58la quarantaine.
54:00Et on rajoute quoi
54:02sur le palmarès ?
54:04Il y a encore plein de choses
54:06à aller chercher.
54:08Vas-y, dis-moi.
54:10Il y a le fameux Ironman d'Hawaï.
54:12On a du monde Ironman.
54:14Là, il y a quand même
54:16un gros, gros niveau.
54:18J'aimerais faire un résultat là-bas,
54:20intégrer un top 10, 5.
54:22Mais tu en es loin.
54:24Il te manque quoi en gros ?
54:26Sur quelle discipline,
54:28c'est le plus dur ? Il te manque quoi ?
54:32Il me manque juste de tout mettre bout à bout.
54:36C'est-à-dire qu'en fait,
54:38sur Ironman, il y a l'entraînement,
54:40mais il y a tous les facteurs de la course
54:42qui font qu'on peut être très bien
54:44dans une super forme.
54:46Et le jour de la course, on n'arrive pas à s'exprimer
54:48parce qu'il y a eu une petite chose
54:50qui a déraillé. Mais en fait,
54:52c'est un petit déraillement sur 8, 9, 10
54:54heures de course.
54:56Ça devient à la fin
54:58quelque chose d'ingérable.
55:00C'est la faute de l'entraîneur ça ?
55:02Souvent, c'est la faute de l'athlète
55:04quand même.
55:06Mais en fait, c'est même pas forcément
55:08la faute de l'athlète. Ça peut être un souci mécanique,
55:10ça peut être
55:12un repas qui est mal passé,
55:14un ravitaillement qui a été loupé.
55:16En fait, tellement de petites choses
55:18qui peuvent se passer sur des courses.
55:20Le jour où j'arrive à mettre tout bout à bout,
55:22ce qui s'est passé l'année dernière
55:24au championnat du monde,
55:26tout a été mis bout à bout. Je fais vice-champion,
55:28j'ai toujours du travail à faire.
55:30T'es loin derrière la championne du monde
55:32ce jour-là ?
55:34Non, je suis à 1 minute,
55:361 minute 30, même pas, 1 minute.
55:38Et c'est beaucoup ou c'est rien 1 minute ?
55:40Sur Ironman,
55:42sur 8, 9 heures de course, c'est rien.
55:44Je voulais juste, pour qu'on termine
55:46là-dessus, raconte-moi cette fameuse course
55:48où t'es vice-championne du monde à 1 minute
55:50en sortie de natation.
55:52T'es à combien ?
55:54Je crois que je suis à 5 minutes en sortie de natation.
55:56Et t'es pas deuxième,
55:58il y en a plein entre vous deux ?
56:00Ouais, on est un petit groupe
56:02derrière.
56:04On est un petit groupe, on arrive à se détacher
56:06à vélo, on remonte
56:08et je continue à remonter à pied.
56:10À vélo, à la fin du vélo,
56:12t'es à combien ?
56:16Je crois que je suis à
56:184...
56:20Donc t'as repris 1 minute, quoi ?
56:22Je continue à reprendre du temps
56:24toute la course, ouais.
56:26Et quand tu pars au début
56:28du marathon, donc oui, c'est bien un marathon,
56:30tu penses à la victoire
56:32ou elle te paraît impossible ?
56:36Ah non, j'y pense. Je suis allée la chercher
56:38tout le long. Tout le long
56:40des 42 kilomètres, je suis allée la chercher.
56:42Après, il ne faut pas penser que à la victoire,
56:44c'est-à-dire qu'il faut se dire
56:46que je suis toujours dans l'instant présent.
56:48Toujours faire en sorte que l'instant présent,
56:50il soit optimal. Penser à se ravitailler,
56:52à boire, à manger. Et en fait, c'est
56:54l'accumulation de l'instant présent
56:56qui fait que, ouais, potentiellement,
56:58il y a la victoire au bout. Mais si je pars sur le marathon
57:00en me disant qu'il faut aller la chercher,
57:02il y a quand même 3 heures de course à pied,
57:04il faut le tenir.
57:06Donc, il ne faut pas trop se précipiter.
57:08Il faut toujours être très humble
57:10face à cette distance.
57:12Malgré tout, on sent que c'est
57:14de l'endurance, mais ça reste un sprint
57:16au bout du compte.
57:18Un sprint de 8 heures, quoi.
57:20C'est bien.
57:22Ça s'appelle un contre-lame.
57:24Manon, pour terminer, qu'est-ce que tu penses
57:26du célèbre adage, l'amour fait pousser
57:28des ailes ?
57:34Ouais.
57:36Je te souhaite d'être amoureuse longtemps, alors.
57:38Et bravo, encore.
57:40Merci beaucoup. Et reviens nous voir dès que tu es championne
57:42du monde. C'est-à-dire, c'est quand les prochains
57:44championnats du monde ?
57:46Fin août.
57:48Et un autre début octobre.
57:50Ok. Écoute, tu viens
57:52ou début septembre ou fin octobre.
57:54On se rappelle, alors.
57:56Salut Manon, merci. Encore bravo.
57:58Bientôt. Merci beaucoup.
58:00Merci à toi et merci à toutes et à tous qui nous suivez
58:02pour votre fidélité. Rendez-vous la semaine prochaine
58:04avec encore des femmes tellement
58:06inspirantes. Salut.
58:12Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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