La Victoire est en Elles - Caroline Cruveillier

  • il y a 2 mois
Cette semaine Alexandre Delpérier reçoit Caroline Cruveillier, double championne d'Europe et vice-championne du monde de boxe. En deuxième partie, Tatiana Orlhac, fondatrice de Zen&Boost et coach de Yoga.

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00:00...
00:19-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:22bienvenue dans votre rendez-vous dédié aux femmes dans le sport,
00:26bienvenue dans La Victoire est en elle.
00:28Avec, et vous le savez, des femmes particulièrement inspirantes.
00:32Voici le sommaire.
00:33De la boxe pour débuter aujourd'hui avec Caroline Cruveillet,
00:36la Française de 24 ans,
00:38a connu une ascension fulgurante au plus haut niveau.
00:41Objectif Paris 2024 pour elle à présent,
00:44elle qui est vice-championne du monde.
00:45La dirigeante de la semaine est Tatiana Orlak,
00:49fondatrice de Zen & Boost.
00:50Cette entrepreneuse et coach de yoga
00:52s'est formée aux quatre coins de la planète
00:54pour transmettre sa passion,
00:57qui est le bien-être. Soyez les bienvenus.
00:59Direction, là-bas, dans l'arrière-pays,
01:01entre Aix et Marseille, cachée dans un petit village,
01:04vous retrouvez Caroline Cruveillet.
01:06Bonjour, Caroline.
01:07Bonjour.
01:08Je suis ravi de t'accueillir dans La Victoire est en elle.
01:10Dis-nous le nom de ton village ou de la ville où tu habites.
01:14Les Pays de Mirabeau.
01:15Et les habitants s'appellent les...
01:18Les Penois.
01:19C'est une Penoise heureuse que l'on a aujourd'hui,
01:22qui était à l'entraînement ce matin, c'est ça ?
01:25Oui, c'est ça.
01:26Entraînement de boxe, c'était quoi, ce matin ?
01:29Entraînement de muscles, là.
01:31Renforcement musculaire des épaules.
01:33Oui, parce que tu sors de blessures.
01:35C'est ça, oui.
01:36Je rappelle juste rapidement, Caroline,
01:38ton palmarès, t'as été championne d'Europe 2019-2021,
01:42vice-championne du monde 2019, championne de France 2019.
01:45Évidemment, il y a l'objectif des championnats du monde 2022
01:48qui arrive, c'est en Turquie, c'est à Istanbul, c'est quand ?
01:51C'est ça, c'est au mois de mai, en Turquie.
01:54Et du coup, ça sera mon deuxième championnat du monde
01:57et j'espère vraiment remporter une médaille.
02:01Oui, t'es quand même vice-championne du monde,
02:03donc moi, j'aurais surtout aimé t'entendre dire,
02:05j'ai vraiment envie de revenir avec l'or.
02:08Ça, vous allez m'interviewer avec la médaille d'or.
02:11Mais bon, je ne vais pas m'avancer beaucoup.
02:14Ça, c'est bon, ça, Caroline.
02:16On va revoir un peu ton parcours et essayer de comprendre.
02:21Si j'entends bien, en préparant cette émission,
02:23je me suis rendu compte que t'avais un grand frère
02:25et que finalement, tu le suivais partout
02:26et que ça a peut-être commencé comme ça.
02:29Oui, c'est ça. J'ai toujours fait du sport, en fait.
02:31Mes parents m'ont toujours mis au sport
02:35dès l'âge de 3-4 ans.
02:37Tu faisais quoi ?
02:38J'ai fait du judo, j'ai fait de la danse,
02:40j'ai fait de l'équitation, du ping-pong.
02:43Et forcément, quand on a un grand frère,
02:46c'est un peu notre exemple.
02:49Et du coup, j'ai pratiqué plusieurs sports avec lui
02:54et jusqu'au jour où il a fait de la boxe
02:57et du coup, je voulais le suivre.
02:58T'avais quel âge, justement, là ?
03:00J'avais 12 ans.
03:02Et tu t'éclatais déjà dans les autres disciplines ?
03:04T'aimais vraiment le sport ou t'en faisais
03:05puisque tout le monde en faisait ?
03:07Non, j'aimais vraiment ça
03:09et j'attendais toujours le week-end pour aller faire le sport.
03:13Et l'équitation, c'était vraiment, vraiment ma passion
03:16et que j'ai dû arrêter pour la boxe.
03:19Mais bon, je le retrouverai quand même, après.
03:22J'imagine. Donc, 12 ans, tu découvres la boxe.
03:25Tu te souviens de la première fois que tu mets les gants ?
03:29Où je mets les gants ? Non, pas forcément.
03:30Mais je me rappelle que je suis allée avec une amie
03:32parce que ma mère, elle ne voulait pas que j'y aille.
03:34J'y aille seule.
03:35Et du coup, je suis allée avec ma meilleure amie
03:37et en fait, je me rappelle qu'elle était plus forte que moi.
03:42Et après, non, je ne me rappelle pas vraiment
03:45où j'ai mis les gants la première fois, non.
03:48Et le fait, pour bien comprendre ta personnalité,
03:50le fait que tu ailles avec une amie et qu'elle est plus forte que toi,
03:54ça t'énervait, ça te stimulait, ça quoi ?
03:57Moi, je voulais être meilleure.
03:59Moi, je voulais être meilleure et après,
04:02elle a arrêté quelques mois après
04:04et moi, j'ai vraiment continué parce que j'aimais cette discipline
04:07et que je commençais vraiment à prendre goût.
04:09Oui. Donc, 12 ans, pour la première fois, tu découvres la boxe.
04:12Tes premiers combats, c'est quand ? Ça va vite ?
04:15Oui, c'est quelques mois après parce qu'en fait,
04:17j'ai commencé, je crois, au mois de décembre
04:19et mon entraîneur de l'époque, Samuel Florimont,
04:22il m'avait dit, l'année prochaine, tu viendras avec les grands,
04:26donc le cours d'après.
04:27Et moi, je n'avais pas bien compris
04:29et le lendemain, je suis allée avec les grands.
04:31Et du coup, il a rigolé
04:33et il m'a laissée avec les grands tout au long de l'année.
04:36Et après, la saison d'après, j'ai commencé les combats.
04:40Donc, tu as 13 ans à ce moment-là.
04:44Est-ce que tu te souviens de ce premier combat ?
04:46J'aimerais que tu me le racontes.
04:48Oui, je m'en rappelle, j'étais stressée.
04:51Du coup, c'était en moins de 54 kg.
04:54Ma mère, mes parents étaient derrière moi,
04:56mais je ne savais pas à quoi m'attendre
05:00parce qu'on ne connaît pas ça.
05:02Et je me rappelle que j'étais stressée
05:04et que finalement, j'avais gagné
05:06et que finalement, quand on gagne,
05:09on a toujours envie de remonter sur le ring
05:11et c'est ce qui nous stimule.
05:12Et j'ai kiffé ça.
05:14À 13 ans, les combats, c'est combien de rounds ?
05:16Ça se passe comment ?
05:18C'était trois rounds.
05:19À l'époque, c'était trois rounds de deux minutes.
05:21Après, on est passés sur le format quatre rounds de deux minutes
05:24et maintenant, on est sur du 3x3, comme les hommes.
05:27D'accord. Donc, cette première victoire
05:29va en appeler très vite d'autres.
05:31Tes premiers titres de gloire,
05:33tu deviens championne de France.
05:35Alors, attends, ton premier titre de championne de France,
05:37c'est quand ? C'est quand t'es cadette ?
05:39Oui, cadette.
05:40Pas la première année.
05:41La première année, j'ai fait vice-championne de France.
05:43Et l'année d'après, j'ai fait championne de France.
05:46Hum-hum.
05:47La revanche. Normal.
05:48Oui.
05:50Ça va vite s'enchaîner.
05:52Tu vas, à 14 ans, entrer en équipe de France Espoir.
05:55Et puis donc, il y a ces titres,
05:57vice-championne et puis championne de France.
05:58Est-ce qu'à ce moment-là, tu te dis, tiens, ça sera ma vie, ça ?
06:01Est-ce que déjà, tu te projettes ?
06:03Non. Non, vraiment pas.
06:05Je me rappelle que ma mère était vraiment derrière moi,
06:08me disant, je ne veux pas que tu fasses ce métier.
06:11Pour nous, c'était inconcevable de faire ce sport, un métier,
06:15parce que c'était...
06:17Une carrière, c'est court et long à la fois,
06:20mais c'est juste un moment de notre vie.
06:22Et pour ma mère, c'était vraiment important
06:27d'avoir des bagages derrière et de continuer les études.
06:30Donc non, je ne me voyais pas faire ce métier-là.
06:34À quel moment tu vas te dire ou tu t'es dit,
06:36bon, OK, je vais continuer les études,
06:38mais j'ai vraiment envie de faire cette vie-là.
06:42En 2019.
06:44Ah oui, donc beaucoup plus tard.
06:45Oui.
06:47Tu continues.
06:49De 2014, pardon, quoi ?
06:51Non, vas-y, de 2014.
06:53Jusqu'en 2019, j'ai toujours continué mes études,
06:55j'ai fait un DUT,
06:57et j'étais tout le temps à l'école et j'alliais le sport avec les études.
07:00Donc pour moi, c'était très important d'avoir des diplômes
07:04et pouvoir avoir des bagages.
07:07Donc pour moi, je ne savais pas si j'allais faire de la boxe mon métier,
07:11mais en tout cas, je savais que j'avais un bagage,
07:16des diplômes, quoi.
07:17Physiquement, c'était dur d'allier l'école, le bac,
07:20après le DUT et la boxe de haut niveau ?
07:23Oui, au DUT, c'était compliqué
07:25parce que je faisais beaucoup des 8h-18h
07:28et j'allais m'entraîner entre midi et deux.
07:30Et le soir, je rentrais à 22h, donc c'était lourd.
07:35Et physiquement, oui, il y avait beaucoup de fatigue accumulée.
07:39Des fois, je m'endormais en cours.
07:41Oui.
07:42Oui.
07:43C'est plus difficile de s'endormir à l'entraînement.
07:46Oui, c'est vrai.
07:47Caroline, est-ce que tu dirais que pour réussir dans le sport de haut niveau,
07:51il faut avoir plus la dalle, plus fin que les autres ?
07:55Oui, c'est sûr.
07:57Par exemple, quelqu'un qui a des qualités techniques ou physiques,
08:02il va évoluer, mais ça ne va durer qu'un temps.
08:04Et si on n'est pas persévérant, si on n'a pas de discipline,
08:08si on ne se met pas une discipline et une rigueur,
08:11je pense que l'athlète ne fera pas chemin longtemps.
08:16Tu es allée à l'INSEP, toi, Caroline ?
08:19Oui, juste pour des stages.
08:21Est-ce que cet accompagnement aurait été utile ?
08:24Est-ce que tu as parfois l'impression que ça te manque ou même pas,
08:26ou tout va bien ?
08:28Moi, je n'ai jamais été interne dans aucun pôle.
08:31Je suis tout le temps restée en club et ça me va très bien.
08:35Je ne compte pas du tout aller en pôle,
08:38à part l'année des Jeux où on sera obligé d'être interne,
08:41mais ça n'empêchera pas que je pourrais revenir chez moi
08:44et m'entraîner dans mon club.
08:46Quel est ton style de boxe, Caroline ?
08:50Je suis une technicienne.
08:52Ça veut dire ?
08:54Je suis plus technique que frappeuse.
09:00Ça veut dire que tu aimes étudier tes adversaires,
09:02tu aimes t'adapter en fonction de l'évolution d'un combat.
09:06Ça veut dire ça, technicienne aussi ?
09:09C'est ça, j'arrive à m'adapter à mes adversaires,
09:11j'arrive à être agressive,
09:12j'arrive à réaliser des gestes techniques
09:16qui sont beaux et efficaces.
09:18Donc, moi, je me considère comme technicienne.
09:22Et j'imagine qu'avec tout ça, il faut évidemment la puissance
09:25et la condition physique.
09:27C'est pour ça que tu t'entraînes comme tu l'as fait ce matin.
09:29Est-ce que tu aimes te mettre dans le rouge ?
09:31Est-ce que t'aimes être dans le mâle à l'entraînement ?
09:34Est-ce que j'ai quoi ?
09:36Est-ce que tu aimes être dans le mâle, dans la difficulté,
09:38dans le rouge à l'entraînement ?
09:40Oui, c'est un peu ça, mon problème,
09:42parce qu'en fait, je suis une très grosse bosseuse
09:45et parfois, j'en fais un peu trop même,
09:48parce que je me dis que pour réussir,
09:51il faut tout le temps que je m'entraîne,
09:54tout le temps que je sois dans le dur,
09:55alors que c'est pas forcément tout le temps ça.
09:57Et c'est sur ça que je suis en train de travailler.
10:01Mais oui, j'aime bien me mettre dans le rouge.
10:04C'est bon, ça. Je comprends parfaitement.
10:05À 18 ans, en 2016, tu vas intégrer l'équipe de France olympique.
10:09Ça, ça veut dire quoi ? Ça résonne autrement ?
10:11C'est encore une étape supplémentaire ?
10:14En fait, ça s'est fait progressivement,
10:17parce que j'étais pendant quatre ans en équipe de France Esports.
10:21Et du coup, quand on est un peu dans l'équipe,
10:25on fait quand même le transfert avec l'équipe olympique.
10:27Et la première année, en fait, j'ai été convoquée qu'en stage.
10:30J'ai jamais fait de compétition,
10:32parce que j'étais pas la numéro une et qu'il y avait Delphine Mancini
10:36dans ma catégorie,
10:37contre qui j'ai perdu en demi-finale des France la première année.
10:42Et donc, en fait, à l'âge de 18 ans,
10:46j'ai pas fait de compétition majeure ou internationale.
10:50Ça crée quoi chez toi ? Une frustration ?
10:54En fait, je savais qu'il fallait que je sois meilleure
10:56et qu'il fallait vraiment que je progresse.
10:57Et je savais aussi, j'étais lucide sur le fait
10:59qu'entre les juniors et les seniors,
11:02il y avait vraiment un gap à passer.
11:06Et finalement, je suis contente
11:08qu'on m'ait pas mis dans la gueule du jeu.
11:11On arrive en 2019.
11:13Il faut rappeler que tu combats en moins de 54 kg,
11:17une catégorie qui n'est pas olympique.
11:18Pourquoi ça ?
11:20Parce qu'en fait, quand les femmes ont pu participer au jeu,
11:24il n'y avait que trois catégories représentées,
11:27alors que chez les hommes, il y avait toutes les catégories représentées.
11:29Et du coup, au fur et à mesure de chaque Olympiade,
11:32on enlève des catégories chez les hommes
11:34pour en rajouter chez les femmes, pour qu'il y ait une équité.
11:37Et du coup, pour 2020, pour Tokyo 2020,
11:41il n'y avait que cinq catégories et il n'y avait pas les 54.
11:46Voilà.
11:46Donc, tu l'as vécu comment, ça ?
11:49En fait, je n'étais pas contente,
11:53mais je savais que...
11:57En fait, c'est juste en 2019, en fin 2019,
12:00que j'ai su que je pouvais faire quelque chose pour Tokyo,
12:03mais c'était à la fois tard et en plus, j'étais blessée.
12:07Donc, je me suis dit, ce n'est pas le moment.
12:11Oui, parce que...
12:12Oui, c'est l'esprit.
12:13Non, mais je comprends et ça rejoint ce que tu disais tout à l'heure.
12:17On sent que tu es une intellectuelle,
12:19que ça réfléchit, que ça cogite.
12:21Tu as parlé de tacticienne, c'est ça aussi ?
12:24Oui, c'est ça.
12:25Après, en 2019, j'ai fait mes résultats
12:28et en fait, à la fin du championnat du monde,
12:33la Fédé m'a dit que tu sois en 57 ou en 51,
12:36on te suit pour le projet olympique.
12:38Et j'étais blessée, donc j'ai dû me faire opérer,
12:42je suis revenue et le tournoi mondial a été annulé
12:49et je voulais me présenter en 51 kg
12:51et puis même 51 kg, je ne me sentais pas bien.
12:53En fait, en 57, je n'étais pas bien
12:56et en 51, je n'étais pas bien non plus.
12:58Et en fait, c'est plus compliqué que ça.
13:01Je ne peux pas me dire,
13:03je vais descendre en 51 et je vais faire les Jeux.
13:05Il y a plusieurs mois de préparation,
13:07il y a le côté mental, il y a plein de choses à prendre en compte
13:10que je n'ai pas pris en compte.
13:13Je n'étais pas sur...
13:15Je n'avais pas trois ans pour préparer les Jeux.
13:18Explique-nous en quoi c'est compliqué de passer de 54 kg à 51
13:22et inversement de 54 à 57.
13:25Parce que ça paraît pas grand-chose,
13:273 kg en plus ou en moins,
13:29mais quand on est sportif de haut niveau,
13:31comme c'est ton cas, j'imagine que ça parle et c'est compliqué.
13:35Moi, je me sens bien dans ma catégorie en 54 kg
13:39et en revanche, quand j'ai dû monter de catégorie
13:41parce que j'étais blessée au niveau du pied,
13:45je me suis inscrite au Championnat de France en 57
13:47et je sentais la différence de frappe,
13:49je sentais que j'étais moins rapide sur mes coups
13:53parce que forcément, il y avait du poids en plus,
13:54j'avais 3 kg en plus.
13:56Attends, pardon, il faut que je t'interroge.
13:58Quand tu parles de 3 kg en plus, c'est 3 kg de quoi ?
14:01De muscles, de graisse ?
14:04Non, on n'a pas le temps de vraiment prendre 3 kg de muscles,
14:06donc on prend du gras, on prend des mauvaises choses forcément.
14:11Et surtout que j'étais blessée,
14:12donc je ne pouvais pas vraiment bien m'entraîner
14:16et je sentais que j'étais moins efficace
14:19et en revanche, quand j'ai fait les 51 kg,
14:22je me nourrissais beaucoup moins.
14:25À la fin, je ne pouvais plus boire, plus manger.
14:28Je sentais que j'étais vraiment désorientée.
14:31J'avais même pas neuf de tension,
14:34donc ce n'était pas possible d'être performante.
14:36C'est là où c'est hyper difficile.
14:38Alors qu'on parle de compétition sportive, de haut niveau,
14:41la boxe, c'est tellement dur, tellement physique.
14:44On imagine, si tu ne dois pas manger, pas boire pour être au poids,
14:46c'est juste ingérable.
14:49Oui, ce n'est pas de la performance,
14:51c'est juste qu'on s'entraîne pour faire du poids.
14:53Et à la base, on fait ce sport pour performer.
15:00Et si je ne peux pas m'alimenter correctement,
15:03on pète les plombs.
15:04Évidemment.
15:05Un, on pète les plombs et deux, on performe moins.
15:08C'est ça.
15:09En plus, le seul combat que j'ai fait en 51, j'ai perdu.
15:14Je savais que ce n'était pas parce que j'étais moins bonne,
15:18mais c'est que je n'étais pas bien.
15:20Ton titre de vice-championne du monde en 2019,
15:22ça a provoqué quoi en toi ?
15:26De la confiance en moi, forcément.
15:29Parce que j'ai enchaîné plusieurs titres en 2019
15:33et j'ai beaucoup boxé.
15:35J'ai fait au moins 25 combats dans l'année.
15:38Quand on boxe souvent, on se sent à l'aise,
15:40on arrive à faire beaucoup plus de choses.
15:42Et quand on gagne, on gagne, on gagne, on se sent beaucoup meilleur.
15:46Et forcément, l'estime de soi et la confiance en soi
15:49est beaucoup plus développée.
15:52J'allais sur le ring et j'étais sûre de gagner.
15:54Les Jeux de Tokyo qui ont été décalés à cause du Covid,
15:57finalement, tu ne vas pas y aller.
15:58Il y a eu la blessure, il y a eu le changement de catégorie.
16:01Tu l'as vécu comment, ça ?
16:07J'étais...
16:10J'étais déçue, mais je ne sais pas...
16:14Je ne suis pas...
16:15Je me suis dit que ce n'était pas grave, car en fait,
16:19je ne voulais pas aller aux Jeux pour aller aux Jeux.
16:21Je vais aller aux Jeux pour gagner.
16:22Et je sais que Paris, je serai vraiment prête
16:24et que je vais performer.
16:27Donc, je me rassurais comme ça.
16:29De toute façon, je n'avais pas le choix.
16:30Je me disais qu'il faut que je me soigne
16:32et je repartirai m'entraîner quand mon corps sera apte.
16:37À que 24 ans, le sommet,
16:41là où on est le plus performant théoriquement pour une boxeuse,
16:43c'est quoi ? C'est quel âge, grosso modo ?
16:45Ça dépend.
16:46Il y a des boxeuses qui arrivent à être performantes à l'âge de 30 ans,
16:50comme Sarah qui a fait les Jeux, elle avait plus de 30 ans.
16:54Et après, il y a beaucoup de jeunes boxeuses aussi
16:57de 20 ans à 25 ans qui arrivent énormément à performer.
17:01Sur la scène internationale, elles sont quand même jeunes.
17:06Et c'est vrai que c'est un peu plus rare
17:08de voir des boxeuses de 30 ans quand même.
17:10Mais en tout cas, ton objectif, c'est Paris.
17:14Et puis après, il y aura ceux derrière où tu auras 30 ans pour le coup.
17:19Il y a Los Angeles 2028.
17:20Je ne sais pas si je serai dessus.
17:23Je ne sais pas si je passerai pro.
17:24Je ne sais pas ce que la vie va me réserver.
17:27En tout cas, j'espère vraiment que je vais faire une médaille au Jeux
17:31qui, je sais, changera les choses.
17:33Alors, tu seras dans quelle catégorie à Paris ?
17:35En 54.
17:37La KT, elle est ouverte, oui.
17:39Ça, c'est cadeau pour toi, ça.
17:41Quand je dis cadeau, pas dans le mauvais sens du terme,
17:43mais je veux dire, enfin, tu vas pouvoir y arriver,
17:45être dans les bonnes conditions, en France, à la maison,
17:47ta catégorie, l'expérience.
17:50C'est ça. On a su il n'y a pas longtemps, les catégories,
17:53elles viennent juste de sortir.
17:54On a su aussi comment on pouvait se qualifier,
17:56enfin, les tournois de qualif pour Paris.
17:59Donc là, on est clair, je serai en 54 kilos
18:03et je serai au Jeux en 54.
18:05C'est quoi les étapes d'ici là ?
18:06Alors, il y a le championnat du monde,
18:08au mois de mai, à Istanbul.
18:11Là, il y a les championnats du monde à Istanbul,
18:13mais ils ne sont pas qualificatifs pour les Jeux.
18:16Ça sera à partir de l'année prochaine
18:17où les tournois vont commencer.
18:18Donc, il y aura le championnat du monde
18:20où il faudra arriver en finale.
18:21Après, il y aura un ranking mondial et un ranking européen.
18:26Et il y aura un championnat d'Europe
18:27où je ne sais pas jusqu'où il faut arriver.
18:30Et voilà, donc là, je vais en Turquie sans pression.
18:34Je sais que je sors de blessures.
18:37Je vais donner tout ce que j'ai.
18:39Mais en tout cas, ça ne sert à rien de me mettre la pression.
18:41J'y vais pour emmagasiner encore de l'expérience
18:44et voir les meilleurs adversaires.
18:46Et le plus gros, ça sera l'année prochaine.
18:50Tes blessures, c'est quoi ?
18:51Les blessures qui ont émaillé ta carrière jusque-là ?
18:54En fait, j'ai commencé mes blessures en 2020.
18:59J'ai eu une aponeuvrosie de plantère,
19:01où du coup, c'est au niveau du pied.
19:03Trop d'entraînement ?
19:05Ça, ça veut dire trop d'entraînement ?
19:07Oui, je pense que ça a été une surcharge d'entraînement.
19:09Toutes mes blessures, ça a été une surcharge d'entraînement.
19:12Et en fait, je vois à chaque fois passer les images avec Najib,
19:17mais je ne m'entraîne plus du tout avec Najib.
19:19Oui.
19:20Du coup, après, j'ai eu le TFCC au niveau du poignet
19:24qui a été roncu, donc le ligament.
19:26Et ça, ça a été vraiment un coup dur
19:29parce que j'ai dû mettre six mois à m'en remettre.
19:32Pendant six mois, je n'ai pas pu boxer.
19:34Et après, je suis revenue sur le championnat d'Europe
19:36du coup, l'année dernière, en 2021,
19:39où j'ai fait championne d'Europe.
19:40Donc, ça m'a redonné du pep, ça m'a redonné de la confiance.
19:43Et juste un mois après les championnats d'Europe,
19:47je me suis luxé l'épaule.
19:49Et là…
19:50Comment ?
19:51Luxation, c'est intervenu comment ?
19:53À l'entraînement.
19:54À l'entraînement, j'ai mis les gants.
19:57Enfin, on faisait un sparring avec une fille.
19:59En fait, on s'est accrochés, elle a poussé,
20:01mon épaule est sortie.
20:02Et en fait, elle est sortie, elle est rentrée de suite.
20:04Donc, je n'ai pas su que c'était une luxation.
20:06Et j'ai continué à m'entraîner pendant un mois et demi.
20:10Et les kinés me disaient,
20:12c'est juste une inflammation, c'est rien du tout.
20:14Jusqu'au jour où j'ai fait une IRM et ils ont vu que c'était luxé.
20:17Et du coup, j'ai opté pour me faire opérer
20:21parce que l'équipe de France ne voulait pas
20:22que je me fasse opérer
20:24parce qu'il y avait les championnats du monde en novembre.
20:27Ils voulaient que je me fasse opérer après.
20:29Et moi, j'ai su qu'il fallait que je me fasse opérer.
20:32C'est tellement important dans le sport de haut niveau.
20:35Alors, il y a l'hygiène, il y a l'entraînement,
20:37mais tout le staff médical autour de soi.
20:39Est-ce que ça, du coup, tu apprends de chaque blessure
20:43et tu y apportes un soin particulier ?
20:46Oui, maintenant, je fais très attention.
20:49Quand j'ai une petite douleur, je la prends en compte.
20:52En fait, j'écoute mon corps.
20:53Et quand j'ai besoin de repos, je me repose.
20:56Et je me dis que si je suis fatiguée et que je vais m'entraîner,
21:00je ne vais pas être performante
21:03et je ne vais pas donner tout ce que je peux donner.
21:05Donc, autant me reposer et je reviendrai demain.
21:08Après, il ne faut pas trop s'écouter non plus.
21:10Mais si ce n'est pas utile, vraiment utile,
21:12je ne vais pas m'entraîner.
21:14Et les soins kinés, les soins...
21:19Si j'ai une petite douleur, je vais faire une échographie
21:20pour voir si ce n'est rien de grave.
21:23Et c'est vrai qu'on apprend de ses erreurs.
21:25Et le fait de ne pas avoir fait tous les examens nécessaires,
21:29j'apprends.
21:31Caroline, est-ce que je peux dire
21:33qu'une Caroline Cruveillet à 100 % sans blessures,
21:37elle est potentiellement championne olympique ?
21:42Moi, je pense que si dans ma tête, ça va, je suis impatable.
21:46Et pourquoi ça n'irait pas dans ta tête ?
21:49Il y a eu beaucoup de choses.
21:50Il y a eu les blessures qui ont fait que j'ai douté.
21:53Encore aujourd'hui, j'ai un peu de manque de confiance en moi
21:57parce que j'ai été au repos pendant longtemps.
21:59Donc forcément, les autres filles, elles ont continué à évoluer.
22:02Mais là, je sors de tournoi en Finlande
22:04et je me suis rendu compte que tout allait bien,
22:07que je continuais à progresser,
22:08que je me sentais toujours à l'aise sur le ring
22:10et que j'ai retrouvé les bonnes sensations.
22:13Donc là, on est sur la phase terminale de la préparation
22:17et je suis confiante.
22:18Et je sais que je vais faire quelque chose de bien.
22:21C'est quoi les bonnes sensations ?
22:23Dans quoi ? Au niveau des points, au niveau de son corps en général,
22:26au niveau des jambes, au niveau de l'impact, c'est quoi ?
22:29Au niveau des déplacements, au niveau de la vitesse d'exécution,
22:33de la force de frappe,
22:35de voir ce qui arrive chez l'adversaire pour pouvoir la contrer.
22:40Ça, c'est un ensemble d'états, de formes, de bien-être
22:44et de pouvoir s'exprimer comme on le souhaite.
22:47Caroline, il y a une adversaire, une ou plusieurs d'ailleurs,
22:49dont tu te dis, c'est elle qui sera sur mon chemin.
22:55Sur le championnat du monde,
22:58au plus haut niveau, toutes les filles sont dures.
23:02Et ce qui fait la différence, c'est les petits détails.
23:05Le week-end dernier, j'ai perdu contre la Bulgare,
23:08qui est l'une des meilleures Makate.
23:10Et je me suis rendue compte qu'il n'y avait pas énormément de différence
23:16parce que j'ai perdu des décisions partagées, mais très serrées.
23:22Et je sais que je suis aussi l'une des meilleures.
23:26Et voilà.
23:28Et t'as manqué quoi, ce jour-là ?
23:31Je suis trop rentrée dans son rythme et je ne me suis pas imposée.
23:34Assez imposée.
23:35C'est aussi parce que tu revenais de blessure ?
23:39Peut-être. Il me manque un peu de rythme de J-box.
23:42Là, je n'ai fait que trois combats sur une préparation
23:44de la championnate du monde, donc c'est très peu.
23:47Et c'est vrai que le rythme des compétitions,
23:50je n'en ai plus trop l'habitude.
23:52Et je sais qu'il faut que je sois vraiment bien
23:55pour la championnat du monde, mais ça va venir au fur et à mesure.
23:58J'aimerais qu'on parle d'un aspect qu'on n'a pas encore évoqué,
24:00mais qui est fondamental dans le sport de haut niveau, c'est le mental.
24:04Jusqu'où c'est une force en toi, le mental ?
24:07Et après, tu m'expliqueras. Vas-y, explique-moi.
24:10Jusqu'où c'est une force ?
24:11Oui. Pour toi.
24:14C'est très important parce qu'on se voit préparé, oui ou non,
24:20mais si on monte sur le ring en se disant
24:22« je vais perdre, je vais être la numéro deux »,
24:24ça ne marchera pas.
24:25Bien sûr. Ma question, c'était est-ce que c'est une force ?
24:28Est-ce que toi, tu penses que mentalement,
24:30tu es plus forte que les autres ?
24:34Non, pas forcément.
24:35Et c'est sur ça qu'il faut que je travaille.
24:37Ah.
24:38Je pense que c'est surprenant.
24:39Et je pense que c'est à cause de mon parcours.
24:42Enfin, c'est grâce ou à cause de mon parcours,
24:45mais je sais que c'est un point essentiel à travailler
24:48et je travaille dessus avec un prépa mental.
24:51Ça veut dire quoi ?
24:52Ça veut dire que pendant un combat, tu peux mentalement lâcher ou…
24:57Explique-moi.
24:57Non, ce n'est pas ça.
24:58C'est tout ce qui se passe en amont, la phase de préparation,
25:03la confiance en soi, c'est quelque chose à travailler, oui.
25:08Tu es suivie aussi par…
25:09Il y a beaucoup de sportifs maintenant qui sont suivis par des psys.
25:12Est-ce que toi, tu es suivie là-dessus ?
25:13Est-ce que tu es accompagnée ?
25:15J'ai commencé la prépa mentale.
25:17La fédération m'a mis en contact avec un préparateur mental,
25:22mais je travaille aussi avec une autre.
25:24Donc là, je vais voir comment ça va se passer
25:27et je compte bien vraiment travailler dessus.
25:30Parce que c'est vraiment essentiel.
25:32Explique-moi.
25:33Alors maintenant, un truc spécifique, c'est pendant un combat.
25:35Parce que moi, je regarde la boxe,
25:37mais je n'ai jamais boxé comme des millions de Français
25:40qui se passionnent pour cette discipline qui est juste exceptionnelle,
25:42mais on n'est évidemment jamais monté sur un ring.
25:44Explique-moi comment ça se passe mentalement, un combat de boxe.
25:51Ça commence quand ?
25:53Ça commence avant de monter sur le ring ?
25:55Explique-nous.
25:57Après, en amateur et en professionnel,
25:59ce n'est pas vraiment la même chose.
26:00Parce que nous, en amateur, on se connaît déjà beaucoup.
26:04On se croit souvent dans les stages, dans les compétitions.
26:07Donc, par exemple, pour les professionnels,
26:10on peut dire que ça se passe dès la pesée.
26:13Quand il y a le face-à-face, au niveau du regard,
26:17au niveau de la posture et tout, c'est là que ça commence.
26:20Mais en amateur, on se pèse tous ensemble,
26:23ça va trop vite en fait.
26:25On boxe tous les jours et on rencontre tellement de personnes
26:28que c'est vraiment banal.
26:32Pendant le combat.
26:34Alors pendant le combat, parce qu'il y a un moment,
26:36il n'y a plus que toi et elle.
26:38Oui.
26:41Moi, je trouve que le jeu de regard,
26:43le truc comme ça avant le combat, ça ne veut rien dire.
26:47Et c'est juste quand on commence le combat,
26:50celui qui prend l'ascendant dès le premier,
26:52qui arrive à toucher les premières fois,
26:57c'est là où on voit que…
27:00En fait, on le sent de suite.
27:02Dès les premiers échanges,
27:04on sent si c'est serré, ça va être serré,
27:07si je vais être meilleure, si ça va être compliqué.
27:11Et on le sent vraiment.
27:12Parle-moi de plaisir.
27:14Où est-ce qu'on prend du plaisir dans la boxe sur un combat ?
27:18Quand on arrive à toucher sans se faire toucher.
27:22L'esquive aussi ?
27:24Oui, quand on arrive à esquiver les coups de l'adversaire, c'est vrai.
27:28Mais surtout, si on esquive, qu'on ne remise pas derrière,
27:32ça ne sert pas à grand-chose.
27:33Il faut qu'on soit performant, qu'on touche le plus possible.
27:38Et c'est vrai que quand on arrive à toucher
27:41et sortir de l'axe derrière sans se faire toucher,
27:44c'est excitant.
27:46Oui, parce qu'évidemment, ça paraît simple vu de son canapé,
27:49mais quand tu vas porter un coup,
27:52si tu en prends un derrière, ça ne sert à rien,
27:54voire même, il fait encore plus mal.
27:56Oui, c'est vrai.
27:58C'est la vision du point qui va arriver juste sur nous,
28:02quand on arrive à esquiver.
28:06Pour nous, c'est naturel.
28:07Mais on se dit, par exemple, une personne lambda,
28:09elle va dire, comment elle fait le coup ?
28:12Elle passe juste là, elle esquive comme ça.
28:14Mais on fait ça tous les jours, tous les jours.
28:16On le répète des centaines de milliers de fois.
28:19Donc pour nous, c'est naturel.
28:22Caroline, j'ai bien compris.
28:23Il y a les mondiaux en Turquie au mois de mai,
28:24mais c'est une étape.
28:25Ce n'est pas qualificatif pour les Jeux de Paris 2024,
28:28mais c'est une étape où il va falloir que tu marques malgré tout.
28:31C'est ça, il faut que je marque les esprits,
28:32il faut que je marque les juges,
28:33parce que c'est vrai que les juges nous connaissent aussi,
28:36c'est souvent les mêmes.
28:37Donc il faut que je marque les esprits des adversaires aussi.
28:41Et forcément, en 2019, j'ai fait médaille d'argent,
28:45donc je suis attendue.
28:47Et forcément, il faut que je fasse un résultat.
28:51Être attendue, c'est bon ou ça met la pression ?
28:54Non, c'est bon.
28:55Je comprends.
28:56Et puis après, l'énorme objectif, évidemment, c'est Paris 2024.
29:00Explique-moi en quoi, et jusqu'où, c'est une obsession, peut-être pas,
29:05mais jusqu'où tu y penses tous les jours, toutes les semaines,
29:08tous les entraînements ?
29:09Est-ce que ton coach t'en parle ? J'en sais rien.
29:12Aujourd'hui, j'ai la chance de pouvoir vivre de mon sport
29:16grâce à la FDJ.
29:19Et depuis 2019, aujourd'hui, je me lève boxe,
29:23je déjeune boxe, je m'entraîne boxe,
29:26pour les Jeux, vraiment, je fais tout par rapport à ça.
29:29Et donc, je vis pour ça.
29:34Donc, Paris 2024, dans ton esprit, c'est…
29:36Dans mon esprit, c'est…
29:38Enfin, je sais ce que…
29:39Forcément, comme tout athlète,
29:42quand on a l'objectif de faire les Jeux olympiques,
29:45on vit pour ça.
29:46On ne sort pas le soir, on fait beaucoup de concessions,
29:51mais pour moi, ce n'est pas une concession,
29:54parce que je le fais naturellement, en fait.
29:56Oui.
29:57C'est un ton de job, ta passion et ta vie.
29:59C'est ça.
30:00FDJ, c'est combien ?
30:02Ça t'aide comment, financièrement ?
30:04J'arrive à vivre confortablement.
30:08Encore, je vis chez ma mère,
30:10donc jusqu'en 2024, je vais être chez ma mère.
30:15Et à côté, la FDJ m'aide à pouvoir me déplacer plus facilement,
30:20si je veux aller faire un stage à l'étranger,
30:22si je veux investir à côté.
30:24C'est important de pouvoir penser à l'après-carrière, surtout,
30:27et pouvoir faire les choses correctement,
30:30pas comme des athlètes qui ont pu jeter leur argent
30:37en se faisant plaisir.
30:38Moi, j'essaye de me construire quelque chose de stable.
30:41On a bien compris qu'il y en avait là-dedans.
30:44Que ça réfléchit, que ça cogite.
30:45Merci, Caroline, d'avoir été avec nous.
30:47Bonne chance pour ces championnats du monde.
30:49Et puis tu reviendras avec la médaille,
30:50et puis on reparlera de Paris, évidemment.
30:54OK. Merci beaucoup.
30:55On t'embrasse. Salut, Caroline. Merci à toi.
30:56Encore une femme très inspirante qui vient nous rejoindre.
30:58On va être beaucoup plus...
31:00Alors, non pas que là, on n'était pas zen,
31:01mais là, on va vraiment être zen, et on va même parler yoga.
31:11Et Tatiana Orla qui est avec nous.
31:13Bonjour, Tatiana.
31:14Bonjour.
31:15Tu es la fondatrice d'une société qui s'appelle Zen & Boost.
31:19Zen & Boost, tout à fait.
31:21Donc zen, je comprends. Boost, ça veut dire ?
31:23C'est pour le côté dynamique, pour toutes les activités,
31:26comme le renforcement musculaire, le pilates,
31:28Head Boost.
31:29Donc la société Zen & Boost, elle fait quoi ?
31:32Elle fait...
31:33Si tu devais la présenter en une phrase ?
31:34En une phrase, c'est l'alliance des activités ressourçantes
31:37et dynamiques.
31:39Donc ça, c'est toi qui l'as créée, cette boîte ?
31:40C'était il y a combien de temps ?
31:41Tout à fait.
31:42Il y a cinq ans, maintenant.
31:44Et aujourd'hui, tu t'adresses à quoi ?
31:45Des particuliers, des entreprises, des...
31:47Particuliers, entreprises, sociétés,
31:50enfin, tout ce qui peut être sur ma route.
31:55Je prends.
31:56Je prends, tout à fait.
31:57Donc ça veut dire que demain, tu peux venir ici et nous dire,
31:59tenez, vous êtes 30, je vous donne un cours de yoga,
32:01ou individuellement, je peux même faire du massage.
32:04Tout à fait.
32:05Alors, on va essayer de reprendre un peu ton parcours.
32:08Toi, quand t'étais plus jeune, même si tu n'as que 33 ans,
32:10t'étais danseuse.
32:12Tu voulais en faire ton métier ?
32:13Oui.
32:14Donc ça veut dire que...
32:15D'abord, c'était quel type de danse ?
32:17La danse jazz, moderne.
32:21La danse, c'était la possibilité de créer, d'exprimer.
32:25De porter des costumes.
32:27Ouais, d'être actrice, d'être dans le mouvement.
32:31T'as commencé à quel âge ?
32:33J'ai commencé... Je dansais à 4 ans.
32:36Partout où on m'emmenait, où il y avait de la musique,
32:38je dansais.
32:39Et c'est devenu très sérieux à partir de quel âge ?
32:41Et c'est devenu sérieux...
32:43Je pense que ça l'a toujours été, au fond de moi.
32:45Ah oui ?
32:46Ouais, ouais. Je me disais, je veux être danseuse.
32:49En tout cas, c'était quelque chose qui me faisait vibrer
32:51et qui me faisait du bien.
32:52Et au top du top de ta carrière de danseuse,
32:56c'était à quel âge ?
32:57Et c'était combien d'entraînements par semaine ?
32:58C'était des compétitions ? C'était quoi ?
33:00C'était à l'âge de 20 ans.
33:01Et on parle pas de compétitions en danse.
33:04C'était des spectacles, spectacles en cabaret,
33:08pour des compagnies, voilà.
33:11Et tout d'un coup, ça s'est arrêté. Pourquoi ?
33:13Et j'ai pas souhaité continuer
33:14parce que pour être danseuse, il faut être très talentueuse.
33:18Il y a peu de place.
33:19Pour gagner sa vie, il faut être excellente.
33:22Et puis, c'est surtout un domaine où il y a beaucoup de compétitions
33:25et on va chercher constamment la performance.
33:28Et c'est quelque chose dont je ne voulais plus.
33:30Plus ? Parce que ?
33:32Parce que je voulais aller vers plus d'écoute.
33:36Plus de bien-être, simplement.
33:39D'où la création de Zen & Boost.
33:41Ça a été créé quand, tu m'as dit ?
33:43Il y a cinq, six ans.
33:44Entre-temps, t'as donné des cours, t'as...
33:47Entre-temps, je suis partie...
33:49Donc, comment j'ai découvert le yoga ?
33:51Je suis partie à Liverpool, donc en Angleterre.
33:53Et j'ai...
33:55Faire quoi ?
33:56Être fille au père.
33:57Donc, tu te cherches un peu, tu sais que tu seras dans le corps,
33:59mais comment, tu ne sais pas encore.
34:01Tu vas à Liverpool.
34:02Je vais à Liverpool, je rencontre le yoga,
34:04un peu par hasard, même si le hasard,
34:06j'y crois pas, si quelque chose est sur notre chemin,
34:08c'est que c'est pour nous.
34:10Voilà, exactement.
34:11Et puis, en fait, c'est une discipline à laquelle j'accroche
34:15parce que, justement, il y a plus ce côté performance
34:18et il y a une véritable conscience de l'instant présent
34:22qui me fait oublier un petit peu le monde des paillettes
34:25et de la représentation.
34:27Donc, ça, c'était il y a six ans.
34:28Donc, aujourd'hui, du yoga, tout le monde en parle.
34:30Mais il y a six ans, c'était pas encore le cas.
34:32C'était il y a onze ans que j'ai découvert le yoga.
34:34Onze ans.
34:35J'ai passé le diplôme pour l'enseigner plus tard,
34:37mais vraiment, ça fait onze ans, exactement.
34:40Donc, quand t'es à Liverpool, tu te dis quoi ?
34:42Waouh, il se passe un truc, là ?
34:43Je me dis... Je me dis oui.
34:44Je me dis, c'est intéressant.
34:46Il y a...
34:48Il y a vraiment quelque chose de plus grand, en fait.
34:52D'indescriptible.
34:53Oui, oui, je comprends.
34:55Et je me dis, ouais, ça, je vais le garder avec moi.
34:59Parce qu'il y a deux choses différentes.
35:01Il y a aimer le yoga et comprendre ce que ça te fait,
35:04au niveau de la tête, au niveau du corps.
35:06Mais après, il y a l'enseigner. Et ça, c'est autre chose.
35:08Exactement.
35:10Donc, là, ça se passera comment, derrière ?
35:11Derrière, en fait, je me dis, bon, le yoga...
35:15Il n'y a pas de diplôme reconnu en France.
35:16Donc, je me dis, je vais passer quand même un diplôme.
35:19Et du coup, je vais passer un diplôme qui est dans le fitness,
35:22de ce métier de la forme.
35:23Donc, c'est un diplôme qui me permet ensuite
35:26d'être coach sportif, d'être professeure de fitness,
35:28de renouer avec le sport.
35:31Oui.
35:32Puisqu'étant petite, j'ai quand même baigné
35:33dans une famille de sportifs,
35:35avec un père qui est entraîneur d'athlétisme.
35:37Voilà, on allait courir tous les week-ends,
35:39marcher tous les week-ends.
35:40Donc, j'étais quand même sportive.
35:43Plus danseuse, mais j'étais sportive
35:45parce que c'était dans mon environnement.
35:47Donc, voilà.
35:48Donc, je passe ce diplôme,
35:49mais le yoga reste dans ma pratique personnelle
35:52et je me dis que je vais l'enseigner tôt ou tard.
35:54Mais je voulais avoir une certification reconnue.
35:57Donc, tu deviens coach sportif,
35:58mais il y a un moment, il faut partir à l'étranger, du coup.
36:00Tout à fait.
36:01Et là, tu pars où ?
36:02Je pars en Inde.
36:04Génial.
36:05Pas sur un coup de tête.
36:06Tout ça, c'est très anticipé.
36:11Je suis assez spontanée, quand même.
36:13Quand je réfléchis pas...
36:16Je réfléchis, on va dire que je...
36:18Je fais pas des choses sans réfléchir à l'après,
36:22mais il y a un côté de spontanéité qui m'y emmène
36:25et où je me dis pas...
36:26Je réfléchis pas ensuite à ce qui va se passer là-bas.
36:29Donc, là, tu pars en Inde avec qui ?
36:30Toute seule ?
36:32Combien de temps ?
36:33Je pars une première fois un mois
36:34et puis je repars quelques mois plus tard, à nouveau.
36:36Et il se passe quoi pendant ce mois-là ?
36:39Tu sais où tu vas ?
36:40Tu y vas parce que tu vas chercher quelque chose.
36:42Tout à fait.
36:43Tu vas chercher une formation, des rencontres ?
36:45Je pars dans un ashram,
36:46donc c'est un endroit qui est dédié à la pratique de yoga.
36:50Oui.
36:51Et...
36:55Et en fait, il va se passer que je découvre
36:56qu'il n'y a pas que le corps à travailler
36:59et que je découvre la dimension spirituelle.
37:01Exactement.
37:02Et je me découvre moi, en fait.
37:05Je me découvre moi.
37:06Mais quand tu es là-bas, tu es élève ou tu es...
37:10Élève.
37:11Oui.
37:12Mais tu y vas pour emmagasiner.
37:14Oui, et j'apprends à devenir professeure.
37:16Ce mois-là, il passe à quelle vitesse ?
37:18Il passe très vite.
37:19Puis aussi, la côté de la formation, c'est beaucoup de rencontres.
37:22Et en fait, moi, j'aime aller aussi dans...
37:24Parce que j'ai beaucoup voyagé pour me former,
37:27pour prendre des cours, pour m'enrichir.
37:29Et j'aime bien ce côté immersion.
37:31Le fait d'aller dans un endroit...
37:34Dédié à ça.
37:36Dédié à ça. On s'imprègne ou pas, d'ailleurs.
37:38Parce que même en se baladant ensuite sur nos temps libres dans la ville,
37:43ça nous apporte quelque chose.
37:44Et on ne peut pas s'imprégner d'une énergie comme ça
37:46quand on est en France.
37:47Donc ce mois-là passe très vite, tu reviens en France,
37:50et quand tu reviens dans l'avion, tu te dis quoi ?
37:51Ouh là, il va falloir que je revienne.
37:53Je me dis...
37:54Je me dis...
37:55C'était chouette, je vais continuer à le garder pour moi
37:58et je ne voulais pas encore l'enseigner.
38:00C'était un vrai chemin.
38:01Mais c'était trop tôt.
38:02Mais mes clients ont commencé à me demander d'enseigner.
38:05Donc petit à petit, je l'ai enseigné parce qu'on me demandait.
38:09On me disait, c'est bien maintenant, tu peux enseigner le yoga.
38:12En plus du renforcement musculaire, des cours de fitness que tu donnes,
38:15on aimerait bien tester avec toi le yoga.
38:17Donc je dis oui.
38:19Et là, les premiers cours, ça se passe comment ?
38:21Très bien. Très bien.
38:23Tu repars quand après en Inde ?
38:24Je repars trois mois après.
38:25Donc ça va très vite.
38:27Ça va très vite.
38:28Si je comprends bien, tu vas en Inde parce que ça t'interpelle,
38:31tu vas là-bas, c'est le choc.
38:33Le choc positif.
38:34Tu reviens en disant, je sais que je reviendrai,
38:37mais bon, tu commences à tester, tu donnes des cours,
38:39c'est le pied total, tes clients sont super contents.
38:42Tu dis, il faut vite que je m'améliore,
38:43que je me perfectionne, c'est ça ?
38:45Non. Il n'y avait pas cette idée de perfectionnement.
38:48Il y avait plus la curiosité d'en connaître, d'aller plus loin.
38:53Et puis il y avait une rencontre que j'avais faite la première fois.
38:58Et cette nana me dit, je repars, est-ce que tu veux venir avec moi ?
39:02Et je lui dis, OK.
39:03Une Française ?
39:04Une Française.
39:06Je me dis, bon, là, on allait à Rishikesh,
39:08qui est près de l'Himalaya, au bord du Gange,
39:11donc il y avait encore une grosse dimension spirituelle.
39:13Et je me dis, OK, je vais aller approfondir avec cette fille.
39:18Au moins, je connais quelqu'un, parce que c'est quand même l'Inde.
39:21Oui, bien sûr.
39:23Ce n'est pas non plus le voyage où on y va les yeux fermés.
39:25Et oui, j'y retourne et ça me parle encore plus.
39:30Et là, vous partez combien de temps ?
39:31Un mois à nouveau.
39:32Il se passe quoi pendant ce temps-là ?
39:33C'est déjà beaucoup quand on a des clients privés de partir un mois.
39:36Oui, bien sûr.
39:37Et il se passe qu'en fait, ça a été comme une thérapie.
39:39Ça a été une vraie rencontre avec moi-même
39:41et encore plus profonde que la première fois.
39:43J'ai continué à...
39:45Il y a la dimension, en fait, le yoga,
39:47on le connaît beaucoup avec les asanas, les postures.
39:50On pense qu'il faut être souple pour faire du yoga.
39:52Mais à côté, c'est une vraie conscience de soi
39:57et la possibilité de se concentrer sur soi
40:02sans avoir des stimuli externes.
40:04On est constamment sollicité aujourd'hui par l'extérieur.
40:07Là, c'est revenir à soi.
40:09Oui.
40:10Est-ce que tu penses que tu es une autre femme depuis ?
40:12Oui, je continue à évoluer et à me former.
40:18Et je pense que dans mon métier,
40:19il faut constamment aller dans de nouveaux endroits,
40:24faire des recherches pour évoluer avec la société
40:30et tout ce qu'on peut avoir dans nos quotidiens.
40:34Ton deuxième voyage, c'était quand ? En quelle année ?
40:36Ensuite, je suis partie en Thaïlande.
40:39Et la Thaïlande, après ?
40:41La Thaïlande, c'était assez drôle.
40:44C'est partie d'une blessure que j'avais.
40:47Et donc, j'ai dû arrêter un petit peu mes activités sportives
40:51et me mettre en retrait avec moins de mouvement
40:54et plus de possibilité de bouger, comme je voulais, en tout cas.
40:57Et puis, j'allais me faire masser dans une petite boutique à Paris.
41:01Et j'appréciais vraiment le massage thaïlandais,
41:04qui est un massage où on mélange la cupression,
41:07les pressions, les étirements passifs.
41:09Donc, c'est un massage où il y a beaucoup de mouvement.
41:12Mais doux.
41:13Pardon ?
41:14Doux, malgré tout.
41:15Doux, mais c'est un massage récupérateur.
41:21D'accord. Régénérant.
41:22Je ne sais pas si doux, c'est le mot approprié.
41:24Oui, j'ai compris.
41:25Et donc, voilà, j'aimais beaucoup et ça m'a fait beaucoup de bien.
41:28Et puis, à la fin de mes cours de yoga,
41:31je faisais des petits massages très légers,
41:33des massages crâniens à mes élèves,
41:35et ils me disaient que j'avais une bonne main.
41:36Bon, je me dis, OK, allez, c'est parti, je vais partir en Thaïlande.
41:40C'est des massages qui me font du bien.
41:42Et en fait, je pense qu'on est cyclique dans notre vie.
41:46Il y a un moment donné où on ne pourra pas faire comme...
41:49être aussi performant, être autant dans le mouvement.
41:51Et qu'est-ce que je fais à ce moment-là ?
41:53Est-ce que le massage peut m'apporter quelque chose ?
41:55La méditation ? Voilà.
41:57C'est comment trouver le bien-être, en fait.
42:00Tu pars combien de temps en Thaïlande ?
42:01Deux mois. Un peu plus longtemps.
42:03Donc, deux mois avec l'objectif de revenir et de savoir masser,
42:07de savoir pratiquer ça.
42:08Pareil, c'était personnel au départ.
42:10Et je pense qu'en fait, si c'est devenu ensuite quelque chose
42:14où, voilà, maintenant, je l'explore vraiment,
42:16je donne plusieurs massages par semaine,
42:19c'est parce que ça m'a fait du bien à moi
42:21que maintenant, j'ai envie de le partager.
42:23Oui.
42:24Oui, t'as envie que les gens que tu masses
42:27ressentent ce que tu as ressenti.
42:28Exactement.
42:30C'est...
42:31Donc, au terme de ces deux mois, tu reviens.
42:33Là, on est en quelle année ?
42:34C'était il y a trois ans, ça.
42:36OK, donc là, on se rapproche de maintenant.
42:38On se rapproche de maintenant.
42:39Mais on comprend. Il est vachement intéressant, ton parcours.
42:41En fait, ce que je comprends, c'est que t'avais besoin de...
42:46Entre guillemets, c'est pas négatif,
42:48mais de résoudre des problèmes avec toi,
42:49ou de te comprendre, ou de t'admettre,
42:51ou de t'accepter, ou je sais pas.
42:52Tout à fait.
42:53Et après, t'as eu besoin de transmettre.
42:54Hum-hum.
42:55Et maintenant, cette part de transmission,
42:59elle a commencé quand ?
43:00Après...
43:01Ou à chaque fois, je transmettais déjà,
43:03mais de plus en plus.
43:04La transmission, j'ai commencé à enseigner il y a dix ans,
43:07et on va dire qu'ensuite, ma palette d'évolution,
43:10elle est en...
43:11Tu t'enrichis au fur et à mesure.
43:12Elle évolue tout le temps, en fait, ouais.
43:13J'ai pas envie de me cadrer à quelque chose de particulier,
43:17parce que pour moi, la vie, c'est un équilibre.
43:19La vie, elle a ses cycles.
43:21Et tout le monde a besoin, à un moment donné,
43:25de se booster, ou au contraire, d'être plus tranquille, quoi.
43:28Et Zaland Boost, tu l'as créé quand, tu m'as dit ?
43:30Et Zaland Boost, c'était il y a cinq, six ans,
43:31je m'en rappelle plus.
43:32Donc, quand tu reviens de Thaïlande,
43:34enfin, quand tu es en Thaïlande, t'as déjà créé ta boîte.
43:35Ouais, ouais, ouais.
43:37Sauf que maintenant, t'as une corde supplémentaire à ton arc.
43:40Ouais, ouais.
43:41Et client te le demande, ça aussi ?
43:43Le massage ?
43:44Beaucoup, ouais.
43:45Ouais.
43:46C'est-à-dire que c'est quelque chose de...
43:50Le massage, il est post-séance de yoga, ou c'est autre chose ?
43:53Pas forcément.
43:55Pas forcément, ça peut être quelqu'un qui a une vie très chargée,
44:00ou alors même quelqu'un qui est sédentaire,
44:02mais qui peut pas bouger, encore une fois.
44:04Est-ce que le massage Thaï va pas lui amener la possibilité de bouger,
44:08mais autrement ?
44:10Maintenant, je voudrais m'adresser...
44:12J'ai parlé à la femme que tu es,
44:13maintenant, je voudrais m'adresser à l'entrepreneur
44:15ou l'entrepreneuse que tu es.
44:16Explique-moi en quoi c'est difficile,
44:21en quoi...
44:22Alors, t'as passé aussi des diplômes, on l'a évoqué,
44:24mais un DUST sur deux ans,
44:26diplôme d'études universitaires scientifiques et techniques,
44:28métier de la forme.
44:30Ça, ça t'a permis à la fois de travailler l'aspect coach sportif,
44:33mais aussi la dimension entrepreneuriale.
44:35Tout à fait.
44:36C'est un truc qui est difficile, ça ?
44:38Être entrepreneur, c'est...
44:40C'est un...
44:43C'est quelque chose qui demande d'être passionné, en fait.
44:45Si on n'est pas passionné par ce qu'on fait,
44:47c'est impossible pour moi de...
44:49C'est parce que tu aimes les disciplines sportives,
44:51le corps, le bien-être, la psychologie,
44:53que derrière, l'entrepreneur arrive et que ça booste.
44:58Exactement.
44:59Sans jeu de mots.
45:00Bien joué.
45:01Oui, oui. Parce que...
45:05Ouais, si t'es pas passionné,
45:06comment tu peux faire perdurer ton activité dans le temps ?
45:10Impossible.
45:11La difficulté, c'est évidemment d'avoir des clients,
45:13de plus en plus.
45:14Comment ça se passe ?
45:16Comment ils te découvrent ou comment tu vas les chercher ?
45:18Donc, le bouche à oreille, c'est ce qui marche le mieux.
45:21Ensuite, il y a les réseaux sociaux,
45:23le site Internet,
45:24et puis...
45:26Ouais, les rencontres que je fais.
45:29T'as quitté Paris-Port-en-Léon pour quoi ?
45:31Pour avoir un cadre de vie plus agréable.
45:34Cohérent avec ce que tu...
45:36Entre guillemets, ce que tu vends, quoi.
45:38Et donc, tes clients sont où ?
45:40Alors, je fais encore du cours aussi en...
45:44en visio.
45:45Donc, je peux avoir des clients...
45:46Mais ça, ça va rester.
45:47Voilà. Depuis...
45:48En fait...
45:49Très bien, parce que demain, tu peux même aller vivre en Thaïlande.
45:52Carrément.
45:53Ouais, j'ai commencé le visio, du coup, avec la pandémie,
45:56et c'est à ce moment-là où je suis partie de Paris.
45:57Et en fait, mes clients de Paris m'ont recontactée en me disant
46:00bon, bah du coup, on va faire du visio,
46:02parce que de toute façon, on peut pas aller en salle.
46:03Donc, voilà.
46:04Comme beaucoup de coachs, je l'ai développé à ce moment-là.
46:07Et puis ensuite, je fais des ateliers,
46:10je fais des workshops, des formations.
46:12Donc, c'est en France.
46:13Je vais donner aussi une formation au Portugal en septembre
46:16pour les futurs professeurs de yoga.
46:18Donc, j'ai un rôle de formatrice aussi.
46:20Ça veut dire qu'aujourd'hui,
46:22t'es devenue une référence en matière de yoga ?
46:25Oui.
46:26Oui. Si on va te chercher au Portugal, c'est que ça parle.
46:30Oui.
46:31Mais ta spécialité, c'est quoi ?
46:32Ma spécialité, c'est trouver l'équilibre.
46:35Trouver l'équilibre dans sa vie.
46:36Et ça peut passer par le yoga...
46:39Le yoga, le pilates, le massage,
46:40aller faire un footing,
46:42échanger et...
46:46Par du développement personnel, en fait.
46:49Ça me parle tellement, ça, Tatiana.
46:50Ce que je comprends et ce que tu dis,
46:52et moi, je le vis, mais des millions de Françaises et de Français le vivent,
46:55c'est que chacun a ses domaines de prédilection,
46:57chacun a ses besoins.
46:59Et sachant que mes besoins d'aujourd'hui
47:01ne sont pas ceux d'hier et peut-être pas ceux de demain.
47:03Complètement.
47:04Donc, toi, ce que tu voulais, c'est...
47:05OK, j'étudie et en fonction, on va faire ça ou ça, c'est ça ?
47:08Exactement.
47:10C'est important d'être à l'écoute de soi
47:12et de se voir évoluer et d'accepter aussi
47:16qu'à un moment donné, je peux plus faire ce que je faisais il y a dix ans.
47:19Ou...
47:20Évite de me regarder quand tu fais ça, s'il te plaît.
47:22Ou que je suis blessée et que je peux pas y aller, quoi.
47:25Donc...
47:26En plus, j'ai l'impression qu'on a basculé dans un monde,
47:28que le Covid a été un accélérateur là-dessus.
47:30On a basculé dans un monde où, enfin, on prend soin de soi.
47:36Ouais, c'est vrai que...
47:38Il y a une vraie conscience de...
47:40J'ai envie de prendre soin de moi et de m'écouter.
47:43Cette conscience, elle arrive de plus en plus.
47:46En plus, j'ai l'impression qu'on se tolère
47:47et qu'on s'accepte avec ses défauts, ses faiblesses.
47:51On n'en parle plus facilement.
47:52Peut-être, oui.
47:54Est-ce que, toi, c'est quelque chose que tu ressens
47:55avec tes clients, tes clients ?
47:57En tout cas, je les aide à aller vers...
47:58Parce qu'il faut qu'ils s'ouvrent.
48:00Ouais.
48:01Je les aide à aller vers l'acceptation de leur être
48:04dans l'intégralité, quoi, avec les pardons,
48:07les parts de lumière.
48:10Parce que c'est ça, la vie, c'est pas tout rose.
48:13Et voilà. Donc...
48:14Tu les appelles des clients, des patients, des quoi ?
48:18Des amis, j'ai envie de dire, aussi.
48:21C'est difficile de mettre un mot,
48:23parce que le client, il devient...
48:24Si on a une vraie relation, il n'est pas juste un client.
48:27Hum.
48:29Oui, et puis, je pense que...
48:31Pour que la personne se comprenne,
48:33elle est obligée de s'ouvrir, t'es obligée de l'entendre.
48:36C'est un dialogue.
48:37Et puis, toi, tu vas adapter en fonction de qui est cette personne.
48:39Exactement.
48:41C'est là où ça devient hyper intéressant.
48:42Hum.
48:43L'échange, ouais.
48:45L'échange, l'écoute.
48:47Et ça sera jamais...
48:48Si on part de cours particuliers, ça sera jamais la même chose
48:51avec vous ou avec...
48:53Avec Caroline, par exemple.
48:55Sur ton T-shirt, il y a écrit
48:56« Be kind to yourself », ça veut dire ?
48:58« Sois gentil avec toi-même ».
49:00Être bienveillant envers soi, c'est...
49:03C'est important.
49:04J'ai écouté Caroline qui parlait de discipline,
49:06et la discipline, elle est essentielle pour évoluer,
49:08qu'on soit sportif ou qu'on soit dans le monde de l'entreprenariat.
49:12Mais être bienveillant et être à l'écoute,
49:15c'est complémentaire de la discipline.
49:18Est-ce que parfois, tu te dis pas que...
49:21Enfin, les gens comprennent,
49:23que toi, tu l'as compris avant d'autres, visiblement,
49:25que c'est ta vie, c'est ta passion, c'est toi, t'es comme ça ?
49:31Mais que finalement, c'est dommage
49:32parce qu'il y a plein de gens qui l'ont pas compris.
49:36Je me dis que c'est pas dommage, c'est...
49:38Chacun a son temps, en fait.
49:40Peu importe de comprendre à 20 ans ou à 50 ans.
49:43Tant qu'en fait, on se pose des questions,
49:46on est curieux, on veut apprendre.
49:48En fait, la curiosité, elle amène plein de...
49:51Elle permet d'ouvrir plein de portes.
49:55Ce que j'ai compris aussi de notre entretien,
49:57et qui va bientôt se terminer,
49:59c'est que toi, t'avances.
50:02T'avances, t'évolues, tu rajoutes des cordes à ton arc,
50:05tu...
50:06Est-ce que tu sais ce que tu feras dans 5 ans ou dans 10 ans ?
50:08Ben non.
50:10Je continuerai à entreprendre
50:13et je continuerai à évoluer dans le bien-être,
50:17à apporter...
50:19J'aime beaucoup célébrer la vie.
50:22Et célébrer la vie à travers la danse, le yoga, le sport,
50:26le mouvement, le chant,
50:29et se faire plaisir.
50:30Y a des domaines d'activité, des champs d'activité
50:32où t'es pas encore allée, où tu te dises ça,
50:33il faut que j'aille gratter.
50:35Je suis en train de développer le chant.
50:39Puisque le chant est libérateur
50:42et beaucoup de personnes ont du mal à parler,
50:45ont du mal à s'exprimer.
50:47En public ou en général ?
50:48En général.
50:49Et parler de soi, ça peut être difficile.
50:51Donc c'est une voix qui, en ce moment, me fait du bien.
50:54D'ailleurs, une voix, une voix.
50:56Et que je...
50:58Ouais, j'ai envie d'explorer, faire chanter des gens.
51:01Tatiana, c'était ta première interview télé.
51:03Ça s'est bien passé ?
51:04Très bien.
51:04Eh bien, écoute, reviens nous voir quand tu veux.
51:06Bravo pour Zoom and Boost, on était ravis de t'accueillir.
51:08Et puis bonne chance pour la suite.
51:09Merci beaucoup.
51:10Merci à toi, merci à vous pour votre fidélité.
51:11Puis je donne rendez-vous très prochainement,
51:13la semaine prochaine, quand vous voulez, d'ailleurs.
51:15Salut, à bientôt.
51:31Sous-titrage Société Radio-Canada

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