• il y a 4 mois
Découvrez les réussites du sport féminin. Chaque semaine, une sportive et son invité carte blanche, une dirigeante et une aventurière. Aujourd'hui Alexandre Delpérier reçoit Marie Martinod, double vice-championne olympique de ski half-pipe (2014 & 2018), et Laura Flessel, directrice de "Sport Excellence Reconversion".

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Sport
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00:00...
00:17-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:20soyez les bienvenus dans votre rendez-vous
00:23dédié aux femmes dans le sport.
00:25Je suis ravi de vous retrouver avec, encore aujourd'hui,
00:28des femmes particulièrement inspirantes.
00:30Voici le sommaire.
00:33Elle nous fait l'honneur d'être avec nous.
00:35C'est avec plaisir que nous l'accueillons.
00:38Une championne double médaillée d'Alf Pipe.
00:40Ses titres, sa reconversion,
00:42Marie Martineau vous dira tout.
00:44La dirigeante de la semaine est une légende du sport français,
00:47double championne olympique en 1996.
00:49Laura Flessel est à la tête d'une école
00:51sport excellence reconversion,
00:53une école dédiée à la reconversion
00:55des sportifs de haut niveau.
00:58Pour le sommaire, je suis ravi d'accueillir Marie Martineau,
01:02qui est avec nous depuis sa maison, au pied des montagnes.
01:05Salut, Marie.
01:06Salut, Alex. Bonjour à tous.
01:08Merci d'être avec nous. Marie, tu es où exactement ?
01:11Où habites-tu ?
01:12Je suis dans le plus beau village de France-Saint-Navarre,
01:15qui s'appelle M, A-I-M,
01:17en dessous de la station de la Plagne.
01:19Tout en bas dans la vallée.
01:20J'imagine qu'à cette époque de l'année,
01:23début octobre, il n'y a pas encore de sommet enneigé.
01:25Il n'y a pas encore de sommet enneigé.
01:28On attend tranquillement. C'est un peu tôt.
01:30Il faut qu'elle vienne comme il faut.
01:32Pour décembre, ce sera parfait.
01:34Oui, comme tu dis.
01:35On rappelle qu'évidemment, tu as fait du ski acrobatique.
01:38Tu étais spécialisée dans le half-pipe.
01:41Tu as une carrière un peu atypique.
01:43Est-ce que ça te correspond, ça, d'ailleurs,
01:45quand je dis atypique ?
01:47Et on va comprendre pourquoi.
01:49Oui, en tout cas, pas comme on l'entend
01:51quand on dit sportif, athlète de haut niveau.
01:53Effectivement, j'étais un petit peu
01:55sur le côté des sentiers.
01:57Je l'ai fait à ma sauce, différemment, effectivement.
02:00A ma sauce.
02:01Mais ça ne t'a pas empêché d'être double médaillée d'argent
02:05aux Jeux d'hiver de 2014 à Pyeongchang et à Sochi en 2018.
02:08Victorieuse des X Games à Aspen en 2017,
02:11vainqueur de la Coupe du monde de la spécialité,
02:13avec ce fameux grand écart, on en reparlera,
02:162003-2004, et 2016-2017.
02:17Tu as 37 ans.
02:19Tu as commencé le ski très jeune, à deux ans, je crois.
02:22Oui, deux ans.
02:23Je suis du mois de juillet,
02:25donc deux ans et demi, l'hiver de mes deux ans.
02:28C'est mon grand-père qui m'a mis sur les skis.
02:30C'était un fan de ski.
02:32Il n'était pas natif des montagnes, il était lyonnais,
02:35mais il avait pris l'habitude d'aller skier tous les hivers,
02:38tout le temps.
02:39Et donc, quand j'ai eu deux ans et que je marchais à peu près bien,
02:43il s'est dit super, hop, c'est parti.
02:45Il m'a accroché avec une laisse, comme on accrocherait un chien,
02:49et il a commencé à me faire déballer les pentes
02:51et me faire skier,
02:52mais il ne voulait pas rester au jardin d'enfants.
02:55Du coup, j'ai été directement dans le Grand Bain,
02:58et c'était chouette.
02:59C'était où ? Dans quelle station ?
03:01Tu t'en souviens ? Deux ans, on est tout petits.
03:04Oui, alors, c'était à La Plagne.
03:07Et je m'en souviens, oui, je m'en souviens,
03:10parce que j'ai des flashs,
03:11mais je me souviens bien de mes chaussures de ski.
03:14J'avais des chaussures blanches que j'avais eues à Noël.
03:17À l'époque, quand t'avais une paire de chaussures,
03:20c'était juste dingue.
03:21Il y avait les pommes d'Api et, à côté,
03:24rangées dans le couloir, mes chaussures de ski.
03:26Je trouvais ça génial qu'on ait fait des mini-chaussures de ski
03:30pour la bataille de pieds.
03:31J'ai des souvenirs précis de ça et quelques ressentis,
03:35parce que les souvenirs, quand tu remontes loin dans l'enfance,
03:38c'est plus une histoire d'émotions.
03:40Donc j'ai vraiment des émotions de trucs
03:43où je me souviens pas qu'il faisait froid,
03:45que ça me brûlait les jambes,
03:47que le télésiège était très haut,
03:49que c'était l'éclate et que j'adorais aller skier avec Pépé.
03:52Mais qu'est-ce qui te plaisait à cet âge-là dans le ski ?
03:55C'était les bosses, la descente, la vitesse, la liberté ?
04:00Je pense que c'était la vitesse, la liberté, les grands espaces,
04:04faire comme les adultes aussi,
04:07te sentir...
04:08Et puis me sentir...
04:09Mon grand-père était très aimant, il me poussait,
04:12il me donnait plein de conseils, il voulait que je réussisse bien.
04:16Et voilà, du coup, c'était hyper agréable pour moi
04:18de sentir un adulte qui était fier de moi, en fait.
04:23Il a connu ta carrière de championne, ton grand-père ?
04:26Une partie.
04:29Il est décédé avant que je fasse mes médailles olympiques.
04:32Du reste, c'est une des premières personnes à laquelle j'ai pensé,
04:36après qu'on a annoncé ma première médaille
04:41à Sochi, c'était lui.
04:43Je me disais, il doit être comme, ouf, là-haut.
04:47Il a plus connu ma carrière de ski nautique,
04:49mais il a connu les débuts de ma carrière en ski alpin.
04:52Je pense qu'il a connu mon premier Globe, par exemple, en 2004.
04:55La classe.
04:57Donc deux ans, les débuts, et puis comment ça se passe, la suite ?
05:00À quel moment tu es inscrite dans un club
05:04avec la volonté de faire des courses ou de faire de la performance ?
05:08Alex, c'est hyper simple.
05:10Je fais partie de ces gamins qui ont baigné dans l'olympisme
05:13en 1992, quand les Jeux olympiques ont eu lieu à Albertville.
05:16J'avais 8 ans.
05:17En fait, c'est juste une révélation.
05:19Je ne sais pas comment te dire.
05:21C'est pour ça que je me réjouis que les Jeux arrivent à Paris en 2024.
05:25Je sais qu'il y aura des gamins et des gamines comme moi
05:27pour rêver à ce moment-là
05:29devant une si grande organisation,
05:32des codes couleurs que tu retrouves partout.
05:35Quand t'es petite, tu t'accroches à des trucs, des détails.
05:38Il y avait cette mascotte magique qui était dessinée partout,
05:41peinte partout, sur toutes les vitrines, partout.
05:46J'ai eu la chance d'aller voir le bobsleigh à La Plagne.
05:49Forcément, ça fait sens.
05:51Et voir cette flamme olympique qui brillait, je ne sais pas.
05:55Je n'avais pas trop compris ce que c'était.
05:57Mais l'hiver d'après, j'étais inscrite au club des sports à La Plagne
06:00et je voulais faire du ski acrobatique
06:02comme les champions de La Plagne,
06:05Olivier Allamand, Candice Gilgues.
06:09Je trouve ça génial et t'as raison, on va y revenir.
06:12Juste avant, t'avais continué le ski, tu faisais de la piste ?
06:16Non, non, non.
06:17Jusqu'à là, oui.
06:19Entre mes deux ans avec le PP et mes neuf ans que je rentre au club,
06:23je skiais. Ma maman est monitrice.
06:25Elle enseignait et nous mettait en cours avec ma sœur
06:28dans les cours respectifs de nos niveaux.
06:30C'était la garderie en même temps.
06:33Vous deviez taquiner sur les skis.
06:35Ça devait être du très bon ski, déjà.
06:37Du coup, c'est vrai qu'on était bien, mais...
06:40Oui, tu vois, on était en...
06:42Pas plus que ça. Il y a cet effet Albertville
06:45qui fait que ça pète là-haut et tu te dis que tu veux être championne.
06:49Alors pourquoi cette discipline et pas une autre ?
06:54Les champions à La Plagne étaient très freestyle.
06:57Il y a une école freestyle à La Plagne, ski acrobatique, à l'époque.
07:00Je les voyais, mes parents les côtoyaient.
07:03Des fois, ils venaient manger à la maison un bol de pâtes.
07:06Je pense que si ça aurait été des skieurs alpins,
07:09je me serais penchée sur le ski alpin.
07:11Vu que c'était des skieurs freestyle, j'ai voulu devenir comme eux.
07:16Ils m'ont inspirée.
07:17T'avais tes champions à portée de spatule.
07:21C'est ça.
07:22Là, à 8 ans, tu commences et les performances arrivent rapidement ?
07:28Oui. Je fais deuxième.
07:31C'est peut-être un signe. Je fais deuxième à toute première course de boss.
07:35Ils appelaient ça les mini-coupes. J'avais 9 ans.
07:38Je fais deuxième.
07:39Après, on a enchaîné les Coupes de France.
07:42On a vite compris que j'étais meilleure en saut qu'en boss.
07:46On faisait du ski de boss, du ballet et du saut.
07:49On a vite compris que j'avais des qualités acrobatiques
07:52plus intéressantes que mes qualités de ski sur la neige,
07:55à proprement parler, en ski de boss.
07:57Je me suis vite orientée sur les tourniquetiers.
08:01C'est quoi les qualités qu'il faut pour performer sur ça ?
08:06L'acrobatie, il faut se repérer en l'air,
08:10il faut être consciencieux, avoir un grain de folie.
08:13C'est ça qui est ambivalent.
08:14Il faut un grain de folie parce qu'il te faut un élan
08:17pour dompter ta peur, ton danger.
08:21Il faut être capable d'avoir cet élan
08:23qui fait qu'au moment où tu dois lancer, il faut parculer.
08:27Il faut donner l'impulsion.
08:28Voilà. En même temps, il faut être assez carré
08:32parce que si tu lances n'importe comment, tu te fais mal.
08:35Il faut être consciencieux et écouter ce qu'on t'apprend
08:38quand t'es petite, les bases, ce que le coach te dit.
08:42À quel moment tu te dis que tu veux en faire ma vie de ça ?
08:46Jamais.
08:49C'est drôle, hein ? C'est drôle. C'est vrai, Alex.
08:53Jamais parce que je suis fille d'entrepreneur,
08:56que mes parents, la valeur travail, c'était tout ce qui comptait
08:59et que pour mon papa, le sport, c'était pas un métier.
09:03C'était un truc d'amusement sur ta jeunesse,
09:06mais il l'avait pas compris ou pas du tout.
09:10Et puis, c'était une autre époque, quand j'étais jeune.
09:14C'était un peu uberlue de dire que je vais faire du sport ma vie
09:17parce qu'en fait, le sport, ça s'arrêtait à 25, 30 ans
09:20et il fallait bien faire autre chose après.
09:22Du reste, tous les grands champions qui m'ont précédé,
09:25ils ont fait des magasins de sport, ils ont monté des boîtes et tout,
09:29mais ils sont pas restés dans le milieu du sport,
09:31dans le giron du sport, ce que je fais au travers des médias.
09:34Mais à la base, jamais je me suis dit que j'en ferais mon métier.
09:37Moi, je voulais peut-être être la meilleure, gagner des courses,
09:42rencontrer d'autres filles qui faisaient comme moi,
09:44mais jamais je me suis dit que j'en ferais mon métier,
09:46ça sera toute ma vie.
09:47Sauf qu'à 16 ans, tu commences à te construire
09:50un petit palmarès international, c'est ça ?
09:53Ouais, c'est ça. Dynastar me repère
09:55et commence à me faire voyager un peu partout
09:59et c'est là que je rencontre d'autres filles qui font la même chose que moi,
10:01donc je suis un peu moins toute seule parce qu'en France,
10:03sur toute cette mouvance freestyle avec le big air, le half pipe,
10:07toutes ces nouvelles disciplines, ça arrivait des US, du Canada,
10:10et chez nous, j'étais un peu toute seule.
10:12Alors j'étais avec les garçons, c'était chouette,
10:13je faisais ouvreuse sur leur compète,
10:16ou je faisais les mêmes photoshoots qu'eux,
10:18et je faisais des parutions dans les magazines au même titre qu'eux,
10:20mais je n'avais pas d'adversité, je ne connaissais pas ça.
10:24Et à partir de mes 16-17 ans,
10:26j'ai compris qu'il y avait d'autres filles qui faisaient comme moi
10:28et que c'était chouette, et que ce n'étaient pas des adversaires,
10:31c'était juste que ça donnait du corps et de l'épaisseur à ce que je faisais.
10:37Et les premiers titres qui t'ont confortée dans ton souhait d'être la meilleure,
10:43même si je ne veux pas en faire une carrière, c'est quoi ?
10:46C'est que j'ai vite gagné l'US Open,
10:50qui était la course phare aux États-Unis,
10:52parce qu'à l'époque, les X Games, il n'y avait que les garçons,
10:54il n'y avait encore pas les filles,
10:55et donc c'était l'US Open, la grosse compète.
10:58T'as quel âge à ce moment-là ?
11:00Et je l'ai gagnée une première fois peut-être à 17,
11:02puis une deuxième fois à 18.
11:04Donc là, on s'est dit qu'il y avait peut-être un truc à faire.
11:08Mais bon, pas un métier, juste...
11:10Voilà, peut-être que je pouvais faire partie des meilleures du monde,
11:13mais c'est tout.
11:15Qu'est-ce qui se passe entre 18 et 23 ans ?
11:19Entre 18 et 23 ans, tout va bien.
11:22Je fais tout le temps les mêmes saisons,
11:24je fais tout le temps les mêmes compètes, c'est plutôt chouette.
11:27J'ai des bons résultats, je signe avec Oxbow,
11:30donc on fait des trips free-ride à travers le monde.
11:33On part en Russie, on part en Turquie, on fait des dépôts en hélico.
11:36Je suis la plus heureuse.
11:39Je gagne relativement bien ma vie,
11:41et mes saisons me coûtent très peu cher
11:42parce que c'est mes partenaires qui les financent.
11:45C'est encore la grande époque de l'industrie du ski.
11:47On n'a encore pas pris la claque monstrueuse
11:50qu'on a prise plutôt après, vers 2009-2010.
11:54Et donc l'industrie se porte bien,
11:55et du coup, nous aussi.
11:59Et puis, à 23 ans, tu dis « j'arrête ».
12:02Et à 23 ans, je dis… à 22 même, je dis « j'arrête ».
12:06Alors, on ne va pas rentrer dans les détails
12:09parce que ce serait hyper long,
12:11mais en gros, je fais une saison où en début de saison,
12:14je divorce de Stéphane Routin, qui était un snowboarder.
12:18Donc je change un peu de façon de voir le ski et ma vie, en fait.
12:23Et puis, je commence à plutôt avoir envie de partir à l'étranger,
12:27de refaire mes sacs.
12:29Et en fait, ce qui était au début juste un manque de motivation
12:32devient vite une phobie,
12:33et j'arrive à vraiment ne plus être capable du tout de prendre l'avion
12:37et de me barrer à l'étranger.
12:38Ça devient viscéral et phobique.
12:41Et au lieu d'aller voir un psy et de me faire soigner,
12:44je pars du principe que si je ne suis plus amenée à prendre l'avion,
12:48j'aurai plus ces épisodes de phobie,
12:49et puis du coup, ma vie redeviendra normale.
12:52Et donc, voilà, j'arrête complètement tout.
12:56Et tu décides de faire quoi à ce moment-là ?
12:57Parce qu'on en parlera tout à l'heure avec Laura Flessel,
13:00mais on sait que quand une carrière s'arrête, il y a la peur du vide.
13:04Oui, ben non, en fait, je rencontre un autre jeune homme
13:08qui est devenu le père de ma fille, Max.
13:11Et du coup, il est saisonnier en station à La Plagne,
13:14et il me dit, moi, à la fin de l'hiver, je rentre chez moi en Vendée
13:17et je vais bosser dans un restaurant, une pizzeria,
13:19qui vend des moules et des pizzas.
13:21Et il me dit, si tu veux, j'appelle le patron, peut-être qu'il y a une place.
13:23Et du coup, il l'appelle et il y a une place.
13:25Et donc, je ne me pose pas plus de questions que ça.
13:27Je passe de la carrière internationale de haut niveau, les X Games et tout,
13:32à je vais servir des moules et des frites
13:34dans un petit restaurant à la grillière en Vendée.
13:37Voilà.
13:38Et c'est plutôt cool, ça se passe bien, tu vois.
13:40On fait la saison, j'apprends le métier.
13:43Et du coup, quand on finit l'été, on est toujours ensemble.
13:47Le métier, il ne me plaît pas trop mal.
13:48Je me dis, c'est super, autant qu'on le fasse à notre compte
13:50et on rentre en Savoie pour trouver un fonds de commerce
13:53et se mettre à notre compte.
13:54Donc, tu vendais des moules en Savoie ?
13:57Et du coup, non.
13:58Du coup, on s'est mis à vendre des canons.
14:01J'ai tenu une boîte de nuit suite à ça, Alex, pendant six ans.
14:06Parle-moi d'une...
14:07J'ai une anecdote sur une blessure, une cicatrice à la main.
14:12Oui, alors, au bout de trois ou quatre saisons,
14:15en station où je tenais cette boîte de nuit avec Max,
14:18un matin, le matin de l'ouverture,
14:20je prends la voiture et je fais un détour par le bureau
14:23avant de monter pour finir de mettre en place,
14:26puisque le soir, on ouvrait pour la saison entière d'hiver.
14:29On était le 10 décembre.
14:31Et je me fais rentrer dedans par un mec qui sort d'un parking
14:35et qui me grille la priorité.
14:36Et donc, on fait des tonneaux et je finis dans l'isère.
14:38Et mon bras se retrouve coincé entre la carlingue de la voiture
14:43et les cailloux qui forgent le lit de l'isère,
14:46la rivière qui est en bas de chez moi.
14:48Et donc, voilà, ils mettent trois quarts d'heure à me désincarcérer.
14:53Pareil, je te la fais courte, parce que c'est long,
14:55mais au final, je me retrouve à passer l'hiver entier
14:57en centre de rééducation pour réapprendre à me servir de ma main,
15:00qui a beaucoup souffert dans l'accident.
15:02Et on m'a enlevé beaucoup de muscles, en fait.
15:05Les muscles qui servent à plier les doigts,
15:07qui se trouvent, eux, dans l'avant-bras,
15:10ont quasiment tous été retirés.
15:12Il n'y en a plus qu'un, celui du petit doigt.
15:13Les tendons de mes autres doigts ont été rattachés à ce muscle du petit doigt.
15:17Donc, je dois réapprendre à entraîner ce muscle pour me servir de ma main
15:22et pour ne pas finir avec les prédictions de départ
15:25qui étaient censées être une main très fléchie,
15:28un poignet très fléchi et, éventuellement,
15:31réussir à attraper un stylo.
15:34Alors, un stylo, en plus, c'est petit.
15:35Donc, au début, on me disait,
15:36tu arriveras sûrement à attraper un verre, ça sera déjà bien.
15:39Voilà, c'était les prédictions de départ.
15:41Ça ne s'est pas passé comme ça.
15:42J'imagine que ça te semble inconcevable, cette version.
15:45Sur le coup, oui, c'est hors de question.
15:48Ma fille a un an à l'époque, je veux lui faire des tresses,
15:52je veux pouvoir faire du tricot, je veux pouvoir reprendre une vie,
15:55je veux pouvoir reprendre ma vie.
15:56Sur le coup, je n'ai pas du tout conscience
15:58que tout ça a peut-être un sens
16:00et que ça plantera des graines pour le futur.
16:02Mais, à la base, je veux juste recouvrir
16:05le plus de capacités possibles avec ma main.
16:08Et ça fonctionne.
16:10Le mental est hyper important dans une rééducation.
16:12On le sait, on le savait.
16:14Après, au centre de rééducation,
16:15ils ne savaient pas forcément que j'étais une ancienne athlète
16:17et, du coup, ils ne savaient pas qu'on pouvait espérer mieux.
16:21Il y a cette reconversion, il y a ce chemin.
16:23Et puis, en 2013, tu décides de revenir. Pourquoi ?
16:27J'ai décidé de revenir pour deux raisons.
16:29Alors, cet accident a quand même planté la graine de j'ai failli mourir.
16:33Peut-être la vie, elle est courte.
16:34Peut-être qu'il vaut mieux, entre guillemets,
16:37que de te servir des whisky-coca dans un bar.
16:40Peut-être qu'en fait, ce n'est pas trop tard, en tout cas,
16:42pour tenter l'olympisme,
16:44parce que le CIO vient de rentrer le pipe
16:46dans son giron de discipline olympique
16:48et que là, pour le peu, je ne connais pas.
16:51Donc, je ne serais jamais retournée au ski
16:53pour refaire l'US Open, comme on disait,
16:55ou les X Games ou des championnats du monde.
16:56Oui, c'était déjà fait, ça.
16:57Voilà. Mais là, par contre, le mot Jeux olympiques,
17:00ça m'a ramenée tout droit à mes huit ans,
17:04à la mascotte de partout.
17:06Et je ne sais pas, ça a ranimé quelque chose chez moi.
17:08Donc, voilà, cette opportunité.
17:10L'accident qui me dit, écoute, après tout,
17:12la vie peut être courte, il faut peut-être en profiter.
17:14Qui me dit aussi, tu vois, on t'avait prédit ça,
17:17puis finalement, en t'entraînant comme une dingue,
17:18et en s'endurant, tu peux refaire des tresses à ta fille.
17:22Enfin, je veux dire, j'ai repris le violon, quoi.
17:27Donc, bon, tous les sept à penser qu'on peut se subjuguer,
17:31on peut réussir à faire des choses
17:32qui paraissent impensables pour les autres.
17:34Et puis, Sarah Burke décède.
17:36Sarah Burke était la Canadienne
17:39avec qui j'ai toujours skié dans cette première partie de carrière
17:42et qui était promise au titre olympique
17:44parce qu'elle, elle n'avait pas arrêté pour tenir une boîte de nuit.
17:47Et du coup, elle décède.
17:49Elle décède et...
17:51Elle décède comment, pardon ?
17:52Elle décède en s'entraînant dans le pipe.
17:55Elle fait une figure, mauvaise réception,
17:57elle se twiste le cou,
17:59et du coup, elle fait une hémorragie interne,
18:01une hémorragie cérébrale.
18:03Et donc, elle passe dix jours dans le coma,
18:05et au final, au bout de dix jours,
18:07il la débranche parce que finalement, il n'y a plus rien.
18:11Et donc, c'est hyper glauque, c'est hyper dur.
18:15Je pense que c'est la fin de ma décision d'y retourner.
18:18Tu vois, ça provoque le...
18:21Je lui dois bien ça.
18:22En plus, elle m'avait appelée,
18:24elle était passée chez moi plusieurs fois pour me motiver
18:27en me disant que les Jeux olympiques sans moi,
18:29ce serait moins cool,
18:31que je ne pouvais pas passer à côté de ça,
18:32qu'elle était sûre que j'y arriverais.
18:35C'est comme un passage de flambeau,
18:36comme tu ne pourras pas le faire, je vais le faire pour toi, c'est ça ?
18:40Oui, exactement, il y a de ça.
18:42Il y a du... OK, je représente cette génération de filles
18:44qui a commencé le half-pipe,
18:46où on était deux, trois, puis quatre, puis dix,
18:48mais en attendant, dans les trois premières,
18:49on était toutes les deux.
18:51Et je me dis, OK, je lui dois bien ça, je vais y aller.
18:54Et puis, tu sais, les Anglo-Saxons,
18:55ils ont une culture de la mort,
18:57une approche de la mort qui est toute différente.
18:59Nous, quand quelqu'un décède,
19:01ben voilà, on pleure, on pleure, c'est triste.
19:04On pleure ce qu'on perd et tout.
19:05Eux, ils ont plutôt une tendance à célébrer la vie
19:08de la personne qui est décédée
19:10et en retirer des choses positives, tu vois, comme un leg.
19:14Et là, je me dis, attends, mais Sarah, c'était cette fille
19:16qui me disait qu'il faut se faire peur une fois par jour
19:18pour se sentir vivant.
19:21Voilà, elle avait une belle philosophie de vie,
19:22et je me dis, en fait, j'y retourne, c'est parti, quoi.
19:25Elle était canadienne. Donc, 2013, tu décides de revenir.
19:29C'est une surprise dans le milieu.
19:30Comment les gens te regardent quand tu reviens,
19:32quand tu te décides, tiens, elle est encore là,
19:33elle ?
19:34Oui, alors bon, forcément, les gens qui pensent du mal
19:37à ce moment-là viennent pas me le dire en face,
19:39donc j'en fais fi, voilà, je les entends pas.
19:42Et après, je focalise sur ceux qui ont envie d'y croire.
19:44Donc, ils sont pas nombreux, mais il y a quand même
19:47Fabien Bertrand, qui est le directeur
19:49de la section ski accro au sein de la FEDE,
19:52un ancien skieur de bosse,
19:54qui a été mon coach quand j'étais gamine.
19:55Et puis, le médecin de la FEDE, Damien Parcot,
19:58qui s'est tué quelques années plus tard en montagne,
20:00mais bon, à l'époque, il croyait beaucoup en moi.
20:02Et le PrEP physique et le coach.
20:05Donc, finalement, tu vois, les personnes qui étaient
20:06les plus importantes dans mon staff...
20:08Ouais, le maillage essentiel qui va t'aider à revenir
20:11est derrière toi.
20:13C'est ça. Eux, ils y croient.
20:14Donc, partons de là. Ma mère, elle y croit dur comme fer.
20:16Ma sœur aussi, elles sont persuadées que ça va le faire.
20:19Et donc, j'en ai pas besoin de plus, quoi, tu vois.
20:22Et du coup, je m'accroche à ça et je trouve des partenaires,
20:25parce que, bon, il faut financer tout ça, et je les trouve.
20:28On arrive à rendre le bar, donc tout s'imbrique.
20:31Et en deux ans, j'arrive à faire une saison de Coupe du monde
20:34pour marquer les points qualificatifs pour les Jeux.
20:36Et puis, l'hiver d'après, me pointer aux Jeux.
20:38Et là, quand t'arrives aux Jeux, t'es comment ?
20:41Avec ton état d'esprit qu'on commence à bien comprendre,
20:43à savoir une fonceuse qui se donne les moyens de réussir
20:47et qui fait que ce qu'elle aime ?
20:49Ouais, ben, six mois avant les Jeux,
20:52j'ai rencontré un mentor, un PrEP mental.
20:56Et donc, on m'a mis dans les bonnes dispositions.
20:59Donc, j'arrive aux Jeux...
21:02hyper heureuse d'avoir réussi à me qualifier,
21:05consciente que j'ai les capacités de faire un podium.
21:08Je dis à mon papa, avant de partir,
21:10tu devrais regarder, parce qu'il avait la trouille,
21:11il voulait pas regarder.
21:12Alors, venir, on n'en parle pas,
21:13mais regarder à la télé, c'était même pas possible.
21:15Et je dis, t'es couillon, tu devrais regarder,
21:17parce que je pense vraiment que je vais faire un truc bien.
21:19Et il dit, tu te la racles.
21:20Et je dis, non, c'est pas ça du tout, je me la racle pas du tout.
21:22C'est pas ça.
21:23Je sais pas comment l'expliquer autrement,
21:26j'en ai la conviction.
21:28Ça va bien se passer.
21:30Et peut-être que c'était une façon de me rassurer aussi.
21:33En même temps, t'avais brillé en Coupe du monde l'année précédente.
21:35Tu connais tes adversaires aussi.
21:37Elles déboulent pas comme ça, c'est pas des inconnues.
21:40Non, exactement.
21:42Le début de saison, à la fin de saison,
21:43j'avais quand même gagné l'X Games à Tignes.
21:46Début de saison, ça se passait relativement bien.
21:48Je savais que j'ai des bonnes figures dans les poches.
21:50Et si je me démontais pas mentalement et que je paniquais pas,
21:54j'avais un run qui pouvait prétendre à un podium.
21:59Sauf qu'en face, il y avait une certaine Maddy Bowen.
22:02Oui, tout à fait, Maddy Bowen.
22:04Excuse-moi, je suis obligé d'en parler.
22:07Bien sûr.
22:08Ne m'accroche pas.
22:10Non, mais comme je te dis,
22:12je pense vraiment que s'il n'y a pas les autres pour challenger
22:14et pour compléter la grille et faire qu'il y a un beau niveau
22:18et une densité, ton titre n'a pas vraiment de valeur
22:22ou peut-être ton podium n'a pas vraiment de valeur.
22:24Non, gros respect pour Maddy Bowen.
22:27Moi, j'aimais pas spécialement son style.
22:30Je trouvais pas qu'elle était très jolie à regarder skier,
22:33mais voilà, elle avait de la technicité
22:35et elle a su tenir la baraque aussi sur les finales.
22:39Il t'a manqué quoi pour l'acte 2014 ?
22:46Pas grand-chose, Alex.
22:48Je pense que j'ai eu la place que je méritais.
22:50On savait que si elle skiait bien,
22:53elle était techniquement au-dessus de moi,
22:55donc elle a parfaitement skié, ou quasiment.
22:58Du coup, on peut pas trop...
22:59T'as pas commis d'erreur. C'est ce jour-là,
23:01t'étais au top de ce que tu pouvais faire ?
23:04Ouais, je crois.
23:05Vu la fatigue accumulée,
23:08parce qu'ils nous ont fait un petit coup de trafalgar,
23:10les organisateurs, ils nous ont mis qualifiés finales à la suite.
23:13C'est un format qu'on n'avait jamais connu.
23:15Avec une météo et une règle très complexes, non ?
23:19Voilà, donc rien n'allait vraiment dans notre sens
23:21pour qu'on se sente bien.
23:22Finalement, on a mis bout à bout
23:23toutes ces choses qui faisaient qu'on était quand même sous pression.
23:27Plus cette fatigue accumulée,
23:28plus ces conditions particulières à gérer,
23:30je peux pas m'en vouloir si j'ai fait quelques petites fautes.
23:33J'ai dû en faire.
23:35Mais voilà, j'ai plutôt focalisé sur le fait
23:37que j'avais appris trois figures en 18 mois
23:40et qu'elles sont rentrées.
23:42À ce moment-là, j'ai fait le plus beau run de ma vie à date.
23:46Donc, avec des conditions pareilles, c'était quand même plutôt réussi.
23:50Tu sors des Jeux vice-championne olympique,
23:53et là, tu te dis quoi ?
23:54Il faut que j'aille quatre ans plus tard ou tu te dis que c'est loin ?
23:57Qu'est-ce qui se passe dans ta tête ?
23:59Avec ce côté imprévisible qui fait ton charme et ta force.
24:03Je l'ai bien dit.
24:04C'est gentil. C'est gentil, j'apprécie, merci.
24:08C'est drôle, j'aime bien cette question, on ne l'a pas souvent posée.
24:12Parce qu'en fait, je savais pas...
24:14Tu sais, vu que j'avais tout focalisé sur ce rêve olympique
24:17et que là, il était enfin arrivé...
24:19Tu vois, il y avait le truc de se dire,
24:21bon, bah, aïe, je l'ai fait, c'est super, bravo, j'ai 32 piges.
24:25Non, un petit peu moins à l'époque, en 2014.
24:29J'ai 30 ans.
24:30Je me dis, bon, bah, voilà, tu vois, aïe, c'est bon, c'est fait, terminé.
24:35Et puis, finalement, l'hiver...
24:37Attends, attends, attends, terminé, oui et non, tu n'es que deuxième.
24:41C'est peut-être ça aussi qui a joué.
24:42C'est ma victoire à moi, donc je le vis tellement pas comme un échec.
24:47Enfin, rappelle-toi, donc là, je suis deuxième aux Jeux olympiques.
24:50Deux ans exactement avant,
24:52je suis toute seule avec mes skis rouillés de dix ans d'âge
24:55au pipe de Tignes pour m'entraîner,
24:57pour voir si, éventuellement, je peux faire honneur à Sarah Burke.
25:01Le parcours a été tellement long et fastidieux que ça me va bien.
25:04C'est ma victoire à moi, je rentre à la maison avec une médaille.
25:06On est douze, on est partis à 110.
25:09On est douze à rentrer avec la médaille en France
25:12pour aller faire coucou à François Hollande, tu vois.
25:15Donc, je suis refaite, quoi.
25:16Mais finalement, voilà, l'hiver s'est fini.
25:21On a une dernière Coupe du monde à Tignes.
25:22Elle se passe bien, c'est cool, l'ambiance est bonne.
25:25Je commence à avoir des partenaires qui, du coup, me font confiance.
25:28C'est un peu moins la galère au niveau de l'argent.
25:30Tu te poses la question
25:32ou, finalement, ça se fait de manière assez limpide ?
25:35Non, mais je me dis que c'est peut-être couillon d'arrêter là comme ça,
25:37alors que je vois encore des belles choses à faire.
25:40Tu te dis que tu peux faire une année de plus et on verra
25:41ou tu te dis que dans quatre ans, il y a une nouvelle Olympiade ?
25:44Non, pour être honnête, du coup, on en parle avec Greg, mon coach,
25:48et effectivement, l'idée, c'est,
25:49maintenant que c'est devenu un sport olympique,
25:51on va toujours réfléchir d'une Olympiade à l'autre.
25:54Enfin, alors, entre les deux, il y a un championnat du monde,
25:56donc il y a cette petite porte de sortie
25:59qui fait que, bon, si vraiment tu sens que ça devient difficile,
26:02tu peux tout miser sur tes championnats du monde entre les deux.
26:05Mais bon, alors, voilà, on se dit qu'on se garde cette porte de sortie,
26:08mais qu'on est plutôt d'avis de partir pour une deuxième Olympiade, quoi.
26:12Et ça se passe plutôt bien et te voilà en 2018,
26:14encore aux Jeux olympiques.
26:17Oui, alors, entre-temps, je perds tous mes sponsors, je perds mon père.
26:21Enfin, j'ai vécu bien l'enfer entre les deux, on va pas se mentir.
26:24Ton père et ton grand-père, si j'ai bien compris.
26:27Donc, oui, alors, le grand-père était décédé avant les Jeux de Sochi,
26:30mais là, je perds mon papa, d'un cancer, donc...
26:34Tu vois, une fin de vie compliquée.
26:36Tous ceux qui l'ont vécu ou qui le vivent dans leur entourage
26:39savent à quel point c'est l'enfer de mourir d'un cancer, même en 2021.
26:44Et donc, c'est long et tout ça,
26:46et donc, je pense que ça va pas du tout m'aider dans ma carrière,
26:49parce qu'au lieu d'aller m'entraîner, je passe du temps avec lui,
26:52parce qu'on sait qu'il va mourir, parce qu'on a envie d'être présente.
26:55Et du coup, en fait, au contraire,
26:57le fait d'avoir été capable de mettre de côté un peu
27:01l'intensité de ma préparation physique
27:04et de faire des moments de qualité avec mon père,
27:07du coup, j'ai eu pas de regret quand il est parti
27:10et je me suis sentie hyper forte de nouveau
27:13et à me dire, je vais y retourner,
27:15et pour lui, je vais y arriver et je vais le refaire.
27:17Et donc, la saison d'après, c'est la saison pré-Olympique.
27:19Marie, j'ai besoin, pardon, pour bien comprendre,
27:22et excuse-moi de te poser cette question,
27:24mais ton papa décevrait dans quoi, 2016 ?
27:26Oui, c'est ça, l'été 2016.
27:28Et donc, il nous reste...
27:29Et les Jeux, c'est 2018.
27:31Voilà, donc il nous reste l'année pré-Olympique 2017
27:34pour faire les qualifs, faire les points, tout ça,
27:36et puis l'hiver d'après, ce sera les Jeux.
27:37Et donc, cet hiver 2017,
27:39c'est le plus incroyable hiver de toute ma vie.
27:42Je gagne toutes les Coupes du monde,
27:44je gagne les X Games aux États-Unis,
27:46je fais deuxième aux Championnats du monde.
27:48Enfin, tout s'imbrique, c'est une folie.
27:50Et donc, c'est mon année pré-Olympique
27:51et donc, je suis repartie sur un espèce de cycle hyper positif
27:55qui m'amène jusqu'au Jeu de Pyeongchang.
27:58Mais voilà, tout n'a pas été hyper évident entre les deux quand même.
28:01Oui, mais c'est ton chemin et c'est comme ça que ça s'est construit.
28:05Oui, tout à fait, tout à fait.
28:06Puis, je ne sais pas, j'ai un truc avec la mort.
28:08Il faut croire que quand les gens qui me sont proches décèdent,
28:11je ne sais pas, la seule réaction qu'il y a à la mienne pour guérir,
28:14c'est de me dire qu'il faut leur faire honneur
28:16et qu'on a la chance de nous être encore là
28:18et qu'il faut se transcender.
28:20Mais ça se comprend ?
28:23C'est moins douloureux à vivre.
28:24Bien sûr. Et puis donc, te voilà au Jeu 2018.
28:29Tu arrives en position de favorite ?
28:33Parmi les favorites.
28:34On est deux. Il y a Cassie Sharpe, la Canadienne,
28:37et moi, la petite Française.
28:39Alors moi, je suis l'ancienne.
28:41Je suis une valeur sûre sur le circuit.
28:43On sait que c'est propre, que c'est bien grabé, que c'est joli
28:46et qu'éventuellement, je peux aller chercher des figures
28:48un peu plus techniques en me transcendant.
28:51Et on a Cassie Sharpe, la Canadienne montante,
28:56qui est plus technique que moi,
28:59un peu moins stylée, mais plus technique.
29:02Mais bon, on est un peu dans la même veine quand même toutes les deux.
29:04Et puis pour faire simple, on est potes, on est vraiment bien potes.
29:08Ce qui n'arrange pas. Quoique, j'ai envie de te dire,
29:11peut-être que si, ça arrange.
29:13Eh bien, je n'ai encore pas fait vraiment le point là-dessus
29:16parce que d'un côté, ça n'arrange pas,
29:19et de l'autre côté, ça arrange. Je t'explique.
29:22Ça n'arrange pas parce que...
29:24Non, ça arrange parce que toutes les deux,
29:26on s'est mis dans le même mouv' pendant les Jeux
29:28et on s'est mis sur le mouv' du kiff, du plaisir.
29:30Et du coup, ça nous a grave fait redescendre la pression.
29:33Et je ne sais pas, on s'est accordé là-dessus, tu vois,
29:36au lieu de se mettre...
29:37On savait qu'on était les deux attendus et que ça serait soit elle, soit moi.
29:39Et donc, ça nous a servi d'être potes et de se dire,
29:42OK, on ne va pas rentrer dans ce jeu-là, on ne va pas se mettre la pression,
29:44on ne va pas se détruire toutes les deux et s'auto-détruire.
29:47Faisons de ça une force.
29:50Et donc, ça nous a plutôt servi dans le sens où
29:52on a vécu ces Jeux avec beaucoup moins de pression
29:54et en faisant de notre amitié plutôt une force.
29:56Après, est-ce que ça m'a desservie ?
29:58Peut-être que d'un autre côté, ça m'a desservie
30:00parce que je n'ai peut-être pas eu la niaque suffisante
30:04pour me dire, il faut que je la bouffe, tu vois,
30:06ce supplémentaire.
30:08J'ai une autre analyse.
30:09Toi, tu as 34 balais à ce moment-là.
30:11Oui.
30:12Elle est à quel âge ?
30:1322, 23.
30:16OK. Est-ce que tu ne penses pas que la pression,
30:18elle aurait été, si vous n'étiez pas copine,
30:20plus sur la plus jeune que sur toi ?
30:22Certainement.
30:24Et peut-être qu'en lui enlevant cette pression,
30:26tu lui as fait un cadeau formidable.
30:27Alors, c'est bien possible, c'est bien possible.
30:30Et auquel cas, tant mieux, parce qu'encore une fois,
30:33de nouveau, faire un deuxième podium quatre ans après,
30:36c'était juste super cool.
30:38Les filles qui étaient sur le podium avec moi à Sochi,
30:40elles étaient loin au classement de Pyeongchang.
30:43Et donc, c'était encore une fois une victoire pour moi.
30:45J'ai réussi la figure que je voulais absolument faire.
30:47Il y avait plein d'autres trucs positifs.
30:49Donc, finalement, moi, une deuxième place,
30:51c'était quand même chouette.
30:52Je savais que j'allais m'en servir
30:54et que, voilà, j'arriverais à en faire quelque chose.
30:57Et elle, de gagner, c'était super chouette aussi.
31:01Tu sais, j'ai beaucoup d'amour pour ces filles-là
31:05parce que je sais par quoi elles passent.
31:06Je sais ce que c'est de se défoncer dans un half-pipe.
31:08Et moi, j'étais au bout de ma carrière.
31:10Une deuxième médaille, ça m'allait bien.
31:12Et alors qu'elle, elle avait peut-être besoin,
31:14pour garder cet élan, d'une victoire aussi.
31:17Donc, ça roule.
31:18Mais quelle bonté, quelle générosité.
31:20Oui, tu crois ? Je ne sais pas.
31:22On a envie de t'aimer, Marie, franchement.
31:23Et envoie ton petit bout de chou, ta fille, avec toi sur le podium.
31:26C'est merveilleux.
31:27Oui, elle a poussé. Je ne te dis pas la loi quatrième.
31:29On a changé de level.
31:31Les mauvaises herbes, ça pousse toujours.
31:33Ich !
31:34À quel moment tu te dis, bon, maintenant, il faut que j'arrête ?
31:38Là, on le savait.
31:39C'est-à-dire que pour le peu et pour vivre sereinement
31:41cette dernière saison, cette saison 2018,
31:43j'avais annoncé dès l'automne que ce serait ma dernière saison.
31:47Ce qui était plutôt cool parce que du coup, partout où on allait,
31:50j'étais trop contente.
31:52Je me disais, c'est la dernière fois que tu es là, profite bien.
31:54Tu vois, j'avais les yeux grands ouverts.
31:56J'essayais de tout prendre et de tout kiffer,
31:58même quand ça ne se passait pas forcément très bien
31:59sur les courses ou quoi.
32:01Il y avait toujours un truc positif auquel me raccrocher,
32:03un truc sympa à vivre.
32:04Et vu que c'était bien décidé et bien ancré,
32:08eh bien, voilà, je savais exactement où j'allais
32:10et j'ai trouvé ça beaucoup plus facile à appréhender
32:12comme dernière saison.
32:13Ça me conforte dans l'idée que tu lui as fait un putain de cadeau
32:16en l'enlevant la pression, la petite Cathy,
32:18qui t'a coiffée sur le poteau, je peux te le dire.
32:20C'est fort probable.
32:21Oui, mais c'est évident.
32:22Avec le recul, petite analyse en tenant compte de ce que tu dis,
32:26tu lui as offert presque.
32:27Mais bon, c'est ta personnalité, c'est comme ça.
32:29Depuis tes consultantes,
32:31RMC Sport, on te retrouve dans les grandes gueules du sport
32:33le week-end sur la chaîne L'Équipe.
32:35Tu vas participer également avec la chaîne ici,
32:37Sport en France, à des rencontres avec des champions et des champions.
32:40Oui, c'est super. Je suis trop ravie de ce programme.
32:43L'idée, c'est d'aller suivre des athlètes qui m'excitent,
32:48qui me procurent quelque chose pour diverses raisons.
32:51C'est d'aller les suivre en inside une journée
32:53et de pouvoir montrer aux gens, à nos téléspectateurs,
32:57qui ils sont au travers des questions que je vais leur poser
33:02et d'une journée classique dans leur entraînement.
33:06Et elles, elles savent que tu vas leur enlever la pression
33:08qui va leur permettre de gagner ?
33:10J'espère. Si ça peut faire ça, tant mieux.
33:13Surtout que je vais en voir quelques-uns avant les Jeux de Pékin
33:17qui sont à fort potentiel médaillable.
33:19Exactement. Et ça s'appelle Marie Freestyle.
33:22Merci beaucoup, Marie Martineau, d'avoir été avec nous.
33:24On t'embrasse très fort. Bravo encore.
33:26Et puis à très bientôt sur Sport en France. Merci à toi.
33:29Merci à toi, Alex. À bientôt. Salut tout le monde.
33:31Salut. Bye bye.
33:32Une toute petite pause, très rapide.
33:34Quelques secondes à peine, une petite virgule.
33:35Une grande dame du sport, Laura Flessel, avec nous.
33:44Une grande dame, que dis-je ? Une immense dame.
33:46Bonjour, Laura Flessel.
33:47Bonjour. Ravie de te voir.
33:49Ça me fait vraiment plaisir de t'accueillir.
33:50On connaît tous Laura Flessel, double championne olympique,
33:53souvenez-vous, 96 Atlanta,
33:55et plein d'autres choses depuis, dont notamment ministre des Sports.
33:58Et puis maintenant, Laura, qui a beaucoup de mémoire,
34:01qui est une femme intelligente et cultivée, s'est dit...
34:05Je pense qu'on peut et qu'on doit aider nos sportives et nos sportifs.
34:08Parce que c'est véritablement cela, le projet dont on va parler aujourd'hui.
34:11C'est cette école sport excellence reconversion que tu viens de lancer.
34:15On va en parler de ta carrière,
34:17mais juste avant, je voudrais que tu me fasses le pitch du départ.
34:20Pourquoi cette école et c'est quoi, cette école ?
34:22Pourquoi cette école ? Parce que nous avons des sportifs
34:24qui ont du mal à avoir une reconversion réussie.
34:28On a des très belles carrières,
34:29mais on a aussi des décrocheurs des infrabacs.
34:32Donc aujourd'hui, on se doit d'avoir un accompagnement
34:36plus individualisé pour le sportif de haut niveau.
34:39Alors, sportif haut niveau, je dirais sportif d'été,
34:43d'hiver, olympique, paralympique, non olympique,
34:46c'est quasiment 7 000 personnes qui arrêtent par an.
34:48Donc, on se doit de les accompagner et de mieux faire.
34:51Parce qu'on sait très bien qu'un sportif,
34:53c'est avant une femme et un homme.
34:55Et que s'il se soucie de son avenir,
34:58ce qui est un moment intervient obligatoirement
35:00dans la carrière de qui que ce soit,
35:01eh bien, tu es moins bon dans ta prépa.
35:03Donc, tu es moins bon au championnat de France,
35:05d'Europe, du monde, olympique.
35:07Et puis, tu performes moins et ainsi de suite.
35:09Et puis, c'est la deuxième vie.
35:11C'est la fameuse petite mort.
35:12C'est ça. Lorsqu'on regarde, on se dit, il y a deux choses.
35:15On a l'obligation du double projet,
35:17mais lorsqu'on regarde les statistiques,
35:19on voit qu'arrivé un certain moment, on décroche.
35:21Donc, l'idée, c'est d'accompagner ceux qui arrivent
35:23dans la compétition,
35:25d'aider ceux qui sont vers la fin.
35:27Parce qu'effectivement, lorsqu'on a des difficultés
35:30à se dire, on vit de quoi demain ?
35:33Eh bien, les résultats sont moins bons.
35:35Donc, du coup, il y a ceux qui se blessent,
35:36il y a ceux qui n'osent pas parler,
35:37il y a ceux qui se somatisent,
35:39il y a ceux qui deviennent limite invisibles,
35:42d'autres qui tombent dans l'addiction.
35:45Donc, l'idée, c'est d'être dans un champ de solution,
35:47avec cette nouvelle école.
35:49Parce que je vous ai posé une question.
35:50Toi, qui as été double championne olympique,
35:51six fois championne du monde,
35:53un des plus beaux palmarès du sport français,
35:55est-ce que tu as eu peur pour ton avenir
35:56à un moment de ta carrière ?
35:57Oui. J'ai eu peur.
35:58J'ai eu peur. En plus, moi, je suis des années,
36:01on va dire, 90-91, où il n'y avait pas le double projet.
36:04Donc, j'ai fait tant bien que mal.
36:06Ma mère était dans l'enseignement,
36:07donc ça a été un plus.
36:09Mais effectivement, à chaque fois, je me disais,
36:11mais que vais-je devenir après ?
36:13Donc, l'après, ça devient vraiment, je dirais,
36:15un compagnon de mauvaise augure,
36:17parce qu'on n'a pas la solution,
36:19parce qu'on pense avoir la solution,
36:20mais vraiment, on ne sait pas si on va arriver.
36:23Un exemple, on a des bacs plus 5
36:25qui sont des fois ingénieurs,
36:27mais qui n'ont jamais travaillé,
36:29parce que derrière, ils ont dit,
36:30OK, capital, point, diplôme, on l'a,
36:33mais derrière, ils n'ont jamais travaillé,
36:36parce qu'ils sont partis dans le basket, par exemple.
36:38Donc, l'idée, c'est vraiment de valoriser les appétences,
36:41de tirer profit du réseau de l'entreprise
36:44qu'on a aujourd'hui,
36:46pour que derrière, il y ait une vraie plus-value
36:48pour nos sportifs et qu'on soit fiers de leur reconversion.
36:50Parce que, Laura, il y a une chose aussi qu'il ne faut pas oublier,
36:52c'est que les sportifs de haut niveau,
36:54je parle des disciplines olympiques,
36:56gagnent très peu d'argent.
36:58On a beau avoir des palmarès de folie,
37:00si tu n'es pas...
37:02Et encore, joueuse de foot, non, à peine,
37:05mais joueuse de tennis,
37:07ou quelques disciplines où on gagne sa vie,
37:10mais sinon, tout le reste, c'est très, très maigre.
37:11C'est très compliqué.
37:12OK, une médaille olympique, ça rapporte,
37:14mais sortie de là...
37:15Sur 15 jours.
37:16Sur 15 jours, mais après, on devient quoi ?
37:18Donc, effectivement, il faut absolument gérer,
37:21mieux harmoniser l'accompagnement
37:23et, effectivement, essayer de minimiser
37:26cette petite...
37:28On va dire cette petite mort,
37:29parce qu'effectivement, on n'est plus champion,
37:32le téléphone ne sonne plus,
37:33les gens détournent le regard de peur
37:35d'avoir, en fait, une...
37:37Une sollicitation.
37:38Une sollicitation, c'est exactement ça.
37:40Donc, du coup, nous, on se dit,
37:41on ne va pas brader nos sportifs.
37:43Sur un CV, lorsque RH regarde,
37:45ils regardent des fins de CV.
37:47Et souvent, le sportif met en...
37:49Je dirais, en tout petit post-cryptum,
37:51j'ai été sportif.
37:52Non, nous sommes des champions,
37:54on va les laisser dans cet environnement,
37:56on va les conditionner, on va travailler avec...
37:58On veut en faire des vrais champions,
37:59mais on ne veut pas qu'ils aient le cerveau
38:01qui soit mâché par mon après.
38:03Et donc, il faut préparer cet après.
38:05Il faut préparer cet après
38:07et, j'ai envie de dire, il faut être aussi honnête
38:10avec l'histoire, le passé.
38:12C'est permettre aussi aux retraités
38:13qui, aujourd'hui, ne sont pas contents
38:15de leur reconversion,
38:16qu'on puisse, en fait, leur permettre
38:18de revenir gérer des métiers patients.
38:21Tu l'as connue, toi, cette petite mort,
38:23cette dépression post-championne ?
38:25Alors, pas dépression,
38:26parce que j'étais bien encadrée
38:29par ma famille, mon mari, ma fille,
38:31mais, oui, cette sensation de...
38:33de petite mort, elle est là.
38:36Donc, du coup, j'ai aussi travaillé sur moi,
38:38j'ai fait une formation de coaching
38:40pour redonner du sens
38:41à ce que j'avais envie d'avoir
38:43et j'ai pu comprendre ma singularité
38:46et utiliser ça comme une force.
38:48Mais c'était compliqué.
38:49Et j'ai eu aussi ces gens,
38:51ces vrais faux amis qui ont disparu.
38:53Donc, j'aime dire, si moi, je suis passée par là,
38:56pour certains, ça peut être plus compliqué.
38:58On est dans un monde qui évolue,
38:59mais j'ai deux questions à te poser
39:01qui sont sensiblement dans la même lignée.
39:04Est-ce que, un, être une femme,
39:06c'était et c'est plus difficile ?
39:08Et est-ce qu'être une femme de couleur,
39:10c'est aussi un paramètre de difficulté ?
39:12Alors, je répondrais,
39:14lorsqu'il y a réussite, c'est doublement gratifiant.
39:17Bien sûr.
39:18Oui. C'est toujours très compliqué pour une femme.
39:21J'ai même envie de dire, pour une personne
39:22en situation de handicap aussi, c'est compliqué.
39:25Mais j'ai envie de dire, le réseau, il est là.
39:27Donc, du coup, il faut arrêter de travailler,
39:29gérer en silo et vraiment se donner l'opportunité
39:32d'aller voir les uns et les autres.
39:34Et ce qu'on perd, c'est le réseau.
39:36Dès qu'on arrête, c'est le réseau qui disparaît.
39:39Donc, l'idée, autour de cette école, c'est...
39:41Oui, parce que des champions succèdent à des champions.
39:44C'est ça. Et on oublie vite...
39:45C'est génial. Je pleurais en regardant Laura Flessel.
39:47Oui, mais quatre ans après, il y en a une autre qui te fait pleurer.
39:50Comment elle s'appelait, déjà ?
39:51C'est ça. Donc, du coup, l'idée,
39:52c'est d'avoir cette communauté des valeurs.
39:55L'ADN, on l'a.
39:57En fait, on va transformer pour le milieu de l'entreprise,
40:01mais derrière, on va faire des vrais experts
40:03du monde de l'entreprise.
40:05Oui, parce que les entreprises,
40:06souvent, elles sont intéressées par les champions.
40:08Encore, quand on dit champion, c'est combien ?
40:10C'est 20, 30, immense champion, championne ou champion français.
40:14Mais il ne faut pas que ce soit juste des ambassadeurs
40:15qui ont dit, tiens, aujourd'hui, c'est le pot de départ de Intel.
40:18Tiens, allô, Laura, tu peux venir ?
40:19Oui, génial, bravo.
40:20On n'est plus là pour la photo.
40:22Non, c'est pas ça. On veut de l'engagement.
40:23On veut apprendre, on veut travailler, on veut s'investir.
40:25On veut...
40:28On veut partager les valeurs de chaque entreprise.
40:30C'est ça. En gros, ces valeurs intrinsèques
40:33qu'on a gérées lorsqu'on fait de la pratique intensive,
40:36on va transmettre dans le monde de l'entreprise.
40:38Et c'est le collectif, c'est l'engagement,
40:40c'est l'excellence, c'est la solidarité,
40:44c'est amener sa pierre à l'édifice
40:46pour avoir une plus-value à l'intérieur de l'entreprise.
40:49Et ça, le sportif peut le faire.
40:50Il peut le faire en comprenant, en ayant été aussi accompagné
40:55pour avoir les codes de l'entreprise.
40:58Et donc, du coup, ce travail se fait aussi avec minutie,
41:02avec le temps qui redevient un allié,
41:04parce que derrière, on est accompagné par des experts pédagogiques.
41:08Oui, et puis il faut rappeler une chose, c'est que toi, t'as tout gagné.
41:11Mais ceux qui ont été médaillés de bronze,
41:14dont on parle un peu moins,
41:15ou celles et ceux qui n'ont pas été médaillés...
41:18Les sparring partners.
41:19Voilà. Ou celles ou ceux qui n'ont pas été sélectionnés
41:21parce qu'au dernier moment, ils ont été blessés
41:23ou parce qu'ils n'avaient les meilleures qu'elles ou qu'eux.
41:26Tout à fait.
41:27Eux, ils brillent moins. Et eux, derrière, en disant...
41:29Oui, vous êtes qui, pardon ? Mais vous étiez pas à Tokyo cet été ?
41:32Ah non, vous êtes... Ah ! Vous êtes celui qui est resté en France.
41:35Et c'est là où il faut intervenir.
41:36C'est là où on a décidé,
41:39avec Richard Hulain et le groupe ACE,
41:42de créer cette entité, de créer cette école
41:44pour être, en fait, pour offrir à ces sportifs,
41:48je dis bien tous sportifs, sans condition de diplôme,
41:51cette opportunité de concrétiser, gérer leur avenir.
41:55C'est ça. Et là, c'est important, parce que vous les prenez à quel stade ?
41:57Si je n'ai pas un bac, ce n'est pas un problème.
42:00On va vous aider, on va vous accompagner.
42:02Alors, souvent, en France, le diplôme fait gage d'excellence.
42:07Donc, nous, on a des sportifs qui ont parfois décroché avant le bac.
42:12Ceux qui ont décroché après le bac,
42:13ceux qui ont décroché après le DUG ou après la licence,
42:16derrière, on laisse le poids des années faire et puis on ne sait plus.
42:20Donc, eux, on va les prendre.
42:22Et ceux qui n'ont pas de diplôme,
42:24effectivement, on va faire des formations modulables, agiles,
42:28pour leur permettre d'être certifiés.
42:30Et ceux qui ont déjà géré le bac,
42:33eh bien, on va continuer dans la diplomation.
42:34L'idée, c'est vraiment des montées en compétences
42:37dans des secteurs d'activité comme le tourisme, l'hospitality.
42:39On va avoir Paris 2024 gérée dans moins de deux ans.
42:44On a le digital qui vient en force, on a l'homestaging.
42:49Donc, du coup, on est partis dans trois univers différents.
42:52L'univers d'AMOS, sur les métiers du sport,
42:56l'univers de l'ESDAC,
42:58qui est l'univers autour de ce qui est arts graphiques, digital,
43:02homestaging, et l'univers de CMH,
43:06autour du tourisme, de l'hospitality et du tourisme.
43:09L'idée, c'est vraiment d'avoir une diversification des métiers
43:12pour dire, j'ai envie d'être manager sportif,
43:15j'ai envie d'être designer, et pourquoi pas l'homestaging ?
43:18Et ça permet de lutter contre les stigmatisations des sportifs.
43:23Toi, petite, tu rêvais de quoi ?
43:25Est-ce que dans ton cerveau, il n'y avait que...
43:27Je serais championne olympique, ou est-ce qu'il y avait aussi
43:30une partie, j'aimerais faire ça un jour après ?
43:32Parce que c'est difficile, ça.
43:34Petite, je voulais être pédiatre.
43:36Je voulais être pédiatre.
43:38Mais j'étais fascinée par les films de KPDP, la compétition.
43:41Très vite, j'ai déchanté et je me suis dit,
43:44c'est le sport, c'est le sport.
43:45Donc, à partir de quel âge, ta seule obsession
43:47n'a été que ma performance sportive ?
43:50Je pense que toute petite.
43:51Lorsque je suis arrivée voir mon premier entraîneur,
43:53je lui ai dit, je veux faire du sabre.
43:54Il m'a dit, OK, tu vas faire de l'escalier.
43:56Le sabre n'existait pas encore à l'époque.
43:58Par la suite, je lui ai dit, je veux être championne olympique.
44:00Il m'a dit, OK, d'accord, on va travailler d'abord.
44:02Tu vas passer par les compétitions nationales.
44:05Et j'ai eu la chance, en fait, d'avoir toujours
44:08un environnement géré, aimant et empathique.
44:11Donc, je reviens à ma question.
44:13Donc, toute petite, tu voulais être pédiatre,
44:14mais rapidement, t'as pris goût à l'escrime et à la victoire
44:18et tes ambitions ont décuplé.
44:20Et à quel moment, tu t'es dit,
44:23ouais, mais je ferai quoi, après ?
44:24T'avais quel âge ? T'en étais où, dans ta carrière ?
44:28J'avais 18 ans.
44:29Je pense que quand je...
44:31Donc, 18 ans, t'étais déjà quoi ?
44:3218 ans, j'avais le bac.
44:33J'avais le bac et ma mère m'a dit, OK,
44:35maintenant, je te laisse aller...
44:37Et les titres, t'avais quoi comme titres ?
44:38T'étais championne de quoi ?
44:39Alors, championne de France.
44:41Championne de rien du tout.
44:42Oui, championne de France junior,
44:44mais junior, on sait bien,
44:46on peut avoir de très belles années junior et être...
44:49On peut pas confirmer.
44:50Donc, du coup, 18 ans, je me suis dit, OK.
44:52Et puis, finalement, je me suis dit,
44:53bon, c'est quand même bien l'international,
44:56je veux être championne du monde,
44:57je veux être la meilleure au monde.
44:59Et donc, du coup, ma mère m'a dit, OK.
45:00Oui, mais maman te disait...
45:02Toujours, il faut avoir un équilibre.
45:03Il faut vraiment avoir, en fait,
45:05cette sérénité de double projet.
45:07Donc, du coup, je me suis dit, OK.
45:08Puis, je me suis lancée dans une formation de dogstabs
45:11qui n'était pas moi.
45:13Explique ce que c'est.
45:14Alors, c'est la formation
45:16des professeurs d'éducation physique.
45:17Et en fait, j'aimais les enfants, j'aimais le sport,
45:20mais je ne voulais pas faire ça toute ma vie.
45:22Certes, dans ma famille,
45:23il y avait des personnes, en fait, professeurs,
45:26mais c'était pas ceux qui me ressemblaient.
45:28Donc, du coup, il a fallu chercher, chercher, trouver.
45:31C'était l'événementiel, c'était le tourisme,
45:33c'était le challenge.
45:36Et finalement, avec le temps, je me suis façonnée
45:39et je me suis dit, ne t'arrête jamais.
45:43Quitte à te tromper, ne te trompe pas deux fois,
45:45mais vas-y à fond.
45:46Et je me suis rendue compte qu'effectivement,
45:49aujourd'hui, je prends plaisir.
45:51Ma reconversion, c'est la reconversion des sportifs.
45:53C'est aider les reconversions, je dirais, qui vont arriver.
45:58J'imagine que tu as eu pléthore de copines et de copains
46:00qui, eux, malheureusement, ont connu cette difficulté post-carrière
46:04et ce vide, ce néant, ce téléphone qui ne sonne plus
46:08ou ces gens qui ne répondent plus.
46:11Tu as dû en croiser des dizaines et des dizaines.
46:12On en connaît tous, c'est tellement difficile.
46:14On en connaît tous, et puis c'est la raison
46:16pour laquelle on est plus dans ce champ des solutions.
46:20On a des très belles réussites.
46:22J'ai envie de citer Stéphane Caron, Valérie Barlois-Leroux.
46:25C'est vrai, ils sont là, ils existent.
46:28Il y a de très, très belles réussites aussi.
46:30J'irais à Céline Gouillard pour suiter une plus jeune,
46:35mais on a aussi, je dirais, nos lettres mortes, on va dire.
46:39Et donc, du coup...
46:40Il y a beaucoup de déchets, entre guillemets.
46:42Il y a énormément, trop de déchets.
46:44Bien sûr.
46:45Ici, encore une fois, on a en fait des systèmes de double projet
46:49qui font qu'on est dans l'obligation de suivre.
46:52Mais lorsqu'on regarde les statistiques,
46:54moi, je regarde juste les chiffres,
46:56il y a trop, trop de chiffres,
46:58trop de sportifs qui sont encore au RSA du sport.
47:01Explique-moi une chose. Moi, je n'ai pas été sportif de haut niveau,
47:04mais j'en connais beaucoup.
47:06On partage souvent la vie de plein de sportifs de haut niveau.
47:10Vous êtes, ou tu étais, mais on va dire d'une manière générale,
47:13vous êtes dans l'adrénaline tout le temps.
47:16C'est je me prépare, je serai bon en compétition
47:19si je suis bon à l'entraînement, je me défonce nuit et jour.
47:21Je suis dans cette adrénaline et tout ça.
47:23Et en fait, c'est cette absence de ça,
47:26de la compétition, de la sélection,
47:28qui est très difficile à gérer derrière,
47:30parce que le monde de l'entreprise, ce n'est plus la même chose.
47:32Alors, par analogie, on vit à peu près les mêmes choses,
47:35sauf que nous, nous sommes sur des sièges éjectables
47:37et on n'a pas de CDD et CDI.
47:39Donc, du coup...
47:40Tu parles des sportifs.
47:41On parle des sportifs.
47:42Du coup, on vit tout gérer pour aller chercher l'excellence,
47:45pour rester, parce qu'effectivement,
47:46s'il y a une autre personne derrière, on n'est plus là.
47:49Donc, du coup, on est obligé...
47:50Et puis, il y a toujours une personne derrière.
47:51Il y a toujours. Il y a toujours, toujours, toujours.
47:52Donc, du coup, on est obligé de se focaliser
47:54sur de la programmation plus ou moins longue.
47:57Et donc, du coup, on vit essentiellement
47:59sur des périodes olympiques
48:00pour les sportifs olympiens et paralympiens.
48:03Donc, c'est 4 ans de préparation, 4 ans de stress,
48:054 ans de remise en question,
48:074 ans aussi de possibilité de blessure.
48:09Donc, du coup...
48:11Et puis, le facteur âge arrive, l'éternité.
48:13Et d'émergence de concurrence qu'on n'a pas vu venir.
48:15Parce que c'est ça aussi la magie du sport.
48:17C'est la petite qui était là, qu'on regardait à peine.
48:19Tiens, en 6 mois...
48:21C'est ça. Ou Romain Canonne,
48:22qui, finalement, devient champion olympique à Tokyo.
48:25Donc, il y a toujours le pourcentage de chance,
48:28mais l'incertitude du sport.
48:30Donc, du coup, quand on regarde, on a des décès.
48:34On a des suicides.
48:35On a de l'addiction qui remonte en flèche.
48:38Pourquoi ? Parce qu'il n'y a plus personne.
48:40Donc, l'idée, c'est vraiment de se dire,
48:42tu as des compétences, tu as des appétences.
48:44On va dissocier le fantasme de la réalité.
48:47Quel est ton cheminement ?
48:49Et derrière, on va t'aider.
48:50On va t'aider parce qu'on a un réseau pédagogique,
48:53on a un réseau entrepreneurial qui sera là pour toi.
48:57Et puis...
48:58Et c'est pour ça que ce monde du sport est fascinant.
49:00Et c'est pour ça que vous, les championnes et les champions,
49:02vous êtes fascinants.
49:03Parce que vous n'êtes pas des gens normaux,
49:05vous n'êtes pas dans la normalité.
49:06Et on le voit, le plus grand golfeur de tous les temps,
49:09le plus grand nageur de tous les temps,
49:11sont des gens qui sont tombés dans des addictions.
49:13Mais de manière très profonde.
49:15Non, je parle dans ces deux cas-là.
49:17D'accord.
49:18Pour dire que...
49:20Ouais, que vous êtes différents de nous.
49:22C'est vous, c'est la surperformance en permanence.
49:26Le monde de l'entreprise,
49:27ouais, tout le monde essaie d'être le meilleur,
49:29mais combien le donne vraiment tous les jours ?
49:32Alors qu'un sportif ne peut pas tricher.
49:34Si tu rates trois entraînements, le week-end d'après,
49:36mon coco...
49:37La sanction est immédiate.
49:38On est toujours dans ce rapport avec l'excellence.
49:41L'excellence qui vient à l'instant T, le jour J,
49:43il faut être à 200 %,
49:45donc il faut aussi arriver à lâcher prise.
49:47Mais le lâcher prise ne vient que parce qu'on a travaillé derrière.
49:50Ce qui fait que le facteur le plus important
49:55qu'on ne gère pas, c'est la pression.
49:57La peur, comment on va réagir ce jour-là, à ce moment-là ?
50:00Mais là, on fait confiance à l'environnement.
50:02Et ce qu'on veut aujourd'hui pour nos champions,
50:04c'est avoir un environnement qui leur dit
50:06« OK, je t'accepte,
50:08mais amène ta plus-value à l'intérieur de l'entreprise ».
50:11Et c'est ce que le sportif recherche.
50:13C'est ce challenge différent,
50:17mais ce challenge « je veux exister pour représenter une entité,
50:22une entreprise, pour devenir aussi un entrepreneur ».
50:25Parce qu'il y a une chose qu'il faut comprendre,
50:26c'est qu'un sportif de haut niveau
50:28est persuadé qu'il est le ou la meilleur.
50:31Il n'y a pas d'autre chose, sinon ça ne sert à rien
50:32d'aller se présenter dans quelque compétition,
50:35quelle que soit la discipline.
50:36Un sportif est persuadé qu'il est le meilleur.
50:39Je vais faire un truc un peu caricatural,
50:41mais regardons les sports mécaniques.
50:43Les sports mécaniques,
50:44ils arrivent à 300 km heure en moto ou en voiture.
50:47Dans le virage, il n'y en a qu'un qui passe en premier.
50:49Et heureusement que chacun pense qu'il est le meilleur,
50:51parce que sinon, il te dit « vas-y, je te laisse passer, mon gars ».
50:54Je ne t'ai jamais vu laisser passer.
50:56Je ne t'ai jamais vu laisser passer.
50:59J'aurais dû mettre « sportif ».
51:01Ce que je veux dire, c'est que vous êtes des pépites
51:03pour l'entreprise, parce que cette envie de réussir,
51:05cette envie d'être le meilleur,
51:07c'est formidable pour une entreprise.
51:08C'est ça. En fait, c'est exactement ce qu'on recherche,
51:12sauf qu'on ne veut plus brader le sportif.
51:14Il ne vient plus pour la photo.
51:15Il vient parce qu'il a des compétences,
51:17il a une formation, il a une diplomation,
51:20et il vient amener sa plus-value à l'intérieur.
51:23Du coup, on fera aussi des stages en entreprise.
51:25« Vie ma vie de l'entreprise ».
51:26Oui, un exemple, j'aime le luxe.
51:29OK, certes, mais quoi dans le luxe ?
51:31La bagagerie, le parfum, la cosmeto.
51:34Donc, du coup, on va leur apprendre
51:36de manière plus incisive et plus individuelle
51:40ce qui est à l'intérieur du monde du luxe ou de l'hôtellerie.
51:44Quelqu'un peut te dire « j'aime l'hôtellerie »,
51:45puisque tu en parles,
51:46mais une fois qu'il va aller faire une semaine de stage,
51:48il va se rendre compte qu'il n'aime pas.
51:49Parce que parfois, on reste sur des images
51:51et en fait, on ne sait pas trop,
51:51parce que tu as fait des compét' toute ta vie,
51:53évidemment, tu n'as pas fait des stages dans les hôtels.
51:55En général, tu donnais ta carte pour aller dans la chambre.
51:57Là, c'est tous les métiers autour de cette industrie
52:00qui est fascinant.
52:01Et c'est ce que nous, on veut amener,
52:04c'est cette curiosité,
52:05renchérir cette curiosité.
52:06Si je comprends bien, vous devez être une solution
52:08avant que les problèmes n'arrivent pour les sportifs.
52:11Être capable de détecter chez chacune et chacun
52:14le potentiel, les envies.
52:16C'est ça.
52:16Ensuite, une fois qu'on a réussi à débroussailler ça,
52:19on va t'accompagner pour t'amener
52:21ou pour te former dans ta spécificité.
52:23En validant des blocs de compétences.
52:25Et ensuite, on va te trouver des ouvertures,
52:27via des stages, dans des entreprises.
52:29Tu feras des stages.
52:31Nous, nous ne sommes pas là pour placer.
52:33Mais on a un réseau qui, aujourd'hui, nous dit,
52:36nous, nous voulons intégrer des sportifs.
52:38Un exemple, une entreprise qu'on peut citer,
52:42c'est la CGDIM, qui est gérée dans le milieu du digital
52:46et la logistique paramédicale et médicale.
52:50Ils disent, nous, on a bien vécu la pandémie.
52:55Et on va embaucher.
52:56Et ils disent, voilà, nous, on a certains profils,
53:00certaines fiches de poste.
53:02Si vous les mettez en compétences, nous, on les prend.
53:06Mais nous, on n'est pas là pour vendre.
53:08C'est pas notre rôle.
53:09Notre rôle, c'est la montée en puissance du sportif
53:12qui a décidé de s'investir dans son double projet,
53:14voire dans sa reconversion.
53:16Parce qu'un sportif qui va venir dans ton école
53:17sport excellence reconversion, c'est parce qu'il a faim,
53:21qu'il a envie, qu'il va payer cette formation.
53:24Ca veut dire que, théoriquement, c'est pas pour lâcher prise.
53:27On parle pas de... C'est pas des enfants gâtés.
53:30Et c'est des gens qui viennent là
53:32parce qu'ils ont le souci de l'après.
53:35Ils ont le souci et ils ont l'envie de la réussite pour l'après.
53:38C'est surtout ça, dans une communauté des valeurs,
53:43où ils seront, en fait, compris.
53:45Un jeune, on va prendre un profil d'escrimeur.
53:50J'ai 35-40 ans.
53:53Oui, j'ai eu le bac, mais j'ai arrêté.
53:55Il aura des difficultés à revenir gérer
53:57dans la vie de tous les jours, dans un amphi,
54:00à l'université, dans un amphi, avec un jeune de 18 ans
54:03qui va le regarder en disant qu'est-ce que tu fais là ?
54:06De l'autre côté, il va dire si t'avais vécu
54:08ce que j'avais vécu pendant 30 ans, tu n'aurais pas parlé.
54:11Donc, du coup, l'idée, c'est de bien permettre aux sportifs
54:15de grandir une deuxième fois dans un univers géré compatissant,
54:19mais challengeant.
54:21Il ne faut pas oublier que la retraite d'une sportive ou d'un sportif,
54:24c'est 30-35 ans.
54:26En gros, il y a encore au moins 25 années à faire.
54:28Le gymnase, c'est 18-19.
54:30Voilà, en fonction de chaque discipline,
54:33il y aura cet accompagnement et ce suivi
54:36en fonction des métiers passions qu'on aura, en fait, lancés.
54:40Laura, j'ai deux questions avant de se séparer.
54:46La première est liée à ta carrière.
54:47Je voudrais que tu me dises ton plus beau souvenir de championne
54:50et ton pire souvenir de championne.
54:52Plus beau ?
54:54Voilà, c'est quand même l'entrée dans la famille olympique.
54:57C'est le doublé, en fait, à Atlanta.
54:58C'est il y a 25 ans, un peu, et j'ai l'impression que c'est encore hier.
55:02Alors, attends, attends, attends.
55:03Laquelle des deux médailles ? L'individuelle ou la plus belle ?
55:06Alors, honnêtement,
55:09l'escrime, c'est un sport individuel.
55:11Donc, c'est l'individuel.
55:12En revanche, j'ai fait, Valérie et moi,
55:15nous avions fait la Provence à Valérie Berloin-Leroux,
55:18qui était dans l'équipe.
55:19Elle était deuxième.
55:22Donc, on fait un doublé, magnifique.
55:23Sauf que nous étions trois dans l'équipe.
55:25On avait fait une promesse folle à la troisième Sophie Maurice-Épichaud
55:29de lui permettre de revenir avec sa médaille d'or, tout simplement.
55:33Et trois jours après, nous étions revenus,
55:35elle, médaillée, et moi, double médaillée.
55:39Donc, Atlanta reste le moment le plus magique.
55:41Difficile à dissocier.
55:42Difficile.
55:44Le pire ?
55:45C'est le moment où on dit au revoir à sa famille.
55:47Et c'est vrai que...
55:51C'est les Jeux de Londres.
55:53C'est-à-dire que la machine s'arrête, le corps s'arrête.
55:56On a l'envie, on a l'expertise, on a de l'anticipation,
56:00mais le corps rappelle qu'on a 40 ans,
56:03qu'il ne faut pas faire l'année, surtout pas faire l'année de trop.
56:06L'année trop.
56:07Mais en même temps, j'ai envie de dire...
56:09En plus, t'étais porte-drapeau à Londres.
56:11Au Jeux, j'ai envie de dire, moi, j'ai eu plus de 30 médailles
56:14parce que j'étais la capitaine d'équipe.
56:16Et on a eu énormément de médailles.
56:18Et quand je me suis retournée,
56:20il y avait une délégation pluriethnique intergénérationnelle,
56:23je me disais, voilà, ce sont quelque part des médailles
56:27de gérer de mon capitana.
56:29Donc, du coup, sois fière, pleure beaucoup et aide les autres.
56:33Même question par rapport à la ministre des Sports que tu as été.
56:36Ton meilleur souvenir et ton pire souvenir.
56:40Mon meilleur souvenir ?
56:42J'ai envie de dire...
56:43Il y a eu beaucoup de choses.
56:44Il y a eu la Ryder Cup, on ramène la Ryder Cup à la maison,
56:47les Jeux à la maison.
56:49La 98...
56:51Euh, 98... 2018, le foot aussi.
56:54Faut que tu choisisses. Le meilleur.
56:58Tout simplement, rentrer, en fait, à l'Elysée
57:01avec mon carte-table de ministre.
57:02Voilà.
57:03Ce jour-là, ça fait quoi ?
57:05On se dit... Premier conseil des ministres.
57:07Quand tu montes les marches, tu traverses les petits cailloux.
57:10Tu la connaissais, pourtant, cette cour.
57:11T'étais venue plusieurs fois en tant que championne.
57:13Oui, mais là, on vient pour travailler pour son pays.
57:16Et là, tu dis...
57:17T'avais le survêtement de l'équipe de France d'escrime.
57:20Là, tu vas porter les couleurs du sport français.
57:23Donc, du coup, attention.
57:24Et vraiment, ça a été un moment que je n'oublierai jamais
57:28parce que c'est 16 mois intensifs, mais je ne regrette pas.
57:33Tu me dis le premier conseil des ministres.
57:34C'est quel moment qui est...
57:36C'est le moment où tu traverses la cour,
57:37c'est le moment où tu montes les marches,
57:38c'est le moment où t'accueilles,
57:39c'est le moment où t'es assis en conseil des ministres ?
57:40C'est le moment où on s'assied
57:42et que le Premier ministre et le Président arrivent
57:46et lancent, je dirais, cette première réunion.
57:50Et là, tu regardes à droite, à gauche, tu te dis
57:52« Waouh, j'y suis ! »
57:52Je suis.
57:53Et le pire souvenir en tant que ministre des Sports ?
57:55Le pire souvenir...
57:57Parce qu'on ne peut pas tout faire.
57:58On ne peut pas tout faire, on ne peut pas plaire à tout le monde.
58:03C'est...
58:07C'est lorsqu'on va sur le terrain,
58:09parce qu'on est convaincus
58:11qu'on doit écrire l'histoire sur le terrain
58:14et qu'on se fait agresser par des gens
58:17qui ne comprennent pas que le sport fait consensus
58:19et que c'est un vecteur d'intégration.
58:22Compris. Message reçu.
58:24Merci infiniment, Laura Flessiel, d'avoir été avec nous.
58:26Je rappelle l'école Sports Excellence Reconversion.
58:28Le site Internet va s'inscrire en bas.
58:31Merci, bravo, puis continue.
58:32A bientôt.
58:33A très bientôt. Merci à toutes et à tous de nous avoir suivis.
58:35Et puis on se retrouve très prochainement, évidemment.
58:37Salut. Merci, Laura.
58:39Sous-titrage ST' 501

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