A vos marques - Le Para judo

  • il y a 2 mois
Dans ce numéro d'A vos marques, Maxime Brami revient sur la pratique du para judo avec deux athlètes qui visent Paris 2024. Présentation de la discipline dans une première partie avant de revenir sur le parcours d'Anthony MARTINS MISSE (Judoka paralympique - double champion du monde junior) et Sandrine MARTINET (Championne du monde, triple Championne d'Europe, 4 médailles paralympique dont une en OR à Rio 2016 en -52 kg).

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Transcript
00:00Générique
00:14Bonsoir à toutes et bonsoir à tous, ravis de vous retrouver pour ce nouveau numéro d'Avomar.
00:19Comme chaque semaine, nous partons à la découverte d'une discipline,
00:22de personnalités hors du commun, de chemins de vie hors du commun.
00:26Et cette semaine, nous mettons à l'honneur le para-judo avec mes invités en plateau,
00:31Anthony Martin-Smith.
00:33Bonjour Anthony.
00:34Bonjour Maxime.
00:34Anthony, vous êtes judoka paralympique, vous êtes double champion du monde junior
00:38et vous êtes en route pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024.
00:42Bien entendu, vous êtes accompagné de Sandrine Martinet.
00:44Bonjour Sandrine.
00:45Bonjour.
00:46Vous êtes championne du monde, trois fois championne d'Europe,
00:49quatre médailles aux Jeux Paralympiques et dont une en or,
00:53à Rio en 2016, en moins de 52 kilos, catégorie qui n'existe plus.
00:59On en parlera pendant cette émission.
01:00Partons tout de suite à la découverte de votre discipline,
01:04Avomar, spécial para-judo, c'est parti.
01:10Le para-judo est une discipline paralympique depuis les Jeux de Séoul en 1988.
01:16C'est d'ailleurs lors de ces Jeux que le terme paralympique a été utilisé pour la première fois.
01:20Anthony, Martin-Smith, ce n'est pas très égalant, mais on va commencer avec vous.
01:24Le fait que le para-judo soit paralympique,
01:26explique-t-il le fait que vous ayez choisi cette discipline ou pas du tout ?
01:30Non, pas du tout.
01:31Au départ, je voulais faire du karaté.
01:33Du fait de mes problèmes de vue, ça semblait un peu compromis quand j'étais jeune
01:37puisque je devais perdre la vue un an après quasiment avoir voulu commencer le karaté.
01:43On m'a plutôt orienté vers le judo, là où tous les copains à l'époque en faisaient.
01:46Moi, je ne voulais pas faire comme les copains.
01:48Non, ça a été plutôt un phénomène de mode.
01:50Puisque c'était l'époque d'Ouillet, c'était l'époque Ristou.
01:54Donc non, ça n'a pas été du tout une motivation au départ.
01:58La compétition elle-même ne m'intéressait pas.
02:00Sandrine, si le para-judo est paralympique depuis 1988 pour les hommes,
02:06ce n'est pas pareil pour les femmes.
02:08Il a fallu attendre 2004.
02:10Comment est-ce qu'on explique ce décalage, cette injustice, je dirais ?
02:14Je dirais que la pratique du judo féminin pour les personnes en situation de handicap
02:22à l'époque était encore moindre que celle d'aujourd'hui.
02:27Aujourd'hui, on a du mal à avoir des athlètes féminines.
02:30Encore ?
02:30Clairement, encore aujourd'hui, tout à fait.
02:32On valide, on est très, très, très fort.
02:36Chaque fille dans sa katé peut gagner les mondes.
02:39Donc c'est vrai qu'on a vraiment...
02:41Qu'est-ce qui explique qu'en para-judo, ce ne soit pas la même chose ?
02:44Il y a plus d'appréhension ?
02:45Je ne sais pas, peut-être.
02:48Peut-être que c'est...
02:49Il y a une question de culture aussi.
02:50Il y a une question, oui, de culture.
02:52Mais en tout cas, moi, quand je rencontre en tout cas des parents,
02:56j'essaie vraiment de les tranquilliser par rapport à la pratique.
03:01Quelles sont leurs inquiétudes ?
03:02Je pense que le fait d'avoir déjà un handicap,
03:05on n'a pas forcément envie que notre enfant aille faire un sport de combat.
03:09Et justement, moi, je leur dis bien au contraire, le judo, c'est hyper bien par rapport à ça
03:14parce que la première chose qu'on apprend déjà, c'est à chuter, à se relever.
03:17Et ça, moi, ça m'a sauvé énormément de fois.
03:19À l'époque, je faisais pas mal de vélo ou j'ai fait de la trottinette, des choses comme ça.
03:24Et c'est vrai que savoir chuter ou même rater une marche ou courir et prendre un obstacle,
03:28le fait de savoir chuter, ça m'a évité vraiment, vraiment de faire des grosses, grosses chutes,
03:33des grosses gamelles où j'aurais pu avoir franchement la tête en sang.
03:37C'est un argument qui fait mousse, normalement.
03:38Et du coup, ça, c'est un très, très bon argument.
03:41L'autre argument, c'est qu'en termes de motricité, notre sport est un excellent sport pour ça,
03:47pour le développement de la latéralité, de la motricité, du développement par rapport à l'espace.
03:53Donc, vraiment, moi, j'encourage tous les parents à mettre leurs enfants au judo de manière générale
04:00et bien évidemment, notamment les enfants en situation de handicap visuel.
04:06Et puis voilà, toutes les petites filles qui ont envie de faire un sport de combat, qu'elles y aillent
04:10et justement, les féminines de l'équipe de France Vallée nous montrent à quel point, en plus,
04:14on est performant au plus haut niveau.
04:16Donc voilà, avis à toutes les petites filles et tous les parents qui veulent pousser leurs enfants
04:22à s'épanouir, à se développer, à venir pratiquer le para-judo.
04:26En tout cas, Sandrine, vous êtes très convaincante.
04:28J'aimerais avec vous, Anthony, qu'on revienne peut-être sur les règles du sport
04:32et notamment les éventuelles différences qu'il y aurait avec le judo traditionnel.
04:37Déjà, la grande différence, c'est qu'en judo dit valide, on démarre avec une garde non installée.
04:44C'est-à-dire que je ne tiens pas mon adversaire, dans une compétition, un partenaire, lors d'un entraînement,
04:49je ne tiens pas son kimono.
04:52Ce qui, forcément, nous, nous met en difficulté parce qu'on peut être tout de suite pris en traître
04:57et puis ne pas pouvoir installer correctement son jeu, sa technique.
05:02Là où, en para-judo, on installe la garde et on se tient dès le départ.
05:11Donc, il y a aussi là, peut-être plus de tension.
05:14Sandrine l'infirmera, le confirmera, mais moi, en tout cas, je ressens beaucoup plus de tension,
05:18beaucoup plus dans un rapport de force immédiat.
05:21Et au hajime, c'est-à-dire au lancement du combat, là, il faut être tout de suite explosif
05:26et il faut lui rentrer dedans.
05:29Ensuite, dans les autres spécificités de notre pratique, c'est le même judo,
05:37c'est le même sport, si ce n'est qu'on a une pratique qui est différente
05:42parce que, je le disais, on a des rapports de force qui sont beaucoup plus importants tout de suite,
05:49avant même que le combat commence, et on a un arbitrage aussi particulier.
05:54Nous, par exemple, pour éviter les sorties de tapis, l'arbitre se positionne au centre de la surface de combat
06:01et nous appelle par un mot qui est « jogai » et qui nous informe que là, on commence à sortir du tapis.
06:08Il vaut mieux se rapprocher de lui.
06:10– Pourquoi vous n'auriez pas le droit de sortir du tapis ?
06:12– Parce que sinon, c'est une pénalité qui pourrait nous être appliquée.
06:16Et puis, il y a aussi un danger, c'est-à-dire que si vous sortez de la surface de combat,
06:21vous blessez et tombez dans la table d'arbitrage, ce qui m'est arrivé quelques fois.
06:27– D'accord.
06:29Le para-judo, Sandrine, s'adresse aux personnes uniquement en situation de handicap,
06:37mais de quel handicap parle-t-on ?
06:39Est-ce qu'il s'adresse uniquement aux personnes en situation de handicap visuel ?
06:46– Alors, au niveau de la compétition et des compétitions internationales,
06:50bien évidemment, aux Jeux paralympiques, c'est l'handicap visuel,
06:53donc mal et non-voyant, qui sont après.
06:57Vous avez aussi les sourds et malentendants qui font le championnat de France avec nous,
07:02et qui ont un championnat d'Europe, un championnat du monde,
07:06et ce qu'on appelle les defs olympiques, qui sont les Jeux pour les sourds et malentendants.
07:11Vous avez plusieurs sports, dont le judo, pour ce handicap-là.
07:15Et vous avez aussi en judo le sport adapté.
07:19– Mais aux Jeux paralympiques, qu'on comprenne bien,
07:21ce sont juste les athlètes en situation de déficience visuelle.
07:25– Voilà, il n'y a que les déficients visuels qui peuvent participer aux Jeux paralympiques.
07:29Après, les sourds et malentendants ont leur championnat d'Europe,
07:32leur championnat du monde et leur jeu à eux.
07:34Mais voilà, c'est la seule catégorie de handicap
07:37qui est représentée, donc les déficients visuels au jeu.
07:40Et après, je dirais que toute personne qui a un handicap
07:42peut essayer de faire du judo avec certaines adaptations.
07:45– Mais si je suis en fauteuil ?
07:46– Eh bien, c'est possible, on peut aménager.
07:48On a un athlète, Mickaël, qui fait du judo-jiu-jitsu en fauteuil.
07:52– Et tout seul ?
07:53– Et qui réalise avec un adversaire, plutôt sous forme de kata,
07:57donc de démonstration technique, mais qui pratique des enchaînements
08:02avec de la liaison au sol, voilà, donc il a une…
08:05– Ça, c'est pour du loisir, entre guillemets.
08:07– Voilà, c'est pour du loisir.
08:08Il y a même certaines personnes avec des hémiplégies
08:11qui peuvent faire ce qu'on appelle le néwasa, donc du judo au sol,
08:14et qui peuvent, voilà, pratiquer notre sport avec des adaptations.
08:19Mais l'essentiel, c'est de pratiquer un sport, de se faire plaisir,
08:22de s'amuser, voilà, d'être avec des copains sur le tapis.
08:29À part certaines parties, voilà,
08:32ceux qui ont un handicap qui peuvent accéder à la compétition…
08:35– Anthony, vous voulez compléter ?
08:36– Oui, on a une Coupe de France qui touche justement cette pratique-là
08:41de kata technique, de judoka en fauteuil, qui est assez impressionnant.
08:47En tout cas, j'ai pu pratiquer avec Mickaël, notamment.
08:49– On va revenir sur l'aspect compétition dans la deuxième partie de l'émission, Anthony.
08:54Mais une question, si on met un masque à Teddy Riner,
08:58il peut concourir avec vous ou pas ?
09:00Anthony, vous avez envie ?
09:02– Je ne sais pas si j'ai envie.
09:03– Non, mais c'est pas du tout ouvert aux valides.
09:11On ne peut pas mettre un masque à un valide pour qu'il puisse concourir.
09:14– Ça arrive à l'occasion des entraînements ou pas ?
09:16– Oui, ça on le fait.
09:17Déjà, quand on s'entraîne, la chance de notre sport,
09:19c'est qu'en fait il y a très très peu de différences avec les valides.
09:22C'est le même règlement aux deux détails qu'ont été évoqués par Anthony,
09:26c'est qu'on prend la garde au départ
09:27et que les sorties de tapis sont indiquées par le terme jogail.
09:30Sinon, c'est les mêmes sanctions, c'est les mêmes marques,
09:32donc c'est vraiment le même sport.
09:34Donc quand on combat, on s'entraîne avec les valides dans notre quotidien,
09:39soit en club, soit sur les structures de haut niveau,
09:41Pôle Espoir, Pôle France et INSEP.
09:44– On voit les images, je précise,
09:46on voit les images de votre entraînement pendant que vous parlez,
09:48je vous invite à continuer votre explication.
09:51– Et du coup, c'est super parce qu'on peut s'entraîner
09:54avec les meilleurs français et du coup pouvoir progresser.
09:58Et du coup, ils jouent le jeu, quand ils sont avec nous,
10:02de partir garde installée, ce qui est un petit peu contraignant
10:04parce que comme l'a dit Anthony,
10:06il y a cette espèce de rigidité qu'on peut avoir au départ.
10:10– Et tout de suite dans le combat.
10:11– Et la difficulté de pouvoir imposer sa garde, son kumikata,
10:17son schéma d'attaque qui est un peu plus difficile.
10:19Il y a un petit temps d'avance qu'on peut avoir
10:21quand on va chercher l'adversaire.
10:22Mais les valides jouent le jeu avec nous,
10:26on est bien connus maintenant sur les structures de haut niveau
10:29et on part garde installée,
10:30on peut faire du judo comme n'importe quel autre athlète.
10:33Et ça nous arrive et ça arrive à certains enseignants
10:36de justement faire pratiquer les valides avec des bandeaux
10:40et donc voilà, ils peuvent faire judo de la même façon.
10:43Et c'est assez intéressant de faire pratiquer en situation de handicap
10:46parce que voilà, ça leur fait prendre conscience un petit peu
10:48des difficultés que l'on peut ressentir et avoir,
10:52mais aussi du fait que ça reste du judo et avant tout du judo
10:56et qu'on peut pratiquer ensemble sans aucun souci.
10:59– Anthony, nous allons parler des catégories.
11:02Chaque personne est différente et notamment n'a pas le même niveau
11:06de cécité visuelle.
11:09Comment est-ce que ces catégories sont organisées ?
11:13– On en a deux, J1 qui concerne les personnes non-voyantes
11:18ou en tout cas malvoyantes profondes, ce qui est mon cas,
11:20et puis J2 qui est plutôt la catégorie de Cendrine
11:23et donc qui sont les malvoyants.
11:26Et voilà, on a établi ces deux classifications-là,
11:31déjà pour simplifier, parce qu'avant, on avait 3-4 qui se conjuguaient
11:39et ça laissait parfois un peu l'occasion à la triche pour certaines nations.
11:45– Avec plus de classification, ça laissait plus de place à la triche ?
11:48– Oui, parce qu'en fait, vous aviez des niveaux de déficience visuelle
11:51et avant, ça se décomposait en B1, B2, B3, voire B4,
11:56et en fait, on avait parfois des doutes sur est-ce qu'il est réellement malvoyant
12:01ou est-ce qu'il n'est pas semblant.
12:03– Il n'y avait pas des tests homologués ?
12:05– Si, mais justement, ça laissait un peu plus l'emprunt aux doutes.
12:09Donc, il y a eu cette volonté de simplification
12:12et puis aussi parce que les gens qui étaient complètement non-voyantes
12:15ou malvoyantes très très profondes, c'est-à-dire, dans mon cas,
12:18on perçoit tout juste la lumière, les obstacles, les ombres, etc.,
12:22ce n'est pas suffisant et on s'est rendu compte sur les compétitions de haut niveau
12:28que les personnes dans ma situation étaient désavantagées
12:33par rapport à ceux qui avaient un reste visuel un petit peu plus important
12:36parce que quand vous avez une forme de vision restante,
12:40vous pouvez parfois anticiper un bras qui se déplace, une jambe,
12:46et donc, ça a été aussi fait pour ça,
12:50pour séparer ceux qui ne voient pas du tout de ceux qui voient un petit peu.
12:53– En revanche, il y a quelque chose qui ne change pas,
12:56c'est les catégories poids de corps.
12:58Alors vous, vous avez été championne paralympique en moins de 52,
13:00ils ont supprimé votre catégorie et maintenant c'est moins de 48,
13:03donc il a fallu arrêter de manger, Sandrine.
13:06– Voilà, alors en fait, pour remonter un peu le temps,
13:09donc je gagne Rio en 52, je devais arrêter ma carrière à ce moment-là,
13:14j'aime bien dire que j'arrête et que je reviens,
13:16finalement j'ai fait ça plusieurs fois,
13:17alors que je le pensais sincèrement au moment où je le disais en plus,
13:20mais bon, qui ne change pas d'avis.
13:24Du coup, je décide de prolonger sur Tokyo, le pays du judo,
13:30et de faire ce choix stratégique de descendre en moins de 48.
13:34– Et pourquoi vous n'avez pas fait le choix stratégique de monter à 57 ?
13:37– Parce que physiquement, j'étais un peu…
13:41– Il suffisait de manger ?
13:42– Ouais, non, ce n'est pas comme ça que ça marche,
13:43parce que là, mettre une tête en 57…
13:47Non, non, donc physiquement, j'avais un petit déficit en 52,
13:50donc j'avais perdu du poids,
13:51donc je me suis dit, pourquoi pas essayer en 48.
13:54À l'époque, les premiers régimes ont été faciles,
13:57maintenant c'est très compliqué.
13:59– Mais c'est une bonne motivation pour faire un régime quand même.
14:01– Et en fait, suite à l'installation des nouvelles classifications,
14:05donc J1, J2, et de la séparation des malvoyants, des non-voyants,
14:08vu qu'avant on était mélangés,
14:11eh bien ils ont dû, comme on ne peut pas rajouter 14 podiums,
14:15il faudrait virer 3 sports au jeu,
14:18ils ont décidé de supprimer des catégories de poids.
14:20Et c'est pour ça qu'on n'a plus que 4 catégories au lieu de 7,
14:24donc les 52 kilos font partie des catégories qui ont été supprimées,
14:29comme les moins de 63, qui est la catégorie de Clarisse en valide,
14:33et on a moins de 70 et plus de 70, et 57 pour l'autre catégorie.
14:37– Et chez les hommes, ça a été simplifié également ?
14:39– Ouais, pareil, moins de 60, moins de 73, moins de 90, plus de 90.
14:43– Et vous concourez dans quelle catégorie ?
14:44– Moins de 90.
14:45– Moins de 90.
14:46– Mais ce n'était pas le cas il y a encore 3 semaines.
14:49– Ah oui, d'accord.
14:50– J'ai fait Championnat de France en plus de 90.
14:53– Et vous vous êtes dit, je vais faire un régime comme ça ?
14:55– Oui, je me suis dit, il faut que j'objective de descendre catégorie de poids,
14:59et puis après il y a aussi des enjeux, on va dire moyen terme,
15:04où on se projette de savoir s'il n'y a pas un copain qui est déjà dans la catégorie,
15:09et donc ça fait doublon, peut-être que ça ne sert à rien,
15:13et donc en moins de 90, il y avait peut-être un peu de place,
15:17et puis voilà, c'est aussi ces jeux-là que nous faisons dans notre sport.
15:23On joue avec notre poids pour essayer de se positionner
15:26dans les catégories où on peut être confortable.
15:28– Depuis 2016, le tutorat du para-judo a été transféré
15:33de la Fédération Française en e-sport à la Fédération Française de judo.
15:37Aujourd'hui, d'avant-marche, nous avons vocation à nous adresser aux parents
15:41d'enfants en situation de handicap.
15:43Comment est-ce qu'on fait pour découvrir le para-judo, Sandrine ?
15:47– Je pense que le premier club, près de chez soi.
15:50– Ils sont tous adaptés pour le para-judo ?
15:53– En fait, l'adaptation, pour moi, elle est assez simple,
15:55il suffit juste d'être bienveillant et d'accueillir la personne.
15:59– Oui, mais ça, c'est côté club.
16:00Est-ce que tous les clubs sont bienveillants
16:01et aptes à accueillir les personnes en déficience visuelle ?
16:04– Pour moi, oui.
16:04Après, la Fédération Française de judo travaille sur la formation
16:11pour permettre aux enseignants d'être plus…
16:16alors je ne sais pas si on peut dire plus humaine,
16:17parce que pour moi, l'adaptation est simple,
16:21donc il n'y a pas besoin d'une formation poussée
16:24pour pouvoir accueillir ce type de public,
16:27en tout cas pour les déficients visuels.
16:29Mais nous, on pousse au niveau de la Fédération
16:33pour travailler sur la formation, pour travailler sur un meilleur accueil.
16:36– La formation des entraîneurs ?
16:37– Oui, des professeurs de club.
16:40– On les forme à quoi, les entraîneurs, finalement ?
16:42– Finalement, à faire du judo, c'est pour ça qu'il faut enseigner le judo.
16:46Je suis arrivée dans un club, certes à Vincennes, à la SVLJ,
16:50dans lequel l'enseignant qui m'a pris en charge
16:54n'a pas été gênée par mon handicap,
16:57et il m'a appris le judo comme il a appris à tous les autres,
17:00juste peut-être donner plus d'indications verbales
17:04sur la façon de faire la technique,
17:06voilà, donner plus d'indications,
17:08et bien évidemment, éventuellement, nous faire ressentir sur nous,
17:13ou peut-être parfois, pour certains envoyants,
17:15venir toucher les deux partenaires qui font la technique pour mieux comprendre.
17:20– Anthony, rapidement, sur la formation des entraîneurs.
17:25– Moi, à l'époque, quand j'ai commencé le judo,
17:27le prof avait dit à ma mère,
17:29écoute, on va essayer, mais je ne te garantis rien.
17:32Et finalement, ça s'est très bien passé
17:33parce qu'il y a eu beaucoup de communication.
17:35Ça a été surtout un travail humain d'échange,
17:39et puis beaucoup d'explications quand il fait une technique, etc.
17:42Et aujourd'hui, je suis très heureux de constater
17:44que notre fédération a fait un travail énorme
17:45sur la familiarisation, la sensibilisation à la question,
17:49et les profs sont formés dans leur tronc commun,
17:51maintenant, ils ont des modules de formation pour ça.
17:54Ce n'est pas tant sur le tapis, le travail,
17:56parce que sur le tapis, on travaille aussi avec les camarades,
17:58les camarades nous aident beaucoup dans l'apprentissage des techniques,
18:01mais c'est surtout en dehors.
18:02Comment j'accompagne, comment j'accueille ?
18:04Tiens, là, il y a le vestiaire.
18:06Ce sont des détails en soi qui...
18:07Des choses finalement assez basiques.
18:09Oui, c'est basique, et en termes de judo, il n'y a pas vraiment...
18:13C'est le même judo.
18:14C'est le même judo, c'est la même chose,
18:15sauf qu'on prend la garde au départ.
18:17Alors, quand on a des encadrants qui sont bien formés,
18:19qui sont bienveillants, ça peut donner des champions.
18:22Qui dit champion, dit compétition.
18:23C'est l'heure de Parcours Perf.
18:28De retour pour la seconde partie de votre programme,
18:31à vos marques dédiées au para-judo,
18:33avec comme angle la compétition pour cette deuxième partie,
18:37et bien évidemment, Paris 2024 en ligne de mire.
18:40On va commencer avec vous, Sandrine.
18:42Quelles sont les compétitions qui sont proposées aujourd'hui,
18:45au niveau national, au niveau international,
18:48pour le para-judo, les compétitions qui comptent ?
18:50Alors, on a, sur le parcours qui est demandé aux différents para-judoka,
18:56on nous demande de faire des compétitions valides aussi.
18:59Qui vont être des compétitions supplémentaires d'entraînement,
19:01qui vont permettre de se mettre en situation de compétition encore plus.
19:06Donc, par exemple, moi j'ai fait les Îles-de-France en mars dernier,
19:10et je ferai les championnats de France deuxième dive en juin.
19:14Donc, on a cette demande de la part de notre fédération.
19:18On part garde installé, bien évidemment,
19:20pendant toutes ces compétitions-là, avec les valides.
19:23Après, au niveau international,
19:25donc là, les prochains objectifs,
19:26ça va être les Jeux européens et les Jeux mondiaux au mois d'août.
19:29Ah oui, donc c'est la double préparation pour Paris, finalement.
19:35Voilà, donc on a des compétitions, donc Jeux européens et Jeux mondiaux.
19:38Après, on aura le Grand Prix de Bakou, qui sera fin septembre.
19:42Et en décembre, on aura le Grand Prix du Japon.
19:45Donc, ça, ce sera pour cette année.
19:46Je pense qu'on aura trois championnats, enfin, trois Grands Prix en 2024.
19:50Là, on est uniquement avec des personnes en situation...
19:53Voilà, là, c'est uniquement des personnes en situation de handicap visuel,
19:57avec des points à marquer pour la ranking list des Jeux.
20:00Et donc, nous, comme on est payé organisateur,
20:03pour ouvrir les quotas pour les Jeux,
20:05on devait présenter un athlète aux championnats du monde,
20:09qui ont eu lieu en novembre dernier.
20:11Donc, du coup, ça ouvre la catégorie de poids.
20:15Après, l'athlète sera désigné par la fédération et le CPSF
20:20pour savoir qui va aller représenter la France sur la catégorie de poids ouverte.
20:26Et là, l'idée, pour moi, c'est surtout d'aller chercher un maximum de compétition
20:30pour aller prendre un maximum d'adversaires
20:33et marquer le plus de points possible sur la ranking list
20:35pour avoir un tirage au sort le plus idéal possible
20:39et prendre, en ce qui me concerne, la Kazakh en finale,
20:42qui est aujourd'hui la numéro 1 mondiale.
20:44Anthony, comment ça se passe pour vous ?
20:45J'ai l'impression que ça a déjà commencé,
20:46puisque vous revenez d'une compétition au Brésil.
20:50Quelles sont les prochaines étapes, vous concernant,
20:54pour vous qualifier et participer aux Jeux paralympiques ?
20:58Alors moi, le parcours est totalement différent
20:59parce que j'ai arrêté la compétition de haut niveau pendant 15 ans
21:03et je m'y suis remis l'année dernière.
21:06Ah oui ?
21:06Mon parcours, en fait, aujourd'hui, il est que toutes les preuves sont à refaire.
21:11Je dois tout redémontrer, mais c'est normal.
21:14Vous avez des jeunes qui sont arrivés entre-temps,
21:16qui ont marqué beaucoup de performances,
21:19qui sont en plus très bons, très doués,
21:22et je suis très content parce que ça met beaucoup de valeur ajoutée à notre sport.
21:29Moi, j'ai un gros travail à faire, justement,
21:33sur les critères de sélection que Sandrine a énumérés.
21:37Il y a aussi la participation aux stages qui sont évidemment nécessaires.
21:42La compétition que j'ai faite au Brésil ne comptait pas en tant que telle
21:46dans la ranking list comme Sandrine l'a expliqué.
21:48Par contre, pour moi, c'était un entraînement.
21:51Je suis allé repêcher des informations que je n'avais pas et que je n'avais plus.
21:55C'est aussi l'occasion de retourner sur le circuit international
21:58et voir ce qui se faisait ailleurs.
21:59Et alors ?
22:00Ah, c'est fort !
22:03Mais du coup, vous avez un résultat de cette compétition au Brésil ?
22:07Écoutez, je vais jusqu'à la demi-finale que j'aurais pu gagner
22:11parce que sur les dix premières secondes, je marque tout de suite.
22:14Je pense qu'il y a eu un arbitrage un petit peu maison.
22:16En tout cas, c'est ce qu'on m'a dit.
22:18C'était contre un Brésilien ?
22:19Oui, c'est un contre un Brésilien.
22:20C'est ce qu'on m'a dit.
22:21Et puis, finalement, peut-être par un excès...
22:25Je ne pense pas.
22:26Vous aurez le public au moins.
22:27Oui, probablement.
22:28Et puis, je pense que par excès d'un petit peu de confiance,
22:31je me suis laissé piéger.
22:33Et puis, je fais la petite finale pour la place de 3
22:36et je la perds sur une grosse blessure à l'épaule.
22:41Voilà, bon, maintenant, il faut consolider tout ça.
22:44Ce qui est très intéressant pour moi aujourd'hui,
22:45c'est qu'il faut vraiment tout reconstruire dans un schéma sportif, professionnel.
22:52Tant sur l'entraînement qui doit être très régulier, très rigoureux.
22:55Et puis, de l'autre côté, les entraînements judo
22:58qu'on doit augmenter énormément.
23:00Donc, moi, je ne sais pas globalement de quoi sera fait le prochain mois.
23:04Mais est-ce que c'est Paris 2024 qui vous a donné envie de revenir au para-judo ?
23:09Inévitablement.
23:10Après, c'est aussi le fait qu'il y a une nouvelle équipe
23:13qui s'est constituée au niveau de la fédération pour le para
23:16et qui avait beaucoup de volonté, envie d'agir positivement,
23:21qui, pour certains, était déjà là à l'époque
23:24quand moi, j'étais en équipe de France avec Sandrine.
23:26Je pense notamment à Antoine Haïss.
23:30Et j'avais envie aussi de l'accompagner dans ce challenge fou,
23:34d'essayer de reconstruire un collectif puissant.
23:37Parce que, suite à un moment, notre équipe de France,
23:39elle était dépourvue d'athlètes.
23:43Heureusement, on a eu Sandrine qui, elle, a resté très constante,
23:46qui était un pilier.
23:47Mais, suite à un moment, on n'avait plus personne
23:50à emmener sur les grands championnats internationaux.
23:53Et ça, c'était, de mon point de vue, très douloureux pour un sport
23:57qui, à ses lettres de noblesse, a encore à écrire
24:00une très belle histoire sur 2024, 2028.
24:04Moi, de mon point de vue, je m'inscris pour 2024.
24:08– L'objectif, c'est 2028 ?
24:10– En tout cas, in fine, oui, je suis au moins signataire jusqu'à 2028.
24:14– Sandrine, vous, vous avez arrêté, repris, arrêté, repris.
24:18En fait, vous ne pouvez pas vous passer de…
24:21– On me met Tokyo derrière, on me met Paris, donc c'est compliqué.
24:24Après, j'ai beaucoup souffert des fins de préparation
24:27qui sont très dures physiquement, familialement, c'est très compliqué.
24:31– Vous êtes maman de deux enfants ?
24:32– Voilà, maman de deux enfants que j'embrasse,
24:35qui ont Loïc à 13 ans et Daphné qui a 9 ans.
24:38Et c'est vrai que, comme j'habite Mâcon et que je m'entraîne ailleurs,
24:41je suis très souvent absente, donc c'est très difficile à gérer.
24:44J'avais aussi mon métier, en parallèle, pendant des années et des années.
24:48Je suis ma soeur kinésithérapeute.
24:50Et là, en fait, après les Jeux de Tokyo,
24:54déjà, je n'ai pas digéré cette défaite en finale avec un arbitrage…
24:58– Maisant. – Voilà, douteux.
25:01Mais ça fait partie du sport et il faut l'accepter,
25:03même si, entre guillemets, je n'accepterai jamais cette défaite.
25:06– C'est une belle médaille d'argent.
25:08– Oui, c'est une belle médaille d'argent, c'est sûr.
25:10Mais l'or, c'est l'or.
25:11– Oui, mais l'or, ce sera peut-être à Paris.
25:13– Et du coup, là, en fait, j'ai eu la chance de faire partie maintenant,
25:18depuis novembre dernier, de l'Armée des champions.
25:21Du coup, d'avoir enfin la possibilité de me libérer de mon travail
25:27et d'avoir une rémunération par l'armée.
25:30Et ça, c'est vraiment super parce que, du coup,
25:32je suis libérée de ce côté financier, de cette problématique-là.
25:35Et je peux m'entraîner, m'occuper de mes enfants.
25:38Et ça, ça a été vraiment une donne indispensable
25:41pour prendre la décision de continuer.
25:42– Très rapidement, pour les athlètes de haut niveau,
25:45c'est quand même une problématique assez commune.
25:47Comment vous faites pour cumuler un emploi ?
25:52Votre activité d'athlète de haut niveau, pour certains, une vie de famille.
25:58Anthony, comment ça se passe pour vous ?
26:00– Moi, je couche les trois quels ?
26:01Je suis entrepreneur, je suis employeur, je suis sportif
26:03et papa d'une petite fille de 4 ans.
26:06– Pour vous, c'est 4 !
26:07– Oui, ça me parle totalement.
26:10Moi, en tout cas, je le fais totalement à mes frais.
26:12– Vous avez été élu pris électron libre 2021 par nos confrères de Sud Radio.
26:17Est-ce que ça vous définit bien, ça ?
26:19– Oui, je suis un électron libre.
26:20– Oui ? – Oui, c'est sûr.
26:22– Et vous, Sandrine, la semaine type, elle ressemble à quoi ?
26:25On terminera là-dessus.
26:26– Elles sont variables, en fait.
26:27J'ai des semaines où je suis à ma compte,
26:29donc ça va être plus prépa physique et les enfants.
26:31– Ça, c'est à la maison, avec éventuellement coach ?
26:33– C'est ça, et puis après, il y a des semaines où je suis plutôt sur Paris.
26:36Et donc là, je me balade entre l'INSEP et l'Institut du judo.
26:39Et puis, il y a des semaines où on est en stage,
26:40où là, c'est du lundi au vendredi,
26:43où c'est judo avec deux séquences parfois par jour,
26:47donc c'est beaucoup plus intense.
26:48Donc voilà, il n'y a pas une semaine qui se ressemble.
26:50– Bon, c'est en tout cas une vie haletante,
26:53une vie haletante qui vous mènera très sûrement tous les deux,
26:56et on vous le souhaite jusqu'aux Jeux paralympiques de 2024 à Paris l'année prochaine.
27:02Merci d'avoir accepté l'invitation de Sport en France
27:04et de nous avoir fait découvrir votre discipline de para-judo.
27:07Merci aux équipes en régie de m'avoir aidé à préparer cette émission.
27:10Merci à vous de nous avoir suivis.
27:12On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Avomar.
27:14Salut à tous !
27:15– Sous-titrage par Lumière –

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