Dans ce numéro d’A vos marques, Anthony Drevet revient sur les Championnats du Monde de para badminton qui se sont déroulés au Japon en novembre 2022. En compagnie de Lucas MAZUR (double médaillé paralympique), Méril LOQUETTE (vainqueur de l'Open de Lima 2022) et Elisa CHANTEUR (Consillère Technique Nationale et responsable du para badminton), il revient sur les origines de la discipline, les compétitions à venir et le parcours des invités.
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00:14Bonsoir à toutes et tous, soyez les bienvenus sur Sport en France
00:18et c'est votre rendez-vous hebdomadaire dédié aux disciplines parasport à vos marques.
00:23Dans ce nouveau numéro, nous allons parler de Parabadminton, ses origines, ses spécificités.
00:28On va s'intéresser également aux Championnats du Monde qui se sont déroulés au mois de novembre 2022 au Japon.
00:34Et pour cela, nous avons l'honneur de recevoir un Néo-Triple Champion du Monde de Parabadminton,
00:39double médaillé paralympique, Lucas Mazur. Bonjour Lucas.
00:42Bonjour.
00:43On a également un autre joueur, Meryl Lockett, juste à côté, récent vainqueur de l'Open de Lima
00:49et membre de l'équipe de France qui a aussi participé à ces Championnats du Monde. Bonjour.
00:53Bonjour.
00:54Et puis, on a Elisa Chanteur qui est présente, ex-badiste dans l'équipe de France,
00:58désormais conseillère technique nationale, responsable du Parabadminton à la Fédération. Bonsoir.
01:03Bonsoir.
01:04À vos marques, spéciale discipline paralympique, c'est parti avec la rubrique Mon Défi.
01:13Et donc, ce nouveau numéro dédié au Parabadminton, nous avions déjà tourné une émission sur la discipline,
01:18c'était en septembre 2020 avec notamment Mathieu Thomas.
01:21Et en préambule, on va revenir avec vous, Elisa, sur les origines du Parabadminton.
01:26Quand est-ce que cette discipline a vu le jour officiellement ?
01:30On peut dire qu'en Europe, c'était dans les années 90.
01:33Et puis progressivement, ça a été importé en France dans les années 2000,
01:37notamment grâce à David Toupet, un pionnier, un ancien joueur de haut niveau valide
01:42qui, suite à un accident, s'est lancé dans le Parabadminton.
01:45Donc les joueurs, finalement, ont vraiment été moteurs de cette création ?
01:48Oui, complètement. C'est une importation et c'est une adaptation qui a permis l'adaptation à l'avenir en France.
01:54Et une belle évolution parce que ce sport est désormais paralympique depuis 2020
01:58et on connaît le succès avec Lucas, évidemment.
02:01Quelles sont les catégories et les handicaps que l'on peut retrouver dans cette discipline ?
02:04Alors, il y a six catégories, ce qui est finalement assez atypique
02:11parce qu'il y a d'autres disciplines qui n'ouvrent qu'à certaines catégories.
02:14On retrouve deux catégories en fauteuil, WH1 et WH2, c'est selon le niveau, le degré d'handicap.
02:20Et des catégories de bouffe, SL3, avec un handicap assez important qui fait que l'on joue sur demi-terrain.
02:30SL4, la catégorie de Lucas notamment, qui joue sur grand terrain.
02:34SU5, membres supérieurs, la catégorie de Meryl, même si vous ne l'avez pas encore deviné.
02:40Et SH6, c'est les personnes de petite taille.
02:43Et ça, c'est aussi une particularité du Parabadminton qui offre une catégorie spécifiquement pour les personnes de petite taille.
02:48On en avait reçu d'ailleurs dans Génération Jeune, ça permet de faire le lien entre les disciplines.
02:54Tous les handicaps sont acceptés, j'allais dire, en Parabadminton, Meryl, on retrouve tous les types de handicap ?
03:00Presque tous, sauf les déficients visuels, c'est impossible de jouer au bad sans voir.
03:05Il n'y a pas de volant à Grelo ?
03:07Non, pas encore.
03:09On l'a dit, vos catégories, on les a évoquées, SU5, SL4.
03:14Quelles sont les règles de cette discipline ?
03:16Peut-être, Lucas, les bases des règles, est-ce que c'est similaire au badminton traditionnel ?
03:21Oui, c'est complètement similaire au badminton traditionnel.
03:24Il faut juste quelques adaptations de terrain, de logique je dirais même,
03:29pour que les fauteuils puissent se rencontrer entre eux sans se toucher, sans se cogner,
03:34par exemple, et des adaptations aussi de demi-terrain pour les personnes avec des handicaps lourds à la jambe.
03:40Et on peut envoyer le volant à plus de, c'était en kilomètre heure, 400 km heure, c'est ça ?
03:47Je crois que c'est 400 même plus, presque 500.
03:51Et ça, vous avez réussi à le faire vous ?
03:54Bien sûr, tous les jours.
03:58Donc on a tous les types de règles, de règlements, les types de techniques également, service, match, amorti.
04:06Le filet toujours à la même hauteur, quelles que soient les catégories, c'est ça ?
04:08Exact.
04:10Donc finalement, il n'y a pas vraiment de changement, on s'y habitue à l'entraînement.
04:14Il faut s'entraîner assez durablement.
04:17Donc les différences notables finalement avec le badminton classique en termes de réflexe, en termes de jeu,
04:22il n'y a pas vraiment de différence ?
04:24Non, il y a juste une adaptation par rapport au handicap, comme l'a dit Lucas en fait.
04:27C'est une prise en compte du handicap pour s'entraîner différemment
04:31ou pour renforcer peut-être le membre sain, pour pouvoir compenser aussi.
04:36Après, c'est toute la notion de l'équipage aussi, d'équipement, pardon, d'appareillage,
04:41puisqu'on a des catégories fauteuil et des catégories avec des personnes amputées.
04:44Donc là, pour le coup, c'est la différence, c'est qu'on devient un sport soit mécanique, pour les fauteuils,
04:50soit avec de la technologie pour les prothèses.
04:53Alors, on va parler fédération, puisque vous êtes là Elisa.
04:56Quelles sont les actions qui sont portées par la fédération de badminton pour le Parabadminton ?
05:01Alors déjà, il faut rappeler qu'on a la délégation, c'est très récent en fait,
05:06c'est que depuis 2019 officiellement.
05:08Donc en fait, on a déjà des actions de développement sur le territoire, sur le plan national,
05:15au travers du circuit Parabadminton, circuit national.
05:19On a des championnats de France qui ont lieu chaque année, logiquement au mois de janvier,
05:22qui permettent justement de regrouper tous les pratiquants et les compétiteurs
05:24pour pouvoir voir l'évolution aussi de ces pratiquants.
05:27Il y a des actions aussi, il y a des plateaux d'initiation, de découverte du Parabadminton
05:32et beaucoup d'initiatives aussi locales.
05:34Certaines ligues sont moteurs dans le développement aussi du Parabadminton sur leur territoire.
05:40Donc on s'appuie aussi sur leurs initiatives.
05:42Il y a des stages spécifiques fauteuils qui sont organisés.
05:44Et maintenant, on se concentre aussi sur tout ce qui est détection et identification,
05:49notamment au travers de dispositifs proposés par le CPSF, la Relève.
05:53Il y a un nouveau dispositif aussi avec l'armée,
05:55où on met en place un travail d'identification au travers du parcours de reconstruction du blessé,
06:00pour permettre justement d'aller identifier un athlète qui pourrait transférer vers le Parabadminton.
06:07Ce sont des athlètes déjà dans l'âme.
06:09Oui, finalement, on va dire que la voie est tracée.
06:11Et on a aussi les tutos de Loris Dufay.
06:14Alors ça, vous le connaissez bien évidemment, formateur DES, entraîneur de l'équipe de France Parabadminton.
06:19Sur la chaîne YouTube, ça permet aussi de démocratiser finalement.
06:22On va voir un petit extrait des tutos de Loris.
06:32Bonjour à tous, bienvenue dans ce premier tuto Parabad.
06:35Comme tous les publics que vous avez l'habitude d'accueillir dans les clubs, l'échauffement est primordial.
06:39Aujourd'hui, on va voir les trois points importants pour un joueur fauteuil.
06:42Pour ça, je vous propose d'intégrer une de mes séances. Allez, venez !
07:01Quand même, l'idéal c'est d'avoir une demi-heure et là on est sûr qu'on est chaud,
07:04autant articulaire que musculaire, que niveau cardio.
07:07Ça marche ?
07:08Une fois qu'on a respecté ces trois principes, là on peut aller sur le terrain.
07:11Là, on peut aller sur le terrain et commencer à s'échauffer.
07:17Voilà, c'était un extrait évidemment. On retrouve toutes ces vidéos sur la chaîne YouTube FFBad.
07:21Alors messieurs, vous les suivez ces tutos ?
07:27Bien sûr qu'on les suit.
07:28L'échauffement est hyper important.
07:31Voilà, c'est un double médaillé paralympique qui nous le dit.
07:34Donc forcément, il faut le suivre.
07:37La pratique finalement, grâce à ces actions que l'on met en place et que la fédération met en place,
07:41elle se développe de façon assez concrète en France ?
07:44Oui, mais il faut encore accélérer tout ça.
07:47Ce n'est pas évident d'arriver à être sur tous les fronts.
07:50On manque aussi de ressources.
07:53On est dans une fédération, on développe à la fois le badminton et le parabenminton.
07:57Il faut savoir que tous les cadres qui ont une action sur le parabenminton proviennent du badminton.
08:04C'est pour ça que ces tutos, ces formations proposées sont très bien pour orienter la formation des entraîneurs de badminton à la base vers le parabenminton,
08:14pour qu'on développe un peu plus de spécificité, qu'on soit beaucoup plus précis dans les contenus qu'on va proposer,
08:22que ce soit en club, que ce soit à plus haut niveau.
08:24Et on a parlé des programmes, donc la relève CPSF et tout ce qui est mis en place.
08:29Est-ce que pour les joueurs, pour vous Meryl, c'est quelque chose d'important aussi,
08:32de se dire que les jeunes peuvent venir grâce à ces programmes-là ?
08:35Vous en entendez parler justement autour de vous ?
08:37De plus en plus déjà. Par exemple, sur les championnats de France, il y a de plus en plus de monde.
08:43Il y a quelques années, il n'y avait pas beaucoup de représentants, même dans chaque catégorie.
08:47Donc là, c'est beaucoup plus varié.
08:49Et puis même après, quand on aura fini notre carrière, on aimerait bien qu'il y ait encore une belle émulation derrière nous.
08:56Donc c'est cool qu'il faut faire de la détection, c'est hyper important.
08:59Et grâce à vous, en tout cas, on voit qu'il y a vraiment de vrais ambassadeurs.
09:03Lucas, l'impact du fait que cette discipline soit maintenant aux Jeux paralympiques, est-ce qu'il a été décuplé ?
09:09Est-ce qu'on voit que la discipline se développe beaucoup plus grâce à cela ?
09:12C'est évident. Je pense qu'on l'a bien noté, notamment à l'international, où on a vu des pays émergés qui étaient absents
09:18avant justement l'annonce de l'entrée sur les Jeux.
09:21Des pays comme la Chine, comme l'Indonésie, qui avaient des joueurs en stock,
09:26mais qui les gardaient au chaud pour arriver sur les Jeux.
09:29Donc finalement, oui, c'est sûr que ça a décuplé la pratique du para badminton.
09:34Pour les jeunes, Elisa, il y a des écoles qui peuvent exister.
09:37Comment est-ce que si, par exemple, des parents nous regardent
09:41et ont envie d'inscrire leur enfant dans une de ces écoles ou dans un de ces clubs, comment on fait ?
09:46Il faut savoir que la Fédération est sur une stratégie d'inclusion.
09:49On ne peut pas dire qu'il y ait de club en tout cas spécifique para badminton.
09:54Par contre, il y a des écoles ou des sections qui ont été créées,
09:58adossées à des clubs labellisés de la Fédération,
10:01qui permettent justement d'avoir une prise en charge spécifique
10:05et d'avoir un regroupement notamment, je pense, aux fauteuils ou aux personnes qui jouent sur demi-terrain,
10:09donc les SL3, où là, il faut adapter justement le terrain.
10:13Là, il y a un intérêt à justement regrouper les personnes entre elles.
10:16Mais sinon, tous les clubs, tous nos clubs de la Fédération
10:21sont en capacité d'accueillir une personne en situation de handicap.
10:24Est-ce qu'à la Fédération, on s'inspire de ce qui se fait en Europe, chez nos voisins ou pas spécialement ?
10:30Forcément, on est toujours curieux et on regarde ce qui se passe chez nos voisins.
10:34Après, j'avoue que j'ai l'impression quand même qu'on est assez bien lotis en France.
10:39Et finalement, sans être chauvine, c'est plutôt les pays européens qui s'inspirent de nous en fait.
10:43On a souvent des curieux qui viennent voir un petit peu ce qui se passe chez nous
10:47parce qu'on est sur la scène européenne et même mondiale,
10:50mais sur la scène européenne, on est assez leader puisqu'on est représenté sur toutes les catégories.
10:54On a un vrai vivier, contrairement à d'autres pays qui sont plus spécialisés en fait.
10:58Je pense notamment aux Anglais qui ont plutôt des personnes de petite taille,
11:01mais très peu de pratiquants dans les autres catégories.
11:03Nous, on a quand même, à part certaines catégories,
11:06par exemple, je pense notamment aux femmes de petite taille où on n'a pas encore de représentante.
11:10Jusqu'à dernièrement, on n'avait pas de représentante en membres supérieurs femmes,
11:14donc la même catégorie que Meryl. Et aujourd'hui, on a une représentante.
11:17Donc voilà, on est plutôt assez bien pourvu au niveau national.
11:20Donc le travail doit continuer en termes de communication, évidemment.
11:23C'est ce qui se passe avec la Fédération et puis avec les tutos et toutes les vidéos qui existent.
11:28Maintenant qu'on a bien compris l'activité du Parabadminton en France,
11:33on va pouvoir évoquer l'impact de cette intégration et donc les résultats
11:38en compétition avec notre deuxième partie Parcours Perf.
11:45Seconde partie d'émission dans Avomark.
11:48Et on va parler performance, on va parler championnat du monde.
11:51Ils se sont déroulés au Japon. C'était en novembre 2022, donc à la fin de l'année dernière.
11:56Et on va revenir également sur votre parcours respectif, messieurs Meryl et Lucas.
12:00Avant cela, commençons par votre performance.
12:04Lucas, justement, dernier succès en date à Tokyo pour ces championnats du monde.
12:08Un an après votre double sacre même aux Jeux paralympiques,
12:13quelle a été finalement cette façon d'aborder les choses ?
12:18Et troisième titre mondial quand même, ça doit faire quelque chose, non ?
12:21Évidemment, ça fait quelque chose d'assez unique,
12:24puisque ça faisait donc un « doublé » à Tokyo.
12:28J'étais content d'y revenir un an, un petit peu plus après mon titre paralympique.
12:34Donc forcément très heureux et très content de ramener une nouvelle fois
12:38une nouvelle médaille d'or à la maison.
12:40C'est toujours agréable, évidemment.
12:422017, 2019, c'est ce qu'on a dit.
12:44Titre mondiaux, 2022 donc.
12:46Racontez-nous un petit peu cette victoire face à l'Indonésien Setiawan.
12:51Il était septième mondiale.
12:52Est-ce que finalement, vous asseyez votre autorité en SL4 encore une fois ?
12:57Oui, je pense qu'on peut le dire.
12:59Pour cette finale, c'était un adversaire assez particulier,
13:03puisqu'il m'avait battu en mixte quelques jours avant.
13:05Donc j'étais assez revanchard et assez excité de remettre les pendules à l'heure,
13:11si je puis dire.
13:12Et ça s'est très bien déroulé, puisqu'il y a eu une victoire en deux sets.
13:16Donc forcément, je suis très heureux.
13:18Ça fait longtemps que vous n'avez pas perdu de set.
13:20On va revoir d'ailleurs le dernier point avec Setiawan.
13:23On va même le commenter d'ailleurs, ce dernier point.
13:25Comment vous vous sentez à ce moment-là ?
13:27Vous êtes en bleu et gris au fond de l'image.
13:30C'est quoi ? C'est de la tension qu'il y a ?
13:32Oui, il y a beaucoup de tension, puisque je menais largement sur ce deuxième set.
13:36Et l'Indonésien arrive à revenir.
13:38Donc j'essaie de mettre beaucoup de pression pour attaquer.
13:41Et quand je vois que ce volant sort, c'est une vraie libération pour moi.
13:45Et je suis extrêmement satisfait de ma performance,
13:48puisque je ne voulais absolument pas qu'il y ait de troisième set.
13:51Donc vraiment, que du bonheur.
13:53Oui, que du bonheur.
13:54Le moment clé aussi, c'était dans le premier set.
13:56J'ai l'impression que vous étiez à égalité.
13:58Puis là, ensuite vous avez déroulé.
14:00Exactement. Sur le premier set, il y a eu un petit peu de tension,
14:03puisque c'était très serré et que c'était assez accroché.
14:06Donc j'étais content, juste après la pause, de réussir à me détacher.
14:10Et après, c'était une belle ligne droite, si je puis dire.
14:13Belle libération.
14:14Libération, Meryl, vous l'avez vécue, vous, récemment.
14:17C'était à Lima.
14:19Mais avant ça, on va évoquer les championnats du monde.
14:21C'était un petit peu plus compliqué.
14:22Victoire quand même face aux Polonais.
14:24Bartolomé Mroz.
14:26Voilà, Bartek.
14:28Oui, hyper content.
14:30C'est le champion d'Europe en titre,
14:32même si ça fait très longtemps qu'on n'a pas eu de championnat d'Europe.
14:35Très content, toujours, de le battre.
14:37Ça fait plaisir.
14:39Et après, je perds contre un Indonésien.
14:42Malheureusement, il a gagné, moi j'ai perdu.
14:45C'est comme ça.
14:46Mais c'est pas grave, la prochaine fois, je le défonce.
14:49On ne peut pas toujours gagner non plus.
14:52Mais c'était quelque chose de particulier aussi, de revenir,
14:54on l'a dit avec Lucas, dans la même salle que les Jeux paralympiques.
14:57Oui, c'était vraiment sympa.
15:00Franchement, trop cool, j'ai grave kiffé.
15:02Et surtout, quand Lucas avait gagné les Jeux,
15:05j'avais l'impression que j'avais gagné aussi.
15:07C'était un délire.
15:09J'étais supporter derrière, j'avais plus de voix,
15:11mais j'avais l'impression que j'étais sur le terrain.
15:13C'était trop stylé parce que je l'ai vécu comme si j'étais sur le terrain.
15:17J'avais trop kiffé, c'est trop bien.
15:19Ce qui nous a fait du bien aussi, je pense,
15:21c'était que ça soit ouvert au public cette fois.
15:23Les Jeux étaient vraiment assez particuliers,
15:25on n'était pas vraiment libres de nos mouvements.
15:27Et là, on a pu aller se balader en ville
15:29parce qu'il y avait une journée où on n'avait pas de match.
15:31Donc forcément, revoir les Japonais, ça nous a fait aussi très plaisir.
15:36Et franchement, c'était très cool.
15:38On sent qu'il y a une belle cohésion dans l'équipe de France, Elisa.
15:41Quel est le bilan de ces championnats du monde ?
15:44Plutôt bon, j'imagine, avec pas mal de médailles ?
15:46Très bon bilan, j'ai envie de dire.
15:48Satisfaite vraiment du résultat de toute l'équipe.
15:51Sept médailles au total, dont quatre sur tableau paralympique.
15:55C'est le meilleur résultat de toutes les éditions de championnats du monde.
16:02C'est très stimulant, ça annonce de bonnes choses pour Paris, j'espère.
16:06Et ça donne envie aux autres.
16:09Et on a aussi un petit goût d'inachevé pour certains.
16:12Mais j'ai retenu que Meryl compte défoncer Nogoro la prochaine fois,
16:17donc je retiens. Et il y a des preuves, donc maintenant c'est bon.
16:19On parlait de communication, on communique.
16:21Là, on est enregistré sur Sport en France, on est au courant.
16:24Meryl va donc effectuer ce qu'il faut.
16:27Avec un chef de file comme vous, Lucas, je pense qu'on peut être
16:29entre de bonnes mains pour Paris 2024.
16:31On va revenir sur votre parcours, justement.
16:33Lucas, est-ce que vous pouvez revenir rapidement sur votre handicap ?
16:36Vous êtes né en 97 et à l'âge de 3 ans, vous êtes victime d'un AVC.
16:39C'est ça exactement, un AVC qui s'est produit à mon réveil.
16:43Par chance, j'ai été, entre guillemets, légèrement impacté.
16:48Je boitille un petit peu à la marche et j'ai une cheville un petit peu déformée
16:52avec quelques spasmes sur les doigts de pied.
16:54Mais c'est assez léger, ça me permet de courir,
16:56de me déplacer rapidement et de manière fluide.
16:58Donc, c'est plutôt un handicap que je prends comme une force.
17:02Est-ce que le parabénison, ça a été une évidence pour vous ?
17:05Oui, ça a été une évidence.
17:07Après quelques années sur le football en sport co,
17:10j'ai décidé de me découvrir en sport individuel,
17:12par les cours de sport et après par l'UNSS.
17:15Donc, ça a été assez facile d'accéder et de rentrer dans un club.
17:20Ça a été pour moi, rien de plus facile que de jouer au badminton.
17:24On le voit parce que rapidement, l'intégration à l'équipe de France
17:28et puis les succès qui arrivent 2014-2015, vous êtes déjà au sommet.
17:33Oui, déjà au sommet, c'est facile à dire,
17:36mais il n'y avait pas encore les Jeux paralympiques.
17:39Je suis très content d'avoir répondu présent sur cette épreuve-là
17:42parce que c'était la plus haute marche à franchir
17:44et j'espère justement donner rendez-vous à tous sur Paris 2024
17:48avec une édition exceptionnelle.
17:50Le rendez-vous est pris et puis en double aussi,
17:52ça se passe bien avec Faustine notamment.
17:53Oui, complètement. On a la chance de bien performer à l'international.
17:57Donc, j'espère qu'on réussira à convertir cette médaille d'argent
18:01en médaille d'or sur Paris.
18:03Ça a changé votre vie quand même ?
18:04Vous êtes conscient d'être un ambassadeur pour la discipline,
18:06pour le parasport en général ?
18:08Oui, ça a changé ma vie parce qu'avant les Jeux,
18:11personne ne me connaissait et après les Jeux,
18:13c'était bien différent.
18:15J'ai eu la chance de devenir un des ambassadeurs de mon sport,
18:18mais j'espère justement que les générations à venir
18:20vont également prendre le rallye et devenir de vrais stars
18:24du parasport et du badminton classique.
18:26Il y en a qui veulent devenir des stars.
18:27Meryl, ça donne envie ce parcours de Lucas ?
18:30Non, je ne sais pas.
18:32Bien sûr que ça donne envie.
18:34J'ai envie qu'on ait tous les deux une médaille à Paris.
18:36Ça serait trop bien.
18:38Ça serait vraiment très positif.
18:41L'expérience qu'on a vécue tous les deux ensemble à Tokyo
18:43était en fait une médaille qu'on a aussi partagée
18:46puisque Meryl était au bord du terrain juste derrière moi.
18:49C'était pour moi une évidence.
18:51J'ai essayé de lui piquer sa médaille dans la chambre
18:53et il la tenait trop bien avec sa main.
18:55Du coup, c'est compliqué.
18:57Ça a été dur.
18:58Revenons rapidement sur votre parcours, Meryl également.
19:00Vous, vous êtes de la même génération.
19:02Vous êtes né en décembre 1996
19:05et vous avez participé dans la catégorie SU5
19:09à plusieurs disciplines, à plusieurs championnats.
19:12Est-ce que vous pouvez revenir rapidement sur votre handicap ?
19:15Moi, je suis né comme ça.
19:17C'est une agénésie transcarpienne.
19:19C'est en fait un manque de développement des doigts.
19:21Tout simplement.
19:22Je suis né droitier.
19:23J'ai dû apprendre à gauche, à transvaser à gauche.
19:26C'était un peu difficile quand j'étais petit.
19:28Du coup, je n'avais pas la dextérité que j'ai maintenant.
19:30Mais maintenant, ça va.
19:32Je fais du bad et tout. Je le débrouille.
19:34Est-ce que c'était l'évidence, le bad, le parabad ?
19:36Vous avez commencé avec les valides ?
19:38Vous avez commencé directement en parabad ?
19:40Comment ça s'est passé ?
19:41C'est un peu comme Lucas.
19:42Moi, je n'étais pas du tout dans ce sport.
19:43J'étais plus dans le judo.
19:44J'en ai fait 16 ans à peu près.
19:46J'avais un bon niveau en plus.
19:48Et j'ai décidé de…
19:49On m'a dit, Meryl, fais un vrai sport.
19:52Je fais comment ça ?
19:53Le badminton, c'est du sport de plage et tout.
19:55Je suis allé le voir et je me suis dit, c'est dur.
19:57Et c'est un vrai sport.
19:58Et maintenant, à 22h, je dors parce que je suis fatigué.
20:01L'investissement justement.
20:02Tiens, je rebondis.
20:03Mais combien d'heures d'entraînement par semaine faut-il ?
20:06Avec Lucas, on a un peu le même rythme.
20:08Du coup, on s'entraîne deux fois par jour.
20:10On va dire entre 4h et 4h à peu près.
20:134h et 5h.
20:14Moi, ça fait environ 25h par semaine.
20:16Donc, c'est un rythme quotidien qui est important
20:19et qu'il faut pouvoir accepter aussi vis-à-vis de notre handicap.
20:22Donc, ce n'est pas tous les jours évident physiquement
20:25parce qu'on a aussi parfois des coups de mou, des coups de moins bien.
20:28Mais c'est toujours un plaisir de faire le sport qu'on aime.
20:30Ah non, mais ça, c'est évident.
20:32Et puis, j'ai appris que vous deux, vous entraînez avec les valides justement.
20:35Ça, c'est quelque chose d'important aussi
20:37pour pouvoir progresser encore plus vite ?
20:39Évidemment, les valides sont en fait un vivier de sparring partners
20:43énorme, exceptionnel et divers.
20:45C'est pour ça qu'on s'entraîne au quotidien avec eux
20:47parce que ça nous tire vers le haut.
20:49Même en compétition, on a encore joué ensemble en double homme
20:52il n'y a qu'un jour sur un tournoi à Bourges en valide
20:54et on a gagné.
20:55Donc, c'est la preuve qu'on peut aussi faire du para et du valide en même temps.
20:59Et c'est des super moments.
21:02Le regard des joueurs valides sur vos performances,
21:05est-ce qu'ils sont admiratifs ?
21:07Je pense que ça a changé.
21:08Au début, il y avait un peu de...
21:11je ne sais pas si on peut appeler de la jalousie
21:13où ils ne connaissaient pas trop, en fait, comme ils ne connaissaient pas.
21:16Et maintenant, comme c'est beaucoup plus démocratisé,
21:18on en parle, les clubs accueillent.
21:20Même sur les réseaux sociaux, on est entre guillemets plus connus.
21:23Lucas, c'est un super ambassadeur.
21:26Ça a changé, c'est beaucoup mieux, je trouve.
21:28On est plus respectés à notre juste valeur.
21:31Je trouve, personnellement.
21:33Meryl l'a très bien résumé.
21:35C'est vrai qu'au début, il y avait une part d'inconnu, en fait.
21:37Par exemple, quand je suis arrivé à l'INSEP,
21:39c'est vrai que ça n'a pas toujours été facile
21:41d'intégrer déjà un collectif entièrement valide.
21:44Et forcément, au début, il y avait des points d'interrogation
21:47sur les relations, sur comment ça allait se passer.
21:49Mais au fur et à mesure du temps, justement,
21:50ça s'est amélioré de façon exceptionnelle.
21:53Quoi qu'il en soit, les valides sont meilleurs que nous.
21:56Donc, c'est pour ça, des fois, de s'intégrer dans un groupe,
21:59on a quand même un handicap.
22:00C'est pour ça qu'on est en para.
22:01Donc, des fois, c'est assez difficile.
22:03Donc, c'était aussi pour ça.
22:04La transition était un peu plus difficile.
22:06Et notre niveau a augmenté.
22:07Donc, maintenant, c'est plus intéressant.
22:08Mais avant, c'était plus compliqué parce qu'on était moins bons.
22:11De bonne augure, Elisa, pour 2023.
22:13Et donc, la préparation pour 2024.
22:15J'ai l'impression qu'ils sont motivés comme jamais.
22:17J'espère bien, oui.
22:19C'est vrai qu'on va commencer la...
22:21On est en préparation.
22:22On entame.
22:23On va entamer très bientôt.
22:25On vient de tourner la page des championnats du monde.
22:27Et très vite, la page de qualifications paralympiques s'ouvre.
22:32Avec une période de qualifications qui s'étend du 1er janvier 2023
22:36jusqu'au 31 mars 2024.
22:38Donc, ça arrive très vite.
22:41Le planning est tombé.
22:42Là, ça y est, on commence à organiser la saison de chacun.
22:45Et ça va être une saison bien remplie.
22:48C'est quoi, les gros rendez-vous ?
22:49Rotterdam, notamment, en été ?
22:50Alors, ça, c'est une nouveauté.
22:51C'est la première fois qu'on aura des Jeux européens en para.
22:55Et ça, c'est une vraie nouveauté.
22:57C'est une inconnue aussi.
22:59Aujourd'hui, je ne connais pas les modalités d'organisation.
23:02Mais ce qu'on sait, c'est que ça sera à la fois des Jeux européens,
23:04donc avec un cadre assez spécifique,
23:05qui va peut-être nous préparer un tout petit peu aux futurs Jeux, quelque part,
23:10avec une saveur particulière.
23:12Et en même temps, ce sera l'équivalent de nos championnats d'Europe.
23:15Donc là, une vraie compétition sur laquelle on a des grandes attentes
23:22puisqu'on va aller chercher des points pour la qualification.
23:25Bon, il va falloir aller chercher, Lucas, ces points.
23:27Avec trois titres de champion du monde, deux médailles paralympiques,
23:30c'est carrément le rôle de favori que vous endossez.
23:33Est-ce que la pression est supportable ?
23:35Pour être sincère, avant les Jeux, la pression était devenue peut-être un peu trop lourde.
23:39Ça n'a pas été facile de vivre les Jeux par moments.
23:42Mais justement, je suis très content d'avoir bien géré ces championnats du monde
23:46puisque ça m'a rappelé beaucoup d'anciens souvenirs.
23:49Et quel bonheur de revenir à Tokyo, dans une salle qu'on aime et avec du public.
23:54Donc forcément, oui, il y a ce rôle de favori qui est assumé maintenant depuis des années,
23:59mais que je continue d'endosser de manière simple, je pense.
24:02Et Meryl, la progression se fait vraiment.
24:04On a parlé des championnats du monde où il y a eu des victoires, quelques petites déceptions.
24:09Ensuite, il y a eu Lima en fin d'année dernière où là, ça a été l'explosion, deux médailles.
24:13Oui, c'est hyper content. Terminer l'année là-dessus, il n'y a pas mieux.
24:18En plus, je gagne encore contre l'ancien champion d'Europe.
24:23Je veux dire, pour les Européens de Paris Games, c'est de bonne augure.
24:26J'espère enfin un premier titre international majeur. J'espère.
24:31Bon, on croise les doigts effectivement.
24:33Les nations à surveiller, est-ce qu'on peut déjà les identifier ?
24:36Nations asiatiques ? Là, pour le coup, il n'y a pas de secret.
24:39C'est comme en badminton. Toutes les nations phares au badminton se retrouvent maintenant par badminton.
24:43Que ce soit la Chine, comme le disait Lucas tout à l'heure, la Chine est assez discrète.
24:47Là, depuis les Jeux, on ne les a pas revues.
24:50Donc finalement, on peut aussi avoir des surprises.
24:52C'est ça aussi la particularité au para badminton, c'est que dans la concurrence, il faut être en veille.
24:56Il faut être assez vigilant parce que du jour au lendemain, quasiment un nouveau joueur peut apparaître.
25:00Un accident de la vie, quelque chose fait qu'un nouveau joueur peut apparaître déjà.
25:05Mais aux Jeux para d'hiver justement, c'est ce qui s'était passé.
25:09Les Chinois sont arrivés et personne ne les attendait. Donc voilà, il faut toujours être vigilant.
25:13Nous, on les attend. On s'y attend. Après, on ne sait pas dans quel tableau.
25:15On en connaît certains, mais peut-être que certains aussi vont émerger puisqu'on ne les a pas vus pendant un moment.
25:21Donc, ils ont très bien pu travailler chez eux et puis arriver sur une classification.
25:25C'est vrai que c'est particulier, je pense pour les garçons et pour les autres qui ne sont pas ici,
25:30mais pour toujours rester le meilleur, mais s'attendre aussi à un moment donné à, pourquoi pas,
25:35être bousculé par un nouveau joueur qui arriverait. Donc, on est obligé d'être vigilant là-dessus.
25:39Les nations, c'est l'Indonésie. Ils en ont parlé tout à l'heure.
25:42La Malaisie, les Indiens pour Lucas, ils sont nombreux. Quand ils sont en tournoi, on les voit.
25:48Ils sont très nombreux, mais Lucas les maîtrise. Après, c'est simplement rester vigilant.
25:54Il a des concurrents, mais il montre sur le terrain qu'à chaque fois, c'est le patron.
25:59C'est positif. En tout cas, merci beaucoup à tous les trois. C'était un plaisir de vous avoir.
26:03On va vous soutenir à 200%. La Fédération, évidemment, qui travaille dur.
26:08Et puis, vous deux, entre autres, là aussi, en simple, en double, on vous souhaite le meilleur pour l'année 2023.
26:14Puis, évidemment, 2024 pour Paris. Merci beaucoup. Merci de votre présence.
26:20Et puis, on se retrouve évidemment la semaine prochaine, nous, sur Sport en France,
26:23pour une nouvelle émission à vos marques, avec une nouvelle discipline à mettre en valeur.
26:28Merci à toutes les équipes techniques en régie. Et donc, à la semaine prochaine sur Sport en France.
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