Aux Jeux Paralympiques de Tokyo, le para tennis de table a performé avec notamment 9 médailles rapportées ! Sur le plateau d'A Vos Marques, Maxime Brami reçoit la légende de ce sport, Fabien Lamirault qui a encore tout gagné à Tokyo. En face de lui, il aura Matéo Bohéas, la relève du tennis de table handisport. Les deux reviendront sur cette compétition et évoqueront leurs souvenirs paralympiques.
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00:00Générique
00:03...
00:15Bonjour à toutes et à tous.
00:17Ravis de vous retrouver pour cette nouvelle saison d'Avomark.
00:20Les belles histoires des athlètes en e-sport français,
00:23c'est dans Avomark, c'est sur Sport en France.
00:25C'est à retrouver tous les mardis à 19h sur notre antenne.
00:28C'est celle du tennis de table en e-sport.
00:31Notre délégation nous a ramené neuf médailles depuis le Japon.
00:35J'ai le plaisir de recevoir deux des artisans de ce grand succès.
00:39Fabien Lamirot et Matteo Boeas sont avec moi aujourd'hui.
00:42Bonjour, messieurs.
00:43Bonjour.
00:45Bonjour à vous.
00:46Merci d'avoir accepté l'invitation de Sport en France.
00:49Fabien, tu étais déjà venu dans Avomark l'année dernière.
00:51Nous avions présenté la discipline,
00:54donc le tennis de table en e-sport.
00:56J'aimerais qu'on fasse un petit rappel pour nos téléspectateurs.
01:00Est-ce que je me trompe si je dis que le tennis de table en e-sport
01:03est accessible à tous les handicaps physiques,
01:06debout et auditif,
01:08que ce sont les mêmes règles que celles
01:11édictées par la Fédération française de tennis de table,
01:13sauf que les effets rétroactifs sont interdits,
01:17ainsi que les services sur le côté ?
01:18Est-ce que j'ai tout bon ?
01:20Pas tout à fait, mais dans les grandes lignes, oui.
01:23C'est vrai que, normalement, notre discipline est accessible
01:25à tous les handicaps moteurs,
01:27parce qu'il y a des catégories pour jouer en frotteur,
01:29des catégories pour jouer en debout, comme Mathéo.
01:32Après, au niveau des règles distinctes par rapport à l'FFTT,
01:36c'est par rapport au service que, pour les fauteuils en tout cas,
01:39la balle n'est pas censée sortir, ne doit pas sortir,
01:41sur les côtés de la table.
01:43Après, dans le cours du jeu,
01:44les effets rétros et compagnie sont, bien sûr,
01:46vivement autorisés et conseillés.
01:50D'accord, les effets rétros sont autorisés, mais même au service ?
01:53Non, pas au service.
01:54C'est juste au service qu'ils ne sont pas autorisés.
01:56Voilà, c'est ça.
01:58Dans un instant, on va vous présenter Fabien et Mathéo,
02:01mais avant, on va revenir sur le bilan,
02:03assez bon, d'ailleurs, de l'équipe de France
02:06en e-sport de tennis, de table.
02:09Mathéo, neuf médailles, dont deux en or.
02:11Est-ce que, pour toi, c'est un bon cru ?
02:14Oui, c'est forcément un bon cru.
02:17Je crois qu'il n'y a que deux athlètes de l'équipe de France
02:19qui n'ont pas ramené de médailles sur ces Jeux,
02:21en sachant qu'ils auraient carrément pu en ramener au moins une.
02:25Dans l'ensemble, il y a quand même beaucoup de médailles.
02:27Après, il y a beaucoup de bronze,
02:29donc la prochaine fois, il faudra les transformer en argent ou en or,
02:33mais je pense que le staff de l'équipe de France
02:35et le comité paralympique étaient quand même plutôt contents de notre sport.
02:39Neuf médailles, dont deux en or,
02:41et les deux en or, c'est toi, Fabien.
02:43D'abord, félicitations.
02:46Tu as 41 ans, Fabien,
02:48et tu es toujours au top niveau du para-tennis de table.
02:52Tu es numéro un français, tu es numéro un mondial de ta catégorie.
02:56Qu'est-ce que tu ressens ? De la fierté ?
02:59Aujourd'hui, oui, de la fierté.
03:00Je reste sur les rails que je me suis tracés,
03:04donc je suis pleinement dans mes objectifs.
03:07J'ai toujours envie de continuer,
03:09toujours envie d'étoffer un peu plus encore ce palmarès.
03:11C'est vrai que c'est quelque chose que je me suis fixé,
03:15d'aller là-bas pour garder les titres que j'avais acquis à Rio cinq ans auparavant.
03:20Ça s'est bien passé, encore une fois, en individuel et en paréquipe,
03:24soutenu par cette magnifique équipe de France
03:26qui a remplacé un petit peu les tribunes télévises.
03:29Ça s'est bien passé, on est sur la route,
03:31et on va pouvoir se replonger tranquillement sur la suite,
03:34sur Paris, d'ici l'année prochaine.
03:38Justement, tu viens de parler de Rio.
03:40Mathéo, tu y étais aussi, à Rio.
03:43Tokyo, c'était des Jeux très particuliers,
03:45pour la raison que tout le monde connaît.
03:47Comment tu as vécu ces Jeux-là, Mathéo ?
03:51Moi, je les ai plutôt bien vécus,
03:53parce qu'il faut savoir que déjà, le téléspectacle,
03:55ce n'est pas un sport où il y a toujours beaucoup de monde dans les salles
03:58quand on joue, et encore moins le téléspectacle lundi-sport.
04:01Donc moi, le fait qu'il n'y ait pas trop de public,
04:04ça ne m'a pas plus dérangé que ça,
04:05et puis j'avais peut-être mes parents qui seraient venus,
04:08mais pas tant de monde que ça.
04:10Moi, je pense même que ça a été presque un avantage pour moi,
04:12parce que je ne me suis pas du tout mis de pression par rapport au public,
04:15et j'aurais peut-être pu m'en mettre s'il y en avait eu.
04:18J'ai quand même très bien vécu la chose,
04:20et puis toutes les contraintes liées au Covid,
04:23les masques, les plexiglass au self et tout,
04:26ça faisait un an et demi qu'on vivait un peu avec ça,
04:28donc on était habitués.
04:30Ça a été nickel pour moi.
04:31Fabien, c'est pareil pour toi.
04:33Est-ce que ça t'a aidé de ne pas avoir de public ?
04:37Alors moi, je ne dirais pas ça forcément,
04:38parce que moi, le public,
04:39ça fait complètement partie de ma carrière sportive au quotidien.
04:45Comme dit Mathieu, il a raison.
04:46Au quotidien, quand on fait des tournois tout au long de l'année
04:48pour marquer des points, rentrer dans la ranking,
04:51dans la salle, on a des gains.
04:52Donc là, sur les compétitions comme les Europes, le monde des Jeux,
04:56moi, je n'ai pas l'habitude de venir avec mes premiers supporters,
05:00qui sont ma femme et mes enfants, par exemple.
05:02Là, par exemple, à Rio, ils étaient un collectif de meufs.
05:04Là, ils devaient être au moins une douzaine à venir à Tokyo,
05:06et moi, c'est quelque chose qui m'aide.
05:08Qui m'aide vraiment dans ces grandes compétitions-là
05:10pour me faire sentir que je suis vraiment dans un événement
05:13et pas forcément sur un tournoi.
05:15Donc en général, j'en ai besoin et ça m'aide aussi.
05:17On va dire, comme je l'ai dit il n'y a pas si longtemps que ça,
05:19c'est un peu ma soupave justement de sécurité
05:23pour m'évacuer justement à la pression,
05:25à l'inverse de m'en mettre un peu plus.
05:27Donc là, je savais qu'encore une fois, ça serait différent.
05:29Et on le savait encore, on le savait bien six mois avant de partir,
05:32donc on a eu le temps de s'y faire, de s'y habituer.
05:35Et encore une fois, voilà, c'était différent,
05:37mais je ne vais pas dire que c'était un plus pour moi,
05:39au contraire, et j'espère qu'on va vite revenir
05:42sur des standards un peu plus comme on avait l'habitude auparavant.
05:47En tout cas, ça ne t'a pas empêché de gagner.
05:49Et Fabien, j'aimerais juste qu'on revienne très vite,
05:52si tu le veux bien, sur la préparation
05:54qui n'a pas été la même à cause de la situation sanitaire.
05:57Comment est-ce que tu as pu te préparer dans les meilleures conditions
06:01pour aborder une compétition aussi importante ?
06:05Déjà, je pense qu'il faut féliciter le travail du staff,
06:07du staff France qui a été fait,
06:09parce qu'en fait, dès l'annonce du report des Jeux en 2020,
06:13ça se remet un petit peu un an et demi en arrière.
06:16Entre perso et entre le staff avec le calendrier France,
06:22tout ce qui était prévu en 2020, on a tout reporté pour 2021.
06:25Donc au niveau entraînement, encore une fois,
06:27excepté le premier confinement,
06:28on était tous aussi confinés comme les autres.
06:30Après, dès l'été, dès la rentrée,
06:32on a pu sortir et on a pu faire nos entraînements
06:35et se réunir en stage comme ce qu'on avait prévu de faire.
06:39La grosse différence, c'est qu'on n'a pas pu faire de tournois,
06:42on n'a pas pu faire de compétitions.
06:44Donc les dernières compétitions en tournois pour certains,
06:47pour mon cas, c'était 18 mois avant les Jeux.
06:49Pour d'autres, c'était même deux ans avant les Jeux.
06:51Donc là, ça fait une grosse différence.
06:53Moi, je sais que j'aime bien partir en tournois au printemps avant,
06:56avant les grosses compétitions pour aller mettre en place
06:58ce que j'ai bossé pendant six, huit mois.
07:01Là, ça peut être le cas, ça peut être le cas.
07:02Donc ça s'est ressenti, en tout cas dans mon jeu,
07:04en tout cas à moi, ça s'est ressenti au jeu.
07:06Je pense que pour d'autres, c'était pareil,
07:07et français et internationaux, mais c'est pas la même enseigne.
07:10Donc la grosse difficulté était celle-ci,
07:12c'est qu'on n'avait aucune visibilité sur ce qu'on valait réellement.
07:17On avait toujours l'impression de bien bosser en stage,
07:19c'est ce qu'on disait tous, que ce soit les fauteuils, les debouts,
07:22les joueurs, le staff.
07:23On se disait qu'on bossait plutôt bien,
07:25mais finalement, sans réellement pouvoir aller le tester
07:28à l'international pour voir si on était réellement
07:30dans le vrai ou pas.
07:31Donc petite appréhension quand même avant la compétition.
07:34Ouais, complètement, pour savoir à un moment donné
07:36où est-ce qu'on en est, si on est prêt, si on n'est pas prêt.
07:39Donc tout ça, il faut le gérer sur place.
07:43On va s'intéresser à vos parcours personnels, messieurs.
07:47On va commencer avec toi, Matteo.
07:49Matteo, toi, tu as un handicap de naissance, un pied beau.
07:52Est-ce que tu peux expliquer à nos téléspectateurs
07:55concrètement quel est ton handicap ?
07:58Alors, j'ai un pied beau au pied gauche.
08:00En gros, c'est tout simple.
08:02C'est que j'ai eu une malformation quand je suis né,
08:04dans le ventre de ma maman, quand je suis né,
08:07et ce qui a fait que j'ai dû être opéré à dix mois
08:11pour remettre mon pied dans l'axe,
08:13parce qu'un pied beau, c'est un pied qui n'est pas dans l'axe du tout.
08:16Et pour l'opération, pour remettre le pied dans l'axe,
08:20ils ont dû bloquer ma cheville.
08:21Donc j'ai très peu de mobilité sur ma cheville gauche
08:23et mon bas du mollet gauche est aussi atrophié.
08:26Donc c'est les conséquences de l'opération, on n'a pas le choix.
08:28Et j'ai un autre petit problème, c'est sur l'autre jambe,
08:31donc la jambe droite, sur le quadriceps,
08:33où en fait, j'ai deux chèvres musculaires sur les quatre
08:35qui ne fonctionnent pas, et ça, il n'y a pas trop de raisons,
08:38on ne sait pas trop pourquoi, donc voilà, c'est comme ça.
08:40Mathéo, est-ce que je me trompe
08:42si je te dis que ton handicap est invisible ?
08:45Non, pas du tout, il est totalement invisible.
08:47Si quelqu'un me voit dans la rue,
08:49il ne va pas savoir que j'ai un handicap.
08:50Donc voilà, je fais partie des 80 % de personnes handicapées
08:53qui ont un handicap invisible.
08:55Quel regard tu portes sur cette situation
08:58qui est un peu particulière,
08:59sur 15 millions de personnes qui sont quand même handicapées,
09:05sur 80 % des handicaps qui sont invisibles ?
09:08Quel regard tu portes dessus ?
09:11Moi, je fais pas mal de sensibilisation dans les établissements
09:14et je leur explique ça pour dire qu'en fait,
09:16on connaît plein de monde où on ne le connaît pas,
09:18parce que ça ne se voit pas,
09:19mais il y a tellement de personnes qui ont un handicap
09:21en France ou dans le monde entier, et on ne le voit pas forcément,
09:23donc voilà, moi, je le vis très, très bien.
09:26Je fais en sorte que quand je croise des personnes
09:28qui ont un handicap, qu'elles l'assument
09:29et que c'est pas parce qu'on a un handicap
09:31qu'on ne peut pas faire quelque chose
09:32et on peut faire de grandes choses, au contraire.
09:34Donc voilà, je ferais plutôt de dire qu'il faut le dire
09:38et dire qu'on peut faire plein de choses.
09:41Fabien, toi, tu es classe 2, c'est un handicap beaucoup plus lourd
09:44puisque tu es tétraplégique.
09:45Est-ce que tu peux nous rappeler comment cela t'est arrivé ?
09:49Ouais, fréquemment, ma tétraplégie, elle est suite à un accident de voiture.
09:53Quand j'avais 17 ans, j'étais en école d'hôtellerie
09:57avec des collègues, on partait faire une semaine au ski
10:00et on n'est pas arrivé jusqu'au bout.
10:02Moi, la neige, je l'ai vue à travers les vitres de la fenêtre de l'hôpital.
10:05On a eu un gros carambolage sur l'autoroute A6 en descendant au ski
10:08et du coup, voilà, ma vie a pris un gros virage pour tellement à 90.
10:13Et voilà, on s'en est suivi des semaines et des mois de rééducation
10:17et donc, on s'en est suivi par une tétraplégie,
10:19une tétraplégie donc plutôt basse.
10:21Je suis quand même touché en bas des cervicales.
10:24C'est ce qui fait que j'ai une atteinte au niveau des membres supérieurs
10:27mais qui se traduit vraiment par les mains, par les doigts.
10:30C'est ce qui fait que pour jopping, par exemple,
10:32j'ai besoin d'avoir un strap pour m'attacher la main à la raquette.
10:35Mais par contre, au niveau des membres supérieurs,
10:38au niveau des bras, des épaules ou quoi, je ne pense pas être impacté.
10:42C'est la différence entre les classes 1 et les classes 2 par exemple.
10:45Donc, je reste tétraplégique et du coup, en classe 2.
10:49Du coup, comment est-ce que tu es arrivé à jouer au tennis de table ?
10:55Moi, ça s'est fait des sports que je pratiquais quand j'étais gamin.
10:59Moi, c'était plutôt du foot comme beaucoup de gamins.
11:02Après, j'ai plutôt fait de la boxe française, de la savate et du handball.
11:08Le ping, j'en ai toujours fait dans mes années collège.
11:11Il y avait toujours un trimestre où les sports intérieurs étaient concentrés au ping.
11:15J'ai toujours aimé ce côté ludique dans ce sport-là.
11:18J'ai toujours eu plaisir à en jouer.
11:20Et quand je me suis retrouvé en fauteuil dans les centres de rééducation,
11:22dans les stades de sport de rééducation,
11:24où c'est un des sports les plus faciles d'accès,
11:26où avec ce fauteuil, on va passer à la table et on commence à prendre du plaisir,
11:29moi, j'ai commencé comme ça.
11:30Et j'ai retrouvé ce côté ludique que j'avais adolescent en collège,
11:34que j'ai retrouvé avec mon fauteuil passé à la table.
11:37L'aventure a commencé comme ça.
11:38Après, je suis arrivé dans un club
11:40où il y avait déjà du haut niveau dans d'autres disciplines,
11:42notamment en esprit, en athlétisme.
11:44Et puis voilà, à force de rencontrer ces gens-là,
11:45ils m'ont fait un petit peu rêver sur leur jeu de signe d'Athènes.
11:49Et ça m'a donné vraiment envie d'aller tenter ma chance à fond,
11:52d'aller au bout de mes idées pour voir si je pouvais arriver à leur niveau,
11:56en tout cas au niveau de pouvoir porter le maillot français
12:00pour les Jeux Paralympiques.
12:02Bon, ça a pas trop mal marché.
12:04Apparemment, ça n'a pas trop mal marché.
12:06Mathéo, est-ce que tu peux me raconter, toi, ton histoire avec la discipline ?
12:11Comment tu es arrivé à devenir un plongiste professionnel ?
12:15Moi, c'est tout simple, c'est familial.
12:17Je pense que j'avais un mois, j'étais déjà dans une salle de ping
12:20parce que mon père, ma mère, mon frère et ma sœur en faisaient
12:23quand je suis né et quand j'ai commencé.
12:25Donc tout simplement, voilà, à un mois, j'étais dans une salle de ping.
12:30À trois ans, j'avais une raquette dans la main
12:31et à cinq ans, je commençais à jouer.
12:33Donc c'était, voilà, c'est familial.
12:35Mais Mathéo, tu as un handicap dit invisible.
12:39Tu t'entraînes également avec des plongistes valides.
12:43La question, elle est un peu limpide.
12:45Pourquoi est-ce que tu n'évolues pas dans un univers de valide,
12:48professionnel de valide ?
12:50Alors, j'ai évolué en valide en national.
12:53Donc on va dire, ce n'est pas du tout professionnel,
12:55mais voilà, on commence à gagner un petit peu d'argent.
12:58Et pourquoi ? Parce que je pense que je n'étais pas assez fort,
13:00tout simplement, par rapport aux meilleurs joueurs valides
13:04comme Simon Gauzy ou Emmanuel Lebaisson,
13:06qui sont les meilleurs joueurs français.
13:08Voilà, j'ai dû peut-être moins bien m'entraîner
13:10quand j'étais petit par rapport à eux.
13:12Moins de talent, moins d'envie, je ne sais pas.
13:15Et donc, voilà, je ne me pose pas plus la question que ça.
13:17Et maintenant, je fais ma carrière en Paralympique
13:19et ça me va très bien.
13:21Fabien, tout comme Mathéo, vous êtes plongiste de métier.
13:24C'est votre activité à temps plein.
13:26Vous faites partie de l'armée des champions.
13:29J'aimerais quand même que vous expliquiez
13:31à nos téléspectateurs ce que c'est.
13:34Quel est ce statut ?
13:35Et concrètement, qu'est-ce que l'armée des champions
13:38vous amène, Fabien ?
13:40Ça amène beaucoup de sérielleté.
13:42Le statut, c'est quoi ?
13:43C'est qu'on est agence au contrat
13:46dans le personnel des ministères des armées,
13:47donc en relation avec nos adhérents de l'intérieur.
13:50Et on est donc salarié, c'est notre employeur.
13:53Et on est détaché complètement à 100 %
13:55pour notre activité.
13:56Ça nous permet d'avoir un revenu
13:58pour subvenir à ses besoins quotidiens
14:00et puis de pouvoir planifier,
14:02de se concentrer complètement sur son activité.
14:03C'est notre emploi.
14:04On est vraiment payé pour faire du sport de haut niveau
14:06et on peut s'organiser nos calendriers,
14:08partir en tournoi, en stage, etc.,
14:11de façon très libre,
14:12parce que c'est notre calendrier,
14:14c'est notre cœur de métier.
14:16C'est notre cœur du métier
14:17où on peut se projeter complètement
14:18sur notre saison, par exemple,
14:20sans avoir à côté, avoir un travail
14:22où on doit aller faire des heures, des semaines.
14:24Donc, c'est privilégié.
14:26On est vraiment privilégié d'avoir ce type de contrat-là.
14:29Et on en est, je pense, tous les deux,
14:30en tout cas, très, très content.
14:32Messieurs, on va passer tout de suite
14:33à la seconde partie de l'émission
14:35pour évoquer vos performances.
14:36C'est l'heure de Parcoursperf.
14:39Seconde partie de l'émission,
14:41à vos marques.
14:42Et Mathéo, tu ne m'en veux pas,
14:43on va commencer avec un quadruple champion
14:45paralympique, Fabien Lamiraud,
14:47qui est avec nous.
14:48Fabien, je le disais,
14:49tu es le seul athlète en paratennis de table
14:52à avoir gardé tes titres.
14:53Raconte-moi un petit peu
14:54la compétition à Tokyo
14:56et notamment ces entames de match
14:58un petit peu difficiles.
15:00Alors, le seul athlète français,
15:05parce que dans les autres nations,
15:07notamment les Chinois,
15:08il y en a pas mal qui ont réussi déjà à faire ça
15:10et même mieux que ça.
15:12Mais oui, effectivement, dans ma catégorie,
15:14c'était une fierté et vraiment une volonté
15:15d'être le premier à le faire.
15:16Dans ma catégorie en classe 2,
15:18ça ne s'était jamais fait.
15:19Il y a deux athlètes
15:21qui ont gagné déjà aussi deux fois les Jeux,
15:23mais pas forcément en consécutivement.
15:24Donc, c'était vraiment un objectif
15:25d'être le...
15:27Moi qui prône sens à rien,
15:28que je marquais absolument
15:29l'histoire de mon sport,
15:30c'est ce qui me motive,
15:31en tout cas, c'est ce qui me ramène à la salle
15:33pour aller retraîner,
15:34pour me permettre d'y aller,
15:35pour aller retraîner compète après compète.
15:37J'avais vraiment envie de faire ça.
15:39Donc, effectivement,
15:40l'entrée en matière était au début,
15:44forcément, en phase de groupe
15:47avec le statut comme le mien,
15:48pour essayer de les traverser
15:50en passant le moins de temps possible à la salle
15:52pour s'économiser.
15:53Et après, voilà,
15:54chemin faisant, quand on arrive
15:56sur les quarts, demi, forcément,
15:57finale, le niveau s'accélère.
15:59Donc, il faut être bien meilleur
16:01pour aller jusqu'au bout du tableau.
16:03Alors, en individuel,
16:04tu bats un Polonais en finale
16:07et tu ramènes l'or.
16:08Devoir garder son titre,
16:10est-ce que c'est une pression supplémentaire ?
16:12C'est une pression différente
16:13versus ce que tu as connu à Rio ?
16:15Est-ce que tu l'as senti ?
16:17Oui, je l'ai carrément senti.
16:19Je l'ai carrément ressenti.
16:20C'est une pression supplémentaire,
16:22alors que je me suis mis tout seul,
16:23donc, à un grand.
16:24Et je suis content de l'avoir
16:26plus ou moins assumé jusqu'au bout.
16:29Et c'est là aussi où je disais
16:30que par rapport à l'absence
16:32un peu de ma famille,
16:34qui me sert aussi pas mal
16:35de soupape dans ces moments-là,
16:36là, j'ai senti le manque.
16:37J'ai senti le manque,
16:38du coup, je n'avais pas ces soupapes-là
16:40occasionnellement dans la journée.
16:42Donc, voilà, c'est ce qui a...
16:43Je me suis fait un petit peu sous pression
16:44avec tous ces objectifs-là,
16:47qui sont élevés, très élevés.
16:49Je vais essayer, je l'ai déjà su,
16:51et on essaie de tout faire
16:52pour que ça se fasse bien.
16:56Alors, Matteo,
16:57toi, tu ramènes une médaille d'argent
16:59en individuel,
17:00et tu perds en finale
17:01contre un Polonais.
17:03On va parler de ce Polonais,
17:04c'est un peu le Hulk Hogan
17:06du tennis de table en Pologne.
17:09Tu as confié à ton coach
17:11juste avant cette finale,
17:13je te cite,
17:15« J'ai peur de prendre une branlée. »
17:17Qui est ce Polonais ?
17:19Je dis, ouais,
17:20c'est Patryk Chosnowski.
17:22Donc, c'est le meilleur joueur du monde.
17:24C'est le numéro un mondial
17:25depuis pas mal d'années.
17:26Il avait un peu craqué à Rio
17:27parce qu'il avait fait deuxième,
17:29alors que là,
17:30il était en mission
17:31pour remporter l'or.
17:33Sur les cinq dernières années,
17:35il avait perdu deux matchs,
17:36dont un contre un partenaire.
17:37Un match où on ne sait pas trop
17:39ce qui s'est passé.
17:41Mais voilà, il est plus fort
17:42dans tous les domaines.
17:43Il domine le ping en classe 10
17:46depuis cinq ans.
17:48Il perd très peu de 7.
17:49Et en fait, j'avais dit
17:51à mon coach cette phrase-là
17:52parce que je l'avais joué
17:53la dernière fois au Championnat d'Europe
17:55en 2019,
17:56et je crois que je n'avais pas marqué
17:5710 points dans le match.
17:59Donc j'avais pris une branlée.
18:00Et donc, j'avais dit,
18:01je n'ai pas envie de reprendre
18:03la même en finale des Jeux
18:04avec toute ma famille.
18:05Et que t'as répondu ton coach ?
18:07Il m'a dit, c'est bien
18:08que tu me le dises,
18:10et écoute, on va tout faire
18:11pour que tu ne te prennes pas
18:12une branlée.
18:13On va chercher le match quand même,
18:14c'est quand même le meilleur joueur.
18:15Tu as perdu en trois sets,
18:17mais tu n'as pas pris une branlée,
18:20comme tu dis,
18:21puisque tu as même mené
18:23dans le premier set
18:24et dans le dernier set,
18:25tu étais ex-aequo à 10-10,
18:27je crois.
18:28Dis-moi un peu
18:29comment s'est déroulée
18:31cette finale.
18:32Oui, c'est exactement ça.
18:33En fait, c'est un joueur
18:34qui est très fort,
18:35il a peut-être un seul gros défaut,
18:36peut-être, c'est le mental.
18:37Quand on arrive à l'accrocher
18:39sur les sets,
18:40il est un peu moins performant
18:41en fin de set.
18:42Donc au premier set,
18:43je mène 8-5,
18:44ce qui est plutôt bien.
18:46Et après, bon,
18:47je n'ai pas revu le match depuis,
18:48mais je dois faire
18:49une ou deux fautes un peu bêtes
18:50et puis lui joue bien,
18:51joue juste,
18:53et donc arrive à remporter
18:54le set 11-8.
18:55Le deuxième set,
18:56il n'y a pas photo,
18:57et le troisième,
18:59il mène et je reviens
19:00et j'arrive à être à 10-10
19:01et malheureusement,
19:02je n'arrive pas à prendre
19:03ce petit set-là
19:04pour voir ce que ça aurait pu
19:06donner à 2-1.
19:07Peut-être qu'en partant bien
19:08dans le quatrième,
19:09j'aurais pu lui mettre la pression,
19:10mais malheureusement,
19:11ça ne s'est pas fait,
19:12donc on se contente
19:14de cette médaille d'argent.
19:15La prochaine rencontre
19:16aura sûrement lieu
19:17à Paris 2024,
19:18Paris 2024.
19:19Fabien, c'est un objectif
19:21forcément
19:22que tu as dans la tête.
19:24Justement,
19:25quelles sont tes ambitions
19:26à Paris 2024 ?
19:27J'imagine que c'est,
19:28encore une fois,
19:29de garder tous tes titres.
19:32De garder tous les titres,
19:33ça va être compliqué
19:34parce qu'il y en a à priori
19:36un qui ne devra pas
19:37être remis en jeu.
19:38Ah bon ?
19:39On est en phase
19:40de petites réformes
19:41au sein de l'IPTT-Separa,
19:43donc c'est possible
19:44que le tabou par équipe
19:45n'existe plus
19:46pour être remplacé
19:47par un tabou exclusivement
19:48de double.
19:49Donc on verra ça.
19:51On est censé avoir
19:52les infos officielles
19:53en fin d'année
19:54pour que ça commence
19:55dès 2022.
19:56Mais oui, effectivement,
19:57sur le tabou,
19:59en tout cas individuel,
20:00l'objectif sera
20:01d'aller faire le triplé, oui.
20:03Alors, Matteo,
20:04les Jeux de Paris,
20:05toi, tu espères
20:07arriver numéro 2
20:09installé
20:10dans la hiérarchie
20:11des Pongistes mondiaux.
20:13Et donc,
20:14battre notre ami polonais,
20:16qui sera sûrement
20:17encore numéro 1,
20:18c'est quoi d'ores et déjà
20:19ta stratégie
20:21pour aller battre,
20:22entre guillemets,
20:23l'imbattable ?
20:24C'est une stratégie
20:25qui va être simple,
20:26c'est de faire encore mieux
20:27et encore plus.
20:29Voilà,
20:30j'ai pas mal travaillé
20:31sur le physique
20:32depuis un an, deux ans.
20:33Donc il va falloir
20:34continuer à bosser là-dessus
20:35et ça, j'en doute pas.
20:37Avec ma prépa physique,
20:38Manu, ça va le faire.
20:39Et puis après,
20:40ça va être de jouer,
20:41de s'entraîner
20:42et de faire des matchs
20:44contre des joueurs
20:45plus forts
20:46pour s'habituer
20:47à ce niveau-là,
20:48à ce type de joueurs-là.
20:49J'aurai pas le choix
20:51si je veux réussir
20:52à l'accrocher,
20:53voire à le battre,
20:54donc on va tout mettre
20:55en place avec mon club
20:56pour monter
20:57d'une division invalide,
20:59pour commencer à jouer
21:00des matchs de plus en plus
21:01intéressants,
21:02de plus en plus durs
21:03et voilà,
21:04s'approcher de ce niveau-là.
21:05Fabien,
21:07avant de terminer
21:08cette émission
21:09avec une anecdote
21:10que Mathéo va nous raconter,
21:11j'aimerais que tu nous donnes
21:13un petit peu
21:14les prochains rendez-vous
21:15entre aujourd'hui
21:16et Paris 2024
21:18et éventuellement
21:19les rendez-vous
21:20de qualifications
21:21auxquelles tu vas participer.
21:22Oui,
21:23les prochains rendez-vous,
21:24nous,
21:26tous les ans,
21:27on a une compagnie
21:28de référents,
21:29donc normalement
21:30en 2022,
21:31en 2022,
21:33c'est ça,
21:34on aura les championnats
21:35du monde,
21:36donc individuels
21:37et avec des tableaux de doubles
21:38qui devraient être
21:39doubles pour nous,
21:41masculins
21:42et probablement aussi
21:43des doubles mixtes.
21:44Encore une fois,
21:45ça sera confirmé
21:46d'ici la fin de l'année.
21:48En 2023,
21:49on devra avoir
21:50les championnats d'Europe,
21:51peut-être en France,
21:52mais cette année 2023,
21:53ça viendra aussi,
21:54y compris
21:56ces championnats d'Europe,
21:57ça viendra aussi
21:58un petit peu
21:59de lignes de départ
22:00pour tout le monde
22:01pour aller chercher
22:03la qualif,
22:04même si aujourd'hui
22:05on est sur un système
22:06de contrôle continu.
22:07Toutes ces tournois
22:08qu'on va faire
22:10d'ici 2022,
22:11d'ici 2023,
22:12vont nous servir
22:13à se classer
22:14et comme dit Matteo,
22:15pour lui,
22:16pour essayer de s'installer
22:18à la deuxième place,
22:19de rester,
22:20moi, de rester à la mienne
22:21chaque année
22:22en 22 ou en 23.
22:23Matteo,
22:24tu confirmes
22:26même programme
22:27pour toi que pour Fabien ?
22:28Oui, exactement.
22:29On est un peu dans le flou
22:30avec tous les changements,
22:31mais normalement,
22:33ça devrait se passer
22:34comme ça.
22:35On attend un peu
22:36la fin de l'année
22:37pour voir comment vont se passer
22:38les trois prochaines années.
22:40L'objectif pour Fabien,
22:41arriver numéro un
22:42à Paris 2024
22:43et pour toi,
22:44arriver numéro deux.
22:45On va terminer
22:47cette émission.
22:48On aime bien
22:49les petites anecdotes
22:50qui sortent en France.
22:51Je vais juste te lancer.
22:52Après la cérémonie
22:53pendant laquelle
22:54vous vous êtes reçus
22:56à l'Elysée
22:57par Emmanuel Macron,
22:58tu habites à Quimper,
22:59tu vas à Paris
23:00et après cette cérémonie-là,
23:02tu rentres chez toi à Quimper
23:03et là,
23:04qu'est-ce qui se passe ?
23:06Ce n'était pas après l'Elysée,
23:07si je peux remettre dans le contexte.
23:09C'était après la cérémonie
23:10au ministère des Armées
23:12vu qu'on fait partie
23:13des ministères des Armées
23:14avec Fab.
23:15C'était un vendredi soir.
23:16Après la cérémonie,
23:17je vais à l'hôtel
23:19à Montparnasse
23:20pour dormir et je prenais
23:21un train le lendemain
23:22à 6h30 du matin.
23:23J'avais un train Paris-Rennes
23:25et à Rennes,
23:26je reprenais un autre train
23:27pour faire Rennes-Quimper.
23:29À Quimper,
23:30ma belle famille vient me chercher,
23:31dont des personnes dans la voiture
23:33qui n'avaient pas vu la médaille.
23:35J'arrive dans la voiture,
23:36je cherche la médaille
23:37et je la trouve pas.
23:39Là, je me dis,
23:40c'est quoi ce bazar ?
23:41Quand j'arrive chez mes beaux-parents,
23:43ce que je mangeais là-bas,
23:44je leur dis qu'il faut
23:46que j'aille passer un appel.
23:47Je regarde si j'ai ma médaille
23:48et j'enlève mes affaires.
23:50Là, je me dis,
23:51la médaille,
23:52je sais pas où elle est.
23:53Elle pouvait soit être à l'hôtel
23:55où j'avais dormi,
23:56soit dans le premier train,
23:58soit dans le deuxième train.
23:59Après avoir appelé l'hôtel,
24:01avoir fait des formulaires
24:03pour la SNCF,
24:04pour les objets trouvés,
24:05avoir contacté la SNCF
24:06sur les réseaux sociaux,
24:08Facebook, Twitter,
24:09j'avais que des réponses de robot,
24:11comme ça se fait maintenant.
24:12Finalement, j'ai eu la chance,
24:14il y a quelqu'un qui m'a envoyé
24:16un message sur les réseaux sociaux
24:17et il avait retrouvé la médaille
24:19et il a réussi à me contacter
24:21parce que sur la tranche de la médaille,
24:23il y a écrit la catégorie
24:24de handicap, le sport et men single.
24:26Il a dû regarder un peu sur Google.
24:28Il m'a retrouvé et il m'a contacté
24:30sur les réseaux pour la récupérer.
24:32Je les remercie encore
24:33s'ils voient cette émission.
24:35Il l'a trouvée où exactement ?
24:36Il l'a trouvée sous le siège
24:38du premier train,
24:39entre Paris et Rennes.
24:41J'avais mis mon sac qui était ouvert
24:42sous mon siège
24:44et la médaille allait tomber.
24:45Avec la moquette du train,
24:47j'ai rien entendu et voilà.
24:48Je pense que tous les téléspectateurs
24:50de Sport en France se mettent à ta place.
24:53Tu viens de gagner une médaille
24:55paralympique, tu perds ta médaille
24:57et tu appelles les objets
24:58trouvés de la SNCF et c'est à ce moment-là,
25:01je pense, que tu paniques le plus.
25:03Merci beaucoup, messieurs,
25:04d'avoir participé à cette émission.
25:07Je le rappelle, les objectifs,
25:08c'est bien sûr Paris 2024.
25:10Pour toi, Fabien,
25:11arrivée numéro 1,
25:12c'est l'événement de l'année,
25:14et bien sûr, garder l'un de tes titres.
25:16Et pour toi, Mathéo,
25:17arrivée numéro 2,
25:18c'est battre notre ami polonais.
25:21On vous souhaite bonne chance,
25:22on va suivre vos résultats.
25:24J'espère vous revoir très bientôt
25:26dans Avomark.
25:27Merci à tous de nous avoir suivis.
25:29On se retrouve mardi prochain
25:31pour un nouveau numéro d'Avomark.
25:44Sous-titrage ST' 501