Dans ce numéro d’A vos marques, Lukas Nicot reçoit le nageur David SMETANINE. 9x médaillé aux Jeux Paralympiques, il est également très actif en dehors des bassins avec son engagement au sein du comité paralympique mais également via sa fondation handisport au Cameroun "Canhumanitaire".
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00:00Salut à tous, bienvenue dans A vos marques, très heureux de vous retrouver pour une nouvelle
00:20émission dédiée au sport et particulièrement au sport Andy avec nous pour aujourd'hui parler
00:27de natation à un athlète plusieurs fois multiple médaillé paralympique et non des moindres c'est
00:33David Smetanine. Comment ça va David ? Très bien, belle semaine de printemps, tout va bien. On est très très
00:41heureux de vous recevoir aujourd'hui on va bien évidemment revenir sur toute votre belle carrière
00:46d'Andy athlète évidemment et puis également parler de la pratique en e-sport dans la natation avec
00:53évidemment en point d'orgue les Jeux paralympiques de Paris 2024. Allez et sans plus tarder dans
00:59cette émission on commence avec Parcours Perf. Allez on va pouvoir revenir sur votre parcours
01:09David. Première question déjà, ça vous est venu quand la natation ? A quel moment vous avez
01:14démarré ça ? J'ai commencé comme de nombreux enfants pour apprendre à nager simplement pour
01:19ne pas noyer donc plus dans un cadre de sécurité que mes parents voulaient absolument assurer et
01:25puis ensuite j'ai été très vite piqué au jeu par les jeux justement les Jeux olympiques en
01:31premier lieu en regardant les jeux de Los Angeles à la télévision, Matt Biondi, Carl Lewis qui a été
01:37un modèle alors pas mon sport l'athlétisme mais pour autant quelque chose qui m'a vraiment marqué
01:41puis ça s'est fait au fur et à mesure jusqu'à 92, 92 Barcelone des superbes jeux de natation qui ont
01:45été vraiment le déclic. Tout de suite passionné David par la natation très vite. Oui l'eau, le côté
01:52glisse, puissance, l'esthétique de ce sport aussi, que ce soit les nages et puis l'élément aquatique
01:58je crois qu'on est aquatique ou on ne l'est pas et puis moi j'ai toujours aimé être dans l'eau, j'ai
02:01aimé m'amuser dans l'eau donc je me suis mis à ce sport en 82 vraiment après avoir été pendant
02:06dix ans dans le judo et un sport qui m'a aussi forgé l'esprit et le caractère mais un beau sport
02:12pour l'école de la vie en général et puis en spiritation oui parce que j'aimais l'eau et que ça
02:17a été vraiment un élément déclenché. En 95 vous avez un accident, vous avez alors 21 ans,
02:24accident de voiture, c'est une double fracture de la colonne vertébrale c'est ça David ? Oui,
02:30j'ai travaillé comme maintenant sauveteur depuis quelques temps après avoir passé le BMSSA et puis
02:36c'est moi qu'on est venu chercher sur l'autoroute après l'accident de la route en effet alors deux
02:41fractures de la colonne vertébrale avec deux lésions incomplètes de la moelle heureusement
02:44pour moi mais une première au niveau cervicale et une deuxième au niveau dorsal. C'est vrai que
02:49les chirurgiens à ce moment là ils vous disent que vous avez de la chance ou c'est un long processus
02:54et pas forcément de la chance ? C'est vraiment les deux, les deux dans le sens où j'ai eu un
03:00pronostic particulièrement intéressant puisque j'étais deux fois touché mais deux fois incomplet
03:05donc pas de section de la moelle mais des compressions qui pouvaient laisser espérer
03:09quelque chose mais surtout un processus très très long parce que lorsque David me cherchait sur
03:13l'autoroute et en l'occurrence je dois à ce moment de vie et de survie à une personne qui s'appelle
03:18Philippe Montonex que je salue vraiment là où il est, qui est l'ancien directeur du SAMU de Grenoble
03:22qui passait par là au même moment, une coïncidence vraiment dingue parce que j'ai croisé une seule
03:26voiture sur tout ce trajet de 11 km et c'est cette personne là qui était là. Mais j'en ai suivi 18
03:33heures d'opération une fois que je suis arrivé à l'hôpital donc c'était un processus vital déjà
03:38engagé, on a rassuré mes parents en leur disant que j'allais normalement survivre mais qu'on ne savait
03:45pas trop ce qu'il fallait faire. Est-ce qu'on continuait après l'opération du cervical et qu'on allait à la partie dorsale ?
03:48C'est sûr qu'il y avait un risque parce que j'étais sur les poumons donc sur le ventre pour m'opérer dans
03:52le dos mais que mes poumons avaient subi ce qu'on appelle un pneumothorax bilatéral. Les deux
03:57plèvres pulmonaires se sont compactées un peu comme un airbag pourrait le faire alors au lieu que la bague
04:03s'ouvre et bien c'est mes poumons qui ont fait airbag. A l'époque il n'y avait pas d'airbag dans les voitures et les deux
04:08plèvres se sont retrouvées collées. L'air ont vidé et les poumons m'ont vidé de leur oxygène, de leur air.
04:14Je ne pouvais plus respirer. Donc beaucoup de chance d'être très proche de l'hôpital de Grenoble, d'être avec
04:19des gens extrêmement compétents autant au niveau de l'URC que les neurochirurgiens qui m'ont opéré.
04:25Je commencerai par saluer Jean-Paul Chibossel à qui je dois beaucoup beaucoup beaucoup, le professeur
04:31Olympe Benhabib aussi qui a fait un travail formidable en relais avec 18 heures en tout et puis un petit
04:36clin d'oeil à Michel Destau parce qu'il était à l'époque président des hôpitaux de Grenoble, maire de Grenoble aussi
04:42mais surtout il a permis cette rencontre, il a permis de faire en sorte que ces chirurgiens-là puissent venir
04:46m'opérer. C'est un sacré coup de pouce que j'ai eu et qui m'a permis d'être là où je suis aujourd'hui.
04:52Vous vous battez David, il y a un an de rééducation derrière. C'est à partir duquel moment vous vous êtes dit
04:57je vais reprendre la compétition, je peux me remettre dans l'eau ?
05:00Là aussi c'est une excellente remarque aux questions. C'est là aussi une coïncidence assez dingue parce que
05:07en rééducation à Saint-Hilaire-du-Trouvé, pas très trop loin de chez moi là au-dessus d'ailleurs,
05:11on est au pied de la chartreuse là où je vis et on est à quelques kilomètres de Saint-Hilaire,
05:15alors c'est un centre de rééducation où j'ai été. Là aussi une coïncidence dingue parce qu'il y avait
05:19une personne qui était prof de sport au Centre Médico Universitaire d'Adelevadie où j'étais en rééducation
05:24qui s'appelle monsieur Jean-Marc Clément mais qui était aussi sélectionneur de l'équipe de France
05:28en disport et il a su que j'étais nageur et dans mon processus de rééducation il est venu me voir en
05:33me disant écoute David, Jean-Marc c'est ton kiné Jean-Baptiste Vernet qui malheureusement n'est plus de ce monde
05:40m'a dit que tu étais nageur et moi écoute j'ai un défi à te proposer. Alors on m'a dit que tu termines
05:44dans l'eau pour la rééducation à la piscine du bâtiment Z là en bas, à l'étage C là ou à l'étage D
05:51je crois mais bon Barboté c'est bien, moi je te parle de nager vraiment, est-ce que ça te dirait
05:57de venir nager avec mes élèves de terminale qui préparent le bac ? Ils ont un 400 mètres de nage de
06:01l'affaire et comme on sait que tu entraînes tous les jours en ce moment, viens nager avec nous et
06:05puis le mardi après-midi me voilà reparti avec une première sans entraînement un peu plus sérieuse
06:09et j'avais vraiment à coeur de montrer que malgré mon handicap je pouvais rivaliser avec les élèves
06:14puisque j'avais derrière moi quand même un parcours de quatre années vraiment intensif d'entraînement
06:19à haut niveau on va dire mais surtout je savais nager depuis tout petit quoi donc ce sport là
06:26n'était pas étrange et puis je voulais rivaliser, c'était un peu mon amour propre
06:31qui était touché et je me suis dit bon c'est un point de départ et on verra après et puis quelques
06:35quelques mois plus tard deux ou trois mois après j'ai eu la chance d'être invité par la main de
06:41Grenoble à l'époque, Michel Destaut justement, à une cérémonie de retour des athlètes d'Atlanta 96
06:46des athlètes paralympiques qui revenaient médaillés et ça m'a mis le dos à la bouche, sans mauvais jeu
06:51de mots j'ai vraiment eu envie moi aussi de me dire là maintenant il faut se remettre dans l'eau
06:55parce que quelque part c'est une deuxième perche contre temps, une perche paralympique, tu peux plus
07:00être champion olympique ce qui était mon rêve de gamin mais tu peux être champion, pas paralympique
07:04pardon, si tu peux arriver à t'entraîner aussi bien qu'avant et c'est ce que j'ai
07:09mis en place, c'est ce que j'ai fait quoi. C'est quoi une préparation paralympique quand on commence
07:13cette aventure pour la première fois David ? Ça a vraiment commencé dans ce centre d'éducation
07:18tous les jours, tous les jours, je faisais peut-être que 45 minutes ou une heure mais
07:22dans un bassin qui faisait 17 mètres, 18 mètres tout petit, un bassin de rééducation,
07:26pas pour l'entraînement, c'était une eau à 34-35 degrés donc vraiment très très chaude mais par
07:34contre tous les jours quoi, l'apprentissage, la prévention de l'élément je l'avais pour moi
07:40et pas de souci pour ça, j'étais à l'aise dans l'eau, au contraire je n'étais pas inquiet
07:46malgré le handicap d'être dans l'eau mais par contre c'est tous les jours quoi comme un
07:50athlète olympique qui se prépare malgré la déficience, malgré un moteur en moins puisque
07:54j'ai nagé que sur les bras et pas les jambes, c'était vraiment tous les jours, tous les jours,
07:59reprendre la technique des quatre nages, retrouver des appuis dans l'eau, la position ventrale et
08:03dorsale la meilleure possible, voilà toutes ces choses qui font qu'on reconstruit une natation
08:08sportive, un peu comme les images qu'on voit d'ailleurs en arrière-plan et tous les jours,
08:13tous les jours, tous les jours. En 2004 vient les jeux paralympiques d'Athènes, des jeux mythiques
08:20où on découvre aux Jeux olympiques Laure Manodou, où on découvre au paralympique David,
08:25c'est un moment important pour vous dans votre carrière, c'est quoi vos souvenirs qui vous
08:30reviennent là tout de suite ? Le premier c'est Laure que je rencontre en 2003 au Jeu de France
08:35à Saint-Etienne où j'étais d'ailleurs le week-end dernier en compétition pour me sélectionner pour
08:38le Jeu de France du Monde, voilà et mon entraîneur à l'époque Stéphane Carbone dont je suis d'ailleurs
08:44le parrain de son petit garçon Valentin que je salue aussi, habitait chez les parents de Laure,
08:49il entraînait au club d'Enverrieux et les parents de Laure me disent « Ah mais c'est toi David,
08:53écoute on entend beaucoup parler de toi et Stéphane nous dit plein de choses en bien, voilà » et
08:59derrière tout ça, Laure part aux Jeux et en rentrant des Jeux, je suis invité à Melun,
09:05Melun d'Amari à l'époque, pour rencontrer Laure, la féliciter au retour des Jeux d'Athènes et puis
09:12je parle avec Philippe Lucas qui s'entraînait avec elle, enfin qui l'entraînait plutôt à l'époque,
09:15qui l'entraînait à l'époque pardon, je parle avec tous les majeurs du groupe etc. Bon et puis
09:22Christophe Duchiron pour ne pas le citer pour France Télévisions nous dit « Ah ben tiens on a
09:27un copain là, plutôt non, c'est les parents de Laure qui disent à Christophe Duchiron au
09:31détour d'un métro à Athènes, on a un copain de famille qui connaît Laure et qui va venir aux
09:37Jeux Paralympiques dans quelques temps, ça se passe à Athènes, ils étaient invités à Athènes pour
09:43suivre les performances de Laure et tout simplement les parents de Laure, Olga en l'occurrence sa
09:48maman répond à Christophe « Ben David oui, il vient pour les Paralympiques, il y a un truc
09:53sympa à faire là-dedans » et puis Christophe lui dit « Ouais en effet, ça m'intéresse tout ça »
09:59et puis ils sont venus filmer mon portrait, ils sont venus agrandir mon entraînement,
10:03ils sont venus filmer des courses aussi aux Jeux bien sûr et voilà. Et puis on voit les images
10:09de Christophe Ribé, mon rival, mon grand copain et rival. Une médaille de bronze pour vos premiers
10:15Jeux David, c'est forcément inoubliable, on sait la particularité c'est que vous nagez
10:21sans les jambes, c'est quoi les catégories qui existent dans cette natation handisport ?
10:27Ça va de S1 à S10, ça existe pour les différences de longues capes, S1 étant le long cape le plus
10:35lourd, S10 le plus valide et puis S11, 12 et 13 pour les déficients visuels et S14 pour les
10:42déficients intellectuels. Les S15 ne sont pas encore revenus aux Jeux Paralympiques,
10:48ils ont les Deflympics qui est une autre compétition internationale du même ordre, mais pour les classes
10:53Paralympiques c'est les physiques de 1 à 10, 11, 12, 13 pour les déficients visuels et ensuite 14 pour les
11:01déficients intellectuels. Je me demande si ce n'est pas le record du monde de Richard à Berlin,
11:08c'est Berlin ça c'est sûr, championnat d'Europe de Berlin en 2001. C'est lui que je bats pour
11:1316 centièmes alors qu'il était triple champion Paralympique pendant son 50-100 et 200 à Sydney en 2000,
11:18c'est lui que je bats pour 16 centièmes le dernier jour à Athènes après avoir été deux fois quatrième sur
11:21100 et 200 mètres pour enfin décrocher cette médaille de bronze, voilà donc c'est un souvenir
11:28particulier. Mais à Berlin, dans cette même piscine, en 2009, il bat le record du monde,
11:34deuxièmement à l'âge de moins d'une 22 à 23 au 100 mètres, une 22 à 57 il me semble,
11:42et quelques semaines après lors du Chocolat de France à Chambéry, pas trop loin de chez moi,
11:46je nage une 22 à 97 pour me qualifier au Chocolat du Monde en petit bassin en Rio au Brésil et j'ai
11:54eu ma revanche ce jour-là face à Richard. Aujourd'hui votre palmarès Olympique il est
11:58énorme David, c'est deux médailles d'or paralympiques, cinq en argent, deux en bronze,
12:04vous visez vraiment Paris 2024 ? C'est une vérité ? Oui, c'est de finir ma carrière en beauté à la
12:10maison comme on dit en France, quand on a cette chance-là de finir devant son public et de
12:13retrouver le public parce qu'on ne l'a pas eu à Tokyo, c'est vraiment fantastique et on a envie
12:19de continuer donc on met des nouvelles choses en place et on fait le max pour pouvoir bosser
12:27encore deux ans correctement pour arriver à se qualifier d'abord parce que ce n'est pas acquis et
12:31aucune sélection aux Jeux Paralympiques ni d'ailleurs aux Jeux Olympiques n'est acquise,
12:35il faut toujours faire ses preuves et gagner, et puis ensuite ça se passe dans la décision comme
12:42là à Rio, la finale des 50 livres où je vais chercher la médaille de bronze le dernier jour
12:47pour un petit rien, ça se passe dans les dix derniers mètres, je passe de la quatrième ou
12:51cinquième place à la quatrième et là je dois être quatre ou trois limites troisième, on arrive
12:56dans les 15 mètres et je suis en train de revenir deux, là je suis deux et je touche derrière un
13:02Coréen deuxième, après avoir raté le premier jour des Jeux de Rio, le podium du 100 mètres pour
13:09un centième, un seul centième, la différence. Grand moment du côté de Rio, les Jeux 2016,
13:18les Jeux Paralympiques, à quel moment on connaîtra les sélections pour Paris 2024 ?
13:22Il faudra passer par les qualifs probablement lors des championnats de France et d'Europe en 2024,
13:29on a un championnat du monde cet été au mois de juin, il y aura un deuxième en 2023 à Manchester
13:34au mois de juillet, ce sera sans doute les championnats d'Europe et les championnats de France
13:41pendant 2024 qualificatif pour les Jeux, donc on aura les sélections entre le mois de mai et le mois de juin.
13:49Je ne sais pas si vous avez toujours été ultra hyper actif à côté des bassins David,
13:54mais quand je regarde ce que vous faites à côté c'est assez impressionnant, au sein de l'IPC
13:59qui est l'équivalent du CIO, vous êtes élu là-bas, vous vous engagez aussi sur la médiatisation de
14:05l'handisport, ambassadeur du sport en Isère, représentant des athlètes World Para Swimming,
14:10membre de la commission du CNOSF des athlètes, également de la commission de Paris 2024,
14:17comment vous arrivez à faire autant de choses David ?
14:20Pour la commission de Paris 2024, j'étais en phase de candidature et j'ai eu le plaisir de partir
14:24avec toute l'équipe de candidature à Lima, d'ailleurs en tournée nationale, puis au Qatar
14:28pour l'ACNO, le premier grand oral de Paris 2024 notamment, et d'autres puisqu'il y avait aussi
14:34Los Angeles, il y avait encore à l'époque Budapest qui s'est retiré quelques temps après, mais j'ai
14:39pu être aussi à ce beau voyage à Lima lorsqu'on a eu cette double attribution entre Paris 2024 et
14:44Los Angeles 2028, j'ai vécu un moment vraiment exceptionnel. J'aimerais bien revenir dans cette
14:48commission des athlètes de Paris 2024, mais bon, j'ai d'autres missions, notamment en tant que
14:55consultant qualité d'usage pour les équipements sportifs de Paris 24 justement, et oui, je suis
15:01membre de différentes commissions sportives et c'est quelque chose qui me tient à coeur parce
15:04que c'est une façon vraiment de pouvoir rendre au sport ce qu'il m'a apporté, de pouvoir sans
15:07mauvaise honneur encore une fois, parler de ce dont je connais puisque je suis encore dans le
15:11bain comme on dit, et il faut que les athlètes soient impliqués et qu'ils puissent transmettre
15:16aussi une expérience, un héritage, c'est vraiment essentiel, donc c'est une opportunité qui demande
15:21du travail, du temps, mais c'est aussi un honneur de le faire et c'est important je pense. Donc tout
15:27ça, ça se conjugue avec l'entraînement, ça s'organise comme tout mon quotidien, je finis notre
15:33belle émission là et puis je partirai dans une demi-heure ensuite à Rennes pour intervenir demain
15:39sur une journée nationale de sport handicap aux côtés de la station Roisenstabs de Rennes,
15:45c'est aussi mon boulot de consultant conférencier et c'est bien de transmettre, c'est valorisant de
15:51transmettre, c'est important aussi de le faire et si nous athlètes, nous ne le faisons pas,
15:54qui va le faire à notre place ? Personne. Inspirer les nouvelles générations et transmettre,
15:59c'est aussi votre défi David, justement c'est la rubrique Mon Défi.
16:03Allez, on va pouvoir parler de la pratique des jeunes, David, de cette natation handisport avec
16:16notamment cet objectif de Paris 2024 qui approche. David, d'abord, on parle souvent quand on a un
16:24handicap et qu'on vient de l'avoir forcément, du regard des autres. Est-ce que vous à 21 ans ou
16:31même un peu après, vous avez subi cette chose-là et vous ne l'avez pas forcément bien vécu ?
16:36C'est vrai que c'est quelque chose de délicat. Forcément, on a des codes qui changent quand on
16:40a un handicap parce qu'on est assis déjà ou alors amputé ou alors avec des béquilles et qu'il y a
16:45des choses qui sont difficiles à percevoir pour monsieur, madame, tout le monde. Le handicap,
16:49cette différence, fait parfois un peu peur. Elle inquiète pas vraiment, mais peur dans le sens
16:54où on a l'impression d'être maladroit parfois, de ne pas savoir comment s'y prendre et puis le
16:58regard aussi change. Un garçon reste quelqu'un qui a un certain caractère, un certain tempérament,
17:08on va dire. Et c'est vrai que quand on a un handicap pour être en fauteuil, on nous regarde un peu
17:12différemment de haut en bas et pas de bas en haut. Le garçon, l'homme est protecteur, il est grand,
17:18il est fort. C'est comme ça qu'on le visualise, que notre société le met en avant ou le visualise.
17:24C'est vrai que ces choses-là changent et grâce au sport, j'ai vraiment pu avoir un regard différent.
17:30On m'a regardé au départ un petit peu avec des regards d'apitoiement. Forcément, le pauvre,
17:34qu'est-ce qui est arrivé ? Il a eu un accident, il est en fauteuil roulant. On a l'impression que
17:39finalement, mon fauteuil, je n'allais jamais en sortir. Mais ce n'est qu'un objet pour me déplacer,
17:43ce n'est pas quelque chose dans lequel je vis en permanence. Je conduis, je mange à la table sur
17:47un fauteuil comme tout le monde. Je fais plein de choses et je nage, je sors de mon fauteuil pour
17:52nager, bien entendu. Je vis tout à fait normalement. Il y a des gens d'habitude qui vous
17:57ont dit à l'époque, non, on n'y va pas, ça ne vaut pas le coup. Ta situation, elle n'implique pas
18:02de lancer une carrière d'athlète. Il y a des gens qui n'ont pas cru en vous, par exemple.
18:06On m'a dit parfois, qu'est-ce que tu allais faire au niveau en e-sport ? L'air de dire,
18:11qu'est-ce que ça vaut ? Finalement, pas grand-chose. Quand on a commencé à parler des Jeux
18:15paralympiques un peu plus à la télévision, là, on s'est dit, mince, c'est autre chose. C'est un
18:19autre domaine. Mais c'est comme tout le monde. Il n'y a pas de grande victoire sans passer par
18:23les petites compétitions. Ça n'existe pas. Forcément, j'ai commencé comme tout le monde
18:28par le début. Même si j'étais nageur avant mon accident, je me suis remis dans l'eau. J'ai
18:31appris à nager correctement. J'ai appris à maîtriser le katana. J'ai appris à nager différemment
18:36en me servant uniquement de mes bras. Les abdos, les jambes aussi me servent. C'est un aliment dans
18:42l'eau qui est important, qui est parfait, qui doit être parfait. Mais là, on va à la finale
18:47du 50 Libres à Londres en 2012, qui est un bon souvenir aussi. Et je remonte petit à petit
18:52parce que je ne pousse pas sur le mur comme certains de mes adversaires. Par contre, j'ai
18:55des grands bras et puis j'essaie par musculature de pouvoir me servir le mieux possible et d'avancer.
19:00Voilà, je suis en train de grappiller le numéro un qui est ukrainien d'ailleurs,
19:05Aleksandr Moustafaev, qui n'est plus en Ukraine, heureusement, parce que la situation aux Jeux
19:10était vraiment critique. Les Anglais, d'ailleurs, sur cette course, les Anglais qui commentaient
19:14la course disaient, oh là là, mon Dieu, il ne reste plus qu'un mètre. Pourquoi le bassin des Jeux
19:18de Londres ne vaut pas 51 mètres ? Parce que sinon, j'aurais pu gagner la médaille d'or. C'était
19:22un petit rien. Voilà, je fais un super chrono, une des médailles quand même. Mais oui, les gens
19:27le savent quand même, il faut rester guené, il faut rester aligné. Et puis après, c'est du travail,
19:33du travail, du travail. Qu'est-ce que vous dites aux jeunes que vous croisez dans les conférences,
19:37que vous croisez au bord des bassins pour les motiver à se lancer vraiment dans ce sport ?
19:43Quand je suis au sein fédéral, quelques fois par mois, j'ai quelques jeunes avec moi qui sont
19:49à l'entraînement et j'essaie de les booster un maximum et c'est un plaisir de le faire. Ils me
19:52le rendent aussi par leur admiration, par leur respect, par les mots à mon égard, etc. C'est
19:56vraiment important. Et puis ils sont des partenaires d'entraînement. Et lorsque je suis en équipe de
20:00France, j'essaie aussi d'apporter aux plus jeunes mon expérience et puis de les rassurer aussi par
20:04rapport à l'événement, de leur donner quelques conseils. Mais ils font déjà des choses très,
20:07très bien. Si on peut parler des trois médaillés de Tokyo paralympiques, que ce soit Hugo Didier,
20:12qui revient avec deux belles médailles, Alex Portal pareil, et puis Florent Marais qui revient
20:20avec une belle médaille en dos, c'est pareil. Ce sont des gens qui ont prouvé qu'ils étaient
20:24capables malgré leur jeunesse, leur manque d'expérience à ce niveau-là, au niveau paralympique,
20:31de rivaliser avec les meilleures nations du monde. Une expérience paralympique, c'est aussi fait de
20:37toutes ces choses-là. C'est échanger avec les anciens, c'est s'inspirer des autres nations,
20:40c'est voir comment les autres fonctionnent. J'essaie de contribuer à leur réussite et à
20:46leur spirale de fils. Il y a un programme, David, pour essayer de trouver ces jeunes,
20:49de les trouver aux plus jeunes le plus tôt possible pour les détecter ? Oui, bien sûr. La
20:56Fédération 70 Sports parlait de la commission de natation, Fédère natation, dirigée par Samuel
21:01Guédari, un ancien nageur de haut niveau, a créé un programme, des journées qui s'appellent les
21:06JAP, les journées à jeu de la potentielle, où on vient faire de la détection. Et puis au niveau
21:11paralympique, donc là c'est vraiment tout sport confondu, on a un programme qui s'appelle la
21:15Relève, qu'on voit en image derrière nous, mis en place par le comité paralympique sportif français,
21:19le CPSF, et qui sont en fait des journées de détection multisport pour voir par rapport
21:26aux différences de handicap, aux différents handicaps, quels sont les potentiels des uns et
21:30des autres. Les blessés médulaires, les amputés, des gens qui sont touchés par une maladie, etc.
21:36Et on va chercher dans chaque handicap, le sport qui nous paraît, au regard de tous ces tests qu'on
21:40va faire, dans différents sports, nous paraît être le plus approprié pour pouvoir former des
21:45futurs champions de demain. Alors les JAP, les stages JAP, c'est les journées à potentiel,
21:52ça s'adresse aux jeunes dans une discipline, il y en a plusieurs par discipline, et le programme
21:57la Relève, c'est un programme qui est plus général, qui met en avant vraiment tous les sports que
22:03certains peuvent pratiquer pour permettre à chacun de trouver la bonne discipline ou le bon sport
22:08dans la perspective d'une sélection paralympique. Et bien sûr, on espère recruter un maximum de
22:13sportifs pour Paris 2024. Juste une information à ce sujet, on a quand même un beau résultat
22:19puisque à Pékin, au jeudi hiver, il y a quelques semaines, on a un athlète paralympique en snowboard
22:24qui a fait partie de ce programme la Relève et qui a été en finale. Donc c'est plutôt chouette,
22:29ça montre que les choses marchent. Je regrette juste que ce programme n'ait pas été mis en place
22:33plus tôt. Mais bon, c'est un des éléments phares de cette belle candidature de Paris 2024,
22:40conjointement avec le CPSF et le CNOSF, de mettre en place ce genre de programme de détection. Et au
22:46niveau paralympique, c'est le programme la Relève qui est le programme phare. On voit d'ailleurs
22:51derrière nous des images de sportifs qui essayent plein plein de gestes différents, des tests
22:55vraiment importants pour voir la fréquence, comment ils se comportent, dans leur stabilité ou dans
23:00leur instabilité, leur dextérité, etc. Puis en fonction de ça, on va se dire, tiens, toi t'es
23:04plus dans l'athlétisme, toi t'es plus dans le basket, toi t'es bon en main de paille sur fauteuil,
23:07on va plus se mettre dans le rugby fauteuil, dans le tennis, dans le voilà, dans le paratennis,
23:12le paralympique, voilà. On voit Perlebouge en para-avion, on voit Joël Viano, un très grand
23:18de l'athlétisme en e-sport qui a brillé, qui a été notre capitaine et porte-drapeau en 2004 lors
23:24de mes premiers Jeux, qui a une très belle expérience et qui l'a mis au service des athlètes
23:28en para-triathlon. Voilà, des gens issus de tous les milieux qui, par leur handicap,
23:34montrent des qualités physiques, physiologiques et on a envie de les accompagner pour trouver le
23:41bon sport et être performant ensuite. Pour ceux qui ont envie de pratiquer la natation,
23:46il y en a à titre de loisirs, ça existe aussi, il y a des initiatives pour ça,
23:51possible David ? Bien sûr, les clubs sont là aussi pour ça, les clubs en e-sport ou les clubs
23:55de la FFN et les clubs en e-sport issus de la Fédération française de l'e-sport offrent
24:00bien sûr des créneaux d'avoir des découvertes de ce monde aquatique et ensuite permettent
24:05d'un joueur d'aller vers un groupe compétition et dans la perspective d'aller vers une échéance
24:10internationale, championnat d'Europe, championnat du monde ou une sélection paralympique ensuite.
24:16C'était l'initiative que vous aviez lancée à l'été 2015, si je ne me trompe pas,
24:19j'apprends à nager pour donner la chance à tout le monde de se mettre dans le grand
24:24bain si on veut. J'ai travaillé sur cette belle initiative conjointement avec cette
24:28belle initiative de mon club, je continue à le faire d'ailleurs, la FFN a lancé ça aussi et
24:34la Fédération d'e-sport suit pleinement, on a un beau programme pour les enfants issus du quartier
24:39notamment qui leur permet de pouvoir apprendre à nager et c'est important. Juste une information
24:43à ce sujet, on a remarqué en phase de candidature de Paris 2024 qu'en Seine-Saint-Denis, là où
24:49sera l'un des bassins olympiques de natation, puisque le deuxième sera pour le coup à l'aréna
24:56de la Défense et non plus en pleine Seine-Saint-Denis, on a recensé qu'entre 11 et 13-14 ans,
25:0553% des enfants de ce département ne savaient pas nager. Donc c'est quelque chose qui est
25:11crucial d'apprendre à nager, ne serait-ce que pour les raisons que j'ai évoquées tout à l'heure,
25:15la question de la sécurité. Et d'être en sécurité, c'est important quand on veut s'amuser dans l'eau,
25:20quand on veut être à la piscine, quand on veut être dans un camping, quand on veut être en mer
25:22avec ses parents, ses amis, voilà. Et je trouve que malheureusement, le ministère ne fait pas
25:29encore suffisamment, et l'égalité nationale derrière, pour permettre aux enfants d'apprendre
25:32vraiment à nager, ne met pas encore suffisamment de choses en place pour y parvenir de façon aussi
25:37bonne et aussi pertinente qu'on l'a fait lors des grandes réformes de ce sport en 68, lors des plans
25:44piscines sur le sol, les piscines Canton, mis en place par Marie-Georges Buffet à l'époque.
25:48C'est d'utilité publique, de savoir nager, c'est vraiment bien de le lancer, David. Et il y a une
25:55autre fondation, parce que je sais que vous êtes hyper actif et vous avez fait plein de choses,
25:58mais il y a quelque chose qui vous tient particulièrement à cœur aussi, c'est du
26:01côté du Cameroun, vous avez lancé votre propre fondation, c'est ça ?
26:04Oui, j'ai créé la Fondation d'E-Sport David Smetanine, on travaille sur l'éducation d'abord,
26:10avec un programme de soutien indiscolaire où on finance des manuels scolaires, les livres,
26:13les cahiers, tous les manuels scolaires des enfants qui sont de la fondation et qui sont
26:18inscrits gratuitement, dès lors qu'ils ont un handicap ou que leurs proches ou leurs familles
26:22ont un handicap. On a un programme aussi qui est important, un programme de citoyenneté,
26:28où on met en phase les préfectures et les mairies pour que les personnes qui sont handicapées de la
26:32fondation puissent avoir des papiers d'identité, des cadres de validité aussi, et puis qu'ils
26:37soient inscrits sur les listes électorales, ça n'était pas le cas pendant très longtemps.
26:40Et puis un programme sportif, bien entendu. J'allais dire tout à l'heure que quand on sait
26:44nager, on diminue de 87%, exactement, quasiment 90% les risques de moyade et c'est très important,
26:49notamment quand on a un handicap, c'est essentiel. Et c'est un élément qui a été important aussi
26:53pour notre fondation, de pouvoir permettre à des personnes qui ont un handicap d'apprendre à nager
26:56dans ce pays où culturellement l'orientation n'est pas encore bien en place, à l'inverse du football,
27:00on sait que la Coupe d'Afrique des Nations a lieu au Cameroun il n'y a pas très longtemps,
27:03c'est un sport qui est phare chez eux, qui est roi, l'orientation ne passe pas encore. Mais ça me
27:07tient à cœur parce que c'est important de pouvoir amener un rayonnement et contribuer à ce que le
27:12sport handicap, le parasport en général, puisse aussi être mis en place dans des pays qui sont
27:18moins développés ou les pays d'Afrique en général. Et j'en suis très, très fier et on contribue à
27:22faire en sorte que le sport ait une belle place. Vous avez eu l'occasion d'y aller ?
27:26J'essaye d'y aller une fois par an. Ça a été difficile ces dernières années avec la pandémie,
27:29etc. Mais j'y vais assez régulièrement quand j'essaye pour pouvoir faire avancer nos différentes
27:36actions. Et puis parce qu'on en a une qui démarre là en ce moment, une activité d'agriculture et de
27:42formation d'abord à l'agriculture du poivre blanc de Penja, un AOP, un très, très bon poivre que
27:47l'on va commercialiser. Alors formation pour pouvoir former des personnes qui ont un cap et
27:52leur donner la chance d'avoir une activité professionnelle ensuite et une rémunération,
27:56donc de pouvoir être indépendant de ce côté-là. Et puis ça passe par une récolte et la première
28:01commence là en ce moment, au mois de mars. Donc un beau projet aussi pour la Fondation
28:05d'E-Sport de l'Université d'Alène qui permettra de pouvoir créer de l'emploi très, très bientôt.
28:10Eh bien, on vous souhaite le meilleur dans ce sens-là et aussi pour la suite de votre carrière
28:14parce qu'elle n'est pas terminée votre carrière en e-sport à haut niveau, on l'espère David.
28:19Merci beaucoup d'être passé en tout cas. Merci à vous, merci pour l'invitation et
28:23en espérant vous revoir d'ici Paris 2024. Voilà.
28:27À très bientôt et merci de votre fidélité à vos marques pour une prochaine émission.
28:32Rendez-vous dès la semaine prochaine sur Sport en France. À très bientôt. Ciao.