À l’occasion des 5 ans du mouvement des Gilets Jaunes, André Bercoff reçoit Jérôme Rodrigues, Maxime Nicolle et Faouzi Lellouche, 3 figures du mouvement, pour une émission spéciale !
Retrouvez La culture dans tous ses états tous les vendredis avec Céline Alonzo et André Bercoff à partir de 13h.
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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2023-11-17##
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NewsTranscription
00:00 [Générique]
00:02 La culture dans tous ses états, André Bercoff.
00:05 [Générique]
00:06 C'est l'heure de la révolution.
00:13 Président Macron, truante ou fion,
00:16 tu taxes trop d'impôts, c'est la révolution.
00:20 Enfant de la patrie, le jour de gloire, c'est aujourd'hui.
00:23 Vive la tyrannie, victoire à Paris.
00:26 Président Macron, trafiquant escroc,
00:30 Eh oui, M. Macron, M. Gacron, c'est la révolution,
00:33 M. Sébi, la chanson des Gilets jaunes,
00:35 une des chansons des Gilets jaunes.
00:38 Et je dois dire que nous sommes vendredi, jour pour jour,
00:41 il y a exactement cinq ans, le 17 novembre 2018,
00:47 eh bien c'était la première manifestation de ce mouvement
00:51 qu'on a appelé les Gilets jaunes et qui n'est pas mort du tout
00:54 puisque tout le monde non seulement s'en souvient,
00:57 mais quelque part en nous, vous savez,
00:59 il y a quelque chose en nous de Tennessee,
01:01 mais pour tous ceux qui ont vécu cela,
01:04 il y a quelque chose en nous des Gilets jaunes.
01:06 Et nous sommes, je crois, très nombreux à l'avoir,
01:10 en tout cas, quel que soit ce qu'on avait fait à l'époque.
01:13 Et puis, il faut le dire, le ras-le-bol, le rejet, la colère,
01:19 ils sont toujours là.
01:20 Comment ils vont s'exprimer, on ne sait pas,
01:22 on n'est pas là pour lire dans le marque de café,
01:24 mais la colère est toujours là, le rejet est toujours là
01:28 et le ras-le-bol est toujours là.
01:29 Eh bien, on va recevoir justement, pour en parler,
01:33 cinq ans après, cinq ans après,
01:35 trois figures de la première heure,
01:37 Jérôme Rodrigues, Fauzy Lelouch et Maxime Nicolle.
01:41 On en parle tout de suite, on prend une heure
01:43 pour raconter ce qui s'est passé
01:45 et surtout pour dire ce qu'on doit en tirer pour le futur.
01:49 La culture dans tous ses états, André Bercoff.
01:54 Faut arrêter d'essayer, prendre notre argent
02:00 Sur les taxes et puis les cents
02:07 Y'en a trop marre, Brigitte, sérieux, fais quelque chose
02:15 Après nous la fin du monde
02:19 Nous voilà dans cette...
02:20 Le blues des Gilets jaunes de Bernard Aiello.
02:23 Alors il y a un livre qui est paru, très intéressant,
02:25 que je recommande, "Le côté obscur de la force",
02:27 un livre paru chez Flammarion.
02:29 Et le journaliste Vincent Nuzi qui a écrit le livre,
02:32 il a proposé une enquête très fouillée
02:34 sur ce qu'il appelle les dérives du ministère de l'Intérieur
02:36 et de sa police.
02:37 On va parler de tout, mais on va commencer avec ça.
02:41 Il dit ceci, il écrit ceci, "Avec les Gilets jaunes,
02:44 on est entré dans l'ère de la surveillance politique de masse.
02:47 Il y a eu une flambée des écoutes téléphoniques."
02:49 On sait que cette flambée, elle ne s'est pas arrêtée depuis.
02:52 Il estime, Vincent Nuzi, dans son livre,
02:55 qu'environ 2000 personnes ont fait l'objet d'écoutes
02:59 ou de géolocalisations lors de ce mouvement.
03:02 Jérôme Rodrigues, et je poserai la même question à Faouzi Lellouch,
03:06 est-ce que vous avez eu le sentiment d'avoir été surveillé ?
03:09 J'ai eu la chance de lire ce livre.
03:11 C'est vrai que quand on est rentré dans cette lutte,
03:14 on nous a donné diverses informations
03:16 quant au niveau de surveillance qu'on pouvait subir.
03:19 Moi, je suis un peu comme Saint-Thomas, je crois en ce que je vois.
03:22 Maintenant, avec du recul et a posteriori,
03:25 avec tous les éléments d'information qui peuvent sortir,
03:28 ça se concrétise un peu plus dans ma tête
03:30 sur tout ce système de surveillance, géolocalisation, balisage,
03:33 mise sur écoute, caméra, présence policière, suivi.
03:36 C'est quand même assez impressionnant
03:38 et ça pose beaucoup de questions dans ce pays qu'est la France.
03:41 Moi, ce genre de choses, je ne connais qu'au cinéma,
03:44 dans des films populaires et mi-détas,
03:46 où on va s'attaquer à quelqu'un parce que potentiellement...
03:49 - Ou des films policiers, etc.
03:51 - Il faut savoir qu'aujourd'hui, je suis fiché S.
03:54 J'engage la Sûreté nationale. - Vous êtes fiché S.
03:57 - Je suis fiché S. Pourquoi ?
03:59 Pour mettre en place mon droit à l'expression, à la manifestation.
04:03 Moi, je ne vais pas égorger des gens dans la rue,
04:06 j'appelle à la paix, au mieux-être, à la justice sociale et fiscale.
04:10 J'ai mérité d'avoir une fiche S sur les épaules.
04:13 Très intéressant.
04:14 Si on reprend pour compléter ce que dit M. Bouzyk dans son livre,
04:17 c'est que tu as eu 2000 personnes de plus
04:19 mises sur surveillance par rapport à une base de 1000,
04:22 donc on est à 3000, et sur ces 2000 personnes,
04:24 ce sont uniquement que des gilets jaunes.
04:26 Pendant ce temps-là, tu as des mecs qui se baladent dans la rue
04:29 qui vont égorger des profs, qui eux ne sont pas surveillés.
04:32 Pourquoi ? Parce qu'on est en train de surveiller Rodriguez.
04:35 Je vais chercher mon pain le matin, je rentre chez moi,
04:37 je ne fais rien d'exceptionnel. C'est très compliqué.
04:39 Intéressant les deux poids de mesure.
04:41 Faouzi Lellouch aussi, vous avez eu le sentiment, à l'époque déjà,
04:44 d'avoir été surveillé.
04:46 Mais il ne se cachait même pas.
04:48 J'ai deux associations où il m'appelait directement, les RT,
04:51 pour avoir des renseignements sur la mobilisation,
04:54 sur les mobilisations, là où on allait aller,
04:56 les revendications qu'on avait, ce qu'on allait faire,
04:59 où on allait le faire, pourquoi on le faisait,
05:01 s'il y avait du monde, s'il allait y avoir du monde
05:04 dans les mobilisations, il ne se cachait même pas.
05:07 Dès qu'on allait sur un secteur prédéterminé,
05:10 on avait toujours une voiture qui nous suivait,
05:13 on avait toujours des gens qui nous surveillaient de loin,
05:15 ils se passaient le relais.
05:17 Au même point, on a voulu faire une interview avec Paris Match,
05:21 je me souviens, sur les Champs-Elysées,
05:24 pour parler d'un hommage sur les deux ans ou les trois ans.
05:28 - Oui, en ortique.
05:30 - On leur a dit "attention, si vous faites vos images sur les Champs,
05:34 on ne va pas durer cinq minutes".
05:36 "Non, mais quand même, vous exagérez".
05:38 "Ah, ça a mis trois minutes".
05:40 Ils sont arrivés de partout, il y avait du monde,
05:42 il y avait Boulot, il y avait toi, il y avait moi.
05:44 - On leur a apporté le café.
05:46 - Et du coup, on a fini par être extraits des Champs-Elysées,
05:50 on nous a fait partir, on s'est installés,
05:54 on a dit "on va prendre un petit café".
05:56 On a repéré la voiture qui était devant nous,
05:58 qui était en train de nous surveiller,
06:00 et nous, bonne blague, un peu par compassion,
06:02 parce qu'en même temps, c'est des otages de l'État,
06:04 ces policiers, ils se servent d'eux comme il faut,
06:06 on leur a ramené le café, juste pour leur dire "on vous a vu, on est là,
06:10 et on a un peu de compassion pour vous, parce que nous, on va bien,
06:12 on est à l'intérieur du restaurant pendant que vous buvez votre café".
06:14 - Combien de policiers, on a que ça à foutre de vous emmerder,
06:16 M. Bregues ou tant d'autres.
06:18 Il faut quand même faire la différence entre ces deux polices
06:21 sur lesquelles on est confrontés.
06:22 Il y a la police du maintien de l'ordre, qui aujourd'hui a un sérieux problème,
06:25 et nous avons un sérieux problème avec cette police,
06:27 mais la police du quotidien... - Et vous l'avez, vous savez.
06:29 - Oui, et la police du quotidien n'a rien à voir.
06:31 On en faisait tout à l'heure, sur une précédente émission,
06:33 le nombre de policiers qui sont venus nous parler,
06:36 et remonter des faits, du mal de vie.
06:38 - Et vous disiez quoi, grosso modo, vous disiez quoi ?
06:40 - Déjà, ils se cachent, ils ont très peur.
06:41 C'est ça, la première impression.
06:42 Je vais te donner un exemple, un policier un jour qui vient vers moi
06:44 et qui s'excuse, je lui dis "t'excuses de quoi ?"
06:46 - Il se préoccupe d'être vu et d'être pris, parce qu'il est...
06:48 - Ah ouais, parce qu'il est otage.
06:50 - Ouais, parce qu'en fin de compte, t'as une espèce de corporation,
06:52 je lui dis "mais toi, tu n'as pas été excusé, tu ne m'as pas crevé un oeil,
06:54 par contre, tu essayes de dénoncer tes collègues qui salissent l'uniforme."
06:56 Et tu sens que ce policier a le respect de son métier, de sa fonction,
07:00 il est rentré dans ce pays, pardon, dans ce métier pour nous protéger.
07:05 Et là, le mec est complètement emmerdé,
07:08 parce que tu sens qu'il y en a d'autres qui salissent sa fonction.
07:11 Donc c'est très gentil.
07:12 Et ça, j'en ai beaucoup plus que de policiers,
07:14 potentiellement, qui sont venus m'insulter.
07:17 Et aussi, pour être honnête, il y en a beaucoup qui nous ont confié
07:21 avoir les mêmes aspirations, les mêmes pensées que nous,
07:24 qu'ils ont une famille et tout ça,
07:26 mais qu'ils ne peuvent pas du tout se prononcer,
07:28 ils ne peuvent pas échanger, par peur de perdre le peu qu'ils ont,
07:31 ou de perdre leur entrée d'argent.
07:33 Beaucoup nous ont dit "on est même gilets jaunes, on est avec vous, on comprend."
07:37 J'ai même appris, moi, par rapport à la surveillance,
07:41 qu'il y avait un dossier carrément sur moi, au ministère de l'Intérieur,
07:45 qui faisait des enquêtes sur chaque personne qui avait une influence
07:49 sur le mouvement, qui agissait.
07:52 Donc il y a des enquêtes qui peuvent pousser loin,
07:54 parce qu'évidemment, après on voit les répercussions,
07:56 et puis les conséquences, évidemment.
07:59 Tu sais, le fait le plus étrange, c'est que je suis gélocalisé,
08:01 le jour où je me fais crever un oeil,
08:03 t'as quand même les flics qui s'arrêtent net devant moi.
08:06 On est dans une place qui est complètement pacifiée,
08:09 tu as ce qu'on appelle un beau offensif de policiers,
08:11 les policiers passent et s'arrêtent net devant moi.
08:14 Et j'en ai connait avec toi, on a demandé un complément d'enquête
08:16 au juge d'instruction, pour essayer de savoir si ce jour-là,
08:18 j'étais géolocalisé, parce que ça peut porter à questions.
08:21 Comment ça se fait qu'ils s'arrêtent net devant moi,
08:23 et que derrière je finis avec un oeil crevé ?
08:25 Je n'accuse rien.
08:26 C'était la troisième semaine, je crois, de manifestation.
08:28 On en était au 11ème samedi.
08:31 Oui, c'est l'acte 11.
08:33 C'est l'acte 11.
08:34 C'est abattu.
08:35 Parce que ce qu'il faut rappeler, et je voudrais juste dire,
08:37 ce que ça a été, et ça a beaucoup frappé les gens,
08:40 c'est que chaque semaine, chaque semaine, vous remettiez le couvercle.
08:43 Pendant quoi ?
08:45 Ça a duré quoi, six mois ?
08:47 Non, ça a duré jusqu'au mars 2019, pour le plus gros,
08:51 et ça a commencé à péricliter après l'été 2019.
08:54 Donc de novembre 2018 à mars 2019, enfin...
08:58 J'irais pendant presque un an.
08:59 C'est ça, en continu.
09:01 Ça, c'était en continu.
09:02 Mais qui remettait la pièce dans le jukebox ?
09:05 C'est Macron, hein ?
09:06 Ah oui, oui.
09:07 C'est Macron avec sa façon de nous parler,
09:10 sa façon de nous dénigrer, sa façon de nous insulter,
09:14 sa façon de nous mépriser,
09:17 sa façon à la fois de la répression qu'il a pu avoir,
09:21 les mensonges, les propos qu'ils ont tenus sur ce qu'on pensait,
09:26 ce qu'on était, voilà, pour persuader l'opinion publique
09:30 qu'il ne fallait pas nous suivre.
09:32 Il faut dire aux gens que si on existe,
09:35 alors dépend, parce qu'il y en a certains qui ne nous aiment pas,
09:37 le seul créateur de notre existence, c'est Macron, hein ?
09:40 Vous voulez dire...
09:41 Il faut rappeler quand même, parce qu'il faut rappeler comment c'est né,
09:44 cette taxe, la fameuse taxe sur le...
09:46 La fameuse taxe carbone.
09:47 La fameuse taxe carbone, c'est ça.
09:49 Ça a été ça le moment.
09:50 C'est l'élément déclencheur, c'est cette fameuse goutte d'eau
09:53 où tout le monde l'interprète sur le prix de l'essence.
09:55 Non, c'est une taxe de plus sur déjà un essence
09:57 qui coûte énormément cher,
09:59 qui coûte pour pouvoir aller travailler,
10:01 et c'est là-dessus que les gens ont commencé à s'énerver,
10:04 à se rencontrer, à tisser des liens sociaux,
10:06 et que quand ils se sont aperçus de fil en aiguille dans les discussions
10:09 que ça va au-delà de l'ensemble des problèmes sur lesquels ils peuvent être rencontrés,
10:13 quelle que soit l'étiquette politique, sexuelle, religieuse,
10:17 tout ce que tu veux,
10:18 quoi qu'il advienne que quand le frigo est vide,
10:21 ben on a le même noeud au ventre au final.
10:23 Et c'est là-dessus que les gens ont su se rejoindre
10:25 et que ce mouvement a su éclater,
10:27 alors peut-être avec un trop-plein de revendications,
10:29 je dirais qu'il n'y en a jamais trop plein,
10:31 elles sont toutes intéressantes à étudier,
10:33 ça a permis à cette France dite silencieuse qu'il ne l'était pas,
10:37 simplement sous pression de l'ensemble des responsabilités
10:40 qui incombe à une famille un citoyen français ou un citoyen vivant en France,
10:44 et quand ce couvercle a explosé,
10:47 il y a eu une libération de la parole,
10:49 une libération de l'existence,
10:51 qui a permis aux gens de dire "on est là",
10:53 c'est la chanson d'ailleurs.
10:54 Et on se rappelle très très bien,
10:56 tout le monde sait que justement ce qui caractérisait
10:58 qu'il n'y avait pas de chef,
10:59 qu'il n'y avait pas d'encadrement,
11:00 c'était pas un parti politique,
11:01 c'était pas un syndicat,
11:03 c'était des gens qui arrivaient spontanément.
11:06 - Et innovants aussi, innovants,
11:08 parce qu'on allait dans les endroits où on ne nous attendait pas,
11:10 on voulait faire un rond-point,
11:12 ce n'est pas des manifestations syndicalistes,
11:14 on était dans les quartiers huppés,
11:17 on était là où ils ne voulaient pas nous voir,
11:19 les ministères, les ronds-points,
11:20 les payages, les autoroutes,
11:23 on a fait les aéroports,
11:25 les parkings d'hôpitaux qui sont payants aujourd'hui
11:28 pour aller voir sa famille qui est malade.
11:30 - C'est intéressant, c'était l'imagination au pouvoir.
11:32 Je crois que nous avons Maxime Nicol au téléphone.
11:35 Bonjour Maxime Nicol.
11:37 - Oui, bonsoir tout le monde.
11:39 - Oui, bonsoir, bonsoir,
11:41 heureux de vous avoir Maxime Nicol.
11:43 Maxime, vous aussi,
11:46 on voudrait savoir,
11:47 on a écouté Jérôme et Faouzi,
11:50 Lelouch et Jérôme Rodrigues,
11:52 vous, vous avez été un des fondateurs,
11:55 un des premiers,
11:57 comment ça s'est passé pour vous ?
11:59 - D'abord, bonsoir à tout le monde,
12:01 salut Faouzi, salut Jérôme.
12:03 - Bonsoir.
12:04 - Comment ça s'est passé ?
12:06 C'est un peu comme ça s'est passé pour tout le monde,
12:09 c'était complètement inopiné,
12:13 on ne pensait pas que ça allait prendre cette envergure-là.
12:15 Moi j'ai utilisé l'appel du 17 novembre au mois d'octobre,
12:18 donc un mois avant le début du premier week-end,
12:21 le fameux week-end du 17 novembre.
12:24 - C'est aujourd'hui.
12:27 - Parce que les colères ne sont pas nées d'hier,
12:30 les colères sont, on va dire, systémiques.
12:33 Vous voyez au niveau du vote des gens,
12:38 de la politique du pays,
12:41 il y a une majorité de gens qui s'abstiennent de voter,
12:43 qui votent blanc parce qu'ils n'ont plus confiance aux politiques,
12:45 et plus on voit le temps qui passe,
12:48 et plus on peut comprendre pourquoi.
12:51 Et comme disait tout de suite Faouzi,
12:54 évidemment que Macron à chaque fois remettait une pièce dans la machine,
12:59 puisque tous les week-ends quand on sortait dans la rue,
13:01 ce n'était pas par guêté de cœur, ce n'était pas par plaisir.
13:03 Je pense que tous ceux qui ont été dans les galles de la Trimogène,
13:06 qui ont reçu des coups de matraque, des amendes,
13:08 qui ont été en garde à vue,
13:10 qui ont perdu un oeil comme Jérôme,
13:12 et plus de 30 personnes qui se sont fait arracher une main, etc.
13:15 ce n'était pas un plaisir d'aller manifester tous les week-ends.
13:17 On aurait eu beaucoup mieux à faire,
13:19 comme voir nos familles, comme voir nos amis,
13:21 comme essayer de construire un avenir.
13:23 Mais pour construire cet avenir-là,
13:25 il faut essayer de le construire dans de bonnes conditions,
13:28 et le système politique français,
13:30 mais pas seulement français,
13:32 c'est dans beaucoup de pays du monde,
13:34 met en avant l'intérêt économique,
13:37 et pas l'intérêt collectif.
13:39 - L'intérêt humain, l'intérêt existentiel, l'intérêt collectif,
13:43 oui, tout ça.
13:45 - Quand je dis intérêt collectif, c'est tout ça que ça comprend.
13:47 C'est-à-dire, où est-ce qu'on est placé dans la chaîne alimentaire,
13:51 aujourd'hui, en tant que citoyen ?
13:53 A quelle sauce on se fait manger ?
13:55 On devrait pouvoir se lever le matin en se disant
13:57 qu'on va pouvoir élever nos enfants dans de bonnes conditions,
13:59 on est en sécurité,
14:01 on diffuse dans le monde des façons d'être,
14:05 et une société qui a des valeurs et des principes beaux,
14:09 c'est ce qui devrait être le cas.
14:11 Et aujourd'hui, qu'est-ce qu'on montre au monde ?
14:13 On montre qu'on est capable de commander des blindés,
14:15 des munitions de guerre, des gaz lacrymogènes,
14:17 qu'on est capable de violenter des gens
14:19 qui ont une opinion différente du pouvoir qui est en place,
14:23 alors qu'on est en droit quand même de remettre en question
14:27 la légitimité de ce pouvoir qui a été élu avec une minorité,
14:31 qui, aujourd'hui, siège au sein de l'Assemblée nationale en minorité,
14:35 et qui fait passer toutes ses lois, tous ses processus législatifs
14:37 à coup de 49.3, en rigolant et en vapotant dans l'Assemblée nationale,
14:41 qui est interdit, d'ailleurs.
14:43 Oui, off !
14:45 Pauvre Elisabeth Borne, pauvre Elisabeth Borne.
14:47 Non, mais on ne va pas la redéfendre.
14:49 Mais, Maxime Nicole, juste pourquoi...
14:51 Pauvre Elisabeth Borne, elle accuse ce nom
14:53 parce que ce n'est pas elle qui est borne au final,
14:55 c'est plus de 30 citoyens français qui sont bornes aujourd'hui,
14:57 et à cause de cette politique, d'ailleurs.
14:59 D'ailleurs, ensuite...
15:01 Dis-moi, pourquoi, juste, votre groupe Facebook,
15:03 à l'époque, qui a réuni, je veux dire,
15:05 près de 200 000 personnes en décembre 2018,
15:07 pourquoi il s'appelait FlyRider InfoBlocage ?
15:11 Eh bien, tout simplement, parce que, comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
15:13 je ne pensais pas du tout, déjà,
15:15 que ça allait avoir cette représentation.
15:17 Parce que vous êtes dans le parapente, non ?
15:21 Moi, je travaille dans le milieu de l'aéronautique, oui.
15:23 J'ai une licence de mécanicien système d'aéronef,
15:25 c'est une licence de l'Agence européenne de la sécurité aérienne.
15:27 Et je suis aussi pilote,
15:29 je suis breveté pilote parapente,
15:31 je suis en passe de terminer ma licence bi-classe,
15:35 une dernière étape,
15:37 et j'ai comme projet professionnel
15:39 d'une structure dans l'aéronautique.
15:41 Mais c'est un projet qui date de plusieurs années, déjà.
15:43 Il y en a avant les Gilets jaunes.
15:45 Je suis passionné d'aéronautique depuis 18 ans, maintenant.
15:47 Ah ouais, ouais.
15:49 Et quand j'ai monté ce groupe,
15:51 FlyRider, parce que tous mes amis m'appelaient Fly depuis des années,
15:53 c'est ma passion,
15:55 et Ryder parce que je suis motard depuis 16 ans.
15:57 Et comme j'étais dans mon salon
15:59 et que j'ai fait un live en disant qu'il fallait sortir le 17 novembre,
16:01 je ne savais pas comment appeler ce groupe.
16:03 Et donc je me suis dit, bon,
16:05 FlyRider InfoBlocage, mais je ne pensais pas,
16:07 au pire, je me suis dit que j'allais être suivi par 10,
16:09 15, 20 personnes, mes amis, quoi.
16:11 Et puis ça a été monté à 200 000.
16:13 Voilà.
16:15 Et justement, alors,
16:17 je pose la question à toi aussi bien, Maxime,
16:19 qu'à Jérôme,
16:21 mais honnêtement, quand ça a commencé,
16:23 même pour la première fois,
16:25 vous pensiez que ça allait prendre cette ampleur ?
16:27 Honnêtement,
16:29 pas du tout, parce qu'on a toujours,
16:31 je pense,
16:33 Faouzi y compris, Jérôme y compris,
16:35 beaucoup de militants que j'ai pu croiser
16:37 qui sont militants depuis bien plus longtemps que le mouvement des Gilets jaunes, d'ailleurs.
16:39 On s'est tous dit,
16:41 depuis des années, qu'il fallait que ça change
16:43 et qu'il fallait que les gens se mobilisent.
16:45 On a espéré que ça arrive. Pendant des années,
16:47 il y a des syndicalistes qui ont essayé de faire des mobilisations,
16:49 il y a des militants divers et variés,
16:51 comme pour le référendum d'Initiative Citoyenne,
16:53 qui ont essayé de faire des conférences, etc.
16:55 Ça n'a jamais vraiment pris.
16:57 La réponse à la question "Pourquoi ça n'a pas pris ?"
16:59 je pense qu'on ne l'a pas.
17:01 Et la réponse à la question "Pourquoi ça n'a pas pris ?"
17:03 je pense qu'on ne l'aura jamais non plus.
17:05 On a quelques éléments de réponse,
17:07 dans le sens où il y a des colères
17:09 qui sont là présentes dans la société
17:11 depuis tellement d'années
17:13 que là, c'était la petite étincelle
17:15 qui a mis le feu aux poudres.
17:17 - Alors Maxime, je vais demander à Jérôme
17:19 et je vais demander aussi à Faouzi,
17:21 à votre avis, maintenant avec le recul,
17:23 pourquoi ça a pris, à ce moment-là ?
17:25 Est-ce que vous êtes comme Maxime,
17:27 vous dites "On ne sait pas, ça a pris parce que c'était..."
17:29 - Parce que je pense que fondamentalement,
17:31 les gens, quand ils sortent de leur travail,
17:33 qui s'installent au fond de leur canapé,
17:35 n'ont pas cette satisfaction d'être contents,
17:37 d'être heureux du travail accompli,
17:39 de leur destinée, de leur vie de famille,
17:41 et qui sont devant leur télé
17:43 à entendre que des gens s'occupent d'eux.
17:45 À des fois, ce serait nous
17:47 qui devons s'occuper d'eux
17:49 pour pouvoir s'occuper de nous.
17:51 Et moi, à mon niveau,
17:53 c'était quelque chose que j'attendais
17:55 sans savoir comment ça allait se passer.
17:57 - Mais vous attendiez ça ?
17:59 - Je m'inscrivais pas, malgré ce parcours familial,
18:01 politique que j'ai pu avoir,
18:03 ma vie, mon expérience de vie,
18:05 je ne m'identifie dans aucune association.
18:07 Je me dis, je suis le genre de mec,
18:09 dans mon canapé, je me dis
18:11 "Mais pourquoi il y a autant d'associations
18:13 de lutte contre la faim ?"
18:15 Action contre la faim, Restos du coeur.
18:17 Pourquoi il y en a autant ?
18:19 Déjà, pourquoi il y a des gens qui meurent de faim ?
18:21 Donc à un moment donné, tu peux pas t'inscrire...
18:23 - Je m'y suis pris en France.
18:25 - Je m'inscrivais pas dans une association,
18:27 je m'inscrivais encore moins dans un parti politique.
18:29 Moi, tu sais ce qu'ils m'ont appris, les Gilets jaunes ?
18:31 De ne pas rester dans mon carcan politique,
18:33 à ne pas vouloir entendre les autres.
18:35 Potentiellement, c'est pas parce qu'on est des ennemis,
18:37 ou à la rigueur des adversaires,
18:39 c'est pas parce qu'on est en désaccord
18:41 que cela fait de nous des ennemis.
18:43 Et je reste convaincu, aujourd'hui,
18:45 ne serait-ce que je l'ai vécu avec les Gilets jaunes,
18:47 des fois, de nos désaccords
18:49 ressortent les meilleurs accords.
18:51 Et moi, les Gilets jaunes m'ont appris,
18:53 moi j'ai évolué dans ce milieu communiste.
18:55 D'accord ?
18:57 Très communiste, on est enfermé,
18:59 et les idées des autres, c'est de la merde.
19:01 Tu comprends ?
19:03 Les Gilets jaunes m'ont appris à écouter les autres.
19:05 - Tout le sectarisme.
19:07 - Je vais te donner un exemple très concret.
19:09 Je suis pas Zemmour pour un sou.
19:11 Sauf que moi, ça fait des années, dans ma tête,
19:13 je me dis, ce serait bien le retour de l'uniforme à l'école.
19:15 Je suis pas là pour débattre sur le retour de l'uniforme ou pas,
19:17 chacun prend ce qu'il veut.
19:19 Mais en tout cas, mon idée, c'est celle-ci.
19:21 Pita Zemmour, il arrive à la candidature,
19:23 il dit "je veux l'uniforme à l'école".
19:25 Si je réagis en bon communiste que j'étais,
19:27 "ah non, moi je suis contre Zemmour, donc je veux pas l'uniforme".
19:29 Tu comprends ce que je veux dire ?
19:31 - C'est parce que c'est Zemmour qu'il le dit, donc ça va pas.
19:33 - Les Gilets jaunes ont dit qu'ils étaient partisans,
19:35 ou je ne sais trop quoi.
19:37 Les Gilets jaunes, je vais te dire de quoi ils étaient partisans.
19:39 Ils étaient partisans de la bonne idée qui permettrait de nous sortir le cul de la merde.
19:41 - Que ce soit ma grand-mère trotskiste ou mon cousin LR.
19:43 - Exactement.
19:45 - Si ça t'apporte quelque chose de bénéfique,
19:47 rien ne coûte en en discuter.
19:49 Si on peut mettre les bons et les mauvais dans un programme politique,
19:51 il y a sûrement de bonnes lignes, mélanger les unes aux autres,
19:53 on pourrait retirer quelque chose de meilleur.
19:55 C'est sûrement utopique, mais ce n'est pas la destinée d'un programme,
19:57 ou d'un homme, ou d'une femme d'ailleurs,
19:59 qui va nous donner satisfaction.
20:01 - C'est pragmatique, absolument.
20:03 - Oui, oui, je rejoins ce qu'ils ont dit tous les deux.
20:05 C'est que c'était attendu.
20:07 C'était attendu, et puis il y avait un ras-le-bol.
20:09 - Ça, ça va quand ça allait arriver.
20:11 - Mais ça fait longtemps que tout le monde
20:13 attendait que ça arrive,
20:15 parce que tout le monde dans sa maison,
20:17 dans sa vie quotidienne, râle.
20:19 Râle des conditions, et les supporte.
20:21 Et les supporte depuis des années.
20:23 À se priver, à faire des choix,
20:25 à se poser les bonnes questions,
20:27 parce que si tu fais le mauvais choix,
20:29 c'est fatal.
20:31 Donc du coup, la vie est en chair,
20:33 les taxes toujours, toujours, toujours.
20:35 Et avoir des gens, des dirigeants en haut,
20:37 qui ne prennent pas en considération
20:39 nos attentes, nos besoins,
20:41 qui font des mesures, des lois,
20:43 qui sont inadaptées.
20:45 On s'aperçoit de quoi ?
20:47 On est conscients et on vit les injustices au quotidien.
20:49 Donc à un moment donné,
20:51 c'est salvateur que de sortir dans la rue,
20:53 et de s'exprimer par nous-mêmes,
20:55 parce qu'on n'attend plus rien des autres.
20:57 Et moi, j'ai été dirigeant associatif dans mon quartier,
20:59 où j'ai changé tout un quartier.
21:01 Où les politiques, la police,
21:03 n'arrivaient plus à apporter de solutions.
21:05 Et n'apportaient aucune solution.
21:07 - L'initiative de chacun des gens.
21:09 - Et bien on s'est rendu compte
21:11 qu'il fallait qu'on le fasse par nous-mêmes.
21:13 Et on a donné de l'espoir
21:15 à tellement de gens, et beaucoup de personnes âgées
21:17 étaient dans l'attente, n'avaient plus cet espoir
21:19 d'avant-guerre, où il y avait ces valeurs
21:21 de vivre ensemble,
21:23 ces valeurs de politesse, ces valeurs de partage,
21:25 de solidarité,
21:27 d'échange, qu'aujourd'hui,
21:29 l'individualisme, le matériel,
21:31 a remplacé, et l'apparence a remplacé.
21:33 - On va continuer à en parler avec
21:35 Maxime Nicolle, avec
21:37 Jérôme Rodrigues, avec Fauzy Lelouch,
21:39 les Gilets jaunes,
21:41 pour quoi faire ? Et bien, on commence à le savoir
21:43 et on le savait, pour quoi faire.
21:45 On en parle tout de suite.
21:47 La culture dans tous ses états,
21:49 André Bercoff.
21:51 - Non, sans déconner.
21:53 J'ai travaillé plus pour gagner plus.
21:57 Et l'impôt sur le revenu,
22:03 je l'ai payé.
22:09 Et ça m'a plumé.
22:11 Alors, j'ai travaillé moins
22:19 pour gagner moins.
22:21 Et l'impôt sur le revenu,
22:23 je ne le paye plus.
22:25 Et ça, ça me fait du bien.
22:27 - C'est le blues des Gilets jaunes
22:29 de Bernard Ayelaud, c'est ça.
22:31 Oui, c'est le blues des Gilets jaunes.
22:33 Très, très beau.
22:35 Écoutez-le, vous le trouvez sur Youtube et partout.
22:37 Alors justement,
22:39 on était en train de parler de
22:41 pourquoi, comment ça s'est passé, etc.
22:43 Et au fond,
22:45 aujourd'hui,
22:47 on est en 2023,
22:49 5 ans après, 5 ans après,
22:51 et on a envie de vous dire
22:53 est-ce que
22:55 dans ce parcours, on va
22:57 en continuer à parler, est-ce que
22:59 quelque chose aurait pu être
23:01 autrement ? Est-ce que vous regrettez
23:03 quelque chose, aujourd'hui,
23:05 qu'on aurait pu faire, que vous auriez
23:07 pu faire, qu'on aurait pu faire et qui n'a pas été fait ?
23:09 - Ah oui, oui.
23:11 Le regret, c'est d'avoir demandé la permission
23:13 et d'espérer qu'il change quelque chose.
23:15 Ce gouvernement et Macron.
23:17 Et on aurait dû les dégager,
23:19 prendre leur place et puis redonner
23:21 tout ce pouvoir au peuple qui mérite
23:23 et qui est assez intelligent pour gérer.
23:25 Parce qu'en fin de compte, la France, elle est gérée par nous.
23:27 Elle est gérée par les gens qui travaillent au quotidien,
23:29 qui ont la responsabilité,
23:31 qui sont impliqués et pas par des
23:33 carriéristes, des gens
23:35 qui ne répondent même plus à nos attentes.
23:37 - Mais c'est pas facile de dégager, ils ont été
23:39 élus légitimement.
23:41 - On est parti la fleur au fusil.
23:43 On est parti en pensant que ça allait
23:45 réussir, en demandant.
23:47 On est parti gentil. Avec l'expérience
23:49 qu'on a, la gentillesse,
23:51 elle éborgne, elle mutile,
23:53 elle emprisonne, elle condamne.
23:55 Et les gens qui sont dans la galère, ils le sont encore
23:57 plus cinq ans après. Je suis désolé, mais
23:59 nos conditions de vie, elles se sont
24:01 empirées. Les services sont empirés.
24:03 Je crois que tout le monde s'est mobilisé
24:05 au début et tout le monde était enthousiaste parce que
24:07 tout le monde comprenait qu'il était concerné
24:09 par le prix de l'essence et par les taxes.
24:11 Les taxes, les taxes, les taxes. Qu'est-ce que vous
24:13 faites avec cet argent ? A part continuer
24:15 à nous pomper et à nous prendre
24:17 et à nous solliciter, c'est toujours
24:19 nous qui réglons nos problèmes. C'est pas eux qui règlent
24:21 nos problèmes. Eux, ils nous mettent des conditions
24:23 pour que ça soit encore toujours plus difficile
24:25 et toujours plus cher, pour vivre mieux,
24:27 alors que nous, il nous en reste pas assez pour vivre
24:29 tout simplement. La légitimité,
24:31 Jérôme Rodrigues, j'adore ce mot,
24:33 légitimité.
24:35 Parce que la légitimité
24:37 d'un vote, il fait de la merde, parce qu'il a
24:39 été élu, on le laisse faire de la merde.
24:41 Oui, mais comment vous faites ? Légitimité du peuple
24:43 dans la Constitution. Un moment donné,
24:45 c'est des gens
24:47 qui vont venir chercher ta voix, qui ont
24:49 besoin de ta voix, mais qu'une fois
24:51 que t'auras donné ta voix, t'as juste le droit de fermer ta gueule.
24:53 Mais on vit, on vit,
24:55 on est en 2023, on a accès à des
24:57 systèmes d'information, des systèmes d'échange
24:59 et on nous demande de fermer notre gueule. C'est ça
25:01 la légitimité d'une élection, de pouvoir
25:03 avoir le droit de faire fermer la gueule à un peuple.
25:05 - Bah, vous pouvez l'ouvrir.
25:07 - D'accord ? Et quel est le prix aujourd'hui
25:09 quand on l'ouvre ? Ça nous ferme un oeil.
25:11 C'est ça ! C'est le rendu
25:13 de la monnaie. Si moi, on m'avait dit à l'école,
25:15 en cours d'éducation civique, le jour où t'es en France,
25:17 "souffle ta gueule, tu perds un oeil", je me laisserais fermer.
25:19 Comme mon père me disait, si tu fais une connerie, tu prends
25:21 une baffe. Je faisais pas de conneries.
25:23 Sauf qu'on m'a dit, t'as le droit de le faire.
25:25 Et voilà le tarif aujourd'hui. Pour moi,
25:27 et comme pour 50 copains, parce que tout à l'heure j'entendais
25:29 30, non, on en est à 48, 43 hommes
25:31 et 5 femmes, de 20 à 60 ans.
25:33 On en est là. Quel est ce
25:35 pays aujourd'hui qui se permet de donner
25:37 des leçons légitimes de démocratie
25:39 à d'autres entités nationales
25:41 qui font exactement les mêmes saloperies
25:43 que nous on a subies ? D'accord ?
25:45 On a été mis en prison parce que
25:47 nous sommes. Nous avons été
25:49 arrêtés arbitrairement parce que nous sommes.
25:51 Mais pas parce que vous faisiez, mais parce que vous étiez là.
25:53 Exactement !
25:55 On était avant tout un danger.
25:57 Depuis qu'on va en prison, parce qu'on applique notre
25:59 droit. Tu vois ?
26:01 Maxime Nicol, et vous,
26:03 il y a-t-il quelque chose que vous regrettez
26:05 ou que vous auriez dû faire autrement ?
26:07 Déjà,
26:09 pour réagir sur ça, juste avant la pub,
26:11 il y a eu quelque chose de dit.
26:13 C'est-à-dire que
26:15 vous parliez de pourquoi les gens étaient sortis
26:17 dans la rue. En fait, les gens se demandent
26:19 quand est-ce qu'on ressort dans la rue. Il y a de plus en plus
26:21 de gens que je croise qui se demandent quand est-ce que ça va vraiment péter.
26:23 Parce qu'il faut leur dire stop.
26:25 Ça c'est une chose dont je voulais vous parler.
26:27 La deuxième chose dont je voulais vous parler, c'est que vous parliez
26:29 de légitimité. Quand est-ce qu'on est légitime
26:31 à partir du moment où on refuse
26:33 de prendre en considération le vote blanc ?
26:35 Quand on dit "je ne serai pas le président
26:37 du vote blanc". Comment on peut se dire légitime
26:39 dans une démocratie
26:41 quand on dit aux gens "en démocratie
26:43 c'est la majorité qui décide et la majorité n'est pas
26:45 d'accord donc la majorité on ne va pas
26:47 la comptabiliser. On va prendre la
26:49 minorité qui est d'accord avec nous". Ça c'est une deuxième
26:51 chose sur la légitimité. Et la troisième chose que
26:53 je voulais dire, c'est que à toutes les personnes
26:55 qui écoutent cette émission,
26:57 les règles du jeu c'est notre Constitution.
26:59 Et dans notre Constitution
27:01 il est écrit noir sur blanc à l'article 27
27:03 que tout mandat impératif
27:05 est nul. C'est-à-dire que
27:07 le seul contrat de travail
27:09 en France qui n'a aucune obligation
27:11 qui ne donne aucune obligation de faire
27:13 ce pour quoi on a été élu, c'est le
27:15 contrat politique. Un politicien...
27:17 Alors c'est pas le mandat
27:19 révocatoire. Je parle de mandat impératif.
27:21 C'est-à-dire que un politicien
27:23 n'a pas d'obligation. - Vous voulez dire qu'il n'est pas
27:25 tenu, vous voulez dire, pour être précis
27:27 pour nous et pour les éditeurs, il n'est pas
27:29 tenu de remplir ses engagements. - Il n'a aucun résultat.
27:31 - Hum hum. Généralement oui.
27:33 - Donc vous posiez
27:35 la question mais on a le droit de donner son avis.
27:37 - C'est un peu menace. - Non, on a le droit de mettre un bulletin
27:39 dans une urne et ensuite, si on n'est
27:41 pas d'accord et que le gouvernement
27:43 n'a pas de majorité comme actuellement,
27:45 eh bien ils font quand même passer les lois à coups de 49-3,
27:47 à coups d'article 44, à coups d'article 47
27:49 et on n'a pas notre mot
27:51 à dire. Donc
27:53 on nous laisse cette espèce de
27:55 porte de sortie
27:57 à la... Enfin c'est très
27:59 psychologique. On vous dit "vous avez une échappatoire,
28:01 c'est tous les 5 ans qu'on vous mettez un bulletin dans l'urne"
28:03 mais en fait on n'a jamais d'échappatoire. C'est-à-dire que
28:05 tous les 5 ans, on vote pour quelqu'un
28:07 qui va faire ce qu'il veut et qui n'a aucune obligation
28:09 et qu'on ne pourra pas poursuivre et qu'on
28:11 ne pourra pas virer. Et quand on essaye de le faire
28:13 démocratiquement, en
28:15 allant dans les rues, c'est légal.
28:17 En manifestant, c'est légal. En essayant
28:19 de faire remonter les revendications, c'est légal.
28:21 Eh bien qu'est-ce qui est utilisé en face de nous ?
28:23 Des armes de guerre, le LBD 40,
28:25 des gaz lacrymogènes,
28:27 de la matraque, de
28:29 la propagande
28:31 médiatique en nous faisant passer pour des terroristes,
28:33 pas des terroristes, pardon, pour nous,
28:35 enfin presque, au final, puisque
28:37 on utiliserait soi-disant la terreur
28:39 dans les rues pour faire peur aux gens et détruire l'État
28:41 de droit et les institutions, alors que c'est tout le
28:43 contraire. Tous les gens qui étaient dans la rue
28:45 veulent vivre dignement
28:47 et veulent que les privilèges
28:49 d'État et les politiciens véreux
28:51 soient foutus derrière les barreaux et
28:53 soient mis à mal. On ne
28:55 veut plus que des gens puissent faire ce qu'ils veulent
28:57 de nos vies en faisant
28:59 des repas avec du homard, en
29:01 rinçant tout le monde à la tablée avec des bouteilles
29:03 de vin à 2000 balles, pendant que, effectivement,
29:05 comme l'a dit Jérôme, il y a des gens qui meurent
29:07 dans nos rues, il y a des
29:09 enfants qui ne peuvent pas être soignés,
29:11 parce qu'on parle de la couverture santé, mais
29:13 allez voir dans les hôpitaux vraiment ce qui se passe,
29:15 tout le monde ne peut pas être soigné,
29:17 tout est en train d'être déconstruit
29:19 pour de l'argent, et
29:21 ceux qui décident de ça n'ont pas d'obligation
29:23 et ne risquent pas la prison.
29:25 Je vous rappelle quand même, juste un petit détail,
29:27 je suis en procédure pénale
29:29 contre Emmanuel Macron, contre Christophe Castaner
29:31 et contre Didier Lallement, pour une
29:33 arrestation qui a eu lieu avec Jérôme Rodrigues le 14
29:35 juillet 2019.
29:37 - 14 juillet 2019, il en parle
29:39 beaucoup dans son livre. - Et cette instruction
29:41 est en cours, puisque j'ai été reçu par
29:43 une juge d'instruction, et normalement
29:45 Didier Lallement devrait être
29:47 écouté si cette juge d'instruction
29:49 fait vraiment le travail qu'elle doit faire,
29:51 c'est-à-dire être neutre et faire la justice,
29:53 elle doit mettre ça en place.
29:55 Et j'aimerais que tous les citoyens français,
29:57 quand ils sont victimes
29:59 de violations de leurs droits,
30:01 déposent plainte contre l'État.
30:03 Ce serait déjà une bonne chose.
30:05 - Mais on suivra en tout cas ça, c'est important
30:07 de savoir ce qui va se passer. Juste un mot quand même,
30:09 l'article 3 de la Constitution, puisque
30:11 Maxime Nicol parle de la Constitution,
30:13 et effectivement du vote, et je vous
30:15 adresse à vous. - L'article 3 c'est
30:17 le peuple souverain, par le biais
30:19 de ses représentants, et par la voix du référendum.
30:21 - Et c'est ce que je viens de dire, et par la voix
30:23 du référendum. C'est intéressant,
30:25 personne ne parle plus du référendum.
30:27 - Nous on n'a fait que ça,
30:29 on l'a demandé aux élus, en toute matière.
30:31 - André, je vais vous expliquer pourquoi
30:33 l'article 3 est intéressant.
30:35 Effectivement, il parle de référendum.
30:37 Et en France, nous avons deux types de référendum.
30:39 Le référendum d'initiative partagée à l'initiative
30:41 des parlementaires, et suivi,
30:43 donc c'est un tiers des parlementaires qui doivent lancer
30:45 cette procédure de...
30:47 de comment...
30:49 - Oui, il est procédé en salle, la procédure.
30:51 - Et ça doit être suivi par
30:53 10% de la population votante.
30:55 Référendum qui n'a jamais été mis en place.
30:57 Le deuxième référendum, c'est le référendum
30:59 d'initiative présidentielle. Et les deux
31:01 types de référendum sont consultatifs.
31:03 Ça veut dire quoi ?
31:05 Ça veut dire qu'ils ne déterminent pas l'action du gouvernement.
31:07 J'ai un exemple très concret.
31:09 Référendum présidentiel sur l'entrée dans l'Union européenne.
31:11 Les Français disent majoritairement non.
31:13 Le président prend la décision
31:15 de commencer un peu plus lent.
31:17 - 2005. - Et pourquoi ? Parce que
31:19 l'article 3 ne précise pas
31:21 que les référendums déterminent l'action du gouvernement.
31:23 - Ils ne sont pas exécutoires, c'est ça.
31:25 - Ils ne déterminent pas l'action du gouvernement.
31:27 Ils ne sont pas exécutoires. Donc, ils sont
31:29 juste consultatifs. Donc, même
31:31 si on faisait des référendums en France,
31:33 à l'heure actuelle, ils seraient
31:35 juste consultatifs. - Maxime,
31:37 juste, je vais te demander à Jérôme. Jérôme, vous avez
31:39 beaucoup demandé, en tout cas, à les Gilets jaunes,
31:41 le RIC, le référendum d'initiative
31:43 citoyenne. Ça a été
31:45 très, très, très vu, très demandé dans les
31:47 cortèges, etc. C'était quoi,
31:49 alors, ce référendum que vous m'avez dit ?
31:51 Il s'agissait de quoi ? Est-ce qu'il pouvait être exécutoire ?
31:53 Qu'est-ce que c'est, le RIC ?
31:55 Il faut le rappeler. - Le RIC,
31:57 c'est une question qui est très précise.
31:59 Il y a beaucoup de choses
32:01 à dire. Maxime en parle beaucoup mieux
32:03 que moi. Moi, si tu veux, dans le RIC,
32:05 je me retrouve sur quelque chose où on fait
32:07 participer le peuple, on fait participer
32:09 le citoyen à des décisions qui peuvent être
32:11 importantes et qui vont, pour leur vie
32:13 personnelle... Tu sais, dernièrement, on nous parlait de
32:15 la fin de vie, l'euthanasie en cas de souffrance.
32:17 Ça, c'est quand même quelque chose qui résulte
32:19 de notre vie. On a une seule certitude, on va crever.
32:21 - Bien sûr. - D'accord ?
32:23 Du moins, on va vieillir, on va souffrir.
32:25 Donc, à un moment donné, c'est le genre de questions qu'on devrait poser
32:27 au peuple. Est-ce que vous êtes oui ou non
32:29 pour ce genre de choses ?
32:31 Parce qu'on est... Après, voter des trucs...
32:33 Je sais pas, moi, le budget qui...
32:35 Non. Tu vois ? Mais moi,
32:37 dans ma conception de cette démocratie...
32:39 - C'est vrai qu'il est sur le budget essentiel.
32:41 - Moi, je sais qu'il y a plusieurs RIC différents.
32:43 Moi, je les appelle les RICiens. Et les RICiens ont du mal à s'entendre.
32:45 Il y a le RIC révocatoire, il y a le RIC
32:47 d'initiative partagée, tu as le RIC citoyen...
32:49 Enfin, tu as plusieurs RIC différents. Il faut déjà que les gens se mettent
32:51 un petit peu d'accord. Mais tu vois, moi, par exemple,
32:53 cette fonction de révocation de nos élus quand ils font pas le boulot...
32:55 Comme toi, t'es révoqué si tu fais mal ton taf.
32:57 Parce que c'est inhérent à chaque citoyen
32:59 en France, travailleur, que s'il fait pas le boulot,
33:01 il est responsable des conneries qu'il va faire
33:03 et il sera dégagé. Pourquoi on ne fait pas pareil
33:05 avec ces hommes politiques ?
33:07 - Faouzi, Lelouch... - Ah oui, oui.
33:09 Bah, évidemment. Qu'est-ce que je vais rajouter de plus ?
33:11 Tout le monde a compris, dans le sens de l'ensemble
33:13 des téléspectateurs, ou, enfin,
33:15 de ceux qui écoutent cette radio,
33:17 ils ont compris qu'ils veulent participer aux décisions
33:19 qui seront prises pour eux, parce que
33:21 c'est leur quotidien, parce que ça les concerne,
33:23 parce qu'ils ont besoin d'être impliqués
33:25 dans les décisions qui seront prises, parce que
33:27 c'est leur avenir, c'est ceux de leurs enfants,
33:29 et c'est notre vie au quotidien. On en a marre
33:31 d'avoir des gens qui prennent des décisions
33:33 inadaptées pour notre quotidien.
33:35 Stop. Voilà. Et la seule façon,
33:37 c'est le RIC, c'est de demander
33:39 à la population ce qu'elle en veut. Et le peuple,
33:41 le peuple, et bien dans la Constitution,
33:43 il dit que c'est lui qui a tous les pouvoirs.
33:45 C'est le gouvernement par le peuple et pour le peuple.
33:47 Exactement. En principe.
33:49 On se retrouve juste... Comme la police protège les citoyens
33:51 et non pas protège les institutions. Voilà.
33:53 On se retrouve tout de suite après cette
33:55 petite pause. Merci.
33:57 La culture dans tous ses états.
33:59 André Bercoff.
34:01 (Gilets jaunes)
34:13 Eh ouais, ouais, ouais.
34:15 Gilets jaunes, c'est pas mal. Ça me rappelle
34:17 vous les femmes, hein. C'est le côté
34:19 roulieux églisaste. Je voudrais
34:21 parler d'un... Je voudrais vous montrer un livre,
34:23 un livre formidable, très très très très beau
34:25 livre, illustré.
34:27 Gilets jaunes de Fabrice Balossini,
34:29 avec des témoignages de personnes
34:31 qui sont avec nous, donc Jérôme Rodéguès, Maxime
34:33 Nicolle, Priscilla Ludovsky, bien sûr,
34:35 qui a été...
34:37 Celle qui a fait le premier manifeste des Gilets jaunes.
34:39 En tout cas, très beau livre, vraiment, à lire.
34:41 Un beau cadeau de Noël, d'ailleurs,
34:43 pour ceux qui en veulent un, à part
34:45 avec le livre de Vincent Lousy, aussi, qui est
34:47 assez remarquable.
34:49 En fait, faudrait des heures pour
34:51 raconter tout cela, mais
34:53 ce que disait Maxime
34:55 Nicolle, il disait "Mais moi, je rencontre beaucoup de gens
34:57 qui disent "Mais quand est-ce qu'on revient
34:59 dans la rue ?" Et en même temps,
35:01 et en même temps, c'est pour ça que je voulais aussi vous interroger,
35:03 on a l'impression aussi qu'aujourd'hui,
35:05 tu sais, s'il se passe des choses, je parle même pas
35:07 de ce qui se passe à l'étranger,
35:09 du Proche-Orient, de Russie-Ukraine,
35:11 etc., mais
35:13 sur l'échaumement climatique, sur le
35:15 pouvoir d'achat, sur...
35:17 Le 49.3, on en a déjà parlé,
35:19 même sur le prix de l'essence, ça va,
35:21 ça monte, ça monte, c'est bien.
35:23 Et sur tout le reste, on a l'impression
35:25 aujourd'hui, mais encore une fois,
35:27 demain, personne ne sait ce que demain,
35:29 que les gens acceptent,
35:31 que les gens sont... Peu résignés,
35:33 pas parce qu'ils acceptent tout,
35:35 mais qu'ils en ont marre. Il y a eu effectivement le
35:37 Covid, ne l'oublions pas, le confinement,
35:39 l'auto-attestation, le masque,
35:41 les gestes... Est-ce que on a
35:43 aujourd'hui une génération,
35:45 je dirais pas de passifs,
35:47 mais je dirais un peu de résignés,
35:49 plus ou moins cyniquement, en disant "Écoutez, c'est
35:51 très gentil tout ça, mais on peut rien faire."
35:53 - Résignés, peut-être pas,
35:55 parce que les gens ont des obligations,
35:57 ils sont obligés de se battre
35:59 tous les jours, au quotidien, pour pas perdre le peu
36:01 qu'ils ont. Donc, ils finissent par
36:03 courber les chignes, et puis
36:05 accepter les conditions dans lesquelles
36:07 ils se retrouvent. Et puis, ce qu'on voit
36:09 sur les médias mainstream, je dirais,
36:11 c'est le cas où ailleurs,
36:13 on finit par se
36:15 satisfaire de la mauvaise condition
36:17 dans laquelle on vit au quotidien, et d'accepter
36:19 l'inacceptable. Alors que,
36:21 on est juste en train
36:23 de produire pour des gens qui nous
36:25 gouvernent, et qui abusent,
36:27 je dirais, de notre force,
36:29 de notre énergie,
36:31 de notre sueur, à des fins personnelles,
36:33 et puis là, pendant ce temps-là, les gens
36:35 ont le sentiment de
36:37 se dire "Bon ben, au moins
36:39 je suis en sécurité, je prends pas des bombes sur la tronche,
36:41 ma famille, y'a risque rien, au moins
36:43 je vais pas mourir, même si ça me coûte très cher,
36:45 ben non, moi je vous le dis,
36:47 si vous voulez améliorer votre ordinaire,
36:49 améliorer votre quotidien, améliorer
36:51 le futur pour vous
36:53 et vos enfants, tout ce que vous avez construit, et pas
36:55 le perdre, parce qu'on perd au quotidien
36:57 tous nos acquis sociaux, tous nos acquis
36:59 tout court, et ben, il faut vous
37:01 battre, et il faut le dire,
37:03 il faut relever la tête, et
37:05 il faut être digne, et il faut y aller
37:07 tous ensemble, et sans regarder
37:09 la couleur de peau d'à côté, la couleur
37:11 politique qu'il a l'autre, non,
37:13 on vit la même misère tous, à part
37:15 une élite qui profite sur
37:17 nous, qui a servi une partie de la
37:19 population et qui la contrôle, par
37:21 une sémantique, par
37:23 des faux problèmes qui y résout jamais rien,
37:25 les seuls moments où on résout
37:27 les problèmes, c'est quand on s'en occupe nous.
37:29 Jérôme, Rodriguez.
37:31 C'est vrai, alors moi on me dit pas
37:33 enfin, on me dit souvent
37:35 "vous êtes où les gilets jaunes ?" comme si
37:37 on manquait aujourd'hui, comme si cette parole
37:39 libérée des différents problèmes
37:41 qu'on a mis en avant, moi je traduirais ça
37:43 par une certaine forme de déresponsabilisation
37:45 aujourd'hui en France. Je pense qu'aujourd'hui,
37:47 beaucoup de Français sont déresponsabilisés, l'ont été,
37:49 déresponsabilisés au niveau de la politique,
37:51 certains ont pris leur destinée
37:53 à défaut qu'eux s'occupent de leur propre
37:55 destin, déresponsabilisés parce qu'on va laisser
37:57 les autres faire, déresponsabilisés parce qu'on va attendre
37:59 le chèque énergie qui va arriver, donc on va dire
38:01 "ça va arriver, je vais tenir le choc",
38:03 il faut que les gens reprennent leurs responsabilités
38:05 parce que les autres sinon vont s'occuper
38:07 de votre responsabilité, c'est ça le problème.
38:09 Et quand les gens te disent
38:11 "et si je fais un
38:13 parallèle, une comparaison ne donne pas raison
38:15 aux résistants de
38:17 la seconde guerre mondiale qui ne représentaient que
38:19 2 à 5% de la population totale,
38:21 on sent une certaine... on va laisser faire
38:23 les autres. "Bon bah y'a Rodrigues qui est sur le charbon,
38:25 ça va, moi je peux aller te péper à la maison, on va me faire mes pâtes,
38:27 je dirais à..." - On les a dégué quoi. - Vous voyez ce que je veux dire ?
38:29 Non, stop, vous êtes aussi concernés, bougez-vous
38:31 et ne faites pas de... ne me
38:33 faites pas de différence entre les uns
38:35 et les autres parce que tu vois des fois on essaye de...
38:37 de... de... de... de... de...
38:39 de confronter la banlieue des grandes villes
38:41 et les campagnes,
38:43 la seule différence qui existe entre la banlieue
38:45 et les campagnes c'est que la banlieue a un peu plus de chance
38:47 qu'ils ont les transports en commun et que si t'as un travail, au moins
38:49 tu peux aller travailler. Si t'as pas de bagnole, en province,
38:51 tu n'as pas de travail, tu n'as pas de loisir,
38:53 tu ne fais pas tes courses. C'est peut-être la seule différence.
38:55 Mais la misère elle est la même, on est payé
38:57 un mille deux, on arrive pas
38:59 à subvenir à notre fin de mois alors qu'on est en train de nous parler
39:01 de fin du monde, alors que les gilets jaunes sont concernés par la fin du monde,
39:03 on a des mômes qui nous apprennent à où mettre
39:05 à la poubelle aujourd'hui la bleue, la rouge, la verte.
39:07 Donc on est concernés,
39:09 on est concernés par la fin du monde, on est
39:11 quand même impressionnés au moins de nos membres de voir que les feuilles ne sont pas tombées
39:13 des arbres. Il y a des choses qui nous interpellent.
39:15 Mais je suis désolé, aujourd'hui pour que les gens réfléchissent bien,
39:17 qu'est-ce que disait ta mère à l'époque ?
39:19 "Prends un bon petit déjeuner sinon à 11h tu vas bailler, tu n'écouteras plus
39:21 la prof." Aujourd'hui les gens ont faim,
39:23 donc ils n'ont pas la capacité d'écouter et de réfléchir.
39:25 - Mais on est en partie responsable de ce qui nous arrive
39:27 parce qu'on a délégué le pouvoir à des gens qui ne le méritaient pas.
39:29 - Qui s'occupent de nous. - Et on a tourné la tête.
39:31 - On est complètement responsable de ça. Maxime Nicole,
39:33 quel est votre...
39:35 par rapport à cette résignation
39:37 apparente ou cette passivité
39:39 ou cette déresponsabilisation dont parlait Jérôme ?
39:41 - Ben la déresponsabilisation,
39:43 si vous voulez contrôler les gens,
39:45 il suffit de les abrutir. Donc vous mettez
39:47 les ch'tis à la télévision,
39:49 vous foutez des réseaux sociaux comme TikTok
39:51 avec des conneries qui passent toute la journée devant les yeux des enfants
39:53 et vous en faites des adultes qui ne se posent pas de questions.
39:55 Et c'est ce qui se passe
39:57 depuis la création des réseaux sociaux.
39:59 Moi, j'ai pareil une phrase
40:01 par rapport à ça à dire à tout le monde.
40:03 Tous ceux qui, par peur,
40:05 voudront de la sécurité en supprimant
40:07 certaines de leurs libertés, finiront par perdre les deux
40:09 et n'en méritent aucune des deux.
40:11 - C'est une phrase de Franklin Roosevelt, cher Maxime.
40:13 - Exactement, c'est une phrase de Franklin Roosevelt.
40:15 Et dites-vous bien cette chose-là,
40:17 tout ce que vous...
40:19 C'est comme devant un juge.
40:21 Tout ce que vous pourrez dire,
40:23 pourra et sera retenu contre vous.
40:25 Dans la vie, tout ce que vous
40:27 accepterez de perdre comme liberté
40:29 et tout ce que vous accepterez
40:31 de perdre comme liberté pour une soi-disant sécurité,
40:33 pourra un jour être retenu
40:35 contre vous dans le sens où
40:37 vous disiez "pourquoi les gens ne vont pas dans la rue ?"
40:39 Parce que là, combien de dizaines de millions
40:41 d'euros de commandes
40:43 de gaz la crémogène et de grenades
40:45 la crémogène a fait Macron là, actuellement ?
40:47 Plusieurs dizaines de millions d'euros.
40:49 Qu'est-ce qu'il a commandé ? Des blindés qui sont utilisés,
40:51 les mêmes blindés qui sont utilisés
40:53 en République Centrafrique contre les émeutes,
40:55 il en a commandé 90.
40:57 Ils s'appellent les Centaures, pour ceux qui veulent se renseigner.
40:59 C'est des véhicules blindés qui font plusieurs tonnes
41:01 et qui sont là pour gérer des émeutes.
41:03 Donc, effectivement, le gouvernement s'attend
41:05 à une colère populaire légitime
41:07 qui, de toute façon,
41:09 délégitimera via les médias.
41:11 Mais, il faut bien...
41:13 Comprenez bien une chose,
41:15 à tous ceux qui entendront ce message...
41:17 - Ils sont nombreux.
41:19 - Ils sont nombreux et puis je sais que c'est
41:21 toutes les classes socio-professionnelles qui sont concernées
41:23 même si on a des désaccords sur tout un tas de choses.
41:25 On ne sera jamais d'accord sur tout, ce n'est pas le problème.
41:27 Ce qui se passe au niveau
41:29 international, au niveau économique,
41:31 au niveau de la gestion des ressources,
41:33 va avoir des impacts
41:35 sur nos vies, beaucoup plus
41:37 importants que ce que certains peuvent l'imaginer.
41:39 On le voit déjà sur les 5 dernières années,
41:41 tout ce qui a changé. Prenez la vie d'il y a 5 ans.
41:43 Prenez la vie d'aujourd'hui et imaginez-vous
41:45 un jour, dans votre salon,
41:47 avec votre café du matin, vous dire
41:49 "En 5 ans, mon pays va changer comme ça."
41:51 On vous aurait pris pour un fou.
41:53 Et bien pourtant, c'est le cas. Les choses peuvent
41:55 évoluer à une vitesse inévitable.
41:57 - C'est nous les fous d'hier et les intelligents d'aujourd'hui.
41:59 - Pardon ? - Nous étions les fous d'hier, nous sommes les intelligents d'aujourd'hui.
42:01 - Vous êtes les fous d'hier
42:03 et les lucides d'aujourd'hui. Non mais le vrai problème,
42:05 c'est vrai, je ne sais pas si on peut adapter
42:07 aussi, vous avez cité effectivement
42:09 la face de Franck Roosevelt,
42:11 on peut aussi le dire,
42:13 en paraphrasant Winston Churchill, vous avez choisi
42:15 la passivité pour éviter la guerre,
42:17 vous aurez la passivité et la guerre.
42:19 - Et la guerre, eh oui. - Et ça peut être ça. En tout cas,
42:21 merci beaucoup, merci Fausse-Ile-et-Louche,
42:23 merci Jérôme Rodrigues,
42:25 merci Maxime Nicolle.
42:27 Encore une fois, je dirais que
42:29 les Gilets jaunes, c'est une idée,
42:31 c'était une force qui va,
42:33 c'est une idée qui va encore
42:35 plus loin. - Tout le monde peut se l'approprier.
42:37 - Absolument.
42:39 [Musique]
42:40 [SILENCE]