Avec Vincent Roy, journaliste, écrivain, ancien chroniqueur culture au Monde, à L'Humanité et désormais à Causeur.
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00:00SUD RADIO dans tous ses états
00:05Chez Guevara, s'il y a un domaine dans lequel la gauche a encore une hégémonie,
00:09c'est bien la culture.
00:10Selon une étude datant du début juin pour le SEVIPOF,
00:13la fondation Jean Jaurès et l'institut Montaigne,
00:1564% des personnes travaillant dans les arts et les spectacles votent à gauche,
00:2016% pour Renaissance, 7% pour LR et 13% pour le RN.
00:24Dans le même temps, le banc et l'arrière-banc des milieux culturels sont montés au créneau,
00:27bien évidemment pour appeler à battre le RN,
00:29mais aussi parfois en prenant parti carrément pour le nouveau front populaire
00:33en vantant son programme culturel.
00:35Nous sommes en compagnie de Vincent Roy, journaliste écrivain,
00:38ancien chroniqueur culture au monde à l'humanité et désormais à Causeur,
00:42son dernier livre, Retour à Kensington, publié aux Cherches Midi.
00:46C'est un excellent roman.
00:47Vincent Roy, bonjour.
00:48Bonjour.
00:49Bienvenue sur SUD RADIO.
00:5064% des professions des arts et du spectacle votent à gauche.
00:54C'est la partie professionnelle qui vote le plus à gauche, plus que les enseignants.
00:58Est-ce que c'est une surprise pour vous ?
01:00Pas du tout.
01:02Prenons un peu de hauteur d'entrée.
01:04Vous avez un imaginaire de gauche qui s'est installé depuis très longtemps dans notre pays.
01:08Il est constitué de quoi ?
01:09Écoutez, je vais citer tout de suite, non pas un auteur de droite, mais précisément un auteur de gauche.
01:13Édouard, ces gens veulent voir la réalité telle qu'ils sont.
01:17C'est ça le problème de la gauche.
01:19C'est-à-dire que vous avez une sociologie d'individus qui sont, la plupart du temps,
01:23des urbains, plutôt jeunes.
01:26Vous regardez la carte de France.
01:28Les urbains, plutôt jeunes.
01:29Vous voyez d'ailleurs où se trouve le vote erraine et où se trouvent les votes de gauche.
01:32Vous allez comprendre que ce sont majoritairement les grandes métropoles.
01:36C'est un vote très féminin.
01:38Il ne faut pas l'oublier.
01:39En termes de culture, ce sont les femmes préoccupées d'écologie,
01:43beaucoup plus que les hommes, en général post-capitalistes
01:47ou qui veulent mettre à mal le tout-idée de capitalisme,
01:50qui vont majoritairement s'intéresser à la culture,
01:53avec ce que je vous disais, c'est-à-dire cet imaginaire de gauche.
01:56Le problème de la gauche, c'est le réel.
01:59Vous savez, Lacan disait que le réel, c'est quand on se cogne.
02:01On a l'impression qu'ils ne se cognent pas souvent
02:03et que le réel leur échappe d'une certaine manière totalement.
02:06Vous avez parlé de la durée.
02:08Est-ce que la gauche Saint-Germain-des-Prés, dont on parlait dans les années 50,
02:12avec Boris Vian, Juliette Gréco, etc.,
02:14ce n'est plus la même gauche culturelle ?
02:16D'abord, celle dont vous parlez là,
02:18était une certaine gauche que je qualifierais de plus anard,
02:22si vous voulez, aujourd'hui.
02:24Boris Vian, par exemple.
02:26Il y avait également chez Juliette Gréco,
02:29puisque vous citiez Juliette Gréco,
02:31cette immense liberté, etc.
02:34On était, d'une certaine manière, dans la jouissance.
02:37La gauche d'aujourd'hui, elle a renoncé à la jouissance,
02:39et vous savez pourquoi ?
02:40Parce que Juliette, c'est bourgeois.
02:42Vous aviez un papier de Michel Guérin, dans Le Monde,
02:45il n'y a pas longtemps, qui disait
02:47« Ça y est, toute cette gauche, on vient de l'observer,
02:50elle a déserté cette grande idée de liberté et de jouissance,
02:54parce que c'est trop bourgeois. »
02:56C'est un peu capitaliste, si vous voulez.
02:58– Excusez-moi Vincent Roir, vous me remettez en mémoire
03:00un slogan de mai 68, alors j'avais même pas deux ans en mai 68,
03:04c'était « vivre et jouir sans entrave ».
03:06– Oui, vous avez vu que tout ça est terminé.
03:08– Et pourquoi ça s'est terminé ?
03:09– Parce que vous appartenez maintenant,
03:11lorsque vous êtes raisonnablement de gauche,
03:13pour utiliser une formule,
03:15vous appartenez au camp du bien.
03:17Jouir, c'est un processus bourgeois,
03:20vous devez être d'une certaine façon laborieux.
03:23Vous comprenez ? C'est fini tout ça, Voltaire,
03:25le 18ème siècle français, vous oubliez.
03:27Cette liberté essentielle, elle est terminée.
03:30Pour l'homme de gauche aujourd'hui, il est préoccupé,
03:33il a des préoccupations écologiques,
03:35il a des préoccupations morales,
03:38il est d'une certaine manière malheureux.
03:40Vous savez, Proust te disait « il faut se méfier,
03:42les gens malheureux sont très moraux ».
03:44– C'est vrai en plus.
03:45Être de gauche, est-ce que c'est impératif dans la culture ?
03:48Vous qui avez été chroniqueur culturel,
03:50notamment au Monde et à l'Humain.
03:51– Attendez, ça dépend.
03:52Si vous travaillez dans le cinéma,
03:53vous pouvez très bien faire semblant d'être de gauche.
03:55En réalité, ce qui vous intéresse,
03:57c'est quand même les chiffres de vos films et leur financement.
04:00– L'avance sur recettes qui est vitale.
04:02– Oui, vous avez bien vu d'ailleurs,
04:04durant cette dernière élection,
04:07je parle des législatives,
04:09beaucoup de gens de gauche se sont déclarés,
04:11vous l'avez vu,
04:12mais beaucoup aussi se sont tûts.
04:14Et il faut peut-être également écouter ceux qui se sont tûts,
04:20pas seulement ceux qui ont parlé.
04:21Ceux qui ont parlé n'avaient manifestement rien à perdre,
04:24ceux qui se sont tûts avaient quelque chose à perdre,
04:26à prendre la parole.
04:27– Alors, vous avez été chroniqueur et critique littéraire au Monde et à l'Humanité.
04:31Quelle vision de la culture a-t-on dans les médias de gauche,
04:34le Monde et l'Humanité ?
04:36C'est en deux salles, deux ambiances en termes de gauche, mais quand même.
04:39– Je n'ai jamais vu des gens aussi intéressés par l'argent qu'à l'Humanité.
04:42– Ah oui ?
04:43– Là, je vous le dis tout de go !
04:44– Ah, c'est assez amusant, oui.
04:45– Oui, oui, l'argent compte beaucoup,
04:47c'est un journal dans lequel on ne parle que d'argent.
04:50C'est très curieux, non ?
04:51– Oui.
04:52– Ben oui, c'est comme ça.
04:53Alors, la vision de la culture à l'Humanité, c'est très simple.
04:56Alors, une chose, dans mes chroniques à l'Humanité,
04:59j'ai toujours été libre.
05:01Jamais personne ne m'a dit,
05:02non, non, il ne faut pas chroniquer tel livre,
05:04il ne faut pas chroniquer tel autre,
05:05j'ai toujours été libre.
05:06Il faut rendre à César ce qu'il a bâti à César.
05:08Je critique d'un côté et je dis le réel de l'autre,
05:11encore une fois, moi, je n'ai pas peur du réel.
05:13Au monde, d'ailleurs, de la même manière.
05:15Mais, il m'est arrivé une aventure au monde qui est assez intéressante.
05:18Un jour, je chronique un roman qui était un roman d'amour.
05:22Et je dis, tiens, voilà un auteur qui manifestement aime les femmes.
05:27Et là, j'envoie mon papier et je reçois tout de suite un coup de fil.
05:30On me dit, mais vous savez, Vincent, on ne peut plus dire ça aujourd'hui.
05:33C'était il y a dix ans.
05:34C'était il y a dix ans.
05:35Je dis, qu'est-ce qu'on ne peut plus dire ?
05:36Qu'un homme aime les femmes ?
05:37Non, ce n'est pas possible.
05:39Il faut trouver une autre formule.
05:41C'était un des premiers signaux.
05:44Mais il y a aussi des femmes qui aiment les hommes.
05:46Il y a pire que tout.
05:49Quand on écrit sur causeurs comme vous aujourd'hui,
05:52on salue d'ailleurs notre ami Elisabeth Lévy qui fait partie des Vraies Voix.
05:55Qu'est-ce qui change par rapport au monde ou à l'humanité ?
05:59Qu'est-ce qui change par rapport au monde ou à l'humanité ?
06:04Elisabeth Lévy ne vous dira pas, c'est un homme qui aime les femmes, ça me pose problème.
06:07Non, par exemple, ce qui change,
06:11je vous ai dit que j'avais une totale liberté à l'humain.
06:14J'en ai eu pour toute une part au monde aussi, je l'ai aujourd'hui.
06:18Non, je ne pourrais pas dire que quelque chose change de manière radicale.
06:23Alors, pour ce nombre de gens, c'est très important.
06:2664% des personnes des arrêts du spectacle votent à gauche.
06:29Est-ce qu'il n'y a pas une question qui se pose ?
06:32C'est que dans le monde du spectacle, il y a 286 000 intermittents.
06:35C'est énorme. Est-ce qu'ils ne votent pas pour défendre leur régime particulièrement favorable,
06:40notamment en termes d'assurance chômage, que la gauche défend bec et ongles ?
06:45Écoutez Philippe, vous vous mariez dans votre rue, vous votez dans votre rue.
06:48Il est bien évident que de toute façon, ils sont là aussi pour défendre leur biftec.
06:53Et ils pensent, sans doute à tort d'ailleurs,
06:55ils pensent que seule la gauche va préserver cette intermittence du spectacle
07:00qui a souvent été remise en cause effectivement par la droite.
07:03Mais est-ce qu'elle y toucherait ? Je ne suis pas sûr.
07:05Mais il est bien évident que les intermittents en masse
07:07pensent que c'est la gauche qui va sauver leur statut.
07:10Et qui sauvera toujours leur statut.
07:12Donc on vote beaucoup par intérêt en plus que de l'idéologie ?
07:15Pas plus dans cette corporation que dans une autre.
07:18Le magazine Beaux-Arts, il a fait un papier dithyrambique
07:21sur le programme culturel du Nouveau Front Populaire.
07:23J'ai lu le papier.
07:24Qui promet de porter le budget public consacré à l'art, la culture et la création
07:28à un point de PIB par an, soit 28 milliards d'euros.
07:31Alors ça fait une multiplication colossale de l'enveloppe actuelle,
07:34qui est à 4,4 milliards.
07:35Oui c'est ce que j'allais vous dire.
07:36Donc ça fait 6 fois plus, un peu plus de 6 fois plus.
07:38Est-ce un budget crédible et surtout qui pourrait être utile à la culture ?
07:42On va où ? Non mais attendez, on va où avec ça ?
07:44Comment on les trouve les 24 milliards ?
07:46Il y a des dépenses, mais il n'y a pas de recettes qu'on met en face.
07:4924 milliards ça fait 4 portes-avions Charles de Gaulle,
07:524-5 remplaçants du porte-avions Charles de Gaulle.
07:54C'est beaucoup, beaucoup d'argent.
07:55Et tout ça pour promouvoir quel type de culture ?
07:58La culture woke, parce que vous savez la gauche,
08:00elle a pris deux vagues.
08:01Vous parliez de 68 tout à l'heure.
08:03Donc il y a eu tout ce mouvement 68.
08:05Et puis après est arrivée progressivement cette vague de wokisme
08:09qui a complètement pris l'université.
08:11L'université gangrénée par ce wokisme.
08:14Songez qu'il n'y a pas longtemps, des agrégatifs en lettres
08:18ont refusé de commenter un poème de Ronsard
08:21au motif qu'il s'agissait d'une apologie du viol.
08:25Ah oui, du Ronsard.
08:26Du Ronsard.
08:27Moi, en taureau, blondissant, j'aimerais te couvrir.
08:30Oh là là ! Apologie du viol, c'était absolument terrible.
08:33Et vous avez ça.
08:34Alors ça se répand.
08:35Ce wokisme est dans l'université.
08:38Il suffit de...
08:39Vous avez un auteur qui a très bien parlé de tout ça
08:41parce que tout ça nous vient quand même des Etats-Unis, de Nord-Amérique.
08:44Vous avez quelqu'un comme Philippe Roth qui a magnifiquement parlé de tout ça.
08:47Donc vous avez ce wokisme qui gangrène totalement l'université
08:50mais pas simplement.
08:51L'édition aussi.
08:52Il y a plein de choses que vous ne pouvez plus écrire.
08:54Vous savez que vous avez des relecteurs.
08:56Au cas où, imaginez le Marquis de Sade aujourd'hui.
09:00C'est purement impubliable.
09:02Mais on va parler cinéma.
09:04Vous connaissez le cinéma.
09:06Ce sont les 50 ans de la sortie du film Les Valseuses.
09:09C'est un film post-mai 68' si l'on est.
09:12Très anard.
09:13Très anard.
09:14Et il n'a pas été diffusé à la télé.
09:16Je crois que ça a été annulé.
09:17Une diffusion a été prévue pour ses 50 ans.
09:19Parce qu'aujourd'hui on ne peut plus le diffuser.
09:21On ne peut plus.
09:22C'est absolument...
09:23Vous savez que toutes ces...
09:25Je vous parlais des jeunes femmes.
09:26Parce que quand vous regardez les chiffres, vous voyez que vous avez un vote culturel
09:30des 18-24, des 24-35.
09:33Extrêmement féminin.
09:35Extrêmement écologiste, on peut le dire.
09:38Et ce vote-là est sous-tendu par le rapport que les hommes sont supposés avoir avec les femmes.
09:46Vous savez que cette question aujourd'hui est une question extrêmement épineuse
09:50qui concerne absolument toute la gauche.
09:53Je vous parlais tout à l'heure de jouissance.
09:55Je vous parlais de galanterie.
09:57Tout ça c'est bourgeois.
09:59On arrête tout ça.
10:00Mais pourtant on dit que ce sont les bobos.
10:02Les bobos ça veut dire bourgeois bohème.
10:04Oui.
10:05Mais il ne s'agisse pas du tout de ça.
10:07Là maintenant on a complètement regardé.
10:09Allez à des terrasses de café, regardez les mouvements.
10:14Regardez ces jeunes couples de trentenaires dans les beaux arrondissements de Paris
10:18ou dans ceux de Lyon.
10:19Ou allez constater, vous allez voir, ils arrivent avec un enfant ou deux enfants en bas âge.
10:24C'est souvent le mari qui va s'occuper de tout.
10:26Vous voyez, il faut observer ces mouvements-là.
10:28Je ne dis pas que c'est mal.
10:29Je dis que voilà, on n'est plus du tout dans ce que l'on a vécu lorsqu'on a un certain âge comme moi.
10:34Dans ce papier, dans Beaux-Arts, j'ai lu que le programme du Nouveau Front Populaire c'était fabuleux
10:39parce que c'était les artistes de demain.
10:41Alors que le programme culturel du Rassemblement National c'était odieux
10:44parce que c'était entretenir les cathédrales et les châteaux.
10:46Oui.
10:47Est-ce qu'on peut opposer les deux ?
10:48Non, ça ne s'oppose pas.
10:50Mais de toute façon, il faut quand même être honnête.
10:52Si la gauche a mis la main sur la culture, c'est bien parce que la droite ne s'en occupait plus.
10:59Vous savez, la nature a horreur du vide.
11:00C'est vrai.
11:01Bon, c'est parce que la droite a délaissé cette partie-là.
11:05D'ailleurs, vous n'avez plus aujourd'hui, vous n'avez plus d'auteurs, enfin très peu, d'auteurs de droite.
11:13D'abord, s'ils le sont, ils se gardent bien de le dire.
11:15Et puis, parce qu'ils savent que ça ne peut que les desservir.
11:18Et puis, quand bien même, je pense par exemple au bloc-note de Mauriac.
11:23Vous n'avez plus d'équivalent dans la presse aujourd'hui.
11:25Mais c'est encore la formule qu'on avait à l'époque.
11:28Mieux vaut avoir tort avec Sartre que raison avec Aron.
11:31C'est encore une réalité.
11:33La preuve.
11:34Vous voyez bien le programme du Nouveau Front Populaire qui fait recette, si j'ose dire,
11:38ou plutôt qui fait dépense avec 24 milliards d'euros.
11:43Non, mais vous vous rendez compte, c'est une hérésie.
11:44Évidemment que ça n'est pas réalisable.
11:46Alors, une chose.
11:47Est-ce que les films subventionnés qui ne font pas d'entrée, mais beaucoup d'idéologie,
11:52est-ce que ça ne pourrait pas être assimilable à du gaspillage d'argent public
11:56quand on voit les aides que reçoivent certains pour faire 30 entrées par séance,
12:00ce qui est absolument dingue ?
12:01Vous n'avez plus dans les films.
12:03Mais ce qui est vrai pour les films est vrai aussi pour les livres.
12:07Vous voyez bien que tous ces sujets dits de gauche sont en train de remplir
12:12tant les salles de cinéma, cette idéologie dont vous parlez, que les bibliothèques.
12:16Vous avez tout ça, regardez.
12:18Madame Ernaux, elle écrit pour quoi ?
12:20Elle écrit pour venger sa race.
12:22C'est quand même...
12:24Un prix Nobel de littérature.
12:26Un prix Nobel de littérature.
12:27Donc, écoutez, c'est quand même...
12:28Non, c'est signifiant, non ?
12:29Ça appelle quelques commentaires.
12:31C'est sûr.
12:32Est-ce qu'il y a, vous qui avez été chroniqueur dans la presse de gauche,
12:35est-ce qu'il y a une...
12:36Vous dites qu'il n'y a plus de culture de droite.
12:38Est-ce qu'il y a une culture de gauche et une culture de droite globalement ?
12:41Oui.
12:42Oui, bien sûr.
12:43La culture de gauche est une culture de l'immédiateté.
12:50Tout commence avec moi.
12:52J'ai 25 ans.
12:54Ce qui s'est passé avant importe peu.
12:56Ça commence avec moi.
12:58Ça commence aujourd'hui.
12:59Il y a très peu de références au passé.
13:02C'est-à-dire qu'on n'écrit plus, on ne filme plus à partir de ces grands aînés
13:06qui ont pu, d'une manière ou d'une autre, être des modèles.
13:09Non, non, je vais tout créer moi-même et je vais tout réinventer.
13:12A partir d'aujourd'hui, précisément.
13:14Mais je me posais une question sur la culture de droite et la culture de gauche.
13:18Vous êtes plus compétent que moi dans ce domaine.
13:20Moi, je pensais que la culture de gauche, c'était la culture élitiste.
13:24Les films, les comédies sociales, par exemple.
13:27Et la culture de droite, c'était la culture...
13:29Et les chanteurs type Marc Augeret, etc.
13:32Et la culture de droite, c'était le cinéma populaire.
13:35Louis de Funès et la chanson populaire Claude François
13:38qui étaient honnis par la gauche, tant l'un que l'autre à l'époque,
13:41notamment la presse de gauche.
13:42C'est pas faux, mais le film social dont vous parlez,
13:45il n'a pas vraiment existé en France.
13:48Là, vous faites référence, par exemple, au cinéma italien.
13:50Ou anglais, notamment avec Ken Loach.
13:53Mais il y a eu pas mal de comédies sociales en France.
13:55Mais chez nous, il y a eu des comédies sociales,
13:57mais pas avec cette portée qu'a eue, par exemple, le cinéma italien
14:00ou le cinéma de Ken Loach.
14:02C'est beaucoup plus...
14:04Tout ça est beaucoup plus noyé.
14:06Mais effectivement, oui, la culture de droite...
14:08Vous savez, pour le gauchiste d'aujourd'hui,
14:11le mec de droite, c'est un plouc.
14:13Il faut être très clair.
14:15Mais justement, est-ce que la droite devrait réinvestir
14:19le milieu de la culture ?
14:21Et est-ce qu'elle peut y arriver ?
14:23Ou est-ce que c'est un bastion imprenable ?
14:26Certains disent que c'est pas imprenable.
14:28Il n'y a pas de bastion imprenable.
14:30Le seul problème, c'est de s'attaquer d'une manière ou d'une autre
14:34à l'université.
14:35Et ça, c'est très important, c'est le point de départ.
14:37Parce qu'au sortir de l'université,
14:39tous les jeunes qui ont été formés ressortent,
14:41pas tous, mais voilà,
14:43ressortent avec précisément une idéologie.
14:45Ça veut dire qu'après, ils vont lire les livres
14:47qui vont correspondre à cette idéologie.
14:49Ils vont aller voir les films qui vont correspondre à cette idéologie.
14:51Donc, c'est à l'université qu'il va falloir commencer par agir.
14:55Mais l'université, c'est encore plus, on va dire,
14:59pris par la gauche que le monde de la culture ?
15:01Elle a tellement tout déconstruit pendant une certaine époque,
15:03pour utiliser une formule célèbre,
15:05elle a tellement tout déconstruit
15:07que c'est devenu une sorte de chantier.
15:09Tout est en pièces, il y a tout à reconstruire.
15:11Mais toutes les facs, parce que ce n'est pas le cas de l'auphine théoriquement, par exemple ?
15:14Pas toutes les facs.
15:15Encore une fois, il ne s'agit pas d'essentialiser.
15:17Mais la réalité est quand même celle-ci,
15:19c'est un joyeux bordel.
15:20Merci beaucoup Vincent Roy, journaliste, écrivain,
15:23ancien chroniqueur culturel au monde,
15:25à l'humanité et désormais à causeur.
15:27Votre dernier livre, retour à Kensington,
15:29publié aux Cherches Mini.
15:31Un mot sur votre dernier livre ?
15:32Un roman d'amour.
15:33C'est bien pour l'été ?
15:34Non, c'est le roman d'un type qui aime les femmes.
15:36Oh bah écoutez, c'est très bien.
15:37Alors ça c'est quelque chose qu'il faut absolument lire cet été,
15:40sur la plage, à la montagne ou à la campagne.
15:42Merci à vous.
15:43Tout de suite, les Pères, les Huées, les Bravos.
15:45Restez bien avec nous sur Sud Radio.