Avec Pierre-Marie Sève, directeur de l'Institut pour la justice.
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NewsTranscription
00:00 *Musique*
00:13 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:16 Alléluia, alléluia, auditeurs de Sud Radio, résidents de Sud Radio.
00:21 La France a retrouvé la paix. Oui, oui, oui, ça fait...
00:24 Oui, oui, ça fait exactement 5 heures qu'on ne nous a pas signalé un meurtre,
00:28 un tavassage, un viol, une attaque au couteau. 5 heures, vous imaginez ?
00:33 Non mais ça va beaucoup mieux. Avant c'était toutes les 2 heures. Non, non, non.
00:37 On va s'apaiser. Vous savez, n'oubliez pas ces paroles immortelles.
00:41 On n'est pas dans l'insécurité, on est dans un sentiment d'insécurité.
00:45 Alors ôtez-vous ça de la tête, ôtez-vous ça de la tête.
00:48 Non, ne vous ôtez pas ça de la tête. On en parle tout de suite.
00:52 *Musique*
00:56 Berkhoff dans tous ses états, ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:59 Tout va très bien madame la marquise. Des exemples ?
01:02 On vous en a donné la semaine dernière à Rouen, un Algérien sous le coup d'une OQTF,
01:06 obligation de quitter le territoire français, défense de rire,
01:10 a tenté de mettre le feu à une synagogue, armé d'une barre de fer et d'un couteau.
01:14 Il aurait également tenté d'agresser un policier. Ce dernier l'aurait abattu en légitime défense.
01:19 Avril, un mineur de 15 ans a été mis en examen pour meurtre et placé en détention
01:23 après avoir été présenté devant un juge d'instruction du pôle criminel,
01:26 dans le cadre d'une information criminelle après le meurtre de Matisse,
01:29 un adolescent de 15 ans, poignardé dans les rues de Châteauroux,
01:33 samedi 27 avril, en début de soirée.
01:35 A Toulouse, un élève armé d'un couteau poignarde une lycéenne dans le couloir du gymnase.
01:40 Une élève du lycée urbain vitré à Toulouse a été en effet blessée au bras
01:43 par deux coups de couteau ce jeudi 2 mai 2024, vers 17h.
01:47 Son agresseur lycéen a été placé en garde à vue.
01:51 Voilà, ça se passe à Toulouse aussi.
01:57 Ah oui, à Toulouse, hier, un élève armé d'un couteau,
02:01 poignard d'une lycéenne dans le couloir du gymnase.
02:05 Tout va bien. Ce matin, un homme de 26 ans suspecté d'avoir voulu perpétrer
02:09 une tuerie de masse interpellée.
02:12 Voilà, en fait, c'est intéressant, en quelques jours,
02:16 quelque chose, on ne va pas reciter, il faudrait 5 heures pour reciter
02:19 ce qui s'est passé depuis le début de l'année.
02:22 Alors, Pierre-Marie Sèvres, on en a souvent parlé avec vous, je rappelle
02:26 que vous êtes directeur de l'Institut pour la Justice,
02:29 et au fond, est-ce que vous ne voudriez pas débaptiser votre institut,
02:33 l'appeler Institut pour la Criminalité, parce qu'on se demande au fond,
02:38 la justice, d'accord, et on redit ça à chaque fois,
02:42 mais il y a quelque chose de l'ordre de...
02:46 évidemment, on ne peut pas arrêter tout, la vie est violente,
02:49 la vie est un métier à risque, mais cette espèce de régularité
02:52 pratiquement quotidienne devient quand même quelque chose,
02:56 est-ce que c'est du jamais vu, Pierre-Marie Sèvres, dans l'histoire récente, je dirais ?
03:00 Alors, ce qui est certain, c'est que le sentiment général des gens,
03:04 c'est ce que vous avez dit, c'est-à-dire qu'on voit des faits divers tous les jours,
03:07 on est toujours de plus en plus exaspéré, désespéré, choqué par les faits divers qu'on voit,
03:12 mais certains, et on n'a pas tellement de moyens de le vérifier,
03:16 peuvent nous dire "non mais de toute façon, ce sont des faits divers isolés,
03:19 c'est arrivé à l'autre bout de la France, ça ne vous arrivera pas à vous".
03:22 Bon, et puis après, dans la foulée, on a tous un cousin, un frère, un ami
03:26 qui s'est fait agresser dans la rue, peut-être même plusieurs,
03:29 et puis dans la foulée d'ailleurs, même les agresseurs s'en sont sortis avec rien du tout,
03:33 avec du sursis ou avec de la prison ferme, mais sur lequel la victime n'a eu aucune visibilité,
03:38 en fait, ils n'ont même pas fait leur prison ferme.
03:40 - C'est le travail d'intérêt général. - C'est la grande mode aujourd'hui,
03:43 au ministère de la Justice, c'est les travaux d'intérêt général.
03:46 Mais de temps en temps, quand même, c'est bien de vérifier qu'en est-il de la réalité.
03:51 - Et par rapport aux autres pays aussi. - Par rapport aux autres pays,
03:54 c'est même le point principal. En fait, même pendant longtemps,
03:56 le débat sur l'insécurité, c'était "il n'y a pas d'insécurité",
03:59 c'était "est-ce qu'il y a de l'insécurité ou non ?"
04:01 Aujourd'hui, c'est tellement écrasant, tellement clair et net,
04:04 que ceux qui disaient qu'il n'y a pas d'insécurité,
04:06 se sont repliés sur un autre argument qui est de dire
04:10 "non mais c'est partout pareil, c'est inévitable, c'est l'Occident,
04:13 c'est les grandes villes, etc. De toute façon, comme dans toutes les grandes villes,
04:16 combien de fois je l'ai entendu."
04:17 Mais en fait, quand on regarde ce qui se passe à l'étranger,
04:19 ça n'est pas le cas, ça n'est pas vrai.
04:22 Ces arguments sont fallacieux.
04:24 Vous prenez un classement tout à fait unanime,
04:28 qui est celui d'Eurostat, par exemple.
04:30 Eurostat, l'organe de statistique de l'Union européenne,
04:32 a fait un classement sur le nombre de coups et blessures volontaires
04:35 par habitant en Europe.
04:37 Figurez-vous qui est numéro 1 ? La France !
04:40 La France est le premier pays en termes de coups et blessures volontaires.
04:43 Coups et blessures volontaires, ce sont les bagarres et les agressions.
04:46 Mais donc en premier lieu, les agressions.
04:47 De toute l'Europe ?
04:48 De toute l'Europe.
04:49 Tout juste devant la Belgique,
04:50 qui est elle-même très largement devant l'Allemagne, l'Italie, etc.
04:55 Les deux premiers du peloton, c'est la France et la Belgique ?
04:58 France et la Belgique.
04:59 Étant entendu que la Belgique est un pays très urbain,
05:02 et dans les villes, effectivement, il y a clairement,
05:05 ça a toujours été le cas, plus de violences que dans les campagnes.
05:08 Donc la France, malgré sa part de ruralité très importante
05:12 par rapport aux autres pays d'Europe,
05:13 elle est tout de même première.
05:14 Mais Eurostat sort tout un tas de statistiques.
05:18 Par exemple, les vols par habitant.
05:19 Je n'ai pas le chiffre exact, mais les vols par habitant,
05:21 ça fait des années, chaque fois que je vérifie,
05:22 on est dans le trio de tête.
05:23 Toujours avec la Belgique, on se tient un petit peu dans un mouchoir de poche.
05:26 Et puis le Royaume-Uni, quand ils étaient dans l'Union Européenne.
05:29 Et puis un autre exemple, les homicides.
05:31 C'est ça aussi, la critique qu'on peut nous faire,
05:33 c'est que les comparatifs internationaux en matière de criminalité
05:36 sont compliqués à faire.
05:37 C'est vrai, il y a une agression dans un pays,
05:40 peut-être comptabilisée d'une façon en France,
05:42 puis d'une autre façon en Italie,
05:43 ça rend les choses plus compliquées.
05:44 Eurostat fait une harmonisation,
05:46 mais cet argument-là revient régulièrement.
05:49 Alors il y a un critère, il y a un fait, un crime,
05:52 qui permet de mettre les choses à peu près à zéro,
05:54 c'est l'homicide.
05:55 Un homicide, dans à peu près tous les pays du monde.
05:57 C'est un homicide.
05:58 Voilà, ça se compte pas.
05:59 Les cadavres, ça se fait bien depuis longtemps,
06:01 depuis des siècles, comme dit Alain Bauer,
06:02 depuis le Moyen-Âge, on compte les cadavres relativement bien,
06:04 avec relativement une certaine certitude et précision.
06:08 Eh bien l'homicide.
06:09 La France, en valeur absolue,
06:11 je parle pas en valeur relative,
06:12 mais en valeur absolue tout de même,
06:13 la France est le pays d'Europe dans lequel il y a le plus d'homicides.
06:16 Nous avons cette année dépassé les 1000 homicides,
06:18 ça faisait quelques années que nous n'avions pas dépassé ce chiffre-là,
06:21 sachant aussi qu'il y a des comparaisons dans l'espace,
06:24 c'est-à-dire en Europe, mais dans le temps.
06:26 Regardez, en 1970, il y avait 373 homicides en France.
06:29 Il y en a trois fois plus aujourd'hui.
06:31 Je reviens dans les comparaisons dans l'espace.
06:33 En Italie, alors qu'on a à peu près la même population,
06:36 on a environ 300 homicides par an.
06:39 En Espagne, on est 1000 en France.
06:41 En Allemagne, qui est plus peuplée, on a 800 homicides par an.
06:44 C'est-à-dire que notre taux d'homicide est beaucoup plus élevé
06:47 que les pays avec lesquels on peut se comparer.
06:49 En valeur absolue, on est le plus élevé d'Europe,
06:51 et en valeur relative, on est bien plus élevé que nos voisins européens.
06:53 Donc tout ça devrait quand même...
06:56 On peut dire...
06:58 Oui, j'entends régulièrement les arguments qu'on nous fait,
07:01 mais les chaînes de télé font monter le sentiment d'insécurité, etc.
07:06 Mais au bout d'un moment, il faudrait quand même remettre les pieds dans le réel.
07:09 On ne dit même pas ça.
07:10 Enfin, moi, je ne dis pas ça pour attaquer le gouvernement en place, etc.
07:14 Je vais vous dire honnêtement,
07:15 ce n'est pas Emmanuel Macron qui a commencé les problèmes.
07:17 Il n'a certainement pas réglé les problèmes,
07:19 mais ça date d'il y a un moment déjà.
07:21 Tout ce qu'on fait, si on met en avant ces chiffres,
07:23 c'est parce qu'il y a un vrai problème.
07:25 La population française est unanime sur le sujet,
07:27 et il serait temps enfin d'agir pour les régler.
07:31 C'est tout.
07:32 Oui, c'est-à-dire que c'est ça qui est étonnant.
07:34 Vous dites effectivement, ce n'est pas d'hier,
07:36 ça fait 40 ans, ça fait en tout cas des décennies
07:38 qu'on voit monter les choses, depuis les années 70-80.
07:42 Et que, effectivement, ce qui est tout à fait étonnant,
07:45 et vous le savez au moins aussi bien que moi,
07:47 Pierre-Marie Sèvres,
07:48 qu'on entend les ministres concernés ou des responsables
07:52 en disant "oui, mais attendez, il ne faut pas exagérer".
07:55 Quand on vous dit que ce sont les réseaux sociaux qui exagèrent,
07:58 etc. On connaît la chanson.
08:00 Mais, et on a dit "et alors, on fait quoi ?".
08:03 Alors, je ne parle même pas de la Nouvelle-Calédonie,
08:05 je ne parle même pas de Mayotte,
08:08 parlons même de la métropole,
08:10 de ce qu'on appelle la métropole.
08:12 Est-ce que c'est quelque chose,
08:14 vous avez suivi ça dans l'Institut de la Justice,
08:16 est-ce qu'au fond,
08:18 tous, gauche, droite, confondus,
08:20 les responsables se disent "mais écoutez,
08:22 en tout cas, il ne faut même pas mettre de l'huile sur le feu,
08:25 il faut essayer de calmer les choses,
08:27 et en promettant qu'on va faire,
08:29 mais jusqu'à présent, les promesses
08:31 n'engagent que ceux qui les écoutent".
08:33 - Eh oui, malheureusement,
08:35 pour les responsables politiques qui sont au pouvoir
08:37 depuis plusieurs décennies,
08:38 les mots ne règlent pas les problèmes.
08:40 On n'arrête pas les voleurs, les violeurs,
08:44 les criminels sous OQTF,
08:46 simplement en faisant une minute de silence,
08:48 ou en disant "ça suffit,
08:50 il faut que l'État revienne".
08:52 Non, derrière les mots,
08:54 pourquoi pas faire des mots de temps en temps,
08:56 mais derrière les mots, il faut des actions.
08:58 Et aujourd'hui, quand je regarde les actions,
09:00 typiquement en matière de justice,
09:02 la justice, pour moi, est la façon de réguler in fine.
09:04 On parle souvent d'immigration, etc.
09:06 - Réguler les violences, réguler en tout cas...
09:09 - Il suffit de les réguler en bout de chaîne.
09:11 Immigration ou pas, la justice
09:13 pourrait réguler en bout de chaîne la violence.
09:15 - Appliquer les lois.
09:17 - Absolument, mais vous constatez que ce n'est pas le cas.
09:19 Je vous donne plusieurs exemples de ce qui est fait ces dernières années.
09:21 Déjà, on nous promet 15 000 places de prison en 2017,
09:23 candidat Emmanuel Macron.
09:25 Moi, j'applaudissais dès demain, c'est une très bonne chose,
09:27 15 000 places, c'était un minimum, mais c'était déjà pas mal.
09:29 Aujourd'hui, on est à 3 000.
09:31 - 3 000 ans après ? - 7 ans après.
09:33 Alors qu'on nous promettait 15 000 en 5 ans.
09:35 On est à 3 000 en 7 ans.
09:37 Et puis, toutes les réformes sur la justice,
09:39 elles ne font que, c'est le coutume d'utiliser cette question,
09:41 elles ne font que brasser la soupe,
09:43 mais sans jamais changer les ingrédients.
09:45 Je vous donne un exemple, le rappel à la loi.
09:47 On a supprimé, Eric Dupond-Moretti a supprimé
09:49 le rappel à la loi.
09:51 Pareil, j'ai applaudi dès demain quand il a fait la non,
09:53 c'est une très bonne chose, une très bonne mesure.
09:55 - Rappel à la loi, rappelez ce que c'est.
09:57 - C'était, vous êtes condamné, le tribunal vous reconnaît coupable,
09:59 je vous rappelle que c'est interdit.
10:01 Au revoir, vous pouvez sortir, vous êtes libre.
10:03 - C'est ça. Et surtout pour les mineurs,
10:05 en plus on le sait. - En plus pour les mineurs,
10:07 c'est inefficace, quand on n'a pas de vraie sanction, c'est inefficace.
10:09 Les rappels à la loi ont bien été supprimés,
10:11 ce qui était une très bonne chose,
10:13 mais en fait ils n'ont pas été supprimés, ils ont changé de nom.
10:15 Ça s'appelle aujourd'hui, un mot beaucoup plus,
10:17 un nom beaucoup plus jargonneux,
10:19 l'avertissement pénal probatoire.
10:21 Dans la presse, vous imaginez, c'est beaucoup plus difficile
10:23 de dire la personne qui a commis
10:25 un vol, l'AS en étant
10:27 en situation irrégulière, un avertissement pénal probatoire.
10:30 La personne qui ne connaît pas le lecteur,
10:33 qui ne connaît pas ces termes, il se dit, ah bon,
10:35 l'avertissement pénal probatoire, ça a l'air dur.
10:37 En fait, c'est strictement la même chose.
10:39 Je vous donne un autre exemple, les réductions de peine automatiques.
10:41 Jusqu'à il y a quelques années,
10:43 jusqu'en 2021,
10:45 les détenus qui allaient en prison,
10:47 pour aller en prison, il faut quand même y aller en France,
10:49 il faut vraiment le vouloir. - Faire quelque chose, oui.
10:51 - Mais même quand ils y allaient,
10:53 ils avaient des réductions de peine automatiques,
10:55 ils n'avaient rien besoin de faire pour avoir
10:57 leur peine réduite. - Automatique, oui.
10:59 - Donc Eric Dupourmoretti a dit, c'est vrai que c'est pas bien
11:01 les réductions de peine automatiques, il faut que ce soit subordonné
11:03 aux efforts des détenus.
11:05 Et donc on va supprimer les réductions de peine automatiques.
11:07 Pareil, c'était la dernière fois que je me suis laissé prendre,
11:09 j'ai dit, c'est une très bonne mesure, bravo monsieur le ministre.
11:11 Et puis au final, qu'est-ce qu'on remarque
11:13 que dans le fond du projet de loi justice de 2021,
11:15 c'était le projet de loi pour la confiance dans la justice,
11:17 on remarque que les réductions de peine automatiques
11:19 ont bien été supprimées, mais que toutes les autres
11:21 ont été potentiellement rallongées. Voir même
11:23 plus loin que ce qui était possible avant.
11:25 Avant, c'était 5 mois maximum par an,
11:27 maintenant on est à 6 mois maximum par an.
11:29 Certes, c'est supposé être subordonné aux efforts des détenus,
11:31 mais en réalité, on sait très bien que c'est juste
11:33 une mesure de gérer
11:35 la capacité carcérale.
11:37 - Oui, c'est-à-dire que faute de changer la réalité,
11:39 comme d'habitude, on change les mots.
11:41 On change les définitions.
11:43 Je ne sais pas Thibault si on peut mettre,
11:45 parce que vous avez parlé à plusieurs reprises
11:47 d'Éric Dupond-Moretti.
11:49 Non, Pierre Marissev,
11:51 je ne sais pas comment vous dites ça,
11:53 je crois que vous commettez
11:55 une erreur qui n'est pas négligeable.
11:57 Éric Dupond-Moretti n'est pas
11:59 ministre de la Justice.
12:01 Il n'est pas ministre de la Justice,
12:03 et bien je vais vous faire écouter.
12:05 En fait, il n'est pas ministre de la Justice
12:07 parce qu'il l'a dit lui-même qu'il ne serait jamais
12:09 ministre de la Justice.
12:11 Écoutez ce qu'il disait, et il ne va pas changer d'avis,
12:13 en 2018.
12:15 - En avril 2018 sur LCI.
12:17 - Voilà, avril 2018, Stéphane,
12:19 il a raison, sur LCI. Écoutez.
12:21 - Si on vous proposait un poste
12:23 de ministre de la Justice, vous l'accepteriez ?
12:25 - Ah oui, sûr.
12:27 - Voulez-vous le signe ? - Oui.
12:29 - D'abord, personne ne me le proposera,
12:31 ce sera un bordel, mais alors...
12:33 Non, mais personne n'aurait jamais l'idée.
12:35 Sotte, totalement saugrenu,
12:37 incongru, invraisemblable de me proposer cela,
12:39 et moi franchement,
12:41 je n'accepterai jamais un truc pareil, non.
12:43 - Pourquoi ? - Parce que c'est pas mon métier.
12:45 C'est pas mon métier.
12:47 Il faut en avaler des couleurs pour faire de la politique.
12:49 D'abord, il faut être d'accord avec tous les copains
12:51 du gouvernement auquel on appartient soi-même,
12:53 c'est à dire quoi. Il faut manger son chapeau
12:55 de temps en temps, non, c'est une discipline.
12:57 C'est un exercice, j'en ai pas les compétences, et puis...
12:59 Non, non, pas du tout,
13:01 j'aimerais pas faire ça.
13:03 - Voilà, voilà.
13:05 En fait, ce qui se passe, mais vous imaginez,
13:07 ministre de la Justice,
13:09 il dira "ce serait un bordel total".
13:11 D'ailleurs, c'est vrai que vous venez de dire que pour le moment,
13:13 le bordel est assez régnant.
13:15 Mais, d'accord avec les copains,
13:17 c'est pas Eric Dubon-Moretti,
13:19 manger son chapeau, c'est encore moins
13:21 d'Eric Dubon-Moretti, dont je le dis,
13:23 ce n'est pas Eric Dubon-Moretti,
13:25 parce que je ne peux pas croire
13:27 qu'il ait changé d'avis à 180°
13:29 comme ça. Donc, c'est un hologramme
13:31 ou un sosie d'Eric Dubon-Moretti
13:33 qui est à la Justice depuis quelques années,
13:35 et il est temps de
13:37 dénoncer le phénomène. Parce que
13:39 Eric Dubon-Moretti, que j'ai connu comme avocat,
13:41 est un homme de parole, et je ne pense pas
13:43 qu'il puisse, vu ce qu'il a dit
13:45 à Audrey Grespeau-Marat,
13:47 je ne pense pas
13:49 qu'il puisse changer d'avis comme ça.
13:51 Donc, je crois, Pierre-Marie Sèvres,
13:53 il est temps peut-être d'avoir un vrai ministre de la Justice.
13:55 - Ah bah, en tout cas,
13:57 après, je suis
13:59 entièrement d'accord avec vous. Déjà, moi, je l'ai connu
14:01 de loin, évidemment, quand j'étais étudiant en droit,
14:03 brillant avocat.
14:05 Bon, malheureusement, il n'a
14:07 pas fait pire que les autres. Moi, je le dis régulièrement.
14:09 Vous savez, sa prédécesseure, c'était Nicole Belloubet.
14:11 - Oui. - Qu'est-ce qu'elle a fait, Nicole Belloubet ?
14:13 De quoi est-ce qu'on se souvient ? - Non, mais elle est d'accord.
14:15 - L'enléveration de 7 000 détenus pendant le Covid.
14:17 C'est à peu près tout ce dont on se souvient. Il y a eu une loi pénitentiaire
14:19 qui a brassé la soupe
14:21 sans changer les ingrédients, encore une fois.
14:23 C'est-à-dire qu'avant, on était très
14:25 souvent... Quand on était condamné
14:27 à une peine de prison ferme, on était très souvent...
14:29 On avait très souvent
14:31 une peine aménagée, quand la peine était
14:33 inférieure à deux ans. Selon Nicole Belloubet,
14:35 maintenant, c'est plus très souvent, c'est tout le temps,
14:37 mais c'est plus qu'un an. Voilà. Qu'est-ce que ça change,
14:39 en vrai ? - Vous voulez dire qu'ils
14:41 se sont succédés et puis rien n'a
14:43 changé, en fait ? - C'est ça. C'est exactement ça. Depuis longtemps.
14:45 Depuis très longtemps. - Depuis longtemps, absolument.
14:47 - Je rappelle Rachida Dati, la droite au pouvoir.
14:49 Rachida Dati, en 2009,
14:51 fait une loi pénitentiaire qui crée
14:53 l'aménagement de peine juste aux très mauvaises mesures.
14:55 - Alors, je vais vous poser une question, quand même.
14:57 Le citoyen que vous êtes et le directeur
14:59 de l'Institut pour les... Est-ce qu'il ne faut pas supprimer
15:01 ce ministère ?
15:03 - Oh non, non, non. En soi,
15:05 constitutionnellement, organiquement, c'est un ministère
15:07 qui a de la vérité, qui est utile.
15:09 N'allons pas jusque là.
15:11 - C'est une question d'hommes ou de femmes, c'est quoi ?
15:13 - Mais politiquement, je pense que...
15:15 De toute façon, je vais vous dire, je crois,
15:17 mes cours de droit constitutionnel me disent que
15:19 en Ve République, le président
15:21 de la République décide de tout.
15:23 Et malheureusement, on l'a vu,
15:25 il nous l'a prouvé de nombreuses fois,
15:27 Emmanuel Macron ne s'intéresse pas
15:29 à ces sujets-là.
15:31 Il ne s'intéresse pas à la justice et à l'insécurité.
15:33 Moi, je me souviens, pendant le débat d'entre-deux-tours
15:35 contre Marine Le Pen en 2022,
15:37 on n'a été pratiquement pas abordé
15:39 cette question de sécurité, ce qui était très étonnant.
15:41 C'était un sujet quand même super important.
15:43 Et quand on l'a abordé, je me souviens très bien
15:45 avoir entendu Emmanuel Macron déclamer
15:47 les mêmes poncifs que j'entendais,
15:49 que j'entends depuis dix ans,
15:51 qui sont les poncifs que les élites urbaines
15:53 de centre-gauche ont en tête,
15:55 qui est "la prison n'est pas toujours
15:57 la bonne solution", vous savez...
15:59 - Au contraire, au contraire.
16:01 - Oui, voilà, mais au bout d'un moment, on sentait qu'il n'y avait eu
16:03 aucune réflexion personnelle. Il ne s'intéresse pas
16:05 à ces sujets-là, ça ne l'intéresse pas.
16:07 Il s'intéresse à la diplomatie, l'économie,
16:09 qui sont des choses importantes, mais les Français
16:11 rappellent, sondage après sondage,
16:13 que l'insécurité est un des sujets majeurs.
16:15 La première des libertés, la sécurité.
16:17 - Il est temps d'avoir du courage, la volonté
16:19 et peut-être, et peut-être, penser
16:21 au-delà de la prochaine élection.
16:23 Merci Pierre-Marie Sèvres.
16:25 - Merci Pierre-Marie Sèvres d'avoir été avec nous. On va marquer
16:27 une courte pause sur Sud Radio, puis après
16:29 on fera les perles, les huées et les bravos
16:31 d'André Bercoff avant de se retrouver pour la face-à-face.
16:33 A tout de suite sur Sud Radio.
16:35 Sud Radio Bercoff,
16:37 dans tous ses états. Appelez maintenant
16:39 pour réagir 0 826
16:41 300 300.