Céline Alonzo et André Bercoff reçoivent Raphaëlle Bacqué et Samuel Blumenfeld qui publient "Une affaire très française - Depardieu, l'enquête inédite" publié aux éditions Albin Michel.
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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2024-04-12##
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00:00 SUDRADIO LA CULTURE
00:02 Dans tous ses états, André Bercoff, Céline Alonso.
00:05 Vous !
00:07 Vous avez un nez !
00:10 Euh... un nez.
00:13 Très grand !
00:15 Très !
00:17 Ah !
00:18 C'est tout ?
00:21 Oui.
00:23 Ah non ! C'est un peu court, jeune homme.
00:25 On pouvait dire, oh Dieu, bien des choses nous en sommes en variant des mots.
00:29 En variant le ton.
00:31 Par exemple, tenez.
00:32 Agressif.
00:33 Moi, monsieur, si j'avais un tel nez, il faudrait sur le champ que je me l'amputasse.
00:36 Amical.
00:37 Mais il doit tremper dans votre tasse.
00:38 Pour boire, faites-vous fabriquer un anap.
00:41 Descriptif.
00:42 C'est un roc.
00:44 C'est un pic.
00:45 C'est un cap.
00:46 Que dis-je ? C'est un cap.
00:47 C'est une péninsule.
00:49 Curieux.
00:50 Oui, Gérard Depardieu, au sommet de son art, André Bercoff,
00:53 c'était dans Cyrano donc, de Bergerac,
00:55 de Jean-Paul Rapneau,
00:57 alors autrefois, ont loué sa verbe rablaisienne,
01:00 mais le scandale a précipité, malheureusement, sa chute.
01:03 Il a été mis en examen, donc en décembre 2020,
01:06 pour viol et agression sexuelle, des faits qu'il conteste, André.
01:10 Et il aura fallu, ben, près de, plus de dix ans
01:13 pour voir ce mythe s'autodétruire sous nos yeux, André.
01:17 Oui, c'est terrifiant.
01:20 Moi, personnellement, je suis à...
01:22 Qu'on vous dire ?
01:23 Depardieu est un immense acteur.
01:25 Le plus grand, quand même, de ces vingt ou trente dernières années.
01:30 C'est un... Voilà.
01:32 C'est lui, c'est un cap, c'est une péninsule,
01:35 c'est un espèce de monstre sacré,
01:37 et qu'on traite aujourd'hui,
01:39 et malheureusement, on se dit, est-ce que c'est vrai, un sacré monstre ?
01:43 Quand même, enfin, on se rappelle tous,
01:46 on l'a tous connu, y compris les plus jeunes,
01:48 les Valseuses, Jean de Florette, Lachèvre, le dernier métro,
01:51 les fugitifs, Germinal, Christophe Colomb, etc., etc., etc.
01:54 Et puis voilà qu'un livre sort, effectivement,
01:57 de Raphaël Baquet, qui est grand reporter au monde,
02:00 Samuel Buhlmann-Faith, qui est critique de cinéma également,
02:02 dont vous êtes rédaction chef adjoint du Monde Magazine,
02:05 et vous publiez cette affaire très française,
02:08 Depardieu, l'histoire secrète d'une chute,
02:10 oui, c'est ça, cette vertigineuse
02:13 devenue une affaire de tout un pays,
02:15 chez Albain Michel.
02:17 Et en fait, moi, ce qui me fascine,
02:21 c'est qu'on se dit,
02:23 à chaque fois, on se dit ça,
02:25 on se dit le Dr Jekyll et Mr Hyde,
02:27 qu'est-ce qu'il fait, qu'un tel acteur,
02:29 qu'un tel homme, qu'une telle espèce de...
02:31 On l'a vu dans diverses affaires,
02:33 et puis il y a eu tout le côté extra-cinéma,
02:36 et tout l'exil fiscal, les compromissions, etc.,
02:40 et puis ce type qui nous a enchantés,
02:42 qui a fait aussi, évidemment, des nanars et des navets,
02:45 mais qui a fait des films extraordinaires,
02:47 et voilà, et vous racontez, effectivement,
02:49 vous avez retracé un peu toute sa carrière,
02:51 toute sa vie,
02:53 et c'est un livre assez, je dirais, terrifiant,
02:56 au sens du terme, où on se dit, mais voilà encore,
02:59 non pas la chute d'une idole,
03:01 mais comment une idole peut avoir sa propre chute
03:03 et ses propres démons, Céline.
03:05 La chute d'un monstre sacré, André Bercoff,
03:07 on va en parler dans un instant sur Sud Radio,
03:09 avec Raphaël Baquet et Samuel Blumenfeld.
03:12 Sud Radio, la culture dans tous ses états,
03:16 André Bercoff, Céline Alonso.
03:18 Voilà combien de jours, voilà combien de nuits,
03:20 voilà combien de temps que tu es reparti.
03:23 Tu m'as dit cette fois, c'est le dernier voyage,
03:26 pour nos cœurs déchirés, c'est le dernier naufrage.
03:29 Au printemps, tu verras, je serai de retour.
03:32 Le printemps, c'est joli pour se parler d'amour.
03:35 Nous irons voir ensemble les jardins refleurir
03:39 et déambulerons dans les rues de Paris.
03:42 Et oui, magistral de Pardieu,
03:44 qui rend hommage à Barbara André Bercoff,
03:46 il disait d'elle, on savait,
03:48 on avait la même sauvagerie, la même violence à l'intérieur.
03:51 Alors pour parler de ce monstre sacré du cinéma français,
03:54 nous avons le plaisir de recevoir Raphaël Baquet
03:56 et Samuel Blumenfeld,
03:58 qui publie une enquête choc sur lui.
04:00 Bonjour à vous et merci d'être avec nous sur Sud Radio.
04:03 Alors dans votre livre,
04:05 "Une affaire très française" paru chez Alban Michel,
04:07 vous racontez son ascension,
04:09 et surtout sa chute vertigineuse,
04:11 celle d'un Dr. Jekyll et Mr. Hyde,
04:13 une dualité qui l'a toujours habité,
04:16 surtout depuis l'enfance.
04:18 Dans quel univers a-t-il grandi ?
04:20 On peut dire que son histoire familiale
04:22 est assez sombre, Raphaël Baquet.
04:24 Oui, c'est un enfant de Châteauroux,
04:26 un enfant d'un milieu modeste,
04:28 et surtout il est assez vite livré à lui-même.
04:31 Ses parents ne s'occupent pas vraiment de lui,
04:33 il a cinq enfants.
04:35 Il dit lui-même, "J'ai grandi comme une herbe folle
04:37 entre les jambes de ma mère".
04:39 C'est assez juste.
04:41 Il a eu une enfance de petit voyou, en fait,
04:43 une adolescence de petit voyou à Châteauroux.
04:45 Il avait une base américaine de l'OTAN.
04:47 Il faisait du petit trafic, d'alcool, de cigarettes.
04:51 Et, à vrai dire, sa chance a été d'avoir
04:55 deux voisins amis qui, eux, étaient fils de notable,
04:58 enfin, de notable de Châteauroux, fils de médecin.
05:01 Et c'est eux qui l'ont embarqué à Paris,
05:03 où eux allaient faire du théâtre.
05:05 Et c'est comme ça qu'il est parti un peu à l'aventure,
05:07 et que là, il a explosé,
05:09 et que son véritable talent, totalement naturel,
05:12 a été épatant et a ébloui
05:16 tous ceux qui l'ont vu à ce moment-là.
05:18 - Et oui, et il débarque donc à Paris, à l'âge de 18 ans.
05:20 On est en 1966, et depuis ce jour-là,
05:23 vous dites qu'il a largué les amarres d'une existence
05:25 sans avenir, effectivement, à Châteauroux.
05:27 Il a effacé l'idée d'échec, écrivez-vous, dans votre livre.
05:31 - Oui, il s'est vraiment construit tout seul.
05:36 Ça, c'est vrai. C'est rare.
05:38 Surtout dans ce milieu assez bourgeois,
05:42 il faut bien le dire, que le cinéma.
05:44 Donc, il a vraiment forcé le destin,
05:47 ouvert toutes les portes à la volée,
05:50 alors qu'on ne l'attendait pas,
05:52 alors qu'il n'avait même pas le physique d'un jeune premier.
05:54 Et c'est vraiment son talent qui a explosé à la figure de tous.
05:59 Donc, on peut dire qu'effectivement, il s'est fait tout seul.
06:02 Il est d'ailleurs tout à fait autodidacte.
06:04 - Et d'emblée, ce talent a explosé d'emblée aux yeux de tout le monde.
06:07 - Oui, d'abord, il a compris deux choses
06:11 que la plupart de gens ne comprennent pas.
06:13 Quelles que soient d'ailleurs leurs origines sociales, bourgeoises, ouvrières.
06:18 Il a compris, en fait, qu'il était certes doué,
06:22 mais qu'il n'y arriverait pas sans travail.
06:24 Donc, il a compris d'emblée qu'il fallait qu'il...
06:27 - La valeur travail.
06:28 - Voilà, qu'il fallait qu'il identifie ses carences
06:31 pour pouvoir progresser, arriver à ses fins.
06:35 Maintenant, quand on dit son talent, son génie,
06:39 l'effet qu'il produit.
06:40 L'effet qu'il produit est extrêmement singulier.
06:42 Je dirais que c'est une chose que l'on a ou que l'on n'a pas.
06:45 La plupart du temps, d'ailleurs, on ne l'a pas.
06:47 Ce n'est pas grave, on s'en remet.
06:49 Mais lui, il a cette propriété quasi unique dans l'histoire du cinéma français.
06:54 On va dire que, si vous voulez, il y a une dizaine d'acteurs
06:58 qui produisent cet effet-là à l'écran.
07:00 C'est que Depardieu, dès son deuxième film,
07:05 je dirais deuxième ou troisième film, "Le Tueur",
07:07 de Nid de la Patellière,
07:09 il a un rôle de figuration, de quasi-figuration.
07:12 Il a trois scènes dans le film.
07:14 - Il explose. On le voit.
07:16 - Il est en face de Jean Gabin.
07:17 Très, très important, si vous voulez.
07:19 C'est qu'en fait, il se joue un moment, d'ailleurs,
07:21 que Gabin saisit mieux que Depardieu.
07:23 Jean Gabin, c'est le grand acteur de l'avant-guerre, aussi.
07:27 L'un des grands acteurs de l'après-guerre.
07:29 C'est la plus grande carrière de l'histoire du cinéma français.
07:32 C'est aussi quelqu'un doté d'un cerveau assez exceptionnel
07:35 qui identifie d'emblée son véritable successeur.
07:39 - Il le dit, Gabin.
07:41 - Il le dit. On dit toujours, il y a Delon Balmondo.
07:43 Delon Balmondo sont d'immenses acteurs
07:45 qui ont un voisinage évident avec Gabin,
07:47 mais qui n'ont pas, dirais-je, cette quasi-gémellité.
07:50 Il y a une ressemblance physique entre Gabin et Depardieu.
07:54 Elle est très importante.
07:55 Et en fait, ils ont cette même origine prolétaire.
07:58 Et si vous voulez, Depardieu, dès son tout premier film,
08:04 "Le Tueur", il arrive sur le plateau.
08:07 Il arrive sur le plateau en anonyme complet.
08:10 Et a priori, c'est un homme sans qualité.
08:13 Et bien, quand il arrive, le silence s'installe.
08:16 Et c'est le silence qui s'installe lorsqu'apparaît le génie.
08:21 Or, une équipe de tournage a guéri celle identifiée.
08:25 Parce que des acteurs, ils en ont vu des centaines.
08:28 Donc, il y a effectivement, dans le cas de Gérard Depardieu,
08:32 quelque chose d'absolument magique.
08:34 Parce que tout simplement magique au sens où
08:36 le destin ne prévoyait pas cela.
08:39 Il avait tout pour lui, mais en même temps,
08:42 son destin n'était absolument pas écrit.
08:44 Et soudain, en fait, dès sa première apparition,
08:48 il a toute la vie devant lui.
08:50 - Il irradie. Il est là, il irradie.
08:53 Il occupe l'espace.
08:55 - Absolument. La star de cinéma est quelqu'un
08:57 qui impose une autorité sur un plateau
08:59 et qui n'a pas besoin de vociférer pour cela.
09:01 - Alors même qu'encore une fois,
09:03 il a un physique de camionneur, pas du tout jeune premier,
09:05 c'est pas justement Alain Delon.
09:07 Alors même qu'il bégaye, même, au départ.
09:10 Et qu'il est un culte aussi.
09:13 - Oui, parce qu'il a quitté l'école très jeune, à 12 ans.
09:16 - Or, il va tout transformer.
09:19 Il va à la fois apprendre à corriger son élocution
09:23 et à parler véritablement.
09:25 Il va plonger dans les grands textes
09:28 et se forger une culture personnelle
09:31 et littéraire et théâtrale qui lui manquait.
09:34 Et il va jouer de son physique.
09:36 C'est-à-dire avec cette voix qu'on lui a déjà entendue,
09:39 qui peut transformer en une voix extraordinairement douce,
09:43 alors qu'il a 40 de déménageur.
09:45 Et donc vraiment, ça, il va toujours jouer
09:48 sur ses contre-emplois, sur ses contrastes,
09:51 sur ses propres défauts,
09:53 pour devenir un acteur exceptionnel, celui qu'on a tous en mémoire.
09:56 - Et oui, et dans votre livre, vous racontez effectivement
09:58 une anecdote assez amusante.
10:00 C'est comment, de quelle façon, il a débarqué à l'âge de 24 ans,
10:03 grâce à son culot, au casting des "Welshers",
10:06 auquel il n'était pas convié.
10:08 En plus, il n'avait absolument pas le profil du fameux Jean-Claude.
10:11 Comment il a réussi à convaincre Blié de lui donner ce rôle ?
10:15 - Bertrand Blié, oui.
10:16 Tout simplement, il est arrivé en conquérant.
10:19 Alors certes, il n'était pas invité,
10:21 mais non seulement, justement, il n'était pas convié,
10:23 mais en plus, il a considéré qu'il entrait en terrain conquis.
10:27 Maintenant, il ne suffit pas d'entrer en terrain conquis
10:30 pour conquérir.
10:32 Mais dans le cas de Depardieu, si vous voulez,
10:34 il avait une préscience, une intuition supérieure
10:38 à celle de son metteur en scène.
10:39 Alors aujourd'hui, on se dit, mais oui, c'est logique,
10:41 les "Welshers", Bertrand Blié, Patrick Devers, Gérard Depardieu,
10:45 comment pouvait-on, comment peut-on imaginer
10:48 ce film avec quelqu'un d'autre ?
10:50 Maintenant, si on se remet bien dans le contexte de l'époque,
10:52 Bertrand Blié, ce n'est pas un nom.
10:55 C'est un nom, c'est celui de son père.
10:57 Mais il est encore loin de s'être fait un vrai nom.
11:00 Très, très loin.
11:01 Si vous voulez, les "Welshers", effectivement,
11:03 c'est un scénario qui peut séduire.
11:06 Mais si vous voulez, c'est un film que personne n'attend.
11:09 Je veux dire, certainement pas à cette échelle-là.
11:11 N'oublions pas, nous parlons...
11:12 - Surtout, il y a eu le roman du même Bertrand Blié.
11:14 - Il y a eu le roman, qui s'est plutôt bien vendu.
11:17 Nous sommes loin d'imaginer que ce film va faire environ 5 millions d'entrées
11:21 pour un film interdit au moins de 18 ans.
11:23 - Oui, parce qu'il fera scandale, effectivement, à sa sortie en 1974.
11:26 - Et tout simplement, il se passe un phénomène très clair.
11:29 Gérard Depardieu sait tout mieux que les autres.
11:33 Et il le sait mieux parce que, tout simplement,
11:35 il a cette intuition que presque personne d'autre ne possède.
11:39 - Oui, vous dites, effectivement, précisément,
11:41 que l'histoire des valseuses pouvait devenir une sorte d'emblème des 70's.
11:46 - Oui, il a très bien compris qu'on est dans une période d'émancipation sexuelle,
11:51 où on va choquer le bourgeois.
11:54 C'est la fin de Pompidou et bientôt, la modernité du jusqu'à Destin.
12:00 C'est l'après 68.
12:01 Et il comprend tout ça.
12:03 Et il va l'incarner mieux que personne.
12:05 Et c'est vrai qu'il va devenir l'emblème de cette émancipation.
12:08 Le film va devenir un film culte.
12:10 Aujourd'hui, quand on le regarde, honnêtement,
12:13 c'est impossible de refaire un film pareil.
12:15 Il y a une vision des femmes tout à fait dépassée.
12:18 Mais à l'époque, c'est le film de la liberté.
12:21 Et il va devenir cet effigie de la liberté sexuelle, mentale,
12:27 la modernité de l'époque.
12:28 - Et oui.
12:29 Et vous dites que dès le tournage, effectivement, de ce film,
12:31 à l'été 73, le producteur avait dit à Blié,
12:35 Depardieu va faire peur aux femmes.
12:38 - Alors ça, vous me direz, on disait la même chose de Jean-Paul Belmondo
12:42 au début de sa carrière, y compris à Bout de Souffle.
12:44 Donc encore une fois, les anticipations, les jugements des hommes sur les femmes
12:49 sont parfois malheureux quand même.
12:50 Il faudrait mieux consulter les femmes d'abord,
12:52 comme ça on perdra moins de temps.
12:54 Donc si vous voulez, en fait, je dis ça tout simplement
12:58 parce que les physiques des stars,
13:01 puisque une star définit régulièrement un nouveau physique,
13:04 si vous voulez, les physiques des stars sont toujours en avance sur leur temps.
13:07 Et puis une fois qu'elles s'imposent, on se rend compte,
13:09 bien évidemment, cela va de soi.
13:11 Donc Depardieu devient une évidence pour tout le monde,
13:14 mais pas encore pour certains producteurs.
13:16 - Oui. Alors Piala a été son mentor.
13:19 Vous lui consacrez effectivement un chapitre dans votre livre.
13:21 Depardieu a fait quatre grands films avec lui.
13:24 Vous dites que leurs relations comportent une face noire,
13:27 faite de violence, de dureté, d'humiliation entre eux,
13:30 mais aussi envers les autres.
13:32 Comment cela se manifestait-il entre eux et les autres ?
13:35 - D'abord, bon, vous avez...
13:37 Maurice Piala était quand même un metteur en scène extrêmement dur.
13:41 - Très exigeant.
13:42 - Très exigeant, injuste, autoritaire, insultant.
13:46 Donc si vous voulez, les acteurs,
13:49 donc acteurs, que ce soit second rôle, troisième rôle et star,
13:53 enfin star et premier rôle, passaient à la moulinette.
13:56 Régulièrement, ils vivaient une expérience traumatisante.
13:59 Je veux dire, Philippe Léotard vit une expérience désastreuse sur la gueule ouverte,
14:05 d'ailleurs qui était un rôle qui était à l'origine d'Evolu à Depardieu.
14:09 Et Piala en a voulu à Depardieu de ne pas faire ce film.
14:12 Depardieu avait fait à la place des valseuses,
14:14 à raison pour sa carrière.
14:16 Dimarchand sur Loulou.
14:18 Enfin, si vous voulez, Richard Anconina sur Police.
14:21 Régulièrement, les acteurs étaient laminés par Maurice Piala.
14:26 Simplement, Maurice Piala s'est transformé en duo.
14:32 Pas tant à partir de leur premier film Loulou,
14:34 qu'à partir de Police, où véritablement c'est devenu un couple infernal.
14:39 Et véritablement, vous aviez derrière la caméra Piala,
14:43 et puis sur le plateau, vous aviez Depardieu qui était devenu le bras armé de Piala.
14:47 - Et oui, vous dites que les victimes de leurs complicités sont très nombreuses,
14:52 notamment Sophie Marceau.
14:54 - Oui, nous avons le cas à Sophie Marceau,
14:56 qui est un cas quand même effarant.
14:59 Remettons les choses dans leur contexte,
15:02 on se retrouve au milieu des années 80 avec Police,
15:06 qui a un tournage très difficile,
15:08 de toute façon il est toujours difficile chez Piala,
15:10 mais où Sophie Marceau, son rôle exige qu'elle se ramasse des baffes
15:14 de la part du commissaire incarné par Gérard Depardieu.
15:18 Elle se ramasse de vraies baffes.
15:20 Et comme nous sommes au cinéma, on refait les prises.
15:22 Donc elle se ramasse beaucoup de baffes.
15:24 - Et surtout, elle est toute jeune.
15:26 Elle a entre 17 et 18 ans.
15:28 Elle est au réolé du succès de la boum.
15:30 C'est un film populaire qui suscite le plus grand mépris de la part de Piala.
15:35 - Et à l'époque, elle a eu le courage de dénoncer ce qui se passait.
15:38 - Elle est très courageuse et assez solide,
15:40 parce qu'elle fait face à deux tyrans infernaux.
15:44 Et effectivement, elle va se plaindre,
15:47 elle va dire ce qui s'est passé,
15:49 et Piala va la traiter publiquement de conne.
15:52 - Grosse conne !
15:54 - Il se rectifie après pour dire grosse conne.
15:56 Et il emporte les rieurs avec lui.
15:59 C'est elle qui perdra cette bataille vis-à-vis de la communication au public.
16:05 Donc c'est vrai qu'on voit déjà se dessiner une forme d'autorité en roue libre.
16:10 - Elle brise la loi du silence.
16:12 Et cette loi du silence, c'est aussi celle du cinéma français.
16:16 D'un certain cinéma français, d'un mode de fonctionnement du cinéma.
16:20 Elle arrive et dit "attendez, je me suis ramassé des baffes".
16:24 C'est pas ramassé que des baffes, vous savez.
16:26 Il y a des scènes au lit très chaudes entre elle et Depardieu.
16:31 - Oui, qu'est-ce qui s'est passé effectivement ?
16:33 - Depardieu y va gaiement, il y va vraiment très gaiement.
16:35 Donc si vous voulez, tout d'un coup, elle brise la loi du silence et dit
16:38 "Cela n'est pas admissible".
16:40 Et parce qu'elle le dit, elle se fait traîner dans la boue.
16:43 - Mais sur le tournage de police, il a eu des gestes déplacés, pas qu'avec elle apparemment.
16:48 D'après ce que vous racontez.
16:50 - En fait, nous pensions que c'était une dérive des dernières années.
16:53 Et en enquêtant sur lui, on s'est aperçu que pas du tout.
16:56 C'était sa façon d'être.
16:59 - Sa façon d'être depuis toujours.
17:02 - Alors, moi, juste une question là-dessus.
17:04 Justement, je demande aussi bien au spécialiste cinéma qui est Samuel Lullapen
17:08 qu'au reporter qui est Raphaël Baquet.
17:11 Est-ce qu'à l'époque, ça n'excuse rien, est-ce qu'à l'époque, ce n'était pas la coutume ?
17:15 C'est-à-dire, il y avait encore cette espèce de machisme qui était là.
17:19 L'homme, c'était l'homme. La femme, c'était la femme.
17:22 Et je ne dis pas que ça excuse. Simplement, est-ce que ce n'était pas la normalité de l'époque ?
17:26 - Alors, la normalité, ça peut être la normalité de l'époque.
17:30 Mais enfin, encore une fois, ce n'est pas tant l'époque que le milieu du cinéma.
17:34 Quand même.
17:35 Et le milieu du cinéma est surtout en particulier celui d'un tournage.
17:38 C'est un ordre féodal.
17:40 Et parmi les règles, un ordre féodal, donc véritablement très pyramidal.
17:45 Et tout en haut de cette pyramide se situe le producteur.
17:48 Mais le producteur n'est pas tout le temps sur le plateau.
17:51 Et donc, vous avez le réalisateur et la star.
17:54 - Mais tout le monde était complice.
17:56 - Mais tout le monde était complice.
17:58 Parce que tout simplement, il réjonte tout.
18:00 Et puis, toute l'économie du film, et donc tous les salaires de l'équipe,
18:04 reposent sur les épaules de ces deux individus.
18:07 - Et oui.
18:08 - Depardieu ne s'est jamais caché.
18:10 C'est ça qui nous a frappés.
18:11 - Oui, c'est ça.
18:12 - Il a même besoin d'un public.
18:13 C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'il transgresse, je ne peux même pas dire la bienséance,
18:18 les relations normales entre hommes, femmes et hommes entre eux même.
18:23 Parce que les distributions de main aux fesses, c'est pour tout le monde.
18:27 - C'est général.
18:28 - C'est général.
18:29 - Pas pour tout le monde, parce que vous dites qu'effectivement,
18:31 il a surtout harcelé des femmes en situation de faiblesse.
18:34 - Oui.
18:35 Il a un sens des hiérarchies tout de même, Gérard Depardieu.
18:37 Effectivement, il n'agresse pas les femmes qui sont ses équivalents.
18:40 Il n'agresse pas les femmes qui sont stars.
18:42 - Il respecte l'ordre féodal.
18:44 - Oui.
18:45 Il n'agresse jamais Catherine Deneuve, Annie Ardent, pas du tout.
18:48 En revanche, oui, il agresse les petites mains du cinéma,
18:52 celles qui sont précaires, les maquilleuses, les figurantes, les habilleuses.
18:56 Et c'est vrai, en même temps, il le fait aux yeux de tous,
19:00 parfois même devant la caméra.
19:02 Il suscite les rires.
19:04 Alors oui, vous dites, est-ce que tout le monde ne faisait pas ça ?
19:08 D'abord, non, tout le monde ne faisait pas ça.
19:10 Mais en revanche, ça ne choquait pas.
19:12 En revanche, ça ne choquait pas.
19:14 C'est-à-dire que même si ça faisait rire,
19:16 on considérait que ça faisait partie de son personnage.
19:18 - C'est la gaudriole.
19:20 - On considérait que Gérard était rablaisien, comme on disait.
19:23 - Exactement.
19:24 - Et non pas un type violent, agressif,
19:30 et vraiment qui faisait des choses inadmissibles aujourd'hui.
19:33 - J'étais très frappé que lorsque je parlais à telle ou telle personne
19:39 durant mon enquête, dont je parle de gens qui avaient travaillé
19:43 avec Depardieu sur des plateaux, c'était frappant.
19:45 Je n'étais pas là pour les interroger sur la question du comportement,
19:49 directement sur la question du comportement de Depardieu sur un plateau.
19:52 Mais c'était étonnant.
19:53 À chaque fois, il commençait par me dire...
19:55 - Pour raconter ça.
19:56 - "Ah, Gérard a toujours mis ses mains partout,
19:59 sur les filles, parfois sur les mecs, mais surtout sur les filles.
20:01 Ben oui, Gérard, il a toujours été comme ça."
20:03 Et là, vous vous dites "Il a toujours été comme ça,
20:05 mais il ne peut pas continuer d'être comme ça.
20:07 Ce n'est pas possible."
20:09 Mais en préambule, systématiquement, j'avais "Ben oui, il est comme ça."
20:12 - Et oui.
20:13 Et en 2003, effectivement, vous l'écrivez dans votre livre,
20:15 juste avant sa mort, Pialat, qui était devenu en quelque sorte son père,
20:19 lui a dit "Il faut faire attention aux femmes."
20:22 - Oui.
20:23 On ne sait pas s'il le dit au sens "Tu seras accusé plus tard par elle."
20:27 Mais en tout cas, oui, ton comportement doit être un peu différent avec elles,
20:32 car elles sont fortes, elles aussi.
20:34 Et peut-être que Gérard Depardieu ne l'a pas toujours compris.
20:37 En tout cas, il a fait une différence entre les femmes qui avaient son statut et les autres.
20:42 - Oui, ça c'est important, parce que, justement, juste un mot,
20:45 les femmes qui avaient son statut l'ont défendue.
20:48 - Mais bien sûr, parce qu'avec elles, il est gênant.
20:50 - C'est intéressant.
20:51 - Avec elles, il peut être au contraire tout ce qu'il y ait de plus cultivé,
20:55 poétique, attentionné.
20:57 Il est tout à fait différent.
20:59 - Comme il a été Barbara, Catherine Meneuve et autres.
21:03 - Il y a deux hommes en lui, comme aurait dit Truffaut.
21:06 Mais oui, bien sûr, il a deux visages.
21:09 Et on ne peut pas dire qu'il est infernal avec toutes les femmes, ce n'est pas vrai.
21:13 Mais il n'est pas gentleman avec toutes les femmes non plus.
21:16 - Et justement, dans le livre qu'il avait publié au Cherche-Mini en 2020,
21:20 il disait "Je suis parfois un innocent, parfois un monstre."
21:24 "Tout ce qui est entre les deux ne m'intéresse pas."
21:26 "Tout ce qui est entre les deux est corrompu."
21:29 "Seul l'innocent et le monstre sont libres."
21:32 Gérard Depardieu, André Bercoff, on va continuer d'en parler dans un instant sur Sud Radio.
21:37 On va parler de son goût pour l'argent, de sa fascination pour les dictateurs.
21:41 Pour Castro, il était une vedette et un investisseur.
21:45 Pour Poutine, une prise de guerre.
21:47 A tout de suite sur Sud Radio.
21:51 Sud Radio, la culture dans tous ses états. André Bercoff, Céline Alonso.
21:55 "Du plus loin, que me revienne l'ombre de mes amours anciennes."
22:02 "Du plus loin, du premier rendez-vous, du temps des premières peines."
22:12 "Lors j'avais quinze ans à peine, coeur tout blanc et griffes aux genoux."
22:20 "Que ce fut j'étais précoce de tendre amours de gosse."
22:28 "Ou les morceaux d'un amour fou."
22:33 "Du plus loin, qu'il m'en souvienne..."
22:37 Depardieu en état de grâce, André Bercoff, quand il chante "Barbara", son histoire d'amour avec le cinéma,
22:43 a été l'une des plus belles du cinéma mondial.
22:46 Pourquoi à un moment, il s'en est désintéressé, il jette à peine un oeil au scénario,
22:51 se contentant surtout de négocier le montant de ses cachets, écrivez-vous,
22:55 dans votre livre "Une affaire très française" paru chez Albain Michel,
22:59 un livre dans lequel vous décortiquez sa chute Raphaël Baquet et Samuel Blumenfeld.
23:04 Moi je dirais que c'est un processus, somme toute, très logique,
23:08 quand on le met en perspective avec le comportement d'autres salles de cinéma.
23:12 Sauf que chez Depardieu c'est beaucoup plus effectif.
23:14 C'est beaucoup plus excessif, effectivement.
23:17 C'est la carrière de Depardieu, c'est terriblement une carrière de star,
23:21 vous savez, quand vous avez 10 ans de carrière, c'est énorme.
23:24 Dans le cadre de Depardieu, vous avez une bonne vingtaine d'années
23:27 où il fait vraiment, où il enchaîne les grands films,
23:30 entre le mi-temps des années 70 et le mi-temps des années 80,
23:34 d'ici où il tourne "Le Garçu", son dernier film avec Maurice Pialat.
23:39 Or je pense qu'à ce moment-là, se casse quelque chose chez Depardieu,
23:42 c'est-à-dire qu'il se rend compte qu'il ne reçoit plus les grands scénarios
23:46 qu'il obtenait auparavant, parce que le cinéma a changé,
23:49 parce que l'écosystème des grands réalisateurs s'est appauvri.
23:55 Sa carrière américaine a tourné court suite à la désastreuse campagne
24:02 des Oscars pour Cyrano, et donc soudain son système s'est atrophié.
24:09 Il y a aussi une lassitude au bout de 20 ans, où il a été en permanence
24:14 sur des cimes à la fois artistiques et commerciales, car n'oublions pas
24:18 que le cinéma français dans les années 80 repose industriellement sur lui,
24:24 sur ses épaules, c'est un pouvoir considérable.
24:27 Sur son nom, on monte un film de plusieurs millions, c'est ça ?
24:31 Donc il s'enlace, il finit par s'enlacer, il se rend compte qu'il ne tournera plus
24:35 les grands films qu'il tournait auparavant, et puis il y a cette hubris
24:39 qui le laisse imaginer qu'il est effectivement génial devant une caméra,
24:44 on le lui dit, il en a conscience parce qu'il est intelligent dans son genre,
24:48 mais il se dit "si je suis génial devant une caméra, pourquoi ne serais-je pas génial
24:54 en faisant des affaires ?" Et là commencent les grandes catastrophes.
24:59 - Et oui, car Octavio n'était pas un homme d'affaires à viser.
25:03 - Et dans son sillon, le fameux roi du poulet Gérard Bourgoin,
25:08 avec lui il va l'emmener à Cuba faire des affaires,
25:12 mais ça va être un fiasco le plus total, racontez-nous.
25:15 - Parce qu'au départ il veut faire du vin, ce qui lui ressemble.
25:19 Il est tellement la personnification de ce qu'est la France,
25:23 le vignoble, la bonne chair, c'est pour lui.
25:25 Et puis il va être entraîné peu à peu, d'abord par la pâte du gain,
25:29 il est assez vénal Gérard Depardieu.
25:32 Et donc effectivement il va être utilisé pour son image,
25:35 c'est tout de même notre acteur français le plus connu à l'étranger.
25:38 Donc les hommes d'affaires qui ont des affaires internationales,
25:41 ça les intéresse d'avoir Gérard Depardieu dans leur bagage.
25:45 Et c'est vrai qu'il est embarqué par Bourgoin à Cuba
25:48 pour investir dans des forages de pétrole.
25:51 - Qui n'ont rien donné d'ailleurs.
25:53 - C'est une très mauvaise affaire.
25:55 Mais il rencontre Fidel Castro, il rencontre enfin quelqu'un à sa mesure.
25:59 Et ça va être le début de cette collection de dictateurs qu'il va constituer.
26:04 Après Castro, il va aller plus à l'est,
26:07 il va aller en Russie, en Tchétchénie, en Biélorussie,
26:12 côtoyer tous les tyrans de la planète,
26:15 dans lesquels il va retrouver une figure à sa mesure.
26:19 Des figures viriles, autoritaires, connues du monde entier,
26:24 qui durent et qui dominent leur milieu et leur société.
26:27 - Qui font l'histoire, comme lui.
26:29 - Et vous ne vouliez pas qu'il a incarné lui-même,
26:32 Christophe Colomb, Danton, il a incarné des personnages historiques.
26:37 Il lui faut trouver face à lui d'autres personnages historiques.
26:41 - Et un soir, il se retrouve à Moscou, à un dîner, avec Gorbatchev.
26:46 Vous racontez de quelle façon Gorbatchev l'a interpellé.
26:50 C'est assez cocasse, racontez-nous.
26:52 - Oui, Gorbatchev, il est inquiet. C'est le moment chaotique.
26:56 - C'est le début de l'effondrement.
26:58 - Le début de l'effondrement, c'est la fin de l'URSS.
27:01 Et il est inquiet, Gorbatchev.
27:04 Et il se demande un peu ce que ça...
27:06 Et il voit une espèce de Depardieu assez insouciant, en fait,
27:09 qui est déjà en train de frayer avec Yeltsin,
27:12 qui va d'ailleurs être embarqué dans leur campagne électorale.
27:15 - Il va être beaucoup utilisé, Depardieu.
27:17 - Oui, il sera manipulé.
27:19 - Il fait preuve d'une grande naïveté, peut-être d'une grande bêtise d'ailleurs.
27:23 Il est souvent embarqué, on lui fait tourner des publicités, des spots électoraux.
27:30 Il tourne à peu près tout et n'importe quoi.
27:32 Il fait des publicités pour des plats cuisinés. Il le déteste.
27:35 - Barilla, barilla.
27:37 - Barilla, c'est encore ce qu'il y a de mieux. C'est fait par un cinéaste.
27:40 Mais il fait des publicités pour les montres, fier d'être russe, c'est le slogan.
27:44 Donc, si vous voulez, il va être embarqué dans tout un monde d'affaires et de compromissions
27:49 qui vont ternir quand même son image peu à peu.
27:52 - Oui, et à propos de Poutine, effectivement, vous dites que Depardieu a été pour lui une prise de guerre.
27:57 On va en parler dans un instant, mais avant, écoutons ça.
28:00 * Extrait de « I found my thrill » de Depardieu *
28:17 - Et oui, alors, c'est Poutine que vous entendez.
28:19 - J'adore, c'est Poutine avec l'accent russe. C'est « Fats domino » en russe.
28:22 - Exactement, c'est incroyable.
28:24 Et c'était lors d'un galas de bienfaisance à Saint-Pétersbourg.
28:27 En 2010, il chante devant un parterre de stars internationales.
28:30 Et là, il y a notamment Delon et Depardieu.
28:34 - Et Chargé, il y a tout le gratin d'Hollywood.
28:38 - Nicky Rourke, Sharon Stone, tout ça.
28:41 - Et vous dites qu'effectivement, le maître du Kremlin a vite saisi
28:45 le bénéfice qu'il pouvait tirer de l'image de ce comédien français si populaire
28:50 qui boit comme un Moujig et tient des propos anti-américains.
28:54 Comment Poutine a-t-il réussi à l'appâter, Depardieu ?
28:58 - D'abord, il faut remonter un tout petit peu plus loin à son échec,
29:02 l'échec de sa carrière américaine.
29:05 En 91, il est donc auréolé d'un immense succès international avec Cyrano.
29:11 - Avec Cyrano, oui.
29:13 - Et il est nominé aux Oscars pour l'Oscar du meilleur acteur
29:16 et Cyrano pour l'Oscar du meilleur film étranger.
29:19 Et malheureusement pour Depardieu, ressort à cette époque-là
29:23 une vieille interview qu'il avait donnée des années auparavant
29:27 où il se vantait d'avoir participé à des viols collectifs détournantes
29:31 lorsqu'il était adolescent.
29:33 Ça choque l'Amérique.
29:35 La France, elle, monte au créneau.
29:37 Tous les hommes politiques de droite et de gauche,
29:40 tous les ministres de la culture qui se sont succédés
29:43 montent au créneau pour défendre Depardieu, mais c'est trop tard.
29:46 L'Oscar va lui passer sous le nez et cette carrière américaine
29:50 qui aurait pu être une deuxième vie pour sa vie d'acteur
29:54 va se terminer, va être mornée.
29:57 - C'était avant Me Too, ça.
29:59 - C'est avant Me Too.
30:01 - C'était la première fois en quelque sorte que son passé se retournait contre lui.
30:05 - Mais du coup il va en nourrir un sentiment anti-américain
30:08 qui explique aussi son départ vers l'Est de l'Europe
30:12 où là il a énormément de succès
30:14 car les grandes comédies de Francis Weber ont eu un énorme succès.
30:19 La Chèvre, en Russie, c'est plusieurs millions d'entrées.
30:23 - Il s'était d'ailleurs dans la route Pierre Richard.
30:25 Mais vous voyez, il y a un phénomène intéressant,
30:28 c'est que lorsque sa campagne des Oscars tourne court,
30:32 il est ramené à une réalité qu'il n'avait jamais calculée auparavant.
30:36 Auparavant, depuis le début de sa carrière,
30:38 il jouait le rôle du voyou qui d'ailleurs a enjolivé les choses.
30:43 Il racontait régulièrement son séjour en prison,
30:45 il n'est jamais allé en prison.
30:47 - Richard Depardieu n'y a pas...
30:49 - Il dit "J'ai été voyou" et tout ça.
30:51 - On a l'impression qu'il parlait de son séjour en prison comme Malcolm X
30:53 et soudain il a eu la révélation et s'est mis à lire des livres.
30:56 Bill Vezé.
30:58 Richard Depardieu a fait au maximum un séjour en garde à vue,
31:01 donc cela n'a rien à voir.
31:03 Il a été en permanence encouragé à mythifier ce passé de voyou.
31:08 Donc il se disait "ma foi, c'est la recette du succès".
31:11 Et là il arrive aux Etats-Unis,
31:13 les Etats-Unis ce n'est pas n'importe quel pays, c'est Hollywood.
31:15 C'est "pour un acteur",
31:17 la catégorie au-dessus, il était point moyen
31:20 et là soudain il tente de devenir poids lourd.
31:23 Et comme il ne maîtrise pas les codes,
31:25 comme en fait il est assez arrogant,
31:27 comme il n'a pas conscience des choses...
31:29 - Mais il maîtrisait l'anglais Samuel Blumefeld ?
31:31 - Oh non il ne le maîtrisait pas, il a...
31:33 Très très très mal, véritablement.
31:35 Moi c'est "my tailor is rich" Gérard Depardieu.
31:38 - Et comme en plus il est souvent ivre.
31:40 - Oui, ça n'aide pas.
31:42 - En fait le passage américain le ramène à une réalité douloureuse
31:46 et comme il est guère dans l'introspection,
31:48 ce n'est pas le genre à se dire "attendez, là j'ai commis des erreurs, il fallait corriger".
31:52 Eh bien, au lieu d'aller ouest, il est allé plein est.
31:57 - Et comment justement on revient à cette question,
32:00 comment Poutine a réussi à l'appâter ?
32:02 C'était suite en fait à l'annonce de Hollande
32:07 qui avait effectivement annoncé en 2012
32:10 un taux d'imposition à 75% sur les grandes fortunes
32:14 Depardieu part donc en Belgique.
32:17 Et là le Kremlin, vous le dites,
32:19 flaire aussitôt l'Aubaine pour l'appâter.
32:22 - Ça fait un moment déjà que Poutine le drague, si je puis dire.
32:25 - Oui, il connaît tout sur lui.
32:27 - Il est très surveillé comme d'autres grandes stars internationales.
32:30 Mais Depardieu, oui c'est une cible, on peut le dire.
32:33 Et effectivement lorsqu'il décide de s'exiler fiscalement,
32:36 immédiatement, Poutine donne ordre à son ambassadeur russe en France
32:41 de lui délivrer un passeport.
32:43 Et évidemment, on fait soigneusement la photo
32:46 de Gérard Depardieu avec son passeport.
32:49 Et là, ça va être effectivement une prise de guerre.
32:52 Et suivront toute une série de petits dictateurs satellites,
32:55 si je puis dire, de la Russie.
32:57 - Les Tchétchènes, tout ça.
32:59 - Les Tchétchènes, Kadyrov, Loubachenko, le Biélorusse,
33:02 - L'Azerbaïdjan.
33:04 - Vraiment, toute une série de petits tyrans
33:08 arrivent à la file derrière pour avoir Depardieu.
33:12 On lui offre des appartements, on lui permet de vendre son vin.
33:15 Et surtout, on l'exhibe devant les caméras.
33:18 - Oui, des appartements qu'il n'a jamais habité.
33:21 - Bien sûr que non.
33:23 - Et vous racontez effectivement qu'en Ukraine, en Russie,
33:26 dans tous ces pays, en Azerbaïdjan,
33:28 vous dites qu'il se conduit comme un seigneur
33:30 au temps du cervage avec les femmes,
33:32 notamment qu'il palpe en main quignon
33:35 sans que personne n'y trouve rien à redire.
33:37 - Il était aussi sa trappe, vous voulez dire,
33:39 dans ces pays de l'Est, qu'il était sur les plateaux de cinéma.
33:42 - Oui, il n'a aucune réserve, il ne se contient pas.
33:45 Et d'ailleurs, on l'entoure aussi de ces jeunes femmes.
33:49 Bien sûr, c'est considéré comme une espèce de...
33:53 Bien sûr, on le compromet d'une certaine façon.
33:56 - Et pas que dans les pays de l'Est.
33:58 Par exemple, lorsqu'il tourne au Canada,
34:00 "Aime ton père" avec son fils Guillaume,
34:02 qui est le film qui réunit les deux véritablement,
34:05 un film qui est d'ailleurs une métaphore à peine voilée
34:08 de leurs relations pour le moins compliquées.
34:10 Le réalisateur Jacob Berger me racontait que c'était...
34:13 Ils avaient un dîner avec des officiels...
34:16 - Canadiens ? - Au Canada, au Québec.
34:19 C'était extrêmement gênant parce que les officiers,
34:21 même avec une officielle, ils mettaient ses mains.
34:24 Pour le coup, l'ambiance, c'était pas en rigole,
34:27 on essaye de rigoler un peu pour détendre l'atmosphère,
34:29 mais ils ne savaient pas se tenir.
34:32 En Occident comme en Orient.
34:34 - En fait, ils faisaient pas la différence.
34:35 "Je suis Depardieu, je peux faire..."
34:37 - Il s'est imposé à chaque fois.
34:39 - Alors, autre dictateur que Depardieu rêvait de rencontrer,
34:43 c'est le leader nord-coréen.
34:45 Un mot sur les coulisses de ce film ?
34:48 Vous le racontez dans votre livre.
34:50 - Il y avait Kyan Mok, sontaré du Nord.
34:52 - Depardieu a toujours été utilisé par d'autres.
34:55 Il a une extrême célébrité, c'est une sorte de monstre.
34:59 - Est-ce qu'il se laisse faire par gentillesse,
35:04 par générosité ou parce qu'il s'en fout ?
35:07 Parce qu'il va avec n'importe qui.
35:10 - Là, en l'occurrence, sur la Corée du Nord,
35:12 il rêve d'y aller.
35:14 Car il lui manque ce dictateur nord-coréen dans sa collection.
35:18 - Il manque tout de suite à l'absence
35:20 quand Kyan Mok se propose le scénario.
35:22 - Scénario qui n'existe pas.
35:25 - En tout cas, il lui propose de voyager en Corée du Nord.
35:29 Gérard Depardieu dit immédiatement d'accord et il y va.
35:33 Il est filmé sans arrêt par une petite caméra.
35:37 On le voit bien, on l'a vu dans les images
35:39 que la France entière a vues,
35:40 qui ont été diffusées par compléments d'enquête.
35:42 Mais il se moque qu'on le filme.
35:45 Il peut se montrer de la plus grande obscénité.
35:48 Il se moque totalement de l'effet qu'il produit.
35:51 C'est là qu'on voit qu'il est en roue libre.
35:53 Il a tellement l'habitude de transgresser
35:56 que c'est devenu une espèce de façon d'être indroit.
35:59 - Juste un point, parce que ça a été discuté
36:01 après compléments d'enquête.
36:03 Et même il y a de moins que ça.
36:05 Est-ce que franchement, ce qu'il a dit à un moment donné,
36:08 vous savez là, sur là,
36:10 où il y a le mouille, etc.
36:11 Est-ce que ça s'est dressé vraiment,
36:13 parce qu'il y a eu toute la discussion là-dessus,
36:15 à la petite de 10 ans qui est un cheval,
36:17 ils ont dit pas du tout,
36:19 ça n'a pas été un montage, quelque part.
36:21 Franchement, à votre avis ?
36:23 - Le mystère persiste.
36:24 - Dans le montage original du film,
36:27 que Raphaël et moi avons vu,
36:29 cette scène-là ne figure pas.
36:31 - Elle avait été enlevée.
36:33 - Elle a été enlevée.
36:34 - Elle est trop choquante.
36:35 - Oui, soyons clairs.
36:37 Ce n'est pas le film de Ian Moix.
36:39 Mais en fait, ce qui se passe,
36:41 et là ça dépasse le strict cadre du film de Ian Moix,
36:45 c'est tout simplement,
36:46 nous découvrons Gérard Depardieu en...
36:49 - En roue libre.
36:51 - En flagrante liberté d'existence.
36:54 Et donc, du coup, également en flagrant délit.
36:57 Il est ainsi en Corée du Nord,
37:00 et en fait, nous comprenons tous qu'il est ainsi,
37:03 tout le temps, partout.
37:05 - Parce qu'à vrai dire,
37:06 on nous l'a décrit mille fois,
37:08 comme on l'a vu.
37:10 Ses grognements, ses obscénités,
37:12 ses provocations,
37:14 à l'égard de gens qui parfois ne le comprennent pas vraiment.
37:18 Parce qu'on le voit dans les images,
37:20 qu'il s'adresse à l'interprète,
37:22 mais il s'adresse à tous ceux,
37:24 ces pauvres Nord-Coréens,
37:25 qui évidemment ne peuvent absolument pas répondre,
37:28 car il n'y a pas de liberté en Corée du Nord.
37:30 Donc il abuse de la faiblesse des autres.
37:33 Et il ne peut pas l'ignorer.
37:36 Et il le fait sans cesse.
37:38 - C'est assez terrifiant.
37:40 - Oui, à ce point-là,
37:41 effectivement, ça peut être un peu aussi maladif.
37:43 Ça pose question.
37:45 - Je me souviens,
37:46 lorsque les images sont diffusées,
37:48 on levait mon enquête,
37:49 Raphaël m'appelle et me dit
37:50 "Mais est-ce que tu as vu ces extraits quand même ?"
37:52 "Je suis bon, je regarde."
37:54 Et j'étais surpris de ne pas être surpris.
37:57 Je m'explique.
37:58 Tout simplement parce que je suis tellement l'habitude,
38:00 j'ai appris tellement l'habitude d'entendre ces choses-là,
38:02 que oui, il dit ça, mais...
38:04 - Il l'a déjà dit, il le fait encore.
38:06 - Gérard Depardieu, le Marlon Brondeau du cinéma français.
38:10 On va continuer d'en parler dans un instant sur Sud Radio.
38:13 Quels étaient les points communs entre ces deux grandes stars ?
38:16 On en parle dans un instant.
38:18 - Sud Radio, la culture dans tous ses états.
38:22 André Bercoff, Céline Alonso.
38:24 - Bien sûr, ce n'est pas la Seine.
38:26 Ce n'est pas le bois de Vincennes.
38:29 Mais c'est bien joli, tout de même.
38:31 À Göttingen, à Göttingen.
38:34 Pas de quai et pas de rongueil.
38:37 Qui se lamentent et qui se prennent.
38:39 Mais l'amour, il fleurit quand même.
38:42 À Göttingen, à Göttingen.
38:45 Ils savent mieux que nous, je pense.
38:47 - Depardieu, Brandeau.
38:49 On peut faire un parallèle entre ces deux grands personnages,
38:52 Samuel Blumenfeld ?
38:54 - Ça m'est toujours apparu, effectivement, extrêmement clair.
38:57 Depardieu et Brandeau ont déjà la même origine prolétarienne.
39:01 Ils ont tous les deux commencé au théâtre, sur scène,
39:06 dans un théâtre très pointu.
39:08 Et donc ont été, comment dire,
39:11 adoptés et formés par l'intelligentsia.
39:15 Ils ont aussi ce génie en commun
39:19 qui fait que, dans le cas de Brandeau,
39:22 durant une décennie, il va de chef d'oeuvre en chef d'oeuvre.
39:26 Depardieu, c'est le cas pendant 10 ans.
39:28 Après, ça s'espace un peu.
39:30 Mais il y a toujours de grands films.
39:32 Et soudain, la machine se grippe
39:35 au nom du même phénomène.
39:37 Et si ces deux acteurs,
39:40 après avoir réalisé qu'ils avaient été sublimes aussi longtemps,
39:44 réalisaient qu'ils ne pourraient pas le durer,
39:47 et que désormais, ils allaient s'efforcer de gâcher
39:50 tout ce qu'ils avaient construit.
39:53 Il y a aussi, du coup, chez l'un et l'autre,
39:56 un rapport à la boulimie, un rapport au corps.
39:59 Le corps enfle, il enfle jusqu'à ce que mort s'ensuive.
40:03 Ça a été le cas pour Brandeau.
40:05 Depardieu a une constitution exceptionnelle.
40:07 Mais ce corps n'arrive plus à le mouvoir.
40:10 Ça a handicapé clairement sa carrière cinématographique.
40:13 Je dirais aussi que, comme nous parlons de deux monstres,
40:16 de deux soleils noirs,
40:18 ils ont des vies familiales qui sont désastreuses.
40:21 Ça va au-delà du fait divers.
40:23 Ils ont écrasé leurs enfants.
40:25 La tragédie.
40:26 Il y a aussi, chez l'un comme chez l'autre,
40:28 un rapport à la politique qui est assez particulier.
40:30 Parce qu'il y a un moment, l'un comme l'autre
40:32 se met à raconter absolument n'importe quoi.
40:34 Et à souscrire l'un comme l'autre à des théories complotistes.
40:38 Et puis aussi, enfin, il y a cette fin chez l'un comme chez l'autre,
40:42 isolée dans leur demeure, dans leur repère.
40:45 - Retranchée, oui.
40:46 - Voilà, chez Brandeau, c'est 12 900 Mellonand Drive,
40:49 cette fameuse maison où on lui balance du hamburger
40:52 de l'autre côté de la...
40:53 - À Hollywood, oui.
40:54 - Voilà.
40:55 Et vous avez Depardieu dans son hôtel particulier,
40:57 rue du Cherchemidi,
40:58 et une vie qui se termine en fait isolée.
41:01 - Il est vraiment reclus actuellement à Paris, Raphaël Baquet ?
41:04 - En tout cas, on l'a vu il n'y a pas très longtemps.
41:07 Donc oui, il voyage quand même.
41:09 Il est allé au Portugal, il est allé à Dubaï,
41:12 il est allé en Anjou,
41:13 où il a aussi une propriété des vignobles.
41:16 Donc ce qui est difficile pour lui,
41:18 c'est que, n'oubliez pas que tout le monde le connaît.
41:21 Donc il est difficile pour lui de sortir.
41:24 Il a une telle masse, on le voit partout.
41:27 Et il est très seul.
41:29 Ces dernières années, il était entouré d'une cour,
41:32 un peu affairiste, il peut bien dire.
41:33 - Mais il a pas de copains qui sont restés, des copains quand même ?
41:36 Il y en a pas ? Enfin, à votre avis ?
41:38 - Il a quelques fidèles, mais vous l'avez bien vu.
41:40 Lorsque le scandale a éclaté dans ses agressions avec les femmes,
41:44 la pétition a été signée par d'anciens partenaires
41:48 de cinéma et théâtre.
41:50 Et puis lorsqu'on a su qui était derrière cette pétition
41:53 et ce qui s'était vraiment produit,
41:55 il y a eu quand même beaucoup de désistements.
41:57 - Mais c'est un homme seul qui déteste la solitude.
42:02 Selon vous, comment il va faire pour tenir Depardieu aujourd'hui ?
42:05 - Je crains que l'alcool ne soit sa compagne, sa dernière compagne.
42:10 - Ah oui. Est-ce que selon vous, sa carrière est fichue,
42:13 comme vous l'a dit son ancien agent Jean-Louis Lévy ?
42:17 - Pour moi, c'est très clair.
42:19 Il n'y a plus aucun diffuseur, aucun décideur
42:21 pour produire un film avec lui.
42:23 Ce n'est plus possible.
42:25 C'est terminé.
42:27 On pourrait se dire que ça pourrait se poursuivre en Russie.
42:30 Mais ce ne serait pas très glorieux.
42:32 Et on va dire que nos relations avec la Russie
42:35 sont pour le moins problématiques.
42:38 - Ce qui est terrifiant dans ce qu'on dit,
42:40 c'est que ce type qui a fait tellement de chefs-d'oeuvre,
42:43 qui a montré ce qu'il était,
42:45 on ne peut pas s'empêcher, moi personnellement,
42:48 de se dire qu'il ne fera plus,
42:50 alors que peut-être qu'il pourrait faire un film extraordinaire.
42:52 Bon, effectivement, il a fait ce qu'il a fait,
42:54 vous le dites et vous le racontez.
42:56 Mais franchement, est-ce qu'il n'y a pas ce côté,
42:59 parce que le cinéma français, vous le suivez Samuel,
43:01 vous aussi, nous aussi,
43:03 honnêtement, on ne peut pas dire qu'il brille par ses chefs-d'oeuvre,
43:05 à part quelques exceptions.
43:07 Non mais, c'est vrai.
43:09 Où sont les monstres sacrés aujourd'hui ?
43:12 - Nous vivons, de toute façon, désormais,
43:14 une époque où les stars de cinéma n'existent plus.
43:16 Il y a des vedettes, il y a des peep-ons,
43:18 mais la star de cinéma telle que nous l'avons connue,
43:20 c'est la star de Depardieu,
43:22 et la dernière star, l'ultime star, sans doute,
43:24 masculine du cinéma français.
43:26 - Oui, elle n'aura pas.
43:28 - Cette époque-là est terminée.
43:30 Nous n'avons plus la magie du grand écran.
43:32 Tout cela s'est dilué entre différents écrans.
43:34 La star de cinéma, c'était une personne
43:36 que nous suivions dans nos existences,
43:38 nous la suivions sur plusieurs années,
43:40 voire plusieurs décennies.
43:42 Elle racontait notre vie.
43:44 Et nos vies se reflétaient
43:46 dans les films de ces stars.
43:48 Tout cela s'est fini.
43:50 C'est une époque qui a existé
43:52 et qui se dissipe désormais.
43:54 - Samuel Blumenfeld et Raphaël Baké,
43:56 merci d'être venus sur Sud Radio.
43:58 Je rappelle que votre livre
44:00 sur Gérard Depardieu
44:02 est paru chez Alban Michel.
44:04 Il s'intitule "Une affaire très française".
44:06 Tout de suite, vous retrouvez sur Sud Radio.
44:08 Brichit Leher.