• il y a 8 mois
À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Céline Alonzo et André Bercoff reçoivent le journaliste et écrivain Marc Menant qui publie "Ces grands destins qui ont fait l'histoire" (éd. Plon), un livre hommage à toutes celles qui ont scellé notre patrimoine culturel !

Retrouvez La culture dans tous ses états tous les vendredis avec Céline Alonzo et André Bercoff à partir de 13h.

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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2024-03-08##

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News
Transcription
00:00 *Musique*
00:01 Sud Radio, la culture dans tous ses états. André Bercoff, Céline Alonso.
00:05 Vous êtes nos muses, nos influences et nos vices.
00:08 Grand corps malade qui rend hommage, un hommage poignot André Bercoff aux femmes.
00:12 Eh bien nous aussi en cette journée du 8 mars André, nous allons célébrer et rendre hommage
00:17 à des femmes qui ont marqué l'histoire de France.
00:20 La Reine Margot, Jeanne Dubary, Louise Michel, Adrienne Boland et Marie Curie.
00:25 Et pour rendre hommage à cette journée du droit de la femme,
00:28 qui fallait-il choisir ? Un mâle hétérosexuel de plus de 50 ans.
00:32 *Rires*
00:33 C'est évident, ça tombait sous le sens que pour célébrer le droit des femmes, il fallait...
00:39 Attendez ! Un mâle hétérosexuel de plus de 50 ans à CNews ?
00:45 À CNews ? Mais c'est terrifiant. Tu vois le pluralisme de Sud Radio mon chien Marc ?
00:51 - C'est incroyable. - Nous recevons même des gens de CNews.
00:54 - Oui, alors c'est unique, c'est un scoop.
00:59 - Eh oui, vous m'aurez compris. Donc Marc Menand qui publie un livre passionnant avec Christine Kelly.
01:05 - Passionnant, absolument. - Aux éditions Plon, c'est Destin qui ont fait l'histoire.
01:09 Eh bien on va vous raconter dans un instant sur Sud Radio, en direct jusqu'à 14h, de très grands destins André.
01:15 - Et juste un mot, c'est bien parce qu'attention on parle d'hommes aussi dans ce livre.
01:19 On ne parle pas que de femmes. - Oui, oui, oui.
01:21 - Mais on a choisi les femmes puisque vous les femmes, vous les famées, etc.
01:26 - Mais nous ne sommes rien. - Mais rien.
01:28 - On peut être de CNews, se revendiquer libertin, donc en franche je dirais césure avec l'étiquette que l'on nous donne.
01:37 Bref, embrasser et embraser la vie, être dans l'enchantement.
01:42 Et cet enchantement ne peut se faire qu'avec vous mesdames.
01:45 Et je dois dire que Marc Menard prouve dans son livre que qui trop embrasse peut bien l'étreindre.
01:51 - La culture dans tous ces états, c'est dans un instant sur Sud Radio, en direct jusqu'à 14h, alors restez avec nous.
01:57 - Sud Radio, votre avis fait la différence.
02:00 - Les opinions sont diverses et variées. Vous faites parler les auditeurs.
02:04 De mon point de vue, la liberté d'expression est beaucoup plus fiable et authentique sur Sud Radio.
02:08 - Sud Radio, parlons vrai.
02:12 - Sud Radio, la culture dans tous ces états. André Bercoff, Céline Alonso.
02:16 - Publie musique du film "La Reine Margot" de Patrice Chéreau. André Bercoff, la reine de toutes les légendes.
02:22 Marc Menard, bonjour à vous et merci d'être avec nous en direct sur Sud Radio jusqu'à 14h.
02:27 Alors vous lui rendez hommage, ainsi qu'à d'autres grands personnages célèbres de notre histoire,
02:32 dans le livre que vous publiez chez Plon avec Christine Kelly et qui s'intitule "Ces destins qui ont fait l'histoire".
02:38 Quel héritage Marguerite de France, Marguerite de Valois, laisse-t-elle à la France Marc Menard ?
02:45 - L'héritage d'une image. Et cette image c'est l'incandescence de l'esprit, incandescence des sens,
02:52 et une façon de considérer l'existence comme étant la possibilité de vivre en envergure.
03:02 Or quand vous naissez fille d'une lignée royale, que vous êtes la fille du roi,
03:09 que vous avez des frères qui sont appelés à monter sur le trône,
03:13 théoriquement vous vous inscrivez dans une sorte de contrainte programmée.
03:19 Il est impossible de vivre, d'embrasser cette liberté.
03:23 Et bien elle très tôt, alors que sa mère Catherine de Médicis ne l'aime pas trop,
03:29 disons que Catherine de Médicis, elle a un petit protégé parmi ses dix enfants,
03:34 c'est Henri d'Anjou, le futur Henri III, quand le petit Henri arrive, elle est là, toute caline.
03:40 Mais en revanche, sa fille, c'est comme s'il y avait une sorte d'aigreur
03:45 par rapport à une lignée qui s'interrompt au milieu des garçons où il y a une fille.
03:51 Et elle ne prend jamais en considération sa présence.
03:56 En revanche, Henri II, quand il voit la petite, et d'ailleurs avec tous ses enfants,
04:01 Henri II est un homme qui a été marqué quand il était lui-même dans la pré-indolescence
04:09 par ce drame terrifiant, son père François Ier qui est fait prisonnier,
04:15 et lui, pour pouvoir libérer son père avec son frère, se retrouve en Espagne, dans les geôles.
04:22 Et par conséquent, il nourrira une sorte de désir de compensation affectif,
04:30 et par rapport à ses enfants.
04:32 - Et surtout Margot ? - En particulier Margot ! Malheureusement !
04:36 - Qu'est-ce qu'elle avait de spécial Margot ? - Margot, elle a tout.
04:40 C'est-à-dire déjà, tout de suite, elle est d'une beauté, d'une grâce,
04:45 vous savez, vous avez des êtres scintillants comme ça, ils apparaissent...
04:49 - Elle irradie quoi ! - Dès le berceau ! C'est incroyable !
04:53 C'est-à-dire que c'est l'image même du petit ange, mais le petit ange avec la malice,
05:00 pas le petit ange sage, celui... - Pas le chérubin quoi !
05:04 - Voilà, voilà, voilà ! Mais en revanche, quand je dis petit ange, parce qu'il y a une grâce,
05:09 elle est lumineuse, et traitant d'une curiosité invraisemblable, sans doute servie par cet amour du père,
05:17 et qui fait en sorte que sa fille bénéficie d'une très bonne éducation.
05:22 Et ça, eh bien, ça la met en situation, avec peut-être la concurrence de ses frères,
05:28 qui joue avec elle, et ce qui est étonnant, c'est qu'ils la prendront chacun son tour en considération.
05:35 C'est acquis, ça rend au plus proche de Margot ! Et ça c'est formidable !
05:40 - C'est vraiment la favorite, enfin la... - Pour ses frères, oui !
05:44 - Elle a été surnommée justement "Reine Margot" par l'un de ses frères, c'est ça ?
05:48 - Le futur Charleneuf ! - Eh oui ! Parce que de son vivant, en fait,
05:51 personne ne l'appelait ainsi. - Ah non, pas du tout !
05:53 - Oui, c'est ça ! - Mais lui, quand il est gamin, on chahute !
05:57 Et alors, il y a un mot presque d'argot, quand vous êtes une Margot en ce temps-là,
06:02 vous êtes une fille de rien ! Une de ces Reines d'Alcôve !
06:06 - Péjorative, c'est complètement péjoratif ! - Ah bah plus que péjoratif !
06:09 - Presque une traînée, en fait, on peut dire, c'est ça !
06:12 C'est la catin ! Alors lui, pour s'amuser, il lui dit "tu n'es que la grosse Margot !"
06:17 - En tout cas, sa vie, il faut le rappeler, vous le racontez dans votre livre,
06:22 qui est passionnant, comme je l'ai dit tout à l'heure, a vraiment été une succession de drames.
06:26 La mort de son père quand elle a 10 ans, celle de son frère François II à l'âge de 15 ans,
06:30 un an après qu'il soit monté sur le trône, et son mariage engagé,
06:34 arrangé plutôt avec Henri de Navarre, ça a été un mariage éminemment politique, Marc Menand !
06:40 - Ah oui, mais c'est le grand drame, et moi, je trouve qu'on devrait faire un jour une émission,
06:45 pourquoi pas ensemble, c'est sur Catherine de Médicis,
06:48 qui est l'une des plus grandes dames de notre histoire, bien que n'étant pas d'origine française,
06:54 mais c'est incroyable, c'est qu'elle se battra pour faire en sorte qu'il y ait une union
06:59 dans cette France déchirée depuis des décennies...
07:03 - Oui, c'était son obsession de pacifier le pays, c'est ça !
07:06 - C'est absolument passionnant, c'est une femme qui met le destin collectif, le bien collectif,
07:10 au-dessus de sa propre personne. Aujourd'hui, c'est rare, vous avez marqué le nom, mais c'est rare !
07:15 - Mais ce qui est terrible, c'est que ça montre aussi que les bonnes intentions
07:18 ne se concluent pas toujours de façon satisfaisante...
07:23 - Et c'est elle qui a incité Marguerite à se marier avec...
07:26 - C'est elle, forcément, parce que Henri de Navarre, le petit Henri de Navarre,
07:32 il est protestant, alors lui, il n'a pas cessé de s'y...
07:35 Parce que son père est catholique, sa mère est protestante,
07:38 mais c'est sa mère qui est sur le trône de Navarre, alors à un moment, il est catholique,
07:42 après, il redevient protestant, etc. Bref, au moment où Henri III est assassiné,
07:51 nous aurons un Henri de Navarre qui est protestant.
07:57 Et il s'agit de faire en sorte qu'il y ait une réunion des élites grâce à ce mariage.
08:07 Et c'est pour ça que Catherine de Médicis l'a choisie.
08:11 Bon, ce sont les drames aussi qui ont poussé à ça, parce qu'il y a la succession,
08:15 il y a d'abord François II qui meurt au bout d'un an de pouvoir,
08:18 Charles IX qui va provoquer la Saint-Barthélemy...
08:23 - Ses bonnes intentions ont donné plutôt l'enfer du mariage ?
08:27 - Oui, en fait, l'enfer, comme je l'ai dit tout à l'heure, il y a eu beaucoup de drames dans sa vie,
08:32 et notamment après son mariage, 4 jours après leur mariage,
08:36 autre drame qui va complètement bouleverser sa vie, c'est le massacre de la Saint-Barthélemy.
08:40 - La Saint-Barthélemy, alors on peut s'arrêter 2 secondes sur...
08:43 Déjà quand on lui dit "tu vas te marier avec un Henri de Navarre",
08:47 - Elle rechigne. - Elle rechigne.
08:49 Et le jour du mariage, elle est là, elle est allée vêcher, elle pleure,
08:53 elle a l'impression que véritablement, on est en train de la rendre otage d'une situation.
08:59 Et comme elle a fait pousser en elle cette graine de la liberté,
09:05 elle ne peut pas envisager de céder, et pour autant,
09:09 vous avez le decorum qui est mis en place, le mariage il est quand même étonnant,
09:13 c'est-à-dire qu'elle pénètrera dans Notre-Dame, pour l'officialisation de la grand-mère.
09:21 Mais en revanche, lui il est obligé de rester dehors parce qu'il est protestant.
09:25 Alors on a dressé une estrade, et c'est sur l'estrade qu'a lieu l'union.
09:31 - En dehors de Notre-Dame. - En dehors de Notre-Dame.
09:35 Et alors quand on lui dit, quand on demande à Henri "voulez-vous prendre pour époivé ?"
09:40 Elle, elle reste muette.
09:43 Et il y a son frère Charles IX qui est derrière, qui au bout d'un moment,
09:47 alors que le cardinal de Bourbon dit "alors, vous voulez marier ?"
09:52 Et hop, il lui donne un petit coup sur la tête, elle baisse le crâne,
09:56 et à ce moment-là, le cardinal estime que c'était un consentement, et que c'était un oui.
10:01 Mais ce qui est extraordinaire, c'est qu'elle a un rejet vis-à-vis de ce jeune mari,
10:07 ils sont pratiquement du même âge, en revanche, tout de suite, elle le découvre.
10:12 C'est-à-dire que, forcément, quand vous vous approchez d'Henri IV,
10:16 c'est un garçon qui manque d'allure, qui a de fortes effluves,
10:21 et qui par conséquent dérange.
10:23 - Oui, on fait effectivement qu'il dégage une certaine odeur d'ail, c'est terrible, c'est pas très...
10:27 - C'est pratique ça. - ...sexuel.
10:29 - Mais il a l'intelligence, et je vous l'ai dit, elle c'est la pétillance d'esprit,
10:35 donc elle est conquise. - Donc quand elle le voyait, il disait "Ah vu le nez, il est 5h"
10:39 [Rires]
10:42 - Mais elle l'accepte quand même, elle dit "Ah c'est ça".
10:46 - Ils vont faire naître une véritable connivence, une amitié.
10:51 C'est-à-dire que ce n'est pas le couple de l'épanouissement du grand sentiment,
10:56 mais en revanche, il y a quelque chose de plus fort encore,
10:59 c'est-à-dire la complicité intellectuelle.
11:03 Ils sont là, à l'affût l'un de l'autre, à devenir pratiquement indispensables.
11:09 Reste que la Saint-Barthélemy s'aboutit à quoi ?
11:13 Eh bien, Condé et Navarre sont sauvés in extremis,
11:18 alors que les protestants, on les zigouille à qui mieux mieux.
11:22 Et elle en pleine nuit, lorsqu'elle découvre le massacre,
11:25 dans sa chambre il y a une éruption, on crie "Navarre, Navarre !" derrière la porte,
11:30 et on rencontre un bougre qui est tout en sang, ce n'est pas Navarre,
11:34 c'est un homme qui essaie d'échapper au grand trucidement qui vient de commencer.
11:39 Et là, elle prend cet homme et ensuite elle courra jusque dans tous les couloirs du Louvre,
11:44 vous avez des têtes qui sont là décapitées comme des boules qui jonchent les couloirs.
11:51 Elle arrive dans la chambre de sa mère, elle lui dit "Mais où est mon mari ?"
11:55 Et Catherine de Médicis lui dit "Rassurez-vous, votre mari a accepté de se convertir"
12:01 parce que Charles IX a fait venir Condé et Navarre, qu'il ne soit pas...
12:06 - Convertissez-vous sinon... - Voilà ! Sinon c'est le trépas !
12:11 Et ce qui est extraordinaire, c'est qu'ils se retrouvent prisonniers à la cour,
12:15 avec une petite dérogation, le droit d'aller chasser.
12:18 - Oui, à la chasser, ouais. - Et au bout de deux ans,
12:20 lors d'une de ces parties de chasse, notre Henri ne réapparaît pas.
12:26 Et la voilà, elle qui découvre que son mari s'est enfui.
12:31 Elle est dans une situation extrêmement embarrassante.
12:33 Et quelques jours plus tard, lui arrive une missive,
12:36 où il lui confesse ce qui s'est passé en lui disant "Je suis retourné avec les protestants,
12:43 et là c'est une catastrophe mais je pense à vous."
12:47 Et des négociations s'entameront avec Catherine de Médicis,
12:53 pour qu'elle puisse rejoindre son époux.
12:57 - Et oui, et ce au château de Nérac, et c'est à la cour de Nérac
13:01 que Margot prend toute son ampleur artistique, racontez-vous littéraire,
13:05 et qu'elle commence surtout à se déployer dans l'adversité
13:08 auprès de gens comme Ronsard et Montaigne, écrivez-vous, c'est ça ?
13:12 - Oui, ça devient la cour de l'intelligence.
13:14 - C'est ça. - On court de toute l'Europe. Nérac, il faut y aller, c'est pas grave.
13:18 Malgré les horbuscates dans les bois ici et là, chacun y va de sa chevauchée pour rejoindre...
13:23 - Donc elle habite Nérac. - Elle habite Nérac !
13:27 Navarre est à ses côtés, alors bon, ils se sont accordés une sorte de liberté cotescence,
13:35 ce qui fait que lui reluque les jeunes filles de la cour,
13:39 qui sont les donnais-gazelles d'honneur de sa charmante épouse.
13:45 - Et elle reluque aussi. - Elle reluque aussi, oui, oui, oui !
13:48 - Couple libre, hein ? - Couple très très libre !
13:51 Mais je vous ai dit, c'est ça qui moi, elle me fascine, cette femme.
13:54 Ce n'est pas celle que l'on présente parfois, entre autres dans les films,
14:00 comme une sorte d'affamée boulimique de sexualité, non.
14:05 C'est vraiment la libertine dans l'ambition de cette capacité à vivre
14:15 selon les caprices de l'intelligence, mais également les caprices du corps.
14:20 - Alors mettez sa liberté au-dessus de tout, quelque part.
14:23 - Oui, mais il faut qu'il y ait de l'intelligence, il faut qu'il y ait de la poésie.
14:28 C'est-à-dire que vous avez même Brantôme, poète qui la suivra.
14:32 - Son ami intime. - Son ami !
14:34 - Et que dit-il, Brantôme ? Il dit que c'est une déesse.
14:37 Mais pas une déesse du ciel, une déesse de la terre.
14:41 Et les princesses ne sont que chambrières comparées à elle.
14:46 Et elle méduse tout son monde.
14:49 Vous avez des grandes soirées, des soirées de théâtre.
14:53 Elle alliva aussi de sa plume, qui caracole avec des vers époustouflants.
14:58 On danse, on chante, c'est véritablement la vie telle que tout un chacun pourrait la rêver.
15:04 - Oui, la Dolce Vita de l'époque. - Voilà, c'est ça.
15:07 - Alors vous le racontez, Néra, que c'est qu'un interlude, en quelque sorte, dans la vie de Margot.
15:12 Henri repart à la guerre et son départ va vraiment la bouleverser.
15:16 Et par dépit, elle va rentrer en rébellion contre son mari.
15:21 - Oui, alors elle rejoint la Ligue.
15:23 - Non, la Ligue catholique. Et la Ligue, à la fois, elle est contre Navarre,
15:31 puisque Navarre fait partie des opposants, il est dans le camp protestant,
15:35 mais également contre celui qui est devenu le roi, Henri III.
15:41 Et elle va fomenter un complot avec son dernier frère, le duc d'Alençon,
15:48 qui rêve de prendre la place d'Henri III.
15:51 - Ah oui, dans les familles, en roi-lèvre ! - Dans les familles, oui, on y va !
15:54 - On y va ! Et c'est comme ça que son amant sera arrêté, son amant qui s'appelle Lamolle,
16:02 et exécuté. Et là, il y a toute une légende qui est née d'Aubigné, vous savez.
16:09 Aubigné, il aurait aimé pouvoir connaître la tendresse et les étreintes de Margot.
16:15 Et malheureusement, elle n'a pas accepté de se laisser aller à ces instants.
16:20 - Ah oui, le soupirant est conduit ! - Le soupirant, même pas est conduit, mais est prisé !
16:26 Alors, il se venge en écrivant toute une légende en disant que le soir,
16:32 elle s'est rendue place de grève, où son amant avait été pendu, où il était là à pendre.
16:39 Et bien, elle fait décrocher par ses domestiques le cadavre, se carapate au Louvre,
16:46 et là, au Louvre, on nettoie la tête qui devient l'élément sacré, et ensuite elle le pètera.
16:52 - C'est complètement faux ! - Et bien, tout ça, oui, c'est plutôt faux !
16:56 - La fée Ignéuse, comme on dit aujourd'hui ! - En revanche, elle avait bien cet amant,
17:00 qui est exécuté parce qu'il était proche du Duc d'Alençon, qu'il était donc dans ce complot contre le roi,
17:06 mais ça n'a rien à voir avec Margot, du personnage.
17:09 - Et elle, elle finira enfermée dans une forteresse à Hussos, c'est dans le Puy-de-Dôme, c'est ça ?
17:14 - Oui. - Et l'exil va durer à peu près 19 ans ?
17:16 - 19 ans ! - Oui, c'est incroyable !
17:18 - C'est énorme, ça ! - Ah mais c'est 19 ans !
17:20 Et alors, Hussos, c'est pas l'Irak, c'est-à-dire qu'on est dans un lieu hostile !
17:25 - Lugubre ! - Ah, c'est plus que lugubre !
17:28 Vous descendez véritablement dans les enfers !
17:31 Et comment arriver à redonner un élan à son existence ?
17:36 Cette femme qui a ça en elle, elle a besoin de se sentir poussée,
17:40 elle a besoin de se sentir dans une sorte de...
17:42 - Et là, elle est en prison, quoi ! - Et là, mais c'est plus qu'une prison !
17:45 Et puis, autant on cavalait toute l'Europe pour aller la rencontrer à l'Irak,
17:50 mais à Hussos, c'est beaucoup trop loin !
17:53 Alors, il y en a quelques-uns qui viennent de temps à autre,
17:56 il y a Brantôme, entre autres,
17:58 mais sa façon, elle, d'échapper à cette sinistre réalité,
18:03 c'est l'écriture, c'est mémoire !
18:05 Et c'est là, aujourd'hui encore, on peut lire ses mémoires,
18:08 on découvre énormément d'éléments sur l'existence du temps,
18:11 et on s'aperçoit...
18:13 - Et ça tient le coup du bon style... - Ah oui, oui, oui, il y a du style !
18:16 Non, non, il y a du style ! On n'est pas avec Guillaume Meusseau !
18:19 (Rires)
18:21 - C'est qui, ça ? C'est qui ?
18:23 (Rires)
18:25 - Et alors, elle a aussi quelques amants, forcément !
18:29 Dont un fameux Claude François !
18:31 C'est quand même étonnant !
18:33 - Ah oui ! Claude François !
18:35 - Qui était quoi ? Un chanteur de rue ?
18:37 - Non, pas du tout ! Ce n'était pas un chanteur de rue !
18:40 C'était un gaillard, ouvrier...
18:42 Et alors, elle se laisse emporter,
18:44 elle lui donne un titre,
18:46 et elle s'arrange pour qu'il se marie,
18:49 afin que leur promiscuité puisse être plus admissible.
18:53 - Ils sont mariés ?
18:55 - Non, non, non, non !
18:56 - Ils ne sont pas mariés ?
18:57 - Elle le marie ! Elle le marie pour qu'il y ait une couverture !
19:00 Et malheureusement, lui tombe amoureux de la jeune femme,
19:04 et il la délaisse.
19:06 Alors, elle partira avec un autre !
19:08 Et c'est comme ça que cette femme passe les années,
19:13 jusqu'au jour où l'assassinat d'Henri III fait d'elle,
19:18 eh bien, la reine,
19:20 car elle est toujours mariée,
19:22 avec celui qui devient Henri IV,
19:25 qui était Henri de Navarre !
19:27 Mais elle a connu aussi l'humiliation,
19:29 car il n'a cessé...
19:30 - Le petit Henri de Navarre timide,
19:32 qui ne pouvait pas rentrer à Notre-Dame,
19:34 et qui devient Henri IV !
19:35 - Qui devient Henri IV !
19:37 - Et un jour, elle donnera donc son accord au pape
19:40 pour l'annulation de leur divorce,
19:42 de leur mariage plutôt,
19:43 en raison de sa stérilité, c'est ça ?
19:45 - Voilà !
19:46 De toute façon, à la stérilité,
19:47 ils sont loin l'un de l'autre,
19:48 mais elle admet qu'effectivement,
19:50 quand ils étaient ensemble,
19:51 il n'y avait jamais eu la possibilité d'une conception,
19:54 alors qu'il l'avait envisagée !
19:56 Et par conséquent,
19:58 la pression d'Henri IV,
20:01 et puis le royaume,
20:02 est très malade !
20:03 C'est-à-dire que les finances sont vides !
20:05 Et les épidémies se multiplient,
20:09 les famines se répandent partout dans les campagnes !
20:12 Comment remettre de l'argent dans le trésor ?
20:15 Il faut un mariage !
20:16 Et ce mariage est avec qui ?
20:18 Avec l'une des femmes les plus riches d'Europe,
20:21 la petite Marie de Médicis !
20:23 - Oui !
20:24 - Et celle que l'on appellera la banquière !
20:27 Elle est moche, mais bon, bref !
20:29 Ce qui est incroyable...
20:30 - Elle est belle comme Crésus !
20:31 - Oui !
20:32 - C'est ça !
20:33 Elle est belle comme Crésus !
20:36 Et elle finit par céder à toutes les pressions,
20:40 mais avant même que le pape ait donné son accord au divorce,
20:45 elle chevauche vers Paris,
20:47 et après 22 ans d'écart,
20:50 la voilà dans la capitale,
20:52 où elle est accueillie par un triomphe !
20:55 La foule est là !
20:56 Il y a Marguerite qui est de retour !
21:00 Et pourquoi là ?
21:01 Cet accueil, cette exubérance du peuple,
21:04 ces éclats,
21:05 tout simplement parce qu'elle a une réputation
21:08 d'une femme intelligente,
21:09 d'une femme brillante,
21:10 et d'une femme qui s'intéresse aux déshérités !
21:13 - Oui, une femme de grand piété, exactement !
21:16 - Et surtout qui s'intéresse aux pauvres !
21:18 - En tout cas, usée par ses malheurs,
21:20 la pauvre, elle décèdera le 27 mars 1615 à 61 ans.
21:25 On va parler dans un instant sur Sud Radio
21:28 d'autres femmes qui ont marqué notre histoire,
21:30 notamment la Comtesse d'Ubéry,
21:32 alors restez avec nous !
21:33 - Film de Maïwenn sur Jeanne Dubary-André Bercoff,
21:49 elle a été la dernière favorite du roi Louis XV, Marc Menand,
21:53 on peut dire qu'elle le sauve de la mélancolie,
21:55 comment est-elle devenue sa maîtresse officielle ?
21:58 - Quelle histoire !
22:00 C'est-à-dire que c'est une jeune fille
22:02 qui a pour père un moine, frère ange !
22:07 C'est quand même pas courant !
22:09 Alors forcément, à l'époque, les moines, quand même...
22:12 - Le moine éventuellement se laissait aller
22:15 à quelques confessions très triviales !
22:17 - Se laissait aller à moines liés, comme on dit !
22:21 - Voilà, ils étaient très chers !
22:25 Et cette jeune fille est placée chez les religieuses
22:28 qui lui donnent une excellente éducation.
22:30 Là encore, moi ce qui me fascine,
22:32 c'est pour ça qu'on a choisi avec Christine,
22:34 certaines d'entre elles, à chaque fois...
22:36 Aujourd'hui, on a l'impression
22:39 que les femmes étaient confinées
22:41 à un registre de tricoteuses,
22:43 non, que nenni !
22:44 Il y avait toute une élite
22:46 qui bénéficiait de cette capacité
22:49 à ouvrir les livres...
22:51 - Les salons !
22:52 - Les grands salons qui sont ouverts !
22:54 Et donc, cette jeune fille
22:57 se distingue là aussi par sa grâce
22:59 et la beauté,
23:01 cette capacité à s'instruire,
23:04 et elle est repérée
23:07 par un personnage
23:09 qui s'appelle Dubarry.
23:14 Et cet homme-là,
23:16 elle se laisse, à un moment donné,
23:21 aller à faire commerce,
23:23 non pas tout à fait de ses charmes,
23:25 quoique, elle travaille dans une boutique
23:28 et les hommes qui, éventuellement,
23:30 lui donnent quelques rendez-vous,
23:32 elle cède à la tentation
23:34 contre quelques petites...
23:36 - Quelques menus-monnaies !
23:37 - Voilà !
23:38 Et ce personnage,
23:40 la découvre Dubarry,
23:42 on l'appelle "le Rouet".
23:44 Pourquoi "le Rouet" ?
23:46 Parce qu'il est libertin,
23:47 c'est le surnom que l'on donne à ces gens-là,
23:50 et puis,
23:52 il vit de quelques traficotages.
23:55 Il est marié à un enfant,
23:59 ils sont loin en province,
24:01 ils sont loin en province,
24:03 excusez-moi pour la mauvaise liaison,
24:05 mais quand on est avec Dubarry,
24:06 on peut excéder dans les liaisons...
24:07 - On peut faire les lisons d'angereuse,
24:09 on peut, on peut, c'est permis !
24:11 - Et, il se retrouve dans la capitale,
24:16 il perd au jeu, gagne, etc.,
24:18 rencontrera là Dubarry,
24:20 et il se dit, cette jeune fille-là,
24:22 comme les quelques-unes
24:24 qu'il a déjà poussées
24:26 à mettre leur charme en offrande,
24:30 pourrait être pour moi
24:32 une excellente affaire.
24:34 - Ah oui, une source de revenus !
24:35 - Une source de revenus !
24:36 - Il avait un côté prospère, hein, un peu, c'est ça !
24:39 - Oui, oui, oui, oui, non mais Dubarry,
24:40 c'est incroyable !
24:41 Et, la voilà,
24:43 qui se laisse aller,
24:44 avec cet homme,
24:46 jusqu'au moment où elle choisira
24:48 de tenter la liberté.
24:50 Alors, elle a suffisamment d'argent,
24:53 parce qu'il profite
24:56 de cette incandescence d'essence,
24:58 mais lui laisse quand même
25:00 certaines sommes.
25:01 Et, elle finit par quitter cet homme,
25:05 et se retrouve dans un appartement,
25:08 nuitamment,
25:09 elle l'a fait aménager,
25:10 mais,
25:12 elle est aussi très proche
25:15 du fils de cet homme-là.
25:17 Elle s'en ennuie.
25:19 Alors, elle retourne retrouver Dubarry.
25:22 Ensemble, ils montent un salon,
25:24 et dans ce salon,
25:25 elle est celle, forcément,
25:27 qui attire.
25:28 C'est elle qui devient le phare.
25:30 Et, parmi ceux
25:32 qui cherchent à bénéficier de chez Charm,
25:35 il y a Sainte-Foy, le financier,
25:37 mais il y a aussi
25:38 le duc de Richelieu,
25:40 de la grande lignée,
25:41 qui vient du cardinal.
25:43 Et, le duc de Richelieu,
25:45 grand libertin,
25:46 s'en tiche de la Dubarry,
25:48 comme Sainte-Foy.
25:50 Et, on a l'information,
25:54 tout le monde l'a eu,
25:56 d'un roi qui est en mélancolie.
25:58 Un roi qui n'a pas supporté
26:00 le départ apatresse
26:03 de Madame de Pompadour.
26:05 Et là, Dubarry, dans sa tête,
26:07 germe l'idée,
26:09 et si,
26:10 on pouvait faire rencontrer
26:12 notre belle
26:14 comtesse,
26:16 avec le roi.
26:19 Et, on va monter,
26:21 grâce à le belle,
26:22 qui est le domestique favori
26:25 le plus proche du roi Louis XV,
26:28 une sorte de guet-apens,
26:31 dans la grande galerie,
26:33 lorsque le roi passe
26:35 en revue les nobles,
26:36 il y a au premier rang,
26:38 Madame Dubarry.
26:39 Et, le roi sera foudroyé,
26:41 par sa beauté,
26:43 dès sa première apparition à Versailles.
26:45 Alors, il dit à le belle,
26:47 "mais je veux la revoir, je veux la revoir !"
26:49 (rires)
26:51 Il sort de cette tristesse.
26:54 D'ailleurs, c'est presque une constante,
26:57 chez nombre de nos rois du trône.
27:01 Il n'y en a pas beaucoup,
27:03 qui sont dans une sorte de félicité constante.
27:06 Ils ont tous...
27:08 - La plupart sont plutôt un peu moroses.
27:12 - Oui, c'est ça, ils ont des crises.
27:14 Aujourd'hui, on dirait qu'ils sont binaires.
27:16 A l'époque, on disait simplement
27:18 qu'ils avaient des périodes
27:20 où ils étaient infréquentables.
27:22 Et donc, on a le roi Louis XV,
27:24 qui soudain, ne pense plus
27:26 qu'à Madame Dubarry.
27:28 - Eh oui.
27:29 - Reste que,
27:31 comment faire en sorte
27:33 qu'elle puisse apparaître comme maîtresse ?
27:35 - Eh oui, parce qu'elle n'a pas de statut,
27:37 elle n'a pas de statut.
27:39 Or, Louis XV a créé...
27:41 Il y a un statut officiel,
27:43 Madame de Pompadour,
27:45 bien que la reine Marie-Lézinska
27:47 soit toujours là,
27:49 la maîtresse était officielle.
27:51 Mais Marie-Lézinska,
27:53 c'est elle aussi qui avait décidé
27:55 de se retirer de la couche du roi,
27:57 car elle disait à chaque fois
27:59 une étreinte, et toujours grosse,
28:01 il s'en suffit.
28:03 Et par conséquent, elle préférait
28:05 que le roi laisse aller son tempérament
28:07 avec une autre. Il faut dire que Madame de Pompadour
28:09 n'était pas non plus
28:11 celle qui donnait le plus
28:13 de satisfaction
28:15 aux rois,
28:17 et c'est pour ça qu'elle s'arrangera
28:19 pour qu'il puisse butiner quelques petites...
28:21 - Donc Dubarry arrive...
28:23 - Dubarry, on va la marier.
28:25 Mais la marier à qui ?
28:27 Puisque, lui Dubarry, il a déjà une femme,
28:29 alors on ne peut pas...
28:31 Il la marie à son frère.
28:33 Son frère qui vit en province,
28:35 qui profite là de la situation.
28:37 - D'où Madame Dubarry.
28:39 - C'est le nom, parce que sinon,
28:41 fille du moine Ange, vous voyez,
28:43 ça n'irait pas très très très bien.
28:45 Et là, c'est une
28:47 histoire extraordinaire
28:49 qui va porter le roi pendant 5 ans
28:51 jusqu'au jour où la maladie
28:53 l'emporte.
28:55 Et lorsque
28:57 la maladie l'emporte,
28:59 elle comprend qu'elle risque
29:01 de tout perdre. Reste qu'il
29:03 l'a couverte de bijoux.
29:05 Il n'a cessé de faire en sorte
29:07 que cette femme soit dans le festoiement.
29:09 Il lui a offert le château
29:11 de Louvcienne. Et à Louvcienne, d'ailleurs,
29:13 il venait. Il venait pour
29:15 être en dehors de la cour
29:17 afin de mieux profiter
29:19 de quelques autres tirs. - Et oui, et à Louvcienne,
29:21 elle était vraiment adorée, comme à la cour.
29:23 - Oui, parce que toujours,
29:25 toujours, c'est un peu comme
29:27 Margot. C'est-à-dire qu'à Louvcienne,
29:29 elle a ses bonnes oeuvres.
29:31 - Comme Nérac de l'époque. - Voilà, exactement.
29:33 Et elle a ses bonnes oeuvres.
29:35 Pour les pauvres, reste
29:37 que le roi étant
29:39 mort, rapidement...
29:41 D'ailleurs, c'est drôle parce que
29:43 elle écrit à quelques amis
29:45 "Il nous faut survivre
29:47 au chagrin." C'est-à-dire
29:49 que c'est une femme, elle, elle ne connaît pas
29:51 la mélancolie.
29:53 Tout doit se présenter
29:55 sous l'auspice du soleil.
29:57 Elle est constamment
29:59 à l'affût des autres. - Une bonne vivante,
30:01 on va s'en éterndre. - Oui, c'est extraordinaire.
30:03 Et là, elle va prendre un autre amant.
30:05 C'est M. Debrissac.
30:07 M. Debrissac, qui sera...
30:09 qui est l'un des
30:11 gouverneurs de Paris.
30:13 - Qui était amoureux d'elle depuis longtemps.
30:15 - Oui, et...
30:17 Reste que Debrissac,
30:19 lorsque Louis XVI
30:21 est sur le trône, victime
30:23 de la Révolution,
30:25 on va passer tous les détails, toujours est-il
30:27 que Debrissac
30:29 devient le chef des gardes
30:31 du roi après la
30:33 fuite de Varennes.
30:35 Et malheureusement,
30:37 la fuite de Varennes va conduire
30:39 ensuite à l'envahissement du Louvre,
30:41 le roi au Temple,
30:43 et Brissac, qui a été trahi par
30:45 le roi, qui est
30:47 arrêté. Et un jour, on passe
30:49 les détails, mais imaginez cette scène
30:51 sinistre. Alors, elle lui écrit
30:53 à Brissac, elle lui rend visite
30:55 en province
30:57 où il est prisonnier.
30:59 Et puis, un jour,
31:01 eh bien, on lui
31:03 dit que Brissac
31:05 remonte vers Paris, qu'il est à Versailles.
31:07 Elle l'attend presque,
31:09 bien qu'il soit toujours
31:11 sous le joug
31:13 de ceux qui le tiennent,
31:15 qui sont les révolutionnaires. - Elle, elle avait
31:17 été placée dans un couvent,
31:19 c'est ça, à la mort du roi Louis XVI,
31:21 c'est ça. - Oui, oui, alors on passe
31:23 les détails, c'est-à-dire
31:25 qu'après, elle revient à
31:27 Louvcienne, et la voilà
31:29 qui entend du bruit.
31:31 Elle pense qu'éventuellement
31:33 c'est son Brissac qui arrive.
31:35 Eh oui, c'est son Brissac.
31:37 Mais un Brissac
31:39 qui est réduit à sa tête
31:41 au bout d'une pique,
31:43 car à l'entrée de Versailles... - Elle voit la tête au bout de la pique.
31:45 - Mais c'est pire que ça.
31:47 C'est-à-dire que
31:49 ceux qui ont décapité
31:51 Brissac, lorsque
31:53 le...
31:55 le carrosse
31:57 qui le portait entre dans Versailles,
31:59 c'est la foule,
32:01 c'est l'alali
32:03 qui saute sur lui, en les décapitent,
32:05 etc., et quelques
32:07 énergumènes qui partent avec la tête
32:09 sur la pique, et quand ils entrent
32:11 dans le salon, ils font rouler
32:13 la tête devant
32:15 la pauvre madame
32:17 du Barry qui s'effondre.
32:19 Brissac est parti.
32:21 Mais là encore, elle trouvera
32:23 l'énergie pour essayer de
32:25 s'en sortir. Et
32:27 malheureusement, il y a
32:29 eu le vol de ses bijoux.
32:31 Et elle cherchera
32:33 les coupables. Là encore, c'est une intrigue
32:35 extraordinaire. - Oui, on fait
32:37 trois heures sur la nuit de Barry.
32:39 - Et donc, c'est sa fin de vie, il faut le dire.
32:41 - Voilà, sa fin de vie, c'est terrifiant.
32:43 Alors, elle va quatre fois à Londres,
32:45 elle est considérée comme faisant
32:47 partie des émigrés,
32:49 elle est condamnée à l'exécution,
32:51 elle ne veut pas y croire, et là, c'est
32:53 terrible. Il faut lire le compte-rendu
32:55 de Samson, le bourreau
32:57 qui doit l'exécuter.
32:59 Il en a coupé des têtes.
33:01 Et là, il dit pour la première fois,
33:03 "Je doute, je la voyais
33:05 pleurer." Et quand
33:07 elle sort sous les injures
33:09 de la jôle,
33:11 soudain, elle hurle tellement fort
33:13 que les injures fondent.
33:17 Et c'est le silence
33:19 qui s'impose. Ceux qui étaient venus
33:21 voir le sinistre spectacle
33:23 s'inclinent.
33:25 Et moi-même, au moment où elle monte
33:27 dans la charrette, eh bien
33:29 je n'ai plus de jambes.
33:31 Et avec ses aides, ils la feront
33:33 monter. Elle dit, "Laissez-moi,
33:35 laissez-moi, encore un
33:37 moment, encore un moment."
33:39 Il n'a jamais vu quelqu'un avoir aussi
33:41 peur de la mort.
33:43 - Elle avait 50 ans.
33:45 - Terrible. La tête tombe.
33:47 - Et nous sommes effectivement
33:49 le 8 décembre 1793.
33:51 Elle est guillotinée.
33:53 Marc Menand va se retrouver
33:55 dans un instant sur Sud Radio.
33:57 Et vous allez nous raconter un autre très
33:59 grand destin, celui d'une femme qui a changé
34:01 le monde, Marie Curie,
34:03 l'un des plus grands esprits de l'histoire de la science.
34:05 Alors, restez avec nous. On revient dans un instant.
34:09 Sud Radio, la culture dans tous
34:11 ses états. André Bercoff, Céline
34:13 Alonso.
34:15 Sud Radio, la culture dans tous
34:17 ses états. André Bercoff, Céline
34:19 Alonso. - Et dans la très radioactive
34:21 Sud Radio, on reçoit
34:23 Marc Menand, qui avec Christine
34:25 Kilié a écrit vraiment de très, très
34:27 beaux destins, d'hommes et de
34:29 femmes, bien sûr. Mais là, nous sommes avec les femmes.
34:31 - Eh oui, maintenant, nous allons effectivement
34:33 parler, Marc Menand, de Marie Curie. Elle fut
34:35 la première femme à décrocher un puis deux
34:37 prix Nobel, la première à enseigner
34:39 à la Sorbonne, à entrer à l'Académie de
34:41 Médecine et à reposer au
34:43 Panthéon, Marc Menand. On peut dire que c'était
34:45 une sacrée femme déterminée,
34:47 Marie Curie. - Là aussi, c'est très touchant.
34:49 Mais, ce qui est formidable,
34:51 à chaque fois,
34:53 il y a un père très
34:55 attentionné et qui considère sa
34:57 fille comme si elle était un garçon.
34:59 Elle doit avoir, j'entends par là,
35:01 la même éducation que
35:03 ses frères. Alors, on est en
35:05 Sorbonne, le papa est professeur,
35:07 la maman tient un pensionnat
35:09 de jeune fille,
35:11 il y a une sœur aînée, il y a les frères,
35:13 enfin, il y a deux sœurs qui sont...
35:15 C'est la petite dernière.
35:17 Elle est là, elle regarde,
35:19 ne parle pas beaucoup,
35:21 toujours quand même, ses visages
35:23 avec des yeux
35:25 qui sont dans la pétillance.
35:27 Elle ne dit pas grand-chose,
35:29 comme si elle voulait mieux
35:31 s'imprégner de l'environnement.
35:33 Le père très attentif, la mère...
35:35 Et puis les drames, les drames qui la fauchent
35:37 très tôt. Il y a la sœur
35:39 aînée qui disparaît, elle n'a que
35:41 14 ans. Quelques mois plus tard,
35:43 c'est la maman, elle n'a
35:45 que 5 ans.
35:47 Et le père reste avec
35:49 4 enfants.
35:51 Il est professeur,
35:53 il n'est pas question de les négliger,
35:55 et il dit "Vous devez
35:57 avoir une belle éducation."
35:59 Alors, les mathématiques,
36:01 la physique,
36:03 l'anglais... - C'est le père
36:05 qui les puce là. - Le père, le père, le père,
36:07 le français, la philosophie...
36:09 Et quand
36:11 on avait remarqué un
36:13 don étonnant chez cet enfant,
36:15 quand t'as 3 ans,
36:17 celle qui est juste avant elle,
36:19 Bronia, le père
36:21 lui dit "Dis donc, à la rentrée,
36:23 tu passes aux primaires,
36:25 il faut que tu saches lire ma fille. Alors,
36:27 on reprend."
36:29 Et Bronia, elle est là,
36:31 elle bute sur les mots, elle n'y arrive pas bien.
36:33 Et soudain, on entend la petite voix
36:35 qui, elle, lit d'une seule
36:37 traite.
36:39 Alors, le père se retourne, oh, il ne la gronde
36:41 pas, il lui fait un grand sourire,
36:43 mais elle, soudain, elle est toute honteuse
36:45 d'avoir cédé à son impulsion.
36:47 Elle se sent
36:49 traître de sa sœur.
36:51 C'est cette petite Marie-là
36:53 qui réussit des études
36:55 invraisemblables et qui, à 15 ans,
36:57 obtient le baccalauréat,
36:59 la médaille d'or,
37:01 et le père, non seulement
37:03 a fait en sorte qu'elle soit
37:05 dans cette richesse de l'esprit,
37:07 mais également
37:09 qu'elle connaisse, eh bien, une sorte
37:11 des légèretés du corps.
37:13 On l'imagine mal, parce que
37:15 celle qui nous vient encore aujourd'hui,
37:17 dans les tableaux
37:19 qui la reproduisent, ou les photos,
37:21 c'est une image austère, jamais le moindre souris,
37:23 la dame en noir, eh bien,
37:25 dans sa jeunesse, dans cette
37:27 adolescence où elle
37:29 prie devant tous les élèves
37:31 et les garçons, eh bien,
37:33 elle danse,
37:35 elle joue du piano,
37:37 elle fait de la natation, tous les talents.
37:39 Mais,
37:41 une fois que vous avez votre bac en Pologne,
37:43 eh bien, il n'y a pas d'études possibles.
37:45 Ça s'arrêtait.
37:47 - Les femmes étaient interdites d'université à l'époque, c'est ça ?
37:49 - Voilà, voilà, et elle rêve de la sorbonne.
37:51 Je vous l'ai dit, elle parle français
37:53 grâce à son père, merveilleusement bien.
37:55 Et son père, le père,
37:57 leur a parlé de la sorbonne avec la sœur,
37:59 elle a dit "on ira à Paris". Laquelle des deux ira ?
38:01 "Oh, bah, on finit par dire
38:03 que ce sera Bronia, même si c'est elle la plus douée."
38:05 Et Bronia suivra
38:07 des études de médecin. Et elle attend,
38:09 elle s'impatiente, en attendant,
38:11 elle monte une sorte d'académie,
38:13 une académie pour les
38:15 ouvrières. Le soir, on donne des
38:17 cours. Et elle attend, elle attend,
38:19 elle se désespère, elle dit "il n'y aura jamais rien
38:21 pour moi". Et puis un jour, elle reçoit la lettre
38:23 "Je suis médecin, viens !"
38:25 Et la voilà qui se propulse
38:27 à Paris. - Marie arrive à ce
38:29 moment-là. - Marie arrive !
38:31 Et elle a fait le voyage,
38:33 la malle,
38:35 et le petit pliant,
38:37 parce qu'elle voyage en quatrième classe, il n'y a même pas de
38:39 siège !
38:41 Et elle arrive,
38:43 sa sœur l'accueille en disant "mais tu es chez nous ?"
38:45 Mais eux, ils sont dans une forme
38:47 de légèreté, elle s'est mariée, sa sœur,
38:49 elle dit "danse avec nous !" "Non, non, je suis là pour étudier
38:51 la Sorbonne, c'est la première,
38:53 la première à la Sorbonne,
38:55 dans tout l'amphithéâtre !
38:57 Elle obtiendra
38:59 la licence de physique
39:01 en étant première de la promotion !
39:03 - Oui, on peut dire
39:05 que pour obtenir ces deux prix Nobel et
39:07 devenir justement la première femme surtout à enseigner
39:09 à la Sorbonne, elle a en quelque sorte forcé
39:11 le destin. - Oui, mais elle fait
39:13 une rencontre extraordinaire ! - Et oui, Pierre Curie.
39:15 - C'est Pierre Curie. Et là aussi, ça,
39:17 on n'a pas le temps de... - Non, mais...
39:19 - Sachez simplement que Pierre Curie, il est
39:21 tellement original,
39:23 il est tellement surdoué,
39:25 mais également dans l'incapacité
39:27 de subir une autorité,
39:29 que son père, qui est médecin,
39:31 l'a laissé dans une sorte de jachère
39:33 intellectuelle, et que tout seul,
39:35 tout seul, il passera
39:37 son bac ! Il l'obtient
39:39 à 16 ans ! Mais quand vous n'avez pas suivi
39:41 un cursus normal, il est impossible
39:43 d'être considéré comme professeur !
39:45 Il obtient un poste néanmoins
39:47 de vague chercheur
39:49 dans une institution,
39:51 et... - Et ils se rencontrent.
39:53 - Ils se rencontrent grâce à
39:55 un ami Paul Haney, parce qu'elle a commencé
39:57 à travailler sur
39:59 la recherche, alors ça deviendra
40:01 le radium ! - Sur le magnétisme, hein !
40:03 - On ne le sait pas ! - C'est faux, il a...
40:05 - Et ils se rencontrent, c'est
40:07 un véritable coup de foudre, ils se
40:09 marieront, mais ce qui est extraordinaire,
40:11 c'est un couple aussi d'une modernité incroyable !
40:13 - Ils se marieront, et ils auront
40:15 beaucoup de Nobel ! - Oui !
40:17 - Et des enfants ! Et des enfants ! Et je dois dire
40:19 que vraiment, vous savez, il y avait ce film
40:21 formidable "Dieu a besoin des hommes", et bien Dieu a
40:23 besoin des hommes et des femmes, et lisez le
40:25 livre de Christine Kelly et de
40:27 Marc Menand, parce que ça montre
40:29 à quel point, à quel point, il ne faut jamais,
40:31 jamais se dire "Oh, moi je pourrais pas !"
40:33 Voilà des gens qui ont agrandi
40:35 le champ des possibles, qui ont montré
40:37 l'extension du champ des possibles,
40:39 et c'est ça qui est formidable. Alors lisez le livre,
40:41 ouvrez-le, il vous ouvrira !
40:43 - Eh oui, ces destins qui ont fait l'histoire,
40:45 et qui est un livre paru chez Plon, tout de suite,
40:47 vous retrouvez sur Sud Radio Brigitte Leh.
40:49 Sud Radio, parlons vrai.

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