En direct du Salon de l'Agriculture, sur le stand de la Coopération Agricole, Céline Alonzo et André Bercoff reçoivent Rémi Dumas, viticulteur et vice-président des Jeunes Agriculteurs ; Thierry Sénéclauze, agriculteur céréalier dans la Drôme ; Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination Rurale ; Hervé Pillaud, auteur de "Vers un monde sans faim" publié chez Diateino Éditions.
Retrouvez La culture dans tous ses états tous les vendredis avec Céline Alonzo et André Bercoff à partir de 13h.
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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2024-03-01##
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00:00:00 En direct du Salon de l'agriculture, Sud Radio la culture dans tous ses états, André Bercoff, Céline Alonso.
00:00:09 Les oreillettes, c'est les géries du Salon de l'agriculture du 60ème Salon André Bercoff,
00:00:14 qui se déroule à Paris-Porte de Versailles où nous sommes actuellement en direct sur Sud Radio,
00:00:19 et ce jusqu'à 14h depuis le stand de la coopération agricole.
00:00:23 Ce Salon, on peut dire, ne restera jamais gravé dans les annales.
00:00:26 Bah écoutez, il n'y a pas eu que les oreillettes, c'est bien les oreillettes, il y a eu les ventricules.
00:00:31 Les ventricules, ils ont vraiment, vraiment, vraiment, se sont fait entendre.
00:00:35 Encore ce matin, ce matin, ce matin, qu'est-ce qui était occupé ?
00:00:38 Où il y avait des tracteurs et des bottes de foie.
00:00:40 À la place de l'Etoile, à Paris, à l'Arc de Triomphe, la coordination rurale avait organisé effectivement une manifestation.
00:00:48 C'est-à-dire, en tout cas, ce qui se passe, c'est que ce n'est pas fini.
00:00:51 Mais qu'est-ce qui se passe vraiment ?
00:00:53 Chacun, encore une fois, il y a autant d'agriculteurs, il y a autant de problèmes, des problèmes très différents.
00:01:00 On va en parler avec nos invités, avec Rémi Dumas, qui est viticulteur,
00:01:03 qui est éleveur de Brebis-Léthière dans les Rous,
00:01:05 et qui est vice-président du syndicat des jeunes agriculteurs,
00:01:08 et président de l'association "Dommage, je serai paysan".
00:01:10 Et avec, et on l'a déjà reçu, Thierry Sénéclose, agriculteur sérialisé dans la Drôme,
00:01:16 ancien conseiller régional à l'origine du premier blocage de l'autoroute A7,
00:01:20 au début de la révolution agricole.
00:01:22 Et en seconde partie, on aura Hervé Pio, lui, c'est une innovation.
00:01:25 Quelle innovation ! Qu'est-ce que c'est ?
00:01:27 "Vers un monde sans fin", FIM, il le raconte.
00:01:31 Et surtout, surtout, surtout, ce que nous allons faire,
00:01:33 nous sommes en plein salon de l'agriculture,
00:01:35 hall 4 de la coopération agricole.
00:01:37 Pourquoi on en est là ?
00:01:39 Pourquoi il y a eu ce 60ème salon qui ne ressemblait à aucun autre ?
00:01:44 Céline.
00:01:45 Et oui, l'agriculture dans tous ses états, c'est dans un instant,
00:01:48 sur Sud Radio, en direct du salon de l'agriculture.
00:01:50 Alors restez avec nous, on revient dans quelques minutes.
00:01:52 Sud Radio, votre attention est notre plus belle récompense.
00:01:56 C'est vraiment agréable d'entendre une radio aussi joyeuse,
00:01:59 même que ce soit le 7h du matin et le soir, c'est excellent.
00:02:02 Sud Radio, parlons vrai.
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00:02:35 Sud Radio Aix-en-Provence.
00:02:37 95.1.
00:02:38 Sud Radio.
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00:03:48 En Formule 1, un rien peut déjouer une trajectoire parfaite.
00:03:53 Le débris sur la piste, le timing de la pluie,
00:03:56 la cloque sur le pneu, le freinage un peu trop tôt,
00:03:59 la réaccélération un peu trop tard.
00:04:01 Un rien peut faire la différence.
00:04:03 Mais en Formule 1, ce sont ces petits riens
00:04:06 qui déterminent les grandes trajectoires.
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00:04:49 En direct du Salon de l'agriculture,
00:04:52 Sud Radio, la culture dans tous ses états.
00:04:56 André Bercoff, Céline Alonso.
00:04:58 Toute l'année, même les jours fériés,
00:05:00 sous la pluie, la neige ou le vent,
00:05:02 notre passion, notre métier,
00:05:04 se vit au milieu des champs,
00:05:06 à la fraîche, au petit matin.
00:05:08 Ces chansons, l'année prochaine,
00:05:10 ici, certains, ils remportera l'Eurovision.
00:05:14 Nous ne sommes pas dans la culture dans tous ses états,
00:05:17 nous sommes dans l'agriculture dans tous ses états.
00:05:19 Et c'est le cas de le dire, Céline.
00:05:21 Et oui, effectivement, et cette chanson
00:05:23 que l'on vient d'entendre sur Sud Radio,
00:05:25 Céline, figurez-vous, de la révolte agricole
00:05:27 qui frappe la France, André,
00:05:28 depuis plus d'un mois et qui s'exprime
00:05:30 ici au Salon de l'agriculture,
00:05:32 où nous sommes en direct, effectivement,
00:05:34 depuis le stand de la coopération agricole, André.
00:05:36 Nous allons faire le bilan de cette 60e édition
00:05:38 et pour cela, nous avons le plaisir de recevoir
00:05:40 Rémi Dumas, qui est viticulteur,
00:05:42 éleveur de Brebis et vice-président
00:05:44 donc de Président du syndicat Jeunes agriculteurs.
00:05:48 Et nous avons aussi le plaisir de recevoir
00:05:50 Thierry Sénéclose, une grande figure du monde agricole,
00:05:53 qui, lui, est agriculteur céréalier.
00:05:55 Alors, selon vous, vous l'avez déclaré, Thierry Sénéclose,
00:05:58 ce salon, c'est le salon de la honte
00:06:00 et ce matin, vous avez tweeté ceci,
00:06:02 "Rien n'avance, on est vraiment pris pour des cons".
00:06:04 Oui, exactement.
00:06:06 Vous y allez fort, Thierry Sénéclose.
00:06:08 Oui, il faut y aller fort, parce que, de toute façon,
00:06:10 il est vrai qu'a priori, on déplace des virgules,
00:06:12 on s'amuse, j'ai l'impression quand même
00:06:14 qu'on n'avance pas et c'est pas ma remarque,
00:06:18 c'est la remarque de tout le monde autour de moi,
00:06:20 y compris, j'ai croisé ce matin certains J.A.,
00:06:22 dont je salue la présence ici de leur vice-président,
00:06:25 j'ai rencontré des gens de la CR,
00:06:27 qui ont fait une action a priori formidable
00:06:29 à l'arc de triomphe. Je crois que c'est
00:06:31 l'unanimité des agriculteurs, et en plus,
00:06:33 hors cas syndical, qui disent "Oui, rien n'avance,
00:06:35 on nous amuse avec des mesurettes".
00:06:37 On l'a vu encore hier soir, finalement,
00:06:39 un accord qui a été voté encore avec le Kenya,
00:06:43 de libre-échange, on empile les accords
00:06:45 de libre-échange, alors que nous sommes tous
00:06:47 aujourd'hui unanimement contre ces accords,
00:06:50 qui, de toute façon, comme l'a dit M. Macron,
00:06:52 il y a des gagnants et des perdants,
00:06:54 mais nous sommes toujours les perdants, quoi.
00:06:56 Les gagnants et les perdants, quand même,
00:06:58 il n'y a pas d'avancée, vous dites qu'aujourd'hui,
00:07:01 vous dites Thierry Sénéclose, au fond,
00:07:03 voilà, le poulet ukrainien, on ne fait pas
00:07:05 de taxes d'importation, pas de droits de douane,
00:07:09 parce qu'il faut servir l'Ukraine.
00:07:12 Vous avez l'impression, en fait, quoi ?
00:07:14 Quand vous dites "Salon de la honte",
00:07:15 qui est quand même très fort, vous dites quoi ?
00:07:17 Les agriculteurs se sont laissés à eux-mêmes ?
00:07:19 Et je vais poser, évidemment, la question,
00:07:20 ensuite, à Rémi Dumas.
00:07:21 Oui, je crois que les agriculteurs,
00:07:23 finalement, s'appuient sur des organisations
00:07:25 qui sont quand même plus ou moins, je dirais,
00:07:27 infiltrées ou vérolées par un système
00:07:30 qui dure plus des années et qui amène
00:07:32 l'agriculture aujourd'hui, finalement,
00:07:34 qui perd de ligne un peu les fondamentaux,
00:07:36 où c'est que le gros problème de fond,
00:07:37 de l'agriculture, c'est la rémunération.
00:07:39 Il y a toutes ces normes, certes,
00:07:40 qui nous ont fixées, qui ne sont plus acceptables,
00:07:43 mais le problème fondamental de la rémunération,
00:07:46 il n'est pas traité.
00:07:47 Et aujourd'hui, le problème, alors parlons
00:07:49 de ce qui peut être traité au niveau national
00:07:51 et ce qui est européen,
00:07:52 qui est deux choses différentes.
00:07:53 Il y a des étapes prochainement,
00:07:54 il y a des élections européennes,
00:07:55 que les gens aillent voter, qu'ils aillent voter
00:07:57 massivement pour faire changer les choses.
00:08:00 Mais surtout, je crois que je l'ai démontré
00:08:02 l'autre jour chez vos collègues de BFM,
00:08:05 sur la chaîne autre, que j'ai démontré
00:08:10 par des factures à l'appui,
00:08:12 qu'aujourd'hui, les prix moyens des produits agricoles
00:08:14 sont payés aux producteurs au prix des années 86.
00:08:17 Et par contre, que les prix des intrants,
00:08:18 des carburants, des semences, des charges,
00:08:20 des contraintes nouvelles, des normes
00:08:22 qu'on nous impose, sont facturés
00:08:23 au prix des années 2023, soit en euros
00:08:26 x6, x7, x8.
00:08:28 Une heure de Mécano qui était à 65 francs,
00:08:30 elle est facturée 75 euros.
00:08:32 Elle a suivi l'euro.
00:08:33 Le blé qui était vendu à l'époque 1500 francs,
00:08:36 un peu plus de 200 euros,
00:08:37 est aujourd'hui, sur AgriTel, au cours mondial,
00:08:40 à moins de 200 euros la tonne.
00:08:42 Il faut arrêter de se battre pour déplacer des virgules.
00:08:44 Il va falloir reposer des majuscules.
00:08:46 Et ces majuscules, elles vont être posées
00:08:48 par les agriculteurs qui vont continuer massivement
00:08:50 les manifestations, et puis par le peuple
00:08:52 qui va les rejoindre.
00:08:53 Parce que le peuple est usé de tout ça aussi.
00:08:55 Le peuple n'a plus le pouvoir d'achat.
00:08:56 - Mais que répondez-vous par exemple à Emmanuel Macron
00:08:58 qui dit qu'il n'y a pas d'Europe, pas d'agriculture ?
00:09:01 - Non, c'est faux.
00:09:02 Sans Europe, sans l'agriculture,
00:09:04 il peut y avoir une Europe.
00:09:06 Une Europe, certes, des nations,
00:09:07 qui protège les frontières extérieures,
00:09:09 et qui apporte, je dirais, un bien-être
00:09:12 dans l'ensemble de la communauté européenne.
00:09:14 Mais cette Europe, aujourd'hui,
00:09:15 on a quand même légèrement l'impression
00:09:17 qu'elle est soumise au mondialisme,
00:09:19 et entre autres à ces accords de libre-échange
00:09:21 qui finalement ne font que le jeu des multinationales.
00:09:24 Il y a eu du commerce agricole avant cette Europe
00:09:27 qui a été instaurée de toutes pièces
00:09:30 par les Etats-Unis d'Amérique,
00:09:32 et qui finalement nous dirige et nous oriente
00:09:34 dans sa gueule par la soumission des Etats-Unis,
00:09:36 de la finance des Etats-Unis.
00:09:37 En Ukraine, on voit de partout, quoi.
00:09:39 Voilà, donc il faudra sûrement refonder cette Europe,
00:09:41 ça c'est sûr.
00:09:42 - Ok Thierry, alors moi je voudrais poser une question
00:09:44 à Rémi Dumas,
00:09:45 parce que vous y êtes allé aussi un peu fort.
00:09:47 Vous dites "oui, mais il y a trop d'organisations infiltrées, etc.
00:09:51 qui collaborent, etc."
00:09:53 Rémi Dumas, vous êtes agriculteur,
00:09:55 vous êtes éleveur de bobbies,
00:09:57 vous êtes vice-président du Syndicat des Jeunes Agriculteurs.
00:10:01 Votre vision, elle est quoi aujourd'hui
00:10:03 par rapport au bilan où on arrive à la fin du 60ème,
00:10:06 et surtout les problèmes qui sont posés,
00:10:09 et qui ont été posés de façon assez forte.
00:10:11 Quel est votre ressenti,
00:10:14 votre opinion là-dessus ?
00:10:16 - La vision et le ressenti, c'est que de raviver des braises
00:10:19 et d'essayer de faire du populisme,
00:10:21 ça ne fait jamais avancer les choses.
00:10:23 Nous sommes un syndicalisme de proposition,
00:10:25 et on travaille avec tout le monde.
00:10:27 C'est notre force, c'est-à-dire que nous,
00:10:29 on va de l'extrême droite à l'extrême gauche,
00:10:31 on va rencontrer tout le monde.
00:10:33 Et c'est ça qui est important aujourd'hui.
00:10:35 C'est facile de crier dans les fois de démonstration de force
00:10:38 pendant un salon qui, pour vous, est de la honte.
00:10:40 Pour moi, c'est une fierté d'avoir un salon d'agriculture
00:10:42 qui fait ses 60 ans, de pouvoir échanger avec les gens.
00:10:45 Et on le voit depuis dimanche, la fréquentation qui est très bonne,
00:10:48 et qui permet justement de faire ses échanges
00:10:51 avec les concitoyens qui nous soutiennent,
00:10:53 parce qu'ils savent qu'on a une noble cause.
00:10:56 Et aujourd'hui, d'aller continuer d'emmerder les Français,
00:10:58 je ne suis pas sûr que ce soit la solution.
00:11:00 La solution, c'est de faire encore des propositions,
00:11:02 ce que nous faisons tous les jours, et pas tous les 5 ans.
00:11:06 On est toujours là au combat,
00:11:08 et quand il y a un gouvernement en place,
00:11:10 c'est avec lui qu'il faut travailler.
00:11:12 Parce que si on n'avait pas travaillé avec le gouvernement d'avant,
00:11:15 il n'y aurait peut-être pas non plus des choses.
00:11:17 Alors oui, on peut être traité d'infiltrés, etc.
00:11:19 Mais aujourd'hui, c'est le gouvernement Macron qui est en place,
00:11:21 et ça serait quand même dommage de ne pas parler et travailler avec les gens qui ont des objections.
00:11:25 - Rémi Dumas, juste, parlons des propositions.
00:11:28 - On ne fait pas de politique chez nous.
00:11:29 - Non, j'ai compris, mais tout est politique, vous le savez très bien.
00:11:33 - Ah ben là, ça se voit chez certains.
00:11:35 - Non, j'ai compris, quand je dis "tout est politique",
00:11:38 je veux dire par là qu'il y a quand même...
00:11:40 Je parle du fond.
00:11:41 Pour vous aujourd'hui, Rémi Dumas, et ensuite Thierry, vous répondrez,
00:11:44 est-ce que pour vous, aujourd'hui, ce qui se passe dans la situation,
00:11:49 compte tenu de l'Europe, compte tenu du libre-échange, etc.,
00:11:53 pour vous, dans l'opinion, et vous avez tout à fait la légitimité de la voir,
00:11:58 est-ce que pour vous, tout va plutôt bien, ou il y a vraiment des choses profondes à changer ?
00:12:04 - Non, mais le compte n'y est pas, c'est une certitude.
00:12:07 La seule chose, c'est qu'aujourd'hui, il faut se remettre au travail.
00:12:09 Les propositions, on les a faites, elles sont sur la table.
00:12:11 C'est au gouvernement de les mettre en place.
00:12:14 Il y a beaucoup de travail dans les préfectures, encore une fois,
00:12:17 en concertation et sur les simplifications administratives,
00:12:21 avec une grosse pile sur le bureau, là aussi, du gouvernement, à mettre en place.
00:12:24 Non, c'est pas balayé, il faut continuer à faire des actions, mais proprement.
00:12:28 La simplification, c'est une chose, la compétitivité dans les exploitations,
00:12:32 c'est essentiel pour justement, avec tout ça, retrouver de la rémunération sur les exploitations.
00:12:37 Et je pense que là-dessus, il n'y a pas de sujet entre tous les syndicats.
00:12:40 On a besoin de rémunération, de dignité dans notre métier,
00:12:43 de retrouver cette fierté de produire, cette fierté de nourrir les Français,
00:12:47 avec une juste rémunération.
00:12:49 Et aujourd'hui, ce qu'on demande au gouvernement, c'est effectivement cette vision à long terme,
00:12:53 avec le cap que l'on veut, une souveraineté alimentaire inscrite majeure.
00:12:58 Mais qu'est-ce qu'on y veut dedans ?
00:13:00 Et nous, ce qu'on prône encore, c'est d'avoir ces différents modèles agricoles
00:13:04 qui font notre force aussi, avec différents circuits de commercialisation,
00:13:08 du moment qu'il y a de la rémunération derrière.
00:13:10 Et on ne peut pas faire un cap avec juste un modèle, ça ne marchera jamais.
00:13:14 Par contre, il faut peut-être se remettre tous en question,
00:13:17 pour aller de l'avant et tous en question.
00:13:19 Thierry Sénéclose, selon vous, il manque 35 milliards aujourd'hui à l'agriculture ?
00:13:25 Oui, tout à fait. C'est différentiel avec un calcul d'un pour cent d'inflation,
00:13:28 même atténué de la revalorisation annuelle,
00:13:31 sur le départ des prix que j'ai publié de 1986 à aujourd'hui.
00:13:36 On vend aujourd'hui à quelque chose près le prix de la viande, de moutons, de bovins,
00:13:42 les œufs, le lait, les fruits et légumes, les céréales, les abricots.
00:13:47 Chez moi, j'ai des gens qui ont gagné de l'argent avec les abricots dans les années 90.
00:13:50 Aujourd'hui, ils arrachent, ils sont en train de se ruiner avec le personnel et tout ça.
00:13:54 Ils ont de la concurrence déloyale, la cerise a de la concurrence déloyale avec des produits, tout ça.
00:13:58 Donc c'est bien ces accords de libre-échange qui ne sont pas verrouillés, qui permettent tout cela.
00:14:02 Donc à partir d'aujourd'hui, la rémunération, c'est bien beau d'en parler et de dire "on est tous d'accord, on a fait le constat, c'est très bien".
00:14:09 Moi, je salue monsieur de ses remarques, mais moi quand on me dit "il faut faire des barrages propres",
00:14:16 je crois que le barrage de l'Asset a été un des plus propres, des plus respectués de France.
00:14:20 - Oui, c'est vous qui l'avez initié. - Tout à fait.
00:14:22 Vous savez qu'il n'y avait absolument aucun...
00:14:24 Tous les gens ont déposé, même les GI, qui sont venus nous rejoindre
00:14:28 et qui ont déposé leur... que ce soit de la CR ou les autres, ont déposé leur fagnot.
00:14:33 - Les gilets ? - Non, non, nous on a eu absolument pas de gilets.
00:14:36 On a été très propre, il n'y a rien eu de versé sur l'Asset au niveau de Halbon.
00:14:39 Je dis bien au niveau de Halbon, il y a eu un autre barrage.
00:14:42 On est parti, l'autoroute a été balayée, le peu qu'il y avait.
00:14:44 On a fermé le portail, l'autoroute circulait un quart d'heure, vingt minutes après.
00:14:49 On a fait un marché sur l'autoroute, on a eu la cohésion totale du peuple.
00:14:52 Des voisins qui ne se parlaient plus se parlaient.
00:14:55 Aujourd'hui, je ne pense pas que je les ai eus dans d'autres syndicats.
00:14:58 - Bon voilà, tout le monde se parle. - Mais c'était l'année qu'on parlait avec tout le monde.
00:15:01 Tout le monde se dit bonjour, ça s'est très bien passé.
00:15:03 Moi je salue les actions de certains syndicats des jeunes agriculteurs, y compris de la FNSEA.
00:15:08 Aujourd'hui, il est grand temps, justement, de sortir de ce...
00:15:12 - De s'unir, vous dites par voie, quelque part. - De s'unir pour un véritable combat.
00:15:15 Sachant que les agriculteurs majoritaires ne sont ni ceux de la FNSEA, ni ceux de la coordination,
00:15:20 mais ce sont d'abord et avant tout les Nord-Syndiqués et les Hors-Cadres Syndicales.
00:15:24 Et qu'aujourd'hui, je vais dire, ce ras-le-bol général va sortir dans la rue.
00:15:29 On le sait, on peut appeler au calme.
00:15:31 Et le faut, j'y tiens, j'ai moi personnellement permis à une demoiselle
00:15:35 qui a amené un bouquet de fleurs à M. Macron, de passer au barrage filtrant des boucliers,
00:15:40 en la protégeant de jeunes agriculteurs de la FNSEA qui étaient prêts à la décapiter.
00:15:45 - Donc voilà, c'est ce que je viens de dire. - On ne va pas connaître ces manchères.
00:15:49 - Non mais Rémi Dumas, je voudrais te poser une question, soyons sur des faits concrets, des sujets concrets.
00:15:54 Quand Thierry de Leclose, il n'est pas le seul, pose le problème du libre-échange.
00:15:58 Aujourd'hui, on voit très très bien, on dit d'un côté, oui absolument il faut protéger,
00:16:02 mais de l'autre côté, que ce soit, je ne parle pas seulement du Mercosur,
00:16:06 que ce soit avec le Guatemala, avec le Chili, avec l'Argentine, avec l'Australie, la Nouvelle-Zélande, etc.
00:16:12 Ne parlons pas de l'Ukraine, mais enfin aussi...
00:16:15 Est-ce que ce problème pour vous du libre-échange est un problème majeur qui est posé ou pas ?
00:16:20 - Ça fait partie des problèmes, parce que nous avons nous une agriculture de qualité,
00:16:26 que l'on exporte et on fait rentrer des produits de moins bonne qualité.
00:16:29 Donc la problématique elle est surtout là, parce qu'aujourd'hui si on était à armes égales,
00:16:33 avec les mêmes règles du jeu et au sein de l'Union Européenne en premier,
00:16:37 c'est-à-dire qu'on n'a pas les mêmes armes, pour entre guillemets...
00:16:40 - Même avec l'Espagne ! - Même avec l'Espagne, sur la filière viticole par exemple.
00:16:44 - Oui, les vins espagnols sont moins chers.
00:16:47 - Oui, bien sûr, on a fait des distillations de crise, parce qu'il y avait le marché qui était bloqué.
00:16:51 En attendant, on rentre rien que d'Espagne 3 millions d'hecto.
00:16:54 Donc qui sont à moitié prix, voire moins que la moitié de nos vins,
00:16:58 avec des signes de qualité, de HVE, du bio, etc.
00:17:02 Aujourd'hui c'est ça la problématique, c'est qu'on produit trop cher en France,
00:17:06 et en plus les grandes surfaces, etc. ne jouent pas le jeu.
00:17:09 C'est-à-dire qu'on parlait des abricots, des fruits et légumes,
00:17:12 on vous les achète ras les pâquerettes,
00:17:15 on va les vendre plus cher que les produits étrangers,
00:17:18 qu'ils auront acheté peut-être plus cher que chez nous-mêmes.
00:17:20 Mais c'est un produit d'appel.
00:17:22 Donc en fait, où va l'argent dans les intermédiaires ?
00:17:24 C'est pas normal qu'on paye 40 centimes un litre de lait et qu'on ne le revende plus d'un euro.
00:17:28 C'est là la cohérence.
00:17:30 - Mais alors justement, je me rappelle d'un agriculteur qu'on a reçu ici à Sud Radio dans l'émission,
00:17:34 qui disait, vous savez, quand vous faites votre caddie,
00:17:37 que vous achetez 100 euros pour 100 euros,
00:17:40 les agriculteurs 6 euros, oui, 6 à 7 euros.
00:17:43 Ce qui est quand même assez hallucinant, quoi.
00:17:46 - Peut-être à peine.
00:17:48 - Donc il est là le problème, mais le problème, on va continuer à en parler,
00:17:52 parce que justement, et encore une fois, ce n'est pas le gouvernement Macron,
00:17:56 c'est bien avant, tout ça date de dizaines d'années.
00:17:59 Il n'y a pas qu'ils ont pu faire de la politique politicienne ici.
00:18:02 Simplement, qu'est-ce qui fait, et on va en parler juste après cela,
00:18:06 qu'est-ce qui fait que cette politique s'est appliquée par des décennies,
00:18:09 et que ça continue, et qu'au fond, on a l'impression que rien ne change ?
00:18:13 - La dérive.
00:18:14 - La dérive. Eh bien, on va parler de cette dérive tout de suite,
00:18:17 tout de suite, après cette petite pause.
00:18:20 Sud Radio, la culture dans tous ses états.
00:18:25 André Bercoff, Céline Alonso.
00:18:27 En direct du Salon de l'agriculture.
00:18:30 Sud Radio, la culture dans tous ses états.
00:18:33 André Bercoff, Céline Alonso.
00:18:35 - On a besoin de nos paysans pour planter du blé,
00:18:38 et pas que André Bercoff.
00:18:40 Thierry Sénéclose, le gouvernement a proposé plusieurs mesures récemment,
00:18:44 notamment ce fameux prix plancher.
00:18:46 Comment vous avez réagi, comment vous les percevez,
00:18:49 vous, en tant qu'agriculteur, toutes ces mesures ?
00:18:51 - Si vous voulez, j'ai écouté quelques mesures, vous parlez de 60,
00:18:55 même mon collègue, qui est de mon côté, a priori, ne les connaît pas toutes.
00:18:57 On a de la peine, justement, à interpréter ce que nous propose le président de la République.
00:19:01 Et alors, le prix plancher, a priori, ça se fait aux Etats-Unis,
00:19:05 je l'ai dit chez vos collègues l'autre soir,
00:19:07 mais même aux Etats-Unis, il y a énormément de petites fermes qui sont en faillite.
00:19:11 Donc finalement, ça n'est pas que la solution.
00:19:13 Il peut y avoir des prix garantis, des prix planchers, c'est un double tranchant.
00:19:16 Comment ils sont mis, comment ils sont appliqués, est-ce qu'ils correspondent à tout le monde ?
00:19:19 C'est très compliqué.
00:19:21 Je crois qu'aujourd'hui, les ministères d'agriculture,
00:19:23 les chambres d'agriculture, tout le système qui tourne autour de l'agriculture,
00:19:27 administratifs, ils sont nombreux pour travailler là-dedans,
00:19:30 avec des bons salaires pour certains,
00:19:32 pourraient sortir un système qui permettrait,
00:19:34 on parle souvent de l'intelligence artificielle, mais simplement quelques calculateurs,
00:19:38 qui permettraient, en faisant du multiplexage de bilan,
00:19:42 très rapidement, avec les cabinets d'experts comptables,
00:19:44 de sortir un prix moyen du blé.
00:19:46 Par exemple, pour ne parler que du blé,
00:19:48 bien sûr, il y a tout un tas d'autres problèmes,
00:19:50 le filet à recours, tout ça.
00:19:52 Et ce prix moyen serait très facile de l'indexer, c'est vrai,
00:19:55 sur les charges qui fluctuent, entre autres, les carburants, etc.
00:19:59 Pour finalement avoir un revenu constant dans les exploitations.
00:20:03 Il y aura toujours des disparités de revenus en fonction de la dimension des exploitations,
00:20:08 ça c'est normal, et on ne peut pas faire grand-chose.
00:20:10 Chaque exploitation a un bilan différent, et gérée différemment.
00:20:14 Mais finalement, c'est l'agriculture française, et c'est très bien,
00:20:16 parce qu'on ne veut pas d'une agriculture mondialisée,
00:20:19 avec des ultra-ultra-grosses fermes, mais on ne veut pas non plus,
00:20:21 moi personnellement, je pense que l'ultra-l'ultra-paysan en circuit court peut fonctionner,
00:20:25 mais ça n'est pas non plus que la solution, on le voit très bien.
00:20:27 - Alors, on va en parler, Thierry Sénéclose, je voudrais juste dire par rapport à la chanson,
00:20:31 et je voudrais que Rémi Dumas, c'est la question que je pose à Thierry Dumas,
00:20:36 quand il dit "s'il n'y a plus de blé", dit Pierre Bachelet, qui le plantera ?
00:20:40 - Ah ben, on va vous dire, comment ? Mais un peu partout !
00:20:43 A l'Amérique du Sud, en Ukraine, partout, regardez le terrain à blé de l'Ukraine !
00:20:48 Monsanto est en train de tout acheter, Black Rock et compagnie,
00:20:51 il n'y a pas de problème, nous sommes là Monsanto, nous sommes là Black Rock !
00:20:54 Les agriculteurs français, écoutez, occupez-vous d'autre chose, nous le blé, on est là !
00:20:58 Rémi Dumas, est-ce qu'on ne revient pas toujours dans ce problème,
00:21:01 non pas seulement du libre-échange, mais est-ce que la France,
00:21:05 qui était quand même, je le rappelle, moi, je parle en huron, je ne connais rien à l'agriculture,
00:21:09 j'adore les produits, j'ai les produits français, j'adore le manger,
00:21:13 mais qu'est-ce qui se passe ? On était le pays le plus agricole d'Europe,
00:21:18 c'est le moins que l'on puisse dire, on ne va pas revenir aux chiffres d'il y a 50 ans et aujourd'hui,
00:21:23 enfin, c'est un pays d'une richesse extraordinaire,
00:21:26 qu'est-ce qui fait qu'on ne peut plus, nous, manger les produits de notre nation ?
00:21:31 Effectivement, on est chanceux en France, c'est qu'on peut produire notre alimentation,
00:21:35 contrairement à d'autres pays dans le monde, il ne faut pas les oublier non plus,
00:21:39 parce qu'on est quand même exportateur, notamment de céréales,
00:21:43 et donc il ne faut pas oublier les pays qui n'ont pas la chance de produire.
00:21:46 Aujourd'hui, oui, mais les politiques publiques ont fait que l'agriculture a été en forte décroissance,
00:21:54 et puis le nombre d'agriculteurs baisse tous les jours parce qu'il y a une démotivation aussi,
00:21:59 d'une partie de la population, le métier est très mal connu,
00:22:03 et pour ça on y travaille pour remettre aussi les métiers de l'agriculture dans les écoles,
00:22:08 et les métiers, c'est le métier de production, mais tout ce qui nous entoure aussi,
00:22:11 parce qu'on est sur le stand de la coopération agricole,
00:22:14 et les agents dans les coopératives sont aussi très compliqués à trouver.
00:22:18 Par contre, c'est un métier conduissant, c'est un métier d'avenir, on mangera toujours demain.
00:22:22 Et puis il faut redonner, je le disais tout à l'heure, de la dignité aux agriculteurs,
00:22:26 et donc pour vivre dignement, c'est de la rémunération,
00:22:28 et on n'a pas envie de vendre à perte, qui aujourd'hui a envie de travailler pour perdre de l'argent ?
00:22:33 C'est ce qu'on fait actuellement sur beaucoup trop d'exploitations,
00:22:36 il ne faut pas mettre tout le monde dans le même bateau, heureusement il y en a qui marchent,
00:22:39 mais par contre, la montée en gamme est essentielle, certes,
00:22:43 mais en plus une fois, c'est la segmentation de marché qui est un peu notre force aussi,
00:22:47 c'est d'essayer de nourrir un maximum de personnes en France.
00:22:50 On ne peut pas faire que de l'excellence, qui à un certain prix n'est pas accessible à tout le monde,
00:22:55 et on ne fait plus de mauvaise agriculture en France,
00:22:58 donc ça ce n'est pas entendable quand on entend certains politiques dire
00:23:03 "Vous travaillez n'importe comment, vous polluez etc."
00:23:06 C'est faux ! C'est faux !
00:23:08 C'est faux quand on les a abonnés ?
00:23:09 Mais bien sûr que c'est faux !
00:23:10 Mais attendez, aujourd'hui il n'y a plus d'agriculture conventionnelle en France, ça n'existe plus,
00:23:14 on est dans une agriculture raisonnée, dans tous les cas, si on parle de produits phyto,
00:23:19 on est formé pour ça, ça coûte horriblement cher,
00:23:23 ce n'est pas par plaisir qu'on le fait, ce n'est pas en nécessité,
00:23:25 c'est comme quand vous, vous êtes malade, les antibiotiques ce n'est pas systématique,
00:23:28 et bien pour les plantes c'est exactement la même chose.
00:23:31 Donc aujourd'hui c'est ça aussi qu'il faut redonner,
00:23:33 il faut faire comprendre aux Français ce que l'on fait au quotidien,
00:23:37 il faut leur montrer, montrer ce qu'on fait de bien,
00:23:39 c'est bien pour ça qu'on ne voulait pas que le salon d'agriculture se passe mal,
00:23:42 et encore une fois, moi je suis très fier de ce salon,
00:23:44 parce que les gens sont au contact, et c'est ça qu'il faut leur montrer aujourd'hui,
00:23:48 c'est bien beau, on est sur les radios et les télé en ce moment parce qu'on gueule,
00:23:50 mais venez dans un mois et demi quand tout se passera pas trop mal,
00:23:53 quand on aura avancé, parce qu'il faut y croire aussi,
00:23:55 il faut arrêter de dire qu'il n'y a pas d'avenir agricole en France,
00:23:58 il y a un avenir agricole en France, il faut qu'on le construise ensemble,
00:24:01 il faut qu'on le construise ensemble, et redonner cette dignité aux agriculteurs.
00:24:05 Mais il y a un avenir si on se bat pour ça ?
00:24:07 Mais bien sûr qu'on se bat, mais encore une fois,
00:24:09 c'est pas en faisant juste du populisme et des démonstrations de force qu'on y arrivera,
00:24:13 il a fallu qu'on monte au créneau, on a fait plus de 500 actions,
00:24:16 90 départements en mouvement, plus de 50 000 agriculteurs sur le terrain,
00:24:21 oui, ça c'est une réalité, encore ils n'ont pas tous monté,
00:24:24 parce qu'il y a les syndiqués, les non-syndiqués, etc.,
00:24:26 oui on s'est tous mobilisés pour montrer qu'on était là,
00:24:28 Mais c'est important !
00:24:30 Ça a marché, ça a marché, maintenant il faut arrêter,
00:24:32 il faut aller dans un temps de vrai travail,
00:24:34 d'apporter des propositions, des solutions,
00:24:37 de dire quand ça va pas, et aujourd'hui il y a des choses qui ne vont toujours pas,
00:24:40 même sur les annonces où le gouvernement se dit "ouais c'est bien, on a lancé ça, vous voyez on avance",
00:24:45 non, on a enlevé un verrou, il y en a 10 derrière,
00:24:47 et c'est les 10 derrière qui sont contraignants,
00:24:49 et je pense, le plus gros, un des sujets, sur le curage des fossés,
00:24:53 aujourd'hui ils ont juste réduit le délai pour faire la demande,
00:24:56 mais il faut encore aller avec la paix et la...
00:24:58 Le curage des fossés, par exemple pour les gens qui ne savent pas ce que c'est ?
00:25:01 En gros c'est entretenir les cours d'eau, etc,
00:25:04 et on a vu les inondations dans le nord de la France notamment,
00:25:07 aujourd'hui on n'a plus le droit d'entretenir les cours d'eau,
00:25:09 et j'en ai parlé ce matin au ministre Béchu,
00:25:12 c'est pas normal qu'on puisse pas le faire,
00:25:14 c'est les agriculteurs qui le faisaient avec bon sens en fait, encore une fois !
00:25:16 Comme les haies !
00:25:18 Mais comme les haies, mais ça c'est...
00:25:20 Et gratuitement !
00:25:22 Et donc je finis sur ça, aujourd'hui,
00:25:24 le curage, on est encore obligé de le faire à la paix et à la pioche,
00:25:26 on peut pas y aller avec des engins,
00:25:28 alors que c'est du bon sens, et ça sert au collectif,
00:25:30 donc c'est ce genre de choses qu'il faut revenir.
00:25:33 Aujourd'hui on a une France qui est sur-administrée,
00:25:35 et ça c'est valable pour tout le monde, les artisans, les commerçants, etc,
00:25:38 c'est pour ça qu'on va sur de la simplification,
00:25:40 il faut sur de la simplification,
00:25:42 et il faut aussi que le gouvernement commence à changer de logiciel,
00:25:46 mais aussi les administrations.
00:25:48 Alors je salue les personnes qui sont dans la DDTM, etc,
00:25:51 qui font le job pour nous aider,
00:25:53 et essayer d'aller vite sur le paiement des dossiers,
00:25:55 et il y a des endroits où ça marche bien,
00:25:57 mon département ça marche plutôt pas mal,
00:25:59 et il faut le dire aussi quand ça va bien,
00:26:01 avec des préfets qui sont devant, et qui vont de l'avant,
00:26:04 par contre il y a d'autres endroits c'est pas possible,
00:26:06 et les ministères aussi,
00:26:08 il y a des personnes qui sont au travail dans les ministères,
00:26:10 on les salue, par contre il y a des personnes qui nous mettent des bâtons.
00:26:12 - Il y a toujours le verre à moitié plein, le maire à moitié vide.
00:26:15 - Et ça c'est une question politique, vous savez chez vous,
00:26:17 quand vous avez un salarié qui va pas, vous le mettez à la porte.
00:26:20 - Et pourquoi de l'administration on les met pas à la porte ?
00:26:22 - Ah ben ça elle est leur demandée.
00:26:24 - Vous êtes d'accord, vous êtes d'accord.
00:26:26 - On va arrêter, nous on est encore une fois au silence.
00:26:28 - Thierry Seneclaus.
00:26:30 - Oui donc je rejoins un petit peu mon collègue,
00:26:32 bon le problème, tout à l'heure,
00:26:34 il y a quand même une chose qui m'a gêné dans ce que tu as dit,
00:26:36 c'est que tu as dit "ben oui on fait de l'alimentation qualité,
00:26:39 pour les gens qui ont des moyens,
00:26:41 mais finalement on a besoin d'alimentation pas cher,
00:26:43 pour les gens qui n'ont pas le moyen".
00:26:45 C'est quand même dangereux, ça laisse quand même sous-entendre
00:26:47 qu'on peut nourrir une partie de la population avec de la merde.
00:26:49 Moi je suis pas tout à fait d'accord.
00:26:51 - On produit de qualité en France, donc c'est pas de la merde qu'on fait.
00:26:53 - Tu as dit tout à l'heure qu'on avait besoin de produits importés,
00:26:57 de mauvaise qualité pour les gens qui n'avaient pas de pouvoir d'achat.
00:26:59 - Ah non j'ai pas dit ça.
00:27:00 - Si si tu l'as dit, on peut revenir sur le truc,
00:27:02 ça me tient quand même un petit peu dans ton analyse.
00:27:04 - Vous avez mal compris.
00:27:05 - Ça laisse sous-entendre qu'on pourrait nourrir les gens pauvres
00:27:07 avec des produits pas chers.
00:27:08 - Vous avez mal compris.
00:27:09 - Et les produits pas chers qui viennent d'Ukraine,
00:27:11 c'est des hormones, c'est du BGMA, GM,
00:27:13 c'est du pollé qui a deux ans de congélation,
00:27:15 on a l'impression de manger ça, on met la tête, la mâchoire dans un sac de farine,
00:27:18 c'est dégueulasse, disons la vérité.
00:27:19 Mais, ce qui ne veut pas dire que tous les pays
00:27:22 et que toutes les agricultures mondiales ne font pas aussi des bons produits.
00:27:25 Attention, il faut bien différencier.
00:27:27 - Il n'y a que la France et les autres.
00:27:29 - Le poulet qui vient d'Ukraine c'est quand même plus de 60 millions d'euros
00:27:31 de subventions à une seule personne, un oligarque ukrainien
00:27:34 qui fait aujourd'hui des millions de têtes.
00:27:36 Et les gens du village qui travaillent chez eux,
00:27:38 travaillent pour 100 euros par mois,
00:27:39 et leur cabane leur tombe sur la tête.
00:27:41 Il n'y a pas besoin non plus que des bombes pour y couler des maisons en Ukraine.
00:27:43 - Oui André, et ces voisins ils rentrent en France sans droit de douane.
00:27:46 - On n'en veut plus, voilà, sans droit de douane tout ça.
00:27:48 - C'est incroyable.
00:27:49 - Avant ils exportaient sur la Russie,
00:27:50 et avec le conflit on les a fait importer en France.
00:27:52 Et on dit, ces gens-là qui sont financés par la finance américaine,
00:27:55 qui sont les financeurs de Blackstone, de BlackRock, de Vanguard,
00:27:59 ce n'est pas du poulet ukrainien,
00:28:02 c'est avant tout du poulet américain d'une guerre qui nous ont mis au cœur de l'Europe.
00:28:05 Eh bien moi je ne peux pas suivre ce système, je le dénonce ce système.
00:28:08 Et ce n'est pas du populisme, c'est 80% de gens qui sont des agriculteurs
00:28:11 aujourd'hui en couleur, en colère, qui n'ont plus de pouvoir d'achat
00:28:14 et qui voient très bien que ce système les mène droit d'ambure.
00:28:17 - On est d'accord, mais je souhaite quand même rectifier.
00:28:19 Je n'ai pas dit que les personnes qui n'avaient pas d'argent devaient manger de la merde.
00:28:22 J'ai dit qu'on produisait trop cher en France pour les personnes qui n'ont pas les moyens.
00:28:25 - Et on ne produit pas cher en Ukraine de la merde, donc les gens pauvres peuvent la manger.
00:28:28 - Et ce que je demande, et qui était bien clair quand même,
00:28:31 je pense qu'il y a que vous qui ne l'avez pas compris,
00:28:33 c'est qu'on produise moins cher pour avoir accès à tout le monde.
00:28:36 - On refait, je vous le promets, y compris sur ce Dradio,
00:28:41 le rewind de cela.
00:28:44 Mais au-delà de ça, franchement, il y a une chose qui me frappe.
00:28:48 Et on en a parlé, mais prenons le cas de l'Espagne,
00:28:51 et non pas juste en Ukraine, qui est effectivement assez scandaleux.
00:28:53 - Oui, ils sont dans l'Europe, eux.
00:28:55 - L'Espagne fait partie de l'Union Européenne.
00:28:58 Comment on peut expliquer que, encore, on accepte, quiconque accepte,
00:29:02 que ce soit à la Commission Européenne, à l'Union Européenne, nos gouvernants,
00:29:06 qu'il y ait une telle différence de prix ?
00:29:10 - Je vais répondre. Le problème, c'est qu'on est dans une Europe
00:29:13 qui est un conglomérat, comme si on avait un statut de société,
00:29:16 entre nous, et que personne ne respecte les statuts de la société.
00:29:19 On est dans une Europe qui n'est pas harmonisée,
00:29:21 où c'est que tout le monde dilapide du pognon dans tous les sens, comme il le souhaite.
00:29:24 Il y a beaucoup de milliards qui partent dans le gaspillage,
00:29:27 et on oublie de payer nos paysans.
00:29:28 Et malheureusement, on a cherché des producteurs de fraises espagnoles
00:29:30 qui ont embauché des Africains.
00:29:32 Demain, on va faire produire des fraisons marocques au Kenya, des haricots.
00:29:34 Et on ira chercher des Martiens pour les produire,
00:29:36 parce qu'ils seront encore moins chers, etc.
00:29:38 Donc cette Europe qui n'est pas harmonisée nous impose une mondialisation,
00:29:41 qui est bien la mondialisation du libre-échange, des multinationales,
00:29:44 du transit international, des portes-containers,
00:29:47 du remue-ménage sur la planète,
00:29:49 et qui fait l'argent de chèque, de total, des pétroliers,
00:29:52 dans toutes ces tranchères, et l'habitualisation,
00:29:54 pour mettre des gens dans les métropoles,
00:29:56 qu'on assiste et qu'ils peuvent plus nourrir,
00:29:58 avec des paysans dans les campagnes qui crèvent.
00:30:00 - Et oui, et sur le salon, vous avez effectivement brandi une banderole.
00:30:03 Il n'y a pas longtemps, Thierry,
00:30:05 Europe sous contrôle des Etats-Unis,
00:30:07 Macron et Van der Leyen, corrompus,
00:30:09 nous n'en voulons plus.
00:30:10 Vous appelez à la démission de Macron.
00:30:12 - Oui, j'appelle à la démission.
00:30:14 - Vous avez tweeté à ce sujet.
00:30:15 - J'appelle à la démission de Macron,
00:30:16 j'appelle au désistement de M. Macron.
00:30:18 Comme le dit le collègue, il y a un gouvernement qu'il faut travailler avec.
00:30:20 Ce que je crains, c'est que dans trois mois,
00:30:22 on soit toujours à la même place,
00:30:23 qui n'y a absolument pas d'issue.
00:30:24 On le voit d'ailleurs, il y a des solutions très simples à prendre au niveau national,
00:30:27 elles ne sont même pas prises sur la réduction des charges sociales,
00:30:29 chez les agriculteurs, par rapport aux hauts bilans qu'ils ont connus en 2021-22,
00:30:33 qui étaient un peu l'issue de l'augmentation des prix agricoles avec le Covid.
00:30:36 Ça leur a généré des résultats d'exploitation.
00:30:38 Je ne parle pas de salaire prélevé, des résultats d'exploitation.
00:30:41 Le calcul des cotisations de MSA aujourd'hui fait que ce résultat d'exploitation,
00:30:45 il est spolié et certains agriculteurs,
00:30:47 même qui font 10 000 euros de revenus, voient 20 000 euros de MSA.
00:30:49 Des gens qui font 25 000 euros de revenus voient 70 000 euros de MSA.
00:30:53 La MSA est en train de se polier.
00:30:54 Le président Macron, s'il veut une mesure concrète,
00:30:56 sans présenter 60 agricoles,
00:30:57 il dit demain matin, j'ai pris le décret,
00:30:59 que les cotisations agricoles seront recalculées
00:31:01 pour un maximum de 75% du salaire.
00:31:04 Et ça ne serait même pas un luxe,
00:31:05 puisque pratiquement tous les agriculteurs,
00:31:08 aujourd'hui, travaillent 4-5 heures par semaine
00:31:09 et ne sont même pas pénibles sur la base de 40.
00:31:11 Donc, on a une énorme mesure gratuite fournie à la société.
00:31:14 Si tous les corps professionnels faisaient la même chose,
00:31:16 je pense que le pays irait redresser en 6 mois.
00:31:19 Écoutez, c'est très bien.
00:31:20 On va en parler avec Rémi Dumas.
00:31:22 On va continuer après cette petite pause.
00:31:24 En tout cas, le président Macron, qui nous écoute du matin au soir à Sud Radio,
00:31:27 je pense qu'il aura entendu. J'espère.
00:31:30 On se retrouve dans un instant sur Sud Radio avec Rémi Dumas et Thierry Sénéclose.
00:31:35 A tout de suite.
00:31:52 De retour sur Sud Radio, en direct du Salon de l'agriculture
00:31:55 qui a lieu à Paris actuellement, porte de Versailles.
00:31:57 Nous sommes en direct depuis le stand de la coopération agricole.
00:32:01 Véronique Lefloch, André, vient de nous rejoindre.
00:32:03 Véronique, bonjour à vous.
00:32:04 Bonjour.
00:32:05 Alors, vous êtes présidente de la Coordination rurale nationale.
00:32:08 Ce matin, vous avez mené une action coup de poing à l'Arc de Triomphe à Paris.
00:32:12 Qu'est-ce qu'il y a...
00:32:13 Pourquoi ?
00:32:14 Pourquoi ? Voilà.
00:32:17 Alors, on est tous ici avec un esprit mêlé entre fêtes pour les uns, colères pour les autres.
00:32:25 Et je dirais une colère qui est le résultat de 30 années d'abandon de la profession agricole.
00:32:34 Et on a oublié une partie de la population agricole.
00:32:41 Ce sont tous les agriculteurs qui, aujourd'hui, ne sont plus là.
00:32:45 Et la maman et sa fille que nous avons perdues sur les bords de la route.
00:32:49 Et il s'agissait, ce matin, avant que le salon ne s'achève, de rendre hommage à toutes ces personnes.
00:32:57 À toutes ces personnes qui choisissent d'elles-mêmes de quitter le métier, ou qui sont poussées vers la sortie.
00:33:05 Voir poussées de toute manière, de façon virulente.
00:33:12 Et sans aucun respect.
00:33:16 Et ça, ça ne peut plus durer.
00:33:18 Et on a bien vu que cette manifestation qui était autorisée pour aller à Versailles,
00:33:24 parce que c'est le roi soleil, c'est...
00:33:28 Donc, l'opération a été autorisée.
00:33:33 Et il y avait ce détour pour déposer la gerbe sur la tombe du soldat inconnu.
00:33:40 Donc, on aurait aimé un moment de respect, une minute de silence.
00:33:46 Et ne pas être évacués, comme le sont tous les agriculteurs qui sont tous les jours poussés dehors.
00:33:52 C'est le cas des 100 000 fermes qui ont fermé en 10 ans.
00:33:56 Et jusqu'à quand ça va continuer ?
00:34:00 Est-ce qu'à un moment, on aura le droit d'être traités tous de la même manière ?
00:34:04 Et ne pas aller avec une sélection pour garder uniquement ceux qui pourront survivre ?
00:34:12 Au fond, on se demande, je vous le dis à tous, en vous écoutant,
00:34:16 je me dis qu'il faudrait peut-être faire le tombeau de l'agriculteur inconnu.
00:34:20 Est-ce qu'on va disparaître ? Vous allez disparaître comme les Indiens d'Amérique.
00:34:24 Est-ce qu'il y a quelque chose de ce genre ?
00:34:26 Vous savez, Michel Houellebecq parlait d'un plan social massif.
00:34:30 Il en parlait il y a 5 ans, je ne sais pas si il n'y a pas que lui.
00:34:33 Je voudrais juste, Véronique Leflamme, Rémi Dumas, vous êtes plus optimiste, vous dites qu'il faut se battre.
00:34:38 Elle aussi d'ailleurs, et vous aussi, Thierry Zéné-Clause.
00:34:41 Mais au fond, on voit très très bien entre les personnes qui disent
00:34:45 "écoutez, si on continue comme ça, on va vraiment vers une disparition progressive d'une certaine agriculture
00:34:52 au profit de très très très grands roues et de la mondialisation, il faut bien le dire."
00:34:57 Et puis vous vous dites "non, mais il faut se battre" et aussi c'est tout à fait légitime et ça s'entend.
00:35:01 Mais vous, Rémi Dumas, en tant que jeune agriculteur, il faut se battre comment pour vous ?
00:35:07 Qu'est-ce qui est le plus important ? Quelles sont les priorités de se battre ? Comment et de quelle façon ?
00:35:11 Non mais déjà c'est d'arrêter d'opposer les modèles agricoles.
00:35:14 On l'a dit depuis tout à l'heure, c'est la complémentarité de ces modèles qui fait notre force aussi.
00:35:18 Aujourd'hui on a besoin des petites exploitations, on a besoin de plus grandes exploitations.
00:35:22 Mais il faut arriver à trouver cet équilibre économique.
00:35:25 C'est-à-dire qu'aujourd'hui on ne peut pas enfermer une exploitation en disant "il faut que tu fasses ça".
00:35:29 S'il change un peu la virgule parce que lui c'est plus rémunérateur pour lui, il y a plus de valeur ajoutée sur ses exploitations, il ne faut pas l'empêcher.
00:35:38 Aujourd'hui ce qu'on demande c'est d'arrêter de nous empêcher d'être entrepreneur et de pouvoir grandir.
00:35:43 Mais grandir ça ne veut pas dire s'agrandir, ça veut dire évoluer.
00:35:46 Gagner notre vie déjà ?
00:35:48 Gagner notre vie, mais ça on l'a dit depuis tout à l'heure, il faut que ça soit logique.
00:35:52 La logique, on ne va pas dire à chaque fois "il faut de la rémunération", c'est logique, on ne demande que ça.
00:35:56 C'est la première des choses, parce qu'une fois qu'on a de la rémunération et un petit peu plus, ça nous permet d'investir dans les transitions qui nous sont demandées,
00:36:03 aussi vers l'environnement, et ça nous permet d'investir pour moderniser nos exploitations.
00:36:08 On va parler normalement d'innovation après, mais là aussi c'est un métier qui a évolué avec son temps, il faut l'entendre.
00:36:15 Et oui quand je dis qu'il y a un avenir en agriculture, il y a un avenir en agriculture.
00:36:19 Si on commence à se voiler la face et dire à tout le monde "non mais de toute façon on est foutu, dans 10 ans il n'y a plus d'agriculteurs, on va aller où ?"
00:36:24 C'est sûr, c'est toujours pareil, si on garde un climat anxiogène toute la journée, on ne va pas s'en sortir.
00:36:29 Donc aujourd'hui oui, jeune agriculteur dit qu'il y a un avenir agricole en France, juste il faut arriver à avoir cette vision d'avenir et ce cap,
00:36:36 avec des modèles d'exploitation qui soient réalistes, à taille humaine, et avec de la rémunération, qu'on puisse être compétitifs sur nos exploitations.
00:36:46 - Véronique Lefloque, vous répondez quoi ?
00:36:48 - Je l'entends, nous aussi on aimerait être positifs, mais il faut regarder...
00:36:52 - Pourquoi vous n'êtes pas ? La réalité...
00:36:54 - Il faut regarder la réalité en face, et moi je pense que 2024, on ne devrait même pas installer de jeunes.
00:37:00 Je suis désolée, mais on a tout 2024 pour réfléchir.
00:37:07 - Et nous ça ne fait pas 3 mois qu'on réfléchit madame.
00:37:10 - Non mais non mais non, là on se dit qu'il ne faut pas s'opposer, justement on demande la seule chose qui nous manque,
00:37:17 après tout ce qui a été proposé, qui vont dans le bon sens, on est d'accord, apporter de la trésorerie, mais ça c'est du court terme,
00:37:25 discuter sur la simplification, sur la surtransposition, sur l'APAQ, sortir l'agriculture des accords de libre-échange, ça ils peuvent le faire.
00:37:33 Ce sont des demandes concrètes, mais entre temps, on devrait acter un état, un conseil de guerre pour la souveraineté agricole de la France.
00:37:42 C'est maintenant qu'il faut agir, j'ai demandé au début de cette crise de déclarer l'agriculture en état d'urgence.
00:37:50 - D'utilité publique.
00:37:51 - D'utilité publique, mais qu'est-ce qu'on attend si on n'a pas les bases, si on ne sait pas contre qui vont se battre nos agriculteurs, qui va les payer.
00:38:00 On ne se tourne même pas vers ceux qui devraient nous payer, les industriels ils sont où, les coopératives.
00:38:05 - Mais si, nous on travaille avec eux.
00:38:06 - Mais vous travaillez avec eux, mais il faut peut-être optimiser, où est partie la valeur ? La valeur elle est partie, elle nous a échappé.
00:38:12 Toutes nos entreprises sont en train d'investir et de grossir, elles, elles s'en sortent bien, elles ont des croissances à deux chiffres, et nos agriculteurs, la croissance elle est en décroissance, elle est négative.
00:38:22 Les résultats, ils nous manquent.
00:38:24 - On est sur les stands des coopératives, il y a des sections, il y a des réunions de coopération, etc. C'est là qu'il faut aller.
00:38:29 - Ah bah écoutez.
00:38:30 - Il faut aller demander des comptes.
00:38:31 - Il faut baisser les hautes salaires de certains dirigeants de coopératives, qui à mon avis, gagnent beaucoup trop d'argent, on regarde la mission qu'ils ont, pour souvent afficher des sièges vides, en disant, dans les rapports de conseil d'administration, "excusez, excusez, excusez".
00:38:42 Parce que les multi-mandats, c'est comme un peu en politique, vous avez des gens qui ont dix mandats, et qui n'en assument pas correctement.
00:38:49 C'est l'administration de la coopérative, qui augmente le PDG ou le directeur, qui n'est pas souvent là, qui est là une fois par an, dans l'agriculture et dans les AG Générales.
00:38:56 Pour payer un bout de saucisson aux paysans, regardez, on s'occupe de vous, ne vous inquiétez pas.
00:39:00 Je vous dis la vérité, elle est là. C'est pas normal que certaines, nous on le voit chez nous dans le Sud-Est, des coopératives, on interdit à un paysan de s'agrandir, et on a des coopératives qui ont 3500 paysans ou 4500 paysans.
00:39:09 Le directeur, il a pas la même vision des choses que son producteur. C'est impossible. On fait des bureaux neufs, à coup de millions, voilà où c'est qu'il va le budget d'agriculture. Il va pas chez les paysans.
00:39:18 Je rejoins Mme Le Floch, il faut remettre la valeur dans les fermes, et pas dans tout un système qui ponctionne le budget d'agriculture et qui finalement le dévoie de la vraie vision, qui est la concurrence déloyale, et qui fait qu'aujourd'hui, notre agriculture elle est dans la merde.
00:39:36 Elle est dans la merde parce que depuis 40 ans, les prix agricoles n'ont pas évolué. Et depuis 40 ans, les syndicats qui sont majoritaires, les coopératives qui sont majoritaires, ont accompagné leurs propres adhérents, leurs propres producteurs à la ruine.
00:39:47 Pourquoi ? Parce que d'une part, ce sont eux, je me rappelle dans les années 91, ce sont les grandes coopératives chérialières de l'Est de la France qui ont été acheter du blé en Pologne au prix d'intervention à 50 dollars la tonne, et qui l'ont mis en intervention à 120 dollars, alors que le prix en France était à 200 dollars, et les mecs ils ont dû baisser leurs culottes pour pouvoir livrer leur maïs.
00:40:05 Ce sont les propres coopératives de leurs adhérents qui les ont souvent conduits à la ruine. Donc la coopération agricole, il en faut pour remettre de l'or dans la maison.
00:40:13 - Rémi Dubard ? - Non mais montez votre coopérative et faites-en, il y a des bonnes initiatives.
00:40:18 - En fait là... - Les voyous, on les sort. - On tourne la ronde là. - Voilà, non on tourne pas la ronde.
00:40:23 - Thierry Sénéclos, vous appelez une manifestation nationale le 15 mars ?
00:40:26 - Oui tout à fait, je crois qu'aujourd'hui, on le voit depuis déjà pas mal de temps, moi devant les barrages, devant les boucliers samedi, les forces de police nous ont dit "on vous soutient" dans le coin de l'oreille. Les gens que j'ai croisés dans les trains quand je suis rentré à Lyon m'ont dit "on nous soutient".
00:40:45 Les professeurs de philosophie avec qui j'ai discuté dimanche, j'en ai encore dit 10 minutes, on a discuté 2 heures, nous soutiennent. Les gens, les infirmières, le monde du travail nous soutient.
00:40:56 Il y a un problème dans cette société où c'est que le monde du travail est conduit à la ruine par un modèle multinational qui veut une mondialisation, qui détourne la finance et qui est en train de foutre les pays et les nations à cul.
00:41:08 Je regrette, c'est pas du populisme, c'est une réalité économique.
00:41:11 Je suis tout à fait d'accord et justement cette occasion rêvée d'être tous ensemble, d'aller au combat, on a justement vu des personnes non syndiquées sur les bordures de route, on a du monde prêt à partir justement et à s'investir plutôt que justement toutes les décisions soient toujours entre les mains des mêmes personnes.
00:41:32 Les mêmes personnes depuis 30 ans, depuis 40 ans, c'est presque un héritage dans certaines familles.
00:41:37 La politique du siège est vide, vous le faites aussi dans certaines instances.
00:41:43 Dans ?
00:41:44 Dans les chambres d'agriculture, vous avez des élus un peu partout, pourquoi ils ne siègent pas ?
00:41:48 Mais on est minoritaire, on a deux, un d'élu, c'est impossible, on ne peut pas s'exprimer.
00:41:53 Mais vous êtes minoritaire, mais même si vous êtes minoritaire, vous pouvez quand même donner votre voix, vous ne la donnez même pas votre voix.
00:41:57 Mais si, on donne nos voix, et quand on fait des motions, elles ne sont même pas acceptées, donc il ne faut pas déposer, il faut que ça vienne toujours de la même voix.
00:42:04 Écoutez, on vous entend tous, je crois que c'est une discussion qu'on va continuer à faire, on va continuer à faire en seconde partie, on parlera de l'innovation.
00:42:13 Mais là, on voulait vous remercier vraiment, Thierry Sénéclose, Rémi Dumas, Véronique Lefloch, savoir que, en tout cas, il y a quelque chose sur lequel je crois qu'on est tous d'accord.
00:42:23 Chacun peut-être a des moyens différents, mais il n'est pas possible que cette France, qui est le pays agricole par excellence, se meurt.
00:42:32 C'est impossible, c'est impossible, on ne peut pas, parce que si l'agriculteur se meurt, la France se meurt aussi.
00:42:37 Donc il faut du conflit, il faut savoir sur quel périmètre on va continuer à développer l'agriculture.
00:42:43 On ne peut pas être avec du en même temps, du en même temps ultra-libéral, et puis on reste avec des accords de libre-échange qui viennent...
00:42:50 - Je connais des jeunes, oui, par le revenu, non pas par les subventions qui les conduisent de toute façon à l'endettement.
00:42:54 Je connais des jeunes aujourd'hui, ils démarrent, ils ont 600, 800 000 euros d'impôt, ils sont perdus avant d'avoir gagné leur premier centime.
00:43:00 - Merci à vous tous d'être venus sur Sud Radio. On va se retrouver dans un instant sur Sud Radio, en direct du Salon de l'agriculture avec André Bercoff.
00:43:06 Et nous recevons un autre agriculteur, Hervé Pio, agriculteur vendéen et militant actif de la cause agricole.
00:43:12 Il publie un livre passionnant, André, sur l'agriculture. - Un monde sans fin, FIM.
00:43:16 - Un sentiment sur l'agriculture de demain, à quoi va ressembler l'agriculture du futur.
00:43:20 Eh bien on se retrouve dans un instant sur Sud Radio. A tout de suite, on revient dans quelques minutes.
00:43:24 - Sud Radio. - Sud Radio. - Parlons vrai. - Parlons vrai. - Sud Radio. - Parlons vrai.
00:43:29 - En direct du Salon de l'agriculture.
00:43:32 - Nous sommes les paysans et innovants, chantent ces jeunes agriculteurs du Haut-Doubs, André Bercoff.
00:43:37 Rémi... Hervé Pio, pardon, l'innovation agricole, c'est votre combat. Vous venez de nous rejoindre sur Sud Radio. Bonjour à vous.
00:43:45 - Bonjour. - Alors vous publiez un livre passionnant aux éditions d'Iatenau, vers un monde sans fin, F-A-I-M.
00:43:51 Un livre dans lequel, eh bien vous donnez des clés pour y parvenir. Nous allons en parler dans un instant sur Sud Radio.
00:43:55 Mais avant, j'aimerais que l'on parle de vous. Vous êtes un jeune retraité d'agriculture.
00:44:00 Et pendant donc 40 ans, vous avez été éleveur de vaches laitières, c'est ça en vendée. Racontez-nous.
00:44:06 - Alors, on vient d'entendre des jeunes agriculteurs de Haut-Doubs. Il se trouve que j'ai le lai des Montbéliard qui viennent de Haut-Doubs.
00:44:13 Et j'en ai présenté 18 ans. C'est mon 30ème salon, mais j'en ai fait 18 avec des animaux, ici.
00:44:19 Donc c'est toute une histoire, le salon d'agriculture. Je dis que quand j'ai élevé des vaches, je les ai emmenés au salon.
00:44:26 Je me suis mis après à élever des start-up, je les ai aussi emmenés au salon. On est juste à côté d'ici, sur la ferme Digital. Donc on va en parler de tout ça, je pense.
00:44:34 - On va en parler. Et justement, auparavant, je voudrais redonner la parole à Rémi Dumas, jeune agriculteur.
00:44:40 Vous en parlez, justement. Vous avez accompagné beaucoup de jeunes qui veulent devenir agriculteurs, Rémi Dumas. Vous-même, ça fait 3 mois que vous avez...
00:44:48 - Alors, moi, ça fait 10 ans que je suis installé, cette année. Et ça fait 3 mois que je me suis associé à un copain sur un élevage de brebis laitières pour diversifier l'exploitation habiticole familiale.
00:44:58 Donc une nouvelle aventure. Et justement, je profite aussi d'avoir le micro pour remercier toutes les personnes qui restent sur les exploitations pendant que nous, on est en agriculture.
00:45:07 Je pense que c'est important aussi. Notre famille qui est là pour nous soutenir, nos associés, nos salariés qui travaillent d'arrache-pied.
00:45:15 Et je voudrais remercier en tout cas mon entourage qui s'occupe de l'élevage et des vignes actuellement. Parce que c'est vrai qu'on voit souvent les personnes au salon.
00:45:25 Ça fait partie de notre métier d'être ici, de valoriser notre métier. - Bien sûr. Comme ça fait partie du métier de manifester, pourquoi pas, pour dire ce qui ne va pas.
00:45:34 Mais en même temps, il ne faut pas oublier que les vaches, l'élevage, etc. n'attendent pas.
00:45:39 Rien n'attend. Et c'est pour ça aussi que chez GIA, on dit qu'il y a un temps pour tout.
00:45:43 Et aujourd'hui, les agriculteurs ont juste besoin d'être sur leur ferme, de travailler sur les exploitations, de nourrir les animaux, d'entretenir le paysage plutôt que de bloquer les routes.
00:45:52 Ce n'est pas notre métier. Par contre, on a 50 métiers dans notre métier. On en est fier.
00:45:56 Et en tout cas, je suis très content de ce salon d'agriculture. Il faut que ça continue comme ça, que les gens viennent au salon, nous rencontrer.
00:46:03 - Ils viennent et ils viennent. - Et que ça dure. Merci beaucoup. - Merci à vous.
00:46:07 Hervé Pio, justement, votre livre, il est absolument passionnant. C'est-à-dire, ce qui est passionnant, c'est que justement, on parle de ce qui ne va pas.
00:46:14 On parle de ce qu'on peut faire. Et vous, vous êtes sorti. Vous dites, attendez, il y a beaucoup de choses à faire à laquelle on ne pense pas.
00:46:23 C'est votre livre, un véritable livre d'innovation. Surtout que vous, vous avez été agriculteur pour combien de temps ?
00:46:28 J'ai été 40 ans agriculteur. Je voudrais rebondir sur ce que Rémi vient de dire. C'est très important.
00:46:33 Moi, je vous ai dit tout à l'heure, j'ai exposé 18 ans au salon d'agriculture. Maintenant, c'est facile. Je suis à la retraite.
00:46:38 Donc, les venir, c'est un vrai plaisir. Je suis là avec mon épouse qui tient le bar de la ferme digitale. C'est un vrai plaisir pour elle aussi.
00:46:44 Quand on avait les vaches, ce n'était pas pareil. Et c'est vrai, on vient ici. C'est une vraie vitrine qu'il ne faut pas gâcher.
00:46:50 On a craint un peu que ça puisse être gâché. Ce n'est pas le cas et c'est tant mieux. Mais pour qu'on puisse avoir cette vitrine,
00:46:55 il y en a qui travaillent, qui restent sur le terrain. Je m'associe à toi, Rémi, pour avoir une vraie pensée pour eux.
00:47:00 C'est plutôt mes enfants qui y sont, qui font le boulot. Pas mes enfants directs.
00:47:04 Ils ont repris ?
00:47:05 Non, non, non. Ils sont partis dans un tout autre secteur. Ils trouvent que j'ai touché le numérique. Ils ont eu plus le virus du numérique que celui de l'agriculture.
00:47:13 C'est leur meilleur ami qui est comme mon fils qui est à la ferme.
00:47:16 Alors dans votre livre, effectivement, revenons à ce livre que vous publiez, vous proposez en quelque sorte une nouvelle révolution agricole.
00:47:23 Vous montrez qu'un monde sans fin est possible. Mais pour cela, vous le dites André, il a été souligné tout à l'heure, qu'il faut résolument se tourner vers l'innovation.
00:47:31 Et vous rappelez surtout, et c'est ça qui est passionnant aussi dans votre livre, c'est que l'agriculture c'est 150 000 ans d'innovation.
00:47:37 Et bien sûr. À partir du jour où l'homme s'est posé quelque part, il y a 12 000 ans dans le croissant fertile, mais même avant, parce qu'on trouve des traces dans des grottes où les gens commençaient un petit peu à se poser et à cuisiner.
00:47:51 L'humanité s'est créée, je pense, comme ça on n'était pas là pour le voir.
00:47:55 Mais c'est la première innovation finalement l'agriculture. Parce qu'on ne peut pas dissocier agriculture et urbanisme par exemple.
00:48:03 Parce qu'on a commencé à se poser...
00:48:04 La chasse et la cueillette.
00:48:05 La chasse et la cueillette.
00:48:07 On est passé de ça à se poser, à voir ces... La cueillette vous dites, effectivement, on a commencé à sélectionner des graines, parce qu'on a vu que celle-là était plus fiable pour donner à manger que d'autres.
00:48:18 Donc, d'un autre côté, quand on a... En partant de la retraite, on a, je le dis dans le livre, on a construit une maison au village, comme beaucoup d'agriculteurs le font.
00:48:26 Et il a fallu faire des fouilles archéologiques, on est sur un site qui est un peu sensible. Et on trouve un dépôt monétaire.
00:48:32 Il creuse et il trouve un truc.
00:48:34 Qu'attendent quand ? On sait.
00:48:36 Il date du bronze moyen. J'ai eu un peu la trouille, il s'est dit "on va essayer de trouver un truc là, on va pas faire la maison".
00:48:41 Et en fait, il m'a dit "après, où il y a des dépôts monétaires, il n'y a rien d'autre autour".
00:48:45 Donc c'était plutôt une garantie.
00:48:46 Et là, il y avait des outils, des faux. Il y avait des outils de travail du sol, de gens qui ont jardiné à l'endroit où j'ai mon jardin maintenant, il y a 7000 ans.
00:48:53 Et c'est assez fantastique.
00:48:55 Et c'était déjà de l'innovation.
00:48:57 Très tôt, les hommes voulaient raconter au maîtrisé le drainage, le stockage de l'eau, la fabrication de canaux et des méthodes très sophistiquées d'irrigation.
00:49:04 C'est incroyable. Et ce, dès 5000 ans avant notre ère.
00:49:07 Oui. Et je ne le dis pas, je ne pense pas dans le livre, mais quand les Romains ont commencé à mettre en doute l'irrigation des parcelles, la civilisation romaine est morte.
00:49:18 Donc faisons attention à ce qu'on fait actuellement.
00:49:20 Oui, c'est vrai. On va en parler parce que, encore une fois, le verre à moitié plat, le verre à moitié vide, je crois qu'il faut les deux pour moi, il faut action, réaction.
00:49:29 Mais on va en reparler alors.
00:49:31 Et dans le domaine de l'innovation, c'est la troisième grande période dans l'histoire, c'est le XXe siècle ?
00:49:37 Oui, la première grande période s'étale dans le temps. C'est pour ça que maintenant, on voudrait les choses toutes, tout de suite.
00:49:42 Mais non, on ne les aura pas. La révolution dans laquelle on est rentré va mettre, je ne serai pas là pour voir la fin,
00:49:47 mais des dizaines d'années sûrement pour véritablement s'installer. J'ai vu trois grandes périodes. Il y a celle-là.
00:49:53 Après, il y en a une autre qui est un petit peu un rassemblement de civilisations différentes.
00:50:00 Quand les conquistadors ont conquis l'Amérique, ils sont revenus avec les tomates, avec les pommes de terre, avec plein d'espèces nouvelles qu'on ne connaissait pas.
00:50:08 C'est vraiment de la conquête de l'Amérique, ça.
00:50:10 Oui, la pomme de terre que les Français ont longtemps rechigné à consommer.
00:50:14 Oui, parce que les pommes de terre étaient... Beaucoup croyaient que la terre était plate.
00:50:19 Elles étaient poussées en dessous de la terre, donc venaient du domaine des enfers.
00:50:23 Et il ne fallait pas en manger. C'est pour ça que je dis à un moment dans le livre,
00:50:26 peut-être que si Louis Capet avait réussi à convaincre nos compatriotes de l'époque de manger des pommes de terre,
00:50:34 il n'aurait peut-être pas eu de famine, il aurait peut-être sauvé sa tête.
00:50:37 C'est pour ça que Chirac a dit "manger de la pomme, j'en veux de la pomme". Ce n'est pas la même chose.
00:50:40 Chirac est un des grands ministres de l'agriculture qu'on ait pu avoir.
00:50:45 Et là, on a cette troisième révolution dans le temps, qui est celle du XXe siècle,
00:50:49 où l'agriculture est devenue un métier.
00:50:51 Ça commence avec Méline. Avant Méline, ce n'était pas véritablement un métier.
00:50:55 Tout le monde a un bout de champ, un bout de jardin avec une autre profession.
00:50:59 C'était déjà des paysans, quand même, non ? Parce qu'on a "P-R-V-P-O", non ?
00:51:03 Oui, la notion de paysan, vous savez, pour moi le paysan c'est l'homme du pays qui fasse n'importe quel métier.
00:51:08 Il y a une notion avec la ruralité. Je ne compte pas plus de sens qu'il le faut.
00:51:13 Il y en a, je me revendique paysan, mais il n'y a pas plus de sens que ça.
00:51:17 Mais c'est comme un sédat. Il y a eu les coopératives, les syndicalismes,
00:51:21 tout ça qui se sont créés ensemble pour structurer l'agriculture.
00:51:24 Il y a un long passage où ça n'évolue pas beaucoup, parce qu'il y en a eu les deux guerres mondiales.
00:51:29 Et surtout, on avait quelque chose qui était les colonies pour nourrir les gens qui travaillaient dans les usines.
00:51:36 À mes 5 ans de décolonisation, il faut trouver quelque chose.
00:51:41 Et là, le trait de génie, c'est le général de Gaulle, plutôt à droite, qui va chercher un ministre de l'Agriculture,
00:51:46 plutôt à gauche, qui est Edgar Pézani, qui trouve une équipe de gamins à la GAC,
00:51:50 et qui en sont, qui est Michel de Baptiste, Raymond Lacombe...
00:51:53 - Jeunesse agricole chrétienne, c'est ça ? - Oui, c'est ça.
00:51:55 - Il a été très actif, ce ministre. - Qui font l'agriculture, qui construisent tout.
00:52:00 On peut toujours dire que ce qui s'est fait à ce moment-là a été l'agriculture industrielle,
00:52:04 qui a ses travers, et ses travers, il faut qu'on les répare.
00:52:09 Mais c'est quand même elle qui a nourri le pays, qui a réussi à tout ça,
00:52:13 au point que fin des années 80, c'est trouvé avec de la surproduction.
00:52:19 Certains pensent encore qu'on est dans cette époque de surproduction, c'est pas vrai.
00:52:22 Mais maintenant, le challenge, c'est une nouvelle révolution,
00:52:25 qui va nous emmener à la fois à nourrir encore plus de monde, chez nous et ailleurs,
00:52:31 je vous dirai tout à l'heure pourquoi, mais dans le même temps, réparer la planète.
00:52:35 Donc c'est un projet exceptionnel.
00:52:38 - C'est un travaux d'Hercule. - Oui.
00:52:40 Et je pense qu'on ne pourra l'avoir qu'en se retroussant les manches, et que par l'innovation.
00:52:46 On a tendance actuellement à tout attendre, venant d'ailleurs notamment de l'État.
00:52:50 Non, l'État c'est nous, à quelque part. Donc on aura ce qu'on se donnera de faire.
00:52:53 - Et vous dites effectivement que notre passeport pour l'avenir, c'est la pluralité des filières,
00:52:58 des modèles d'entreprise et des activités, de nouvelles filières vont émerger selon vous ?
00:53:03 Oui, oui, oui, je pense. On voit déjà des choses nouvelles arriver, les élevages d'insectes par exemple.
00:53:10 Alors quand on en parle maintenant comme ça, ça ne paraît pas trop ingouttant,
00:53:13 mais je suis sûr qu'on en mange tous quand même sous forme d'ingrédients.
00:53:16 - Oui, on n'a pas envie de manger que des insectes. - Pas trop, mais...
00:53:20 - Et vous dites on en mange, mais de quelle façon actuellement, aujourd'hui ?
00:53:23 - Parce qu'on en trouve dans certains ingrédients, bien sûr. - Dans lesquels ? Quels ingrédients, les insectes ?
00:53:30 - Il y a certains additifs où on peut avoir des extraits qui sont dedans, mais c'est pas grave, on n'en meurt pas, au contraire.
00:53:39 Donc on a besoin de ça. Et on a surtout besoin de quelque chose, j'en parle ça beaucoup dans le livre,
00:53:45 depuis que l'homme a domestiqué la nature, on a domestiqué 6500 espèces de plantes. C'est considérable.
00:53:51 On en a à peu près 250 de par le monde qui sont sélectionnées, pour sécuriser le rendement, pour améliorer la qualité, et tout ça.
00:53:58 On en a... 80% de l'humanité en mange 20, à peu près.
00:54:03 - 20 variétés ? - 20 espèces différentes.
00:54:06 Et 4 font 60% de l'apport énergétique mondial. - Les 4, lesquels ?
00:54:11 - Le blé, le riz, le maïs et les pommes de terre.
00:54:15 Le champ du possible, il est énorme. Les maniocs, par exemple, ne sont pas sélectionnés. Les maïs, ils sont peu.
00:54:23 C'est pour parler d'espèces qui sont connues. J'y avais fait il y a quelques années, ça m'avait marqué,
00:54:28 et j'ai construit beaucoup de choses là-dessus depuis, une conférence à Milan avec un chercheur kényan.
00:54:33 Et c'est de lui que je tenais ces éléments-là. Et les nouvelles techniques, comme les NBT, les nouvelles méthodes de sélection qu'on a maintenant,
00:54:41 peuvent nous permettre, et doivent nous permettre de sélectionner ces nouvelles espèces.
00:54:45 - Et ces espèces oubliées vont vraiment réémerger très prochainement ?
00:54:49 - Si on s'en donne les moyens. Et là, il y a un vrai challenge.
00:54:52 - Vous parlez notamment de la production de yacon, c'est ça ?
00:54:55 - Le yacon, c'est une plante qui s'appelle la poire de terre, qui est venue il y a longtemps avec la pomme de terre,
00:55:03 mais elle n'a pas été cultivée parce qu'il y avait du mal à la conserver.
00:55:07 Maintenant, il y a des méthodes pour pouvoir le faire. Donc on peut avoir des nouveaux sucres qui peuvent émerger.
00:55:14 Andros, par exemple, pour ne pas les citer, travaille beaucoup là-dessus pour pouvoir avoir ces nouvelles espèces-là.
00:55:23 Actuellement, on a des espèces avec le changement climatique, on fait tout ce qu'on peut,
00:55:29 puis il faut le faire pour irriguer, pour essayer d'atténuer les effets.
00:55:34 Il y a beaucoup à craindre qu'à un moment, certaines espèces, on ne pourra plus les cultiver,
00:55:38 non pas pour des questions de sécheresse, mais pour des questions de température trop haute.
00:55:41 - Lesquelles, par exemple ?
00:55:42 - Le maïs, ça peut venir. Et notamment sur les formes qu'il y a actuellement, le maïs très haut,
00:55:47 il y a déjà des sélections pour les raccourcir, pour qu'on ait des choses plus fiables.
00:55:52 Mais on a un réservoir d'espèces. Il y a une condition à ça.
00:55:56 Et ça peut paraître utopique, mais j'ose l'utopier là-dessus, c'est que le patrimoine de l'humanité,
00:56:03 le patrimoine du vivant, pour moi, n'est pas enclosable, n'est pas privatisable.
00:56:08 Et sa numérisation ne doit pas l'être non plus.
00:56:10 Et là, on a besoin, vous n'entendrez aucun politique en parlant actuellement,
00:56:13 on a besoin véritablement de rendre transparent et open source toutes ces techniques-là,
00:56:19 pour les mettre au service du bien commun.
00:56:22 - Juste un mot, Hervé Pio, parce que c'est très... vous ouvrez quand même le champ des possibles,
00:56:26 et c'est en ça que votre livre est très très passionnant.
00:56:29 - Eh oui, le champ des possibles, effectivement, parce que vous dites que l'agriculteur de demain
00:56:32 sera de moins en moins, effectivement, familial, et se développera même en ville.
00:56:35 - Oui. - Mais de quelle façon ?
00:56:37 - De quelle façon ? C'est tout simple. Parce que, alors, chez nous, pas trop.
00:56:40 L'agriculture urbaine, chez nous, au niveau économique, je pense qu'elle n'est pas rentable.
00:56:44 Pourquoi ? Parce que les villes sont au milieu de plaines très fertiles,
00:56:48 où il y a juste à se pencher presque pour avancer, pour avoir les choses, pour les manger.
00:56:53 Vous voyez partout autour de Paris, autour de Nantes, dans ma région, des maraîchers partout,
00:56:56 donc on a ce qu'il faut. Vous allez à Singapour, vous allez dans beaucoup de villes en Chine,
00:57:02 vous allez au Japon, il n'y a pas de terre. Donc là, on a besoin d'agriculture urbaine.
00:57:06 Chez nous, elle peut avoir une autre vocation, une double vocation,
00:57:09 qui est une vocation pédagogique, pour apprendre à nos concitoyens dans les villes,
00:57:15 notamment aux plus jeunes, ce qu'est véritablement la terre, ce qu'est le produit de la terre,
00:57:20 apprendre à jardiner, apprendre à cuisiner aux plus jeunes, je pense que c'est quelque chose
00:57:24 qu'il faut qu'on redéveloppe, qu'il faut qu'on remette au goût du jour.
00:57:28 Et le deuxième, dont on parle encore moins, c'est la réinsertion.
00:57:32 Des jardins partagés, il y a chez moi quelques jardins du cœur, avec des restos du cœur.
00:57:39 Des gens qui ont eu un accident de la vie, on peut les remettre dans le chemin à travers ça.
00:57:44 À travers le travail qu'ils font et le fruit de leur travail qu'ils pourront vendre.
00:57:47 Donc ça, c'est une autre forme d'agriculture urbaine, c'est pour ça que je dis aussi que
00:57:50 moi je n'oppose pas ces formes d'agriculture qu'on peut parler de récréative,
00:57:55 et l'agriculture qui est dite industrielle, que j'ose dire moins verteuse.
00:57:59 L'industrie est quelque chose de verteux, si on le prend sous l'angle de rationalisation des process.
00:58:07 Après, on masque ça avec une confrontation du capital et puis de répartition des profits avec ceux qui travaillent.
00:58:15 Ce n'est pas ça l'industrie. Ça peut être un problème, ça peut être quelque chose qui peut se discuter,
00:58:19 mais l'industrie doit être vue différemment.
00:58:22 – Il y a une question que je voulais vous poser par rapport à ça.
00:58:25 On oppose aujourd'hui, on voit un peu par rapport à l'innovation, ce que vous proposez.
00:58:30 Mais aujourd'hui quand même, on assiste, il y a quand même le réel qui est là.
00:58:34 Il y a l'utopie, vous avez raison, le futur est là.
00:58:38 Le réel quand même, on le voit très bien, quel que soit,
00:58:40 ce n'est pas une question de politique ou de droite ou de gauche, etc.
00:58:43 On voit très très bien quand même qu'il y a eu un effondrement de l'agriculture française,
00:58:48 pour ne parler que d'elle.
00:58:50 Une vocation quand même, alors est-ce que c'est bien ou pas bien,
00:58:53 moi je n'ai pas d'avis là-dessus.
00:58:55 Devoir de très grande, vous avez vu par exemple ce qui se passe,
00:58:58 prenez un exemple très précis, on sort du territoire français.
00:59:00 L'Ukraine aujourd'hui, les deux tiers du territoire ukrainien,
00:59:04 ou en tout cas la moitié appartiennent à des Black Rock, à les Monsanto, etc.
00:59:09 Est-ce que, si, pratiquement oui, la moitié, vous savez très bien que ça a été racheté.
00:59:14 Le problème, je veux dire, est-ce qu'on doit aller dans cette innovation,
00:59:18 à avoir des très grands groupes qui prennent effectivement,
00:59:21 et qui font attention, moi je ne suis pas contre,
00:59:24 peut-être que rationnellement c'est ce qu'il faut faire,
00:59:26 ou est-ce que, tout le problème c'est comment arriver à avoir des exploitations,
00:59:32 vous en avez eu, etc. et des grands ensembles, quoi.
00:59:38 Comment ça peut tenir ?
00:59:40 Alors, les deux points essentiels, c'est nourrir l'ensemble de la population,
00:59:46 et réparer la planète.
00:59:48 Après on va parler des moyens à utiliser pour le faire.
00:59:51 J'ai eu la chance, quand j'ai écrit mon premier livre, c'était en 2015,
00:59:57 de faire une conférence derrière, où j'avais un grand monsieur à côté de moi,
01:00:01 grand par la taille, mais également par le talent, qui était Michel Serres.
01:00:04 Oui, le philosophe, bien sûr.
01:00:06 Avec qui j'ai eu l'occasion d'échanger, il me dit "vous savez,
01:00:09 l'agriculture est la plus grande révolution du XXe siècle.
01:00:13 On est passé de 50-60% de la population à la fin du XIXe,
01:00:18 à 1,5%, c'était peut-être 2 au moment où il me l'a dit, c'était il y a 10 ans,
01:00:22 en multipliant par 10 la productivité.
01:00:25 Aucune profession au monde a réussi à faire ça.
01:00:29 Et ça c'est quelque chose de considérable.
01:00:32 Après, je ne crois pas beaucoup, je ne crois pas du tout à la décroissance,
01:00:39 mais je ne crois pas beaucoup au retour de personnes à la terre
01:00:44 pour faire le travail à la main.
01:00:45 Il faut être sérieux, tous ceux qui le disent, je ne les vois pas se pencher pour arracher l'herbe.
01:00:49 Donc à partir de là, la mécanisation...
01:00:53 Non mais la main, personne n'est contre la technologie.
01:00:56 Oui mais après la technologie, il faut la rendre rentable.
01:00:59 Et pour la rendre rentable, il faut qu'il y ait suffisamment de surface.
01:01:05 Suivant les pays, les modèles seront différents et sont différents.
01:01:08 Le modèle ukrainien, je ne pense pas qu'on l'aura demain chez nous.
01:01:12 Par contre, l'agriculture familiale, telle qu'on l'a eu depuis que j'ai pratiqué moi,
01:01:19 elle évoluera. Dans certains types d'exploitation,
01:01:23 on a des vraies vertus restantes, dans d'autres, ça sera moins.
01:01:25 C'est aussi différent suivant les productions.
01:01:27 On a parlé tout à l'heure du haut-doux.
01:01:29 Pour moi, le modèle du doux, le modèle des fruitiers à raconter
01:01:35 est le plus beau modèle coopératif qu'on peut avoir ensemble,
01:01:38 qu'on peut avoir en France.
01:01:39 Il y a des choses à travailler là-dessus, mais je pense qu'on ne peut pas penser demain
01:01:45 en se référant à ce qu'on avait avant.
01:01:47 C'est quelque chose de nouveau qui va se construire.
01:01:49 Probablement plus en réseau, probablement plus en plateforme.
01:01:54 Est-ce qu'on pourra éviter une ubérisation de notre agriculture ou pas ?
01:01:59 Si je parle beaucoup, notamment sur le numérique,
01:02:02 parce que le numérique est quelque chose de formidable au service de l'agriculture,
01:02:05 on empêchera l'ubérisation si on développe l'open source,
01:02:09 si on arrive à contrecarrer autant que vers ce peu la prévitisation de ces éléments-là.
01:02:14 À cette condition-là, uniquement à cette condition-là, on y arrivera.
01:02:19 En tout cas, on l'aura compris, vous défendez un développement intensif des nouvelles technologies.
01:02:24 On se retrouve dans un instant sur Sud Radio pour en parler.
01:02:28 Sud Radio, la culture dans tous ses états. André Bercoff, Céline Alonso.
01:02:33 En direct du Salon de l'agriculture.
01:02:36 Sud Radio, la culture dans tous ses états. André Bercoff, Céline Alonso.
01:02:42 "Et un paysan, c'est un tronc d'arbre qui se déplace", écrivait Jules Renard.
01:02:46 "Comme lui, il se doit d'être à la fois solide pour résister aux aléas
01:02:49 et flexible pour ne pas rompre", écrivez-vous, Hervé Pio, dans votre livre passionnant
01:02:53 qui s'intitule "Vers un monde sans fin" et qui est paru aux éditions Diathéno.
01:02:58 Alors, ces dernières années, vous avez rendu visite à plusieurs start-up en France et à l'étranger.
01:03:02 Des start-up qui innovent dans le domaine agricole.
01:03:05 Quelles sont celles qui ont retenu particulièrement votre attention, dites-nous ?
01:03:09 Toutes m'ont marqué quelque part, mais je pense que si je ne devais en citer qu'une,
01:03:14 ce serait quand on a organisé un concours pour faire émerger des start-up
01:03:18 que j'avais créé en 2013 en Vendée, qu'on a porté un peu partout en France et à l'étranger,
01:03:23 qui s'appelle "Agriculture Start-up". On l'a fait à Abidjan, dans un salon comme celui-ci.
01:03:27 On a deux jeunes qui arrivent, ils avaient tout juste 20 ans l'un et l'autre.
01:03:32 Nous, on veut construire quelque chose pour mettre des capteurs sur les plantes
01:03:38 pour déclencher l'irrigation quand les plantes en ont besoin.
01:03:41 On sait que ça existe, mais comment ils vont nous faire en deux jours ça ?
01:03:44 Ils sont venus avec des bouts de cuivre, avec des bouteilles en plastique.
01:03:49 Deux jours après, ils nous présentaient une preuve off-concept qui fonctionnait, qui marchait.
01:03:54 Je retourne cette année à Abidjan pour faire un autre concours.
01:03:58 Il y a eu le Covid entre les deux, on a loupé un Sarah qui ne s'est pas fait.
01:04:04 Là, on retourne et la boîte, elle expose. Elle existe, ils sont exposés au salon.
01:04:10 C'est vraiment un bonheur intense.
01:04:14 - Et en un an ? - Cinq ans.
01:04:17 Vous racontez qu'au Burkina Faso et même dans toute l'Afrique, vous avez trouvé des usages du numérique partout, dans toutes sortes de films.
01:04:24 C'est incroyable.
01:04:25 Au Burkina, c'est la première fois que je voyais ça.
01:04:30 On va dans la brousse, on a fait des heures de voiture, et on tombe dans un village.
01:04:35 Le chef du village nous reçoit sous l'arbre à palabre et on discute.
01:04:40 On allait pour voir, j'allais pour faire une mission d'expertise des drones.
01:04:45 Je lui disais "mais qu'est-ce qu'ils font avec les drones chez nous ? On veut mettre ça pour savoir si on met la bonne dose d'engrais au bon endroit, dans une parcelle".
01:04:53 Il me dit "mais c'est pas adapté chez eux".
01:04:55 Je lui dis "moi ça me sert beaucoup le drone, ça me sert pour désherber mes parcelles".
01:04:58 Il me dit "mais qu'est-ce qu'il fait, désherber les parcelles ?"
01:05:00 Je lui dis "si, si, parce qu'avant, quand j'envoyais les jeunes désherber des champs de maïs,
01:05:04 je faisais le tour avec ma moto pour voir s'ils faisaient bien le boulot,
01:05:08 et autour c'était arraché, mais je ne voyais pas le milieu.
01:05:10 Maintenant avec le drone, je vois le milieu, on a beaucoup amélioré les rendements depuis qu'on a ça".
01:05:15 Les drones comme instrument de contrôle.
01:05:17 Comme instrument de contrôle, oui.
01:05:19 C'est pour l'anecdote ça.
01:05:21 Il y a une chose que j'ai essayé, je n'ai pas toujours réussi, mais de leur passer un message par rapport à ça.
01:05:26 Ils avaient des jeunes start-up capables elles-mêmes de le faire.
01:05:30 Et ça c'est quelque chose sur lequel je milite,
01:05:32 qu'on puisse dans ces pays-là faire émerger des propres entreprises qui vont accompagner l'agriculture de ces pays-là.
01:05:40 S'ils viennent chercher la technologie aux Etats-Unis ou chez nous,
01:05:42 elle n'est pas forcément adaptée à leurs besoins.
01:05:44 Donc cette capacité à faire développer et à adapter l'innovation là où elle doit être,
01:05:50 parce que quand on parle même de numérique, on ne parle pas forcément que de high-tech.
01:05:54 Il y a aussi de la low-tech qui peut permettre...
01:05:58 Qu'est-ce que vous appelez la low-tech, je dis ça pour nos éditeurs.
01:06:01 Qu'est-ce que c'est la low-tech par rapport à la high-tech justement ?
01:06:05 C'est quelque chose qui est fait avec beaucoup moins de moyens,
01:06:08 beaucoup plus en lien avec ce que chacun peut faire, avec les moyens qu'on a,
01:06:13 adapté à ça et adapté aux besoins tels qu'il est, sûrement avec des coûts moins importants.
01:06:18 Par exemple ?
01:06:20 Quand on met en place des systèmes, ça je l'ai vu aussi au Sénégal, je pense,
01:06:27 où pour déclencher l'irrigation à distance, ils ont fait ça avec des systèmes de SMS
01:06:32 qui se passent parce qu'ils ont pris les outils tels qu'ils avaient
01:06:35 pour les adapter, pour pouvoir les mettre en place.
01:06:37 C'est un investissement qui est très faible, très très faible.
01:06:40 Et ça permet de développer l'agriculture.
01:06:43 Si on passe... Alors chez nous, c'est pas adapté,
01:06:45 parce qu'on a déjà les outils pour avoir des rendements supérieurs.
01:06:47 Mais s'ils passent de 10 quintos à 25 quintos, même si c'est en dessous chez nous,
01:06:51 ils ont multiplié par deux.
01:06:53 Alors parlons de la France, c'est quand même une très belle terre d'innovation.
01:06:56 Qu'est-ce qu'il se fait aujourd'hui de nouveau, notamment dans le domaine de l'élevage,
01:07:00 dans le domaine de l'agriculture ?
01:07:02 Vous parlez de différentes start-up, notamment une start-up nantaise incroyable
01:07:06 qui améliore effectivement le bien-être animal grâce à l'intelligence artificielle.
01:07:11 Ayerne, oui.
01:07:13 Je dis même qu'il surveille... ça devrait être interdit,
01:07:16 parce qu'on surveille ce que font les gens, et quand les vaches copulent, on les regarde faire.
01:07:20 Et ça c'est pour l'anecdote.
01:07:22 Big Brother is watching you !
01:07:25 C'est pour accompagner les éleveurs, pour voir...
01:07:31 Détecter des pathologies, c'est ça ?
01:07:32 Détecter des pathologies, détecter effectivement si une vache est en chaleur,
01:07:37 qu'il faut la mettre avec le taureau.
01:07:41 Ce n'est pas toujours évident à surveiller si on n'est pas sur place.
01:07:44 Là, non seulement on peut regarder sur l'écran,
01:07:47 mais avec de l'IA, on peut avoir une alerte,
01:07:50 c'est telle et telle chose, tel comportement est anormal,
01:07:53 on pourra faire ça, donc ça c'est une chose qui est développée.
01:07:56 Effectivement à Nantes, avec des chercheurs d'ONIRIS,
01:08:00 qui ont construit cette start-up, c'est même international,
01:08:02 parce que c'est fait aussi avec des chercheurs de l'université de Douvain,
01:08:07 notamment Léonard Theron, à qui j'ai pris la citation du début de mon livre,
01:08:13 qui est également dans cette start-up-là,
01:08:17 et c'est effectivement un beau projet.
01:08:20 Il y a le cas, si vous voulez, aussi d'UV Boostin,
01:08:23 qui est dans les Yvelines, tout près d'ici,
01:08:26 qui travaille à traiter des maladies,
01:08:31 désherber pas encore, mais traiter des maladies,
01:08:33 avec des rayons projetés sur des plantes.
01:08:38 Je voudrais lire l'exergue de Léonard Theron,
01:08:40 parce qu'il est formidable, qui commence votre livre,
01:08:43 "Parce que je crois sincèrement que notre espèce se mue depuis 160 000 ans
01:08:48 par deux énergies essentielles,
01:08:51 le besoin de liberté et le besoin de s'alimenter,
01:08:54 mais Dieu sait si c'est vrai,
01:08:56 je suis convaincu, dit Léonard Theron,
01:08:58 que l'agriculture est cette épaisseur impalpable
01:09:01 qui nous sépare de la barbarie.
01:09:03 C'est par l'innovation que l'agriculture a progressivement éloigné les hommes de la famine,
01:09:08 en permettant à chacun d'assouvir son besoin de liberté
01:09:12 dans le respect de celle d'autrui pour faire société commune."
01:09:15 Beau programme.
01:09:17 En fait, j'ai eu l'idée de ce livre au mois de juin,
01:09:20 j'avais du mal un petit peu à trouver l'angle,
01:09:23 et Léonard Theron est un vétérinaire
01:09:25 et qui fait partie du comité d'organisation de la Ford et des Brabants
01:09:29 en Belgique, en Wallonie,
01:09:31 et dans la Coferros inaugural, il démarre par ça,
01:09:34 et c'est ce qui m'a déclenché l'idée du livre.
01:09:38 Et ce qui est fascinant effectivement dans votre livre,
01:09:40 c'est qu'on réalise à quel point les biotechnologies,
01:09:43 nous ne sommes qu'aux prémices de ce qu'on va pouvoir effectivement développer, non ?
01:09:47 Oui, totalement, parce qu'il y a un élément essentiel pour l'agriculture,
01:09:50 on n'en parle pas suffisamment, c'est le sol.
01:09:52 Il n'y a rien sans le sol.
01:09:54 Et on ne connaît pas cette couche très précieuse
01:09:59 de 30, 40, 50 centimètres qui est sous nos pieds,
01:10:02 et connaître la complexité de ce qu'il y a dedans
01:10:06 sera essentiel pour passer d'une agriculture intensive en entrant,
01:10:11 en engrais ou en produits phytosanitaires,
01:10:13 à une agriculture encore plus intensive, mais en connaissance.
01:10:16 Et si on connaît ces éléments-là,
01:10:18 on va pouvoir comprendre comment ils interagissent
01:10:21 et comment les faire travailler,
01:10:24 peut-être mieux qu'à certains moments ils le font naturellement,
01:10:26 pour développer une agriculture qui sera capable progressivement,
01:10:30 mais ça demandera peut-être un siècle, je n'en sais rien,
01:10:32 de se passer d'un certain nombre d'intrants qu'on a maintenant.
01:10:35 On va avoir besoin de quelque chose qui est essentiel, qu'on n'a pas du tout, c'est la patience.
01:10:39 Ha ! Vertu effectivement cardinale qui se fait rare, tout à fait.
01:10:44 Je rappelle simplement à nos éditeurs, 0826 300 300,
01:10:49 que vous pouvez appeler pour interroger Hervé Pignot,
01:10:51 vers un monde sans fin, FIM.
01:10:54 Et c'est vrai que "imagination morte, imaginez"
01:10:58 disait le dramaturge Samuel Beckett.
01:11:00 Imagination morte, et bien imaginez, c'est le plus important.
01:11:04 Et oui, imaginons le monde de demain,
01:11:06 c'est ce que vous avez fait dans votre livre, effectivement Hervé.
01:11:09 Demain, que va permettre l'intelligence artificielle ?
01:11:12 Vous dites qu'elle va permettre en quelque sorte de réparer la planète.
01:11:16 Alors je suis l'initiateur, le co-initiateur avec mon ami David Joulin du Hackathon
01:11:21 qu'on a eu au début de semaine au Salon de l'agriculture,
01:11:23 sur l'utilisation de l'intelligence artificielle générative,
01:11:27 celle qui nous permet, JPT, c'est le plus connu, on ne l'a pas fait avec eux,
01:11:31 mais de générer des images, du texte, beaucoup de choses, au service de l'agriculture.
01:11:35 Ça va nous permettre quoi ?
01:11:37 Oui, concrètement ça permet quoi ?
01:11:40 Alors, les choses sur lesquelles on a travaillé là, par exemple, ce début de semaine,
01:11:44 on a alimenté une plateforme qui s'appelle Mistral, on a pris celle-là parce qu'elle est française.
01:11:50 On voulait faire quelque chose qui soit souverain,
01:11:54 parce qu'on n'aura pas de souveraineté alimentaire si on n'a pas une part de souveraineté technologique.
01:11:59 Je pense que c'est un point essentiel.
01:12:02 Vous avez fait quoi ?
01:12:04 Alors, dans un premier temps, on a implémenté dans la plateforme des données agricoles,
01:12:10 en lien avec le ministère de l'agriculture, en lien avec Data.gouv, en lien avec l'Inrae qui est derrière nous,
01:12:16 en lien également avec le GODAN, Global Open Data for Agriculture and Nutrition,
01:12:23 qui est une organisation internationale qui agrège beaucoup de données open source.
01:12:27 Et à partir de là, on avait nourri la plateforme spécialisée avec des données agricoles.
01:12:34 On a fait faire dans le même temps, par l'association France Agri-Tuitos, des vidéos par des agriculteurs.
01:12:41 Moi, mon problème c'est ça. Par exemple, j'ai des adventices dans ma parcelle, je ne sais pas ce que c'est.
01:12:47 Je veux que vous soyez en capacité de les reconnaître et me dire comment les traiter.
01:12:52 Et lundi dernier, on a dévoilé les vidéos, et on avait 8 équipes présentes ici et 12 en ligne,
01:12:59 au salon, qui ont vu les vidéos. Ils avaient 30 heures pour sortir une preuve de concept par rapport à l'IA,
01:13:07 par rapport à l'outil GODAN. Et mardi après-midi, on a eu les résultats.
01:13:12 Alors on partait dans l'inconnu, c'est une première mondiale ce qu'on a fait là.
01:13:16 Donc on ne savait pas ce que ça allait donner. Et on a eu, alors c'est des embryons pour le moment,
01:13:20 mais c'est satisfaisant ce qu'on a eu. Donc pour nous, l'intérêt, ce n'est qu'un exemple,
01:13:26 c'est par exemple ça, d'accompagner les agriculteurs, de leur simplifier le travail.
01:13:30 Il y aura quand même, par rapport aux débats qu'on a pu entendre avant,
01:13:33 et les débats qu'on entend régulièrement depuis quelques temps, sur la sur-encherche,
01:13:38 je vais l'appeler comme ça, administrative, ça sera un outil de simplification,
01:13:42 à condition que demain, on pense les politiques publiques à partir de numériques,
01:13:48 mais qu'on ne mette pas une couche de numérique sur des politiques publiques qui ont été travaillées sans ça, avant.
01:13:55 Oui, je comprends.
01:13:56 Moi ce que j'aimerais savoir, par exemple...
01:13:58 Les gens qui vont, en fait, ce n'est pas aux gens qui ont fait les problèmes qui vont trouver les solutions.
01:14:02 Alors ça c'est totalement clair, c'est totalement sûr. Et là, il y a une vraie révolution à faire, j'ose le dire.
01:14:12 Pour moi, on tape beaucoup sur les politiques, j'ai beaucoup de respect. Pourquoi ?
01:14:16 Parce que quand on s'engage en politique, c'est un engagement, il faut beaucoup d'abnégation.
01:14:20 Oui, moi ce que j'aimerais savoir...
01:14:22 Attendez, attendez, attendez, je pense qu'ils l'ont pour la plupart.
01:14:26 Par contre, l'administration, et c'est une administration de façon globale,
01:14:31 ce n'est pas les gens les uns à côté des autres.
01:14:34 L'administration en tant que telle.
01:14:36 En tant que telle, je pense que là il y a une vraie révolution à faire, la machine à dégripper.
01:14:39 Il faudra la dégripper.
01:14:41 C'est le moins qu'on puisse dire, absolument.
01:14:43 Une dernière question avant de faire une petite pause publicitaire.
01:14:45 Est-ce qu'avec ces innovations, une agriculture sans pesticides en 2050 est possible ou pas ?
01:14:51 Ça c'est un rapport qu'a fait l'INRA, en posant la question, en voyant des pistes.
01:14:55 Je ne suis pas capable de répondre.
01:14:57 Alors je pourrais répondre, parce que j'ai 67 ans bientôt, 2050 je serai là, je ne sais pas.
01:15:03 Donc je ne sais pas si je le verrai, je pourrais dire oui.
01:15:05 L'essentiel ce n'est pas de savoir si oui ou non.
01:15:07 L'essentiel c'est à partir de là de mettre les pistes pour démarrer tout de suite pour l'avoir.
01:15:11 Pour certaines choses on ne l'aura sûrement pas.
01:15:13 Pour certaines choses on ne l'aura pas vraiment, parce que l'administration elle travaille à mettre des règlements et des normes.
01:15:18 Pas les mêmes choses.
01:15:19 Donc l'innovation c'est autre chose.
01:15:21 Et travailler à trouver les solutions, et heureusement on a des bons chercheurs qui le font, à travailler là-dessus.
01:15:30 On en aura certaines dès 2030 peut-être, d'autres 2040.
01:15:34 Il y en a qu'on mettra peut-être un siècle à avoir, mais elles arriveront.
01:15:37 Écoutez, qui vivra on verra, et même si c'est nos enfants, nos petits-enfants, on verra à tout de suite après une petite pause.
01:15:43 Oui, l'agriculture est l'affaire de tous, alors selon vous il faut responsabiliser le consommateur, donner aux agriculteurs la responsabilité des décisions,
01:15:50 et instaurer un droit à l'éducation, à l'alimentation. De quelle façon ?
01:15:53 Et surtout, et surtout, nous allons voir nos auditeurs au 0826 300 300. Voilà.
01:16:00 Sud Radio, la culture dans tous ses états. André Bercoff, Céline Alonso.
01:16:06 En direct du Salon de l'agriculture.
01:16:09 La culture dans tous ses états. André Bercoff, Céline Alonso.
01:16:15 "Sortez un peu de chez vous, pointez le nez dehors, un grand vent frais souffle sur nos campagnes et sur les pages de notre Hervé",
01:16:24 écrit Eric Orsena, l'académicien, qui est notre ami. Hervé Piot, vers un monde sans fin.
01:16:30 Et nous avons des auditeurs qui ont des questions à vous poser. Hervé Piot.
01:16:34 Et oui, Philippe de Villejuif nous a contacté au Standard de Sud Radio au 0826 300 300. Bonjour à vous Philippe.
01:16:42 Bonjour à l'équipe de Sud Radio, que vous connaissez bien. Au point de raison, n'est-ce pas André, les journées du livre et du vin, c'est ça, c'est pas de l'agriculture ?
01:16:50 Oui, oui absolument. Voilà, l'art de vivre à la française, les talents de tous ces artisans, de tous ces transformateurs, de tous ces paysans,
01:16:59 qui façonnent le pays et qui font la géographie en même temps que l'économie et la culture. Tout à fait.
01:17:08 Donc, cette émission-là, mettez-la dans la nationalisme et vous allez pouvoir la ressortir quasiment tous les mois. Pourquoi ?
01:17:17 Parce que vous avez fait un tour de piste absolument génial. Vous avez mis les problèmes et vous avez les solutions, sauf que certains ne vont pas compter évidemment à ce que les solutions aient produit.
01:17:31 Parce que, et il faut bien voir qu'on est en face de nous d'une misérialisation gourmande qui veut tous l'approprier, y compris le vivant, l'air, l'eau et tout.
01:17:40 Je pense que si on ne redescend pas sur terre, c'est-à-dire que nous sommes tous dans le même bateau. Regardez ce qu'ils font aux Etats-Unis.
01:17:48 Vous avez vu le nombre d'opères qu'il y a avec la France. Bien, je ne vais pas m'étendre. La France est en train d'arriver.
01:17:57 C'est-à-dire que tout le boulot qu'on fait dans les écoles, dans les cantines, dans les campagnes, c'est ça la véritable éducation.
01:18:05 Il faut à tout prix se ressaisir. Nous venons de la terre. Nous avons tout à la terre et nous y retournons en verre de terre.
01:18:14 Donc nous devons exporter cette alchimie dont nous sommes par exemple les clients. La seule manière de vivre sur terre.
01:18:25 Merci, merci justement tout à fait Hervé Piot.
01:18:29 Je partage le constat. Je pense qu'un des drames actuels et je pense que c'est un des éléments de la compréhension des agriculteurs par rapport au monde urbain,
01:18:41 on veut faire porter le problème à la production alors que le problème il est à la consommation.
01:18:46 Et je dis souvent quand je fais des conférences que consommer local, quand on a la chance d'être en France, comme vous l'avez très bien dit monsieur,
01:18:55 au milieu de plaines très fertiles, consommer local c'est un devoir citoyen. Par contre pour les agriculteurs, on a un devoir de produire global.
01:19:03 Non pas avec l'ambition de nourrir toute la planète mais apporter notre part parce que certains pays n'ont pas suffisamment de terre pour se nourrir.
01:19:09 C'est pas forcément ce qu'on croit mais si on prend l'Asie, l'Asie du Sud-Est, si on prend la Chine, le Japon, les Corées, l'Inde, l'Inde a des terres fertiles
01:19:18 et le reste du Vietnam et tout ça, les pays au sud de la Chine, on a 50% de l'humanité. Par contre on n'a pas suffisamment de terre pour nourrir.
01:19:29 Donc on se doit d'apporter des solutions là aussi et une partie de la nourriture.
01:19:34 Le problème de l'obésité pour moi est un problème majeur.
01:19:39 Effectivement on a perdu, on a oublié à un moment d'apprendre à manger, d'apprendre à consommer plus globalement on pourrait le dire comme ça.
01:19:49 On a dimanche inauguré ici sur le stand du ministère de l'agriculture au salon quelque chose qui veut se lancer à l'initiative d'Open Agri-Food qui est à Sintanque, à Orléans
01:20:04 et du mouvement Agri Demain, quelque chose pour obtenir le droit à l'éducation, à l'alimentation pour les enfants.
01:20:12 C'est comme un peu, je le parle dans le livre, comme l'a fait Michel Obama aux Etats-Unis, ça ne fera pas tout mais il faut lancer absolument ces pierres là les unes après les autres
01:20:22 parce que c'est un point fondamental pour moi.
01:20:24 Juste un mot, il ne faudrait pas, on en parlait hors antenne Hervé Piot, il ne faudrait pas une pédagogie de cette agriculture, cette alimentation.
01:20:31 Le problème c'est qu'il n'y a rien dans les écoles là-dessus, il n'y a pas un enseignement sur la terre, l'alimentation, sur tout ça qui concerne absolument tout le monde.
01:20:40 Ce n'est pas une spécialité ça.
01:20:42 Vous savez, moi j'ai connu un tout petit peu mais la génération de ma maman il y avait des écoles ménagères, il y avait des choses comme ça où on apprenait un certain nombre de choses qu'on n'a plus après.
01:20:52 Ma génération, j'ai des cousins, mes oncles, mes tantes qui sont partis en ville, qui sont partis à la SNCF, qui sont partis travailler dans d'autres régions de France.
01:21:02 Mes cousins revenaient à la ferme l'été, ils venaient nous aider à faire les foins, à ramasser la paille, à planter les choux, les betteraves.
01:21:09 Et je dirais qu'on a été victime après du Club Med.
01:21:14 Pas que Club Med en tant qu'entreprise, parce que c'est très sympathique.
01:21:17 Victime des vacances en disant on ne va pas aller à la ferme, on va aller au club.
01:21:22 Exactement. Et là, le lien a commencé à se distendre.
01:21:28 Et la deuxième chose qui a fait distendre le lien, dont moi j'ai beaucoup souffert, tous les agriculteurs de ma génération, ça a été la crise de la vache folle.
01:21:37 Ah oui.
01:21:38 Qui a été un vrai drame. Vous savez quand vous êtes éleveur, que vous vous levez le matin avec la trouille au ventre, qu'il y a un cas dans le troupeau qu'il faudra tout abattre, c'est affreux.
01:21:47 Et en même temps, il faut savoir par ailleurs, et je le dis à chaque interview que je fais ici, la vache folle n'a pas fait un mort en France.
01:21:54 Et heureusement qu'elle n'a pas fait un mort.
01:21:55 Mais il s'est installé une espèce de peur, qui a conduit à un certain désamour, qui a été associé au fait que les gens n'avaient plus de lien direct avec la campagne.
01:22:04 Ça nous a amené maintenant au constat, je dirais qu'on a commencé le chemin.
01:22:07 C'est ignorant, c'est ignorant.
01:22:08 Mais je dirais qu'on a commencé déjà le chemin pour reconstruire ça, parce qu'on en fait le constat.
01:22:12 Et là maintenant il va falloir reconstruire cette pédagogie.
01:22:15 Oui sauf que pardon, bien après la vache folle, vous avez eu le fameux Ferguson, le modélisateur britannique, qui a été à l'origine de la moitié du cheptel anglais tué.
01:22:23 Oui.
01:22:24 Parce qu'il disait voilà, il y a le virus, etc.
01:22:26 Oui, mais je n'irai pas relancer ce qu'il fallait et ce qu'il ne fallait pas, je n'en sais rien.
01:22:32 Mais il y a eu ces éléments, on les a vécus.
01:22:36 Maintenant, de toute façon ça ne sert à rien de regarder dans le rétroviseur ce qui n'a pas été fait.
01:22:40 Cette pédagogie nécessaire à l'agriculture et à l'évolution de notre consommation notamment alimentaire, il faut la démarrer.
01:22:48 Et on est en train de la démarrer.
01:22:50 J'ai demandé quand on est passé à la semaine, il se trouve que je suis président d'une école d'agriculture et je m'intéresse beaucoup à la formation,
01:22:57 j'aurais souhaité quand on est passé à la semaine de 4 jours, que la demi-journée qui reste, il y a du sport bien sûr, il en faut,
01:23:05 mais aussi qu'on consacre une partie du temps pour l'éducation, à l'alimentation, à la terre et à jardiner, mettre un bout de jardin dans une école.
01:23:13 Certains le font, certains en rient de voir ça en ville.
01:23:15 Moi j'en rie pas du tout. C'est quelque chose qui est essentiel à faire, mais il faut que derrière, les produits qui en sortent, les gens qui les cultivent,
01:23:23 sachent, les transformer, que ça ne part pas à la poubelle, parce que ça arrive aussi ça. Il faut que la chaîne commence par là.
01:23:29 Vous n'êtes pas du tout inquiet pour l'avenir de l'agriculture française Hervé Pio ?
01:23:34 Non, globalement non, parce que je pense que c'est toujours dans l'adversité qu'on s'améliore.
01:23:42 Un des problèmes qu'on a eu maintenant, j'ai dit tout à l'heure que la révolution agricole des années 60 nous a amené à une certaine surproduction des années 90.
01:23:49 Donc il y a une zone de confort. On n'en est encore pas sorti de cette zone de confort.
01:23:53 Tant qu'on n'en est pas sorti, on ne va pas aller chercher à innover et tout ça.
01:23:58 Là on voit un tiers des agriculteurs qui partent en retraite dans les 5, 6, 10 ans qui viennent, des nouvelles méthodes qui font arriver.
01:24:07 Donc on se retrouve sur ses manches et on le fait. C'est ce qu'on fait à la ferme Digital.
01:24:10 J'aurais un petit peu dédié ce livre à mes startups qui sont ici.
01:24:15 Et des startups qui vont loin et des startups qui peuvent faire encore une fois ce qui est intéressant dans votre livre,
01:24:22 c'est que vous appuyez sur le fait vraiment que cette terra incognita de l'innovation en matière d'agriculture est encore extrêmement méconnue du plus grand public
01:24:33 et que même peut-être de certains agriculteurs, je ne sais pas.
01:24:37 Totalement, parce que ça fait partie aussi de leurs inquiétudes les agriculteurs.
01:24:46 Ils savent que le bocal dans lequel ils sont, ils ne pourront pas y rester.
01:24:50 Ils savent qu'il y en a un autre meilleur à aller chercher, mais il y a la peur de tomber à côté du bocal.
01:24:55 Mais innover ça a quand même un coût Hervé Pio, la plupart des agriculteurs aujourd'hui n'ont pas les moyens.
01:25:02 Ça c'est totalement vrai. Alors on voit un certain nombre de choses, d'innovation qui arrive par des filières qui font plus de marge, qui gagnent mieux leur vie.
01:25:11 Et tant mieux, il y en a quand même. Mais il y a un vrai problème là-dessus.
01:25:14 L'innovation on l'aura si on est capable de se la payer. Pour le moment ce n'est pas le cas.
01:25:19 Et ça doit faire partie, on doit intégrer cet élément-là dans les coûts de production, c'est évident.
01:25:23 Et oui, il faudra fixer un cadre effectivement.
01:25:26 Comment faire un ministère de l'innovation sans avoir l'administration ?
01:25:29 Vaste programme.
01:25:33 Hervé Pio, merci d'être venu sur Sud Radio. Je rappelle que votre livre qui est très passionnant, "Vers un monde sans fin" est paru aux éditions d'Iateno.
01:25:40 Tout de suite, vous retrouvez Brigitte Lahaye sur Sud Radio.
01:25:44 Sud Radio, parlons vrai !