DB - 21-04-2024
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TVTranscription
00:00:00 [Musique]
00:00:28 [Bruit de porte]
00:00:38 - Les hommages, madame.
00:00:39 - Mais rassurez-vous, s'il vous plaît, monsieur.
00:00:41 - Oh, Emmanuel, mon chéri, si tu voulais me faire plaisir.
00:00:44 - Mais je ne pense que ça.
00:00:45 - Regarde tes mignons petits chenets. Tu aimes ?
00:00:47 - Je peux les emporter ?
00:00:48 - Tu es folle, nous n'avons même pas de cheminée.
00:00:50 - Mais rien ne nous empêche d'en faire faire une, une fois que nous aurons ces ravissants chenets.
00:00:53 - C'est ça. Et pourquoi pas ce corps de chasse, hein ?
00:00:55 - Ensuite, nous achèterons la mûte, les chevaux, le manoir, la forêt.
00:00:59 - Voilà l'objet.
00:01:01 - Une merveille, n'est-ce pas, monsieur le commissaire ?
00:01:03 - Tu m'en préviens bien quelques petites rencours dessus, de là, mais trois fois rien.
00:01:08 - Ne nous dérangez pas trop, on n'a pas fini de faire dans notre...
00:01:11 - Alors, je te préviens tout de suite, nous aurons déjà un secrétaire, celui de la tante Marguerite.
00:01:15 - Mais regarde, tu n'as pas vu tous ces tiroirs, cette marquetterie ?
00:01:18 - En un côté d'une autre.
00:01:19 - Oh, mais qu'est-ce que c'est ?
00:01:21 - Tout secrétaire a son secret, madame.
00:01:24 - Celui-là n'en avait pas tellement.
00:01:26 - Ne les touche pas, voyons. L'arme du crime, les empreintes.
00:01:29 - C'est pas drôle, ma chérie.
00:01:31 - Non, mais je me souviens.
00:01:35 - Alors ça, c'est curieux, alors. C'est...
00:01:37 - C'est vraiment très curieux.
00:01:39 - Alors, mon chéri, ne suis-je pas digne du policier que vous êtes ?
00:01:41 - Monsieur le commissaire, vous croyez que ce revolver...
00:01:44 - Pardon ? Non, je ne sais pas, je ne peux rien dire.
00:01:47 - Écoutez, ce que je vous demande, monsieur Berton, ce secrétaire, même s'il se présente à un acheteur,
00:01:51 - soyez gentil, conservez-le moi pendant quelques jours.
00:01:53 - Bien.
00:01:54 - Au fait, où l'avez-vous eu ?
00:01:55 - À la salle des ventes, salle 8.
00:01:58 - Oh, Emmanuel, un mouchoir propre.
00:02:00 - Oui, mais justement, mon chéri.
00:02:02 - Le revolver avec lequel a été tué le jurier Paladuc n'ayant jamais été retrouvé,
00:02:18 - il pourrait fort bien s'agir de l'arme du crime.
00:02:21 - J'attends les résultats de l'expertise.
00:02:23 - L'affaire remonte à trois ans environ. J'en avais chargé le commissaire Deschamps et maintenant il est à la retraite.
00:02:30 - Ce mourlax, si j'ai bien lu, a toujours nié.
00:02:33 - Ah, je trouve, oui. Mais les preuves étaient accablantes.
00:02:36 - Entre autres, on avait trouvé dans son taxi des reconnaissances de dettes volées chez le prêteur, et la sienne qui plus est.
00:02:44 - Elle venait à échéance le jour même.
00:02:46 - Et qu'il n'ait pas détruit tout cela me paraît un peu fort.
00:02:49 - Pas le moins sans doute.
00:02:51 - Des témoins l'avaient vu déboucher de l'immeuble en courant comme un forcené.
00:02:56 - Ah non, pardon, pardon, monsieur le juge. Un témoin.
00:02:58 - Un témoin. Attendez. Oui.
00:03:01 - Oui, oui, oui, vous avez raison Lambert. Ce vitrier jouvelin, bousculé par Mourlac dans sa fuite,
00:03:07 - et qui d'ailleurs a porté plainte pour le bris de ses carreaux.
00:03:10 - Mais il avait relevé le numéro du taxi, et lors de la découverte du crime le même jour, nous, nous avions fait naturellement le rapprochement.
00:03:15 - Est-ce que Mourlac possédait parmi ses meubles un secrétaire Louis-Philippe?
00:03:19 - Oh, certainement pas. Mourlac était dans une situation difficile, marié, un enfant bas âge.
00:03:26 - Il avait emprunté à Paladube de quoi payer sa patente de chauffeur de taxi.
00:03:30 - Et puis comment aurait-il pu d'ailleurs étant en prison, mettre dans ce tiroir, en plus du revolver, les coupures de journaux, relatant sa condamnation?
00:03:38 - A moins que sa femme.
00:03:42 - Mais tout cela, en tout cas, me paraît un peu troublant.
00:03:46 - Je pense, M. le juge, qu'il conviendrait de reprendre l'enquête à son point de départ.
00:03:50 - Oui, il le faut. J'aimerais, Lambert, que vous vous en chargiez personnellement.
00:03:54 - Alors, adressez tout de suite un rapport au procureur de la République pour obtenir la révision du procès.
00:04:01 - Nous sommes en présence d'un revolver dit d'ordonnance, modèle 1892, en usage dans l'armée jusqu'à la dernière guerre incluse.
00:04:09 - J'ai tiré une balle de 8 mm en plomb durci, enveloppée d'une chemise de cuivre, d'un poids de 7,90 g.
00:04:16 - Est-ce que la balle qui a tué Paladube... - La même.
00:04:19 - J'ai tiré une balle témoin et, après examen au microscope, j'ai pris une photo et je l'ai comparée avec celle de la balle retrouvée dans le corps de la victime.
00:04:30 - Vos conclusions? - La photo montre la parfaite superposition des stris.
00:04:34 - Et quant aux empreintes? - Celles du mort, en majeure partie.
00:04:38 - Parce qu'il y en a d'autres? - Du moins, mes collègues et moi supposons, nous, qu'il s'agit d'empreintes, mais comme protégées d'une sorte de pellicule grasse.
00:04:46 - Et qu'il est difficile, après un tel laps de temps, d'identifier avec exactitude. - Ah oui, c'est dommage.
00:04:52 - Eh bien, je vous remercie, monsieur le commissaire, à votre service.
00:04:57 - Appelez-moi le palais de justice. Le juge d'instruction Rougier.
00:05:04 - J'y ai pensé, Lambert, mais tout dans le rapport du médecin légiste que j'ai sous les yeux, infirme la thèse du suicide. Le coup a été tiré à plus de 2 mètres de la victime.
00:05:12 - Pardon? - Oui, en effet, le foie n'est pas un endroit bien désigné.
00:05:17 - Et d'autre part, pourquoi se serait-on alors emparé de l'arme pour la camoufler ensuite dans ce secrétaire? Hein?
00:05:24 - Madame Morlaix, je n'ai qu'une question à vous poser. Connaissez-vous ce secrétaire? Vous a-t-il appartenu?
00:05:30 - Mais venez, madame, approchez-vous. Alors, madame?
00:05:35 - Bien sûr que non. Des choses comme ça, c'est pas pour des gens comme nous.
00:05:40 - D'abord, vous le savez bien, tous les meubles qu'on avait venus, vous les avez pris.
00:05:44 - Pardonnez-moi, madame, je ne cherche pas à vous accabler davantage.
00:05:47 - C'est quand même injuste. Mon mari est innocent, je vous le jure, sur la tête de ma petite fille.
00:05:52 - Excusez-moi, Lambert, je voudrais poser une question.
00:05:55 - Pouvez-vous me dire, madame, quelle était la situation militaire de votre mari?
00:05:59 Autrement dit, a-t-il fait son service? En quelle année? Et dans ce cas, quel grade avait-il?
00:06:05 - Il a été réformé, mon mari, à cause d'un souffle au coeur.
00:06:09 C'était pendant la guerre d'Algérie. C'est de là qu'il a voulu être chauffeur de taxi.
00:06:14 Il avait moins de fatigue qu'à travailler sur les chantiers, comme avant.
00:06:17 C'est de là aussi qu'il a emprunté pour la patente à cet usurier de malheur qui nous a tous mis dans de beaux draps.
00:06:22 - C'est pas tout à fait sa faute.
00:06:24 - Bien sûr, mais quand même.
00:06:26 Maintenant, je voudrais bien m'en aller. Il faut que j'aille chercher la petite à l'école.
00:06:30 - Oui, oui, je vous en prie, madame.
00:06:32 - Vous pouvez me laisser crover tranquille. J'ai plus rien à dire.
00:06:43 Et tout ce que j'ai dit, moi, au juge, à la police et à tout le monde, ça ne servait à rien.
00:06:46 Que je n'avais pas tué Badaluc, que j'étais innocent.
00:06:50 Mais vous, vous en foutez pas mal, hein, que je sois qu'un innocent.
00:06:53 - Mourlac, si nous sommes là, mon collègue de la PJ et moi-même, c'est pour une chose qui nous paraît importante.
00:06:58 Pour vous, particulièrement.
00:07:00 - Le coup de l'erreur judiciaire. Vous repasserez.
00:07:03 Comme disait le gagnant tout à l'heure, il s'est dit qu'il fallait être innocent et il fallait avoir la tête de l'emploi.
00:07:07 Alors pour ça, je suis servi.
00:07:09 Bon. Alors qu'est-ce que c'est, votre chose importante ?
00:07:15 Peut-être me libérer, non ?
00:07:17 - Voyons, Mourlac, reprenons les choses dès le commencement.
00:07:21 Le jour du crime, vous aviez rendez-vous chez l'usurier Paladuc à 15h30 pour y régler une de vos traites.
00:07:28 Une course vous ayant menée dans le quartier, vous avez déposé votre client et arrêté votre taxi devant l'immeuble de Paladuc.
00:07:35 Mais vous étiez en avance, une demi-heure environ, vous êtes donc allé dans un café voisin, le Bon Coin,
00:07:42 pour y boire une bière et y manger un sandwich. Vous en êtes sorti vers 15h20, 15h25.
00:07:47 Les témoignages le confirment.
00:07:49 Jusque-là, nous sommes d'accord ?
00:07:51 - Ben oui.
00:07:52 - Parvenu au troisième étage, à ce propos, vous rappelez-vous avoir croisé quelqu'un dans l'escalier ?
00:07:58 - J'ai vu personne.
00:07:59 - Bon, vous avez déclaré que la porte de l'appartement de Paladuc était ouverte.
00:08:03 - Ce qui est déclaré, c'est que c'était vrai.
00:08:05 - Ensuite ?
00:08:06 - J'ai frappé, forcément. Et comme personne ne me répondait, j'ai poussé la porte.
00:08:10 Et c'est en arrivant près du bureau à Paladuc que je l'ai vu, lui.
00:08:13 Il était tombé derrière, près de son fauteuil.
00:08:15 Et il avait les lunettes toutes travers.
00:08:17 Et puis j'ai vu ses mains sur son ventre.
00:08:20 Et tout le sang qui coulait dessus.
00:08:22 - Vous vous êtes affolé, avez-vous dit que vous avez dégringolé l'escalier et vous avez sauté dans votre taxi ?
00:08:26 - Mais qu'est-ce que je pouvais faire d'autre, moi ?
00:08:28 - Prévenir la police, peut-être ?
00:08:29 - La police, la police...
00:08:31 - Vous n'avez touché à rien, rien emporté, ni valeurs, ni papiers.
00:08:34 - Parole, monsieur le commissaire, puisque je vous dis que je me suis sauvé tout de suite.
00:08:37 - Pourtant, on a découvert dans la poche du appartement droit de votre voiture,
00:08:40 une dizaine de traites appartenant à Paladuc.
00:08:42 - Mais c'est pas moi qui les a mises. Je l'ai dit cent fois.
00:08:45 - J'avoue quoi ? Elle y était, la mienne, de traite.
00:08:48 Peut-être pas intelligent, ça, c'est sûr.
00:08:50 J'ai même pas eu mon certificat d'étude, si vous voulez le savoir.
00:08:52 Mais si c'était moi qui avais fait le coup, je leur ai déchiré tout de suite la traite.
00:08:56 - C'est une supposition.
00:08:58 Ce qui est réel, Mourlac, c'est que vous aviez de sérieuses difficultés d'argent.
00:09:01 Et que précisément ce jour-là, vous aviez l'intention de demander un délai à Paladuc.
00:09:05 - Ça, c'est juste, monsieur le commissaire.
00:09:07 Mais même s'il n'avait pas voulu, Paladuc ne l'aurait pas tué pour ça.
00:09:10 Vous savez aussi bien que moi.
00:09:11 - La dernière personne qui a vu l'usurier vivant, c'est le masseur Perrault.
00:09:15 Il est venu lui donner des soins à 15 heures précises.
00:09:18 Et pendant à peu près une demi-heure.
00:09:20 C'est un miracle, semble-t-il, que vous ne l'ayez pas croisé dans l'escalier.
00:09:24 - Mais pourquoi vous le croyez, lui, plus que moi ?
00:09:26 Il se trompe peut-être dans ses heures, ce masseur-là.
00:09:28 - Il a été formel. Et on a démontré sa parfaite honorabilité.
00:09:32 - Mais mon honorabilité, à moi, elle était pas bonne, dites voir !
00:09:34 - Autre chose, Mourlac.
00:09:36 Comme chauffeur de taxi, vous n'avez jamais eu d'arme ?
00:09:38 Un révolver, par exemple ?
00:09:40 - Jamais.
00:09:41 Jamais.
00:09:42 Nous venons d'en trouver un fortuitement, qui pourrait bien être l'arme du crime.
00:09:47 - Mais alors vous allez voir que je suis innocent ?
00:09:49 Il doit bien y avoir des empreintes sur ce révolver.
00:09:52 Et vous verrez bien que c'est pas les miennes.
00:09:54 - Je l'espère.
00:09:55 - Vous allez me sortir de là, M. le Commissaire.
00:09:58 Hein ? Vous allez me tirer de là.
00:10:09 - On a rencontré 100 000 francs de bonheur du jour.
00:10:12 - Oui, c'est authentique, mon professeur.
00:10:14 J'étais sûr qu'il ferait un malheur, ce bonheur-là.
00:10:17 - Maître Lussenay ?
00:10:21 - Monsieur, que puis-je ?
00:10:23 - Je sais que j'aurais dû me présenter à votre étude, mais le temps presse.
00:10:25 C'est au sujet d'une vente dont vous vous êtes occupé.
00:10:27 Avant-hier, salle 8.
00:10:29 Un secrétaire acheté par M. Berton, antiquaire.
00:10:32 - M. Berton ? Ah, je me rappelle parfaitement.
00:10:34 - Nous voudrions savoir d'où provenait ce secrétaire.
00:10:36 Une succession, sans doute.
00:10:37 - Venez.
00:10:39 - Bonne chance.
00:10:40 - On liquide et on s'en va. C'est la fin du théâtre, Jeller.
00:10:51 Et pas seulement du mien. Du théâtre en général.
00:10:54 J'ai vécu ici 27 ans.
00:10:56 Un sacré bail, hein ?
00:10:58 Pourquoi mettre à la place un garage parking ?
00:11:01 Enfin !
00:11:02 Qu'est-ce que vous vouliez savoir, déjà ?
00:11:04 - Vous étiez vous procurer le secrétaire qui a été vendu avant-hier, salle de vente.
00:11:07 - Attendez, voir...
00:11:09 Ah oui, il y a à peu près deux ans,
00:11:13 j'ai vu une annonce à la boulangerie, là, en sortant du théâtre à main droite.
00:11:16 - Est-ce que vous vous souvenez de l'adresse et du nom du vendeur ?
00:11:18 - Oh, ça, c'est pas compliqué. Alors, une seconde, monsieur.
00:11:21 Je vais vous donner ça tout de suite.
00:11:26 Voyons voir, voyons voir.
00:11:29 Le 12 juin, Madame Fressel, 21 rue de la Pierroubie.
00:11:34 Sans vouloir être indiscret, qu'est-ce qu'il a de si particulier, ce secrétaire ?
00:11:37 - C'est-à-dire qu'on a retrouvé un revolver un peu compromettant dans un tiroir secret.
00:11:40 - Tiens, mais...
00:11:41 - Au fait, vous ne l'aviez jamais fouillé ?
00:11:43 - Ah ben, foit d'eau, un tiroir partit par là quand il est arrivé,
00:11:45 mais dans la pièce où il jouait, il restait fermé pendant les trois actes, alors.
00:11:49 - Je vous remercie.
00:11:50 - Oui, oui, je note.
00:11:55 21 rue de la Pierrobute.
00:12:00 Oui.
00:12:02 Fressel.
00:12:04 Oui, oui, F comme Françoise.
00:12:07 Oui, mais attendez, Fressel, ça me dit quelque chose.
00:12:11 Fresse...
00:12:12 Mais bon sang !
00:12:14 Mais c'est lui !
00:12:16 Madame Fressel, commissaire principale Lambert.
00:12:22 Je désirerais parler à votre mari.
00:12:24 - Mais monsieur, mon mari n'est plus de ce monde depuis bientôt deux ans.
00:12:28 - Pardonnez-moi.
00:12:29 - Vous êtes toute excusée, entrez.
00:12:32 - De quoi s'agissait-il ?
00:12:33 - Monsieur Fressel, vous vous en souvenez, il y a trois ans,
00:12:36 avait fait la découverte du corps d'un homme nommé Paladuc, prêteur,
00:12:39 alors qu'il se rendait chez lui pour honorer une traite.
00:12:41 Il avait ensuite averti la police par téléphone,
00:12:44 et bien sûr fait sa déposition.
00:12:46 - Si je m'en souviens...
00:12:48 On avait été tout retourné pendant longtemps.
00:12:51 - A cette époque, votre mari était accordeur de piano.
00:12:55 - Ne puis-je aller, monsieur ?
00:12:57 Quand j'ai connu monsieur Fressel à Périgueux pendant la guerre,
00:13:00 il était facteur.
00:13:01 - Facteur ?
00:13:02 - C'est le terme, facteur de piano.
00:13:04 C'est-à-dire qu'il les fabriquait.
00:13:07 Oui, je peux dire sans vanité que mon mari était considéré dans la profession comme un artiste.
00:13:12 Il était d'une habileté manuelle remarquable.
00:13:15 Je sais, maintenant, la jeunesse ne s'intéresse plus qu'au jazz,
00:13:19 à la trompette, à la guitare, que sais-je encore,
00:13:22 mais de mon temps, chaque famille honorable se devait d'avoir un piano, peut-être vous-même, monsieur.
00:13:26 - Depuis la mort de votre mari, de quoi vivez-vous ?
00:13:28 Enfin, quelles sont vos ressources ?
00:13:30 - Je vends mes meubles.
00:13:33 Les miens et ceux de mon pauvre mari, tout part, tout disparaît.
00:13:37 - Un secrétaire, Louis-Philippe, entre autres.
00:13:39 - Oui, comment le savez-vous ?
00:13:41 - Ben, nous le savons.
00:13:42 - C'était un souvenir de ma pauvre maman.
00:13:44 Allez, assyez-vous, monsieur.
00:13:46 - Merci.
00:13:47 - Je vais aussi, quelques obligations du trésor.
00:13:51 Pas grand-chose.
00:13:52 Enfin, j'y pense, vous prendrez peut-être un apéritif ?
00:13:55 - Non, merci.
00:13:56 - Une petite anisette ?
00:13:57 - Une petite anisette ?
00:13:58 Mon père, lors je boirais seule.
00:14:00 - Saviez-vous que votre secrétaire avait un tiroir secret ?
00:14:04 - Bien sûr.
00:14:06 Quand j'étais jeune fille, j'y cachais même mes premières lettres d'amour.
00:14:09 Ensuite, j'y ai mis mes bijoux.
00:14:12 Ils sont partis, comme le reste.
00:14:15 - Est-ce que votre mari, madame, possédait un revolver ?
00:14:18 - Hélas, oui.
00:14:19 Plusieurs, même.
00:14:20 C'est avec l'un d'eux qu'il s'est tué.
00:14:22 - Comment cela ? Vous voulez dire qu'il s'est suicidé ?
00:14:25 - Mais non.
00:14:26 Il faut que je vous explique.
00:14:28 Comme je vous l'ai dit, mon mari était un artiste.
00:14:31 Il fallait toujours qu'il fasse quelque chose de ses mains.
00:14:33 Quand il a eu abandonné ses pianos, il s'est mis à fabriquer de petites machines.
00:14:38 Ses inventions, comme il disait.
00:14:40 Il a même eu plusieurs récompenses au concours lépine.
00:14:44 Mais son rêve, voyez-vous, c'était d'avoir une médaille d'or.
00:14:47 - Ensuite ?
00:14:48 - Il y a un peu de temps avant sa disparition,
00:14:50 il avait eu en tête un système d'alarme contre les cambrioleurs.
00:14:53 Une sorte de pièce de récompense.
00:14:55 Une sorte de piège qui déclenchait une arme.
00:14:57 Il vous aurait expliqué tout cela mieux que moi, le pauvre homme.
00:15:00 - Il a voulu l'expérimenter lui-même et ça a trop bien marché, c'est ça ?
00:15:03 - Hélas.
00:15:04 - Ces armes qu'il possédait, vous les détenez encore ?
00:15:07 - Parties. Vendues comme de reste.
00:15:10 C'est bien triste, tout ça.
00:15:13 Vous ne voulez pas boire quelque chose avec moi ?
00:15:15 - Non, non, merci.
00:15:16 Votre mari, vous le saviez, empruntait de fortes sommes à l'usurier Paladuc.
00:15:20 Vous aviez donc des difficultés financières.
00:15:23 - Nous aurions pu vivre honnêtement.
00:15:25 Joindre les deux bouts, tant bien que mal, mais...
00:15:28 Il y avait ses inventions.
00:15:30 Le matériel, les brevets, vous comprenez.
00:15:32 Un gouffre, un véritable gouffre.
00:15:34 - Maman, je...
00:15:40 - Et vous, heureux propice, suspendez votre coup.
00:15:44 - Voilà ma fille Liliane.
00:15:48 Elle prépare le baccalauréat.
00:15:52 - Elle est pleine de bonne volonté, la chère petite.
00:15:54 Moi, je n'ai eu que le brevet de mon temps.
00:15:56 Vous ne demandez pas plus aux jeunes filles.
00:15:58 - Il vous faudra subvenir à l'entretien et aux études de votre enfant.
00:16:01 Et ce sont toujours vos meubles qui...
00:16:03 - Ce sont des meubles de prix.
00:16:05 - Et puis, ma grande soeur nous aide un peu.
00:16:07 - Ah, parce que vous avez aussi une grande soeur ?
00:16:09 - Ben oui, monsieur. Juliette.
00:16:11 - Ah, que fait-elle, Mlle Juliette ?
00:16:13 - Elle est artiste.
00:16:14 - Ben oui, artiste. Quoi, artiste ?
00:16:16 Comédienne, chanteuse, danseuse ?
00:16:18 - Elle est mannequin.
00:16:19 Mais pour maman, c'est comme si elle était artiste.
00:16:21 Parce qu'elle a drôlement de la classe, Juliette.
00:16:23 Maman, je t'en prie.
00:16:25 - Elle habite avec vous, votre grande soeur ?
00:16:27 - Mais non.
00:16:28 Mon aînée est très indépendante.
00:16:32 Elle a beaucoup de son pauvre père.
00:16:34 Un caractère, comment dire...
00:16:36 Fantasque.
00:16:37 Elle va, elle vient.
00:16:39 Je la vois guère.
00:16:41 - Et où demeure-t-elle, alors ?
00:16:42 - Ben, nulle part.
00:16:43 Un jour, elle est à Deauville.
00:16:45 Le lendemain, à Nice, à Cannes ou à Bruxelles.
00:16:47 - Elle est mannequin volant, vous comprenez ?
00:16:49 - Ben oui, oui, oui, parfaitement.
00:16:50 Bon, ben, je crois, madame, que je n'ai plus beaucoup de questions à vous poser.
00:16:54 - Mais...
00:16:55 Je vous demandais pourquoi toutes ces questions ?
00:16:57 - Oh, pour rien.
00:17:00 Un supplément d'enquête.
00:17:01 Rien de grave.
00:17:03 Excusez-nous.
00:17:04 - Oui, oui, c'est ici.
00:17:08 - Encore une affaire qui ne s'est pas faite ?
00:17:10 Je vous demandais pourtant pas grand-chose.
00:17:36 - Hé, papa, faut pas se gêner.
00:17:38 C'est le secret professionnel, alors.
00:17:40 - Bon, les Blancs, notez l'adresse et allez bronziner tout de suite.
00:17:43 Je crois que la bonne dame s'est un petit peu payée notre tête, hein.
00:17:45 Y a à boire et à manger là-dedans.
00:17:47 - Surtout à boire, monsieur le commissaire.
00:17:49 - En tout cas, vous conviendrez que Fresol est maintenant le suspect à part entière.
00:17:57 - Oui, et d'autres tombent, malheureusement.
00:17:59 - Oui, mais il est toujours là.
00:18:01 - Oui, mais il est toujours là.
00:18:02 - Oui, mais il est toujours là.
00:18:03 - Oui, mais il est toujours là.
00:18:04 - Oui, mais il est toujours là.
00:18:05 - Oui, mais d'autres tombent, malheureusement.
00:18:06 - Bon, alors, supposons...
00:18:07 - Fais ça. Supposons.
00:18:09 - Fresol avait des ennuis pécuniaires.
00:18:13 Il va chez Paladuc pour obtenir Adèle.
00:18:15 Paladuc le lui refuse.
00:18:18 Fresol, ainsi, supplie, menace.
00:18:21 En parole, bien sûr.
00:18:23 Paladuc a alors un réflexe stupide. Il empoigne son revolver.
00:18:27 Fresol le désarme ou tente de désarmer.
00:18:30 Et peut-être, il le tue involontairement.
00:18:34 - Est-ce qu'on peut admettre aussi qu'il était ganté?
00:18:36 - Ah, ben, pourquoi pas?
00:18:37 Et ensuite?
00:18:38 - Ensuite?
00:18:39 - Eh bien, nous sommes coincés.
00:18:41 À cause des traites, dont celle de Fresol dans le taxi.
00:18:45 - À l'heure où Fresol arrivait au rendez-vous, soit 16 heures,
00:18:49 Mourlac était déjà loin.
00:18:52 - À moins que Fresol n'ait tué Paladuc avant l'arrivée de Mourlac.
00:18:57 Juste après le départ du masseur, par exemple.
00:18:59 Il dévale l'escalier, saute dans le taxi,
00:19:03 et le chauffeur Mourlac n'est pas là. Il se restaure au bon coin.
00:19:05 Fresol décide d'abandonner le taxi.
00:19:08 Auparavant, il s'est débarrassé des traites.
00:19:10 - En y laissant les siennes?
00:19:11 - Pour détourner les soupçons, voyons.
00:19:13 Il remonte chez Paladuc, ayant peut-être oublié quelque chose de compromettant,
00:19:17 par exemple le revolver.
00:19:19 - Nous avons dit qu'il était ganté.
00:19:20 - N'oublions pas, Lambert, qu'il y avait d'autres traces sur la crosse que celle de Paladuc.
00:19:23 - Oui, ou quelque chose d'approchant.
00:19:25 - Ayant pris le revolver, Fresol se sauve de nouveau.
00:19:28 - Il est surpris par l'arrivée de Mourlac.
00:19:31 - Il se camoufle. - Voyant le cadavre, Mourlac repart en trombe.
00:19:34 - Fresol décide de signer le crime à la police, disons pour sauver la face.
00:19:38 - CQFD.
00:19:40 - Alors, première chose à faire,
00:19:42 - Revoir la femme qui lui a prêté son téléphone.
00:19:44 - Vous êtes Mme Stropolewska, Marie-Antoinette, d'origine polonaise, je présume.
00:19:49 - Non, monsieur Montmary, mais naturalisée.
00:19:52 Lieutenant-Colonel Stropolewski, de l'armée française,
00:19:56 dont je suis veuve depuis bientôt 40 ans.
00:20:00 - Ah, très bien. Oh, pardon, excusez-moi.
00:20:02 - Je veux dire, après cette mise en point, venons-en à cette affaire sur laquelle je dois, hélas,
00:20:06 - Encore vous interroger l'assassinat de l'usurier Paladuc, votre voisin de palier.
00:20:11 - Vous vous en souvenez, sans doute.
00:20:13 - J'ai bonne soumblance de tout, monsieur le commissaire.
00:20:16 - A force d'avoir répété tant de fois la même chose.
00:20:18 - Le jour du crime, vers 16h, vous rentriez chez vous,
00:20:22 - Quand vous avez vu sortir du couloir un homme, monsieur Fresol,
00:20:26 - Qui paraissait, avez-vous dit, bouleversé.
00:20:29 - Oh, il l'était vraiment.
00:20:30 - Il m'a dit qu'un malheur était arrivé,
00:20:32 - Qu'il voulait le trouver le cadavre, ou plutôt le corps, plus exactement, de monsieur Paladuc.
00:20:37 - Il voulait s'advertir de la police immédiatement, et il cherchait un téléphone.
00:20:40 - Oui, vous lui avez alors proposé de venir téléphoner chez vous,
00:20:43 - Il est donc entré dans votre appartement, et nous a avertis.
00:20:45 - Vous étiez bien sûr resté à ses côtés.
00:20:48 - Un instant seulement, monsieur le commissaire.
00:20:51 - Je dois être franche, je n'ai pas pu me retenir d'aller jeter un petit coup d'œil,
00:20:56 - Par la porte de monsieur Paladuc, qui était entre-ouvertes.
00:20:58 - Un spectacle affreux. J'en ai voulu se retourner.
00:21:02 - Lorsque vous êtes revenu chez vous, monsieur Fressol avait fini de téléphoner ?
00:21:06 - Il reposait l'écouteur, justement.
00:21:08 - N'avez-vous pas remarqué, en remontant avec lui,
00:21:11 - Ou plus tard, chez vous, qu'il portait à la main, une serviette, par exemple, ou toute autre chose ?
00:21:17 - Non, monsieur le commissaire.
00:21:19 - Mais le lendemain matin, de très bonne heure, ce monsieur est revenu.
00:21:21 - Ah, et pour quelle raison ?
00:21:23 - Il avait oublié chez moi une sorte de petit sac de cuir,
00:21:26 - Dans le genre de celui-ci, voyez-vous ?
00:21:29 - Un petit sac vert, je crois. Vert, très foncé.
00:21:32 - Il m'a dit que c'était là son matériel d'accordeur de piano.
00:21:35 - Nous avons bavardé de tout cela un moment, je lui ai montré mon flégel et...
00:21:39 - Où l'avait-il laissé ?
00:21:41 - Pardon ?
00:21:42 - Ce sac, où était-il ?
00:21:44 - Dans l'entrée, près du porte-parapluie. Je ne l'ai pas vu tout de suite.
00:21:49 - D'ailleurs, chez ma femme de ménage...
00:21:51 - Et alors, madame ?
00:21:53 - Il était fermé à clé, monsieur le commissaire.
00:21:56 - Bon, pardonnez-moi de vous avoir dérangé et merci de votre bonne volonté. Pardon.
00:22:00 - Je vous en prie.
00:22:02 - Demandez-moi à Martial, s'il vous plaît.
00:22:06 - Il n'y a aucun doute. Tout était là-dedans. L'argent volé, les réveils verts.
00:22:11 - Le commissaire Martial est absent.
00:22:15 - Bon, dites-lui de m'appeler dès qu'il sera de retour.
00:22:18 - Vous aviez raison, monsieur le commissaire. Elle s'affiche chez nous.
00:22:22 - Ce qui veut dire, le blanc ?
00:22:24 - Elle a acheté des meubles et elle continue d'en acheter.
00:22:27 - Et pas du bois blanc, croyez-moi. Renaissance espagnole, empire, restauration.
00:22:31 - Et même un boule, parait-il. Vrai ou faux, il n'en save rien, mais toujours est-il que ça vaut de l'argent.
00:22:35 - J'ai l'impression, madame Fresseul, mais ce n'est peut-être qu'une impression, que voilà beaucoup d'invendus.
00:22:40 - Il eût été vraiment dommage de vous séparer de si belles choses.
00:22:45 - Le blanc, vous qui êtes un peu expert, qu'en pensez-vous ?
00:22:48 - Incline, monsieur le commissaire.
00:22:50 - Et vous, madame Fresseul, que pensez-vous de votre nouveau décor ? Enfin, de toute cette mise en scène ?
00:22:55 - Monsieur le commissaire, je vous jure...
00:22:57 - De dire la vérité, rien que la vérité. Je vous écoute.
00:22:59 - Ah, mais dites-moi auparavant comment il se fait qu'étant aux abois et dans une sombre misère il y a peu de temps,
00:23:05 - vous pouvez aujourd'hui vous offrir ces meubles de style.
00:23:09 - J'ai menti.
00:23:13 - Tiens.
00:23:16 - Il est vrai, monsieur le commissaire, que du temps de mon pauvre mari, nous avons eu des moments difficiles, mais...
00:23:20 - un petit héritage est arrivé à point.
00:23:22 - Un parent, bien entendu.
00:23:24 - Oui, une tante. Du côté de ma pauvre maman.
00:23:27 - Et quand, cet héritage ?
00:23:29 - Pas tout à fait deux ans.
00:23:31 - Ah, peu de temps, donc, après la mort de votre mari.
00:23:34 - Ah oui. Il n'en a guère profité, le pauvre homme.
00:23:37 - Quel notaire s'est occupé de la succession ?
00:23:41 - Il n'y a pas eu de notaire, j'étais la seule héritière.
00:23:45 - Vous êtes compréhensif, monsieur le commissaire.
00:23:48 - Tante Rose m'avait dit de prendre tout l'argent liquide qui se trouvait chez elle si elle venait à disparaître.
00:23:54 - Et que faisait-elle ? Enfin, où habitait-elle ?
00:23:56 - Elle avait quitté son petit commerce de maroquinerie pour Angoulême.
00:24:00 - Son nom ?
00:24:02 - Prado. Rose Prado.
00:24:04 - Il s'agissait sans doute d'une grosse somme. Vous l'avez, j'imagine, déposée dans une banque.
00:24:10 - C'est-à-dire que...
00:24:11 - Enfin, oui ou non ?
00:24:13 - Euh... Oui.
00:24:16 - Quelle banque ?
00:24:18 - La Franco-Européenne.
00:24:20 - Mais, monsieur...
00:24:22 - Excusez-moi, je crois que c'est mon masseur.
00:24:25 - Je suis peut-être un peu en avance.
00:24:34 - Mais non, monsieur Perrault, entrez.
00:24:36 - Vous pouvez entrer.
00:24:38 - Commissaire Lambert, je vous demande pardon si je bien entendu vous êtes monsieur Perrault, ma soeur.
00:24:49 - Mais oui, monsieur.
00:24:50 - C'est bien vous, alors, qui avez déposé spontanément après l'assassinat de l'usurier Paladu qu'il y a quelques années.
00:24:56 - C'est bien moi, en effet.
00:24:57 - Ah, c'est une curieuse coïncidence. Je m'apprêtais justement à vous demander de venir renouveler vos déclarations.
00:25:03 Nous recommençons l'enquête.
00:25:04 - Monsieur le commissaire, j'en suis le premier satisfait.
00:25:07 - Que voulez-vous dire ?
00:25:08 - J'ai assisté au procès en tant que témoin.
00:25:12 Et la façon dont ce pauvre garçon n'a cessé de protester de son innocence ne trompait pas.
00:25:18 - Cependant, l'avocat général, les jurés...
00:25:20 - Pour moi, il a été victime d'un malheureux concours de circonstances.
00:25:23 - C'est bien pourquoi, monsieur Perrault, je tenais à vous entendre.
00:25:26 Il suffit parfois d'un détail, d'une précision.
00:25:30 - Il s'est produit quelque chose de nouveau ?
00:25:32 - Oui, nous avons retrouvé l'arme du crime, le revolver.
00:25:35 - Mais c'est capital.
00:25:37 - Et justement, dans un meuble qui appartenait, enfin qui avait appartenu à Mme Fresseul et bien sûr à son mari.
00:25:43 - Dans le secrétaire ?
00:25:44 - Hum ?
00:25:45 - Mais vous ne me l'aviez pas dit, monsieur le commissaire, c'était pas possible.
00:25:47 - Si je vous l'avais dit, Mme Fresseul, mais d'une manière plus nuancée.
00:25:50 - Mais mon mari était un honnête homme. Je le jure sur la tête de mes enfants.
00:25:53 Un homme calme, doux et incapable d'une chose pareille.
00:25:56 Enfin, monsieur Perrault, vous qui le connaissiez.
00:25:58 - Mme Fresseul a raison, monsieur le commissaire.
00:26:01 J'ai beaucoup approché monsieur Fresseul et je suis certain...
00:26:05 - Enfin, je n'ai jamais prétendu que monsieur Fresseul était le coupable.
00:26:08 - D'abord, j'ai vendu le secrétaire. Peu de temps après sa mort, je vous l'ai dit.
00:26:11 C'est un régisseur de théâtre qui l'avait acheté.
00:26:13 - Et entre la mort de votre mari et cette vente, avez-vous eu l'occasion d'ouvrir le tiroir secret ?
00:26:19 - Bien sûr. Quand j'ai voulu me débarrasser de mes derniers bijoux pour payer les frais des obsèques.
00:26:25 - Et pas une autre fois. Pas même avant que le régisseur ne l'emporte.
00:26:29 - Non, monsieur.
00:26:30 - Mme Fresseul, vous m'aviez promis de ne plus boire.
00:26:32 - Êtes-vous un habitué de Mme Fresseul ? La connaissez-vous depuis longtemps ?
00:26:37 - C'est une de mes plus fidèles clientes.
00:26:39 Je la soigne depuis bientôt...
00:26:41 Combien exactement, Mme Fresseul ? Cinq ans, n'est-ce pas ?
00:26:44 - Près de six ans, monsieur Perrault.
00:26:46 Vous savez, il ne faut pas m'en vouloir à cause de...
00:26:49 Mais quand je suis tourmentée comme maintenant...
00:26:51 Quand je pense à ce vieux bonhomme et à tout le mal qu'il a fait à mon mari...
00:26:54 Et que même après sa mort, il le poursuit toujours...
00:26:57 C'était un fort banc sans pitié pour personne.
00:26:59 - Ah non, Mme Fresseul.
00:27:01 Paladuc n'était pas un si méchant homme.
00:27:03 Mais comme tous les gens de sa profession...
00:27:05 - Oh, monsieur Perrault, vous êtes trop bon. Vous croyez que tout le monde est comme vous.
00:27:08 Si vous saviez, monsieur le commissaire, avec quel dévouement, quel désintéressement, monsieur Perrault...
00:27:12 - Je vous en prie.
00:27:13 - Paladuc était aussi un de vos vieux clients.
00:27:16 Aviez-vous l'habitude d'aller soigner à domicile ?
00:27:19 - Non.
00:27:20 Non, ce jour-là, tout à fait par hasard, je l'ai rencontré dans la rue. Il sortait du restaurant.
00:27:24 Il s'est plaint d'avoir passé une très mauvaise nuit.
00:27:28 - Vous l'avez accompagné chez lui pour l'aider à monter ses trois étages et lui donner vos soins.
00:27:33 Quelle heure était-il exactement ?
00:27:35 - 15 heures, je l'ai précisé.
00:27:37 - Comprenez, cher monsieur, que les heures dans cette affaire ont une très grande importance.
00:27:41 Il était 15 heures, dites-vous, mais à quelques minutes près, peut-être.
00:27:45 - Je me souviens très bien avoir regardé machinalement le cartel au-dessus du bureau de M. Paladuc.
00:27:49 Enfin, disons... 15 heures 5.
00:27:52 - Ah, ben, vous voyez.
00:27:54 Bon, de quoi souffrait votre client ?
00:27:57 - Un petit peu d'artisme articulaire.
00:27:59 Oui, M. Paladuc avait fait toute la guerre 14-18.
00:28:02 Il m'avait raconté ses souvenirs.
00:28:04 Plus d'une fois, d'ailleurs. La Somme, le chemin des dames.
00:28:08 C'est dans la Somme, surtout, qu'il avait le plus souffert.
00:28:11 Des jours et des nuits sous la pluie, dans la boue.
00:28:13 - Savez-vous s'il avait un grade quelconque ?
00:28:15 Était-il officier ?
00:28:17 - Sergent.
00:28:18 - Ah, donc, Paladuc aurait très bien pu avoir chez lui, dans son bureau, un revolver d'ordonnance.
00:28:24 Vous n'étiez pas au courant, bien sûr.
00:28:26 - C'est possible.
00:28:28 Étant donné sa profession, la diversité de sa clientèle, les risques...
00:28:33 - Combien de temps lui avez-vous consacré ?
00:28:35 - Un quart d'heure, vingt minutes.
00:28:37 Le temps d'un effleurage crural.
00:28:39 - Crural ?
00:28:41 - De la cuisse, M. le commissaire.
00:28:43 Et de la gauche, qui était la plus touchée.
00:28:45 - Le coffre, au moment de votre départ, était-il ouvert ?
00:28:49 - Les clés, en tout cas, étaient dans la série.
00:28:52 - Quand vous avez quitté Paladuc, vous avez, dites-vous dans votre déposition, tiré la porte du bureau derrière vous.
00:28:58 - J'en suis certain, oui. Pour la bonne raison que M. Paladuc voulait m'accompagner,
00:29:01 et que je lui ai dit de ne rien faire, étant donné ses difficultés pour se lever de son fauteuil.
00:29:04 - Monrlac, le chauffeur de taxi, a toujours soutenu qu'il avait trouvé cette porte entrevaillée.
00:29:09 J'ai frappé quand même, et comme je n'entendais rien, j'ai poussé la porte.
00:29:13 - M. le commissaire, j'affirme une fois de plus avoir fermé la porte.
00:29:17 Et soigneusement. Mais j'ai encore dans l'oreille le déclic du peine.
00:29:21 - Monrlac déclare être monté chez Paladuc vers 3h30.
00:29:26 Vous en êtes-vous descendu à 3h30 également ? L'un aurait dû rencontrer l'autre.
00:29:31 - J'ai dit au commissaire Deschamps, entre 3h20 et 3h30.
00:29:35 - Oui, et cette fois, vous n'avez pas regardé le cartel. C'est dommage.
00:29:39 Bref, récapitulons. Arrivé, 3h05.
00:29:44 Soins et conversations avec Paladuc pendant un quart d'heure, 20 minutes,
00:29:48 3h20, 3h25, soit un battement de 5 ou même de 10 minutes entre votre départ
00:29:54 et l'arrivée de Mourlac. Battement pendant lequel s'est peut-être présenté un personnage
00:29:58 que nous ne connaissons pas.
00:30:01 - Et qui serait alors l'assassin ?
00:30:04 - C'est une supposition.
00:30:07 Bref, dans l'escalier, vous n'avez rencontré personne.
00:30:11 Mais en arrivant sur le trottoir, vous avez remarqué le taxi de Mourlac arrêté devant l'immeuble.
00:30:16 - Oui.
00:30:18 - Avez-vous vu quelqu'un à l'intérieur ? Mourlac, par exemple ?
00:30:22 - J'avoue n'y avoir pas prêté grande attention.
00:30:26 - Encore une question, M. Perrault.
00:30:28 Paladuc, vous réglait-il habituellement par chèque ou en argent liquide ?
00:30:33 - Toujours en espèce, M. le commissaire.
00:30:37 - Hum.
00:30:39 - Oui, en effet. Mme Vogue-Fressol a ouvert un compte dans notre établissement en janvier 1966.
00:31:06 Le 12, très exactement, elle a fait un versement initial de 20 000 francs en espèce.
00:31:12 C'est-à-dire 2 millions en sien.
00:31:14 - Je vous remercie, M. le directeur.
00:31:16 - Attendez, c'est pas tout. Le 16 janvier, elle a fait un autre versement de 20 000 francs.
00:31:19 - Le 16 janvier ? - En espèce, oui. Le 16 janvier.
00:31:22 - Le 16 janvier. Bon, ben, 2 et 2, ça fait 4. Merci bien.
00:31:26 - Attendez, attendez. Le 24 janvier, elle a fait encore un versement de 20 000.
00:31:30 - Ah. Le 24 ? - Oui, le 24.
00:31:33 - Le 24.
00:31:35 - Voilà, ben, 4 et 2, 6.
00:31:38 Bon, ben, il me reste plus qu'à vous remercier pour votre obligeance, M. le directeur.
00:31:41 - À votre service.
00:31:43 - Permettez que je donne un petit coup de fil, là.
00:31:45 - Je vous en prie.
00:31:48 - Je vous en prie.
00:31:50 ...
00:32:19 ...
00:32:29 - Mlle Moreau, si on me demande... - Ah, ben, voilà, justement, M. le commissaire.
00:32:32 - Ah, c'est à quel sujet, monsieur ?
00:32:34 - C'est assez difficile à expliquer. Je viens...
00:32:37 Il y a un jeune monsieur de chez vous, de la police, qui est venu au théâtre au sujet d'un secrétaire.
00:32:41 - Oui, je suis au courant. Vous voudriez nous dire quelque chose de plus ?
00:32:45 - Eh bien, M. le commissaire, depuis que ce jeune homme m'a parlé de ce revolver...
00:32:49 Il y a un petit truc qui me tracasse.
00:32:51 - Bon, rentrez, je vous en prie.
00:32:53 Pendant 5 minutes, ne me passez aucune communication, sauf urgence, bien entendu.
00:32:57 Je vous en prie.
00:32:59 - Je me suis rappelé, voyez-vous, qu'après l'avoir acheté, ce secrétaire, on a reçu au théâtre des lettres anonymes.
00:33:04 Pas tout à fait des lettres, d'ailleurs.
00:33:06 - Et vous les avez apportées ?
00:33:08 - Ah, ben, non, je les ai fichées en l'air, moi.
00:33:10 J'ai cru que ça venait d'un malade, d'un fou, vous comprenez.
00:33:12 - Et que disaient-elles, ces lettres ? Vous vous en souvenez ?
00:33:15 - Oh oui, et c'est pas sorcier. Toujours la même chose.
00:33:17 D'abord, en haut du papier, avec des lettres de journal,
00:33:20 "Envoie pour un secrétaire", et au-dessous, "Objets inanimés, avez-vous donc une arme ?"
00:33:24 - Non, répétez. Non, je vous en prie, répétez le "V".
00:33:27 - Le "V" ?
00:33:29 - Oui, enfin, ce que vous venez de dire.
00:33:31 - Ah, oui, "Objets inanimés, avez-vous donc une arme ?" Le revolver.
00:33:34 Une arme, le revolver.
00:33:36 - Non, non, non. La Martine avait écrit à l'origine, "Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?"
00:33:40 - Qu'est-ce qu'il vient faire, la Martine ?
00:33:42 - Oui. Bien entendu, vous n'avez pas pensé à aller voir dans ce secrétaire.
00:33:46 - Le secrétaire, le secrétaire. Moi, j'ai cru qu'il s'agissait d'un employé.
00:33:50 Enfin, d'un secrétaire, quoi. Et c'est seulement quand le jeune homme est venu pour me...
00:33:53 - Oui, dites-moi, est-ce que parmi les acteurs de la pièce qu'ont joué à l'époque,
00:33:57 l'un d'eux aurait eu de gros soucis d'argent, au point d'avoir recours à un usurier ?
00:34:01 - Ça, alors, pour vous dire, il y en a qui sont tellement dans la mouise.
00:34:04 Et alors, pour eux, c'est simple, ils vont au monde piété.
00:34:07 ( ... )
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00:34:38 ( ... )
00:34:42 - Bonjour, monsieur. Vous êtes pour un cadeau ?
00:34:45 - Mlle Fressol, Juliette Fressol.
00:34:48 - Oui, monsieur, c'est pour quoi ? - C'est pour le gaz.
00:34:51 - Le gaz ? Mais je n'ai pas le gaz dans mon magasin, monsieur.
00:34:54 Je vous préviens, si vous venez ici pour me faire des ennuis, un scandale...
00:34:56 - Vous allez appeler la police ? - Exactement. Si vous ne sortez pas d'ici tout de suite.
00:34:59 - Coucou, la voilà.
00:35:02 - C'est pour vous.
00:35:05 - Que voulez-vous ? - Comme toujours, vous savez...
00:35:13 ... quelques petits renseignements.
00:35:15 Du bricole, mademoiselle.
00:35:17 Sur votre situation de famille, enfin, votre situation tout court.
00:35:21 - Mme, votre mère nous a donné... - C'est elle qui vous a donné mon adresse ?
00:35:24 - Ah, non, non, malheureusement, non. Non. Non.
00:35:27 Si je comprends bien, étant mannequin volant, ça vous a donné l'idée de voler de vos propres ailes.
00:35:31 - Mais qu'est-ce que ça veut dire ?
00:35:33 Oui, je suis mannequin, et alors ?
00:35:35 C'est un métier comme un drône, monsieur.
00:35:37 - Entre nous, vous avez horriblement bien fait parce que, dites-donc...
00:35:39 ... il est mignon comme tout, ce petit magasin.
00:35:42 En fait...
00:35:45 ... vous l'avez acheté quand ?
00:35:47 - Mais qu'est-ce que ça peut vous faire ?
00:35:49 J'ai toujours été honnête, moi. Même comme mannequin.
00:35:53 Ça vous épate, hein ? Evidemment.
00:35:56 - Eh, non. Mais ce qui pourrait vous épater, vous, c'est que je vous emmène illico presto, subito...
00:36:00 ... dans des locaux plus adéquats pour un interrogatoire en règle.
00:36:03 - Je reviens voir ça. Et de quel droit ?
00:36:05 - Bon, on les a tous, mademoiselle. C'est connu, hein ?
00:36:09 Bon, alors, cette boutique, depuis quand ?
00:36:12 De toute façon, il y a le registre du commerce.
00:36:15 - Depuis un an et demi. En mai dernier.
00:36:18 - Vous êtes content ? - Ça commence. Merci, mademoiselle.
00:36:21 Et avec quel argent, s'il vous plaît ?
00:36:23 - Le moins d'argent. Le mien.
00:36:25 - Oui. Sans blague.
00:36:27 - Vous êtes une personne très intéressante.
00:36:30 - Hum. J'étais un mannequin qui avait du succès, moi.
00:36:34 Je posais pour les magazines.
00:36:36 - Oh, vous me dites donc. Moi qui cherchais justement un métier d'avenir pour ma fille.
00:36:40 - Faudrait-il encore avoir de quoi ?
00:36:42 Parce que si elle vous ressemble, la chère petite...
00:36:44 - Oh, les cheveux seulement, les cheveux. C'est une chance, non ?
00:36:47 Bon, revenons-en à nos capitaux, hein ?
00:36:50 On vous aurait pas par hasard un petit peu aidé ?
00:36:52 Madame votre mère, par exemple.
00:36:54 - Vous avez quand même un certain doupé, monsieur. Parce que ma vie privée...
00:36:56 - Hein ?
00:36:58 - Alors ne comptez pas sur moi. Je ne vous dirai rien.
00:37:02 Et écoutez, laissez ça tranquille. C'est fragile.
00:37:04 - Je sais. Ma femme a la même.
00:37:06 - Bonjour, c'est moi.
00:37:09 - Eh, ben voilà la petite soeur, si je ne me trompe.
00:37:11 Elle qui est sérieuse et qui travaille bien à l'école.
00:37:13 Et qui donne bien du plaisir à sa bonne maman.
00:37:15 - Vous êtes de la police, vous aussi ?
00:37:17 - Eh oui. La vocation. Qu'est-ce que vous voulez ?
00:37:19 Alors naturellement, je vais vous poser quelques petites questions à vous aussi.
00:37:22 - Vous n'avez pas le droit. Elle est mineure.
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00:38:59 - Outre le chauffeur Mourlac, condamné à tort, semble-t-il,
00:39:03 pour le meurtre de l'usurier Paladuc,
00:39:05 et M. Fresol, possesseur du secrétaire dans lequel on a découvert l'arme du crime,
00:39:10 trois ans plus tard,
00:39:11 le masseur Perrault
00:39:13 a été lui aussi le jour du crime
00:39:16 en rapport avec la victime.
00:39:18 Oui ou non, M. Fresol est-il le meurtrier ?
00:39:22 La fille aînée de Mme Fresol apportera-t-elle quelques lumières à Abadie et au commissaire Lambert ?
00:39:28 - Bonjour Madame, vous désirez quelque chose ?
00:39:48 - Oui, je voudrais voir M. le commissaire.
00:39:50 - Mais c'est à quel sujet ? Parce que M. le commissaire ne reçoit personnellement que...
00:39:54 - Eh bien le blanc d'entre sans frapper, qu'est-ce qui vous arrive ?
00:39:57 - M. le commissaire, je vous prie de m'excuser mais...
00:39:59 - Vous l'avez perdue ?
00:40:00 - De vue, oui mais...
00:40:01 - Donc vous l'avez retrouvée ?
00:40:02 - Non, enfin oui...
00:40:04 - Où est-elle ?
00:40:05 - Elle est là.
00:40:06 - Ici ? Vous l'avez ramenée ?
00:40:07 - Non mais enfin je vous expliquerai, c'est...
00:40:09 - Ah ben, je l'espère bien. Bon, faites la entrée.
00:40:12 - M. le commissaire, il y a une dame qui demande à vous jouer.
00:40:16 - Oui, je suis au courant.
00:40:19 - Vous avez demandé à me parler, madame ?
00:40:21 - Oui, M. le commissaire.
00:40:23 - J'ai menti.
00:40:26 - Mais vous me l'avez déjà dit ce matin.
00:40:29 - Cette fois, c'est au sujet de l'héritage.
00:40:31 - Ah, eh bien je vous écoute.
00:40:33 - Tante Rose est morte, c'est vrai M. le commissaire.
00:40:37 - Mais longtemps après mon mari.
00:40:40 - Et ce n'est pas moi qui ai hérité.
00:40:43 - C'est ma soeur de Bellac.
00:40:45 - Pourquoi ce mensonge ?
00:40:48 - Enfin, d'où vient cette somme importante, 6 millions anciens,
00:40:51 que vous avez déposé par 3 fois à votre banque entre le 12 et le 24 janvier ?
00:40:55 C'est-à-dire pour le premier dépôt, une semaine environ, après le décès de votre mari.
00:41:03 - Ce n'est pas lui qui vous l'aurait laissé d'une façon ou d'une autre ?
00:41:08 - Une somme si importante, M. le commissaire. Où aurait-il eu cet argent ?
00:41:11 - Ben, là est la question.
00:41:14 - Voyons, madame. - Eh bien...
00:41:17 Un jour, peu de temps après la mort de mon mari, j'ai reçu un paquet de la Poste.
00:41:24 - Un paquet ? Et qu'y avait-il dedans ?
00:41:26 - De l'argent, M. le commissaire.
00:41:28 2 millions. En billets de toutes sortes.
00:41:32 - Et qui vous envoyait cet argent ? - Je ne sais pas.
00:41:35 Je ne l'ai jamais su, je vous le jure.
00:41:37 - Enfin, il était recommandé. Il y avait bien un nom, une adresse, quelque part.
00:41:41 - Rien.
00:41:44 - Et naturellement, vous n'avez pas conservé le papier de l'emballage.
00:41:47 - Je l'ai jeté, mais il y avait un petit mot, enfin, quelque chose d'écrit.
00:41:51 - "Vas-tu jouir enfin de tes droits, entre parenthèses, d'auteur éternel ?"
00:42:02 "Vas-tu jouir enfin de tes droits éternels ?"
00:42:07 - Oui, si on enlève le mot d'auteur, entre parenthèses, ce sont des vers, sans aucun doute.
00:42:13 - Alexandra, M. le commissaire.
00:42:15 - Oui, merci, le blanc. Enfin, vous ne savez pas de qui, ni moi non plus, d'ailleurs.
00:42:19 Qu'est-ce que ça veut dire ? Avez-vous une idée, là-dessus ?
00:42:23 - Eh bien, j'ai toujours pensé que quelqu'un avait pris à mon pauvre mari une de ses inventions.
00:42:28 Il avait su l'exploiter.
00:42:30 - Et, pris de remords, il aurait ainsi cherché à réparer le préjudice.
00:42:34 Qu'il ait voulu conserver l'anonymat, ça se comprend, mais pourquoi ce vers ?
00:42:38 - C'est peut-être un poète, M. le commissaire. Inventeur et poète, ça existe. Regardez Pascal.
00:42:43 - Ce n'était pas un poète.
00:42:45 - Boris Vian, alors.
00:42:46 - Oui, bon, passons. Et vous avez continué à accepter cet argent ?
00:42:50 - Mettez-vous à ma place, M. le commissaire.
00:42:52 - Et c'est avec ces 2 millions que vous avez pu...
00:42:55 - Il y en a eu d'autres ?
00:42:56 - D'autres paquets ?
00:42:58 - Deux.
00:43:00 - De 2 millions chacun, évidemment.
00:43:02 - En somme, c'est une belle invention, digne du concours Lépine.
00:43:06 Et dans chacun de ces paquets, il y avait peut-être ce genre de message sibilin ?
00:43:11 - Je les ai. Tenez.
00:43:13 - Ils vont là.
00:43:15 - Merci.
00:43:16 "Sachons le prix du don, mais ouvrons notre main."
00:43:23 "Au secours des douleurs, un dieu clément me guide."
00:43:32 - Ça me dit quelque chose.
00:43:34 - On dirait du Victor Hugo ou du Racine.
00:43:36 - Oui, ou du Corneille, ou du Voltaire, ou du Vigny, etc.
00:43:38 N'entachez de me trouver le dictionnaire des citations.
00:43:40 Moi, je crois de plus en plus que, comme pour le régisseur, la martinie est pour quelque chose.
00:43:44 - C'est sûrement ça, M. le commissaire.
00:43:46 - Bon, alors, allez vérifier.
00:43:47 Et, naturellement, avec constance, vous avez continué de déposer à votre banque ces dons tombés du ciel et du pardasse.
00:43:55 Et vos enfants, elles aussi, ont trouvé tout à fait naturel cette manne tombée du ciel.
00:44:01 Elles ne vous ont pas posé de questions.
00:44:03 - Mais moi, je m'en suis posé plus d'une, M. le commissaire.
00:44:05 Surtout depuis que je sais pour le revolver.
00:44:08 Je ne suis pas tranquille.
00:44:10 Je n'ose plus penser.
00:44:12 Je me demande même si...
00:44:13 - Si ce n'est pas votre mari qui...
00:44:16 - Ah non, M. le commissaire, ce n'est pas vrai !
00:44:18 Une chauchée abominable !
00:44:20 Puisque j'avais fouillé dans le tiroir secret tout de suite après sa mort et qu'il n'y avait plus que mes bijoux.
00:44:24 - Mme Fressol, avez-vous vu déjà cette arme entre les mains de votre mari ?
00:44:28 - Ah non, M. le commissaire.
00:44:30 Les armes de mon mari étaient beaucoup plus petites.
00:44:33 Ils n'avaient pas de roulettes comme ça.
00:44:35 (Il toque à la porte.)
00:44:36 - Entrez !
00:44:37 - Ça y est, patron.
00:44:39 - C'est gagné.
00:44:41 L'héritage de la tantrose, c'est de la frime. Juliette a avoué.
00:44:44 Enfin, pas elle, sa petite soeur qui est arrivée à Point-Nommé.
00:44:47 C'est une sacrée belle fille, Juliette. Comme ça...
00:44:50 - Question caractère, alors...
00:44:51 - Est-ce aussi votre avis, Mme Fressol ?
00:44:53 - Oh, pardon. Je crois que j'arrive un peu tôt, moi.
00:44:55 - Ou un peu tard. Je vous laisse le choix.
00:44:58 - Mais...
00:45:02 Pourquoi Fressol aurait-il conservé l'arme du crime ?
00:45:05 Et pourquoi aurait-il joint ces coupures de journaux relatant l'affaire ?
00:45:09 - Pour montrer le rapport entre les deux choses.
00:45:11 Et faire naître, en cas de découverte, un doute sur la culpabilité de Mourlac.
00:45:16 - Oui. Autrement dit, Fressol aurait cet innocent sur la conscience.
00:45:21 - Mais ces fameux paquets-postes, Lambert...
00:45:25 Vous avez aussi une idée, là-dessus ?
00:45:27 - Ben, j'hésite.
00:45:29 Mais il se pourrait fort bien que Fressol ait confié en cachette de sa femme...
00:45:33 l'argent volé et celui d'échec au porteur à un ami sûr.
00:45:37 Qu'il ait chargé cet ami de remettre le tout à Mme Fressol en cas d'accident...
00:45:41 et d'organiser la mise en scène que nous connaissons au sujet du secrétaire.
00:45:45 - Oui, oui.
00:45:46 - Enfin, Fressol me rappelait vite, vous ne trouvez pas ?
00:45:49 - Rien ne prouve que Fressol n'ait pas donné un petit coup de pouce au destin...
00:45:53 pour permettre à sa femme et à ses enfants de toucher en Folmago.
00:45:56 Sublime sacrifice.
00:45:58 - Oui. Tout cela me paraît quand même un peu...
00:46:00 rocamboleuse, si je puis dire.
00:46:03 Et sévère la martinienne, dites-vous.
00:46:05 Qui se voudrait symbolique.
00:46:07 - Ce qui compte, M. le juge, enfin, je crois...
00:46:10 c'est l'avancélement de présomptions autour de Fressol.
00:46:13 - Mais les traites dans le taxi de Mourlac ?
00:46:16 Non.
00:46:18 Au fond, un seul homme...
00:46:21 a pu voir le taxi arrêté dans l'immeuble.
00:46:24 Le masseur, Perrault.
00:46:26 - Et qui était aussi un des familiers de Fressol.
00:46:29 Ça ne prouve rien.
00:46:30 - A moi, si je suis votre théorien ambert...
00:46:33 que ce ne soit l'émission dont vous parliez...
00:46:35 le dépositaire, en quelque sorte, des dernières volontés de Fressol.
00:46:40 - Encore un peu de patience, M. le commissaire, je suis à vous.
00:46:43 - Mais faites, faites.
00:46:45 - Ça va, je ne vous fais pas mal ?
00:46:47 - Je devrais venir ici faire un tour de temps en temps, moi.
00:46:50 Enfin, en dehors des heures de service, naturellement.
00:46:52 - Vous faites votre nouveau régime ?
00:46:53 - Ça va pas mal, il est efficace, oui, ça rentre.
00:46:55 - C'est bien ce qui me semblait.
00:46:57 Affaire de volonté.
00:46:58 - Ce qui est bien ici, c'est que c'est l'autre qui fait le travail.
00:47:01 Et nous, on n'a plus qu'à attendre.
00:47:03 - Entrez.
00:47:06 - Bonjour, messieurs.
00:47:09 M. Perrault, c'est Sir Mary Paul.
00:47:11 - Bonjour, ma sœur, asseyez-vous, je suis à vous tout de suite.
00:47:13 - Ne vous dérangez pas, je vous apporte ma petite liste.
00:47:15 Vous pouvez passer voir mes pauvres vieux, ça me fera bien plaisir.
00:47:17 Et à eux aussi.
00:47:18 - Mais bien sûr, ma sœur, je m'arrangerai toujours.
00:47:20 - Oh, je sais bien, vous êtes la volonté même.
00:47:22 Je mets ma petite liste sur votre bureau.
00:47:23 - Entendu, Sir Mary Paul. A bientôt.
00:47:25 - Je vous en prie.
00:47:26 Si j'ai bien compris, M. Perrault vous aide dans votre tâche.
00:47:29 - Depuis des années, et toujours bénévolement.
00:47:31 Partout où il y a de pauvres gens qui souffrent,
00:47:33 qui n'ont les moyens de rien,
00:47:35 M. Perrault n'écoute que son bon cœur.
00:47:37 C'est un saint, M. Perrault. Vous ne le saviez pas ?
00:47:39 - Si, si, si.
00:47:40 - Si tout le monde lui ressemblait,
00:47:42 nous aurions le paradis sur terre.
00:47:44 Au revoir, messieurs.
00:47:45 - Au revoir, messieurs.
00:47:47 - Je ne vous tente à la main, M. le Commissaire, avec cet ongant.
00:47:59 - M. Perrault, c'est encore au sujet de cette vieille affaire Paladuc.
00:48:01 Toujours cette question d'horaire et de concordance entre les allées et venues.
00:48:06 - Je vous ai tout dit.
00:48:08 Mais, si je peux vous être utile,
00:48:10 vous avez un fort beau matériel.
00:48:12 Qu'est-ce que c'est que cet appareil ?
00:48:14 - Un vibromasseur, pour les massages simples, les contractures.
00:48:17 Et là, vous avez un appareil de circonduction pour l'épaule.
00:48:21 Et là-bas, une table d'élongation.
00:48:24 - Il y a pas mal de temps, je crois, que vous exercez votre profession de masseur.
00:48:28 - Pardon, M. le Commissaire.
00:48:30 De kinésithérapeute.
00:48:32 J'ai mon diplôme d'État depuis bientôt quatre ans.
00:48:35 - La clientèle ne doit pas vous manquer.
00:48:37 J'ai eu l'impression que tout le monde vous porte au nu.
00:48:39 - N'exagérons pas.
00:48:41 J'ai seulement toujours eu à coeur de soulager la misère physique de mon prochain.
00:48:45 Et morale, si possible.
00:48:47 L'une l'allant souvent de pair avec l'autre.
00:48:49 - En somme, une vocation.
00:48:51 - Pourquoi pas.
00:48:52 - Mais revenons à ce qui m'intéresse.
00:48:54 Vous m'avez dit être certain, ce fameux jour,
00:48:56 de n'avoir rencontré personne dans l'escalier ou dans le couloir,
00:48:59 après avoir quitté Paladuc.
00:49:01 Pardonnez-moi si j'insiste, mais je...
00:49:03 - J'ai fait appel à tous mes souvenirs.
00:49:05 Non, vraiment, non.
00:49:07 - Quels étaient vos rapports avec Paladuc?
00:49:09 Je veux dire, vous qui êtes un homme sensible, charitable...
00:49:12 Si, si, enfin, tout le monde le reconnaît.
00:49:14 Est-ce que ses activités,
00:49:16 ce métier d'usurier, ne vous gênait pas un peu?
00:49:20 - Évidemment, son manque de scrupule, de pitié,
00:49:22 ne favorisait pas la sympathie.
00:49:24 Mais je me devais de le soigner en oubliant mes sentiments profonds.
00:49:27 - Aviez-vous eu recours à...
00:49:29 enfin, disons, ses bons offices?
00:49:31 - Une seule fois.
00:49:32 Je l'avais d'ailleurs dit au commissaire Deschamps.
00:49:35 - À quelle époque, cet emprunt?
00:49:37 - Tout au début de mon installation ici.
00:49:39 - C'est-à-dire?
00:49:40 - Quatre ans.
00:49:42 Tenez, pour cette bicyclette.
00:49:44 300 000 francs anciens que j'ai remboursés en trois fois.
00:49:46 Mais c'est ainsi que je suis venu à lui donner des soins.
00:49:49 - Mais pourquoi ne vous êtes-vous pas adressé à une banque?
00:49:51 Ou à un organisme de crédit?
00:49:54 - C'est difficile à dire.
00:49:57 - Un petit découvert, peut-être?
00:50:00 - Voilà.
00:50:03 - À ce propos, M. Fressol était loin lui aussi d'être à l'abri des soucis pécuniaires.
00:50:08 Il avait eu maintes fois recours à Paladuc.
00:50:10 Vous a-t-il mis dans la confidence?
00:50:12 Ou Paladuc lui-même, entre deux massages, vous a-t-il fait part
00:50:15 de certaines difficultés qu'il aurait eues avec ce client peu facile?
00:50:20 - En aucune façon.
00:50:22 - Bon, très bien. Nous allons vous laisser.
00:50:24 J'aurais peut-être encore besoin de vous.
00:50:26 - Je suis à votre disposition.
00:50:27 - Quand vous voudrez. Allez-y.
00:50:30 - Comment vaincre l'obésité sans risque et sans fatigue?
00:50:33 Vous y croyez, vous, ça?
00:50:34 - Je serais un con.
00:50:36 Amenez-moi en séjour. Nous en parlerons.
00:50:38 - Je ne dis pas non.
00:50:40 - Je ne vous donne pas la main. Ça reste poisse.
00:50:43 - Ah oui, oui, oui. Toujours le fameux Zangar.
00:50:45 - Au revoir.
00:50:47 - Ah non, excusez-moi. Votre livre.
00:50:51 - C'est un drôle de bonhomme.
00:50:58 - Je vais quand même envoyer quelqu'un éplucher sa comptabilité
00:51:00 avant et après la mort de Paladuc.
00:51:02 - Dis-donc, patron, au sujet de Lamartine, ça a l'air d'être son poète favori.
00:51:05 - Pourquoi? Il a ses oeuvres complètes dans la bibliothèque?
00:51:08 - Complètes, ça, je ne sais pas, mais en tout cas, il y a un disque.
00:51:10 - Un disque? - Oui.
00:51:12 - Allez, il faut se sortir.
00:51:15 (Musique)
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00:52:48 - Fresol, qui a découvert le corps de l'usurier Paladuc trois ans plus tôt,
00:52:54 et qui est mort depuis,
00:52:56 est-il le meurtrier posthume?
00:52:59 Ceci permettrait d'innocenter Mourlac, le chauffeur de taxi condamné,
00:53:03 que le masseur Perrault, autre client de l'usurier,
00:53:06 et relation des Fresols,
00:53:08 croient victime d'une erreur judiciaire.
00:53:11 - Excusez-moi un petit détail.
00:53:15 On me dit que vous aimez beaucoup la poésie, M. Perrault.
00:53:18 - Mais oui. Chénier, Verlaine, Louis Lappé, Lautrey-Hamon, Agrippa-Dobigné, même Lamartine.
00:53:24 Et la musique classique, bien entendu.
00:53:26 D'ailleurs, j'ai installé cet électrophone à l'intention de certains de mes clients un peu nerveux.
00:53:30 C'est excellent pour la décontraction. - Ah, sans doute.
00:53:32 Est-ce que vous pouvez nous faire une petite démonstration?
00:53:35 - Mais avec plaisir.
00:53:36 - Attendez. Ben, celui-là, par exemple.
00:53:39 - Au retour, attendez, goutte à goutte, une eau rare et limpide,
00:53:48 et leur urne à la main, s'entretenez du jour.
00:53:52 Chaumière, où du foyer est incelée la flamme,
00:53:55 toi, que le pèlerin aimait avoir fumée,
00:53:58 objet inanimé,
00:54:00 avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme?
00:54:03 - Admirable, n'est-ce pas?
00:54:05 - J'ai vu des cieux d'azur surprenants la nuit descendre.
00:54:08 - Je ne suis quand même pas le seul à aimer Lamartine.
00:54:10 - Non, mais peut-être le seul à avoir eu en même temps des relations suivies avec la victime.
00:54:14 Le seul encore à l'avoir vue vivante quelques minutes avant le crime.
00:54:19 Et le seul toujours à avoir eu d'autres relations avec les possesseurs du secrétaire dans lequel...
00:54:25 Bref, c'est beaucoup de coïncidences, Perrault.
00:54:28 - Vous aviez des difficultés d'argent.
00:54:30 Plus que vous ne le dites, nous le saurions bientôt.
00:54:33 Vous rêviez de vous installer, malheureusement, il vous manquait l'essentiel.
00:54:37 Et de plus, vous aviez par-ci par-là quelques dettes criardes.
00:54:41 - Vous êtes allé chez Paladuc non pour le soigner,
00:54:43 mais pour lui demander, ou le supplier plutôt,
00:54:45 de remettre une de vos échéances.
00:54:47 - Je vous ai dit et répété que je l'avais rencontré fortuitement.
00:54:50 - Vous l'avez donc accompagné chez lui et soigné pour une ankylose du bras.
00:54:55 - Je n'ai jamais dit cela. Néhrumatisme des membres inférieurs.
00:54:58 - Ah oui, c'est vrai, la jambe, oui.
00:55:00 Un effleurage crural, ce sont vos termes.
00:55:03 - Vous alliez régulièrement depuis des années soigner chez elle, Mme Fresseul.
00:55:07 Il vous était donc facile de mettre un revolver dans le tiroir à secret.
00:55:11 Mme Fresseul, entre deux petits verres, avait dû vous en parler, de ce fameux tiroir.
00:55:14 - Et pourquoi cette machination?
00:55:16 Si j'avais tué comme vous voulez le croire,
00:55:18 je me serais débarrassé tout de suite du revolver?
00:55:20 - Non, parce que vous aviez déjà une petite idée derrière la tête.
00:55:24 - Et Fresseul, vous ne l'accusez pas, lui?
00:55:26 - Vous me dites vous-même que vous étiez certain de son innocence.
00:55:29 - Certain...
00:55:31 Je ne pouvais quand même pas devant Mme Fresseul, et de but en blanc.
00:55:34 - Mais aujourd'hui, en y réfléchissant bien, et parce que ça vous arrange,
00:55:38 vous changez d'avis.
00:55:39 - D'abord, sur le revolver, il n'y avait aucune empreinte imputable à Fresseul.
00:55:42 - Mais qu'est-ce que ça prouve?
00:55:44 M. Fresseul portait des gants de fil en permanence.
00:55:46 Il s'était brûlé les mains au cours de ses expériences.
00:55:48 - Vérifiez-moi ça un peu, s'il vous plaît.
00:55:50 - En revanche, sur la crosse, outre les empreintes de Paladuc,
00:55:52 on a relevé des maculations particulièrement grasses.
00:55:55 Et nous saurons bientôt s'il y a quelques similitudes avec Longan,
00:55:57 dont vous vous servez d'ordinaire.
00:55:59 - Perrault, vous avez tout avantage à nous dire la vérité.
00:56:03 - Mais enfin, vous vous êtes renseigné sur moi.
00:56:06 Je me suis toujours conduit en honnête homme.
00:56:09 Sœur Marie-Paul...
00:56:11 - Ce bien, cette charité que vous semblez pratiquer avec acharnement,
00:56:15 est-ce que ce n'est pas pour soulager un peu votre conscience?
00:56:18 - Pensez ce que vous voulez.
00:56:20 - Allô? Oui, lui-même?
00:56:22 Ah bon, oui, je m'en doutais.
00:56:24 Oui, alors, faites votre rapport tout de suite.
00:56:26 Analyse concluante.
00:56:28 Perrault, sur le revolver, on a retrouvé vos empreintes.
00:56:31 Ou tout au moins quelque chose qui en tient lieu formellement.
00:56:35 Maintenant, si vous voulez que je vous aide dans votre confession...
00:56:40 Alors, Perrault?
00:56:43 - Vous êtes trop aimable, monsieur le commissaire.
00:56:46 Je n'ai besoin de personne.
00:56:49 Je n'ai besoin de personne.
00:56:51 - Vous sentez-vous mieux?
00:57:00 - Oui, ça ne durera pas longtemps.
00:57:03 Après que je vous paie ces scandales.
00:57:05 - 3 000 francs, ça n'est pas cher.
00:57:07 - 3 000? Mais d'habitude, vous me demandez 2 000.
00:57:11 - Mais d'habitude, c'est vous qui venez chez moi.
00:57:13 Aujourd'hui, je me suis déplacé.
00:57:15 Je ne suis pas exprès pour me soigner.
00:57:18 Si j'allais bien, j'aimerais mieux pas revoir.
00:57:22 Allez, allez.
00:57:24 2 000 francs et pas un saut de plus.
00:57:26 - Vous êtes un effort, monsieur Paladuc.
00:57:29 Je vous l'ai dit, je m'installe.
00:57:31 L'appareillage coûte très cher.
00:57:33 Et sans appareil perfectionné, moderne...
00:57:35 Je ne peux pas toucher la clientèle désirable.
00:57:38 - Mon petit monsieur, vous faites votre métier, moi je fais le mien.
00:57:41 - Le sentiment et les affaires, ça ne va pas dans le même panier.
00:57:44 Si je vous écoutais les uns et les autres...
00:57:48 Vous voyez d'ailleurs à quoi ça rime.
00:57:51 Je vous donne de l'argent, vous allez me rendre demain.
00:57:54 Parce que...
00:57:56 Tâchez de ne pas l'oublier, l'échéance de votre traite.
00:57:59 - Alors, c'est d'accord que vous paierez demain.
00:58:01 Comment, je n'en sais rien.
00:58:03 Mais par avance, je vais vous dire quelque chose que j'ai sur le coeur depuis que je vous connais.
00:58:09 - M. Paladuc, vous me dégoûtez.
00:58:11 Vous n'avez pitié de personne.
00:58:14 Que les gens souffrent ou se crèvent à lutter pour vivre, ça vous est égal.
00:58:17 - Alors, je vous dispense de vos insultes.
00:58:19 - Ce ne sont pas des insultes, M. Paladuc.
00:58:21 Je ne suis pas le seul à vous avoir jugé.
00:58:23 M. Fresse, lui aussi. - Et en bas, parlons-en de celui-là.
00:58:26 Un maboule de la pire espèce.
00:58:28 - Ce qui est réconfortant, c'est que des gens cherchent encore à venir en aide à leur semblable.
00:58:31 Pendant que vous, M. Paladuc,
00:58:33 vous profitez de leur misère, de leur détresse.
00:58:35 Vous êtes un homme nuisible.
00:58:37 - Vous êtes ici, espèce de voyou.
00:58:39 Ou je vous y forcerai, moi, et là, de la belle manière.
00:58:42 Comme en 14 avec les boss, les...
00:58:44 - Ah, nuisible. Je vous le dis, nuisible.
00:58:47 (Tirs)
00:58:50 (Bruit de la porte)
00:58:52 (Bruit de la porte)
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01:00:16 Je continue à travailler, je continue à vivre, bien sûr.
01:00:19 Mais ce n'était plus comme avant.
01:00:22 J'ai entendu, oui, vous avez des remords.
01:00:25 Mais pas le courage de vous accuser de votre crime...
01:00:28 et surtout de faire libérer un innocent.
01:00:30 Ce n'est pas un crime.
01:00:31 J'ai tué ma vie, c'est vrai.
01:00:33 Mais pas seulement pour moi. Par intérêt personnel, je l'ai tué.
01:00:36 Par philanthropie, peut-être.
01:00:37 En vous débarrassant des traîtres dans le taxi, vous avez quand même pensé à prélever la vôtre.
01:00:40 Instinctivement, je crois.
01:00:41 Oui, et en y laissant les autres, vous saviez, instinctivement aussi...
01:00:45 que vous alliez faire accuser quelqu'un d'autre à votre place.
01:00:47 Ce n'est pas vrai.
01:00:48 Mais je pensais, je ne sais pas moi, qu'il n'y aurait pas d'autre preuve.
01:00:51 Et puis je ne pouvais pas penser que Mourlac, le chauffeur de taxi...
01:00:53 avait lui aussi affaire à Fanaduc.
01:00:55 Peut-être que tout se retournerait contre lui.
01:00:57 C'est pourtant ce qui s'est passé.
01:00:58 Vous êtes doublement criminel, Perrault.
01:01:00 En déposant le revolver chez les Fressols, quelles étaient vos intentions ?
01:01:03 Je ne pensais plus qu'à faire libérer Mourlac.
01:01:05 C'était une obsession, je vous le jure.
01:01:08 Alors quand M. Fressol est mort...
01:01:10 une idée m'est venue.
01:01:13 Et c'est lui qui avait découvert le corps.
01:01:16 Je me suis dit qu'il suffirait de peu de choses pour qu'on le croit coupable.
01:01:20 À titre posthume, ce qui simplifiait tout.
01:01:23 Mme Fressol, vous avez tenu au courant du tiroir secret ?
01:01:26 On en avait parlé beaucoup.
01:01:29 Souvent à tort et à travers.
01:01:30 Cet argent, ces sommes importantes que vous avez fait parvenir à Mme Fressol...
01:01:35 provenait bien entendu de vos vols commis chez Fanaduc.
01:01:39 Il y en avait qui m'appartenaient en propre.
01:01:41 Vous avez quand même utilisé l'argent de Fanaduc...
01:01:44 pour l'achat de ce matériel dont vous aviez besoin.
01:01:47 L'argent gagné par la suite, le vôtre...
01:01:49 n'était donc pas aussi propre que vous le croyez.
01:01:52 Enfin bref, moi ce qui m'intéresse...
01:01:54 c'est de savoir la raison qui vous poussait à venir en aide à Mme Fressol.
01:01:58 Bah non, Perrault.
01:01:59 Une vérité de plus ou de moins.
01:02:01 Il vous brûlait les doigts ?
01:02:04 J'avais conscience du préjudice moral que j'avais causé à Mme Fressol et à ses filles.
01:02:07 N'est-ce pas plutôt pour laisser croire que Fressol avait dissimulé cet argent jusqu'à sa mort ?
01:02:11 Non.
01:02:12 Je vous jure que non.
01:02:13 Et le préjudice causé à la femme et à l'enfant de Mourlac...
01:02:16 à Mourlac lui-même, vous n'y avez pas pensé ?
01:02:18 Non, si.
01:02:19 C'était une autre obsession.
01:02:22 Mais que pouvais-je faire sans me trahir ?
01:02:24 Et s'il n'y avait pas eu le hasard pour nous faciliter la tâche...
01:02:27 Mourlac était dans son trou jusqu'à la fin de ses jours.
01:02:30 Je crois que je me serais dénoncé, M. le Commissaire.
01:02:33 A la fin, je n'en pouvais plus.
01:02:35 Ah bah, vous n'en donniez pas l'impression pourtant.
01:02:37 Souriant, détendu...
01:02:38 Non, inattitude.
01:02:40 Comme celle qui vous commandait de passer pour un saint...
01:02:42 auprès des petites sœurs des pauvres...
01:02:43 de soigner gratuitement les vieillards et les indigents.
01:02:46 C'était sincère, je vous le jure.
01:02:48 J'ai toujours été un brave type.
01:02:50 Et un peu simple aussi, Perrault.
01:02:53 En vous imaginant que vous auriez recommencé...
01:02:56 à vivre benoîtement avec une meilleure conscience...
01:02:59 après vous être déchargé de votre crime...
01:03:03 sur un autre innocent, même mort.
01:03:06 Qu'avez-vous pensé, Perrault ?
01:03:09 Je ne sais pas.
01:03:11 Eh bien, nous y penserons pour vous.
01:03:14 (Musique)
01:03:17 (Musique)
01:03:18 (Musique)
01:03:20 (Musique)
01:03:21 -À-D reçu au fonctionnant d'une communauté amis à Ottawa.
01:03:24 Elle a été ravis de passer à offrir ce service.
01:03:28 En TWO emplois 18 fois de plus responsable et travaillant dans le corps.
01:03:31 En ce qui les jetons plus totaux mines et de ces embouteillages noirs.
01:03:35 Ce service nous appuiera donc de la radio, la nuque en eau et une plus grande apparencerion d'information.
01:03:40 Ce nouveau ou lourd système ne vit plus mal.
01:03:44 [Musique]
01:04:03 [Musique]
01:04:32 [Musique]
01:04:37 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
01:04:40 [SILENCE]