DB - 20-04-2024
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00:00:00 [Musique]
00:00:28 - C'est quand même pas le patron qui vous a dicté ce rapport ?
00:00:30 - Non, c'est Julien.
00:00:32 - Julien, qui c'est ça, Julien ?
00:00:34 - Bah Julien, quoi.
00:00:36 Monsieur Gervais, le stagiaire.
00:00:39 - Ah, bon, c'est parfait.
00:00:41 Il n'y a pas une semaine qu'il est là et vous l'appelez déjà par son petit nom.
00:00:44 - Il est si gentil.
00:00:45 - C'est pas en étant gentil qu'il faudrait qu'il y ait dans la police.
00:00:48 - Avec ça que vous êtes méchant, vous, peut-être.
00:00:50 - Il ne s'agit pas de moi.
00:00:51 Puis d'abord, comment se fait-il qu'il ne soit même pas là, celui-là ?
00:00:53 - Monsieur le commissaire, vous avez le droit de le dire.
00:00:55 - Alors, comment se fait-il qu'il ne soit même pas là, celui-là ?
00:00:57 - Monsieur le commissaire a envoyé...
00:00:59 Enfin, Monsieur Gervais faire un peu de travaux pratiques.
00:01:02 - Tout seul ?
00:01:03 - Non, avec le blanc comme...
00:01:04 - Comme moniteur.
00:01:05 - Oui.
00:01:06 - À l'instant-là, je suis tout seul pour faire tout le travail.
00:01:08 - Ne pleurez pas, les voilà.
00:01:10 - Ah, alors, ce que c'est ? Encore un.
00:01:14 - Le vendredi, c'est un bon jour, on dirait.
00:01:15 - Pas pour tout le monde.
00:01:16 - Qu'est-ce que Monsieur a acheté ?
00:01:18 - Des disques, cinq.
00:01:19 - Oui, oui, je sais ce que c'est, un moment de distraction.
00:01:21 Vous êtes sortis en oubliant de passer à la caisse.
00:01:24 - J'ai payé.
00:01:25 - Vous êtes rentrés pour payer, après vous êtes refait passer.
00:01:28 - Le classique. Ils ont toujours l'argent sûr, on sait jamais.
00:01:31 Le commerçant porte plainte ?
00:01:33 - Non, non, on fait juste une main courante.
00:01:35 - Votre nom, s'il vous plaît ?
00:01:40 - René Maurier.
00:01:41 - Jamais eu affaire à nous ?
00:01:43 - Jamais. Est-ce que j'ai une tête de refou de justice ? Jamais.
00:01:47 - Vous savez, il y a beau temps qu'on ne juge plus les gens sur la mine.
00:01:51 - Adresse ?
00:01:53 - 27 rue de Babylone.
00:01:55 - 27 rue de Babylone. Profession ?
00:01:59 - Comédien.
00:02:00 - Pardon ?
00:02:01 - Acteur.
00:02:04 - Vous jouez au théâtre, vous ?
00:02:07 - Pourquoi, je n'ai pas la tête à ça ?
00:02:09 - Oh, si, si, bien sûr, pourquoi pas.
00:02:11 Bon, acteur. Bon, alors j'écris, hein.
00:02:14 Il ressort de tous les témoignages que, sans avoir réglé ses achats,
00:02:21 Maurier est sorti...
00:02:23 - Non, non, non, je n'accepte pas le mot "sorti".
00:02:25 Non, c'est faux. Je nie.
00:02:27 Oh, et puis zut, à la fin.
00:02:29 Ça ne se passera pas comme ça. Je porterai plainte.
00:02:33 C'est trop facile aussi, on arrête n'importe qui.
00:02:35 - Permettez, permettez, hein.
00:02:37 Vous n'êtes pas n'importe qui.
00:02:39 Au contraire, votre nom figure honorablement au fichier central.
00:02:42 Vous ne le savez peut-être pas.
00:02:44 Là, je vois plusieurs citations à comparaitre.
00:02:47 En 65, condamnation pour couser blessure.
00:02:49 - On m'avait attaqué.
00:02:50 - Je n'en doute pas.
00:02:51 En 64 et 66, infraction à la législation sur les chèques.
00:02:55 Chèques antidatés, provisions insuffisantes.
00:02:57 - C'est la faute de la banque qui n'avait pas viré à temps.
00:02:59 - Bien sûr, bien sûr.
00:03:00 Vous avouerez quand même que tout ça, ça fait pas des antécédents très recommandables.
00:03:04 - C'est ça ?
00:03:05 Je suis un escroc professionnel ?
00:03:06 - Monsieur, nous ne disons rien du tout, sauf ceci.
00:03:09 Bouclez-la et filez avant que je change d'avis.
00:03:11 Je n'ai qu'un mot à dire pour que la maison de disques porte plainte.
00:03:13 - Bien sûr. Vous serez toujours les plus forts.
00:03:16 - Oui. Gervais. Gervais !
00:03:18 - Pardon, oui.
00:03:19 - Venez, occupons-nous de choses sérieuses.
00:03:21 Bon, alors, si on veut y aller ensemble dans 15 jours, j'ai mon temps que vous soyez à la page.
00:03:25 Naturellement, vous n'avez pas oublié la différence entre les anciennes règles et les nouvelles règles.
00:03:28 - Ben si.
00:03:29 - Oh, bon Dieu, c'est pourtant pas sorcier.
00:03:30 Alors, je répète.
00:03:31 En mêlée fermée, les 3 troisièmes lignes doivent rester fixées au paquet
00:03:34 jusqu'à ce que le demi de mêlée adverse ait touché le ballon, les 3/4 étant à 10 m.
00:03:37 A la touche, le relayer ne doit jamais dépasser le verrouillard.
00:03:39 Bien. Le môle.
00:03:40 - Qu'est-ce que c'est, le môle ?
00:03:41 - Le môle est une mêlée ouverte dans laquelle on ne met pas le ballon à terre pour le talonner,
00:03:44 mais qu'on joue au contraire à la main pour provoquer le hors-jeu des avant-adverses.
00:03:46 C'est clair, non ?
00:03:47 Je vous jure, c'est vraiment toute une éducation à refaire, vous deux.
00:03:50 - Ah, tiens, au fait, j'avais demandé les places pour le théâtre ce soir, et puis je suis pris...
00:03:54 - Au fait, au fait, quoi ?
00:03:55 - Ah non, mais c'était une façon de parler, comme si j'avais dit...
00:03:58 - À propos de spectacle ?
00:03:59 - Alors là, je ne vois pas du tout, mais alors pas du tout,
00:04:01 le rapport qu'il peut y avoir entre ce qu'il y a de plus noble au monde,
00:04:04 c'est une belle partie de rugby et des guignols en train de déclamer sur les planches.
00:04:07 - Vous les voulez, vous, les deux places, Gervais ?
00:04:09 - Non, merci beaucoup, mais ce soir, je suis pris.
00:04:11 - Ah...
00:04:12 - Ce n'est certainement pas ce que vous croyez, M. le Commissaire.
00:04:14 Tous les samedis, on se réunit avec quelques camarades et on fait de l'algèbre.
00:04:18 - De l'algèbre ?
00:04:20 - Oui.
00:04:21 - Mais... mais pourquoi faire ?
00:04:22 - Oh, pour le plaisir.
00:04:24 - Ah, pour le...
00:04:25 Oui, et bien, vous voyez, il y a vraiment un abîme entre les générations, c'est vrai.
00:04:29 Alors, joyeuse soirée.
00:04:31 Donnez-les à Badi, vos places, il sortira sa femme.
00:04:33 - Ce soir, ça me paraît difficile, c'est le soir où sa belle-mère dîne chez eux, alors...
00:04:36 - Ah oui, alors dans ce cas-là, je préférais l'algèbre, moi aussi.
00:04:39 Ah, à moins que...
00:04:41 Si vous avez quelque chose à faire, tous les deux, ne vous gênez pas, là.
00:04:46 - Non, M. le Commissaire, non, mais...
00:04:47 - D'accord.
00:04:48 - Personnellement, moi, je n'ai pas compris, vous savez, l'histoire du mot...
00:04:50 - Oui, ça suffit.
00:04:51 Allô ?
00:04:52 Pourriez-vous me passer, s'il vous plaît, le poste 220 ?
00:04:54 Merci, j'attends.
00:04:55 Allô ?
00:05:00 Jeanne ?
00:05:01 Bonjour, cher ami.
00:05:02 Comment ?
00:05:03 Oui, bonsoir, oui, plutôt bonsoir, oui.
00:05:05 Dites-moi, je me demandais si, par hasard, vous ne seriez pas libre ce soir.
00:05:09 Oui ?
00:05:10 Quelle chance.
00:05:11 Est-ce que ça ne vous ennuierait pas de venir au théâtre avec moi ?
00:05:14 Ah, une très bonne pièce, oui.
00:05:16 Comment elle s'appelle ?
00:05:18 - La nuit des erreurs.
00:05:19 - La nuit des horreurs.
00:05:21 Ah, non, non, non, non, ce n'est pas un drame d'épouvante, non.
00:05:23 - Non, la nuit des erreurs.
00:05:25 - Ah, pardon, d'ailleurs, je me trompe, ce n'est pas la nuit des horreurs, c'est la nuit des erreurs.
00:05:27 Oui, c'est ça, oui.
00:05:28 Oui, c'est moi, c'est moi qui faisais l'erreur, en quelque sorte.
00:05:30 Oui ?
00:05:31 Le temps de vous changer.
00:05:33 Bon, bon, très bien, et bien, nous irons souper après le spectacle, si vous voulez.
00:05:37 Non, non, non, cette fois, pas de cassoulet, je vous le promets.
00:05:41 Mais oui, mais bien sûr que je serai sérieux, parce que je ne l'ai pas toujours été.
00:05:48 Bon, alors, entendu, je ne vais pas vous prendre à 8h30, c'est ça.
00:05:51 A tout à l'heure, au revoir.
00:05:56 - Non, mais on ne dit rien, M. le Commissaire, on vous admire et on vous envie à la fois.
00:06:00 - M. le Commissaire, est-ce que vous m'autorisez à mettre à l'épreuve mes modestes facultés de déduction ?
00:06:04 - C'est-à-dire ?
00:06:05 - Mannequin, cover girl ou...
00:06:09 - Danseuse, non ?
00:06:10 - Oui.
00:06:11 - Statisticien de l'assistance publique.
00:06:14 - Tant pis, j'y vais, je me mets là.
00:06:21 - Ah, non plus, mon petit Roger, c'est interdit.
00:06:24 - Tiens, qu'est-ce que je vous disais.
00:06:26 - Je regrette, M. mais vous ne pouvez pas rester là.
00:06:30 - Oh, pardon, M. le Commissaire.
00:06:32 - Vous avez parfaitement raison, vous faites votre travail.
00:06:34 - Moi aussi, vous pensez que si je me mets là, c'est que j'ai une raison.
00:06:36 - Mais comment donc, M. le Commissaire, le service, c'est le service.
00:06:38 - Merci.
00:06:39 - Venez, mon cher, un service.
00:06:42 - Voilà, docteur, il est bien placé.
00:06:48 - Merci beaucoup.
00:06:49 - Je vous en prie, madame.
00:06:51 - Alors, il y a des exos ce soir ?
00:06:53 - C'est le médecin de service, madame la directrice.
00:06:55 - Le médecin de service a droit à une place, Gournaud, pas deux.
00:06:57 - La prochaine fois qu'il se présentera à compagnie, vous pourrez bien lui rappeler le règlement.
00:07:01 - Bien, madame la directrice.
00:07:02 - Certainement, madame la directrice.
00:07:04 - Oh, M. le Commissaire, il est plein du commissariat.
00:07:06 - Merci.
00:07:07 - Voilà, M. le Commissaire, et bonne soirée.
00:07:10 - Merci beaucoup.
00:07:11 - Ah, oui.
00:07:12 - Lui aussi n'a droit qu'à une place.
00:07:14 - Mais, madame la directrice, si vous me permettez le règlement.
00:07:17 - Justement, Gournaud, je ne le permets pas.
00:07:18 Je vous ai dit cent fois que je n'aimais pas être contredit.
00:07:21 - Vous semblez fatigué, Gournaud.
00:07:23 - Oui.
00:07:24 - Mais ne vous inquiétez pas, il y a à Rissorongie, chez un ponton d'armes,
00:07:27 des dizaines de vieux crâbes qui seraient ravis de prendre votre place.
00:07:30 - Demandez-le au crâbe.
00:07:31 - Demandez-le au crâbe.
00:07:33 - Demandez-le au crâbe.
00:07:34 - Demandez-le au crâbe.
00:07:35 - Vous êtes généreux, ce soir.
00:07:37 - Bonjour, bonjour, ce soir avec une jolie foule.
00:07:40 - Pareil ici, M. D'Anne.
00:07:42 Vous arrivez juste au début du spectacle.
00:07:44 - Ah, donc.
00:07:45 - Je vous en prie.
00:07:46 - Excusez-moi.
00:07:47 - Excusez-moi.
00:07:48 - Enfin, un peu de plus qu'hier.
00:07:58 - Eh bien, moins que demain.
00:08:00 La moyenne tombe régulièrement et tout ça, c'est la faute à Foucault.
00:08:04 - Ecoutez, je ne vois pas... Excusez-moi, Mme la directrice.
00:08:06 - Mais si.
00:08:07 Foucault nous impose Grandel, qui me coûte les yeux de la tête.
00:08:10 Mais n'importe qui aurait pu jouer le diable.
00:08:12 - Oh, madame.
00:08:13 - Je vous ai présenté, que je sache.
00:08:15 - À quoi bon?
00:08:16 - Tout le monde me connaît.
00:08:18 Je suis le diable.
00:08:20 - Satis.
00:08:21 - Le diable n'a pas sa photo dans le délimeraure.
00:08:24 Et il me semble bien vous y avoir aperçu tout récemment, en première page.
00:08:28 - C'est vrai? Il ressemble à Billy Lizard.
00:08:30 - Eh oui, le fou assassin évadé.
00:08:32 - Un médiocre tueur se permet de ressembler au prince des enfers?
00:08:35 - La plaisanterie a assez duré. Je vais appeler ce qu'on entend.
00:08:38 - Que personne ne bouge.
00:08:39 On n'arrête pas le diable.
00:08:41 D'ailleurs, ce n'est pas vous que je suis venu chercher.
00:08:45 Venez, Magdalene.
00:08:49 Nous sommes faits pour nous entendre.
00:08:53 - Pas la plaisanterie, elle s'est durée. Sortez.
00:08:55 - Stéphane, prenez garde. Il peut être dangereux.
00:08:58 - Puisque votre femme est d'accord, vous voyez, je n'ai eu qu'à lui faire signe.
00:09:02 - Et ça? Vous comprenez?
00:09:05 - Ha, ha, ha.
00:09:06 - Entrez, ce jouet.
00:09:08 Vous pensez bien que j'ai pris la précaution de retirer le chargeur.
00:09:11 Le voici.
00:09:13 - C'est faux!
00:09:14 - Mais ce sont des cartouches à blanc.
00:09:16 Vous allez faire du bruit bien inutilement.
00:09:18 On ne peut pas tuer le diable.
00:09:20 - Rideau! Rideau, voyons!
00:09:32 - Oh, mon dieu!
00:09:34 - Nous prions le médecin de service de passer immédiatement en coulisses.
00:09:44 Mesdames, messieurs, la représentation est interrompue.
00:09:48 Toutes les places seront validées au jour de votre choix.
00:09:52 Nous vous présentons toutes nos excuses et nous vous prions de les accepter.
00:09:56 - Désolé, vraiment désolé.
00:10:05 - Pas tant que moi.
00:10:07 Oh, c'est le souhait que je regrette. Soyez le bien.
00:10:09 - Déjà, ce n'est peut-être pas de ma faute si...
00:10:11 - Je sais bien, vous avez le chip pour vous trouver toujours là où on a besoin de vous.
00:10:14 A condition que ce ne soit pas moi.
00:10:16 - Je suis navré, mais il faut que...
00:10:17 - Allez-y, mon cher, allez. Je trouverai bien un taxi tout seul.
00:10:20 - Je vais me reposer un peu.
00:10:22 - Vous êtes le médecin? - Oui.
00:10:30 - Police. C'est grave?
00:10:32 - Il a été seulement touché. J'espère qu'aucun organe important n'a été atteint.
00:10:36 Je l'accompagne au beau jour. - Merci, docteur.
00:10:38 Vous laisserez nos manfactions cette nuit à l'hôpital. Je vous enverrai l'inspecteur demain matin.
00:10:42 - Ah, monsieur le commissaire.
00:10:44 - Alors, qu'est-ce qui s'est passé?
00:10:45 - J'aimerais bien le savoir, cette petite plaisanterie me coûte cher.
00:10:47 - Oui, d'accord. Disons, qu'est-ce qui aurait dû se passer normalement?
00:10:50 - Eh bien, normalement, je tire trois ou quatre fois sur le diable, à blanc, bien entendu.
00:10:58 Il ne bouge pas, il sourit, et Lady Magdalene, enfin, Françoise, lui tombe dans les bras.
00:11:05 - Où est le révolver? - Ah, je vais bien le ramasser.
00:11:08 - Il y en a deux. Ce soir, c'est celui-là qui est servi.
00:11:13 - Bon, vous me donnerez l'autre tout à l'heure.
00:11:15 - Oui, je charge le révolver. - C'est moi.
00:11:17 - Bien. Alors, ce soir, c'est vous qui avez chargé le révolver, et c'est vous qui avez tiré.
00:11:23 - Oui, j'ai tiré, j'ai tiré. Bien sûr, j'ai tiré. C'est dans mon rôle. Je tire tous les soirs.
00:11:28 Non, quel dévaine. Alors, il faut que ça tombe sur moi.
00:11:30 - C'est plutôt tomber sur votre camarade.
00:11:32 - Pourvu qu'il ne soit pas tué, mon Dieu.
00:11:34 - Calmez-vous, personne ne vous accuse. Pour le moment.
00:11:37 - Quoi?
00:11:38 - C'est toujours vous et vous seul qui chargez ce révolver?
00:11:41 - Oui, c'est moi.
00:11:42 - Où sont les cartouches?
00:11:43 - Dans une petite armoire.
00:11:44 - Vous avez fermé la clé?
00:11:45 - Oui.
00:11:46 - Ah, voici. Bien. Vous allez donner toutes ces cartouches.
00:11:49 Vous allez m'écrire sur un papier le nom de votre fournisseur, ainsi que tous les noms, je dis bien tous,
00:11:54 de tous ceux, acteurs, techniciens, ouvreuses, est-ce que je sais, qui se trouvent au théâtre ce soir, avec leurs adresses.
00:12:00 Personne n'a remarqué ni étrangers, ni inconnus?
00:12:04 - Non, personne, non.
00:12:06 - Pas de présence anormale?
00:12:08 - Absolument rien.
00:12:09 - Bien. De toute façon, que je sois ou non chargé de l'enquête, personne d'entre vous ne doit quitter Paris.
00:12:13 D'ailleurs, vous serez tous convoqués demain à mon bureau.
00:12:16 - Hé!
00:12:21 - Oui?
00:12:22 - A votre avis, il s'est passé quelque chose ou rien?
00:12:25 - À part une tentative d'assassinat devant 600 personnes, rien.
00:12:29 - Mais non, mais c'est pas ça dont je veux parler.
00:12:31 Entre le commissaire et la dame qui était avec lui au théâtre.
00:12:34 - Ah, un moment, je vais lui demander.
00:12:36 - Non!
00:12:37 - Ah, alors?
00:12:38 - Très belle radio, d'une grande netteté. On voit les balles comme je vous vois.
00:12:42 - Oui, d'accord, mais le type?
00:12:43 - Clavicule et homoplate brisée. On extrait les balles.
00:12:46 - Comment est-il?
00:12:47 - Bien, une heure de danger. On lui fait même des transfusions.
00:12:49 - Est-ce qu'on peut l'interroger?
00:12:51 - Dans quelques temps, oui, avec quelques ménagements.
00:12:53 - Bon, alors on va se partager le travail.
00:12:55 Moi, je vais m'occuper de parent et du régisseur.
00:12:58 Gervais et Leblanc, vous interrogerez la femme fatale et l'ingénue.
00:13:02 Et ensuite, Abadi prendra le vieux schnock, la canterelle, oui, c'est ça.
00:13:05 Bon, auparavant, tu passes chez l'armurier. Voilà l'adresse.
00:13:07 Gervais, pensez à téléphoner au labo pour l'examen du revolver, des empreintes et des balles que j'ai rapportées.
00:13:12 Ensuite, vous passerez au théâtre et vous prendrez les photos de tous les acteurs.
00:13:15 - D'accord.
00:13:16 - Si je comprends bien, moi, je fais les courses puis j'interroge les bons hommes.
00:13:19 - Pleignez-vous. Si vous croyez que ça m'amuse de cuisiner cette ingénue...
00:13:22 - Ah, mais ça, pas question, mon vieux. L'ingénue, moi, je me la garde.
00:13:24 Vous occuperez de la femme fatale.
00:13:25 - Elle va peut-être essayer de me bamper.
00:13:27 C'est quand même un problème.
00:13:29 - Si c'est un problème, l'Algère va vous servir.
00:13:31 - Oui, bon, allez, fichez-moi le camp et au travail. C'est pas ce qui manque.
00:13:33 Ah, il faut prendre les empreintes de Bedul, le régisseur et de Parent.
00:13:36 Et Parent, tu me l'envoies en premier.
00:13:38 - Prenez les empreintes de tout le monde, là.
00:13:44 Monsieur, il y a le commissaire qui vous attend.
00:13:48 - Bonjour, monsieur.
00:13:54 - Asseyez-vous, je vous en prie.
00:13:58 - Monsieur le commissaire, avant toute chose, me permettez-vous de vous poser une question.
00:14:01 Non, je vous en prie, ne me donnez pas la réplique classique, les questions...
00:14:05 C'est moi qui les pose.
00:14:07 J'ai joué les commissaires.
00:14:09 Oui, j'ai même été un maigret à ces inimitables.
00:14:12 - Bon, qu'est-ce que vous voulez savoir, au juste?
00:14:15 Comment va votre ami, je suppose?
00:14:17 Bien, il est hors de danger.
00:14:19 - Ah oui, mais moi, je l'ai échappé belle.
00:14:21 Je l'ai vu ça dans le Figaro, là, ce matin.
00:14:23 - Ah oui? Qu'est-ce qu'ils disent?
00:14:25 - D'ailleurs, c'est très mal rédigé.
00:14:27 M. Grandel ramasse tout.
00:14:29 On l'a même mis mon oncle, qui pique le sien.
00:14:31 - Bon, alors, cette question...
00:14:33 - Non, pensez-vous avoir besoin de moi longtemps?
00:14:35 - Ça dépend, mais je ne crois pas.
00:14:37 - Tant mieux, parce qu'à 11 heures, j'ai une synchro.
00:14:39 - Pardon?
00:14:41 - Oui, c'est moi qui prononce les paroles françaises dites en anglais...
00:14:45 à l'accrétion par John Wayne dans "Péril à Panama".
00:14:48 - Je ne connais pas.
00:14:50 - Vous ne m'avez pas entendu dans "Le massacre des peaux rouges"?
00:14:53 - Non. - Bon, ça, c'est dommage.
00:14:55 Non, parce que ma voix a jouté beaucoup.
00:14:58 À 14 heures, j'ai une télé.
00:15:00 Je ne sais pas que ça paye, mais enfin, il est bon de se faire voir.
00:15:03 À 18 heures, j'enregistre un disque des ordinateurs BCG.
00:15:06 À 19 heures, il faut que je passe à la radio pour rendre un texte pour une dramatique.
00:15:09 Moi, je n'ai pas le temps de me préparer.
00:15:11 - Mais à quoi? - À jouer mon rôle ce soir, tu vois.
00:15:14 - Mais le diable est à l'hôpital.
00:15:16 - Oui, mais on en a de rechange.
00:15:18 Bon, alors, alors, soyez contents, vous êtes en tête d'affiche.
00:15:22 - Quoi? Pardon?
00:15:24 - Je veux dire par là que vous êtes le suspect numéro un.
00:15:26 - Suspect de quoi?
00:15:28 - D'avoir mis de vraies balles à la place des fausses, et comme c'est vous qui tirez.
00:15:31 - Oh, mais c'est idiot!
00:15:33 D'ailleurs, c'est pas moi qui mets les balles dans la volvaire.
00:15:36 - Je sais, je sais, c'est le régisseur.
00:15:38 Mais vous aviez tout le temps d'opérer une substitution.
00:15:41 - On vous se tient pas debout.
00:15:43 Pourquoi aurais-je fait ça?
00:15:45 Pourquoi aurais-je fait ça comme ça?
00:15:47 Il faut peut-être être complètement fou. - Ou très intelligent.
00:15:49 - Tuer quelqu'un devant tant de spectateurs, quelle merveilleuse alibi.
00:15:52 - C'est invraisemblable. - Oui.
00:15:54 C'est tellement invraisemblable que vous vous l'êtes peut-être dit avant.
00:15:57 On n'y croira jamais. - Et puis d'abord, pourquoi aurais-je voulu tuer Grandel?
00:16:00 - Eh oui, pourquoi? - Ah non, mais je vous le demande.
00:16:02 - Non, non, c'est moi qui vous le demande.
00:16:04 Alors, vos rapports avec ce garçon?
00:16:06 - Mais aucun.
00:16:08 Enfin, bonjour, bonsoir.
00:16:10 - Je veux dire, vous étiez bien ensemble?
00:16:13 - Ni bien ni mal.
00:16:17 - Pas de difficultés professionnelles?
00:16:20 - Oh, non, aucune. Non, pas du tout le même emploi.
00:16:23 Ça nous ne risquons pas de nous faire concurrence.
00:16:26 - En somme, des rapports plutôt cordiaux.
00:16:28 - Cordiaux, si vous voulez.
00:16:30 Indifférents.
00:16:32 - Mais pas du tout la même chose.
00:16:34 - Je ne sais pas du tout ce que vous espérez en me retournant comme ça sur le grill.
00:16:38 - Vous avez pourtant déjà joué la scène.
00:16:40 - Ah oui, le commissaire, c'était moi.
00:16:42 - Oui, ça devait être plus facile. Vous connaissiez les réponses. Moi, pas.
00:16:45 - Vous êtes nerveux.
00:16:47 Vous pouvez fumer, si vous voulez.
00:16:49 - Ah non, jamais.
00:16:51 - C'est très bon de me la voir.
00:16:53 Elle a tendance à filer dans les aigus.
00:16:55 Dites-moi, entre nous, entre grandelle et vous, pas d'histoire de femme?
00:17:00 - Je suis marié, M. le commissaire.
00:17:04 - Vous croyez que je vais attendre longtemps?
00:17:07 - Ça, je ne peux vraiment pas vous dire.
00:17:09 - C'est que ma femme va s'inquiéter.
00:17:11 Vous ne pourrez pas téléphoner chez moi, j'ai péré la communication.
00:17:13 - Que fait votre numéro?
00:17:15 - Villette 3901. Merci, merci bien.
00:17:18 Vous êtes bien aimable.
00:17:20 - Il ne faut pas leur répondre.
00:17:34 - Insistez un peu, s'il vous plaît.
00:17:36 - De toute façon, ça ne répond pas. Il n'y a personne.
00:17:40 - Ça alors. C'est curieux.
00:17:42 Elle ne m'avait pas dit qu'elle se retirait.
00:17:44 Où peut-elle être?
00:17:47 - N'avez-vous absolument rien remarqué ce soir-là
00:17:51 qui soit un peu différent, si peu que ce soit, des autres soirs?
00:17:54 Réfléchissez, prenez votre temps.
00:17:57 Même la place d'un meuble dans le décor,
00:17:59 ou une réplique changée par un de vos partenaires,
00:18:01 ou une porte de loge restée ouverte, je ne sais pas.
00:18:03 Réfléchissez.
00:18:05 - Je ne vois rien.
00:18:09 - Tout s'est déroulé normalement.
00:18:11 Tout s'est déroulé normalement jusqu'à ce que...
00:18:13 Attendez.
00:18:17 Ah, si, il y a eu quelque chose.
00:18:21 C'est peut-être qu'une impression,
00:18:23 mais il me semble que Gérard, au moment où j'ai tiré,
00:18:26 a bougé.
00:18:28 Autre à peu.
00:18:30 Mais enfin, ce n'est pas dans la mise en scène.
00:18:32 Il ne l'avait jamais fait.
00:18:34 Vous remarquez, moi.
00:18:37 Je vous dis ça parce que vous avez insisté
00:18:39 sur les faits les plus insignifiants.
00:18:41 Et ceux-là ne ont pas signifié grand-chose.
00:18:43 - Ça vous a tout de même frappé, puisque vous vous en souvenez.
00:18:46 Bien.
00:18:48 Merci. Au revoir, M. Parent.
00:18:50 - Au revoir?
00:18:52 - Oui. Tant qu'on n'aura pas trouvé le coupable,
00:18:54 vous restez toujours sur la liste.
00:18:56 - Je vous dirai, M. le commissaire...
00:19:02 - Je ne suis pas commissaire.
00:19:04 - Ah!
00:19:06 Je me disais aussi, vous êtes si jeune.
00:19:09 Comment faut-il vous appeler, alors?
00:19:12 - Quelle lie vous me dire?
00:19:14 - Que je ne m'occupe pas beaucoup des affaires des autres.
00:19:16 - Comme c'est curieux.
00:19:18 Moi, c'est tout le contraire.
00:19:20 Vous connaissez bien quand même Parent et Grandel.
00:19:23 - Ça dépend ce que vous appelez "connaître".
00:19:26 On se tutoie, bien sûr. On fait le même métier.
00:19:29 On s'embrasse comme du bon pain chaque fois qu'on se rencontre,
00:19:32 c'est-à-dire deux fois par jour.
00:19:34 - Ça ne va pas plus loin.
00:19:36 - C'est bien sûr, ça.
00:19:38 - Je ne répondrai qu'en présence de mon avocat.
00:19:41 - Vous les connaissez depuis longtemps?
00:19:43 - Roger. - Qui ça, Roger?
00:19:45 - Roger Parent, oui.
00:19:47 Nous avons joué chez Barreau il y a trois ans. Lorenzaciu.
00:19:50 Le travesti m'avantage. Vous ne m'avez pas vue?
00:19:53 - Il y a trois ans, je me consacrais à mes études, mademoiselle.
00:19:56 - Madame. Oui, j'ai perdu mon mari
00:19:58 au cours d'une tournée en Argentine.
00:20:00 Une brésilienne, je crois.
00:20:02 Ça a été pour moi un grand soulagement.
00:20:04 - Ne nous égarons pas, voulez-vous.
00:20:06 Et Grandel, le diable?
00:20:09 - Nous avons joué ensemble une pièce avant-garde sur la rive gauche.
00:20:13 Un beat terrible.
00:20:15 - Je vous en prie, madame, ne sortons pas de la question.
00:20:18 - Je suis pourtant prête à tout pour vous être agréable.
00:20:21 Je vous assure.
00:20:23 - Bon. Alors, Grandel?
00:20:25 - Croyez-vous qu'elle déveine?
00:20:27 Remarquez que pour Roger non plus, ce n'est pas drôle.
00:20:29 Il n'y a tout pour la mère Martin, ce que c'est pour moi.
00:20:31 Et tout pour la mère Martin, ce que c'est du gâteau.
00:20:33 Qu'est-ce que ça ramasse comme publicité et à l'oeil?
00:20:35 - Un instant. A votre avis, parents et Grandel étaient-ils...
00:20:38 Enfin, non. Je veux dire, sont-ils de bons camarades?
00:20:42 Il n'y avait entre eux, à votre connaissance, aucun motif de discorde?
00:20:46 - Vous savez, le théâtre est une grande famille.
00:20:48 On est plus ou moins copains.
00:20:50 - Bien sûr, le théâtre, c'est une grande famille.
00:20:53 Mais c'est comme dans toutes les familles, on ne s'entend pas bien tous les jours.
00:20:56 Il y a des clans qui se forment.
00:20:59 Quand on a joué ensemble la même pièce près de 200 fois...
00:21:02 - Grandel et parents n'étaient pas du même clan, si je comprends bien.
00:21:05 - Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
00:21:07 Ils ne se détestaient pas.
00:21:10 Mais ils ne s'aimaient pas beaucoup non plus.
00:21:13 - Merci.
00:21:15 Et maintenant, ça va être le grand jeu.
00:21:17 Oh, je sais, c'est toujours comme ça.
00:21:20 Après la cigarette, vous allez me coller la lumière de votre lampe en plein visage.
00:21:26 Vous allez vous asseoir au coin du bureau, vous allez changer votre voix.
00:21:29 Et vous allez me dire, "Allez, ma petite assiériolée, mets-toi à table."
00:21:33 - Une dernière fois, bornez-vous à répondre à mes questions.
00:21:41 Oui ou non, est-ce que Roger Parent avait des raisons d'en vouloir à Gérard Grandel?
00:21:45 - Au point de... Oh non, qu'est-ce que vous allez chercher?
00:21:49 Ah, Roger. Roger, c'est l'homme tranquille numéro un.
00:21:52 Un bon petit fonctionnaire du théâtre.
00:21:54 Il est assez sous-produit. Il ne ferait pas de mal à une mouche.
00:21:57 Il aurait bien trop peur.
00:21:59 - Eh bien, je me suis laissé dire qu'il existait entre comédiens et comédiennes
00:22:04 des liens qui n'étaient pas, disons, uniquement artistiques.
00:22:07 - Si c'est pour moi que vous dites ça...
00:22:09 - Non, non, vous peut-être, mais les autres.
00:22:12 - Ça, les autres, ça ne me regarde pas.
00:22:15 - Et votre amie Françoise, par exemple?
00:22:18 - Oh, Gérard?
00:22:20 Oh, en quel rapport? Rien du cas beau.
00:22:23 Il est intelligent, drôle, cultivé.
00:22:25 - C'est un bon acteur? - Très. Mais pas vénère.
00:22:28 S'il y a un accident, vous avez vu, il est pour lui.
00:22:31 Je me demande s'il arrivera à s'imposer un jour.
00:22:34 - Vous l'aimez bien, en somme. - Qu'est-ce que vous voulez insinuer?
00:22:37 - Qu'il a peut-être plus de chance avec les femmes que sur la scène.
00:22:41 - De ce côté-là...
00:22:43 - Je ne vois pas en quoi la vie privée de Françoise...
00:22:45 - On ne vous demande pas de voir, mais de répondre!
00:22:48 - C'est bien parce que vous me forcez.
00:22:51 - Eh bien, oui.
00:22:53 Ces derniers temps, Françoise et Gérard...
00:22:55 - En somme, vous êtes du dernier bien avec Gérard.
00:22:59 - Je l'étais.
00:23:01 - Et Roger, parent?
00:23:03 - Je ne vous ai jamais dit que je le détestais.
00:23:06 - Et avec parent?
00:23:08 - Je peux bien le dire après tout. Oui!
00:23:10 C'est le secret de Pauline Chinel.
00:23:12 - Ouf! Un instant, vous permettez?
00:23:14 - Alors avouez-moi simplement que vous avez partagé votre coeur en deux.
00:23:18 Qu'est-ce que c'est?
00:23:20 - C'est justement là que nous arrêtions.
00:23:22 - Merci, Conrad.
00:23:24 Fais venir ton témoin. Confrontation.
00:23:26 - Votre bonne petite camarade vient de vous épargner la gêne de l'aveu.
00:23:33 D'ailleurs inutile.
00:23:35 - Petit chaman!
00:23:37 - Merci, Sophie.
00:23:39 - Tu as été vraiment très gentille, très serviable, très discrète.
00:23:42 A la première occasion, je te revaudrai ça. Ne t'inquiète pas.
00:23:45 - Tu sais, la police...
00:23:47 - C'est ça, c'est ça. On t'a roué de coups pour te forcer à parler.
00:23:50 C'est de l'argument.
00:23:52 Oui!
00:23:54 Tu as été l'ami de Roger Parent et de Gérard Grandel.
00:23:57 Mais alors? Qu'est-ce que ça a à voir avec votre enquête?
00:24:00 Si vous n'avez que ça comme révélation sensationnelle.
00:24:02 - Vous allez comprendre tout de suite, mademoiselle.
00:24:04 Donnez-moi les dates de ces idylles.
00:24:07 - Avec Roger, il y a un an.
00:24:12 Avec Gérard, il n'y a pas longtemps.
00:24:15 Et c'est fini avec les... les deux.
00:24:18 - Oui, alors?
00:24:20 - Pourquoi avez-vous rompu avec Gérard?
00:24:22 - C'est lui qui m'a lâchée. - Et pour qui?
00:24:24 - Sophie! Un mot de plus,
00:24:27 et il t'arrivera ce soir des choses très désagréables.
00:24:29 - Mesdames, mesdemoiselles, vous réglerez vos histoires ce soir.
00:24:32 En tout cas, ce qui est acquis, c'est que Parent, abandonné pour Gérard,
00:24:36 avait des raisons de lui en vouloir.
00:24:38 Et que vous, abandonné par Gérard, vous aviez des raisons de vous venger.
00:24:42 - Ah! Vous avez trouvé ça tout seul.
00:24:45 - Ce ne sont que des hypothèses de travail.
00:24:47 - Oh, mais non! C'est du théâtre.
00:24:49 - C'est pas moi, M. le commissaire, je vous jure, c'est pas moi.
00:24:52 - On ne vous a pas accusé? - Ben, alors, laissez-moi partir.
00:24:56 Je suis très inquiet, moi. Ma femme a disparu.
00:24:59 - Quoi? - Oui, en fin de pied, 9h ce matin.
00:25:01 J'ai téléphoné trois fois.
00:25:03 Il n'y a pas 10 minutes, elle n'était pas encore rentrée.
00:25:05 - Dites donc, vous vous foutez de moi?
00:25:07 - Mais on se quitte rarement, vous savez.
00:25:09 - Je suis pas inquiet, je sais où elle est.
00:25:11 Tous les après-midi, elle va chez sa mère.
00:25:13 Elle aime tellement sa mère.
00:25:15 Il faut vous dire que Juliette et moi, on se couvre jamais de bonheur.
00:25:19 - Madame, s'il vous plaît. - Ça va, ça va mieux.
00:25:22 On a arrêté la transfusion. - Merci, madame, merci.
00:25:25 Je peux le voir, alors? - Ah, ça non.
00:25:27 Pas possible. Pas de visite avant ce soir ou plus tôt.
00:25:29 Vous êtes de la famille? - Non, pas tout à fait.
00:25:33 - Ah, bon. Je vois.
00:25:35 Faut pas vous tourmenter comme ça. Il est hors de danger.
00:25:38 - Je reviendrai.
00:25:40 Vous pouvez lui donner ses fleurs? - Bien sûr.
00:25:42 - De la part de qui?
00:25:44 - Dites que c'est de la part de madame Capulet.
00:25:47 - Très bien. À ce soir, madame Capulet.
00:25:49 - Bon, d'accord. C'est pas encadré, bien sûr.
00:25:51 Mais c'est vous qui chargez le revolver.
00:25:53 Bah, qu'est-ce que vous voulez?
00:25:54 Ça vous met tout de même en bonne place sur la liste des suspects.
00:25:57 - Mais j'en ai mis des fausses, moi. Oh, mon Dieu, mon Dieu.
00:26:00 Dire qu'il y a des pièces si tranquilles où les gens se tuent simplement à coups de poignard.
00:26:04 Il y en a même avec un simple rayé.
00:26:06 - Ah oui? Dans Othello, le jaloux. Vous vous souvenez pas?
00:26:09 - Vous savez moins le théâtre.
00:26:11 Bon, dites-moi, euh...
00:26:13 Quand chargez-vous ce revolver?
00:26:15 - Disons une heure avant le spectacle, sur le coup des 8 heures.
00:26:18 - Et où vous faites vous ça?
00:26:20 - Dans la régie. Après, je descends sur le plateau pour voir si tous mes accessoires sont en place.
00:26:24 - Et le revolver?
00:26:25 - Le revolver, il reste sur ma table jusqu'au moment où je vais le chercher.
00:26:29 - Longtemps après?
00:26:31 - Disons un quart d'heure.
00:26:35 - Et après?
00:26:36 - Ben, répondez, mon vieux.
00:26:38 - Ben, après, ben, je descends sur le plateau, je porte le revolver et je le mets sur un escabeau derrière un portant.
00:26:44 - Et vous ne vous en occupez plus?
00:26:46 - Ben, pourquoi voulez-vous que je m'en occupe?
00:26:48 - Donc, de 8 heures à 8 heures et quart dans votre régie, qui naturellement ne ferme pas à clé.
00:26:52 - Non.
00:26:53 - Et de 8 heures et quart à 9 heures, début de la représentation,
00:26:56 n'importe qui en coulisse peut faire n'importe quoi avec ce revolver.
00:27:00 Et le théâtre, lui, il est fermé?
00:27:03 - C'est vous, ce n'est pas lui.
00:27:05 - A quelle heure arrivent les acteurs?
00:27:07 - Ben, c'est d'abord les filles, 8 heures moins 10, par là.
00:27:10 Je les rencontre dans l'escalier quand je descends pour aller casser la croûte au petit tabac du coin, seul.
00:27:16 Parce que Juliette, elle, il faut qu'elle se prépare.
00:27:18 Remarquez, je vous dis toujours, c'est pas la peine de montrer ses genoux pour rendre des programmes.
00:27:22 - Oui, bon, d'accord, mais les acteurs?
00:27:24 - Les acteurs, en même temps que moi, c'est-à-dire 9 heures moins 10, tout le monde est là.
00:27:28 Ah non, sauf Grandel, parce que lui, il arrive à 9 heures, il n'est pas du début.
00:27:32 - À part les acteurs, entre 8 heures et 9 heures, qui peut venir en coulisses?
00:27:36 - Des tas de gens, la directrice, le pompier de service, les machinaux, les journalistes, les agents de publicité,
00:27:42 quelques fois le metteur en scène, les doublures, il y a celle des hommes.
00:27:46 J'ai une dans le temps qui restait là tous les soirs tellement elle espérait que Grandel ne viendrait pas.
00:27:50 - Ah ben, dis donc, c'est intéressant, ça. Écrivez-moi le nom et l'adresse de ce monsieur et le téléphone, s'il l'a.
00:27:54 - Bien sûr qu'il l'a.
00:27:56 - Très bien, je vais le faire convoquer.
00:27:58 Je peux m'en aller maintenant parce que si ma femme est rentrée, je ne ferai pas qu'elle m'attende.
00:28:03 - Oui, à propos, pourquoi on voulait voir Grandel, vous?
00:28:07 - Moi? Ah ben, voilà une idée.
00:28:10 Ah non, un si bon copain et serviable et tout, et d'une gentillesse avec moi et ma femme.
00:28:16 Comme il a des relations, il a des prix dans les magasins, mais alors fantastique.
00:28:20 Tenez, une paire de bottes de chez Dior, eh ben, pour 97 francs.
00:28:24 Nouveau, je veux bien, mais enfin, c'est pour rien.
00:28:26 - Ah non, c'est à Grandel. Il ne faut pas dire du mal de Grandel, hein, pauvre gars.
00:28:30 - Bien, vous pouvez partir.
00:28:32 - Merci, monsieur le commissaire.
00:28:34 - Ah, à propos, jusqu'à présent, nous avons toujours parlé du revolver, mais en réalité, il y en avait deux.
00:28:38 - Oui, j'en ai toujours un deuxième, sous la main, chargé.
00:28:42 - Vous employez toujours le même en scène?
00:28:44 - Non, j'intercale. Hier soir, c'est le petit qui a tiré.
00:28:47 - Mais je suppose que vous achetez toujours vos cartouches chez le même fournisseur.
00:28:50 - Oui, bien sûr.
00:28:51 - Et vous allez les chercher vous-même?
00:28:53 - Non, c'est-à-dire que quand j'ai personne, je donne un coup de téléphone et puis on me livre.
00:28:58 - Oui. Par conséquent, n'importe qui, n'importe où, n'importe quand,
00:29:02 pouvait remplacer les fausses balles par des vraies.
00:29:05 - Où les mains vous êtes faits?
00:29:07 - Permettez. Ne vous excusez pas, monsieur.
00:29:10 9 sur 10 des personnes qui prennent un revolver en main font le même geste que vous.
00:29:14 - Oui. - À qui ai-je honneur?
00:29:16 - Ben, à la police.
00:29:18 - Ah, je me doutais que ça finirait mal. Cette petite femme était vraiment trop nerveuse.
00:29:21 - Ben, c'est pas un permis. Tout est en règle. Le mari est mort.
00:29:24 - Non, non, non. C'est pour l'histoire du théâtre que je viens.
00:29:26 Vous savez, le coup de feu en scène. Vous êtes au courant, non?
00:29:29 - Oui, oui. C'était dans tous les journaux. Très regrettable, mais pourquoi, moi?
00:29:32 - Parce que c'est vous qui fournissez le théâtre en cartouches à blanc, non?
00:29:35 - C'est exact.
00:29:36 - Je suppose que vous fabriquez aussi de véritables balles.
00:29:39 - Évidemment. Si nous demandions des armes inoffensives...
00:29:42 - Oui. Mais il se pourrait peut-être que vous y livrez des vraies balles à la place des fausses.
00:29:46 Une erreur de paquet, quoi.
00:29:48 - Non, non, non. C'est une erreur de paquet.
00:29:51 - C'est une erreur de paquet.
00:29:53 - C'est une erreur de paquet.
00:29:55 - C'est une erreur de paquet.
00:29:57 - C'est une erreur de paquet.
00:29:59 - C'est une erreur de paquet.
00:30:01 - C'est une erreur de paquet.
00:30:03 - C'est une erreur de paquet.
00:30:05 - C'est une erreur de paquet.
00:30:07 - C'est une erreur de paquet.
00:30:09 - C'est une erreur de paquet.
00:30:11 - C'est une erreur de paquet.
00:30:13 - C'est une erreur de paquet.
00:30:15 - C'est une erreur de paquet.
00:30:17 - C'est une erreur de paquet.
00:30:19 - On vous placera et bien.
00:30:21 - Merci. Merci beaucoup, mademoiselle.
00:30:23 - Oh, encore vous.
00:30:25 - Non, non, c'est moi qui aimerais bavarder un petit moment avec vous.
00:30:27 - Non, mais je vous assure, j'ai tout dit à ce jeune homme.
00:30:29 - Mais ça, monsieur, je ne vous ai rien caché.
00:30:31 - Il a failli y avoir mort d'homme, madame.
00:30:33 Je ne peux pas prendre la chose à la légère.
00:30:35 Alors, si vous voulez bien me suivre.
00:30:37 - Pardon.
00:30:39 - Par ici.
00:30:41 - Madame.
00:30:43 - Bravo.
00:30:45 - Vous savez qu'en demandant des places gratuites pour le théâtre à une suspecte,
00:30:49 vous avez commis le délit de prévarication.
00:30:51 - Oh, quand même.
00:30:53 - Et elle, vous l'avez entraînée dans une tentative de corruption de fonctionnaire.
00:30:59 - Si il fallait penser tout le temps, alors.
00:31:03 - Oui, tout ça est parfaitement exact.
00:31:06 Je l'ai dit il y a cinq minutes.
00:31:08 Je ne vais tout de même pas me contredire si vite.
00:31:10 - À quoi bon?
00:31:12 - Et en quoi, à la fin, suis-je meilleure?
00:31:14 - De très près, madame.
00:31:16 Vous jouez un rôle classique dans une situation des plus banales.
00:31:19 Une femme fatale, un amant délaissé pour un nouvel amour, l'homme trahi abat son rival.
00:31:24 - Je vois qu'il y a longtemps, vous n'avez pas été au théâtre.
00:31:26 - C'est exact, mais en cours d'assises, j'y vais assez souvent.
00:31:29 - Si votre romance à deux sous est valable dans certains milieux,
00:31:32 je puis vous assurer que dans ceux du théâtre, on ne dramatise pas.
00:31:35 On sait vivre.
00:31:37 - Gérard et vous, il y a longtemps que c'est fini?
00:31:39 - Un mois environ.
00:31:41 Je tenais plus à lui que lui à moi.
00:31:43 Je n'étais pas tout à fait son type.
00:31:45 C'est un intellectuel, vous savez?
00:31:48 - Non, je ne sais pas. Qu'est-ce que vous appelez un intellectuel?
00:31:51 - Un type qui déteste les autres intellectuels.
00:31:54 Et puis, il s'est rendu compte que je m'attachais.
00:31:57 Il y a des hommes que ça agace.
00:31:59 Bref, il s'est mis à courir après une petite bonne femme,
00:32:02 jolie comme un coeur et bête comme ses pieds.
00:32:04 - Et alors?
00:32:06 - Ils se sont rejoints.
00:32:08 - Qui est-ce?
00:32:09 - Oh, commissaire, et la solidarité féminine.
00:32:11 - Oui.
00:32:13 Voyez-vous?
00:32:15 Ce qui est embêtant avec les comédiens,
00:32:17 c'est que tout le monde ment, remarquez bien.
00:32:19 Mais vous, mieux que les autres.
00:32:21 On ne sait jamais si vous n'êtes pas en train de jouer un rôle.
00:32:23 Oui, celui de la belle indifférente, par exemple.
00:32:26 Et si tout ça, c'était de la frime.
00:32:28 Si dans le fond de votre coeur, vous étiez ulcéré d'avoir été lâché par une grande aile.
00:32:31 - Et si je m'étais vengée?
00:32:33 Votre petit élève a eu la même idée.
00:32:36 C'est fou ce que vous êtes romantique dans la police.
00:32:39 - Et Parent?
00:32:41 Ça lui était égal que vous l'ayez laissé tomber pour Gérard?
00:32:43 - Vous savez, Parent, ça n'a jamais été très sérieux.
00:32:46 L'occasion, il n'y a encore pas très souvent.
00:32:48 Au fond, il n'a jamais aimé que sa femme.
00:32:51 Je n'ai pas l'impression, vous savez.
00:32:53 - Il aurait pu être ulcéré, lui aussi, en vouloir un grand aile de l'avoir supplanté.
00:32:56 - Monsieur le commissaire, je peux vous assurer,
00:32:59 même si je suis une conquête agréable,
00:33:02 que Parent a été plutôt soulagé par la fin de notre, disons,
00:33:05 brève rencontre.
00:33:07 - Oui. Selon vous, il aurait plutôt eu envie de remercier Gérard que de le tuer.
00:33:11 - Ce n'est peut-être pas très sainteur pour moi, mais c'est comme ça.
00:33:15 - Tout au moins, c'est ce que vous voulez que je croie, au prix de votre vanité.
00:33:19 - Je vais vous dire la vérité.
00:33:21 En ma qualité de femme fatale,
00:33:24 j'ai trafiqué le revolver pour me venger de deux hommes à la fois.
00:33:27 Gérard tué, Parent meurtri.
00:33:30 - Oh, quel perfidie.
00:33:33 - Mais moi aussi, je vais vous faire un aveu.
00:33:35 Si j'avais un collègue, un ami, blessé sur un lit d'hôpital,
00:33:38 je ne sais pas si j'aurais tellement le cœur à plaisanter.
00:33:41 - Oui, vous avez raison.
00:33:45 Pauvre Gérard.
00:33:47 Je me demande qui pouvait lui en vouloir au point de...
00:33:50 pas quelqu'un du théâtre en tout cas. Ce n'est pas possible.
00:33:53 - Sauf vous.
00:33:55 Comme vous venez d'ailleurs de me le démontrer à la blague.
00:33:58 Alors que c'est peut-être vrai.
00:34:01 - Ce serait difficile de le prouver, n'est-ce pas?
00:34:03 - Infiniment moins que vous ne le croyez. Je vous remercie.
00:34:06 Par ici.
00:34:10 Je vous en prie.
00:34:12 Alors là, ils sont trop. Va falloir jouer les prolongations.
00:34:18 Allô? Est-ce qu'on a des nouvelles du labo? Des empreintes?
00:34:22 - Oui, M. le commissaire. Il y a celle du régisseur sur les deux revolvers.
00:34:25 Celle de Parent sur les deux revolvers aussi.
00:34:28 Et en plus, des empreintes inconnues mêlées aux deux autres
00:34:31 sur le revolver qui a tiré.
00:34:34 M. le commissaire, M. Morrier vient d'arriver.
00:34:37 - Très bien, envoyez-le-moi tout de suite.
00:34:39 - Rentrez, monsieur.
00:34:41 - Tiens. Il me semble que vous l'avoir déjà vu quelque part, il n'y a pas longtemps.
00:34:45 Non? Asseyez-vous.
00:34:47 - Quelle histoire, hein? Ce pauvre Grandel.
00:34:50 - Eh oui, ce pauvre Grandel. Mais si les balles étaient passées
00:34:53 quelques centimètres plus bas, c'est vous qui repreniez le rôle.
00:34:56 - Mais je le reprends déjà. Ce soir. Il guérira vite, vous verrez.
00:35:00 - Eh bien, vous au moins, vous êtes franc.
00:35:02 En somme, la disparition de Grandel aurait été pour vous une excellente affaire.
00:35:06 - Par conséquent, c'est moi qui l'ai tué.
00:35:08 - Il faut vraiment être de la police pour que des idées comme ça vous passent par la tête.
00:35:11 Vous croyez que dans les embêtements, la solution la plus simple, c'est le meurtre?
00:35:14 - Oui? Excusez-moi. J'ai vu l'armurier.
00:35:17 Et encore vous, qu'est-ce que vous faites là?
00:35:19 - J'ai été convoqué. - Ils ont porté plainte, finalement?
00:35:22 - Mais quoi, quoi? Qui est-ce? - Tu l'as vu qu'une seconde.
00:35:24 C'est Leblanc et Gervais qui l'ont cuit hier.
00:35:27 - Ah, mais c'est ça. Je me disais aussi.
00:35:30 Merci à Badié, on se voit tout à l'heure. Je ne pensais pas vous revoir si vite.
00:35:33 En somme, vous étiez venu en lever le rideau.
00:35:35 - Ne veuillez pas créer un rapport artificiel entre tout ça.
00:35:38 Mon passé, ce prétendu vol à l'étalage, et puis l'accident du théâtre.
00:35:42 - Non, c'est un simple concours de circonstances.
00:35:44 - Un concours, vous auriez gagné le premier prix.
00:35:46 Dites-moi, est-ce que vous passez au théâtre le soir avant la présentation?
00:35:49 - Non plus maintenant.
00:35:51 Maintenant, je téléphone vers 9h pour savoir si tout va bien.
00:35:54 - Tout va toujours bien. On n'a jamais besoin de moins.
00:35:58 - Même, ça a changé.
00:36:00 Allô, commissaire Français à l'appareil. Est-ce que je peux parler au régis...
00:36:04 Ah, c'est vous. Bonjour. Ça va?
00:36:07 Oui. Alors, votre femme est rentrée?
00:36:10 À chez le dentiste.
00:36:12 Ben, parfait, parfait. Dites-moi, c'est pas de ça qu'il est question.
00:36:15 Je voudrais savoir si Morrier...
00:36:17 Oui, la doublure.
00:36:18 ...était au théâtre hier soir avant la présentation.
00:36:20 Ah.
00:36:23 Ah bon?
00:36:24 Oui.
00:36:25 Quelle heure?
00:36:26 Merci. Au revoir.
00:36:28 Écoutez, je ne sais pas très bien à quel jeu vous jouez, mais vous y jouez mal.
00:36:32 Hier après-midi, au théâtre, il y avait répétition des doublures.
00:36:35 Vous y étiez et vous êtes parti vers 8h.
00:36:37 - C'est un cas particulier.
00:36:38 - En effet.
00:36:39 Rien ne plaide particulièrement à votre faveur.
00:36:42 Vous démêlez avec la justice.
00:36:43 Hier, vol à l'étalage.
00:36:44 Aujourd'hui, mensonge en série.
00:36:46 Vous devez avoir tout le temps besoin d'argent, vous.
00:36:48 Et ce n'est pas uniquement par vanité d'acteur que vous convoitez la place de Grandel.
00:36:52 Bon. Décidément, il y a trop de présomptions contre vous.
00:36:55 Je vous garde ici jusqu'à nouvel ordre.
00:36:57 Parfait.
00:36:58 Et si ce nouvel ordre dure jusqu'à 9h, on ne jouera pas ce soir.
00:37:02 À moins qu'ils aient le temps de doubler la doublure.
00:37:04 Le Blanc, voulez-vous venir, s'il vous plaît?
00:37:06 Je prends le risque.
00:37:07 - Monsieur le Commissaire?
00:37:09 - Mettez-moi ce monsieur au frais pour le moment.
00:37:10 - Si vous voulez bien me suivre.
00:37:11 - Et prenez ses empruntes, tout de suite.
00:37:13 - D'accord.
00:37:14 - Bon. Cette fois-ci, je crois qu'on tient peut-être le bon bout.
00:37:18 Allez, je vais me marquer mes cèves.
00:37:22 Non transformé, quand même.
00:37:24 Je suis venu vous proposer un marché, Lord Stephen.
00:37:27 Je suis dans votre pouvoir. Parlez.
00:37:31 Vous allez voir que je ne suis pas un mauvais diable.
00:37:34 Si, monsieur.
00:37:35 Si, vous êtes mauvais. Vous êtes très mauvais.
00:37:39 Vous avez l'air à peu près aussi diabolique qu'un séminariste.
00:37:41 Enfin, je n'ai jamais joué le rôle.
00:37:43 Il faudrait tout de même le temps de rentrer dans la peau du personnage.
00:37:46 Enchaînons, mon vieux, enchaînons.
00:37:47 De toute façon, d'ici ce soir, vous n'y serez pas.
00:37:49 Vous nous faites perdre du temps.
00:37:51 Moi, j'ai déjà raté ma synchro et mon disque.
00:37:53 Non, mais vous êtes acteur ou bien vous vendez seulement votre voix à M. Parent ?
00:37:56 Si ça vous intéresse davantage, n'encombrez pas les planches.
00:37:59 Je ne vois pas de quel droit vous me parlez sur ce ton.
00:38:01 De quel droit ? Du droit que j'aime le théâtre, moi, monsieur.
00:38:03 Le vrai, le seul.
00:38:04 Celui qu'on fait avec des bons hommes vivants.
00:38:06 Allez, reprenons les emprunts.
00:38:08 Je suis venu vous proposer un marché, Lord Stephen.
00:38:18 Et dites bien que nous ne ferons pas relâche un seul soir.
00:38:21 Devant l'urgence, toute la troupe, ou d'ailleurs je ne compte que des amis, s'est sacrifiée corps et âme.
00:38:26 Moi-même, en ce moment, je devrais être chez la Duchesse de Forcheny
00:38:29 pour rencontrer le nouvel ambassadeur de Suède, un homme charmant, paraît-il.
00:38:32 Mais un capitaine se doit de tenir la barre au moment du périple.
00:38:36 On dit que vous envisagez la vente de deux de vos théâtres.
00:38:39 Démentez, mon cher, au contraire, je vais en acheter un autre.
00:38:42 Vous savez, les questions d'argent ne se posent pas pour moi.
00:38:45 Tant pis, je sacrifierai de ma vie mondaine.
00:38:48 J'ai déjà renoncé au safari du prince d'Armstadt.
00:38:51 Je renoncerai, s'il le faut, à passer mes vacances dans le valet de la Marquise d'Angelo sur la Brenda.
00:38:56 Le théâtre avant tout.
00:38:58 Merci, madame.
00:39:00 Avec tout cela, et ce que m'a racontée Mlle Françoise Vernon,
00:39:03 je vous garantis un article qui ne passera pas inaperçu.
00:39:05 Merci, merci beaucoup.
00:39:07 Qu'est-ce que vous faites là, vous?
00:39:09 Mon cher commissaire.
00:39:11 Alors, vous prenez votre enquête.
00:39:13 Quelle catastrophe, n'est-ce pas?
00:39:15 J'ai l'impression que l'affaire vaut au contraire une abondante publicité.
00:39:18 Et un grand succès de curiosité.
00:39:20 Il est de fait que la location n'a jamais aussi bien marché.
00:39:23 Mais cher commissaire, vous devez nous remémorer.
00:39:26 La doublure du diable.
00:39:27 Dès que certaines vérifications indispensables ont été effectuées.
00:39:30 Je ne pense d'ailleurs pas que Grandel soit longtemps indisponible.
00:39:34 Grandel.
00:39:37 Ce pauvre Grandel.
00:39:40 Non, non, après un coup pareil, il devra se reposer longtemps.
00:39:43 Je doute même qu'il puisse jamais reprendre le rôle.
00:39:47 Mais Maurier sera très bien, vous verrez.
00:39:50 Je n'en doute pas.
00:39:51 J'aimerais beaucoup parler au metteur en scène, s'il vous plaît.
00:39:53 Oui, mais mon cher commissaire, je vous demanderai de ne pas le déranger trop longtemps.
00:39:56 Allez sur le plateau et attendez votre moment, d'accord?
00:39:58 Merci, madame.
00:40:00 Vous pensez bien que j'ai pris la précaution d'enlever le chargeur?
00:40:03 Le voici. Le voilà.
00:40:06 C'est faux.
00:40:07 Mais de toute façon, ce sont des balles à blanc.
00:40:09 Vous feriez du bruit bien inutilement.
00:40:11 On ne peut pas tuer le diable.
00:40:14 Qu'on répète sans accessoire maintenant.
00:40:18 Régisseur! Venez!
00:40:20 Voilà.
00:40:21 Pourquoi vous n'avez pas chargé le revolver?
00:40:23 Je n'y avais pas pensé.
00:40:24 Vous n'avez pas à penser, donc je suis là pour ça.
00:40:26 Allez, allez me charger ce revolver tout de suite.
00:40:28 Avec des cartouches à blanc de préférence.
00:40:30 Prenez-vous cinq minutes, les enfants.
00:40:33 Ah, vous finirez par s'énerver.
00:40:36 Je n'aimerais pas vous déranger, commissaire Panson.
00:40:39 Vous êtes commissaire de police?
00:40:41 Mais oui.
00:40:42 Pas besoin d'être polaire.
00:40:44 Sur scène, on vous prendrait chaleur pour un commissaire.
00:40:46 Pour mon métier, c'est peut-être un avantage.
00:40:48 Qu'est-ce que vous voulez savoir?
00:40:50 Je m'intéresse à la victime de cette affaire, la Grandelle.
00:40:52 Mais jusqu'à présent, je n'en sais que ce qu'en disent ses amis, comédiens et comédiennes.
00:40:57 Grandelle, c'est un cas.
00:41:00 Il est venu au métier, si je puis dire, par la bande.
00:41:03 Il était presque licencié S. Lettre quand il a tout laissé tomber pour se lancer tête baissée dans le théâtre.
00:41:08 Il avait des dons, mais ça ne suffit pas. Il faut aussi aider la chance.
00:41:12 Or, non seulement, il n'en avait aucune, mais il n'a rien fait pour arriver.
00:41:16 Il rêve, il court les femmes.
00:41:18 Il n'a pas compris que le métier d'acteur, c'est une dure bataille.
00:41:22 Il n'est pas non plus un lesbote.
00:41:26 Quand nous avons créé la pièce, je l'avais proposée pour le rôle du diable.
00:41:29 C'était pour lui une promotion.
00:41:31 C'était son droit de demander un cachet raisonnable,
00:41:34 comme c'était celui de Mme Martins, de lui refuser.
00:41:37 Avait-il ou non le droit de l'envoyer au bain sans aucune courtoisie, comme il l'a fait, ça se discute.
00:41:43 Elle est exaspérante, c'est vrai, mais là, il est allé un peu fort.
00:41:46 - C'était pourtant lui qui jouait le diable. - Attendez.
00:41:49 À la centième, Berton, le titulaire du rôle, nous a lâchés.
00:41:53 Alors, nouvel nouveau sans diable.
00:41:55 Je repropose, Grandelle. La directrice le re-refuse.
00:41:59 Elle veut me coller mon rire et la doublure.
00:42:02 Moi, j'ai vu rouge, une colère bleue.
00:42:05 Finalement, non sans mal, j'obtenais gain de cause, et Grandelle a joué le rôle du diable.
00:42:11 - Qu'est-ce que vous faites là, Rondon? - Cette dame a tellement insisté pour voir le blessé.
00:42:17 Je pensais qu'il serait plus réglementaire que j'assiste à l'entrevue.
00:42:20 C'est bien, laissez-nous.
00:42:22 - Vous aussi, madame. - Un instant.
00:42:24 Il me semble vous avoir vu quelque part, il n'y a pas longtemps.
00:42:27 - Vous croyez? Oh, non. - Vous avez une pièce d'identité?
00:42:30 Merci.
00:42:33 - Je peux partir maintenant? - Certainement.
00:42:42 Et vous devriez aller retrouver M. Bedu au théâtre. Ça lui ferait sûrement plaisir.
00:42:48 Au revoir, madame.
00:42:55 Alors, c'est vous les détectives chargés de retrouver mon assassin?
00:42:58 - Commissaire Françin, inspecteur Leblanc. - Enchanté.
00:43:02 Vous ne m'en voulez pas trop d'avoir écourté la visite de cette dame?
00:43:06 Oh, juste si elle, non.
00:43:08 Voilà un cri du cœur qui la toucherait certainement.
00:43:12 Croyez-vous que Bedu soit au courant des... disons, des visites que vous rend sa femme?
00:43:18 Lui, il est au courant de rien du tout. C'est un naïf.
00:43:23 Vous en êtes bien sûr.
00:43:25 - Qu'est-ce que ça peut faire? - Ça peut faire que ce naïf,
00:43:29 sous le couvert justement de ses allures de naïf, avait toute facilité pour vous supprimer.
00:43:33 Ce qu'il a peut-être essayé de faire.
00:43:35 Si Bedu était capable de tuer par jalousie, il aurait déjà des dizaines de morts à son actif.
00:43:40 - Je vous trouve en bonne forme. - Oui, c'était pas si grave.
00:43:43 Ça se cicatrise à toute allure.
00:43:45 Je ne me donne pas trois jours avant d'être dehors et de reprendre mon rôle.
00:43:48 Mme Martins est moins optimiste que vous.
00:43:51 Elle pense déjà à titulariser votre doublure.
00:43:54 Ça ne m'étonne pas d'elle.
00:43:57 Elle n'a jamais pu me sentir. Ce qui est tout à fait réciproque.
00:44:00 Mais j'ai des droits qu'elle se fasse pas d'illusions.
00:44:03 Me balancer? Elle devrait plutôt me remercier à genoux.
00:44:06 Je suis un fait divers qui vaut de l'art. Vous avez vu cette publicité?
00:44:09 Ça a drôlement relancé la pièce.
00:44:11 Elle a vraiment trop de veine, la directrice.
00:44:14 C'est même louche.
00:44:17 Vous croyez vraiment qu'elle aurait été jusqu'à organiser toute cette histoire,
00:44:20 à prendre le risque d'un meurtre, pour mettre son théâtre en première page?
00:44:24 Elle est capable de tout.
00:44:26 Et du même coup, elle vous supprimait.
00:44:30 Un doublé, pourquoi pas.
00:44:32 Vous la détestez, n'est-ce pas?
00:44:34 Non, parlons plus, ça ferait monter ma température.
00:44:38 Vous savez que je vous admire.
00:44:40 - Vous m'avez vue sur scène? - Pas assez pour en juger.
00:44:43 Ce qui m'étonne, c'est que vous avez été très bien.
00:44:46 Ce qui m'étonne, c'est votre cran.
00:44:48 Vous semblez prendre toute cette aventure à la légère.
00:44:50 Quelqu'un a pourtant essayé de vous tuer.
00:44:52 Quelqu'un qui recommencera peut-être.
00:44:54 Vous n'avez pas un peu peur?
00:44:57 Entre nous, la vie ne m'a pas apporté tellement de satisfaction.
00:45:03 Cela dit, je n'ai quand même pas envie d'être assassiné.
00:45:06 Vous n'avez vraiment pas l'ombre d'une idée.
00:45:08 - Vous ne voyez pas qui aurait pu faire ça? - Sincèrement, non.
00:45:11 - Je ne me connais pas d'ennemi. - Sauf la directrice.
00:45:14 Et Morier, votre doublure?
00:45:17 Il serait ravi de me savoir au cimetière.
00:45:20 Mais de là à m'y envoyer...
00:45:22 - Et Parent? - Lui, pourquoi?
00:45:24 Vous lui avez tout de même soufflé la belle Françoise.
00:45:27 Oh, pauvre Parent.
00:45:29 Lui, assassin?
00:45:31 C'est un petit bourgeois, un petit fonctionnaire du spectacle.
00:45:34 Enfin, petit... c'est un acteur arrivé.
00:45:37 Il n'y a pas de danger qu'il risque de compromettre sa situation.
00:45:40 Et Françoise? Vous l'avez lâchée.
00:45:42 Je ne suis pas le premier.
00:45:44 Ce serait une éclatombe.
00:45:46 Vous êtes sûr, absolument sûr, que le régisseur ne se doute de rien?
00:45:50 Ecoutez, monsieur le commissaire,
00:45:52 s'il voyait sa femme dans mes bras, il se mettrait à pleurer.
00:45:55 Il me demanderait bien poliment de la lui rendre.
00:45:57 Ce que je ferais d'ailleurs avec plaisir.
00:45:59 Eh bien, vous ne vous attachez pas facilement à vous, n'est-ce pas?
00:46:03 Ça, mes haines sont plus tenaces que mes amours.
00:46:07 Qu'est-ce que tu en penses?
00:46:11 Je pense qu'on est dans le tirage.
00:46:13 Non, mais la victime, qu'est-ce que tu en penses?
00:46:15 Plutôt sympa.
00:46:16 Oui, mais je n'aime pas trop son attitude vis-à-vis des femmes.
00:46:19 Une vengeance féminine, alors? C'est possible, mais laquelle?
00:46:22 Ou lequel? Tu sais, il ne m'a convaincu de rien.
00:46:25 A mes yeux, Parent, Bedu, Morrier, Françoise, Sophie, la directrice,
00:46:29 tous restent suspects.
00:46:30 Surtout Morrier, qui pouvait espérer reprendre le rôle du diable à la centième.
00:46:35 Au fait, est-ce qu'on a ses empreintes à Grandel?
00:46:38 Grandel?
00:46:39 Oui, c'est sur lui qu'on a tiré.
00:46:41 Tu sais, il faut toujours tout vérifier. La police est une langue patience.
00:46:45 Occupe-toi de ça, s'il te plaît.
00:46:46 D'accord.
00:46:47 Il y a encore un jeu d'empreintes à identifier sur le revolver.
00:46:50 Je ne vois pas d'autre solution.
00:46:52 Il faut faire la tournée des armuriers à fond avec une collection de photos complètes,
00:46:55 y compris celle de Morrier et de Mme Martins.
00:46:57 Pas besoin de demander qui va se taper la corveille.
00:46:59 Puisque tu as commencé, autant finir.
00:47:00 C'est ça, à moi, les armuriers.
00:47:01 Et à vous, le théâtre, les actrices.
00:47:03 Oui.
00:47:04 Et on ne sait toujours pas qui a voulu tuer le diable.
00:47:07 Ça ne vous laisse pas rêver, vous autres, cette idée-là?
00:47:10 Si Grandel était vraiment un diable, ce serait rigolo, mais jusqu'à présent, c'est un faux diable.
00:47:13 C'est à voir.
00:47:14 M. le commissaire, je me demande si j'entends bien. Nous ne sommes plus au Moyen-Âge.
00:47:17 En tout cas, Grandel sera un diable bien sympathique.
00:47:19 Mais le diable est sympathique, charmant. On croit tout ce qu'il dit.
00:47:22 Sans ça, il ne réussirait pas à tous les coups.
00:47:24 Je suis navré, M. le commissaire, de pouvoir tomber du rugby dans les rations.
00:47:27 Pour ce qu'on a gagné à être rationnels jusqu'à présent, on en est toujours zéro à zéro.
00:47:30 Mais tu crois quand même pas que Grandel, ce serait un con, ça?
00:47:33 Mais pourquoi il aurait fait ça?
00:47:35 Se faire de la publicité. Se venger de la directrice.
00:47:38 Curieuse vengeance. Post-mortem.
00:47:40 Ah, à qui, Ritoy?
00:47:41 Il savait qu'elle serait soupçonnée et accusée.
00:47:43 Une fois mort.
00:47:44 Non, il faudrait être dingue. Grandel ne m'a pas du tout donné cette information-là.
00:47:47 Allô, oui? Oui?
00:47:51 Vous êtes affirmative à 100%? Merci.
00:47:55 Bon, mes enfants, rationnels ou pas, les troisième empreintes sur le revolver sont celles de Grandel.
00:47:59 Changement de programme.
00:48:00 Gervais et Leblanc, vous faites les armuriers et vous prenez la photo de Grandel.
00:48:02 Abadi, tu viens avec moi.
00:48:03 Au théâtre?
00:48:04 Ben non, à l'hôpital.
00:48:05 Comment expliquez-vous la présence de vos empreintes sur ce revolver?
00:48:08 Parce qu'il m'est arrivé de le tripoter, de jouer avec, comme tout le monde.
00:48:11 Qu'est-ce que tu en penses, Abadi?
00:48:13 C'est bien possible, oui.
00:48:15 Il devrait donc y avoir celles de toute la troupe.
00:48:17 Elles doivent y être, mais brouillées.
00:48:19 Oui, les vôtres sont nettes.
00:48:20 Probablement parce que je suis le dernier à avoir touché ce sacré revolver avant le parent.
00:48:24 Quand sortez-vous?
00:48:25 Ce soir ou demain ou plus tard.
00:48:27 Et je reprends tout de suite mon rôle.
00:48:28 Et qu'elles ne me cherchent pas des crosses, sinon je vais mettre les syndicats à l'opinion publique.
00:48:31 Vous croyez que vous pouvez jouer?
00:48:33 J'en suis sûr, avec un pansement bien serré.
00:48:35 C'est pas le moment de canner.
00:48:37 Je deviens célèbre, mon cher commissaire.
00:48:39 Témoignages de sympathie, demandes d'interviews, on me propose même des rôles.
00:48:42 Intéressant, ma foi.
00:48:44 Vous verrez, ça finira par être une bonne affaire pour moi aussi.
00:48:47 Je vous le souhaite. Au revoir.
00:48:50 Non.
00:48:54 Il a eu beau avoir réponse à tout, je sens que ça colle pas, ça tombe pas rond.
00:48:57 Il ne dit pas tout.
00:48:58 Il couvre peut-être quelqu'un.
00:48:59 C'est vraisemblable, hein. Mais qui?
00:49:01 Ah, alors?
00:49:02 Permettez, monsieur le commissaire.
00:49:04 Rien.
00:49:05 J'ai cuisiné 15 armuriers, bien inutilement.
00:49:08 Je suis épuisé.
00:49:09 Et toi?
00:49:10 Moi j'en ai fait 14, mais je suis blanc partout.
00:49:12 Par contre, vous avez vu le journal?
00:49:13 Non, qu'est-ce qu'il y a?
00:49:14 Regardez.
00:49:15 Oh, parfait.
00:49:17 Viens voir.
00:49:18 Une photo de Grandel.
00:49:19 Et en bonne place, hein.
00:49:21 L'événement théâtral de la journée.
00:49:23 Gérard Grandel reprend le rôle dans lequel il a failli trouver la mort.
00:49:26 Il sera Julien Sorel dans la nouvelle version du Rouge et le Noir mis en scène par Godard.
00:49:30 Eh bien.
00:49:31 Ah, mais au fait, regardez un peu ça, vous autres.
00:49:34 Vous ne remarquez rien?
00:49:35 Vous voyez pas?
00:49:36 Qu'est-ce qu'il y a à voir?
00:49:37 Le costume, le costume de scène.
00:49:39 Et alors?
00:49:40 Le costume du diable, quoi!
00:49:42 Ça n'a pas été trop pénible?
00:49:54 Les applaudissements, ça guérit tout.
00:49:57 Alors, ce film?
00:49:58 C'est signé.
00:50:00 Vous n'avez pas eu peur?
00:50:01 Pendant la scène du revolver, quand Parent a tiré sur vous?
00:50:04 Non, je suis vacciné maintenant.
00:50:06 Oui.
00:50:07 Et puis vous saviez que vous ne risquiez plus rien?
00:50:08 Pourquoi?
00:50:09 Devinez.
00:50:11 Il y a du nouveau dans votre enquête?
00:50:13 Oui.
00:50:14 J'ai trouvé qu'il avait procédé à la substitution des balles.
00:50:19 Hein?
00:50:20 Et qui est-ce?
00:50:22 Comment, qui est-ce?
00:50:24 C'est vous, mon cher Gandel.
00:50:26 C'est vous.
00:50:28 J'ai aussi trouvé ça.
00:50:30 Eh bien, oui.
00:50:37 A partir du moment où je ne les ai pas retrouvées dans mon nouveau film,
00:50:41 j'ai bien pensé que c'était cuit.
00:50:45 Quand les avez-vous prises?
00:50:47 À 5 heures.
00:50:48 J'ai repris le costume à 6 heures.
00:50:51 Je ne suis pas un peu plus jeune que vous.
00:50:53 Je ne suis pas un peu plus jeune que vous.
00:50:55 Vous avez inventé la façon de vous suicider la plus extraordinaire qu'on puisse imaginer.
00:51:00 Je ne crois pas.
00:51:02 Je ne crois pas.
00:51:04 Parce que là, vous aviez 99 chances sur 100 d'y rester.
00:51:07 Alors une fois mort, la publicité...
00:51:09 La vérité, non, plus bon de la croire.
00:51:11 Il faut pourtant la dire.
00:51:12 Je peux vous faire un culpé d'outrage magistral et de faux témoignages.
00:51:15 Ce n'est pas vous-même que vous l'aviez tué.
00:51:17 C'était quelqu'un d'autre.
00:51:18 Alors, comment et qui?
00:51:20 Vous ne voulez pas encore finir cette histoire?
00:51:22 Non, Madame, ça commence.
00:51:24 Dépêchez-vous, mon petit Gérard. Je vous enlève, on nous attend chez Maxime.
00:51:27 Nous?
00:51:29 Des tas de gens, très bien, vous verrez.
00:51:31 La Duchesse veut absolument vous connaître.
00:51:33 Vous êtes le héros du jour, mon cher.
00:51:35 Et puis, il y aura Simpson, le producteur.
00:51:37 Je m'occuperai de vos intérêts.
00:51:39 Vous savez combien je vous aime, Gérard.
00:51:42 Mais certainement.
00:51:43 Je ne serais pas vous conseiller de partir la première, Madame.
00:51:46 Je vous envoie la Mercedes et le chauffeur dans une demi-heure.
00:51:48 Ce sera peut-être un peu tôt.
00:51:50 Eh bien, il attendra, voilà tout.
00:51:52 A tout de suite, mon chou.
00:51:54 C'est elle que je voulais tuer.
00:51:59 Vous l'avez ici à ce point?
00:52:06 Encore plus.
00:52:07 C'était devenu une obsession.
00:52:09 Une névrose, Maxime.
00:52:11 Elle vous a fait tant de mal?
00:52:13 Jour après jour.
00:52:14 Par caprice, par méchanceté, elle a tout fait pour ruiner ma carrière.
00:52:17 C'est un monstre.
00:52:19 Elle dirige plusieurs théâtres parce que c'est dans le vent, mais elle n'y connaît rien.
00:52:22 Elle est un culte, avare.
00:52:24 Mais elle est reçue partout. On l'admire.
00:52:26 Alors, vous savez d'en bas, l'injustice de ce genre de triomphe,
00:52:28 quand on lutte désespérément pour réussir.
00:52:30 C'est un métier terrible.
00:52:33 Oh, mais elle m'avait vue.
00:52:35 Elle m'a refusé ce rôle au moment où j'en avais le plus besoin.
00:52:38 Alors, je lui ai abandonné. Je me suis fait chier de tout.
00:52:40 J'essayais d'oublier en allant de l'une à l'autre.
00:52:43 Mais je crois bien aujourd'hui qu'une seule chose me tenait encore debout.
00:52:47 Ma haine pour Mme Martins.
00:52:50 Ma chère directrice.
00:52:53 Qui veut faire de moi son associé.
00:52:56 Du calme, allons, c'est fini.
00:52:59 Je vous demande pardon, j'avais oublié.
00:53:01 Rien, rien, c'est fini.
00:53:05 Et après?
00:53:07 Après, rien.
00:53:12 Cette espèce de névrose a grandi en moi.
00:53:15 Jusqu'au jour où je me suis persuadé que seule la mort de cette femme me délivrerait.
00:53:20 Alors, j'ai préparé mon coup froid de main.
00:53:23 Comment espériez-vous réussir?
00:53:25 C'est trop compliqué.
00:53:27 Il fallait que nous soyons sur scène, vous comprendrez tout de suite.
00:53:31 Vous allez comprendre.
00:53:37 Tous les soirs à la même heure, quelques minutes après le lever du rideau, elle se tient en coulisse.
00:53:42 Là-bas, derrière le décor d'un monde haut.
00:53:45 Pourquoi?
00:53:48 En principe, pour voir les premières réactions du public, mais...
00:53:51 surtout parce que ça fait bien.
00:53:53 Ça fait consciencieux.
00:53:55 Vous aviez calculé qu'elle recevrait les barres?
00:53:57 Exactement.
00:53:58 Vous avez sans doute mal calculé puisque c'est vous qui les avez reçues.
00:54:01 Vous avez peut-être un peu trop compté sur le hasard.
00:54:03 Vous vous trompez, commissaire.
00:54:04 Il ne pouvait pas y avoir de hasard.
00:54:07 Il n'y en a pas eu.
00:54:08 Pourtant...
00:54:09 Écoutez-moi.
00:54:11 Parent, comme acteur, sait du bronze.
00:54:14 Il est précis comme une horloge.
00:54:16 Tous les soirs, quand il tire, il est exactement à la même place.
00:54:18 Là, allez-y.
00:54:19 Il tire exactement dans la même direction.
00:54:21 Et exactement deux secondes après la fin de ma réplique.
00:54:25 Comme ça, vous étiez sûr de bouger aux dixièmes de seconde.
00:54:27 Et vous avez bougé, ne n'y est pas.
00:54:28 Parent me l'a dit.
00:54:29 C'est même ce qui a éveillé mes premiers soupçons.
00:54:31 Alors, elle aurait dû être tuée.
00:54:33 Vous ne vous êtes sans doute pas écarté assez vite.
00:54:35 Vous avez tout de même fait écran.
00:54:37 Vous vous trompez du tout au tout, commissaire.
00:54:39 Je n'avais pas besoin de bouger.
00:54:41 Elle était directement dans la trajectoire.
00:54:43 Comment ? Parent vous visait en plein ?
00:54:45 Illusion.
00:54:46 Il tirait un peu sur ma gauche.
00:54:48 Sur sa droite.
00:54:50 Très précisément dans la direction de Mme Martens.
00:54:52 Tiens. Pourquoi ?
00:54:54 Pendant longtemps, il a tiré directement sur moi.
00:54:57 Mais un jour, j'ai été brûlé au visage par la bourre d'une cartouche à blanc qui avait sauté.
00:55:02 Nous avons décidé qu'au lieu de tirer franchement sur moi, comme ça,
00:55:05 il viserait à gauche, au-delà de mon épaule.
00:55:09 De la salle, ça donne exactement la même impression.
00:55:11 Vous l'avez eu, n'est-ce pas ?
00:55:13 Absolument.
00:55:15 Alors, je ne comprends plus rien.
00:55:17 Pourquoi avez-vous bougé ?
00:55:18 Pourquoi vous êtes-vous intercalé, en somme, comme un bouclier ?
00:55:21 Ce n'est pas la peine que je vous le dise. Vous ne me croiriez pas.
00:55:24 Jusqu'à présent, je vous ai cru.
00:55:25 Mais est-ce que vous croiriez que je l'ai fait exprès ?
00:55:26 Quoi ?
00:55:27 Ah, vous voyez.
00:55:28 C'est pourtant elle que vous vouliez tuer.
00:55:30 Je ne sais pas.
00:55:32 Mais au dernier moment, je me suis effondré.
00:55:35 Je ne comprends pas.
00:55:37 C'est difficile à comprendre.
00:55:41 Ça s'est fait si vite.
00:55:44 Il paraît qu'avant de mourir, on revoit toute sa vie en une seconde.
00:55:49 Eh bien, moi, dans la seconde qui a précédé le coup de feu, j'ai vu l'avenir.
00:55:54 Faut me croire, commissaire.
00:55:56 En une seconde, j'ai vu tout ce qui allait se passer.
00:55:58 J'ai entendu avant qu'il n'éclate le coup de feu.
00:56:00 J'ai vu madame Martin s'écrouler.
00:56:02 J'ai vu le sang sur les planches.
00:56:04 La foule.
00:56:06 J'ai entendu les cris, les pleurs.
00:56:10 Et en une seconde, ma haine s'est volatilisée.
00:56:14 Je suis redevenu une créature raisonnable.
00:56:20 En une seconde.
00:56:22 En un dernier éclair, j'ai entrevu le châtiment.
00:56:25 Des notes.
00:56:28 Des juges.
00:56:30 La mort.
00:56:32 Et alors ?
00:56:34 Alors, dans un réflexe, j'ai bougé.
00:56:37 J'ai penché mon épaule gauche, je l'ai mise dans la trajectoire des balles.
00:56:42 Et je les ai arrêtées par miracle.
00:56:46 En somme, vous risquiez votre vie pour sauver celle de cette femme que vous détestiez.
00:56:49 C'est un peu gros, non ?
00:56:50 Oui, je l'ai sauvée.
00:56:52 Mais j'avais raison de vouloir la tuer.
00:56:54 C'est comme tout le monde.
00:56:56 Nous ressentons tous très violemment les injustices.
00:56:58 Surtout celles dont nous sommes victimes.
00:57:00 Mais pour se faire justice soi-même, ça va rarement jusqu'au bout.
00:57:03 De toute façon, je vous crois.
00:57:05 Mais vous n'auriez pas réussi le crime parfait, vous savez.
00:57:08 Vous aviez toutes les chances de vous faire prendre.
00:57:10 C'est bien probable.
00:57:12 D'abord,
00:57:14 pourquoi n'avez-vous pas fait disparaître les balles à blancs qui se trouvaient dans votre poche ?
00:57:17 Ce n'est pas si facile à l'hôpital.
00:57:19 Pourquoi vous y pensez ?
00:57:21 Je ne pensais même qu'à ça.
00:57:23 J'aurais pu compter sur la discrétion de Juliette.
00:57:27 Mais il y avait votre gorille qui ne me lâchait pas d'une semelle.
00:57:32 Finalement, je me suis dit qu'elles étaient bien là où elles étaient.
00:57:35 Que personne ne viendrait les chercher.
00:57:37 Après tout, j'étais la victime.
00:57:41 Qui m'aurait suspecté.
00:57:45 Moi.
00:57:46 Donc, mauvais calcul.
00:57:48 Et pourquoi avez-vous mis ces balles dans votre poche ?
00:57:50 Qu'est-ce que je pouvais en faire ?
00:57:52 Les jeter par terre avant d'entrer en scène ?
00:57:55 Trop dangereux.
00:57:58 Vous n'aviez pas pensé non plus que vous laisseriez des empreintes sur le revolver en changeant les balles ?
00:58:02 Que si !
00:58:04 J'avais mis des gants.
00:58:06 J'ai trafiqué le revolver qui était sur la table de Bedu.
00:58:10 Celui dont je pensais qu'on allait se servir.
00:58:13 Et crac ! Juste avant d'entrer en scène, je me suis aperçu que c'était l'autre revolver qui allait jouer.
00:58:19 J'ai fait la substitution en vitesse.
00:58:21 Mais à ce moment-là, je n'avais plus de gants.
00:58:23 Ni le temps d'aller en chercher.
00:58:25 Si vous aviez été prudent, vous auriez renoncé.
00:58:28 Tout au moins ce soir-là.
00:58:30 Je n'aurais jamais pu recommencer.
00:58:33 C'était maintenant ou jamais.
00:58:37 On ne se lance pas deux fois dans ce genre d'histoire.
00:58:40 Une dernière question.
00:58:41 Où vous êtes-vous procuré ces balles ?
00:58:43 C'est un ami qui me les a données.
00:58:46 Son nom ?
00:58:48 Ah, ça !
00:58:50 C'est la seule question à laquelle je refuserai toujours de répondre.
00:58:54 Il y a longtemps que vous êtes là, vous ?
00:59:09 J'arrive à l'instant, monsieur.
00:59:11 Madame m'envoie chercher M. Grandel.
00:59:16 Vous pouvez partir.
00:59:18 Vous pouvez aller attendre dans votre voiture, je vous prie.
00:59:22 Bien, monsieur.
00:59:24 Et voilà...
00:59:31 ma dernière chance de réussite qui me claque dans les mains.
00:59:36 Il avait l'air d'un ange, vous ne le trouvez pas ?
00:59:42 L'ange était venu chercher le diable.
00:59:45 Je ne pourrais pas partir sans lui.
00:59:48 M. Simpson repartira pour l'Amérique.
00:59:52 Mme Martin se dira ravie.
00:59:55 Oh, je m'en étais toujours douté.
00:59:57 Je l'ai échappé, belle.
00:59:59 Et pourtant...
01:00:04 et pourtant je ne suis plus le même homme que l'assassin que j'ai failli être.
01:00:08 J'étais malade.
01:00:14 J'ai été éveillé.
01:00:16 Trop tard.
01:00:19 Oui.
01:00:21 Je vous crois.
01:00:24 Vous avez l'air sincère.
01:00:27 Mes enfants...
01:00:30 il y a eu intention d'homicide.
01:00:33 Avec préméditation.
01:00:36 Et commencement d'exécution.
01:00:39 Bien sûr, votre crime ne s'est pas réalisé grâce à vous.
01:00:43 Vous devenez victime.
01:00:45 Volontairement, je sais.
01:00:47 Mais je n'y peux rien.
01:00:50 La loi...
01:00:53 c'est la loi.
01:00:55 Je dois vous faire réculper.
01:00:57 Maurien ne connaît pas encore son bonheur.
01:01:01 Il est trop tard pour appeler le juge d'instruction.
01:01:05 Vous allez venir avec moi.
01:01:07 Je vous laisse.
01:01:09 Voyons.
01:01:21 Puisque l'assassin, c'est la victime...
01:01:24 il n'y a pas de victime.
01:01:26 S'il n'y a pas de victime, il n'y a pas de délit, n'est-ce pas?
01:01:31 Après tout...
01:01:35 il n'y a plus rien à trouver.
01:01:37 Partez, Grandel.
01:01:41 Quoi?
01:01:42 Il ne s'est rien passé.
01:01:44 Allez-vous-en!
01:01:46 On vous attend.
01:01:47 Votre chance vous attend.
01:01:49 Ouvrez seulement la douche pour me remercier, je vous arrête tout de suite.
01:01:53 Je vous en supplie, je vous en supplie.
01:01:56 Je vous en supplie.
01:02:25 Oh non, le théâtre!
01:02:27 Ah là là! Vive le rugby!
01:02:35 Sous-titrage: Bach Films © 2013
01:02:40 Sous-titrage: Bach Films © 2013
01:02:44 Sous-titrage: Bach Films © 2013
01:02:49 Sous-titrage: Bach Films © 2013
01:02:54 Sous-titrage: Bach Films © 2013
01:02:59 Sous-titrage: Bach Films © 2013
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