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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 Face à l'info, bonsoir à tous, ravie de vous retrouver.
00:00:04 Tout de suite, la Minute Info.
00:00:06 Augustin Donne, adieu, avant d'accueillir le ministre très désarmé, Sébastien Lecornu.
00:00:10 Bonsoir à tous. La loi immigration traverse quelques turbulences à l'Assemblée nationale.
00:00:15 Les députés républicains refusent à l'unanimité de voter le texte,
00:00:19 un texte dégradé selon eux par rapport à celui adopté par la majorité sénatoriale de droite.
00:00:24 Les députés d'Olivier Marlex brandissent dorénavant la menace d'une motion de censure
00:00:28 si leurs conditions ne sont pas acceptées.
00:00:31 Le gouvernement s'attaque à nouveau au tabac.
00:00:34 En plus de la hausse du prix du paquet de cigarettes de 40 à 50 centimes de plus au 1er janvier prochain,
00:00:39 le gouvernement a décidé d'élargir les espaces sans tabac.
00:00:43 Il sera interdit de fumer sur toutes les plages, dans les parcs publics, les forêts
00:00:47 ou encore aux abords de certains lieux publics, notamment les établissements scolaires.
00:00:52 Et le président israélien et le président de l'autorité palestinienne
00:00:55 se retrouveront vendredi à la COP28 à Dubaï.
00:00:58 Mahmoud Abbas et Isaac Herzog sont attendus à la tribune parmi plus de 140 dirigeants mondiaux.
00:01:04 Dans l'ordre des prises de parole, seuls trois dirigeants sépareront les deux responsables politiques.
00:01:10 Merci beaucoup Augustin.
00:01:12 Et au sommaire ce soir, face à l'info édition spéciale en deux parties.
00:01:17 D'abord l'entretien avec Sébastien Lecornu, ministre des Armées,
00:01:21 à l'heure où dix otages doivent être libérés encore aujourd'hui.
00:01:25 Trois français ont été rendus à leur famille hier.
00:01:28 Quel rôle pour la France dans la guerre, au-delà de la libération des otages ?
00:01:32 Quel est le rôle de l'armée française ? Où en est la grandeur de la France au niveau militaire ?
00:01:37 Sommes-nous prêts à notre tour à répondre à un éventuel conflit armé ?
00:01:42 Autre question, en France, quel est le rôle de l'armée sur le territoire ?
00:01:46 Alors que plusieurs sondages ont montré que les français réclament l'armée dans les quartiers sensibles
00:01:51 pour lutter contre le trafic de drogue.
00:01:53 Alors que sept français sur dix réclamaient l'intervention de l'armée pour mettre fin aux émeutes urbaines de juin dernier.
00:01:59 Que peut-on espérer, souhaiter de l'armée sur notre sol ?
00:02:03 Et puis avec nos mousquetaires de face à l'info, nous décrypterons les propos du ministre des Armées.
00:02:09 Et nous nous arrêterons aussi sur cette mine de silence à l'Assemblée Nationale pour Thomas, dix jours après,
00:02:14 pourquoi si tard ? Pourquoi toujours cette application à la désinformation et les modifications des récits
00:02:21 comme on a pu le voir avec le journaliste Patrick Cohen sur France 5.
00:02:25 Et puis à l'Assemblée Nationale, Gérald Darmanin a critiqué les rassemblements d'ultra droite
00:02:30 et ils sont venus taper des noirs et des arabes pour mettre fin aux grands remplacements.
00:02:34 Pourquoi le ministre de l'Intérieur n'hésite pas à nommer les noirs et les arabes lorsqu'ils sont supposés être victimes ?
00:02:40 Éry Dupond-Moretti, de son côté, a fustigé le Rassemblement National qui porte plainte,
00:02:46 analyse et décryptage avec nos chroniqueurs dans un instant.
00:02:51 Bonsoir, monsieur le ministre. C'est un honneur pour moi de vous accueillir sur ce plateau de face à l'info.
00:02:56 Bonsoir, merci pour votre invitation.
00:02:57 Merci. Les journalistes, les mousquetaires sont là, ils vont venir dans un instant décrypter vos propos.
00:03:03 Je n'en doute pas.
00:03:04 Vous avez, monsieur le ministre, entre les mains la puissance militaire de la France.
00:03:10 C'est ce qui nous intéresse ce soir. La puissance maritime, la puissance terrestre, la puissance aérienne.
00:03:15 Beaucoup de questions à vous poser sur cette puissance et ce rayonnement de la France ou ce qu'il en reste.
00:03:20 D'abord, l'actualité. Vous étiez en déplacement proche-orient du 14 au 17 novembre.
00:03:26 Arabie Saoudite, Égypte, Émirat, Arabe Unie, Israël, Qatar.
00:03:30 Votre satisfaction des trois otages qui ont été libérés hier soir et l'espérance des cinq autres qui sont encore détenus.
00:03:37 Où en est-on ce soir, monsieur le ministre ?
00:03:40 Les discussions continuent. De fait, on ne peut pas parler de joie liée à ces trois libérations
00:03:45 parce que ceux qui ont vécu ces trois enfants, évidemment, est un véritable calvaire.
00:03:50 Souvent, ce sont des familles qui connaissent déjà le deuil et qui sont souvent aussi des familles qui connaissent encore des otages ou des personnes disparues.
00:03:57 Désormais, la priorité, c'est évidemment de tous les sortir.
00:04:01 Cinq otages ou personnes disparues, une jeune fille, quatre hommes.
00:04:05 C'est tout le sens aussi des actions que nous allons continuer de mener via l'Égypte, via le Qatar.
00:04:10 Je tiens une nouvelle fois publiquement à remercier le rôle des autorités qatarie et égyptienne
00:04:15 parce qu'elles ont tenu parole dans leur rôle d'intermédiaires.
00:04:18 Ça continue. C'est pour ça que la trêve aussi se poursuit.
00:04:21 De nouvelles discussions actuellement sont en cours. Je ne peux pas, évidemment, en dire plus.
00:04:26 Mais il est clair que la France et la République française n'abandonnent jamais les siens
00:04:30 et que c'est la priorité absolue que le président de la République a demandé aux différents services de renseignement, à la diplomatie et à son gouvernement.
00:04:36 Monsieur le ministre, vous remerciez souvent le Qatar. C'est vraiment devenu un pays ami ?
00:04:40 En fait, c'est un pays partenaire stratégique depuis longtemps, y compris sur le terrain de la défense nationale.
00:04:47 Aujourd'hui, effectivement, la diplomatie du Qatar est toute tournée vers des solutions autour de ce conflit.
00:04:54 C'est particulièrement vrai sur la question des libérations des otages.
00:04:57 Je pense que personne ne comprendrait que le ministre des Armées françaises ne défende pas les intérêts du pays.
00:05:01 On va y revenir, effectivement, longuement.
00:05:03 Et le Qatar est un pays partenaire qui nous aide à mettre en protection et à sortir, en tout cas, nos otages.
00:05:10 On l'a vu hier au soir avec les trois premières sorties.
00:05:13 Alors, monsieur le ministre, à l'heure qu'il est, qu'en est-il peut-être des prochains otages français ?
00:05:17 Est-ce que vous avez des informations ? Est-ce que vous savez quand est-ce qu'ils pourraient être libérés ?
00:05:21 C'est compliqué, en fait, de donner, évidemment, trop de détails.
00:05:24 Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que les paramètres des négociations sont, en général,
00:05:27 se construisent dans une forme de globalité.
00:05:30 Les personnes vulnérables, les personnes âgées, les enfants, les enfants avec leur maman, les enfants sans leur maman.
00:05:37 Que les questions de géolocalisation au sein de la bande de Gaza et de localisation tout court
00:05:41 sont, évidemment, très compliquées, que parfois il y a des communications qui sont difficiles
00:05:45 sur le terrain technique entre la bande de Gaza et le Qatar et les différents interneurs,
00:05:49 ou le CAIR, le cas échéant. Et donc, il est clair que c'est très difficile de donner une projection.
00:05:54 En tout cas, on reste dans une grande forme d'espérance.
00:05:57 C'est pour ça aussi qu'on appelle à une poursuite des trêves humanitaires,
00:06:00 parce que maintenant on le comprend quand on refait un peu les dernières semaines,
00:06:03 que ces trêves humanitaires permettent, évidemment, les libérations d'otages.
00:06:07 Donc, il faut espérer, peut-être, d'ici jeudi, effectivement, fin de la trêve ?
00:06:11 Non, je ne veux pas imaginer le niveau de tension des familles,
00:06:14 qui voient depuis plusieurs jours, après une cinquantaine de journées de captivité,
00:06:19 des libérations chaque soir, et de voir que le vôtre, ou une partie des vôtres,
00:06:24 ne sont toujours pas libérés. Donc, il y a malheureusement quelque chose.
00:06:27 Hamas est un groupe terroriste, donc tout cela est fait pour terroriser, évidemment,
00:06:31 les populations civiles et donc aussi nos concitoyens.
00:06:34 Et donc, évidemment, il faut aussi faire attention à ce que l'on dit
00:06:37 pour ne pas faire naître une espérance démesurée.
00:06:39 Mais je le redis, on a de l'espoir, parce que ce qui a été mis en œuvre jusqu'à présent
00:06:43 n'a pas fonctionné. Maintenant, tout cela est fragile.
00:06:45 Et si je suis honnête avec vous, ce qui m'a toujours tracassé ces derniers jours
00:06:48 avec le président de la République ou la ministre des Affaires étrangères,
00:06:50 c'était que la trêve humanitaire puisse, par exemple, être remise en question,
00:06:53 ce qui aurait évidemment remis en question la libération des otages.
00:06:56 Monsieur Benir, s'il y a des questions qui se posent ce soir par rapport à des groupes,
00:07:00 hors Hamas, qui détiennent des otages ? Que savons-nous de ces groupes ?
00:07:04 C'est été une entreprise de ces dernières 48 heures.
00:07:07 Vous avez, comme on dit, des proxys, des milices islamistes,
00:07:11 parfois des individus isolés, qui effectivement se sont vus confier
00:07:15 des otages au lendemain de l'attaque du 7 octobre,
00:07:18 ce qui ne facilite pas les choses en matière de discussion.
00:07:21 C'est ça. Le Qatar n'a pas la main, par exemple, pour en discuter avec eux.
00:07:24 Déjà, il faut bien le redire, le Qatar n'est qu'un intermédiaire,
00:07:28 un interlocuteur qui, ensuite, active d'autres interlocuteurs
00:07:32 qui eux-mêmes encore peuvent intervenir auprès d'interlocuteurs
00:07:35 qui se trouvent sur la bande de Gaza.
00:07:36 Tout cela est bougrement complexe en termes de mise en œuvre.
00:07:39 Et donc, de fait, pourquoi aussi il y a ces échelonnements de libérations
00:07:43 chaque jour, au-delà des accords qui ont été donnés,
00:07:45 au-delà des libérations, évidemment, de prisonniers palestiniens de l'autre côté.
00:07:49 La partie israélienne aussi, il faut la remercier,
00:07:51 parce qu'elle est actrice profondément, évidemment, de ce qui se passe,
00:07:54 y compris par l'attrêve humanitaire, cela va sans dire.
00:07:57 Mais donc, évidemment, c'est compliqué.
00:07:58 Et le fait qu'un certain nombre de nos otages ou des personnes disparues
00:08:01 soient difficilement identifiables en termes de géographie
00:08:04 ne facilite pas les choses.
00:08:05 - Question aussi qui interpelle.
00:08:08 On a vu des otages américains libérés, un otage russe, des otages thaïlandais.
00:08:14 On attend, on attend.
00:08:15 On finit par voir trois Français, évidemment avec quel soulagement.
00:08:19 Mais on a envie de se demander, Sébastien Lecornu,
00:08:22 est-ce que finalement la France n'a pas vraiment, comment dirais-je,
00:08:29 une certaine crédibilité ?
00:08:31 Est-ce qu'on n'est pas arrivé parmi les derniers ?
00:08:33 Évidemment, il reste encore beaucoup d'otages à libérer.
00:08:36 Mais est-ce qu'on s'attendait en fait à ce que la France libère
00:08:38 les trois otages français plus tôt ?
00:08:40 - Non, je pense que pour le coup, il ne faut pas qu'on se fasse violent
00:08:42 sur du "France bashing" appliqué à nous-mêmes.
00:08:44 Je ne veux pas tout dévoiler, mais sur le fait que les mineurs
00:08:47 soient dans les premiers et dans les 50 premiers,
00:08:51 c'est quelque chose qui était entendu désormais depuis longtemps.
00:08:53 Je pense qu'il faut vraiment le dire.
00:08:56 Il reste 177 otages.
00:08:58 Donc de donner l'impression qu'on passerait dans les derniers,
00:09:01 ce serait inconvenant, et surtout d'ailleurs pour les 5 otages
00:09:04 ou personnes disparues qui restent.
00:09:06 Je vous le dis, les critères, la manière dont ça se fait,
00:09:09 repose davantage sur des profils, femmes, personnes âgées,
00:09:14 sur des sujets énormes de transmission, de communication,
00:09:17 d'information et de repérage, et donc de logistique,
00:09:21 que sur un agenda ou un échéancier de nationalité
00:09:25 qui serait donc un échéancier politique.
00:09:27 Ce n'est pas exact, ce n'est pas comme ça que les choses se passent.
00:09:29 Et d'ailleurs, vous voyez, les trois mineurs français sont sortis hier.
00:09:33 Quel est le prix de la liberté ?
00:09:35 Quelle concession on doit faire quand on négocie des vies humaines ?
00:09:41 C'est un sujet lourd, difficile, et ce n'est pas la première fois
00:09:43 que la France malheureusement a des otages.
00:09:45 Je rappelle aussi qu'on a des otages en Iran, on n'en parle pas assez,
00:09:48 que dans le passé on a eu des otages au Liban.
00:09:50 Je ne veux pas reconvoquer toute notre histoire.
00:09:52 De fait, c'est une question qui est sensible,
00:09:55 qui est particulièrement délicate, qui est entre les mains
00:09:57 en grande partie du gouvernement israélien,
00:10:00 avec lequel on échange aussi beaucoup.
00:10:01 C'est pour ça que je les remercie aussi pour l'engagement qu'ils ont eu
00:10:05 avec l'Egypte, le Qatar et aussi d'ailleurs la Jordanie
00:10:07 pour d'autres raisons dans ce qui se passe.
00:10:09 Parce qu'en face, évidemment, il y a la trêve humanitaire.
00:10:12 Celle-là, elle est utile pour les otages,
00:10:14 mais elle est aussi, pardonnez-moi, utile pour les populations civiles
00:10:18 de la bande de Gaza.
00:10:19 On y reviendra, j'imagine, dans un instant.
00:10:21 Mais en face, il y a des contreparties,
00:10:23 y compris de libération de prisonniers palestiniens.
00:10:26 Donc évidemment, il y a quelque chose de délicat,
00:10:29 difficile dans ce qui se passe.
00:10:31 Mais une fois de plus, ces prises d'otages,
00:10:33 c'est la continuité de l'attaque terroriste du 7 octobre.
00:10:35 Il y a eu cette attaque terroriste, avec ses morts et ses blessés.
00:10:38 Il y a ces prises en otages, et ces prises en étage
00:10:40 constituent cette continuité de l'attaque terroriste.
00:10:42 Et donc le Hamas, évidemment, est plus que condamnable
00:10:45 dans ce qui a été fait.
00:10:46 Il est à condamner, il est à combattre.
00:10:48 J'imagine aussi qu'on y reviendra.
00:10:49 Et donc, il n'en demeure pas moins qu'il faut sortir ces otages
00:10:52 et que c'est une priorité absolue.
00:10:53 C'est la continuité de l'attaque terroriste du 7 octobre.
00:10:56 Le Hamas est à combattre.
00:10:58 Quelle est la vision de la France sur ce qui va se passer
00:11:02 dans les semaines qui viennent, dans les mois qui viennent ?
00:11:05 Quelle est la position stratégique de la France ?
00:11:08 Je crois qu'on l'a dit à plusieurs reprises,
00:11:09 Israël a le droit de se défendre.
00:11:11 Et Israël ne peut pas vivre avec le risque terroriste
00:11:15 tel qu'on le connaît, tel qu'on l'a connu le 7 octobre dernier
00:11:18 à proximité, dans la bande de Gaza.
00:11:21 Donc Israël, évidemment, est fondé à mettre hors d'état de nuire
00:11:25 ce groupe armé terroriste militarisé qu'est le Hamas.
00:11:29 La question maintenant, c'est comment ?
00:11:31 Dans des opérations militaires qui soient efficaces, soutenables,
00:11:34 qui donc aussi protègent les populations civiles.
00:11:37 Il n'y a pas de schéma dans lequel une opération militaire,
00:11:40 en matière de droit international, de droit humanitaire,
00:11:42 j'en vois aussi pour preuve notre expérience,
00:11:44 nous aussi on a quand même mené des opérations
00:11:46 de lutte contre le terrorisme militarisé dans le passé.
00:11:49 Il est évident que prendre soin, mettre en protection
00:11:52 les populations civiles est absolument clé
00:11:55 pour la soutenabilité de ce que fait el-Sahal dans la bande de Gaza.
00:11:58 Il en va aussi de la sécurité de l'état d'Israël.
00:12:00 Il en va d'ailleurs aussi de ce que font les démocraties
00:12:03 dans la lutte contre le terrorisme.
00:12:04 Alors que répondez-vous à l'ONU ?
00:12:06 L'ONU est dans son rôle lorsque l'ONU dénonce, je cite,
00:12:11 un nettoyage ethnique de la part d'Israël ?
00:12:14 Alors heureusement ce n'est pas l'ONU qui le dit,
00:12:16 puisque moi aussi quand j'ai vu sur les réseaux sociaux
00:12:18 ces opérations apparaître, j'ai fait vérifier.
00:12:20 En fait c'est une experte indépendante mandatée par l'ONU.
00:12:23 On est très loin des autorités légitimes,
00:12:25 elles sont nombreuses en plus, croyez-moi,
00:12:27 on est très très loin des autorités légitimes de l'ONU.
00:12:29 Donc ce n'est pas une parole onusienne.
00:12:31 D'accord, ça serait une parole de l'ONU, vous auriez dénoncé ?
00:12:34 Je pense qu'une fois de plus, notre position française est la bonne,
00:12:38 j'en suis intimement persuadé.
00:12:40 Israël a le droit de se défendre, mais pour cela,
00:12:43 le Hamas malheureusement se sert des populations civiles
00:12:46 et des boucliers humains.
00:12:48 C'est donc un dilemme pour Tsahal et les autorités israéliennes,
00:12:51 mais Israël doit traiter ce dilemme en protégeant les populations civiles.
00:12:54 Ça veut donc dire aussi, en permettant de faire entrer
00:12:57 de l'aide sanitaire, et c'est ce que nous faisons aussi,
00:13:00 évidemment aux côtés des Israéliens ou des Égyptiens,
00:13:02 mais je pense aussi que nous pourrions...
00:13:04 Oui, on va en parler justement de cette aide humanitaire.
00:13:06 Peut-être une dernière question à Arnaud Le Gall,
00:13:08 député LFI à l'Assemblée nationale cet après-midi.
00:13:10 Prônez, dénoncez la diplomatie française,
00:13:13 et prônez un cessez-le-feu.
00:13:15 On ne comprend pas très bien ce que la France insoumise cherche
00:13:18 depuis le début de cette crise, cette guerre épouvantable.
00:13:21 En ne condamnant pas les crimes du Hamas clairement,
00:13:24 en refusant de les reconnaître comme étant terroristes,
00:13:28 de toutes les évidences, la France insoumise cherche
00:13:31 à travestir la position française, qui est pourtant une position
00:13:34 historique depuis le général Le Gall à aujourd'hui.
00:13:37 Droit pour Israël de se défendre, respect du droit humanitaire
00:13:42 et sanitaire, solution politique maîtrise de l'escalade
00:13:46 dans la région, il faut qu'on parle aussi du Liban,
00:13:49 je pense que notre position est complètement intelligible.
00:13:51 Il se trouve que la France insoumise s'est complètement perdue,
00:13:53 et je l'ai dit à plusieurs reprises, elle nous fait honte.
00:13:55 Alors après, ils appellent à un cessez-le-feu,
00:13:57 tout le monde dans l'absolu appelle à un cessez-le-feu.
00:13:59 Nous on le redit, il faut des trêves humanitaires
00:14:01 devant mener à terme à un cessez-le-feu,
00:14:03 et la question bien sûr, ce sont les paramètres
00:14:05 et les conditions de ce cessez-le-feu.
00:14:07 La France insoumise est perdue et elle nous fait honte.
00:14:09 Venons maintenant aux moyens militaires,
00:14:11 parce que la France a envoyé des moyens militaires
00:14:13 pour contribuer à l'assistance humanitaire à Gaza.
00:14:17 Vous avez été particulièrement actif sur le dossier
00:14:20 avec le bateau-porte-hélicoptère d'Ixmude,
00:14:22 on va voir justement les images,
00:14:24 il est arrivé en Égypte hier, il comporte des blocs opératoires,
00:14:26 60 lits, il remplace le tonnerre qui lui est parti récemment.
00:14:30 J'aimerais comprendre, parce qu'on n'arrive pas à saisir,
00:14:34 est-ce qu'on est là pour aider les civils,
00:14:37 est-ce qu'on est là pour se préparer à une éventuelle attaque ou à riposter ?
00:14:42 Non, on est là vraiment pour aider les civils,
00:14:44 c'est notre mission humanitaire, ce sont nos valeurs.
00:14:46 Et je vais vous dire une chose,
00:14:48 c'est aussi notre devoir d'allier d'Israël,
00:14:50 parce que d'Israël, les autorités que je rencontre en Israël
00:14:53 ou que j'ai au téléphone, qu'elles soient militaires ou civiles,
00:14:55 savent très bien désormais que la soutenabilité de leur opération,
00:14:59 je le redis parce que je pense qu'il faut le répéter
00:15:01 autant de fois que nécessaire,
00:15:03 passe par la prise en considération des populations civiles.
00:15:06 Alors pourquoi on met des moyens militaires ?
00:15:07 Tout simplement parce que la zone dans laquelle nous intervenons,
00:15:10 notamment au Sinai, on est pas loin du poste frontière de Rafah,
00:15:14 est une zone qui est militarisée,
00:15:16 une zone qui est particulièrement parfois dangereuse, évidemment,
00:15:20 et que donc les autorités et les interlocuteurs,
00:15:22 du côté israélien c'est de Sahal,
00:15:24 du côté égyptien c'est aussi le ministère de la Défense,
00:15:27 et donc le canal militaire a été le premier canal
00:15:29 à pouvoir créer justement les conditions de cette coopération,
00:15:32 en lien avec le Quai d'Orsay,
00:15:34 en lien avec certaines ONG,
00:15:36 c'est particulièrement vrai pour acheminer du fret humanitaire,
00:15:39 vous avez 4 avions à 4 sommes,
00:15:40 vous savez ce sont nos gros avions de transport militaire
00:15:44 qui ont déposé pratiquement plus de 60 tonnes
00:15:47 de fret humanitaire et sanitaire sur la centaine
00:15:49 que la France a mis à disposition,
00:15:51 et effectivement vous avez ces bateaux,
00:15:52 le premier c'était le Tonnerre,
00:15:53 qui a été le premier à être envoyé par le président de la République
00:15:55 dans la zone,
00:15:56 qui a permis de faire un plot logistique avancé,
00:15:58 qui a permis aussi de montrer que nous étions crédibles
00:16:01 et engagés dans les discussions que nous avons eues,
00:16:03 ce que c'est facile de dire depuis Paris
00:16:05 ou depuis nos capitales européennes,
00:16:06 enfin ça montrait que globalement on était vraiment prêts
00:16:09 à y mettre des moyens,
00:16:10 et c'est ce que nous avons fait derrière,
00:16:11 puisque le président Sissi,
00:16:12 président égyptien,
00:16:14 et le président de la République
00:16:15 ont pu effectivement acter leur voie du Dixmude,
00:16:18 alors le Dixmude c'est pratiquement plus de 80 soignants,
00:16:21 effectivement des blocs opératoires,
00:16:23 scanners, laboratoires d'analyse,
00:16:25 et ce soir nous avons les premiers patients
00:16:27 en urgence relative qui ont été accueillis sur le bateau,
00:16:30 tout ça va monter en puissance lentement,
00:16:33 c'est pour ça qu'on a une équipe...
00:16:34 - Des civils de Gaza ?
00:16:35 - Des civils de Gaza, oui.
00:16:36 On a une équipe de huit militaires qui font, si vous voulez,
00:16:39 l'interface entre les autorités israéliennes
00:16:42 et les autorités égyptiennes,
00:16:43 et donc si on parle du rôle de la France,
00:16:45 on est la première puissance occidentale
00:16:47 à mettre des moyens de soins aussi près de la bande de Gaza,
00:16:51 avec notre partenaire égyptien,
00:16:52 et d'ailleurs il faut remercier une fois de plus l'Egypte,
00:16:54 ça participe à la crédibilité de ce que nous faisons dans la région,
00:16:57 et au-delà de ce que nous faisons sur le terrain humanitaire
00:17:00 en matière de valeur,
00:17:01 ou sur le terrain effectivement diplomatique,
00:17:03 ça montre aussi ce que les armées savent faire,
00:17:04 sur ce bateau vous avez le service de santé des armées,
00:17:06 avec évidemment des médecins civils,
00:17:08 il n'y a pas de pédiatres dans les armées françaises,
00:17:10 pour des raisons évidentes,
00:17:11 et donc ça montre aussi des capacités de projection
00:17:14 qui sont les nôtres, je le crois.
00:17:15 - Vous parlez beaucoup de valeur,
00:17:16 on reparlera dans un instant,
00:17:18 vous avez parlé aussi de, justement, cette place qu'a la France,
00:17:21 un mot rapide peut-être sur les 700 soldats français
00:17:24 qui sont à la frontière avec le Liban,
00:17:26 vous l'avez déjà dit dans plusieurs interviews,
00:17:28 qui observent, ils seraient prêts à intervenir ou pas,
00:17:31 au cas où ensuite on va élargir un peu,
00:17:32 sur le Sahel, l'Afrique, l'Irak, etc.
00:17:35 - Le Liban est pour moi un sujet qui me préoccupe énormément,
00:17:37 et dont je trouve qu'on ne laisse pas suffisamment de place
00:17:39 sur les plateaux de télévision,
00:17:41 ou même dans les conversations, les débats au Parlement.
00:17:44 La Finule est le plus ancien mandat des Nations Unies que nous ayons,
00:17:48 pratiquement plus de 40 ans,
00:17:50 c'est 700 soldats français effectivement qui sont casque bleu,
00:17:54 c'est pas une mission d'interposition,
00:17:56 comme on appelle quand même dans les années 90 sur d'autres théâtres,
00:17:58 mais bien une mission d'observation, de déconfliction,
00:18:01 qui est là pour faire en sorte que les choses ne dégénèrent pas
00:18:03 à la frontière entre Israël et le Liban.
00:18:06 Malheureusement, depuis le 7 octobre,
00:18:08 on a une tension, lente mais certaine, vers la hausse,
00:18:12 malheureusement, de pression qui monte à la frontière,
00:18:15 avec des groupes armés du Hezbollah
00:18:17 qui peuvent tirer sur Israël,
00:18:18 des ripostes israéliennes en retour.
00:18:20 Et évidemment, la question de la sécurité de nos soldats,
00:18:22 pas que des nôtres, de l'ensemble des contingents des Nations Unies
00:18:25 qui sont présentes sur cette frontière,
00:18:27 est un point de préoccupation majeur.
00:18:29 Mais au-delà de ça, ce qu'on joue derrière,
00:18:31 c'est la stabilité de l'ensemble du Moyen-Orient.
00:18:33 C'est-à-dire que d'un conflit qui aujourd'hui est cantonné à Gaza,
00:18:36 évidemment le sujet est lié à la Cisjordanie,
00:18:39 sur lequel c'est la ministre des Affaires étrangères
00:18:41 qui est largement à la manœuvre sur ce sujet,
00:18:43 mais très vite derrière, on voit bien que le Liban
00:18:45 est le deuxième front qui malheureusement pourrait s'ouvrir.
00:18:47 Et donc, notre diplomatie, nos services de renseignement,
00:18:50 nos forces armées déploient une énorme énergie
00:18:53 dans un pays dans lequel on a des points de repère,
00:18:56 on a une légitimité particulière au Liban,
00:18:58 pour faire en sorte que justement, ça ne parte pas,
00:19:00 pardonnez-moi cette expression, dans le décor.
00:19:02 Et ça, c'est l'intérêt d'Israël, de ne pas ouvrir un deuxième front,
00:19:05 c'est l'intérêt du Liban, dont on se souvient
00:19:07 à la guerre terrible de 2006 et de son lot de malheurs,
00:19:09 c'est l'intérêt aussi de la France,
00:19:11 parce que nous avons beaucoup de binationaux,
00:19:13 beaucoup de ressortissants, pratiquement plus de 25 000 Français au Liban,
00:19:16 il y a une relation aussi particulière avec la diaspora libanaise.
00:19:19 Il y a beaucoup d'inquiétudes, et donc je pense aussi
00:19:21 que ce sujet de la maîtrise de l'escalade régionale
00:19:24 est un sujet clé. Mais je pourrais aussi vous parler
00:19:26 des outils au Yémen, avec nos forces qui sont prépositionnées aux Emirats arabes unis,
00:19:29 je pourrais vous parler des milices chiites qui sont en Irak,
00:19:32 et qui frappent malheureusement les emprises de la coalition,
00:19:34 tout ça sont des sujets régionaux très importants.
00:19:36 - 30 000 militaires français dans le monde,
00:19:40 on va voir un peu l'encadre pour voir où sont ces militaires,
00:19:42 on va en parler dans un instant pour savoir,
00:19:45 est-ce qu'il reste un petit peu, pardonnez-moi le petit côté,
00:19:48 peut-être nation, est-ce qu'il reste un peu pour la France ?
00:19:52 C'est-à-dire que la question que je veux vous poser,
00:19:55 c'est par exemple, regardons l'Ukraine.
00:19:57 On a parlé des stocks de munitions,
00:19:59 des canons César, des chars allégés pour nos armées,
00:20:05 qu'on a en termes d'efforts de guerre, qu'on a donné à l'Ukraine,
00:20:07 on a parlé de 450 millions d'euros d'aides militaires françaises à l'Ukraine.
00:20:12 Deux rapports parlementaires se sont inquiétés
00:20:14 des stocks de munitions de l'armée française
00:20:16 et du sous-investissement dans la défense solaire.
00:20:19 Que reste-t-il pour la France ?
00:20:21 C'est une question. Qu'est-ce qui reste pour nous ?
00:20:23 Au cas où il y a un conflit, on va voir dans un instant
00:20:25 qu'un conflit peut se préparer dans la région.
00:20:27 Je pense que pour le coup, moi je suis tranquille comme Baptiste,
00:20:29 parce que je suis ministre des armées,
00:20:31 qui aura sous l'autorité d'Emmanuel Macron,
00:20:33 augmenté le plus les crédits militaires de notre pays depuis de nombreuses années.
00:20:36 En fait, il faut bien comprendre qu'on aura surtout fait fois deux,
00:20:39 enfin, il faut voir de quoi on parle.
00:20:41 Entre 2017 et la fin du quinquennat du président de la République,
00:20:44 on aura doublé le budget des armées.
00:20:46 Si on fait vite sans être trop long,
00:20:48 au fond, on a plusieurs grandes périodes.
00:20:50 Le début de la guerre froide, avec les guerres de décolonisation,
00:20:53 et l'avènement du gaullisme militaire,
00:20:55 avec les grandes décisions absolument géniales et prodigieuses
00:20:58 du général de Gaulle et de son ministre des armées, Pierre Mesmer.
00:21:00 C'est évidemment la professionnalisation de l'armée de terre,
00:21:02 c'est évidemment la dissuasion,
00:21:04 qui protège nos intérêts vitaux,
00:21:06 et beaucoup d'autres décisions,
00:21:08 notamment en matière d'industrie de défense,
00:21:10 en disant "il n'y a pas d'autonomie stratégique française,
00:21:12 il n'y a pas de souveraineté française,
00:21:14 si même avec une armée puissante, on est obligé d'acheter ses armes
00:21:16 à Moscou, à Washington ou à Pékin".
00:21:18 C'est un modèle qui a prospéré,
00:21:20 quelles que soient les alternances politiques,
00:21:22 jusque globalement au début des années 90,
00:21:24 pour faire très vite,
00:21:26 et c'est la fin du pacte de Varsovie,
00:21:28 la chute du mur de Berlin,
00:21:30 qui a donné ces années 90 dans lesquelles on s'est dit
00:21:32 deux choses, une bonne chose et une mauvaise chose.
00:21:34 La bonne chose, c'est de dire désormais,
00:21:36 il faut professionnaliser notre armée,
00:21:38 les conflits vont changer, il faut donc une armée de métiers plus dure,
00:21:40 plus entraînée,
00:21:42 ça c'est évidemment clé, la reprise des essais nucléaires,
00:21:44 qui n'a pas été populaire, que le président Chirac avait décidé,
00:21:46 mais qui nous a permis de parachever
00:21:48 notre modèle de dissuasion.
00:21:50 Et puis malheureusement, c'est allé trop loin,
00:21:52 une autre décision qui a été prise, fin des années 90,
00:21:54 début des années 2000, en disant
00:21:56 "vous voyez bien, il n'y a plus de guerre froide,
00:21:58 on peut toucher ces fameux dividendes de la paix",
00:22:00 et là malheureusement, certains gouvernements sont allés trop loin
00:22:02 dans la diminution des crédits militaires.
00:22:04 Et dans les années 2000, on découvre
00:22:06 pour le coup, plutôt des missions
00:22:08 liées à la lutte contre le terrorisme,
00:22:10 je pense que Barkhane et Serval au Sahel
00:22:12 sont les missions les plus connues,
00:22:14 enfin il y en a eu d'autres, évidemment.
00:22:16 Et puis depuis la guerre en Ukraine,
00:22:18 qu'on le veuille ou non, on a désormais une juxtaposition
00:22:20 de menaces, qui s'additionnent entre elles.
00:22:22 On a toujours la compétition entre les grandes puissances,
00:22:24 y compris d'ailleurs sous voûte nucléaire,
00:22:26 ce qui quand même consacre l'utilité
00:22:28 de notre dissuasion nucléaire, sur laquelle
00:22:30 il faut continuer d'investir. Vous avez toujours le risque
00:22:32 terroriste, projeté
00:22:34 ou domestique, mais en tout cas
00:22:36 il est toujours là, et en plus
00:22:38 vous avez des nouveaux espaces de conflictualité.
00:22:40 C'est-à-dire que nous sommes la génération de journalistes
00:22:42 ou de responsables politiques qui allons connaître
00:22:44 des défis militaires dans le cyber,
00:22:46 dans le spatial,
00:22:48 nous connaîtrons des satellites qui seront
00:22:50 en situation de détruire d'autres satellites
00:22:52 potentiellement français dans l'espace.
00:22:54 Et au fond, c'est ce qui explique pourquoi
00:22:56 on a ce mouvement de réarmement très important,
00:22:58 413 milliards d'euros pour la période
00:23:00 2024-2030, parce que non seulement
00:23:02 il faut consolider ce qui existe déjà,
00:23:04 ne pas l'abîmer, parfois dans le passé
00:23:06 ça a été fait, c'est votre question
00:23:08 reconstitution des stocks, et pour le coup
00:23:10 l'aide à l'Ukraine, pardon, mais a été
00:23:12 aussi une leçon pour notre industrie de défense,
00:23:14 parce que notre modèle, c'est pas que de faire du stock,
00:23:16 non, notre modèle c'est aussi
00:23:18 d'être en capacité de produire. Si vous êtes
00:23:20 en guerre et que vous avez une industrie de défense qui n'est pas
00:23:22 capable de répondre à la commande, c'est que
00:23:24 globalement vous avez une armée qui très vite devient
00:23:26 inefficace, et d'ailleurs même la Russie a rencontré
00:23:28 ce défi. Donc l'aide à l'Ukraine
00:23:30 nous a permis de prendre conscience, comme le Covid
00:23:32 d'ailleurs, d'un certain nombre de choses. Ce qui
00:23:34 est devant nous maintenant, c'est d'arriver à
00:23:36 continuer à réparer ce qui a été abîmé,
00:23:38 et en même temps mettre des crédits sur les nouveaux
00:23:40 enjeux de conflictualité. - Alors monsieur le ministre, qu'est-ce qui est devant nous ?
00:23:42 - Et de le faire de manière souveraine, parce que nous avons
00:23:44 notre autonomie stratégique par ailleurs, à protéger
00:23:46 et à sauvegarder coûte que coûte. - Qu'est-ce qui est devant nous ?
00:23:48 Doit-on craindre le pire ? Moi je vois
00:23:50 par exemple que les dépenses militaires des Etats
00:23:52 n'ont jamais été aussi
00:23:54 importantes depuis la fin de la guerre froide.
00:23:56 On regarde autour de l'Europe, autour de nous
00:23:58 partout, tout le monde s'arme
00:24:00 de plus en plus. La Pologne, tout le monde,
00:24:02 tout le monde, il n'y a pas que nous justement qui
00:24:04 augmentons notre budget militaire.
00:24:06 Doit-on craindre le pire ?
00:24:08 - Mais le monde se réarme, il ne faut pas être naïf.
00:24:10 - Ah oui ? Rappelons notre histoire. - Après, tous les pays
00:24:12 n'ont pas les mêmes menaces.
00:24:14 - Et je pense que se comparer à l'Ukraine, comme certains
00:24:16 parfois faux experts l'ont fait sur les plateaux
00:24:18 en disant "Ah vous vous rendez compte, si nous arrivait
00:24:20 la même chose que l'Ukraine, on tiendrait seulement
00:24:22 80 kilomètres, etc." Je pense que
00:24:24 Pierre Mesmer se retournerait dans sa tombe, pardonnez-moi de vous le dire comme ça.
00:24:26 On est une puissance nucléaire.
00:24:28 On est membre de l'OTAN. Il se trouve aussi
00:24:30 qu'on est à l'ouest de l'Europe, ce qui quand même,
00:24:32 d'un point de vue géographique, conditionne aussi beaucoup de menaces
00:24:34 par ailleurs. Il est évident
00:24:36 que nous avons des menaces qui nous sont propres.
00:24:38 Donc cet argent, l'argent du contribuable,
00:24:40 téléspectateur, il doit désormais être utilisé
00:24:42 pour des vraies menaces
00:24:44 qui pèsent sur la nation française.
00:24:46 Le terrorisme en étude, c'est incontestable.
00:24:48 Les menaces à l'étranger sont nos
00:24:50 intérêts. On est un pays
00:24:52 qui a beaucoup de Français à l'étranger.
00:24:54 Donc par définition, être capable de les
00:24:56 protéger en cas de... Les cyber-attaques.
00:24:58 Voilà un moyen de contourner, malheureusement,
00:25:00 notre dissuasion nucléaire. De lancer
00:25:02 300, 400 attaques sur des hôpitaux
00:25:04 français. - Et là, vous investissez ?
00:25:06 - Beaucoup ! - Vous investissez dans notre protection ?
00:25:08 - Et c'est pas que de l'argent, parce que derrière, c'est de la formation.
00:25:10 C'est aussi pour ça que des écoles militaires comme Polytechnique sont appelées
00:25:12 à en faire plus de main. C'est évidemment
00:25:14 fidéliser des capacités pour le faire.
00:25:16 De le faire en franco-français,
00:25:18 parce que vous avez des sujets qui sont parfois touchy,
00:25:20 pardon de le dire comme ça, et donc
00:25:22 qui méritent de le faire. Et puis, je le dis
00:25:24 à vous, avec aussi infiniment respect
00:25:26 de là où je viens comme ministre des Outre-mer,
00:25:28 la France n'est pas qu'hexagonale. Et donc, nous avons
00:25:30 des territoires d'outre-mer qui peuvent avoir des menaces
00:25:32 hybrides, particulières.
00:25:34 La pêche illégale,
00:25:36 les effets du réchauffement climatique dans le Pacifique
00:25:38 ou aux Antilles, qui peuvent donc
00:25:40 donner des catastrophes qui pourraient être exploitées
00:25:42 aussi par d'autres compétiteurs.
00:25:44 Donc en fait, il faut regarder le monde tel qu'il est,
00:25:46 lucidement, sans peur,
00:25:48 ni naïveté. - Alors, juste avant de passer
00:25:50 sur la France, un mot rapidement, peut-être,
00:25:52 sur ces 30 000 militaires français, pardonnez-moi,
00:25:54 mais le téléspectateur qui nous regarde
00:25:56 en ce moment, il se dit "mais qu'est-ce qu'on fait en Irak ?
00:25:58 Qu'est-ce qu'on fait au Sahel ? On a été chassés
00:26:00 comme des mâles propres, si vous permettez
00:26:02 l'expression, en Afrique. Qu'est-ce qu'on
00:26:04 fait aujourd'hui de ces militaires ? Est-ce qu'il ne faut pas
00:26:06 tous les rapatrier, peut-être, pour s'occuper
00:26:08 un peu plus de la France ? Question !
00:26:10 - Déjà, sur les 30 000, Christine Kelly,
00:26:12 dans les 30 000, il y a l'outre-mer.
00:26:14 L'outre-mer, c'est la France, donc il est bien
00:26:16 normal qu'il y ait des militaires français
00:26:18 présents aux quatre coins de la planète,
00:26:20 y compris en Polynésie française.
00:26:22 - Vous défendez ma question. - Non, non, parce que dans les 30 000,
00:26:24 vous avez un petit tiers
00:26:26 qui est en outre-mer, juste pour le dire,
00:26:28 parce que c'est important, et vous avez des menaces
00:26:30 spécifiques, comme je vous le disais. Après, vous avez
00:26:32 des missions, qui sont des missions
00:26:34 anciennes, comme la Finule au Liban,
00:26:36 je n'y reviens pas. Ensuite, vous avez d'autres
00:26:38 catégories de missions, qui sont des missions de lutte contre le terrorisme.
00:26:40 Merci de parler de l'Irak.
00:26:42 Nous avons perdu trois soldats. - Quatre ?
00:26:44 - Trois soldats, la fin du mois d'août.
00:26:46 Le dernier est mort d'ailleurs dans un guet-apens
00:26:48 que Daesh lui avait
00:26:50 tendu. Et donc,
00:26:52 oui, nous continuons d'être présents, dans des
00:26:54 pays dans lesquels il y a une menace de sécurité
00:26:56 directe pour le partenaire,
00:26:58 indirecte pour la France,
00:27:00 encore qu'indirect, il fut direct dans le passé,
00:27:02 avec les attentats projetés depuis
00:27:04 Levant sur le territoire national,
00:27:06 et que, aider l'armée irakienne à lutter
00:27:08 contre les cellules djihadistes de Daesh,
00:27:10 c'est évidemment nous prémunir, nous,
00:27:12 d'un risque terroriste pour demain. On ne peut pas
00:27:14 complètement être isolé en matière de sécurité extérieure.
00:27:16 Pareil pour le Sahel.
00:27:18 Alors le Sahel, chassé comme des mâles propres.
00:27:20 - Si, si, si, monsieur le ministre.
00:27:22 - Je suis désolé, en même temps, on n'est pas là pour faire le travail
00:27:24 des pays africains quand ils ne veulent plus le faire.
00:27:26 Quand vous avez le Mali,
00:27:28 qui à sa tête a des gouvernants qui appellent
00:27:30 le président Hollande en disant "Bamako va tomber,
00:27:32 on a besoin d'aide",
00:27:34 qu'est-ce que fait le président Hollande ? Et a raison, il a été courageux
00:27:36 de le faire, il envoie l'armée française
00:27:38 qui a permis de lutter contre les groupes
00:27:40 terroristes islamistes. Dès lors que
00:27:42 vous avez un coup d'Etat, c'est pas la France
00:27:44 qui organise les coups d'Etat, bon, et que vous avez
00:27:46 des nouveaux personnages, pas toujours
00:27:48 fréquentables et reluisants, qui eux...
00:27:50 - On parle à la tête de base. - Non mais qui eux vous disent
00:27:52 "On ne veut plus lutter contre le terrorisme".
00:27:54 Par définition, on n'a pas vocation à rester.
00:27:56 L'armée française n'a pas vocation
00:27:58 à rester dans des pays
00:28:00 dans lesquels les dirigeants ne partagent
00:28:02 pas nos orientations stratégiques
00:28:04 en matière de lutte contre le terrorisme. Je l'assume.
00:28:06 - Alors, monsieur le ministre, on parlait justement
00:28:08 de cette question terroriste, Sahel,
00:28:10 Niger, Mali, mais il y a aussi Arras,
00:28:12 sur notre sol français, il y a Samuel Paty,
00:28:14 etc. On va parler un petit peu
00:28:16 de la France, justement.
00:28:18 Déjà, pour notre...
00:28:20 Au niveau de la France,
00:28:22 il y a une question que tout le monde se pose
00:28:24 clairement, c'est-à-dire que lorsqu'on
00:28:26 voit l'actualité aujourd'hui,
00:28:28 le procès des jeunes
00:28:30 avec Samuel Paty a commencé
00:28:32 hier. On se dit
00:28:34 est-ce que
00:28:36 l'armée peut intervenir
00:28:38 en France, sur notre
00:28:40 sol, sur le terrorisme ? Première question.
00:28:42 Deuxième question, est-ce que
00:28:44 l'armée peut intervenir dans les
00:28:46 quartiers, également, pour lutter contre la drogue ?
00:28:48 On l'a vu, qu'il y a
00:28:50 2/3 des Français
00:28:52 qui réclament, même des
00:28:54 sénateurs, des élus, qui réclament,
00:28:56 plusieurs élus, Valérie Pérez, pendant la présidentielle,
00:28:58 réclament l'armée dans
00:29:00 les quartiers pour lutter contre la drogue.
00:29:02 Est-ce possible ? Et quand ?
00:29:04 - Alors, vous avez deux questions. La première, c'est
00:29:06 que ce que font les armées sur le territoire national, sur la lutte
00:29:08 anti-terrorisme, déjà beaucoup, c'est évidemment Sentinelle.
00:29:10 Aujourd'hui, les forces de sécurité
00:29:12 intérieure, sous l'autorité du ministre de l'Intérieur,
00:29:14 Gérald Darmanin, se voient
00:29:16 appuyées, complétées, évidemment,
00:29:18 par Sentinelle. On l'a vu au lendemain
00:29:20 de l'attentat d'Arras. On le verra aussi pour les Jeux
00:29:22 olympiques et paralympiques, parce que,
00:29:24 évidemment, les forces armées vont contribuer.
00:29:26 Il y a une deuxième mission, si je peux me permettre, dont personne ne parle,
00:29:28 et pour le temps, nous y avons eu aussi un mort,
00:29:30 cette année, c'est la lutte contre le repaillage illégal
00:29:32 en Guyane. Je voulais juste le citer, parce que,
00:29:34 une fois plus, j'ai une petite passion pour les
00:29:36 Outre-mer, et donc, je pense qu'il faut le dire.
00:29:38 Après, moi, je vais vous dire,
00:29:40 je crois que celles et ceux qui mettent
00:29:42 les armées à toutes les sauces se trompent.
00:29:44 Je ne dis pas que c'est ce que vous venez de me dire, mais
00:29:46 parce que vous m'avez posé une question très précise, mais enfin, si on
00:29:48 déborde un peu du cadre, il y a une grève des conducteurs
00:29:50 de bus. J'ai quand même des maires qui m'écrivent en disant
00:29:52 "Est-ce que les armées peuvent venir
00:29:54 conduire les bus ?" Il y a une grève des éboueurs,
00:29:56 certains syndicats
00:29:58 d'ordures ménagères.
00:30:00 Non, mais je le dis parce que c'est quelque chose
00:30:02 qui blesse profondément les militaires
00:30:04 parce qu'en fait, ils considèrent, mais au fond...
00:30:06 - Ce n'est pas ce que je veux dire. - Je sais bien, mais
00:30:08 je démarre par là pour vous faire passer
00:30:10 ce sentiment. Moi, qui connais bien
00:30:12 les armées, qui ai été réservi dans la
00:30:14 gendarmerie par ailleurs, ce qui permet aussi d'avoir
00:30:16 un regard de l'autre côté,
00:30:18 du côté du ministère de l'Intérieur.
00:30:20 Les armées considèrent que
00:30:22 leur métier est un métier, que par
00:30:24 définition, cette armée professionnelle
00:30:26 nécessite beaucoup d'entraînement.
00:30:28 Que les risques auxquels nos armées sont
00:30:30 confrontées à l'étranger sont
00:30:32 des risques majeurs qui méritent un
00:30:34 niveau de préparation. Donc quand on a ce sentiment
00:30:36 de dire qu'on peut mettre l'armée à faire le
00:30:38 boulot des policiers, parce que lutter contre un
00:30:40 trafic de drogue en banlieue, c'est
00:30:42 commencer au fond à dire que les armées viendraient faire
00:30:44 le travail d'un policier. Ça suscite une incompréhension
00:30:46 déjà dans la trompe, en disant "on va me demander
00:30:48 quelque chose qui n'est pas mon métier"
00:30:50 alors qu'on ne demanderait pas à un policier
00:30:52 d'aller faire de la lutte anti-terroriste en Irak ou
00:30:54 d'aller à la Finul au Liban. Ça, il faut l'entendre,
00:30:56 il faut que nos téléspectateurs respectent ce sentiment
00:30:58 qui vient de la trompe. - Il peut être recouru
00:31:00 aux armées lorsque les moyens
00:31:02 de l'autorité civile sont estimés
00:31:04 - Oui, dans des conditions constitutionnelles
00:31:06 - Indisponibles, inadaptés, inexistants
00:31:08 ou insuffisants, l'une ou deux
00:31:10 conditions suffit. - Exactement. Loi organique
00:31:12 et constitution. - On peut utiliser
00:31:14 - Mais ce n'est pas le cas de dire
00:31:16 aujourd'hui que nos forces de sécurité intérieure sont
00:31:18 en situation d'insuffisance. En plus, là aussi
00:31:20 le boulot a été fait - Même pendant les émeutes on était
00:31:22 presque débordés - Le travail a été fait de remonter
00:31:24 en puissance. Gérald Darmanin est le ministre qui recrée
00:31:26 des unités de CRS. Je veux bien qu'on banalise
00:31:28 tout en disant "ça compte pas". Gérald Darmanin
00:31:30 recrée des escaliers gendarme mobile, on le fait
00:31:32 en commun puisque les gendarmes, évidemment, sont
00:31:34 en statut militaire. On n'est plus dans cette situation
00:31:36 dans laquelle on avait des forces de sécurité
00:31:38 intérieure à l'os
00:31:40 et une armée d'appelés dans laquelle
00:31:42 on s'est dit "tiens, puisqu'on a beaucoup d'appelés, on va pouvoir compenser"
00:31:44 Ce raisonnement est un raisonnement
00:31:46 qui est complètement... Mais pour cause,
00:31:48 parce que nos menaces
00:31:50 ne nécessitent pas une armée d'appelés.
00:31:52 Nos menaces qui pèsent sur la nation française
00:31:54 - Pas comme les Israëls.
00:31:56 - Nos risques ne sont pas les mêmes
00:31:58 de toutes les évidences. Nous ne sommes
00:32:00 ni Israël, ni l'Ukraine.
00:32:02 Nous avons peut-être malheureusement
00:32:04 d'autres types de risques qui pèsent
00:32:06 sur la nation française. J'en ai cité quelques-uns.
00:32:08 Je vous aurais pu parler de sécurité maritime.
00:32:10 On est un pays qui exportons beaucoup de
00:32:12 matières premières agricoles, qui importons
00:32:14 des hydrocarbures. La sécurité
00:32:16 maritime dans le canal de Suez,
00:32:18 à Hormuz ou à Bab-el-Mandal sont
00:32:20 des enjeux de sécurité sur lesquels on a besoin
00:32:22 d'une marine nationale pour le faire. Je pense qu'il faut regarder
00:32:24 lucidement les choses. Après, sur le rôle des armées,
00:32:26 elles ont des missions
00:32:28 qui leur sont propres,
00:32:30 qui leur sont constitutionnellement dévolues,
00:32:32 mais ça, c'est même pas un argument. C'est surtout qu'on a
00:32:34 besoin d'elles pour autre chose. Ou alors,
00:32:36 mais ça, c'est peut-être aussi
00:32:38 le problème sous-jacent que nous avons
00:32:40 dans notre société, c'est de se dire
00:32:42 au fond qu'on n'a pas de menaces extérieures. Donc on peut se
00:32:44 payer le luxe de se dire qu'on peut mettre les armées
00:32:46 à faire autre chose parce qu'on n'a pas de menaces extérieures.
00:32:48 Et j'en terminerai par un point peut-être
00:32:50 encore plus grave. Pourquoi
00:32:52 les militaires ont un statut
00:32:54 militaire et
00:32:56 un ensemble de valeurs et de
00:32:58 devoirs qui leur sont propres
00:33:00 et particuliers ? Pas parce
00:33:02 que ça fait bien,
00:33:04 parce que le statut militaire, la
00:33:06 militarité, c'est de tuer sur ordre.
00:33:08 Et le cas échéant, s'il le
00:33:10 faut pour le pays, de se faire
00:33:12 tuer. Et je veux que personne
00:33:14 n'oublie ça. Et que les valeurs
00:33:16 militaires, auxquelles j'accorde
00:33:18 énormément d'importance,
00:33:20 elles existent parce qu'il y a une
00:33:22 finalité de mission. Et la
00:33:24 finalité de la mission, c'est de potentiellement
00:33:26 tuer sur ordre. Et donc les
00:33:28 militaires sont très attentifs au fait
00:33:30 que justement, on ne les mette pas
00:33:32 à toutes les grèves de bus ou des boueurs.
00:33:34 Pardon de le dire comme ça, mais c'est très
00:33:36 important, y compris dans le lien entre
00:33:38 la nation et son armée. Dernière question
00:33:40 Monsieur le ministre, je ne peux pas ne pas vous faire
00:33:42 réagir peut-être à ce qu'on a entendu de la part
00:33:44 de votre collègue, le ministre Éric Dupond-Moretti
00:33:46 à l'Assemblée nationale,
00:33:48 cet après-midi, où il a critiqué.
00:33:50 Je vous demande juste d'écouter une petite réaction éventuellement
00:33:52 pour terminer notre entretien.
00:33:54 Écoutons Éric Dupond-Moretti,
00:33:56 fustigeant le Rassemblement National.
00:33:58 Vous préférez en réalité
00:34:00 opposer la France rurale et
00:34:02 tranquille, catholique et
00:34:04 blanche, à la France
00:34:06 des cités, la France
00:34:08 des Mohameds, des Moulouds
00:34:10 et des Rachides. Mais je pense
00:34:12 aussi moi aux Français, à nos compatriotes,
00:34:14 aux Français de préférence qui
00:34:16 vivent dans nos quartiers, dans
00:34:18 les cités et qui ne méritent pas
00:34:20 de lire sur les murs "Mort
00:34:22 aux Arabes". Nos
00:34:24 frères juifs ont peur,
00:34:26 nos frères musulmans
00:34:28 ont peur aussi. Vos
00:34:30 propos sont incendiaires.
00:34:32 Un de ministre
00:34:34 devrait dire ça ?
00:34:36 Non mais je découvre en direct, pour être honnête,
00:34:38 j'ai consacré mon après-midi
00:34:40 plutôt à l'actualité internationale
00:34:42 qu'à suivre les débats. Je n'étais pas à l'Assemblée nationale.
00:34:44 Après, Eric Dupond-Moretti,
00:34:46 un combattant engagé
00:34:48 contre l'extrême droite,
00:34:50 il le fait avec sa parole et ses tripes.
00:34:52 Après, je n'ai pas à commenter les différentes
00:34:54 péripéties de ce qui se passe dans l'hémicycle. On voit les députés,
00:34:56 je crois, à l'Assemblée nationale, quitter l'hémicycle.
00:34:58 Je ne veux pas tomber dans le commentaire parce que je pense
00:35:00 que ce n'est pas ce qu'on attend du ministre des Armées. En tout cas, je connais
00:35:02 Eric et sa sincérité dans ses convictions
00:35:04 et son engagement. - Monsieur le ministre, merci
00:35:06 infiniment d'être venu nous éclairer un peu
00:35:08 sur cette puissance militaire, comme vous avez,
00:35:10 je le disais tout à l'heure, entre vos mains
00:35:12 et le rayonnement de la France. - Entre les mains des Français.
00:35:14 - Entre les mains des Français. On va accueillir nos
00:35:16 cornicules qui arrivent et je veux vous remercier infiniment
00:35:18 pour votre présence. On va
00:35:20 maintenant décrypter un petit peu ce que vous avez vu,
00:35:22 ce que vous avez dit. Marc Monard
00:35:24 arrive, Mathieu Bocoté, Dimitri Pavlenko
00:35:26 et aussi Charlotte
00:35:28 Dornelas. Merci infiniment
00:35:30 pour votre présence. On fait tout
00:35:32 en direct, on est comme ça.
00:35:34 Merci infiniment Sébastien Locornu.
00:35:36 Et merci
00:35:38 pour la franchise de vos
00:35:40 réponses.
00:35:42 Merci beaucoup.
00:35:44 Alors, qu'est-ce qui vous a...
00:35:46 Merci encore, monsieur le ministre. Qu'est-ce qui vous a le plus marqué ?
00:35:48 Je commence par vous, Charlotte,
00:35:50 puisque vous avez écouté
00:35:52 Sébastien Locornu
00:35:54 il y a quelques instants parler du
00:35:56 déploiement militaire de la France
00:35:58 dans le monde
00:36:00 et aussi du non-déploiement
00:36:02 en France.
00:36:04 Il y a plusieurs choses qui marquent.
00:36:06 D'abord, le ministre des Armées
00:36:08 se retrouve par le biais d'un conflit
00:36:10 qui se passe à l'étranger
00:36:12 mais qui implique des ressortissants
00:36:14 français, le conflit entre Israël et
00:36:16 le Hamas. Et on a
00:36:18 le ministre des Armées qui vient et qui
00:36:20 profite, on va dire, du moment,
00:36:22 c'est pas du tout péjoratif, je n'utilise pas le mot
00:36:24 "profiter" dans un sens péjoratif,
00:36:26 mais qui profite pour nous parler de nos armées
00:36:28 dont on connaît assez peu, en effet,
00:36:30 le déploiement à l'étranger. Et vous avez
00:36:32 posé les questions qu'on se pose souvent,
00:36:34 qui reviennent souvent dans le débat public de la présence
00:36:36 des armées en France,
00:36:38 du rôle des militaires en France
00:36:40 par rapport au défi sécuritaire,
00:36:42 j'ajouterai au défi terroriste le défi sécuritaire tout court,
00:36:44 vous avez évoqué le trafic de drogue
00:36:46 notamment, et
00:36:48 c'est important, en fait, que le ministre nous rappelle
00:36:50 qu'on a beaucoup de militaires qui sont engagés,
00:36:52 à quoi servent nos armées aujourd'hui,
00:36:54 partout dans le monde. Donc ça lui
00:36:56 permet, on va dire, de nous instruire
00:36:58 sur ce sujet-là.
00:37:00 - Deux choses. Vous avez posé la question
00:37:02 en fait qui était le fil rouge
00:37:04 discret de cet entretien,
00:37:06 c'était, bon, une fois que l'armée
00:37:08 est partout présente, elle doit l'être, c'est très bien,
00:37:10 mais en France. L'arrière-fond de votre question,
00:37:12 je crois, c'est tout simplement est-ce qu'on n'a pas
00:37:14 à ce point perdu le contrôle du pays
00:37:16 qu'il est nécessaire de faire appel à une force
00:37:18 capable d'user la souveraine puissance
00:37:20 pour restaurer l'ordre dans ce pays ?
00:37:22 Et sa réponse
00:37:24 n'est pas une réponse qu'on doit prendre à la légère,
00:37:26 la fonction de l'armée, ce n'est pas
00:37:28 celle-là. La reconquête du pays,
00:37:30 je devine, je comprends de ce qu'il dit,
00:37:32 que la reconquête du pays, elle est nécessaire,
00:37:34 je comprends qu'il nous dit ne nous trompons pas
00:37:36 de rôle prêté à l'armée.
00:37:40 Si je peux me permettre, la dernière
00:37:42 intervention, au-delà de la lutte antiterroriste,
00:37:44 la dernière intervention décisive
00:37:46 de l'armée en France dans un moment politique,
00:37:48 on appelle ça la fondation de la 5e République
00:37:50 et la prise du pouvoir par le général de Gaulle.
00:37:52 C'est la part non racontée de l'histoire de la 5e République
00:37:54 et de ce point de vue,
00:37:56 il n'est pas insensé de la part du ministre
00:37:58 de dire que la fonction de l'armée n'est pas celle-là,
00:38:00 à moins qu'on soit dans une situation telle.
00:38:02 - Oui, mais c'est intéressant,
00:38:04 parce que ce que disait le ministre, c'est que la fonction
00:38:06 de l'armée, ce n'est pas celle-là, mais c'est justement
00:38:08 parce que ce n'est pas celle-là que les gens
00:38:10 ont envie de faire appel à l'armée.
00:38:12 - Quand les gens posent cette question,
00:38:14 ils disent qu'on a perdu le contrôle,
00:38:16 la police ne peut plus faire...
00:38:18 - Et on appelle à l'armée. - Il faut monter d'un cran
00:38:20 dans la contre-attaque contre ceux qui...
00:38:22 la délinquance conquérante,
00:38:24 contre l'islamisme, et ainsi de suite.
00:38:26 Mais il faut bien comprendre que lorsque le commun des mortels
00:38:28 pose cette question, lorsque vous relayez cette inquiétude
00:38:30 en la posant au ministre,
00:38:32 ce que vous nous dites finalement, ce qu'on dit,
00:38:34 c'est que tout le monde a l'impression qu'on a perdu le contrôle
00:38:36 et il faut changer radicalement notre manière
00:38:38 d'aborder les problèmes d'insécurité
00:38:40 pour peut-être entreprendre ce qu'on appelle la reconquête républicaine.
00:38:42 - Dimitri Pervlakow,
00:38:44 vous qui suivez de près ces sujets
00:38:46 de défense internationale,
00:38:48 de la France à l'international.
00:38:50 - Il y a deux points que je trouvais très intéressants.
00:38:52 D'abord, la première partie est consacrée aux otages
00:38:54 où l'on comprend que le Qatar est clairement
00:38:56 l'avocat de la France auprès des gens
00:38:58 qui comptent dans cette affaire-là,
00:39:00 et notamment auprès du Hamas.
00:39:02 Il y a eu cette phrase du ministre, il a dit "la France n'abandonne
00:39:04 jamais les siens". C'est important,
00:39:06 c'est important de le dire, parce que c'est vrai
00:39:08 que la France, on a eu, on a une tradition,
00:39:10 malheureusement, de prise d'otages.
00:39:12 Et ces prises d'otages avaient pour vocation
00:39:14 de peser sur le cours des choses
00:39:16 et le cours de la diplomatie française.
00:39:18 La question qui se pose sur les otages
00:39:20 d'aujourd'hui, ont-ils été pris
00:39:22 parce qu'ils étaient français ?
00:39:24 Et là, la réponse, évidemment, est non.
00:39:26 Et la question qui s'est posée un petit peu en creux,
00:39:28 est-ce que leur binationalité française
00:39:30 n'était pas finalement, quelque part, un handicap ?
00:39:32 - C'est ça. - Et il vous a répondu, le ministre,
00:39:34 il vous a dit "non, il n'y a pas eu de hiérarchie,
00:39:36 quelque part, qu'il fallait décoder à travers les générations".
00:39:38 - Et c'est une question que tout le monde se pose, parce que
00:39:40 il y a beaucoup d'Allemands, par exemple,
00:39:42 qui ont été libérés. - Oui, oui, alors que l'Allemagne
00:39:44 affirme qu'Israël est raison d'Etat.
00:39:46 Alors que ce qu'il reproche à la France, c'est que
00:39:48 justement, la France est considérée aujourd'hui comme trop
00:39:50 pro-palestinienne. Et on a eu vent d'une
00:39:52 note qui émanait de ce qu'on appelle
00:39:54 la rue arabe au Quai d'Orsay, c'est-à-dire ces diplomates
00:39:56 du monde... - Donc ils auraient dû être libérés
00:39:58 plus tôt. - Voilà, et qui disait "attention, la France
00:40:00 aujourd'hui, elle a mauvaise presse dans le monde arabe,
00:40:02 elle est considérée comme trop pro-palestinienne".
00:40:04 Et lui, évidemment, en tant que ministre des armées,
00:40:06 Sébastien Lecornu, il doit avoir
00:40:08 affaire à ça. Il a fait une annonce importante,
00:40:10 c'est la mobilisation du Dixmud, donc ce
00:40:12 porte-hélicoptère, parce que le Tonnerre, le premier
00:40:14 qui est parti, on nous a dit "navire
00:40:16 hospitalier", "navire hôpital".
00:40:18 - Navire hôpital de guerre.
00:40:20 - Oui, alors on avait compris que le Tonnerre, c'était pas vraiment le cas.
00:40:22 Et donc, il a laissé la place à un vrai
00:40:24 hôpital flottant, si je puis dire,
00:40:26 avec un vrai plateau pour faire
00:40:28 des opérations, des pédiatres.
00:40:30 Il a bien mentionné le fait qu'il y avait des pédiatres à bord
00:40:32 de ce bateau, spécifiquement pour
00:40:34 accueillir des enfants blessés de
00:40:36 Gaza, et ça, on imagine que ça
00:40:38 compte aujourd'hui dans le fait que aussi
00:40:40 des Français, des binationaux Français
00:40:42 ont été libérés. La deuxième chose,
00:40:44 alors ça, il en a moins parlé,
00:40:46 mais c'est important d'avoir ça en tête, c'est qu'en France, l'armée
00:40:48 française, elle est en transition.
00:40:50 Elle est en train de connaître un changement, elle est en train de sortir
00:40:52 de son modèle expéditionnaire, et vous l'avez
00:40:54 rappelé, sous contrainte, sous pression
00:40:56 de ces jeunes militaires qui ont pris le pouvoir
00:40:58 en Afrique, et d'ailleurs le reproche qui est fait
00:41:00 à la France d'avoir des doubles standards,
00:41:02 c'est-à-dire par exemple d'adouber le fils
00:41:04 des Bys au Tchad, mais de
00:41:06 désavouer les jeunes au Mali, au Niger,
00:41:08 et la diplomatie, ça pèse aussi sur les choses
00:41:10 pour l'armée française.
00:41:12 Et alors, chose aussi qui est très intéressante, c'est que
00:41:14 il y a un nouveau commandement qui vient d'être
00:41:16 créé dans l'armée française, un commandement
00:41:18 pour l'armée de terre, un commandement
00:41:20 Europe, et là on comprend que ce
00:41:22 repositionnement, c'est aussi qu'aujourd'hui la menace,
00:41:24 elle est considérée comme majeure sur ce qu'on
00:41:26 appelle le flanc Est. On a trois opérations
00:41:28 en cours, actuellement en Estonie,
00:41:30 on en a une en Roumanie, on forme des
00:41:32 militaires ukrainiens aussi du côté de
00:41:34 la Pologne. Il y a une autre dimension,
00:41:36 parce qu'il a beaucoup insisté sur le fait que le budget
00:41:38 des armées françaises a été massivement
00:41:40 rehaussé, mais nous avons aussi
00:41:42 des problèmes de pauvres. Les problèmes de
00:41:44 pauvres, c'est qu'aujourd'hui, effectivement, l'effort est fait
00:41:46 sur la dissuasion nucléaire,
00:41:48 la voûte nucléaire, il en a parlé,
00:41:50 et le renseignement.
00:41:52 Mais en revanche, quid des chars,
00:41:54 des canons César, de l'artillerie, etc.
00:41:56 de ces 30 000 militaires, vous avez dit que c'est bien
00:41:58 peu quand même pour défendre le sol national français.
00:42:00 Et oui, on est obligé de faire des choix. On a
00:42:02 un autre choix, c'est qu'on a des bases, par exemple
00:42:04 Djibouti, aujourd'hui. Et alors, ces quais
00:42:06 que l'on a à Djibouti, que l'on opère, sur lesquels
00:42:08 des bateaux français sont accostés,
00:42:10 Djibouti nous dit "Vous savez,
00:42:12 on a des projets immobiliers, et on a d'autres,
00:42:14 on a de la concurrence, vous avez les Américains,
00:42:16 vous avez les Chinois aussi, qui eux, pour contre, ne sont pas
00:42:18 regardants sur le prix à payer auprès de Djibouti."
00:42:20 La France, elle a ces problèmes aussi, aujourd'hui,
00:42:22 "financiers", et
00:42:24 vous voyez, tout ce qu'on dit sur la dette publique française,
00:42:26 etc. Voilà une traduction très concrète
00:42:28 de ces problèmes civils,
00:42:30 si je puis dire, qui ont des incidences
00:42:32 militaires immédiates.
00:42:34 - Dans un instant, on va écouter le sonore du
00:42:36 ministre dont vous parliez tout à l'heure, mais marque-moi
00:42:38 votre réaction par rapport à l'intervention
00:42:40 du ministre des Armées.
00:42:42 - Il est véhément,
00:42:44 il essaie de montrer qu'il a de la puissance,
00:42:46 mais, dans le ton,
00:42:48 c'est parfait, reste que,
00:42:50 malheureusement, si on regarde la référence
00:42:52 à De Gaulle, De Gaulle, c'est l'époque
00:42:54 où la France estime qu'elle fait
00:42:56 partie des rares nations
00:42:58 capables d'influencer
00:43:00 dans le domaine
00:43:02 de la guerre et de la régulation
00:43:04 du monde. Si on va
00:43:06 dans ce que disait Dimitri,
00:43:08 déjà, on envoie le tonnerre,
00:43:10 il y a une question à se poser, c'est pas le bateau
00:43:12 adapté, il y a une erreur... - Il est resté en porte, en main-main,
00:43:14 le tonnerre. - Oui, d'accord, mais on l'envoie,
00:43:16 il n'aurait pas dû partir puisqu'il n'était
00:43:18 pas capable de faire la mission qu'on lui envoyait.
00:43:20 - Attendez, Marc, il y avait quand même aussi la nécessité
00:43:22 d'éventuellement protéger, on a des Français au Liban,
00:43:24 voisins, et il y avait cette crainte d'un second front,
00:43:26 et le tonnerre, c'est un porte-hélicoptère, je rappelle,
00:43:28 c'est un bateau militaire, avait un rôle à jouer
00:43:30 dans les possibilités que ça peut avoir. - Bien sûr, mais après,
00:43:32 pour continuer dans ma petite analyse de
00:43:34 boutiquier, quand vous parlez de Djibouti,
00:43:36 nous avons été très forts à Djibouti,
00:43:38 c'était notre base,
00:43:40 c'était notre point de contrôle,
00:43:42 nous étions à cet endroit
00:43:44 ceux qui dominions et qui pouvions
00:43:46 régenter toute la région.
00:43:48 Aujourd'hui, nous sommes tout rikiki
00:43:50 et on doit supporter
00:43:52 la présence de forces beaucoup mieux
00:43:54 équipées que nous. Il y a également
00:43:56 un propos du ministre qui est très intéressant,
00:43:58 parce qu'il rappelait
00:44:00 Donald Reagan sur Star Wars,
00:44:02 et il dit "mais demain,
00:44:04 c'est là-haut que ça va se passer".
00:44:06 Or, on n'aura jamais les moyens
00:44:08 d'être dans cette logique-là.
00:44:10 Est-ce qu'aujourd'hui, la France peut être encore
00:44:12 capable de s'inscrire
00:44:14 dans ce désir de pouvoir
00:44:16 influencer le monde ?
00:44:18 Alors qu'il y a une autre façon
00:44:20 de faire la guerre... - Déjà qu'elle se défend, hein.
00:44:22 - Oui, mais il y a une autre façon
00:44:24 de faire la guerre, on le voit bien.
00:44:26 C'est qu'aujourd'hui, on est des petits bricolos,
00:44:28 vous avez des gars avec des drones
00:44:30 fabriqués pour presque rien,
00:44:32 et qui finissent par pouvoir remporter
00:44:34 des places. Est-ce qu'il ne faudrait pas
00:44:36 perdre, peut-être,
00:44:38 de notre superbe, tout du moins,
00:44:40 mentalement, pour s'inscrire dans
00:44:42 quelque chose de plus rusé,
00:44:44 mais qui nous permettrait d'avoir des actions
00:44:46 plus commandos, ne pas avoir
00:44:48 ce désir d'une envergure
00:44:50 surdimensionnée, que l'on n'aura
00:44:52 jamais les moyens, ni financièrement,
00:44:54 ni au niveau des hommes,
00:44:56 parce que quand on voit tous les
00:44:58 lieux où on doit lutter...
00:45:00 - C'est ça, c'est ça.
00:45:02 - Grâce à vous, il y avait de très beaux éclairages
00:45:04 qui se sont faits. On a pu
00:45:06 imaginer où était l'armée
00:45:08 sur le globe. Mais que
00:45:10 20 000 personnes, vous vous rendez compte ?
00:45:12 - J'aime bien ce mot. - Oui, mais que 20 000,
00:45:14 puisqu'il nous a dit qu'il y en a 10 000
00:45:16 qui sont rivées au territoire.
00:45:18 - On va réécouter le ministre, ensuite je vous fais réagir,
00:45:20 ensuite on va passer à un crépaule.
00:45:22 Il y a beaucoup de choses à dire. Réécoutons
00:45:24 le ministre sur la question qui m'intéresse
00:45:26 énormément.
00:45:28 - Le statut militaire,
00:45:32 la militarité, c'est de tuer sur ordre.
00:45:34 Et le cas échéant, s'il le faut,
00:45:36 pour le pays, de se faire
00:45:38 tuer. Et je veux que personne
00:45:40 n'oublie de ça. Et que les
00:45:42 valeurs militaires, auxquelles j'accorde
00:45:44 énormément d'importance,
00:45:46 elles existent parce qu'il y a une
00:45:48 finalité de mission. Et la
00:45:50 finalité de la mission, c'est de potentiellement
00:45:52 tuer sur ordre. Et donc,
00:45:54 les militaires sont très attentifs au fait
00:45:56 que, justement, on ne les mette pas
00:45:58 à toutes les grèves de bus ou des boueurs.
00:46:00 Pardon de le dire comme ça, mais c'est très
00:46:02 important, y compris dans le lien entre
00:46:04 la nation et son armée.
00:46:06 - La question que vous posiez, et à laquelle il répond
00:46:08 à sa manière, c'est la question du rapport de la France à son
00:46:10 armée, si je peux. L'armée,
00:46:12 dans l'histoire française, depuis la Révolution,
00:46:14 est vue comme un lieu de fabrication
00:46:16 de la nation. C'est un pilier, non seulement
00:46:18 c'est pas un instrument militaire seulement,
00:46:20 c'est bien un instrument militaire, mais c'est aussi
00:46:22 vu comme un lieu qui permet à la nation
00:46:24 de... Enfin, le service militaire
00:46:26 était très interclassiste,
00:46:28 ça permettait à la nation de s'unir,
00:46:30 ça créait une espèce de ciment national,
00:46:32 au-delà des divisions qu'il y avait. Là, qu'est-ce qu'on a
00:46:34 vu quand même ? Les grandes institutions fédératrices
00:46:36 se sont décomposées au fil du dernier siècle.
00:46:38 L'Église catholique, le Parti communiste,
00:46:40 l'armée, la nation,
00:46:42 le gaullisme. Qu'est-ce qu'il nous dit à travers ça ?
00:46:44 C'est que l'armée, aujourd'hui, la ramène à une fonction
00:46:46 militaire plus que légitime.
00:46:48 Plusieurs continuent d'y voir
00:46:50 un dernier recours. C'était votre question.
00:46:52 Au cas où tout se décomposerait...
00:46:54 - On l'a dit pendant les émeutes,
00:46:56 on était limite.
00:46:58 - C'est l'angle mort
00:47:00 du débat public autour de ça.
00:47:02 Est-ce que l'armée pourrait de nouveau avoir
00:47:04 à sauver la France de l'intérieur ? Mais c'est la
00:47:06 question à laquelle on ne veut pas l'associer.
00:47:08 On peut comprendre pourquoi. - Un dernier mot là-dessus.
00:47:10 - La réponse qu'il vous fait, c'est
00:47:12 qu'un militaire, ce n'est pas un policier
00:47:14 avec un plus gros fusil.
00:47:16 Et ça, c'est important quand même.
00:47:18 En revanche,
00:47:20 votre question est le symptôme de quelque chose.
00:47:22 En France, on a cette impression que
00:47:24 l'ordre a perdu sa force.
00:47:26 On parle des forces de l'ordre.
00:47:28 Les forces de l'ordre ont-elles encore de la force ?
00:47:30 Finalement, c'est en ce désir
00:47:32 d'ordre, c'est plutôt un désir
00:47:34 de force à l'ordre,
00:47:36 en l'occurrence. Donc, on se dit
00:47:38 que si les policiers n'y parviennent pas,
00:47:40 parce que les règles d'engagement des armes à feu sont trop contraignantes,
00:47:42 que ce sont les policiers qui se retrouvent devant
00:47:44 la justice, ils ont le malheur d'utiliser leur
00:47:46 pistolet, eh bien,
00:47:48 les militaires, peut-être qu'eux n'auront pas
00:47:50 ces contraintes-là. Mais vous imaginez
00:47:52 des canons César
00:47:54 positionnés face à une cité pour
00:47:56 démanteler du trafic de drogue ? - En tout cas, je vous donne un
00:47:58 apport. - Utiliser un marteau pour chasser
00:48:00 une mouche, on a un outil
00:48:02 qui n'est pas adapté finalement à ces
00:48:04 questions de maintien de l'ordre. - Oui, mais pourquoi
00:48:06 tout le monde fait appel à l'armée ? Je vous donne un rapport, rapidement.
00:48:08 - Il y a deux choses. Il y a les émeutes, et là, je pense
00:48:10 qu'il n'y a pas de rôle de l'armée
00:48:12 à avoir, parce que même si c'est grave,
00:48:14 c'est le rôle même
00:48:16 des forces comme les CRS.
00:48:18 En revanche, la vraie question que vous avez posée,
00:48:20 mais où il s'est défilé, c'est lorsque
00:48:22 dans les cités, aujourd'hui, on est dans une
00:48:24 position d'insurrection. - Et on va l'avoir.
00:48:26 - C'est-à-dire que l'on n'est plus capable de tenir quoi que ce soit.
00:48:28 Ce sont eux, avec des armes,
00:48:30 ils tiennent militairement des lieux.
00:48:32 Alors, est-ce que quand on tient
00:48:34 militairement des lieux,
00:48:36 on est là à dire "oui, mais c'est pas
00:48:38 le rôle de l'armée parce que
00:48:40 ces forces militaires sont des
00:48:42 forces militaires intérieures
00:48:44 et que nous, nous devons lutter à l'extérieur."
00:48:46 - Permettez-moi d'insister là-dessus,
00:48:48 parce que je crois que c'est important. - Dernier mot. - Le rôle de l'armée
00:48:50 dans l'identité nationale en France. Regardez,
00:48:52 partout ailleurs en Occident, la question qui traîne
00:48:54 de temps en temps dans le débat public, est-ce que l'armée
00:48:56 ne devrait pas reprendre les choses en main ?
00:48:58 Ça traîne dans le débat public. La tribune des généraux
00:49:00 dont on parlait il y a un certain temps.
00:49:02 Je m'excuse, mais cette question-là n'existe nulle part
00:49:04 ailleurs en Occident. Pensez à Churchill,
00:49:06 figure importante de la mirotée,
00:49:08 homme qui a fait carrière dans l'armée. En dernière instance,
00:49:10 on parle de lui à la manière d'un grand politique.
00:49:12 Le général de Gaulle, on n'oublie jamais de se rappeler
00:49:14 que c'est un général qui a une attente spécifique
00:49:16 en France, à l'endroit de l'armée, qui n'existe nulle part
00:49:18 ailleurs en Occident. Je crois que c'est important
00:49:20 de le mentionner. - Merci beaucoup.
00:49:22 On pourrait en parler longtemps, mais il y a
00:49:24 eu beaucoup d'actualités aujourd'hui par rapport
00:49:26 à Crépol. Charlotte Dornéas,
00:49:28 je commence par vous. Alors,
00:49:30 on a entendu
00:49:32 Radhiral Darmanin à l'Assemblée nationale,
00:49:34 on a entendu Éric Dupond-Moretti à l'Assemblée nationale.
00:49:36 On en reparlera tout à l'heure. D'abord,
00:49:38 hier, ma chère Charlotte, le journaliste
00:49:40 Patrick Cohen a beaucoup fait réagir
00:49:42 en expliquant que la soirée du bal de Crépol
00:49:44 avait dégénéré à cause d'une remarque
00:49:46 des rugbymen, les cartes
00:49:48 de l'un de ces jeunes extérieurs
00:49:50 à Crépol, qui s'étaient
00:49:52 rendus à la fête.
00:49:54 Beaucoup parlent de désinformation
00:49:56 scandaleuse. - Oui, c'est
00:49:58 objectivement le cas, parce que
00:50:00 Patrick Cohen, là, il œuvre en journaliste,
00:50:02 puisqu'il est journaliste, et beaucoup derrière
00:50:04 lui se sont servis
00:50:06 de l'explication journalistique
00:50:08 de Patrick Cohen pour
00:50:10 faire une analyse qui a été
00:50:12 très rapidement, on a bien compris,
00:50:14 même on a Aurélien Taché qui a
00:50:16 supprimé son tweet, mais qu'il avait écrit à partir
00:50:18 de la chronique de Patrick
00:50:20 Cohen. C'est finalement,
00:50:22 au minimum, les copains rugbymen de
00:50:24 Thomas sont responsables de ce qui est arrivé à Crépol.
00:50:26 C'est exactement le lien
00:50:28 qui est fait. Et ni
00:50:30 Patrick Cohen, ni nous autour de cette table
00:50:32 n'étions à Crépol le soir même.
00:50:34 Donc comment est-ce qu'on fait son métier correctement
00:50:36 quand on n'est pas sur place et qu'on doit
00:50:38 relayer des choses qui se passent sur place ?
00:50:40 Au minimum, on se fait un devoir de
00:50:42 relayer tous les témoignages.
00:50:44 Et si par hasard, on a
00:50:46 envie de choisir, c'est quand même très
00:50:48 étonnant de ne choisir que les témoignages
00:50:50 des personnes qui,
00:50:52 après avoir été en garde à vue,
00:50:54 se retrouvent mises en examen pour
00:50:56 meurtre
00:50:58 en bande organisée, tentative
00:51:00 de meurtre en bande organisée,
00:51:02 violence commise en réunion sous la menace
00:51:04 d'une arme et violation
00:51:06 de l'interdiction judiciaire de porter une arme.
00:51:08 Parce qu'il faut quand même rappeler les choses.
00:51:10 Or, Patrick Cohen ne prend
00:51:12 que cet aspect-là
00:51:14 des témoignages, on va dire,
00:51:16 si on peut les appeler comme ça, en l'occurrence, ça sort des auditions.
00:51:18 Ils ne sont pas venus témoigner tout seuls de ce qui s'était passé.
00:51:20 Or, que nous dit le préfet,
00:51:22 en l'occurrence, sur ces personnes-là
00:51:24 qui ont été gardées à vue, puis celles qui ont été mises
00:51:26 en examen. Un, il n'y en a pas un
00:51:28 qui reconnaît le coup de couteau mortel.
00:51:30 Deux, il n'y a aucune
00:51:32 cohérence dans leur récit sur le moment où ils sont
00:51:34 arrivés, le moment où ils sont repartis, avec qui
00:51:36 ils sont arrivés et comment ils sont repartis.
00:51:38 Donc on sait déjà que c'est assez bancal comme
00:51:40 audition, si je puis me permettre. Que, évidemment,
00:51:42 ils ne sont pas arrivés en disant "bah oui, j'ai fait ci,
00:51:44 oui, j'ai fait ça, je suis arrivé avec un tel".
00:51:46 Ils n'aident pas, clairement,
00:51:48 de ce qu'on sait par le biais du procureur
00:51:50 à la compréhension de ce qui s'est passé dans cette soirée.
00:51:52 Donc qu'un journaliste, alors qu'il a
00:51:54 accès à tous ces témoignages, choisisse
00:51:56 de prendre ceux qui sont le moins crédibles,
00:51:58 des personnes qui sont mises en examen pour des choses
00:52:00 qui, je le précise quand même,
00:52:02 encourt la perpétuité, c'est
00:52:04 clairement de la désinformation.
00:52:06 - C'est-à-dire, pourquoi Patrick Cohen
00:52:08 a eu tort de parler de cette interlocution
00:52:10 dont le procureur a bien parlé, quand même, finalement ?
00:52:12 - Patrick Cohen nous dit "juste
00:52:14 les faits, rien que les faits". Alors, moi, j'ajouterais
00:52:16 "tous les faits, c'est encore mieux".
00:52:18 C'est-à-dire que, en effet,
00:52:20 le procureur
00:52:22 a évoqué
00:52:24 l'altercation initiale, on va dire, dans la soirée.
00:52:26 Simplement, je vais vous citer les deux passages
00:52:28 du communiqué du procureur, c'est la meilleure réponse,
00:52:30 je pense, à Patrick Cohen.
00:52:32 Un, il évoque cette fameuse
00:52:34 altercation sur les cheveux de l'un d'entre eux,
00:52:36 je ne sais pas quoi. Alors,
00:52:38 plusieurs d'entre eux, il parle des gens extérieurs
00:52:40 à Crépol, c'est marqué entre guillemets, j'imagine
00:52:42 que c'est comme ça que les témoins
00:52:44 les ont appelés, plusieurs d'entre eux sont arrivés
00:52:46 un peu plus tôt dans la soirée. Plusieurs
00:52:48 de ces individus extérieurs à Crépol, vus
00:52:50 par certains témoins au cours de la soirée, sont
00:52:52 parfois décrits comme observant les participants
00:52:54 au bal, n'ayant pas, selon des témoins,
00:52:56 l'attitude attendue dans une telle
00:52:58 soirée. Il y a aussi
00:53:00 quelques témoignages les décrivant comme dansants
00:53:02 et participants. Un individu
00:53:04 reconnu parmi les gardés à vue a une altercation
00:53:06 pour un motif futile, je cite
00:53:08 le procureur, pour un motif
00:53:10 futile, qui, selon certains, serait lié à une
00:53:12 remarque sur sa coupe de cheveux. Il sort
00:53:14 alors avec celui qui l'aurait importuné,
00:53:16 clairement dans l'intention de se battre.
00:53:18 Or, les premiers jours, on a des
00:53:20 gamins du bal de Crépol qui nous ont dit
00:53:22 "évidemment, à la fin des bals, ça nous est arrivé
00:53:24 15 fois, le bourre-pif, on se met
00:53:26 des coups et à la fin, on a bu deux verres
00:53:28 de trop et on échange quelques coups de poing".
00:53:30 Qu'ont-ils dit, ces jeunes-là ? Le soir
00:53:32 même, le lendemain, dans les témoignages,
00:53:34 ils disent "mais là, c'était autre chose".
00:53:36 Mais ça, apparemment, s'est passé inaperçu.
00:53:38 Donc, en effet, le procureur répète
00:53:40 "au début, il y a eu un motif futile".
00:53:42 Mais moi, la question que je pose à Patrick Cohen,
00:53:44 il y a eu une remarque sur les cheveux
00:53:46 et derrière, ça explique qu'il y a eu des coups de couteau,
00:53:48 de manière indifférenciée, sur les gens. Je sais pas,
00:53:50 le lien, moi je le fais pas. Apparemment,
00:53:52 Patrick Cohen explique les coups de couteau
00:53:54 par cette remarque-là.
00:53:56 Et surtout, dans un deuxième temps,
00:53:58 dans le communiqué du procureur,
00:54:00 il dit "dans un même laps de temps,
00:54:02 d'autres témoins indiquent
00:54:04 qu'alors que la soirée s'achève,
00:54:06 un ou deux véhicules arrivent à Vivalure
00:54:08 avec plusieurs personnes à bord,
00:54:10 certains les trouvent hostiles, et là,
00:54:12 je cite la phrase importante,
00:54:14 "de façon concordante, tous les individus
00:54:16 extérieurs à Crépole sont alors décrits
00:54:18 comme portant des coups, certains des coups de couteau,
00:54:20 jetant des pierres ou des barrières,
00:54:22 s'en prenant indistinctement aux gens
00:54:24 de Crépole". Donc, il y a
00:54:26 deux phases dans cette soirée.
00:54:28 Il y a en effet une première altercation qui jamais
00:54:30 ne justifie
00:54:32 des coups de couteau sur qui que ce soit
00:54:34 dans la soirée, même sur celui qui a fait la remarque,
00:54:36 j'espère que tout le monde est capable de s'entendre
00:54:38 là-dessus, et dans un deuxième temps,
00:54:40 il y a bien des voitures qui arrivent à la fin
00:54:42 de la soirée, des hommes qui descendent
00:54:44 et qui plantent à coups de couteau avec des barrières
00:54:46 ou avec des pierres, de manière indifférenciée
00:54:48 dans cette soirée. Donc, oui, il y a
00:54:50 clairement une désinformation dans la manière
00:54:52 dont Patrick Cohen livre son
00:54:54 récit, hier,
00:54:56 sur le plateau. - D'autant plus
00:54:58 qu'il y a également un homme armé
00:55:00 qui tire dans la voiture.
00:55:02 Mais Patrick Cohen, c'est normal
00:55:04 parce que c'est pas un journaliste, Patrick Cohen,
00:55:06 c'est un journaliste partisan,
00:55:08 c'est un journaliste idéologue.
00:55:10 Il suffit de le suivre une fois de temps en temps
00:55:12 et de se dire "Tiens, je vais écouter
00:55:14 quelqu'un qui me parle de l'actualité".
00:55:16 Il habille l'actualité, il la
00:55:18 falsifie, c'est sa signature,
00:55:20 c'est sa façon d'être. Bon, il
00:55:22 fait carrière grâce à ça, très bien,
00:55:24 mais on ne peut pas se référer à
00:55:26 Patrick Cohen quand on est, par exemple,
00:55:28 un professeur dans une école de journalisme
00:55:30 aussi, dire "Voilà, écoutez
00:55:32 Patrick Cohen, ce que vous
00:55:34 devrez jamais, jamais, jamais
00:55:36 faire". C'est-à-dire qu'il cherche toujours
00:55:38 à servir la cause qui est
00:55:40 la sienne, ce
00:55:42 Biniouioui d'un monde
00:55:44 nouveau dans lequel l'indigénisme,
00:55:46 dans lequel
00:55:48 le néo-féminisme,
00:55:50 enfin, toutes les tendances
00:55:52 woke, il est un journaliste du
00:55:54 woke, il est là pour le servir,
00:55:56 il le fait comme il le peut.
00:55:58 - Non mais Dimitri, par l'inco, ça veut
00:56:00 dire aussi que peut-être sur
00:56:02 plusieurs types d'informations,
00:56:04 justement, on a
00:56:06 la moitié de l'information. - Oui, ben en fait...
00:56:08 - Ou on a de la désinformation pour de
00:56:10 l'information. - Ce qu'il veut dire, c'est que
00:56:12 les éléments qu'il porte, qu'il verse
00:56:14 au dossier médiatique, si je puis dire,
00:56:16 en fait, étaient déjà là. Moi,
00:56:18 ce qu'il raconte, c'est-à-dire, à savoir
00:56:20 cette altercation après la diffusion de
00:56:22 cette chanson, qui s'appelle "Chiquita",
00:56:24 qui parle d'une fille, et il y aura un rugbyman
00:56:26 qui aurait dit à l'un des jeunes
00:56:28 de Romance sur les herbes "Ben, t'as les cheveux longs, Chiquita",
00:56:30 et que ce serait le point de départ.
00:56:32 Très bien, mais Charlotte a raison d'insister,
00:56:34 c'est-à-dire qu'il faut prendre la scène et ce que l'on en sait,
00:56:36 parce que nous ne sommes pas les juges d'instruction.
00:56:38 Et d'ailleurs, les enquêteurs le disent,
00:56:40 il y a des trous dans la raquette,
00:56:42 dans l'histoire, on ne sait pas tout.
00:56:44 Et nous, médias, nous positionnons,
00:56:46 les journalistes se positionnent aussi,
00:56:48 en fonction de ce qu'il en ressort, parce que
00:56:50 nous cherchons un sens à ces événements.
00:56:52 Patrick Cohen s'arrête, effectivement,
00:56:54 très tôt dans l'altercation,
00:56:56 et la suite, à savoir
00:56:58 "On est là pour planter du blanc",
00:57:00 "La bande organisée", "Les coups de feu",
00:57:02 c'est-à-dire l'ensemble de la scène, de la pièce qui s'est déroulée
00:57:04 à Crépole la semaine dernière, ça, il n'en fait pas mention.
00:57:06 Parce que ce qu'il sous-entend, c'est
00:57:08 "Mais le point de départ, finalement, les coupables,
00:57:10 qui sont-ils ? Ce sont peut-être les propres victimes,
00:57:12 ces gens, finalement, ont cherché
00:57:14 leur malheur, parce que finalement,
00:57:16 et alors si on tire le fil jusqu'au bout, ça veut dire quoi ?
00:57:18 C'est-à-dire que vous avez des jeunes
00:57:20 de cité qui viennent à votre bal,
00:57:22 bon, ben, laissons-les tranquilles, ne nous approchons pas d'eux
00:57:24 parce qu'on peut mourir". C'est ça qu'il est en train de dire.
00:57:26 Et accepter ça, c'est ça que sous-entend
00:57:28 Patrick Cohen, c'est ça, moi, la question que je souhaiterais
00:57:30 lui poser. Donc au nom d'un
00:57:32 rétablissement de la vérité, parce que c'est ça qu'il est en train
00:57:34 de nous dire, "Vous n'avez une vérité que partielle,
00:57:36 on vous ment, on vous manipule",
00:57:38 eh bien, quelque part, lui aussi cède exactement
00:57:40 à la même tendance et fait exactement la même chose. Moi, j'ai pas
00:57:42 peur des faits. On l'a déjà dit, nous, notre métier,
00:57:44 c'est l'information. On est là pour informer,
00:57:46 on essaie de donner un sens aux choses. Si les gens achètent
00:57:48 notre version, tant mieux. Mais moi, si vous voulez,
00:57:50 j'ai pas de problème avec l'honnêteté des faits.
00:57:52 Et en l'occurrence, je pense que Patrick Cohen, lui,
00:57:54 il a l'honnêteté extrêmement sélective sur cette histoire-là.
00:57:56 Mathieu Boncote, une réaction
00:57:58 sur, effectivement, Patrick Cohen
00:58:00 et ensuite sur
00:58:02 Yannick Dupond-Méretti et le
00:58:04 Rassemblement national. On a passé l'extrait
00:58:06 tout à l'heure et le Rassemblement national qui porte plate.
00:58:08 Alors, en deux temps, moi, je désindividualiserai
00:58:10 le récit, si vous me permettez cette image,
00:58:12 donc Patrick Cohen. Mais fondamentalement, moi, je parle en termes
00:58:14 de régime. Le régime
00:58:16 attendait d'abord et avant tout le moment
00:58:18 où on passerait du fait divers à "il faut
00:58:20 véritablement s'inquiéter". Ce moment, on le sait,
00:58:22 c'est arrivé lorsque
00:58:24 les manifestants d'ultra-droite sont allés
00:58:26 dans le quartier de la monnaie. Et là, ça devient
00:58:28 important. Là, le régime s'est activé, la vraie
00:58:30 menace se manifeste. Ce sont ces
00:58:32 manifestants. Ce n'est pas le coup de couteau,
00:58:34 d'autant que si je comprends bien le récit qu'on nous en propose
00:58:36 médiatiquement aujourd'hui, c'est comme si
00:58:38 finalement, Thomas avait donné un coup de ventre à un couteau.
00:58:40 Et ça s'était mal passé pour lui.
00:58:42 Donc, je dis pas que c'est le récit de Patrick Cohen,
00:58:44 c'est le récit qui traîne dans les médias.
00:58:46 Premier élément, le régime
00:58:48 attendait un récit, une forme
00:58:50 de rappel à l'ordre narratif pour dire
00:58:52 voilà ce qui s'est passé et surtout voilà ce qui ne s'est
00:58:54 pas passé. Voilà les faits qu'on peut retenir,
00:58:56 voilà les faits qui ne sont pas pertinents.
00:58:58 Et ce qu'on comprend, l'élément central
00:59:00 depuis quelques jours, c'est de nous expliquer que
00:59:02 le racisme anti-blanc n'est pas pertinent.
00:59:04 Vous avez beau avoir neuf témoignages
00:59:06 qui disent que c'est quand même pas un détail,
00:59:08 vous avez beau avoir des gens qui, quoi qu'on en dise, ont une conscience
00:59:10 communautaire lorsqu'ils se
00:59:12 manifestent, ont décret que ce n'est pas pertinent.
00:59:14 Pourquoi ? Parce que ça viendrait
00:59:16 troubler le récit de la diversité
00:59:18 heureuse. Et je bascule alors
00:59:20 à votre question sur Dupond-Moretti
00:59:22 qui représente
00:59:24 l'expression caricaturale, si je peux me permettre.
00:59:26 Vous voulez opposer la France des campagnes à la France
00:59:28 des cités des Mohamed Rachid et Mouloud ?
00:59:30 Oui, ce qu'il nous dit fondamentalement, premièrement
00:59:32 je vois que pour lui les prénoms sont importants. Encore une fois,
00:59:34 c'est toujours intéressant de savoir quand on utilise les prénoms.
00:59:36 Ensuite, lorsqu'il dit, si je ne me trompe pas
00:59:38 Marine Le Pen, chassez les nazions de
00:59:40 votre parti, là fondamentalement ce qu'on
00:59:42 comprend c'est le récit. L'extrême-droite
00:59:44 est la véritable menace, l'ultra-droite
00:59:46 est sa frange avancée.
00:59:48 Et à travers cela, si on fait référence à des nazions,
00:59:50 c'est que le RN serait en fait le visage
00:59:52 aujourd'hui
00:59:54 respectabilisé de l'éternelle
00:59:56 tentation du 3e Reich qu'on prête à ce courant
00:59:58 politique. Finalement, sachant
01:00:00 qu'au terme de ce moment où Thomas
01:00:02 est tombé, il faut le rappeler,
01:00:04 le point d'aboutissement de tout ça, c'est qu'on rejoue
01:00:06 la 2e guerre mondiale avec dans le camp des
01:00:08 méchants, tous ceux d'Éric Ciotti
01:00:10 jusqu'au manifestant
01:00:12 de la monnaie,
01:00:14 tous ceux qui n'acceptent pas l'idée
01:00:16 que ce n'était qu'un fait divers, tous ceux qui n'acceptent
01:00:18 pas l'idée que le racisme anti-blanc est une donnée
01:00:20 secondaire dans tout ça, tous ceux qui n'acceptent
01:00:22 pas la neutralisation du sens des événements,
01:00:24 tous ceux qui n'acceptent pas cette idée que le réel
01:00:26 ne doit pas être mentionné parce que le réel
01:00:28 vient troubler l'idéologie dominante,
01:00:30 au terme de ça, tous ceux-là seront nazifiés.
01:00:32 - Charles-Audrey Nélas, le
01:00:34 RN a raison de porter plainte ?
01:00:36 - Ah oui, ils ont évidemment raison de porter plainte
01:00:38 parce que là, c'est pour des propositions complètement dingues
01:00:40 et c'est le mot qui est utilisé, mais surtout
01:00:42 Éric Dupond-Moretti, là, pour moi c'est
01:00:44 le spectacle du raccrochage en effet
01:00:46 dont nous parle Mathieu, "Ah ça y est, on se raccroche à ce
01:00:48 qu'on connaît, super, ça fait du bien." Pourquoi
01:00:50 je dis ça ? Parce qu'il raccroche dans l'actualité,
01:00:52 il dit à la fin "nos compatriotes
01:00:54 juifs ont peur",
01:00:56 ça ne rentre pas exactement dans ce qui s'est passé à Crépole,
01:00:58 ils ont peur pour de très bonnes raisons
01:01:00 qu'on a évoquées longuement ces dernières
01:01:02 semaines, ensuite il dit "nos compatriotes
01:01:04 des...", alors je ne sais plus s'il dit
01:01:06 "des cités" ou je ne sais pas comment il le dit,
01:01:08 "ont peur également" et les
01:01:10 seuls qui ne sont pas mentionnés sur
01:01:12 le terrain de la peur sont les habitants de Crépole
01:01:14 qui viennent d'être frappés, mais c'est quand même
01:01:16 inouï en fait, le ministre de la
01:01:18 justice qui n'était pas là la semaine dernière pour commenter
01:01:20 ce qui se passait, c'est complètement dingue.
01:01:22 - Ce qui est extraordinaire c'est quand il
01:01:24 dit dans les banlieues
01:01:26 "nos compatriotes ont peur", alors
01:01:28 là il dit "les compatriotes" et avant il a
01:01:30 donné "des mouloudes" etc.
01:01:32 C'est là qu'il fait une différenciation dans la
01:01:34 banlieue, dans la banlieue il y a des gens
01:01:36 qui sont identifiables par leur
01:01:38 prénom et les autres qui subissent
01:01:40 cela, eh bien soudain
01:01:42 ils deviennent "nos compatriotes qui ont
01:01:44 peur", mais là il faut lui
01:01:46 retourner l'élément
01:01:48 qu'il met en avant vis-à-vis
01:01:50 du Front National en disant
01:01:52 "nettoyez, enlevez vos
01:01:54 nasillons, enlevez ceux
01:01:56 qui dans les banlieues empêchent
01:01:58 la voie démocratique
01:02:00 d'exister, qui empêche ces gens
01:02:02 qui sont français, d'origine
01:02:04 étrangère, de ne pas pouvoir
01:02:06 vivre dans la République, que
01:02:08 ces gens cherchent à imposer
01:02:10 une autre façon d'exister, d'autres
01:02:12 mœurs, mais ça non, apparemment
01:02:14 il n'a pas envie d'avoir
01:02:16 ce "nettoyage-là".
01:02:18 - Oui bah en fait, alors peut-être
01:02:20 qu'il est un peu tendu Eric Dupond-Moretti
01:02:22 parce que vous savez que demain il a une échéance importante,
01:02:24 il y a le jugement qui doit être rendu
01:02:26 par la Cour de justice de la République
01:02:28 pour son affaire de prise illégale d'intérêt.
01:02:30 Non, moi ce qui me frappe c'est que la semaine dernière
01:02:32 on a Olivier Véran, porte-parole du
01:02:34 gouvernement, qui nous dit qu'on ne peut pas résumer
01:02:36 une situation aussi compliquée que Crépol' en un mot,
01:02:38 le mot c'était "ensauvagement". Et donc
01:02:40 il désavouait son collègue Gérald Darmanin.
01:02:42 Le même Olivier Véran, hier
01:02:44 qui en se rendant à Crépol' nous dit
01:02:46 "un basculement est en cours". Et là ce matin
01:02:48 Eric Dupond-Moretti nous dit
01:02:50 que finalement, ce sont
01:02:52 les fascistes le problème, c'est cette
01:02:54 ultra droite, et dont Jean-Yves Camus
01:02:56 était quand même en punchline chez Laurence Ferrari
01:02:58 juste avant cette émission, qui c'est 3000 individus
01:03:00 stables. Donc quand même en termes
01:03:02 de menaces fascistes c'est quand même assez groupusculaire.
01:03:04 Alors moi c'est-à-dire que
01:03:06 moi je suis là, je suis français, je me dis mais
01:03:08 le gouvernement qu'est-ce qu'il pense en fait ? C'est quoi la ligne gouvernementale
01:03:10 sur cette histoire de Crépol' ? Je n'y comprends
01:03:12 plus rien. Alors peut-être
01:03:14 qu'il y a des chapelles au sein du gouvernement, mais
01:03:16 enfin bon, tout ça n'est pas très lisible.
01:03:18 Alors justement, Mathieu Bocoté,
01:03:20 3 minutes et 2 questions. Maintenant
01:03:22 on sent que c'est une histoire qui annoncerait
01:03:24 la montée dangereuse
01:03:26 de l'extrême droite en France en fait. Tout est inversé.
01:03:28 Parfait. C'est le récit
01:03:30 médiatique. Vous savez le récit médiatique a été fragilisé.
01:03:32 Le récit du régime depuis
01:03:34 le 7 octobre. D'abord
01:03:36 on le sait, on s'est demandé
01:03:38 si Jean-Luc Mélenchon jouerait
01:03:40 finalement le rôle de grand Satan de la République.
01:03:42 Est-ce qu'on allait assister à une inversion des pôles ?
01:03:44 Est-ce que LFI jouerait désormais
01:03:46 le rôle du RN ?
01:03:48 Pendant 3 semaines on s'est demandé ça. Est-ce que ça allait arriver ?
01:03:50 La controverse s'arrête
01:03:52 à quel moment ? Lorsqu'on essaie de
01:03:54 ressortir une déclaration de Jean-Marie Le Pen
01:03:56 de 1987, censée désormais
01:03:58 révéler la véritable nature du
01:04:00 RN d'aujourd'hui. Et Jordan Bardella
01:04:02 dans les circonstances est même accusé d'antisémitisme.
01:04:04 C'est quand même absolument lunaire.
01:04:06 Donc là, on venait de balayer
01:04:08 l'inquiétude première. Est-ce que LFI va prendre
01:04:10 la place du RN ?
01:04:12 Deuxième inquiétude, là il y a Crépole.
01:04:14 Est-ce qu'on va encore une fois devoir croire
01:04:16 que la délinquance conquérante,
01:04:18 que les liens anti-immigration
01:04:20 et délinquance sont un véritable problème en France ?
01:04:22 Donc le système médiatique se met
01:04:24 en suspens.
01:04:26 "Faits divers, faits divers, faits divers,
01:04:28 vous ne verrez rien d'autre ici qu'un
01:04:30 faits divers et si vous voyez autre chose,
01:04:32 c'est bien la preuve que vous êtes un nazi."
01:04:34 Et là, on l'a dit, la
01:04:36 "contre-attaque" arrive avec
01:04:38 les militants d'ultra-droite, le régime
01:04:40 pousse un immense cri de soulagement
01:04:42 et là, la machine à diaboliser,
01:04:44 à fasciser, à extrême-droitiser se met
01:04:46 en place. Donc c'est comme si un
01:04:48 retour à l'ordre narratif a eu lieu.
01:04:50 Je note, soit dit en passant, que deux députés
01:04:52 de la NUPES aujourd'hui ont proposé une proposition de résolution
01:04:54 pour condamner la théorie du grand remplacement
01:04:56 en disant que la théorie du grand remplacement
01:04:58 ce n'est pas une opinion, c'est potentiellement un délit.
01:05:00 On voit qu'à travers cela, peu importe
01:05:02 ce qu'on pense de cette théorie, l'extension du domaine
01:05:04 de l'interdit pour criminaliser la remise
01:05:06 en question de l'immigration massive. Et pendant ce temps,
01:05:08 si j'ai bien compris, les parents de Thomas
01:05:10 disent "est-ce qu'on pourrait néanmoins tenir compte
01:05:12 du fait qu'il y avait une dimension de la
01:05:14 haine raciale contre les Blancs à travers tout ça
01:05:16 mais seront-ils entendus ?
01:05:18 À ce que j'ai compris, pour l'instant, le réel ne passera pas.
01:05:20 Surtout le réel vécu par les habitants de Crépole.
01:05:22 - Merci beaucoup
01:05:24 Mathieu Beaucoté. Donc on a bien compris.
01:05:26 C'est votre dernier mot ?
01:05:28 - Je voudrais un dernier mot. En fait, je pense qu'aujourd'hui,
01:05:30 la vie politique se partage entre deux camps.
01:05:32 Il y a ceux qui sont fondamentalement indignés
01:05:34 par ce qui s'est passé à Crépole
01:05:36 et le sort réservé à Thomas
01:05:38 et il y a ceux qui s'indignent du fait qu'on s'indigne.
01:05:40 - Merci beaucoup.
01:05:42 Merci Mathieu, merci Dimitri, Charlotte, Marc.
01:05:44 Tout de suite, l'heure des pro 2.
01:05:46 Excellente suite de programme.
01:05:48 Merci à tous !
01:05:50 Merci d'avoir regardé cette vidéo !

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