Face à l'Info (Émission du 28/12/2023)

  • l’année dernière
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

Category

🗞
News
Transcript
00:00:00 -Bonsoir à tous. Bienvenue dans "Face à l'info".
00:00:02 Avec moi, pour m'accompagner, Michel Thaube.
00:00:05 -Bonsoir. -Fondateur d'opinion internationale,
00:00:08 Vincent Roy. -Bonsoir.
00:00:09 -Journaliste Olivier Dartigolle. -Bonsoir.
00:00:12 -Chroniqueur politique et Raphaël Stainville.
00:00:15 -Bonsoir. -Journaliste au JDD.
00:00:16 Commençons nos débats dans un instant.
00:00:19 Le point sur l'actualité avec Mathieu Devese.
00:00:22 -Bonsoir à tous.
00:00:23 A la une de l'actualité, le père de famille soupçonné
00:00:26 a tué sa femme et ses 4 enfants à mots a été mis en examen et écroué.
00:00:31 L'homme de 33 ans dit avoir entendu des voix
00:00:34 qui lui demandaient de faire du mal.
00:00:36 D'après les résultats des autopsies, la mère et ses filles
00:00:39 ont été victimes d'une dizaine de coups de couteau chacune.
00:00:42 Les garçons sont morts après avoir été noyés.
00:00:45 L'enseigne Habita a été placée en liquidation judiciaire.
00:00:48 Une décision prise en raison de ses graves difficultés financières.
00:00:51 Ce qui scelle le sort d'une enseigne qui a démocratisé le design
00:00:55 de son bouton de témoignage.
00:00:57 Habita France emploie 315 salariés dans ses 25 magasins
00:01:00 pour un chiffre d'affaires de 65 millions d'euros l'année dernière.
00:01:03 Enfin, les drapeaux de la Commission européenne sont en berne
00:01:07 après la mort de Jacques Delors, l'Union européenne
00:01:10 qui a perdu l'un de ses plus éminents bâtisseurs,
00:01:13 mort hier à l'âge de 98 ans.
00:01:14 Jacques Delors fut président de la Commission européenne
00:01:17 pendant 10 ans et ministre de l'Economie et des Finances
00:01:21 de François Mitterrand.
00:01:22 Il a perdu sa chance lors de l'élection présidentielle de 1995.
00:01:26 - Merci à vous, Mathieu Dewez.
00:01:28 On vous retrouve à 20h pour un prochain journal.
00:01:32 Au sommaire de ce "Face à l'info" ce soir.
00:01:34 On parlera d'abord avec vous, Vincent Roy, de la censure.
00:01:38 Vous allez vous demander d'où elle vient.
00:01:40 Je vous donne un petit indice.
00:01:42 Elle vient plutôt du côté de l'extrême-gauche.
00:01:45 Pour comprendre comment on en est arrivé là,
00:01:48 vous allez convoquer l'histoire et vous remontrez jusqu'à la Révolution.
00:01:52 Les Français ne se sont échappés du centre de rétention
00:01:55 de Paris-Vincennes lundi.
00:01:57 Ils sont toujours recherchés par les forces de l'ordre.
00:02:00 Mais ce n'est pas le seul incident dans ce genre d'établissement.
00:02:04 2023, une année compliquée pour les forces de l'ordre.
00:02:07 Les tensions dans le pays les mobilisent de plus en plus.
00:02:10 Il a fallu gérer les manifestations, protéger les lieux à risque,
00:02:14 sécuriser la coupe du monde de rugby, la venue du pape,
00:02:17 faire face aux émeutes et aux déclarations véhémentes
00:02:20 par les militants.
00:02:22 - L'intelligence artificielle peut-elle prévoir la date de notre décès ?
00:02:28 On vous posera la question.
00:02:30 Est-ce que c'est un progrès ou une source d'inquiétude ?
00:02:33 On en débattra.
00:02:34 Vous nous montrerez d'autres exemples de l'intelligence artificielle.
00:02:38 Pour terminer, Vincent Roy, un comble.
00:02:41 La CGT va devoir licencier en raison d'une mauvaise gestion.
00:02:45 Le syndicat va devoir s'attaquer à la masse salariale.
00:02:48 Tout de suite, c'est votre "Face à l'info".
00:02:51 - Vincent, on commence avec vous.
00:03:05 Vous allez nous expliquer en quoi l'extrême-gauche
00:03:08 fabrique de la censure.
00:03:10 - Il ne faut pas être grand clair pour reconnaître
00:03:14 que la censure idéologique vient de ce que j'appelle
00:03:17 la gauche extrême.
00:03:18 Au vrai, ce qui compte pour cette gauche radicale
00:03:21 ou hébertiste, dont par exemple le sociologue Geoffroy de Laguernerie
00:03:25 est l'une des voix, mais elles sont légion,
00:03:28 c'est le triomphe de la justice et de la pureté sur la loi.
00:03:33 Ainsi, tout débat doit-il cesser au motif qu'il y a,
00:03:37 je le cite, "des paradigmes irréconciliables".
00:03:40 On coupe le son.
00:03:42 Je suis contre le paradigme du débat,
00:03:44 contre le paradigme de la discussion,
00:03:46 lance encore notre sociologue.
00:03:48 Il n'est plus question d'échanger des idées,
00:03:50 de se confronter, de se disputer au sens premier,
00:03:53 je pense aux disputes hâtio.
00:03:54 Dans cette perspective, il est naturel de rétablir la censure.
00:03:57 Pourquoi ?
00:03:58 C'est la dictature des minorités qui vous parle.
00:04:00 Mais pour que les opinions justes prennent le pas sur les injustes,
00:04:05 que les hommes purs dominent les hommes impurs.
00:04:07 La liberté d'expression, oui, mais pas pour tous.
00:04:10 Et le mépris souverain pour les autres,
00:04:12 ceux qui sont prétendument fascistes, car ils pensent mal.
00:04:16 La morale, ou plutôt la moraline, a de beaux jours devant elle.
00:04:19 Elle devient l'épicentre de la pensée politique.
00:04:21 Elle est le symptôme d'une vieille, très vieille maladie française.
00:04:25 Soyez purs et vous connaîtrez la grande santé,
00:04:27 puisque vous appartiendrez au camp du bien.
00:04:30 Voltaire, que j'ai eu au téléphone ce matin, m'a dit,
00:04:34 "Quiconque me dit 'pense comme moi ou Dieu te damnera'
00:04:37 me dira bientôt 'pense comme moi ou je t'assassinerai'".
00:04:41 Les doctrinaires de l'Histoire forment système,
00:04:43 je le dis comme Roland Barthes.
00:04:45 Leur piège est au fond toujours le même depuis Deslustres.
00:04:49 La haine de la liberté, vous l'admettrez, est tout de même très suspecte.
00:04:52 Pasolini ne s'y est pas trompé.
00:04:54 Le fascisme reviendra, il s'appellera antifascisme.
00:04:58 La société, ce gros animal comme l'appelait Nietzsche,
00:05:01 m'explique sur tous les tons que l'important, c'est de vivre ensemble.
00:05:05 Je me demande évidemment quel vide cette formule masque recouvre.
00:05:09 Enfin, foutez, la réponse est dans la question.
00:05:11 Il y a deux Frances irréconciliables,
00:05:14 pire, et on le dit trop vite,
00:05:16 mais deux Frances qui ne peuvent plus se parler.
00:05:19 Il y a deux réalités, deux vérités surtout.
00:05:22 Il y a une France sourde, mais pas muette.
00:05:25 - Et est-ce qu'il faut en appeler à l'Histoire
00:05:27 pour comprendre l'idéologie de la gauche radicale ?
00:05:29 - C'est intéressant, c'est éclairant de remonter à la Révolution
00:05:33 pour comprendre le phénomène.
00:05:35 Ceux qui sont atteints de cette maladie infantile
00:05:37 qui s'appelle la mélanchonite, pour Lénine c'était le gauchisme,
00:05:40 vont comprendre ce que je veux dire.
00:05:42 D'ailleurs, si vous m'entendez bien, vous allez aussi entendre
00:05:45 entre les lignes le chef des Insoumis
00:05:47 dans la voix d'un célèbre député d'Arras, le sous-texte.
00:05:49 Ici, vous allez le voir à son importance.
00:05:51 Parlons cinq minutes de Jeanne Dubarry,
00:05:54 qui devrait incarner, ou qui devait incarner,
00:05:58 tout ce que la Révolution aime.
00:06:00 On pense d'emblée à sa naissance infâme, à son défaut d'origine,
00:06:02 et pourtant, le procès en féminisation
00:06:05 que fera la Révolution à la monarchie,
00:06:07 lui sera entre autres fatal.
00:06:10 La Révolution, quoi qu'on en pense, c'est la morale,
00:06:13 laquelle est contenue dans le mouvement des Lumières
00:06:15 qui plaide pour la socialisation du sentiment.
00:06:17 Les Lumières, ce n'est pas simplement le droit naturel,
00:06:19 la raison ou le contrat social de Rousseau,
00:06:23 c'est aussi les contes de Gessner.
00:06:25 Les Lumières, c'est la socialisation du sentiment,
00:06:27 lequel est très largement emprunt de morale.
00:06:29 On va tuer au nom de la morale sous la Révolution.
00:06:32 On va tuer pour soulager la misère du peuple.
00:06:36 "Il est souffrant, le peuple", dira Robespierre.
00:06:38 Il faut plaider sa cause.
00:06:40 Nous sommes les frères des infortunés.
00:06:42 Il fera du vice et de la vertu les destins de la Terre.
00:06:45 Le peuple, lui, est du côté de la vertu.
00:06:48 La morale, toujours et d'abord.
00:06:50 C'est elle qui sépare les bons et les méchants,
00:06:52 les patriotes et les traîtres,
00:06:54 bientôt, les riches et les pauvres.
00:06:56 En 1793, le 21 novembre,
00:06:59 ou plutôt le 1er frimaire en 2,
00:07:01 au club des Jacobins,
00:07:03 le député du tiers-état d'Arras en appelle
00:07:05 à la vengeance céleste
00:07:08 d'un dieu de providence contre les tyrans.
00:07:10 Ce dieu est consolateur par nature.
00:07:12 C'est parti.
00:07:14 La consolation est du côté de la terreur.
00:07:16 Voici comment on peut justifier
00:07:18 la violence d'État.
00:07:21 Dans l'inventaire de la bibliothèque
00:07:23 de Mme Dubarry, il y a Crébillon Fils,
00:07:25 un auteur libertin,
00:07:27 qui côtoie les comptes moraux de Diderot.
00:07:29 Il fallait trancher dont acte la femme
00:07:32 est contre-révolutionnaire
00:07:34 et partant, la sexualité est contre-révolutionnaire.
00:07:36 L'une des premières mesures demandées
00:07:38 par les députés du tiers-état parisien
00:07:40 aux élections parisiennes de mars 1789,
00:07:43 dans les cahiers de doléances,
00:07:45 c'est l'enfermement systématique
00:07:47 de toutes les prostituées parisiennes.
00:07:49 Il y en avait entre 30 et 40 000.
00:07:51 La morale privée va s'appliquer
00:07:54 désormais à la vie publique.
00:07:56 Revenons en arrière avec la question de l'égalité.
00:07:58 La question de la révolution ne se pose pas
00:08:00 dans la seconde moitié du XVIIIe siècle,
00:08:02 je crois qu'on l'a oublié,
00:08:05 mais c'est la question de l'exercice du pouvoir.
00:08:07 Absolutisme monarchique d'un côté,
00:08:09 incarné par Louis XV,
00:08:11 et que va soutenir Jeanne du Paris,
00:08:13 de l'autre, une sorte d'aristocratie oligarchique
00:08:16 qui serait représentée par les pères de la nation
00:08:18 en qui les parlementaires du Parlement de Paris se voient.
00:08:20 D'où cette guerre de tranchées durant tout le siècle
00:08:22 entre les parlements et l'exercice du pouvoir royal.
00:08:24 Elles sont là, les causes de la révolution.
00:08:27 Elles ne sont pas dans l'égalité.
00:08:29 Cette notion viendra plus tard, en 1789,
00:08:31 au moment de la convocation des États généraux,
00:08:33 et appellera le tournant égalitaire.
00:08:35 "Pour des raisons d'anachronisme",
00:08:38 explique l'historien Emmanuel de Varesquiel,
00:08:40 spécialiste de la révolution et biographe éminent
00:08:42 de Madame du Paris,
00:08:44 "la question du féminisme ne se pose pas,
00:08:46 celle de l'émancipation des femmes se pose,
00:08:49 en revanche, autour de la figure de Jeanne,
00:08:51 autour de cette figure,
00:08:53 en termes d'émancipation juridique,
00:08:55 dans les usages,
00:08:57 dans l'apparence même des femmes,
00:09:00 et d'ajouter, et ça c'est très important,
00:09:02 la révolution, c'est le passage du goût grec
00:09:04 au goût romain.
00:09:06 Le goût grec,
00:09:08 c'est le goût féminin de la fin du XVIIIe siècle,
00:09:11 si vous voulez pour faire court,
00:09:13 c'est Vigée Le Brun.
00:09:15 Le goût romain, c'est celui des hommes,
00:09:17 c'est David. Et David, c'est pompier, c'est pomplard,
00:09:19 c'est lourd, enfin, pour moi,
00:09:22 pas un peintre.
00:09:24 On passe de l'une à l'autre.
00:09:26 Point de lendemain, la fête est finie.
00:09:28 - Est-ce que c'est si radical que ça ?
00:09:31 - En février dernier, Rima Abdoulmalak
00:09:33 avait ouvertement menacé ses news
00:09:35 de fermeture. Mathieu Boccoté commentait
00:09:37 dans le Figaro, "Certains virent
00:09:39 alors dans cette déclaration un dérapage.
00:09:41 Il n'en était rien. La ministre
00:09:44 se faisait alors l'écho d'une tentation
00:09:46 autoritaire de plus en plus avouée
00:09:48 de la gauche radicale à l'extrême centre,
00:09:50 en appelant à la censure des médias,
00:09:52 contrevenant à l'idéologie dominante,
00:09:55 accusée de produire et de relayer un discours haineux,
00:09:57 on appelle discours haineux aujourd'hui,
00:09:59 tout discours qui s'oppose ouvertement
00:10:01 à l'idéologie diversitaire, qui ne se contente pas
00:10:03 d'en pointer les dérives,
00:10:06 mais critique sa matrice même.
00:10:08 Il serait dès lors nécessaire de les bannir
00:10:10 ou du moins de les refouler
00:10:12 dans les marges de la vie publique."
00:10:14 Mathieu Boccoté a raison de parler
00:10:17 de refoulement, terme psychanalytique.
00:10:19 Il faut être attentif au vocabulaire.
00:10:21 Dis-moi comment tu parles, tu écris,
00:10:23 tu vocabulises, tu formules,
00:10:25 je te dirai comment tu désires.
00:10:28 Tu peux mentir, quelle créativité,
00:10:30 tu opposes à la pulsion de mort, tout est là.
00:10:32 La gauche radicale vous a lancés,
00:10:34 il y a peu, souvenez-vous.
00:10:36 La République, c'est moi. Le message est clair.
00:10:39 Il n'y a pas d'alternative, c'est moi ou le chaos.
00:10:41 Moi ou le retour du fascisme.
00:10:43 C'est moi ou la peste brune.
00:10:45 La discussion est gelée, interdite, proscrite.
00:10:47 Vous pouvez couper le son,
00:10:50 mais surtout les lumières.
00:10:52 - Merci, Vincent Roy.
00:10:54 Est-ce qu'Olivier Dartigolle, vous allez dans le même sens
00:10:56 ou pas ?
00:10:58 - Sur quel moment de l'édito ?
00:11:01 C'est toujours une pensée foisonnante.
00:11:03 Il faudrait s'arrêter sur différents passages.
00:11:05 Mais tout au long de son récit,
00:11:07 dont je partage certaines dimensions,
00:11:09 je n'ai pu m'empêcher
00:11:12 de faire un aller-retour
00:11:14 entre les périodes qu'il évoque
00:11:16 et notre période actuelle.
00:11:18 Parce que sur moi ou le chaos,
00:11:20 ce n'est pas uniquement
00:11:23 l'apanage d'un soumis
00:11:25 vociférant.
00:11:27 L'extrême-centre
00:11:29 a pu dire
00:11:31 "Nous sommes à nous seuls le camp de la raison".
00:11:34 Sur des moments déterminants
00:11:36 du débat politique des toutes dernières années.
00:11:38 Renvoyant celles et ceux à gauche
00:11:40 ou à droite qui ne partageaient pas
00:11:42 leur projet
00:11:45 dans le camp des déraisonnables,
00:11:47 même y compris
00:11:49 des gens extrémistes,
00:11:51 ne permettant pas
00:11:54 la disputation,
00:11:56 ne permettant pas
00:11:58 la confrontation des idées.
00:12:00 Je suis enchanté
00:12:02 du retour d'un clivage
00:12:04 droite-gauche. Je trouve ça parfaitement sain.
00:12:07 Et j'aime bien la Révolution
00:12:09 quand elle oppose Girondins
00:12:11 et Montagnards.
00:12:13 Et je n'aime pas l'époque où on pouvait dire
00:12:15 à Galilée "Tu te tais"
00:12:18 et lui, le pauvre, disant "Et pourtant elle le tourne".
00:12:20 - Raphaël Stainville, sur ce que vous avez entendu.
00:12:22 - Oui, moi je trouve
00:12:24 qu'on est face à une extension
00:12:26 du domaine de la censure.
00:12:29 Ce serait faux
00:12:31 de ne voir
00:12:33 que dans le camp de l'extrême-gauche
00:12:35 ayant l'apanage
00:12:37 de cette volonté
00:12:40 à vouloir distribuer
00:12:42 les bons et les mauvais points
00:12:44 et être maître de la morale universelle.
00:12:46 En revanche, ce qui apparaît
00:12:48 et c'était très bien dit par Olivier,
00:12:51 c'est qu'on s'aperçoit aujourd'hui
00:12:53 que même dans les démocraties libérales,
00:12:55 il y a une tentation de plus en plus grande
00:12:57 à l'illibéralisme.
00:12:59 C'est vrai, pour la France, on l'a vu
00:13:02 notamment pendant la crise de Covid.
00:13:04 Mais plus récemment,
00:13:06 ça a été évoqué avec Rayman Abdulmalak,
00:13:08 mais chez un de nos pays voisins,
00:13:10 notamment la Pologne,
00:13:13 avec le retour au pouvoir
00:13:15 des forces, on va dire,
00:13:17 gouvernementales
00:13:19 qui ont un cercle de la raison,
00:13:21 justement une volonté de reprise en main
00:13:24 de toutes les chaînes de télévision publiques.
00:13:26 Donc ça, il y a une tentation à l'illibéralisme
00:13:28 chez tous ceux qui se prétendent
00:13:30 des grands démocrates, et ça, je trouve ça très inquiétant.
00:13:32 - Michel Taubes, pour terminer sur ce tour de table.
00:13:35 - Je trouve qu'au-delà de la censure,
00:13:37 il y a à gauche une habitude
00:13:39 de la violence politique qui est terrible.
00:13:41 Et en fait, vous avez,
00:13:43 que ce soit dans le marxisme,
00:13:46 une longue histoire d'ultra-violence
00:13:48 qui va jusqu'à la fin de la censure,
00:13:50 qui va jusqu'à tuer des hommes, et par millions.
00:13:52 Il y a un dictionnaire amoureux de Camus
00:13:54 qui vient de paraître, de Mohamed Aïssaoui,
00:13:57 qui montre bien
00:13:59 que dans l'histoire,
00:14:01 entre un Sartre et un Camus,
00:14:03 l'intelligentsia française
00:14:05 a souvent mis en avant Sartre,
00:14:08 alors qu'en fait, l'histoire a donné raison à Albert Camus.
00:14:10 Et c'est un peu toute l'histoire de la gauche
00:14:12 qui se nourrit là d'utopismes
00:14:14 et de violences politiques
00:14:17 qui, encore une fois, va bien au-delà de la censure
00:14:19 et qui a consisté à mettre à mort
00:14:21 des millions d'opposants
00:14:23 à cette bien-pensance de gauche.
00:14:25 - On va changer de sujet avec vous,
00:14:27 Raphaël Stainville,
00:14:30 puisque l'évasion de 11 étrangers
00:14:32 en situation irrégulière du centre de rétention
00:14:34 administratif de Vincennes a jeté une lumière crue
00:14:36 sur l'un des grands oublis de la fameuse loi
00:14:38 "Asile-migration".
00:14:41 - Oui, c'est peu de le dire, et la vérité,
00:14:43 c'est que pas un jour ne passe sans que l'on s'aperçoive
00:14:45 que cette loi, cette fameuse loi qui a été votée,
00:14:47 loin de remédier aux problèmes
00:14:49 qui se posent à la France,
00:14:52 a évacué un certain nombre de problèmes,
00:14:54 de sujets qui, faute d'avoir été appréhendés,
00:14:56 risquent de rendre inopérante cette loi
00:14:58 avant même que le Conseil constitutionnel,
00:15:00 dans les jours ou semaines qui viennent,
00:15:03 ne se prononce
00:15:05 et n'aggrave son inefficience originelle.
00:15:07 Alors c'est vrai,
00:15:09 on le sait déjà,
00:15:11 pour les ressortissants algériens
00:15:14 à toute nouvelle loi ordinaire votée
00:15:16 en raison de l'accord de 1968
00:15:18 entre la France et l'Algérie.
00:15:20 C'est vrai encore, des mineurs isolés,
00:15:22 autre angle mort de cette loi immigration,
00:15:25 dont les départements, et on le sait,
00:15:27 parce que depuis des mois, ils ne cessent de le répéter
00:15:29 et d'alerter les pouvoirs,
00:15:31 les départements qui ne parviennent plus
00:15:33 à assurer la prise en charge de ces mineurs isolés
00:15:36 et dont les coûts explosent.
00:15:38 Et c'est encore vrai,
00:15:40 s'agissant des centres de rétention administratif,
00:15:42 comme CRA,
00:15:44 ces structures indispensables à la lutte contre l'immigration
00:15:47 irrégulière, maillon essentiel
00:15:49 de la chaîne de l'éloignement.
00:15:51 Cette semaine, 11 étrangers en situation irrégulière
00:15:53 se sont évadés
00:15:55 du CRA de Vincennes.
00:15:58 Alors, évadés, il faudrait plutôt dire,
00:16:00 comme Laurent Nunez l'a rappelé
00:16:02 lorsqu'il s'est déplacé au centre de rétention
00:16:04 de Vincennes, il faudrait plutôt parler de fugue.
00:16:06 En effet, il ne s'agit pas d'une prison,
00:16:09 mais d'un centre de rétention.
00:16:11 Et donc, Laurent Nunez a bien tenu
00:16:13 à remettre les choses à leur place.
00:16:15 Et ces incidents,
00:16:17 qu'il s'agisse de ces évasions,
00:16:20 de ces fugues de retenue,
00:16:22 puisqu'il ne faut pas parler d'évasion,
00:16:24 qu'il s'agisse de mutineries, de rébellions,
00:16:26 d'émeutes, d'incendies volontaires,
00:16:28 n'ont de cesse de se multiplier
00:16:31 depuis des mois dans un certain nombre de ces centres.
00:16:33 La France en compte une vingtaine.
00:16:35 Et comme l'expliquait un délégué syndical
00:16:37 des SGP Police, au lendemain
00:16:40 de la mutinerie dans le Cras de Sète,
00:16:42 on n'a plus affaire à des ouvriers de chantier
00:16:44 en séjour irrégulier, mais à des délinquants
00:16:46 chevronnés avec des casiers longs comme le bras.
00:16:48 - Et comment ce basculement
00:16:50 s'est-il opéré ?
00:16:53 - Alors, je ne veux pas vous faire croire
00:16:55 que jusqu'à une période récente,
00:16:57 tout se passait bien dans les Cras,
00:16:59 que c'était un monde merveilleux,
00:17:01 une joyeuse colonie de vacances, loin de là.
00:17:04 Reste que l'augmentation de la violence dans les Cras,
00:17:06 elle est directement liée à l'évolution
00:17:08 retenue dans ces mêmes Cras.
00:17:10 Alors, c'était aujourd'hui Michel Auboin
00:17:12 dans le FIEROVOX qui notait que si la part des...
00:17:15 C'est un ancien préfet.
00:17:17 Si la part des femmes, comme celle des familles,
00:17:19 sont devenues résiduelles dans les Cras,
00:17:21 la part des sortants de prison, en revanche,
00:17:23 ne cesse d'augmenter jusqu'à atteindre
00:17:26 près de 30% les individus aujourd'hui.
00:17:28 Et ce pourcentage
00:17:30 est appelé à augmenter encore et encore davantage
00:17:34 avec les dernières instructions données
00:17:36 par Gérald Darmanin au préfet,
00:17:38 pour qui aujourd'hui
00:17:40 doivent être placés de manière prioritaire dans les Cras
00:17:42 les individus
00:17:44 ayant des...
00:17:47 Pardon.
00:17:49 Qui sont susceptibles de constituer une menace
00:17:51 pour la sécurité publique.
00:17:53 Et donc, à ce jour, sur les chiffres du ministère de l'Intérieur,
00:17:55 90% des placements en Cras
00:17:58 concernent des étrangers potentiellement dangereux.
00:18:01 Et donc, il y a ceux qui sortent de prison
00:18:03 et qui sont destinés à être éloignés
00:18:06 et à être restitués dans leur pays d'origine,
00:18:08 et tous ceux qui présentent de sérieuses menaces
00:18:11 pour l'ordre public.
00:18:14 Alors, il faut bien comprendre
00:18:16 que les centres de rétention administratifs ne sont pas des prisons
00:18:18 et donc, elles n'ont pas été conçues comme des prisons.
00:18:20 Faute d'investissement public dans des locaux adaptés,
00:18:23 la plupart des Cras
00:18:26 résultent de la réutilisation de bâtiments
00:18:28 conçus pour un autre usage.
00:18:30 Alors, c'est vrai pour le centre de rétention de Lyon,
00:18:33 à côté de l'aéroport de Saint-Exupéry,
00:18:36 c'était un ancien hôtel.
00:18:38 Celui de Vincennes, d'où se sont échappés ses 11 fugueurs
00:18:42 l'été, dans d'anciens bâtiments de l'armée.
00:18:45 Et donc, ces bâtiments ne sont pas adaptés
00:18:48 à cette nouvelle population
00:18:50 qui, aujourd'hui, est placée en Cras.
00:18:54 - Mais pourtant, Gérald Darmanin, avant l'examen de sa loi,
00:18:56 lui, justement, avait dit qu'il allait augmenter leur nombre.
00:18:58 - Oui, vous avez raison.
00:19:00 Depuis 2017, le nombre de places de rétention a augmenté.
00:19:04 Alors, il est passé de 1 400 places en 2017
00:19:07 à 1 869 places aujourd'hui.
00:19:09 Alors, ce chiffre aurait pu être plus important
00:19:12 s'il n'avait pas fallu compter sur un certain nombre de dégradations
00:19:15 liées, justement, aux personnes qui sont dans ces Cras.
00:19:20 Et en dehors des réhabilitations qui sont en cours,
00:19:24 un seul nouveau centre est prévu en 2024.
00:19:26 Mais, vous l'avez dit, Gérald Darmanin s'est engagé
00:19:29 à ce que ce nombre de places en Cras double d'ici 2027.
00:19:33 C'est prévu dans la loi d'orientation de programmation
00:19:36 du ministère de l'Intérieur.
00:19:39 Et donc, d'ici 2027, ce chiffre devrait atteindre les 3 000 places en Cras.
00:19:44 Alors, c'est toujours ça, mais regarde les besoins
00:19:47 et la surpopulation déjà constatée dans ces centres de rétention,
00:19:51 c'est loin d'être suffisant.
00:19:53 En 2022, en métropole, ce sont près de 16 000 étrangers
00:19:57 en situation irrégulière qui ont été retenus en Cras.
00:20:00 Rapporté au chiffre global des personnes en situation irrégulière,
00:20:05 estimé dans une fourchette large entre 400 et 800 000 adultes,
00:20:09 la part des retenus en Cras est aussi entre 0,3 et 0,6 %.
00:20:14 Donc, loin d'être la règle, on le voit,
00:20:18 le placement en Cras est l'exception.
00:20:20 La France, en la matière, est même l'un des mauvais élèves de l'Europe.
00:20:25 Alors que la Commission européenne recommande
00:20:27 une durée maximum de 18 mois de rétention,
00:20:30 dans une directive de 2008, la France n'a réussi à la porter
00:20:34 qu'à 3 mois, 90 jours pour être exact.
00:20:37 Loin derrière l'Allemagne, qui applique les 18 mois,
00:20:40 et des pays de l'Europe du Nord, où la durée n'est pas limitée.
00:20:45 La Belgique, quant à elle, autorise une rétention jusqu'à 8 mois,
00:20:49 et l'Italie, l'Italie de Giorgia Meloni,
00:20:53 vient de se mettre au diapason de l'Europe,
00:20:55 avec une durée de 18 mois.
00:20:57 Cette directive a été rappelée à différentes entreprises à la France,
00:21:01 car la faiblesse de son dispositif pèse sur les résultats
00:21:05 déjà médiocres de l'ensemble de l'Union européenne,
00:21:08 où seuls 21 % des 341 mesures d'éloignement décidées
00:21:15 ont débouché sur un retour.
00:21:17 Pour passer de 3 à 18 mois de rétention dans les Cras,
00:21:21 s'agissant de la France, il faudrait porter à 12 000 places
00:21:25 le nombre de places en Cras.
00:21:27 On est très loin.
00:21:28 - On le sait, le taux d'exécution des OQTF n'est que de 6,9 %.
00:21:32 L'efficience du système semble donc particulièrement faible.
00:21:35 - Oui.
00:21:37 Outre le fait que la France ne dispose pas suffisamment de places,
00:21:40 je viens de le dire,
00:21:41 outre le fait que la durée de retenue est trop limitée,
00:21:45 s'ajoutent d'autres freins.
00:21:47 A commencer par ceux des fameux "laisser-passer consulaires".
00:21:50 C'est une vraie difficulté pour les préfets
00:21:52 que de pouvoir l'obtenir dans les délais impartis,
00:21:55 et une raison qui fait que beaucoup de retenues
00:21:57 ressortent libres de Cras.
00:21:59 Ajoutez à cela les multiples recours juridictionnels
00:22:01 à disposition des étrangers placés en rétention,
00:22:04 qui peuvent saisir à la fois le juge judiciaire
00:22:07 sur le fondement de la prévention de liberté,
00:22:10 et le juge administratif sur la légalité de la mesure prise
00:22:13 par le préfet,
00:22:15 et vous comprendrez que les personnes placées en Cras
00:22:17 ont plus de chances de rester en France
00:22:20 que de retourner dans leur pays d'origine.
00:22:22 D'autant qu'à chaque fois qu'une nouvelle loi immigration est votée,
00:22:25 prétendument durcie,
00:22:27 les dotations allouées aux associations
00:22:29 qui viennent en aide aux migrants, aux clandestins,
00:22:33 augmentent d'autant,
00:22:35 comme pour mieux limiter ou contrecarer
00:22:37 les nouvelles dispositions,
00:22:39 rendant encore plus inefficaces ces lois d'apparence.
00:22:42 Merci beaucoup, Raphaël Stainville.
00:22:45 Quand on entend 90 % de ces personnes qui sont en Cras
00:22:49 potentiellement dangereuses, certes, ça n'est pas une prison,
00:22:51 mais on se dit quand même qu'on serait rassuré
00:22:52 d'un peu plus de surveillance, Vincent Roy.
00:22:54 - Non, mais c'est confondant, ce que raconte Raphaël.
00:22:57 On voit d'abord l'inefficacité
00:23:01 des différentes lois immigration qui ont été mises en place.
00:23:04 On est en train de constater, en écoutant vos propos,
00:23:08 l'inefficacité sur la question des Cras de la dernière.
00:23:11 On est en train de voir que tout ça est un vaste bordel.
00:23:17 On voit bien que les gens qui devraient être surveillés
00:23:22 vraiment ne le sont pas.
00:23:24 On voit qu'on a dans les Cras de plus en plus
00:23:26 des gens qui sont dangereux.
00:23:28 On voit que ces gens dangereux peuvent fuir,
00:23:30 fuguer de ces Cras à peu près comme ils veulent,
00:23:35 puisque là, il y en a quand même...
00:23:37 - Oui, ils sont 11. - Il y en a 11.
00:23:40 - Ils ont dû quand même couper un grillage, enjamber un mur.
00:23:43 - L'explication de la police, c'est pour ce qui est des Cras,
00:23:46 nous sommes en sous-effectif, c'est l'explication que j'ai entendue.
00:23:49 Donc on ne peut pas faire face.
00:23:50 Et voilà des gens qui se retrouvent dans la nature
00:23:52 et qui potentiellement peuvent recommettre,
00:23:54 et je dis des exactions, parce que ce soir, j'essaie d'être gentil,
00:23:59 mais enfin... - C'est bien.
00:24:00 - L'esprit de Noël. - Qui dure longtemps chez Vincent.
00:24:04 - Ça peut être ça, ça peut être pire que ça.
00:24:07 Vous vous rendez compte de ce qui est en train de se passer.
00:24:10 Et de ce point de vue, on voit que l'exécutif ne fait rien.
00:24:15 - Rien ne va, parce que je n'ai pas souvenir d'un débat national de grande qualité
00:24:20 quand la LOCMI, c'est-à-dire la loi d'orientation et de programmation
00:24:23 du ministère de l'Intérieur,
00:24:25 dont relèvent les questions qui viennent d'être abordées,
00:24:28 on n'a pas vu passer ça dans les radars de l'actualité politique ou médiatique.
00:24:33 Par contre, le texte qui a fait beaucoup couler d'encre,
00:24:35 qui a fait beaucoup parler au cours des dernières semaines,
00:24:39 passe totalement à côté du sujet, puisque au final,
00:24:43 je ne sais pas si on va s'entendre là-dessus,
00:24:45 ce texte aura comme conséquence non pas de traiter l'immigration irrégulière,
00:24:49 mais de durcir les conditions de vie d'un très grand nombre d'étrangers
00:24:54 en situation régulière, dont certains travaillent.
00:24:57 Je vous rappelle que concernant l'activité économique dans notre pays,
00:25:01 10% de la population active, ce sont des étrangers en situation régulière.
00:25:06 Donc il y a quelque chose qui dysfonctionne dans le sens
00:25:09 où on a le sentiment d'avoir mis une énergie folle
00:25:12 sur un certain nombre de sujets qui en fait ne changeront rien,
00:25:15 et que des questions qui là relèvent d'un manque d'efficacité
00:25:22 et de courage dans la politique publique,
00:25:24 on laisse la politique du chien crever au fil de l'eau.
00:25:27 Michel Taubes, la question aussi pour la raison peut-être
00:25:30 pour laquelle les politiques ne s'y attaquent pas,
00:25:32 c'est que Raphaël nous l'expliquait, le nombre de places qu'il faudrait
00:25:34 par rapport à celles qu'on a, le fait qu'on n'est pas capable
00:25:37 de traiter correctement et de gérer les délais,
00:25:39 le problème semble très compliqué à résoudre,
00:25:41 c'est peut-être pour ça aussi qu'ils font l'autruche.
00:25:43 Certainement, mais le plus grave je pense,
00:25:46 et Raphaël l'a très bien dit dans son édito,
00:25:49 c'est qu'il y a une sous-estimation de la gravité du profil dangereux
00:25:52 des nouveaux "locataires" de ces centres de rétention.
00:25:56 Oui, on nous dit à chaque fois que ce sont des profils très calmes,
00:25:58 il n'y a pas de problème.
00:25:59 Non, ce sont pour beaucoup, 30% je crois déjà, d'anciens détenus
00:26:02 et qui ont une dangerosité certainement importante,
00:26:05 et encore une fois nous sommes dans une impasse,
00:26:07 parce que comme on ne peut pas les expulser,
00:26:09 la seule solution que je vois c'est effectivement,
00:26:11 et on va y venir, c'est de devoir traiter les CRA
00:26:14 comme étant des anti-chambres, des postes-chambres
00:26:17 d'établissements pénitentiaires,
00:26:20 parce que la réalité, ayant beaucoup de personnes dangereuses,
00:26:23 il va falloir les traiter comme tels.
00:26:25 Malheureusement, on a énormément de retard.
00:26:27 Emmanuel Macron, élu président de la République en 2017,
00:26:30 avait promis 20 000 places ou 15 000 places de prison,
00:26:34 il n'y en a construite que 2 ou 3 000
00:26:37 qui sont sorties de terre jusqu'à présent.
00:26:39 Donc les annonces de Gérald Darmanin pour 2027
00:26:42 pour les centres de rétention administrative,
00:26:44 on risque d'être très loin du compte,
00:26:46 mais on a un retard considérable,
00:26:48 et l'actualité malheureusement, en cette année de 2023,
00:26:51 nous a montré de nombreux cas de personnes
00:26:53 ayant commis des violences très graves,
00:26:55 qui étaient des personnes en situation irrégulière
00:26:59 sur le sol français, mais qu'on n'arrivait pas à expulser.
00:27:02 Un dernier mot à Vincent Rois,
00:27:03 parce que quand Laurent Nunez aussi avait pris la parole,
00:27:05 il disait que la surveillance,
00:27:07 il n'y avait pas d'effaillance humaine, etc.
00:27:09 - Par contre, on allait quand même renforcer la surveillance,
00:27:11 signe qu'on n'a peut-être pas tout fait en amont quand même.
00:27:13 - C'est presque l'évidence.
00:27:14 Je reviens simplement sur la loi nouvelle,
00:27:17 la loi immigration, dans cette loi nouvelle,
00:27:19 rien sur le traitement des OQTF,
00:27:21 rien sur les mineurs isolés,
00:27:23 rien sur les centres de rétention administrative.
00:27:26 De surcroît, le président de la République dit
00:27:29 "je vais la faire", enfin il ne le dit pas comme ça évidemment,
00:27:31 plus élégamment que ça,
00:27:32 "je vais la faire démonétiser par le Conseil constitutionnel".
00:27:35 - Il le dit comme ça.
00:27:36 - Avec nous, non.
00:27:37 - Qu'est-ce qu'on attend ?
00:27:38 Qu'est-ce que les Français attendent de cette loi ?
00:27:40 Je pense qu'ils ne seront pas les dupes
00:27:42 d'une loi qui va être vidée de son sens.
00:27:45 - Si, il y a une mesure,
00:27:46 il y a une amende pour séjour.
00:27:48 - En 5 minutes ?
00:27:49 - Oui, pour des gens qui ne pourront pas la payer, bien entendu.
00:27:51 - Vous êtes pessimiste avec cette loi, je vous vois d'ici.
00:27:54 On va marquer une courte pause
00:27:56 et on se retrouve pour la deuxième partie de Face à l'Info.
00:27:58 Restez avec nous sur CNews.
00:27:59 De retour pour la deuxième partie de Face à l'Info.
00:28:06 On va parler maintenant avec vous,
00:28:08 Michel Thau, parce que vous avez voulu mettre l'accent
00:28:09 sur le rôle crucial qu'ont joué la police et la gendarmerie
00:28:12 dans notre pays en 2023
00:28:14 et aussi, malheureusement,
00:28:15 les grandes difficultés auxquelles elles ont été confrontées.
00:28:18 - Effectivement, 2023 aura été une année terrible
00:28:21 pour la police et la gendarmerie
00:28:23 et sans aucune démagogie,
00:28:25 si je devais désigner la personnalité de l'année,
00:28:27 je dirais les 253 000 policiers et gendarmes
00:28:30 qui constituent le sature de nos forces de sécurité
00:28:33 dans notre pays.
00:28:34 Alors, on a connu, c'est vrai,
00:28:37 en 2018-2019, les Gilets jaunes,
00:28:39 mais quand même, c'était en 2023
00:28:41 et il y a eu, pour rappeler juste quelques faits,
00:28:43 le rassemblement pseudo-écologiste de Sainte-Sauline
00:28:46 avec 47 gendarmes blessés,
00:28:48 400 policiers blessés en une seule journée le 1er mai
00:28:51 pour la fête du travail, soit-disant,
00:28:54 où c'était certainement le motif
00:28:56 des agressions contre les policiers.
00:28:58 Évidemment, les émeutes de fin juin, début juillet
00:29:01 où les forces de police ont, pendant une semaine,
00:29:03 essuyé des attaques sans précédent
00:29:06 dans 550 communes de France,
00:29:07 c'était une grande partie de notre territoire
00:29:10 et notamment de nombreux commissariats et gendarmeries
00:29:13 qui ont été attaqués parmi les 2 500 bâtiments
00:29:16 qui ont été dégradés en une semaine.
00:29:18 Au 31 octobre 2023, 10 000 policiers
00:29:21 avaient déjà été blessés sur l'année 2023.
00:29:25 10 000 personnes blessées,
00:29:27 4 000 à la suite de violences volontaires
00:29:30 et au 22 décembre dernier,
00:29:32 les derniers chiffres qu'on a pu avoir,
00:29:35 9 policiers ont perdu la vie,
00:29:36 dont 3 dans l'exercice de leur fonction.
00:29:38 Mais on pourrait s'arrêter là
00:29:41 et se dire que ça suffit pour un bilan aussi lourd,
00:29:44 mais non, bien au-delà.
00:29:47 Ce qui a le plus choqué les policiers cette année,
00:29:50 c'est la mise en détention provisoire de 2 d'entre eux.
00:29:53 Et on se rappelle, début septembre,
00:29:55 de cette fronde, on peut dire,
00:29:58 au sommet de la police nationale.
00:30:00 Frédéric Vaud, le directeur général de la police nationale,
00:30:04 avait eu cette phrase dans la presse.
00:30:06 "Avant un éventuel procès,
00:30:08 "un policier n'a pas sa place en prison."
00:30:10 Même Gérald Darmanin l'avait soutenu,
00:30:12 suscitant l'ire des magistrats
00:30:15 et de nombreux corps de la justice en France.
00:30:18 Mais il y a eu un sentiment d'incompréhension
00:30:21 extrêmement profond parmi les forces de l'ordre dans notre pays
00:30:25 qui, dans une année extrêmement violente,
00:30:27 ont dû pâtir de mises en examen et de mises en détention
00:30:31 comme il n'y en avait jamais eu depuis...
00:30:33 Il n'y avait pas eu deux policiers mis en détention au même moment.
00:30:38 Restera, mais ce n'est pas tout, ce n'est pas tout.
00:30:41 Et une des raisons du climat extrêmement tendu
00:30:44 qui règne dans la police aujourd'hui,
00:30:46 2023 aura aussi été l'année de la mise en oeuvre
00:30:49 et de la mise en application d'une restructuration complète
00:30:52 de l'organisation de la police nationale.
00:30:55 Avec une petite révolution,
00:30:57 avant il y avait des directions spécialisées
00:31:00 notamment la police judiciaire qui avait sa propre direction
00:31:03 et sa propre autonomie de fonctionnement.
00:31:06 Et là, au niveau départemental,
00:31:08 a été mise en place une organisation beaucoup plus horizontale
00:31:12 mélangeant les différentes forces de sécurité,
00:31:15 la police judiciaire, la sécurité publique,
00:31:18 la police sans frontières et le renseignement territorial.
00:31:21 Et une des conséquences, c'est la crainte,
00:31:23 notamment pour les agents de police judiciaire,
00:31:26 4000 enquêteurs dans notre pays,
00:31:28 d'être dilués dans les fonctions d'ordre public.
00:31:32 Et on constate, d'après plusieurs sources déjà,
00:31:34 que beaucoup d'agents de la police judiciaire
00:31:37 essayent de changer d'affectation
00:31:39 parce qu'ils ne se retrouvent pas dans cette organisation.
00:31:42 La police judiciaire joue un rôle évidemment capital,
00:31:45 notamment dans les enquêtes de lutte contre la toxicomanie
00:31:48 et le trafic de drogue qui, comme on le sait,
00:31:51 gangrène notre pays et beaucoup de territoires
00:31:54 d'y perdus de la République.
00:31:56 - Mais au-delà de ce bilan global,
00:31:58 vous voudriez insister aussi sur une mutation profonde
00:32:00 dans la conception de l'ordre public.
00:32:02 - En effet, je pense que les émeutes de fin juin, début juillet
00:32:06 commencent à marquer la reconnaissance
00:32:09 d'un profond changement dans la doctrine de l'ordre public.
00:32:13 Pendant des décennies, voire des siècles,
00:32:15 on considérait que l'ordre public était le monopole de l'exécutif,
00:32:19 le monopole de la police nationale
00:32:22 et le monopole de la gendarmerie.
00:32:24 Pendant les émeutes de fin juin, début juillet,
00:32:26 vous avez des maires, je pourrais citer le maire de Belfort,
00:32:29 mais d'autres maires l'ont fait dans notre pays,
00:32:31 ont pris les services de sociétés de sécurité privée
00:32:35 pour assurer la sécurité des bâtiments publics
00:32:38 pendant les émeutes de fin juin, début juillet.
00:32:40 De même, l'État assume pleinement
00:32:43 que pour la préparation des Jeux olympiques de Paris 2024,
00:32:46 il fait appel massivement à des sociétés de sécurité
00:32:50 qui elles-mêmes, d'ailleurs, ont du mal à recruter.
00:32:52 Et donc, je pense qu'il y a une mutation
00:32:54 face à l'augmentation des violences urbaines,
00:32:57 face à l'augmentation des menaces sur notre pays.
00:33:01 Le plan Vigipirate est à son maximum depuis maintenant le 7 octobre,
00:33:06 ce qui s'est passé en Israël.
00:33:08 La doctrine de sécurité publique considère de plus en plus
00:33:12 que la sécurité n'est pas l'affaire que de l'exécutif.
00:33:15 Les polices municipales sont de plus en plus armées.
00:33:18 Les sociétés de sécurité sont privées,
00:33:21 sont associées à l'exercice de la police.
00:33:25 Et finalement, au final, la sécurité est de plus en plus
00:33:28 une question de chaîne de solidarité entre tous les citoyens
00:33:32 et pas uniquement l'affaire de l'exécutif.
00:33:34 C'est difficile à comprendre, c'est difficile à admettre.
00:33:37 Ça remet en question des fondamentaux.
00:33:39 Mais dans une société de plus en plus violente,
00:33:41 voire ultra-violente, on y est conduit de plus en plus par nécessité.
00:33:46 - Est-ce que l'année 2024 s'annonce malheureusement aussi chargée
00:33:50 et tendue pour nos forces de l'ordre que l'année 2023 ?
00:33:53 - Elle s'annonce très chargée.
00:33:55 Évidemment, il y a les Jeux olympiques qui vont être
00:33:57 un événement extrêmement complexe à gérer
00:33:59 et pas uniquement la cérémonie d'ouverture
00:34:01 prévue jusqu'à présent sur la Seine.
00:34:04 Les Jeux olympiques, c'est de nombreux sites en France.
00:34:06 Donc là, ça va être extrêmement compliqué à gérer.
00:34:09 Il y a les 80 ans du débarquement de Normandie.
00:34:12 Toute l'année va être extrêmement complexe
00:34:14 et quasiment tous les syndicats de policiers
00:34:17 annoncent déjà pour le 18 janvier une journée noire
00:34:21 pour demander une prise en compte de leurs intérêts,
00:34:24 de leurs revendications, je vais en dire corporatistes,
00:34:27 mais fort légitimes.
00:34:29 Et effectivement, l'année risque d'être extrêmement difficile.
00:34:32 Mais selon moi, il y a un autre point qui risque d'être capital
00:34:36 et qui va se jouer tout début janvier.
00:34:38 Dans la loi immigration, peut-être une des rares mesures
00:34:43 qui n'est pas qu'une mesurette,
00:34:45 c'est la possibilité de déchéance de nationalité
00:34:47 pour les binationaux qui seraient condamnés
00:34:50 pour homicide volontaire contre les policiers et les gendarmes.
00:34:53 Et je suis très curieux de savoir,
00:34:55 nous sommes tous très curieux de savoir,
00:34:57 est-ce que le Conseil constitutionnel
00:34:59 va retoquer cette disposition ?
00:35:01 On se rappelle que François Hollande n'avait pas réussi
00:35:04 à faire passer au lendemain des attentats de 2015
00:35:07 dans sa volonté de réviser la Constitution
00:35:10 la déchéance de nationalité pour les attentats terroristes.
00:35:13 Mais là, sur les attaques, les homicides commis
00:35:16 sur des gendarmes et des policiers,
00:35:18 cette loi qui a été votée par la représentation nationale,
00:35:21 par le Parlement, sera-t-elle validée par le Conseil constitutionnel ?
00:35:24 Je pense que c'est une mesure très attendue
00:35:26 par les forces de sécurité
00:35:28 et bien entendu par tous nos concitoyens.
00:35:31 - Et il faut justement aussi se pencher sur l'année 2024
00:35:36 avec aussi la responsabilité parfois de certaines forces politiques.
00:35:40 - Et ça, c'est une spécificité très française
00:35:44 qu'on ne voit pas à un tel niveau d'intensité
00:35:47 dans la plupart de nos pays voisins.
00:35:49 Évidemment, la haine des policiers,
00:35:53 la contestation de la légitimité même de nos policiers,
00:35:59 c'est la fameuse phrase de Max Weber,
00:36:02 c'est le monopole de la violence légitime
00:36:04 qui est exercée par l'État,
00:36:06 elle est contestée par des porte-paroles
00:36:08 qui sont au Parlement et qui sont à la NUPES,
00:36:10 et c'est peut-être la bonne nouvelle de l'année 2023.
00:36:13 Si on en croit les sondages, il faut être extrêmement prudent.
00:36:16 Si la NUPES a beaucoup perdu dans les intentions de vote,
00:36:20 et notamment Jean-Luc Mélenchon,
00:36:21 c'est peut-être justement parce qu'ils ont développé
00:36:23 tout un discours anti-policier
00:36:25 qui est totalement contraire aux intérêts,
00:36:27 évidemment, de nos concitoyens.
00:36:29 - Merci beaucoup Michel pour cet édito.
00:36:31 Raphaël Stainville, c'est vrai qu'il y avait aussi une phrase
00:36:33 qui avait marqué, c'était celle du président de la République lui-même
00:36:36 qui, juste après l'affaire Nael, avait parlé d'un acte inexplicable
00:36:39 et inexcusable bafouant la présomption d'innocence
00:36:42 et les forces de l'ordre ne s'étaient pas senties franchement soutenues
00:36:45 par le chef de l'État, même si après, vous le rappelez,
00:36:47 Gérald Darmanin notamment avait été à leur secours.
00:36:49 - Oui, je pense que ça a été un traumatisme
00:36:51 pour un certain nombre de policiers que d'entendre le chef de l'État
00:36:54 s'asseoir sur la présomption d'innocence,
00:36:56 condamné ou en tout cas faisant de cette présomption d'innocence
00:37:02 une présomption de culpabilité.
00:37:04 C'était très mal vécu, très mal perçu
00:37:07 et ça rend les choses d'autant plus compliquées avec le temps
00:37:11 que l'on sait que ces derniers jours, le président,
00:37:14 sur ce même sujet de la présomption d'innocence,
00:37:16 a fait écause pour Gérard Depardieu dans les affaires qui l'occupent
00:37:23 et donc la cohérence du chef de l'État s'en trouve encore plus remise en cause.
00:37:28 - Vincent Roy, quand on revoit les chiffres que vous nous donniez,
00:37:31 Michel, je les redonne, au 31 octobre 2023,
00:37:34 10 762 policiers blessés, 9 policiers ont perdu la vie en service,
00:37:40 dont 3 lors d'une opération de police,
00:37:42 mais dans le même temps on a toujours une partie de la classe politique
00:37:44 qui appelle à des manifestations contre, je les cite,
00:37:46 les violences policières et le racisme systémique dans la police.
00:37:49 - Mais moi, vous savez, je crois, j'entendais Michel dire peut-être
00:37:53 que si la nulle paix s'est abaissée ces derniers mois, ces dernières semaines,
00:37:58 c'est peut-être à cause du fait que Jean-Luc Mélenchon ait déclaré la police tue.
00:38:02 Moi, je ne crois pas que la nulle paix s'est baissée.
00:38:05 Je crois que, enfin, on verra, je me trompe peut-être,
00:38:08 mais je pense qu'on n'imagine pas le travail de sape
00:38:11 que fait quelqu'un comme Jean-Luc Mélenchon sur les consciences.
00:38:15 Je crois que son travail de terrain, etc., porte
00:38:19 et peut-être qu'il en récoltera les fruits.
00:38:24 Je crois qu'il faut faire très attention.
00:38:26 Vous savez, on a mis une sorte de poison dans la tête des gens.
00:38:29 C'est assez intelligemment instillé, vous voyez, la police tue, le comité Adama,
00:38:35 enfin toutes ces affaires, les manifestations interdites,
00:38:39 Mme Adama vient, il y a aussi des gens, des députés,
00:38:43 et les filles qui viennent avec l'écharpe tricolore à des manifestations interdites.
00:38:47 - Oui, où ils se content que tout le monde déteste la police.
00:38:50 - Oui, toute cette ambiance, attention, quand le virus est inoculé,
00:38:57 eh bien il se développe.
00:39:02 - Olivier, pour terminer.
00:39:03 - En ayant un mot, vous dites "nupes", il faudrait sur certains moments dire "les insoumis",
00:39:07 parce qu'il existe aussi une gauche qui ne déteste pas la police.
00:39:10 D'autant plus que les agents de force de l'ordre
00:39:14 sont principalement recrutés d'un classe populaire, ce sont des fils du peuple,
00:39:18 qui vivent des conditions de travail terribles,
00:39:21 dans des métiers insuffisamment payés et considérés,
00:39:25 comme des réalités sur le terrain terribles.
00:39:28 Et donc, moi, je suis un peu, j'ai un désaccord avec monsieur Michel,
00:39:32 je suis un peu sceptique sur cette notion de continuum de sécurité
00:39:36 qui aierait de la police régalienne vers les polices municipales
00:39:39 pour terminer vers les sociétés privées.
00:39:41 Je préfère véritablement que notre État donne les moyens de ces missions à la police.
00:39:46 Je suis véritablement pour l'instauration d'une véritable police de proximité territorialisée
00:39:51 qui n'en fait jamais réellement exister dans notre pays.
00:39:57 Et puis, il faut enfin dire pour ceux qui, à gauche, contestent tout ça,
00:40:01 il faut aussi leur rappeler que les principales victimes de l'insécurité
00:40:05 ce sont les habitants des quartiers populaires,
00:40:07 qui vivent cette horreur au quotidien, des trafics,
00:40:10 des bas d'immeubles occupés, des intimidations, de la vie pourrie,
00:40:15 de ne pas savoir le matin si la voiture va être en état
00:40:18 pour aller travailler au petit matin.
00:40:20 Et donc, bien sûr qu'un projet de gauche doit, pour le coup,
00:40:24 se réarmer sur la définition d'une grande politique nationale de sécurité et de tranquillité publique.
00:40:29 Mais tout le problème de la gauche, et c'est ce que disait Philippe Guybert l'autre jour
00:40:36 quand il parle du surmoi de gauche, le surmoi socialiste,
00:40:43 dès qu'il entend sécurité, il pense Front National.
00:40:46 Donc, c'est un problème. La gauche a, depuis trop longtemps,
00:40:51 laissé la question de la sécurité et aujourd'hui s'en trouve bien Marie.
00:40:56 - Michel, pour terminer rapidement.
00:40:58 - La sécurité qui est un des premiers droits fondamentaux inscrits dans la Déclaration universelle des droits d'hommes.
00:41:03 Et juste un dernier chiffre, les 25 000 refus d'obtempérer constatés en moyenne chaque année,
00:41:08 c'est 25 000 mises en danger de policiers et de gendarmes.
00:41:12 - Évidemment.
00:41:13 - Et très rare d'entre eux, tenu à des conditions de la prison ferme,
00:41:18 alors qu'encore une fois, ce sont des actes véritablement quasiment d'insurrection citoyenne,
00:41:23 concrètement exercés, 25 000 tous les ans, c'est considérable
00:41:27 et ça explique aussi le climat très dur dans lequel travaillent les policiers.
00:41:31 À qui donc il faut dire tout simplement merci et bonne année.
00:41:34 - Merci. Évidemment, on va changer de sujet parce que vous vouliez nous parler ce soir, Olivier, de l'intelligence artificielle.
00:41:39 - Oui, je veux mettre un peu d'optimisme dans cette émission.
00:41:42 On a abordé des sujets graves en vous annonçant qu'on va bientôt pouvoir connaître la date de notre mort.
00:41:47 - C'est optimiste.
00:41:48 - C'est très optimiste.
00:41:50 - Accrochez-vous à vos sièges, on n'arrête pas le progrès,
00:41:53 mais ce même progrès va-t-il nous dire, via l'intelligence artificielle,
00:41:59 quand notre vie, elle, va s'arrêter pour de bon ?
00:42:02 Selon une étude, un nouveau modèle d'intelligence artificielle pourrait prédire,
00:42:06 avec une très grande précision, d'abord les événements marquants de notre vie,
00:42:11 mais y compris, si ce n'est l'année, encore plus le jour exact de notre mort.
00:42:17 - Mais premièrement, comment est-ce possible ? Est-ce qu'il faut y croire ?
00:42:20 - Je vous sens inquiète, Élodie.
00:42:22 - Intéressée ?
00:42:23 - C'est ce que propose un nouveau modèle d'intelligence artificielle,
00:42:27 sur le même principe que Chad GPT, en analysant vos données personnelles.
00:42:32 Ils arrivent à prédire les étapes de votre vie, y compris votre dernier souffle.
00:42:37 Alors comment ?
00:42:38 Ce modèle d'intelligence artificielle brasse les récits de vie de plus de 6 millions de Danois,
00:42:45 vous voyez la base de données, de départ,
00:42:47 qui ont transmis leurs données personnelles, justement, entre 2008 et 2020.
00:42:55 Ils ont parlé de leur profession, de l'horaire de travail, de leur lieu de résidence,
00:43:00 de leur santé, de leur mode de vie, de leurs revenus.
00:43:03 En analysant ces données personnelles, cet outil d'intelligence artificielle
00:43:08 peut prédire ce que sera le cheminement de notre vie, y compris sa conclusion.
00:43:14 Selon un scientifique de l'Université du Danemark, à l'origine de l'étude,
00:43:18 ce modèle d'intelligence artificielle peut même prédire le risque de mort prématurée de ces individus.
00:43:24 D'après eux, il s'est avéré bien plus robuste que tout autre modèle
00:43:28 pour prédire avec précision ce risque de décès.
00:43:30 Rien n'avait été aussi précis auparavant.
00:43:33 Jusqu'à pouvoir déterminer le jour exact, donc.
00:43:36 Ces scientifiques répondent de oui.
00:43:38 Comment valider cette affirmation ?
00:43:40 Tout simplement en se basant sur les analyses menées par ces scientifiques,
00:43:43 c'est là où ça devient glaçant,
00:43:45 ils ont demandé au modèle d'intelligence artificielle de prédire qui vivrait
00:43:49 et qui mourait dans un groupe de personnes âgées de 35 à 65 ans,
00:43:53 dont la moitié étaient décédées entre 2016 et 2020.
00:43:57 En analysant leurs données, l'IA a réussi à prédire avec précision les traits de personnalité
00:44:03 et y compris l'année, quasiment le jour, pour certains d'entre eux, de leur mort.
00:44:08 Est-ce qu'il y a d'autres actualités qui concernent l'intelligence artificielle ?
00:44:12 Pour conclure sur la mort, cette petite pensée de Woody Allen,
00:44:15 je n'ai pas peur de la mort, mais je préférerais ne pas être là le jour où elle se présentera.
00:44:20 Concernant l'autre actualité sur l'intelligence artificielle,
00:44:25 oui, elle est judiciaire, le New York Times, alors là c'est passionnant,
00:44:29 poursuit Microsoft et son outil d'intelligence artificielle,
00:44:33 le média accuse donc de plagiat, l'intelligence artificielle se serait servie
00:44:38 et nourrie des textes de New York Times pour devenir aussi intelligente
00:44:43 et serait capable de plagier le média américain,
00:44:46 de faire comme si l'article était rédigé par le New York Times, qui est une institution.
00:44:51 Derrière ce contentieux, c'est la question de l'avenir de l'intelligence artificielle,
00:44:55 la question générative qui se pose.
00:44:57 Le New York Times explique qu'il remplit une mission vitale pour nos démocraties.
00:45:01 Depuis plus de 170 ans, en menant des enquêtes, des reportages de fonds,
00:45:05 une mission qui demande un investissement important
00:45:08 et dont l'intelligence artificielle se servirait sans verser un centime.
00:45:12 Le journal reproche à Microsoft de faire usage illégal de cette masse de travail
00:45:17 d'intelligence, du cerveau à la main, j'ai envie de dire, ou maintenant du clavier,
00:45:22 pour alimenter leur modèle de langage étendu et plus précisément,
00:45:27 ces outils qui peuvent profiter gratuitement de ce travail massif journalistique.
00:45:31 Pour défendre son cas, le média va donc se reposer sur la stricte législation
00:45:36 concernant le copyright, la propriété intellectuelle aux Etats-Unis,
00:45:40 qui est notamment protégée par la Constitution du pays.
00:45:43 À suivre.
00:45:44 Et une autre actu peut-être pour conclure justement sur ce thème.
00:45:48 C'est la première fois de l'histoire qu'une IA remporte un prix littéraire.
00:45:52 Mauvaise nouvelle d'après moi, très mauvaise nouvelle.
00:45:55 En Chine, un professeur de journalisme a reçu le deuxième prix
00:45:59 dans un concours d'écriture de science-fiction,
00:46:02 sauf que ce n'était pas sa création propre qu'il avait présentée au jury,
00:46:07 mais celle d'une intelligence artificielle.
00:46:09 L'un des juges a remarqué que ce texte manquait de sensibilité,
00:46:14 manquait d'âme peut-être, de profondeur.
00:46:17 Les autres ont été bernés.
00:46:18 Ou simplement de style.
00:46:20 Sur le style c'est contesté parce que ça devient de plus en plus bluffant sur le style.
00:46:26 Mais en tout cas, et je parle d'un spécialiste,
00:46:29 l'un des jurys s'est dit "là il y a quelque chose qui ne va pas".
00:46:33 Encore, mais jusqu'à quand ?
00:46:35 Qui autour de la table d'ailleurs serait tenté de savoir
00:46:38 grâce à l'intelligence artificielle ce qui va lui arriver et quel jour il va mourir ?
00:46:41 Vous rigolez, sûrement pas.
00:46:42 Non, bien sûr.
00:46:43 Ça nous ferait prendre des décisions.
00:46:45 Beaucoup trop rapide.
00:46:46 Pour ma part, moi dans mon média opinion attaché à ça,
00:46:49 j'ai publié une interview faite par JPT,
00:46:52 je pense dont on est nombreux éditorialistes et journalistes à s'y être exercés.
00:46:56 C'est absolument fascinant, il faut le reconnaître,
00:46:59 la puissance de l'intelligence artificielle.
00:47:01 Après je ne suis pas sûr que ce qui a été fait au Danemark serait aujourd'hui possible
00:47:04 parce que l'Union Européenne vient d'adopter un acte européen
00:47:07 qui est une sorte de RGPD, de Règlement de Protection des Données
00:47:11 au service de l'intelligence artificielle.
00:47:15 Et c'est vrai que tout cela repose aussi sur l'accord de chacun
00:47:18 de partager ses données de santé.
00:47:21 Mais c'est vrai qu'il y a des incitations, notamment financières,
00:47:24 aux États-Unis à partager ses données de santé avec des risques.
00:47:28 C'est fascinant parce que les sciences humaines,
00:47:30 on l'a vu sur le débat des retraites,
00:47:32 le débat de retraite qui a beaucoup parlé de la réalité du travail.
00:47:34 On sait très bien que les CSP+ ont une espérance de vie supérieure
00:47:39 en bonne santé notamment,
00:47:41 que des personnes travaillant dans l'outil productif
00:47:45 sur des métiers avec une forte pénibilité.
00:47:49 Mais donc là, l'intelligence artificielle va beaucoup plus loin
00:47:52 en liant un très grand nombre de données
00:47:55 à partir de fichiers qui sont énormes, 6 millions.
00:47:58 - Mais ce qui est très curieux, c'est que les gens acceptent,
00:48:01 ils jouent le jeu, acceptent de donner.
00:48:03 Moi je ne voudrais pas donner mes données de santé d'ailleurs,
00:48:05 je ne veux que personne ne sache de quoi mon corps est capable.
00:48:07 Mais c'est effrayant quand même que tout le monde joue le jeu,
00:48:11 que les gens acceptent de donner leurs données.
00:48:14 - Oui mais malheureusement, souvent on accepte de partager
00:48:17 nos données de santé à notre propre insu,
00:48:19 avec les smartphones, on donne les observations.
00:48:22 Donc c'est malheureusement beaucoup plus compliqué.
00:48:24 - Mais c'est un insu de notre plein gré.
00:48:25 - Raphaël, c'est vrai que c'est à la fois fascinant,
00:48:27 on a tous essayé par exemple, Tchad, GPT, etc.
00:48:30 On est d'un côté fascinés parce qu'on se dit
00:48:32 parfois il sort des choses très pertinentes
00:48:35 qu'un humain aurait pu écrire et se dire vers quel monde on va
00:48:38 parce que c'est développable finalement presque à l'infini.
00:48:42 - Oui, je pense que ça a été dit par Olivier,
00:48:45 la grande différence entre toutes ces innovations technologiques
00:48:51 et la vie telle qu'elle peut se vivre
00:48:54 et qu'elle se vit encore j'espère le plus couramment,
00:48:57 c'est justement l'âme, la sensibilité que l'on va y mettre
00:49:01 et qui fait toute la différence entre une vie numérique
00:49:07 et une vie organique qui transpire, qui éprouve, qui pleure, qui rit.
00:49:18 - Qui palpite.
00:49:20 - C'est je pense ce qui nous sauvera en tout cas
00:49:24 de cette vie un peu chimérique qui peut se dessiner.
00:49:29 - Après c'est très difficile d'échapper aux problèmes techniques,
00:49:34 celui-ci en plus d'une fulgurance, parce que c'est très récent
00:49:38 qu'on parle autant de l'industrie.
00:49:40 Mais ça va à une vitesse considérable
00:49:42 et puis il y a aussi des aspects positifs,
00:49:44 notamment sur le plan médical, la recherche médicale
00:49:47 va faire des progrès considérables grâce à l'intelligence artificielle
00:49:50 pour mutualiser des données collectées dans le monde entier
00:49:54 pour aussi faire des progrès, lutter contre les cancers, etc.
00:49:57 Donc tout n'est pas négatif non plus,
00:49:59 mais c'est vrai qu'on entre dans un monde,
00:50:01 je ne parlerai pas au futur,
00:50:03 mais on est en train d'entrer dans un monde
00:50:05 où l'intelligence artificielle est déjà en train de prendre en partie
00:50:08 le pouvoir sur nos vies.
00:50:09 - Vous savez ce que c'est que l'âme, Elodie ?
00:50:11 C'est la forme du corps.
00:50:13 Vous rapprochez cette définition d'une phrase d'Elderlyne
00:50:16 qui vous explique que vivre, c'est défendre une forme
00:50:19 et vous avez avec ces deux phrases-là de quoi méditer
00:50:23 pour la nuit prochaine.
00:50:24 - Mais avant qu'on médite, on va passer au dernier édito
00:50:26 et c'est avec vous en plus, Vincent Roche,
00:50:28 parce qu'on va prendre des nouvelles de la CGT.
00:50:30 Qu'est-ce qui se passe à la CGT ?
00:50:32 - D'abord, comme je savais qu'Olivier était là ce soir,
00:50:34 il faut rappeler les liens entre le Parti communiste français,
00:50:36 les liens ténus et la CGT,
00:50:39 ou du moins, ces liens ténus étaient-ils ténus jadis ?
00:50:43 Longtemps, les dirigeants du Parti communiste français
00:50:45 ont d'abord été des militants et des dirigeants syndicaux
00:50:47 avec en commun la pratique de la solidarité.
00:50:50 Le secrétaire, songez à ça, le secrétaire général de la CGT jadis,
00:50:53 siégeait au bureau politique du PCF.
00:50:56 Bref.
00:50:57 - Ça a eu sa forme d'efficacité.
00:50:59 - Je vais essayer de vous dire en quoi
00:51:02 la CGT fut importante.
00:51:04 Prenons le commentaire d'Alain Suppiot, le juriste du droit du travail.
00:51:08 Il explique que la démocratie sociale
00:51:10 est un remède aux insuffisances de la conception purement quantitative
00:51:14 de la représentation politique.
00:51:16 Elle est née, ajoute-t-il, du choc de la révolution industrielle
00:51:20 et du constat que la société n'est pas le corps politique homogène rêvé
00:51:23 en 1789, mais une espèce de tout.
00:51:26 C'est l'exigence de justice qui conduisit, par exemple,
00:51:29 au XIXe siècle, les pays européens,
00:51:31 confrontés à la question sociale des ravages humains de la révolution industrielle,
00:51:35 à poser les premières pierres d'un droit social visant à protéger
00:51:38 leurs populations les plus fragiles, à commencer par les femmes,
00:51:41 par exemple, et les enfants d'ouvriers.
00:51:43 S'attachant au XXe siècle, Suppiot nous dit encore que
00:51:46 sauvegarder la démocratie impose de s'opposer à ce qu'un économiste américain
00:51:50 nomme la capture de la réglementation par de puissants groupes d'intérêts privés.
00:51:55 Pour cela, il conviendrait d'en revenir encore plus simplement
00:51:58 au principe établi par Montesquieu,
00:52:00 selon lequel tout homme qui a du pouvoir est emporté à en imbuser.
00:52:04 Il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.
00:52:09 Et Suppiot, de continuer, si j'ose dire,
00:52:12 cet impératif qui a inspiré le New Deal aux Etats-Unis
00:52:15 et en France le préambule de la Constitution de 1946
00:52:18 est d'une brûlante actualité à l'ère des GAFA.
00:52:21 Il affirme encore que c'est la conscience de cette insuffisance
00:52:24 de la représentation élective qui, depuis plus d'un siècle,
00:52:27 a conduit à faire progressivement place à la démocratie sociale.
00:52:31 Démocratie sociale sans laquelle, je le note,
00:52:34 la démocratie représentative ne serait pas ou n'est pas complète.
00:52:37 C'est pourquoi aucun parti politique démocratique ne serait ni ignoré
00:52:41 ni se substitué, encore moins dicté quoi que ce soit,
00:52:44 aux organisations syndicales.
00:52:46 Mais alors, quel est l'état de santé de la démocratie sociale ?
00:52:50 Écoutez, le simple fait que je pose la question vous laisse deviner ma réponse.
00:52:54 Suppio remarque encore, mais je ne suis pas d'accord avec lui sur ce point,
00:52:58 malgré tous leurs défauts qui sont nombreux,
00:53:00 les syndicats ont, de la réalité des conditions de vie et de travail
00:53:04 de l'ensemble de la population, une connaissance d'autre
00:53:07 qu'aucun parti ni commentateur politique ne peut aujourd'hui se prévaloir.
00:53:11 À propos des défaillances des partis de gauche,
00:53:14 permettez-moi de citer un dirigeant syndical qui n'est pas de la CGT,
00:53:17 puisqu'il s'agit de Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT.
00:53:21 Je crois que la gauche s'est fait piéger dans l'idée
00:53:24 que le travail était un lieu d'exploitation et d'aliénation,
00:53:27 sans doute parce qu'elle n'a pas réuni en son sein assez de travailleurs.
00:53:31 Tiens donc.
00:53:32 Alors l'inénarrable Sophie Binet, toute nouvelle secrétaire générale,
00:53:36 déclarait il y a peu "On a 30 000 nouvelles adhésions depuis le début de l'année,
00:53:41 il va falloir aussi aller chercher les autres salariés,
00:53:44 un rapport de force de court terme a été mis en place,
00:53:46 mais le moyen d'être gagnant en définitive, c'est la syndicalisation.
00:53:50 Si, à l'issue du mouvement, les syndicats doublent leurs effectifs,
00:53:54 le rapport de force sera considérablement transformé,
00:53:56 non seulement avec Emmanuel Macron,
00:53:59 mais aussi avec le patronat sur nos enjeux quotidiens,
00:54:02 le temps de travail, la pénibilité, les salaires.
00:54:04 Madame Binet est dans un rêve.
00:54:06 Elle rêve depuis huit mois, depuis sa prise de fonction.
00:54:09 Oui mais voilà, depuis la bataille des retraites,
00:54:11 la CGT voit son influence décliner.
00:54:13 N'oublions pas qu'elle a perdu son bastion d'EDF
00:54:16 aux dernières élections syndicales au profit de la CGC.
00:54:20 Madame Binet peut continuer de rêver, mais debout.
00:54:23 Voilà pour le contexte, mais qu'est-ce qui se passe donc à la CGT maintenant ?
00:54:27 Ah ben là, elle va cauchemarder.
00:54:29 Le canard enchaîné nous révèle que le 5 décembre dernier,
00:54:32 les très discrètes, alors c'est toujours compliqué à la CGT,
00:54:35 les très discrètes commissions exécutives confédérales
00:54:38 et commissions financières de contrôle de la Confédération
00:54:41 se sont réunies au siège.
00:54:43 Laurent Brun, l'homme-lige de Sophie Binet,
00:54:46 l'administrateur de la Confédération,
00:54:48 laisse tomber un pavé dans la mare.
00:54:51 Il a un déficit de 5,3 millions d'euros.
00:54:56 Une paille dans l'oeil.
00:54:58 Selon le canard, qui a pu consulter un document tout à fait confidentiel,
00:55:01 ce déficit s'expliquerait par une défaillance totale du contrôle de gestion.
00:55:06 C'est ici que je traduis.
00:55:08 Défaillance totale veut dire incompétence.
00:55:11 5,3 millions d'euros, on m'a bien entendu.
00:55:14 Toujours dans le document confidentiel.
00:55:16 Il est précisé que la conjoncture n'est pour rien dans l'affaire,
00:55:20 mais tendons l'oreille,
00:55:22 que la grande majorité des dérapages est structurelle.
00:55:26 J'adore ici le mot dérapage qui ne manque pas de saveur.
00:55:29 Mettant auprès d'un ami procurer le numéro de téléphone de Sophie Binet,
00:55:32 j'ai songé à l'appeler, dans le cadre de cet édito,
00:55:34 pour évoquer ce dérapage.
00:55:35 Mais je me suis vite ravisé en me rappelant qu'elle refusait de parler de la CNews.
00:55:38 - Et donc comment la CGT va faire pour combler ce déficit ?
00:55:41 - Écoutez, sans mesure radicale, la Confédération est en péril.
00:55:44 Il va falloir creuser, figurez-vous, Elodie,
00:55:47 dans la masse salariale qui dépend à 95% des cotisations.
00:55:51 Budget ? 12 millions d'euros.
00:55:54 C'est le premier poste de dépense de l'organisation.
00:55:56 Il va falloir réduire la voilure, a lancé Laurent Brun.
00:55:59 Oui mais, nous sommes à la CGT.
00:56:01 Un syndicat dans le syndicat, le CNN,
00:56:06 Comité Confédéral National, ne voit pas ça d'un bon oeil.
00:56:10 Les tracts vont pleuvoir.
00:56:12 Sabine Alexis, présidente de la Commission Financière de Contrôles,
00:56:16 se confesse, elle dit que la CGT n'échappe pas,
00:56:20 depuis des années, je la cite,
00:56:24 au mal du panier percé.
00:56:26 Oui parce que, on a beau être d'extrême-gauche,
00:56:29 on ne rigole pas avec les salaires.
00:56:31 - Est-ce que donc des licenciements sont envisagés ?
00:56:33 - Le gros mot, tout de suite.
00:56:35 Non, des départs plus ou moins volontaires,
00:56:38 dit au canard enchaîné, un participant à la réunion du 5 décembre.
00:56:43 N'allez pas penser, à moins que vous ne soyez totalement naïf,
00:56:48 et partant irrécupérable,
00:56:50 que parce que vous appartenez à la Confédération,
00:56:53 que parce que vous travaillez au siège,
00:56:55 que parce que vous défendez les ouvriers,
00:56:57 vous avez un salaire d'ouvrier.
00:56:59 Vous connaissez cette vieille formule, mais je la trafique un peu.
00:57:02 Souvent, quand le cœur est trop à gauche, le portefeuille est bien à droite.
00:57:07 L'argent a cette vertu de mettre tout le monde d'accord d'une certaine manière.
00:57:11 Mais l'argent, ça n'a pas d'odeur, et encore moins de l'idéologie.
00:57:13 Le capital, tout le monde veut en croquer.
00:57:15 C'est ainsi qu'il prospère, grâce encore à ceux-là même
00:57:17 qui s'en font les détracteurs.
00:57:19 Dans détracteurs, il y a tracts.
00:57:21 Imaginez des tracts d'un syndicat du syndicat.
00:57:24 Pour dénoncer les licenciements,
00:57:26 Mme Binet, toujours si pronte à donner des leçons,
00:57:28 aurait des nuits difficiles.
00:57:30 - En tout cas, si vous récupérez le tract du tract du syndicat du sous-syndicat,
00:57:33 vous nous l'amenez.
00:57:34 Olivier Dardigolle, qu'est-ce que vous pensez de cette démonstration ?
00:57:37 - Je vais défendre la CGT.
00:57:39 - D'abord, sachez-le, quand vous êtes un responsable militant,
00:57:44 représentant CGT, notamment dans le privé,
00:57:46 vous n'avez pas traditionnellement un déroulé de carrière très favorable.
00:57:51 Ça, c'est la première chose que je peux vous dire.
00:57:54 Les discriminations syndicales dans les déroulés de carrière existent.
00:57:58 Elles sont documentées.
00:58:00 Première chose, quand vous êtes permanent ou d'un syndicat
00:58:03 ou d'un parti politique, à quelques exceptions près,
00:58:05 je peux vous dire que vous vivez normalement.
00:58:08 Vous faites partie des classes moyennes, inférieures.
00:58:12 Vous n'avez pas des salaires mirobolants.
00:58:15 C'est toujours très dur quand, dans des organisations,
00:58:18 je veux dire progressistes, syndicats, partis, associations,
00:58:22 des personnes qui étaient à temps plein ou à mi-temps doivent partir.
00:58:26 Parce que pour ces personnes-là, et j'en connais beaucoup,
00:58:29 c'est plus qu'un métier.
00:58:31 C'est l'engagement d'une vie, c'est un militantisme.
00:58:34 Donc c'est un déchirement, c'est parfois même mené à des drames humains.
00:58:38 J'ai quelques souvenirs en tête.
00:58:41 Là où je découvre, je ne l'avais pas vu,
00:58:45 c'est ce 5,3 millions d'euros qui est quand même pas rien.
00:58:50 Moi, je n'ai pas les éléments encore sur la constitution réelle de ce déficit.
00:58:57 Un chiffre important qui a été donné par Vincent,
00:58:59 c'est 95 % dans les recettes des cotisations.
00:59:02 Donc on voit bien que c'est une organisation qui vit sur ses propres fonds,
00:59:06 sur ses propres moyens.
00:59:08 J'espère, normalement, que ça se fait comme ça encore.
00:59:11 Que s'il y a des départs volontaires, plus ou moins volontaires,
00:59:14 des choses sont réfléchies pour la continuité d'une activité salariée
00:59:19 dans d'autres lieux, sous d'autres horizons.
00:59:22 Ce qui est intéressant à observer, c'est qu'en réalité,
00:59:25 la CGT se fait piéger, ou beaucoup d'autres organisations
00:59:29 peuvent se faire piéger, la différence avec les autres organisations,
00:59:32 c'est qu'elle a à sa tête quelqu'un, Madame Sophie Binet,
00:59:35 qui hérite de la situation, mais qui l'a plus blanc que blanc,
00:59:39 qui nous donne des leçons de morale à tous coups.
00:59:41 - Et de journalisme. - Et de journalisme.
00:59:43 Et donc c'est très intéressant de voir que, avant de parler des autres,
00:59:47 elle va devoir commencer par balayer devant sa porte.
00:59:50 Ça me fait un plaisir infini.
00:59:51 - Michel et Raphaël, un mot chacun.
00:59:53 - Très très vite.
00:59:55 Les problèmes de gestion et d'intendance de la CGT,
00:59:58 pour moi, ne sont pas les plus graves.
01:00:00 Ce qui est beaucoup plus grave, c'est quand la CGT fait de la politique.
01:00:03 Et il y a une tradition en France que les syndicalistes
01:00:05 fassent de la politique, presque de la politique politicienne.
01:00:08 - Quand ? - Quand ? Mais à tout moment.
01:00:10 Au lieu de se contenter de revendications corporatistes,
01:00:13 de défense des intérêts, des salaires, des conditions de travail,
01:00:16 ils font de la politique politicienne.
01:00:18 - Je vous assure que, par exemple, le travail fait par l'intersyndical
01:00:23 au moment du mouvement des retraites
01:00:27 a été très intéressant, notamment pour nous faire questionner
01:00:30 la valeur du travail et la réalité du travail dans notre pays.
01:00:33 Défendez les syndicats et la démocratie sociale.
01:00:36 - Moi, je suis pour une syndicalisation obligatoire de tous les salariés.
01:00:39 - Allez, dernier mot, Michel, rapidement.
01:00:41 - Ça donnerait des syndicats nettement moins extrémistes.
01:00:44 - On va se syndicaliser.
01:00:47 - On va s'interrompre.
01:00:49 - On est trop là.
01:00:51 - Il est l'heure du journal avec Mathieu Devesre. Bonsoir, Mathieu.
01:00:54 - Bonsoir, Élodie. Bonsoir à tous.
01:00:56 Un adolescent de 16 ans est mort lors d'une rixe à Limoges.
01:00:59 Le jeune Turc a été tué par arme blanche.
01:01:02 Une information judiciaire a été ouverte à l'encontre de 5 suspects.
01:01:05 Il s'agit de 5 mineurs pakistanais âgés de 15 à 17 ans.
01:01:09 Les crimes de haine ont augmenté cette année en France.
01:01:12 C'est le bilan dressé par l'Office central de lutte contre les crimes
01:01:15 contre l'humanité et les crimes de haine.
01:01:18 Une augmentation de 15 % des dossiers traités par rapport à l'an dernier
01:01:21 et plus de 1 800 faits antisémites ont été recensés en France cette année.
01:01:26 Enfin, Emmanuel Macron réitère sa demande d'incesser le feu durable à Gaza.
01:01:30 Le président a échangé par téléphone avec le Premier ministre israélien.
01:01:34 Emmanuel Macron a informé Benyamin Netanyahou de sa plus vive préoccupation
01:01:38 face au nombre de victimes civiles et à, je cite,
01:01:41 "l'urgence humanitaire absolue constatée dans la bande de Gaza".
01:01:45 - Merci, Mathieu Devesre. Il nous reste peu de temps.
01:01:49 Mais Raphaël, peut-être une réaction sur ce débat animé autour de la CGT.
01:01:53 - Je vais prendre au mot Vincent. Nous allons nous syndiquer à la tour
01:01:57 puisqu'il faut désormais rendre obligatoire la syndication de tout le monde
01:02:01 pour en fait sauver les syndicats qui ont perdu finalement la force qui était la leur
01:02:08 faute d'avoir une représentativité dans la société.
01:02:12 C'est un petit peu comme la démocratie où c'est un songe qui traverse l'esprit de beaucoup
01:02:19 que de vouloir rendre obligatoire les élections
01:02:21 pour essayer de redonner de la légitimité à ceux qui sont élus.
01:02:25 Malheureusement, il faudrait que les politiques comme les syndicats
01:02:29 redeviennent à ce qu'ils doivent être pour que les gens votent ou se syndicalisent.
01:02:34 Il faut garder en tête cette belle définition de Churchill de la démocratie.
01:02:37 La démocratie, c'est bien quand on est deux à décider.
01:02:40 - Et c'est terminé. - Et c'est le pire du système, mais il n'y en a pas le meilleur.
01:02:43 - Allez, on termine sur ces citations. Merci à tous les quatre d'avoir été les invités de Face à l'Info.
01:02:47 Merci à vous tous de nous avoir suivis pendant cette semaine.
01:02:50 Merci à Sabrina Slimani qui m'a aidée à préparer les émissions.
01:02:53 Tout de suite, c'est l'heure des pros avec Eliott Deval et ses invités.
01:02:56 invités.
01:02:56 ♪ ♪ ♪