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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 Joyeux Noël, les débats vont commencer dans un instant mais tout de suite l'actualité avec Félicité Kindoki.
00:00:04 Bonjour Élodie, bonjour à tous.
00:00:07 11 personnes se sont évadées du centre de rétention administrative de Paris-Vincennes.
00:00:11 Une évasion constatée ce matin à 9h.
00:00:14 Il s'agit d'11 individus ayant forcé une fenêtre après avoir réussi à couper le grillage.
00:00:18 Aucune alarme ne s'est déclenchée.
00:00:20 Les évadés sont activement recherchés.
00:00:22 La surveillance a été renforcée sur le site.
00:00:24 Du saumon fumé rappelé dans toute la France en raison de risque de l'hystériose.
00:00:29 C'est la marque Sass le Fumoir qui est concernée par ce rappel.
00:00:33 Le lot de saumon fumé tranché de Norvège a été distribué par des grossistes plus prudence.
00:00:38 Donc si vous avez acheté ce produit, la présence de la bactérie Listeria est donc possible.
00:00:42 En Israël, le Tsaïl a annoncé la mort de deux soldats.
00:00:46 Ce qui porte à 156 le nombre de ces pertes depuis le début de l'offensive terrestre lancée à Gaza le 27 octobre.
00:00:52 20 jours après le début des bombardements aériens.
00:00:55 Malgré les appels croissants à un cessez-le-feu, un lourd bilan humain et une crise humanitaire qualifiée de catastrophique par l'ONU et les ONG,
00:01:03 le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou reste inflexible.
00:01:07 Il promet une intensification de l'offensive militaire.
00:01:10 Merci à vous, félicité.
00:01:15 On vous retrouve dans une demi-heure pour un prochain Point complet sur l'actualité.
00:01:19 Au sommaire de ce Face à l'Info ce soir.
00:01:21 D'abord avec vous, Michel Taubes.
00:01:22 On reviendra sur cet avion qui a été immobilisé dans la Marne pour soupçons de traite d'êtres humains.
00:01:27 On en va en tirer les leçons ensemble.
00:01:29 Vous allez nous raconter notamment ce qu'a dit un steward qui travaille dans ces compagnies et qui a donné quelques informations.
00:01:34 Et on fera aussi un peu l'atlas justement de ces migrations qui passent par les airs.
00:01:38 Avec vous, Vincent Roy.
00:01:39 On va évoquer la censure aux Etats-Unis.
00:01:41 Plus de 3000 livres interdits et retirés des écoles, des facs, des bibliothèques.
00:01:45 C'est du jamais vu.
00:01:46 Une censure qui vient à la fois de l'ultra droite conservatrice, de la gauche ou auche également.
00:01:50 Vous nous expliquerez comment on en est arrivé là et vous nous direz aussi que cette censure ne s'arrête pas là.
00:01:55 La violence contre les élus également.
00:01:57 Le gouvernement avait promis de s'y attaquer.
00:01:59 Et pourtant André Mondange, le maire de PH de Roussillon, a été agressé dans la nuit de jeudi à vendredi.
00:02:04 Comment mieux protéger nos élus ?
00:02:06 Comment sont-ils devenus des cibles ?
00:02:07 Comment on en arrive là ?
00:02:08 On en parlera avec Nathan Devers.
00:02:10 On parlera aussi langue française avec vous, Jonathan Cixous.
00:02:13 La semaine dernière, une association a remporté une bataille judiciaire plus que symbolique.
00:02:18 L'aéroport de Metz Nancy Lorraine, qui s'était baptisé Lorraine Airport, doit désormais s'appeler Lorraine Aéroport.
00:02:23 Une première victoire.
00:02:24 Mais vous allez nous montrer que les lois existent pourtant pour protéger notre belle langue française,
00:02:28 mais qu'elles ne sont pas toujours appliquées.
00:02:31 Et puis enfin avec vous, encore Michel Taubes, on reviendra sur la réserve parlementaire.
00:02:35 C'est cet ensemble de subventions du budget de l'État qui permettait aux députés et aux sénateurs de financer
00:02:40 des associations et des collectivités de leur circonscription.
00:02:42 Elle a été supprimée par Emmanuel Macron en 2017.
00:02:45 Depuis, les parlementaires plaident pour son retour.
00:02:47 On vous montrera comment cela a participé à la déconnexion de la macronie des réalités locales.
00:02:51 Et je vous le disais, on va commencer avec vous, Michel Taubes.
00:02:56 Bonsoir, Michel.
00:02:57 Bonsoir.
00:02:57 Vous allez revenir justement sur l'un des épisodes de ce week-end.
00:03:00 Cet avion qui a été cloué au sol à Vatri dans la Marne avec presque 300 passagers venus d'Inde
00:03:05 et dont l'avion a redécollé en début d'après-midi vers l'Inde.
00:03:09 Tout à fait.
00:03:09 Alors évidemment, il faut être extrêmement prudent.
00:03:11 On n'a pas beaucoup d'éléments.
00:03:12 On a plus d'informations de la part des avocats, des personnes qui ont été retenues sur le sol français
00:03:18 que de la part des autorités publiques.
00:03:20 Donc ça, j'y reviendrai tout à l'heure.
00:03:23 Mais quand même, ce qui, je pense, est très important,
00:03:25 ce qui s'est passé à Vatri nous montre en fait que l'atlas mondial des migrations illégales
00:03:31 passe par tous les moyens de locomotion.
00:03:33 On connaît la mer, on connaît la terre, mais il y a aussi les airs.
00:03:36 Alors la mer, évidemment, on le sait, l'actualité est presque quotidienne avec la Méditerranée.
00:03:40 Vous avez des bateaux qui essayent de traverser la Méditerranée,
00:03:43 de rejoindre l'Italie, l'Espagne, et ça, c'est courant.
00:03:47 On le sait aussi par la terre.
00:03:49 On se souvient notamment lorsqu'il y avait des vagues de migration en 2015 venant de Turquie,
00:03:54 où il y avait de très nombreuses personnes qui venaient par la terre vers l'Europe, vers l'Union européenne.
00:03:59 Mais là, à Vatri, c'est par les airs que ça se passe.
00:04:01 Et ça, c'est peut-être une nouveauté, c'est quelque chose qui surprend.
00:04:04 Alors, il y a déjà eu des témoignages et des faits rapportés de personnes,
00:04:08 notamment des mineurs qui sont morts dans les sous-tabagages d'avions qui venaient d'Afrique vers l'Europe.
00:04:14 Mais c'est quand même rarissime.
00:04:15 Mais là, d'avoir 300 personnes, plus de 300 personnes retenues sur le sol français, c'est totalement inédit.
00:04:21 Et c'est quand même extrêmement...
00:04:23 Ça interpelle et ça surprend.
00:04:25 Et ça montre encore une fois que pour les mafias qui organisent les traités d'êtres humains,
00:04:29 si ceci est avéré, tous les moyens sont bons et tous les moyens de locomotion sont bons
00:04:33 pour arriver à ce but de passer d'un continent à l'autre.
00:04:38 Mais qu'est-ce qui vous surprend dans ce qui s'est passé à Vatry ce week-end ?
00:04:42 Déjà, la première chose qui me surprend, c'est le dénouement de cette affaire.
00:04:45 C'est-à-dire qu'en fait, l'avion qui initialement devait aller vers le Nicaragua,
00:04:49 finalement, retourne vers l'Inde.
00:04:50 C'est quand même étrange.
00:04:51 Donc, si ça avait été un vol régulier, je ne pense pas qu'il serait retourné d'où il est venu.
00:04:56 Donc ça, c'est la première chose.
00:05:00 La deuxième chose, c'est que manifestement, cette affaire de Vatry
00:05:03 met le doigt sur certains types de compagnies qu'on appelle des ACMI.
00:05:07 Excusez-moi, je vais le dire en anglais.
00:05:09 Aircraft Crew Maintenance and Insurance,
00:05:11 qui sont en fait des compagnies auprès desquelles vous pouvez louer clé en main,
00:05:15 un avion, des pilotes, l'assurance et toute la maintenance technique.
00:05:20 Et tout le monde peut le faire.
00:05:21 Et des compagnies ACMI comme celle qui a été prise, j'ai envie de dire, dans les mailles du filet,
00:05:26 il y en a de nombreuses.
00:05:28 Et d'après, non pas un steward, mais un cadre dirigeant d'une autre compagnie
00:05:33 que la compagnie Legand Airlines qui est en cause à Vatry,
00:05:37 manifestement, ce n'est pas la première fois que vous avez des sociétés
00:05:40 qui louent les services d'ACMI et qui sont des sociétés souvent
00:05:44 sur lesquelles il n'y a pas d'enquête sur quels sont les capitaux,
00:05:46 qui en sont les propriétaires.
00:05:48 Donc la vraie question qui se pose sur l'affaire de Vatry,
00:05:51 c'est que la société qui a mis à disposition cet avion,
00:05:54 à qui a-t-elle loué ses services ?
00:05:56 À quelle société ? À quelle personne ?
00:05:59 Et ça, c'est la vraie question sur laquelle j'imagine
00:06:01 l'enquête judiciaire apportera certainement des éléments.
00:06:05 Ensuite, un autre élément, c'est que les mafias internationales
00:06:08 sont de plus en plus, j'ai envie de dire, professionnalisées malheureusement.
00:06:12 Et elles utilisent des moyens de plus en plus subtils.
00:06:15 Et donc le fait d'avoir choisi peut-être un aéroport de frette
00:06:18 plus que de passagers, qui est un des plus petits aéroports de France,
00:06:22 celui de Vatry, qui est entre Troyes, Reims, Châlons-en-Champagne,
00:06:26 Éviterie-le-François, c'est certainement...
00:06:29 Ils ont dû se dire que ça n'était pas un aéroport aussi contrôlé
00:06:33 que peuvent l'être Orly, Roissy, Nice ou d'autres villes.
00:06:37 Et puis enfin, d'après mes informations, ce qu'il faut bien savoir,
00:06:40 c'est que lorsque vous avez des départs comme cela de très nombreuses personnes
00:06:45 par des avions, ça coûte très, très cher pour les migrants qui essayent
00:06:49 par tout moyen d'aller en l'occurrence vers les États-Unis.
00:06:53 Et ce que je voudrais, ce à quoi je dois vraiment insister,
00:06:56 c'est que les migrants, qu'ils utilisent la mer, la terre ou le ciel
00:07:01 pour par tout moyen possible venir vers l'Europe ou vers les États-Unis,
00:07:04 en fait, ça leur coûte très cher.
00:07:06 Et ce n'est pas, contrairement à ce qu'on dit très souvent,
00:07:08 les plus pauvres d'entre eux dans les pays d'origine
00:07:11 qui peuvent se permettre de se payer des 5 ou 10 000 dollars
00:07:15 pour venir par la mer de l'Afrique vers l'Europe,
00:07:19 ou jusqu'à 50 à 60 000 dollars, comme ma source me l'a certifié,
00:07:24 pour des migrants qui viendraient par des avions,
00:07:26 qui seraient loués par des sociétés, encore une fois, de passeurs
00:07:30 et de mafieux et qui doivent payer chaque passager 50 à 60 000 dollars.
00:07:35 Ce sont des sommes considérables.
00:07:36 Et donc, ce ne sont pas les plus pauvres,
00:07:39 ce ne sont pas les plus pauvres qui peuvent se le permettre.
00:07:41 C'est souvent des classes moyennes qui peuvent se le permettre,
00:07:44 j'ai envie de dire, par un calcul économique qui est fait dans des familles.
00:07:48 On se dit qu'il y a une personne dans la famille qui va tenter l'aventure.
00:07:52 Tout le monde va se cotiser pour pouvoir payer ces sommes folles.
00:07:55 Il y a des systèmes d'emprunts, de cautions, aussi de menaces
00:07:58 sur les familles d'origine de ces passagers.
00:08:00 Et donc, c'est toute une économie qui s'est mise en place
00:08:02 et qui est extrêmement structurée et sur laquelle, j'imagine,
00:08:05 je pense que les autorités aériennes françaises, européennes,
00:08:12 devraient, à mon avis, enquêter beaucoup plus à fond.
00:08:15 En tout cas, il n'empêche que l'avion a pu repartir.
00:08:17 Les deux passagers qui sont soupçonnés d'être des passeurs
00:08:20 et ont été présentés à un juge d'instruction en vue d'une possible mise en examen,
00:08:23 finalement, ils ont été laissés libres à l'issue d'une audition dans l'après-midi.
00:08:27 Il s'agit de deux hommes nés en 2000 et 1984.
00:08:30 Ils avaient été placés en garde à vue vendredi
00:08:32 car soupçonnés justement d'avoir joué un rôle
00:08:35 dans ce qui pourrait être une filière d'immigration clandestine.
00:08:37 Est-ce que c'est, selon vous, l'aveu d'un échec pour la police judiciaire
00:08:41 et les autorités qui ont cloué au sol cet avion ?
00:08:43 Non, je ne le pense pas.
00:08:44 En fait, ce qui se passe, c'est qu'on est dans un état de droit.
00:08:46 Et dans un état de droit, ce qui joue souvent contre l'enquête policière, c'est le temps.
00:08:51 Et c'est vrai que l'avion a été cloué au sol le jeudi.
00:08:53 On était à la veille du week-end de Noël.
00:08:56 Et donc, ça a demandé la mobilisation de moyens humains considérables
00:08:59 de la part des autorités françaises pour essayer de garantir d'abord aux 300 passagers
00:09:04 des conditions dignes, et à tant soit peu dignes, de séjour sur le sol français.
00:09:08 Et ensuite, pour mener l'enquête.
00:09:10 Mais le temps passe très vite.
00:09:11 Et ce qui, moi, m'a étonné, c'est que très rapidement,
00:09:13 on a vu entrer en jeu le barreau des avocats de Châlois-en-Champagne,
00:09:17 ce qui est normal, c'est l'état de droit.
00:09:19 Il faut le respecter.
00:09:20 Mais en même temps, tout cela a permis, à mon avis,
00:09:22 de faire valoir des droits aux dix passagers
00:09:25 qui ont peut-être joué contre l'enquête policière,
00:09:28 qui s'est révélée très, très rapidement, extrêmement complexe,
00:09:30 et qui a dû peut-être mener à des négociations, au final,
00:09:34 qui a fait qu'il a été décédé.
00:09:35 On laisse repartir les passagers qui veulent repartir,
00:09:37 mais pas vers leur destination initiale,
00:09:40 qui est le Nicaragua, en fait, les États-Unis,
00:09:43 mais retour, j'ai envie de dire, d'où ils venaient,
00:09:45 c'est-à-dire à Bombay, en Inde.
00:09:47 Donc, j'ai envie de dire que le temps, le respect de la procédure
00:09:50 peut parfois jouer contre des enquêtes policières extrêmement complexes.
00:09:54 Non, moi, je pense qu'il faut saluer l'audace
00:09:57 dont a fait preuve le parquet et la police judiciaire
00:10:01 en essayant de voir ce qui se passait dans cet avion.
00:10:03 Et encore une fois, je pense que ce fait-là,
00:10:05 qui n'est pas le premier, à mon avis,
00:10:08 il y a eu d'autres affaires de ce genre,
00:10:10 montre qu'encore une fois, cet atlas des migrations illégales,
00:10:13 il est vraiment devenu mondial
00:10:15 et il est par tous les moyens de locomotion possible.
00:10:18 Merci beaucoup, Michel Thaube.
00:10:20 Justement, ce qu'on comprend aussi, Jonathan Cixous,
00:10:21 dans ce que vient nous expliquer Michel,
00:10:23 c'est que ces passeurs sont souvent plus malins que la législation,
00:10:26 mais quand on entend ce que vous nous expliquiez sur les avions,
00:10:29 qu'on peut louer clé en main, c'est-à-dire avec les pilotes,
00:10:31 tout le personnel de bord,
00:10:33 on imagine que pour les passeurs, c'est une aubaine extraordinaire.
00:10:36 C'est ce qui m'a marqué le plus,
00:10:38 pour commencer dans la démonstration de Michel,
00:10:40 parce que c'est une illustration d'un...
00:10:42 C'est rendu possible, finalement, ce type d'opacité
00:10:46 grâce à une sorte de capitalisme fou
00:10:48 où vous pouvez uniquement, avec de l'argent,
00:10:50 faire ce que vous voulez.
00:10:51 Et on voit bien que les filières criminelles ne s'en privent pas
00:10:54 et arrivent à gérer et à manipuler absolument
00:10:57 toute la ligne, du début à la fin.
00:11:00 Et emprisonnés que nous sommes, si je puis dire,
00:11:02 dans notre état de droit,
00:11:03 nous sommes systématiquement les dindons de la farce,
00:11:06 alors qu'on a tout sous les yeux, toutes les filières,
00:11:08 tous les réseaux, que ce soit de la traite humaine,
00:11:11 parce qu'il n'y a pas d'autre nom, d'autre mot que ça,
00:11:14 que ce soit du trafic d'armes,
00:11:15 que ce soit tous les pires trafics qui soient actuellement.
00:11:19 Et on assiste impuissants, j'ai envie de dire, à cela.
00:11:24 C'est vrai que la justice a fait un boulot assez spectaculaire,
00:11:27 plus de 300 personnes auditionnées en deux jours
00:11:29 dans un aéroport, etc.
00:11:31 Mais pour des raisons de droit strictes,
00:11:34 pour des raisons, j'ai envie de dire, techniques,
00:11:37 on les a laissées partir.
00:11:38 Et puis, vraisemblablement, les deux passeurs suspectés
00:11:41 sont dans la nature ce soir.
00:11:42 Et un point très important, j'ai oublié de dire,
00:11:44 c'est que 25 des passagers ont demandé l'asile politique.
00:11:47 Et ça, c'est aussi un indice de ce que c'était peut-être pas
00:11:50 des touristes qui allaient visiter...
00:11:52 Il est rare que le touriste qui est au sol
00:11:54 pour un problème d'avion demande l'asile.
00:11:55 Et dernier point, le juge de liberté a ordonné
00:11:58 leur libération ou j'imagine leur retour
00:12:02 le plus rapidement possible,
00:12:03 sur la base d'un argument quand même un petit peu sidérant,
00:12:06 parce qu'effectivement, les dix passagers auraient dit
00:12:08 qu'ils étaient là par leur libre volonté.
00:12:11 Et c'est vrai que lorsque vous tentez cette aventure,
00:12:14 vous dites forcément ce que je fais là,
00:12:16 alors qu'en fait, souvent, il s'agit d'une véritable traite d'humain.
00:12:19 Sauf que les personnes ont tellement d'enjeux et le poids...
00:12:22 - Oui, et on leur promet un avenir meilleur aussi.
00:12:24 - Et le poids d'une dette considérable également,
00:12:27 que évidemment, ils ne vont pas avouer leur culpabilité comme ça.
00:12:30 Donc, le temps n'a pas joué, je pense, pour l'enquête,
00:12:32 mais celle-ci n'est peut-être pas finie.
00:12:34 Et je pense que l'aviation civile européenne
00:12:36 devrait enquêter de près sur ces sociétés
00:12:39 de location de passagers sur lesquels, encore une fois,
00:12:43 il y aurait peut-être des choses à regarder de près.
00:12:44 - Nathan, vous voulez y réagir ?
00:12:45 - Oui, on peut avoir aussi une réflexion sur l'aéroport de Vatry,
00:12:48 parce que c'est une situation très spéciale.
00:12:50 C'est un aéroport, pour ceux qui s'intéressent à l'aviation,
00:12:51 qui est une des plus grandes pistes de France,
00:12:53 je crois, plus de 3 km, c'est une ancienne base militaire.
00:12:56 Et ça fait une trentaine d'années que l'aéroport est ouvert.
00:13:00 Et en fait, il est dans une situation assez paradoxale,
00:13:03 où d'un côté, il est très largement déficitaire, ça se passe mal.
00:13:06 Il était initialement prévu pour le fret,
00:13:08 ensuite ouvert à des sociétés de charters de vol low cost,
00:13:12 mais où ça ne se passe pas extrêmement bien.
00:13:15 Il y a quelques mois, parce que c'est le département de la Marne
00:13:17 qui est propriétaire, ils ont donné un chèque énorme
00:13:21 pour soutenir à bout de bras l'économie de cet aéroport,
00:13:25 donc ça coûte très cher aux contribuables.
00:13:27 Et ils ont en même temps dit que c'était pour renouveler leur confiance,
00:13:31 tout en l'ouvrant à une potentielle vente et une potentielle privatisation.
00:13:34 Donc à mon avis, il faut quand même avoir une réflexion.
00:13:36 Ou bien cet aéroport, il a vraiment un intérêt,
00:13:39 auquel cas on pourrait réfléchir à des partenariats
00:13:41 où il y a une association avec les aéroports de Paris,
00:13:43 qui s'appelle Paris Vatri, ou bien il n'a pas d'intérêt,
00:13:45 et auquel cas on peut se poser la question du poids
00:13:48 qu'il représente dans l'économie de ce département.
00:13:50 Et juste, je ne sais pas dans quelle mesure ces informations sont importantes,
00:13:53 mais je crois quand même qu'une partie non négligeable des passagers,
00:13:57 quand ils ont été auditionnés, ils ont montré qu'ils avaient pris
00:14:00 des billets allés, des billets retours pour le Nicaragua,
00:14:02 qu'ils avaient réservé des hôtels et qu'ils partaient bel et bien en vacances,
00:14:05 et qu'ils n'étaient pas dans une logique de migration.
00:14:08 Après, des personnes mises en examen disposaient des cartes d'embarquement
00:14:12 des autres passagers, ce qui peut être aussi un indice de doute sur la véracité.
00:14:16 En tous les cas, je pense que cette enquête sera certainement utile
00:14:19 et permettra d'apprendre des éléments de contrôle, en fait,
00:14:23 sur le contrôle de l'espace aérien.
00:14:26 On va parler maintenant d'un autre sujet avec vous, Vincent Rouin,
00:14:28 et notamment de la censure aux États-Unis,
00:14:31 puisque, on le disait, je le disais tout à l'heure dans le sommaire,
00:14:34 un grand nombre d'œuvres littéraires ont été retirées des écoles,
00:14:37 des facs et des bibliothèques.
00:14:38 Oui, absolument.
00:14:39 3 362 livres furent bannis des écoles et des bibliothèques publiques
00:14:44 dans de nombreux États américains durant la seule année scolaire 2022-2023.
00:14:50 Donc la guerre idéologique a débuté.
00:14:54 Bon, on ne va pas être totalement naïf, il y a longtemps que cette guerre fait rage,
00:14:57 mais c'est son ampleur qui, aujourd'hui, il a plus de 3 000 ouvrages,
00:15:00 c'est son ampleur qui nous interpelle.
00:15:02 Alors, au pays dit de la liberté d'expression,
00:15:04 on va mettre vraiment des guillemets un peu partout,
00:15:07 l'année a été marquée par une vague géante de censures.
00:15:11 L'édition est devenue le point névralgique de cette guerre idéologique
00:15:15 que se livrent entre eux, alors deux camps,
00:15:17 les radicaux républicains et les plus radicaux des démocrates.
00:15:22 Deux Amériques qui se confassent,
00:15:24 chaque parti prétendant lutter contre l'endoctrinement
00:15:27 et le pervertissement des enfants,
00:15:30 exposés, selon eux, à des récits ou à des images,
00:15:34 à des propos violents ou pornographiques.
00:15:38 Mais cette vague idéologique va immanquablement,
00:15:40 à un moment ou à un autre, nous impacter.
00:15:43 On a aujourd'hui, on sait que dans nos propres maisons d'édition,
00:15:45 nous avons des "sensitivity riders"
00:15:48 qui sont là pour surveiller qu'aucune communauté ne puisse être choquée.
00:15:52 La fiction est donc attaquée de toutes parts et depuis longtemps.
00:15:56 Mais donc le phénomène ne serait pas nouveau Outre-Atlantique ?
00:15:59 Non, le phénomène n'est pas nouveau.
00:16:00 Entre 1918 et 1920, Outre-Atlantique, Margaret Anderson et Jane Heap
00:16:06 font paraître dans leur "little review" des passages de "Lulis",
00:16:10 le roman de James Joyce.
00:16:11 Le numéro de juillet-août 1920 reproduit une partie de l'épisode "Nausicaa",
00:16:17 c'est-à-dire cet épisode relaté par Romer,
00:16:21 retraduit d'une certaine manière par James Joyce.
00:16:24 Il est à l'origine d'un procès retentissant
00:16:26 intenté par la "New York Society for the Suppression of Vice".
00:16:33 C'est-à-dire qu'on n'est pas en Afghanistan, on est à New York en 1920.
00:16:36 Je répète, nous sommes en 1920 et voici que nous parlons
00:16:38 de la Société New-Yorkaise pour la Suppression du Vice.
00:16:42 Mais voyons ce qui se passe en France,
00:16:45 parce qu'après tout, on doit se...
00:16:47 Je vais essayer de rentrer un peu dans le détail.
00:16:49 Dans un mensuel littéraire, dont je tairai le nom,
00:16:52 voici ce que j'ai lu il y a quelques mois.
00:16:55 Titre du papier, "Révolution, les femmes parlent, les hommes écoutent".
00:17:00 Bon, une société post-patriarcale, j'avais compris, serait à l'œuvre,
00:17:03 à condition, nous explique un sociologue, de dégenrer, alors dégenrons.
00:17:07 Plus intéressant encore, dans ce que je vais appeler "le bavardage",
00:17:11 une enseignante chercheuse relit nos classiques à neuf
00:17:15 et découvre qu'ils cachent une violence tue par leurs auteurs.
00:17:20 Alors, passons sur Carmen, l'opéra bien connu,
00:17:24 mais revenons à la Carmen de Mérimée,
00:17:26 qui, selon notre tête chercheuse, a été violée par Don José,
00:17:30 ce que Mérimée s'est bien gardée de nous dire,
00:17:33 d'autant que c'est le violeur qui raconte l'histoire.
00:17:35 Si elle n'avait pas été violée, nous dit toujours notre chercheuse,
00:17:38 Carmen aurait à coup sûr choisi de fuir son agresseur, c'est-à-dire José,
00:17:43 mais une femme abusée n'a aucune réaction,
00:17:47 elle est absente à elle-même, c'est donc la preuve qu'elle a été violée.
00:17:50 Partons directement au champ 6 de l'Odyssée de Mer,
00:17:54 quand Nausicaa, précisément, 15 ans et quelques mois,
00:17:58 tombe sur Ulysse nu, il a fait un long voyage,
00:18:02 il est naufragé, ses vêtements ont été déchirés par une mer et par une houle importante,
00:18:09 et elle ne s'enfuit pas à la vue de cet homme nu, comme ses amis et servantes.
00:18:14 Là, l'enseignante, à tête chercheuse, pose une question
00:18:18 qui comprend dans le même temps sa réponse,
00:18:20 mais il ne lui arrive vraiment rien à Nausicaa ?
00:18:23 Mais comment donc ?
00:18:24 Bien avant Mérimée, Homer aurait oublié de nous avouer quelque chose.
00:18:29 Poursuivant, vous allez voir, c'est captivant,
00:18:31 quand Jason arrive en Colchide, Médée trahit pour lui sa famille et va jusqu'à tuer son frère.
00:18:36 Comment expliquer ce crime, nous dit cette chercheuse ?
00:18:39 Mais très simplement, Vénus est intervenue,
00:18:41 descendue de l'Olympe pour enseigner Jason,
00:18:44 lui apprendre l'art de se faire aimer de Médée.
00:18:47 Cet art, le dit d'ailleurs, pour les plus précis d'entre nous, dans la quatrième pithique.
00:18:51 Sur cet art, notre enseignante chercheuse voudrait des éclaircissements,
00:18:55 elle soupçonne Vénus de pousser au crime, il faudrait pouvoir interroger Vénus.
00:19:00 Et s'élimène la veuve joyeuse et libre.
00:19:03 Comment comprendre qu'à la fin du misanthrope,
00:19:06 elle propose à Alceste un mariage auquel elle s'est toujours refusée ?
00:19:10 Mais c'est qu'à l'instar de Carmène, de Nausicaa ou de Médée, elle a été violée.
00:19:15 On pourrait à l'envie multiplier les exemples.
00:19:18 Notre chercheuse cherche, je dirais même qu'elle creuse.
00:19:22 Elle sait lire entre les lignes dans les blancs et conclue, ce qui est quand même captivant.
00:19:26 Une récente campagne a appelé les victimes d'agressions sexuelles
00:19:30 à briser le silence qui les tue une deuxième fois.
00:19:33 Je ne vois aucune raison à ce que cette saine entreprise s'arrête au bord de la fiction.
00:19:39 Nous y sommes.
00:19:40 Elle lance un appel solennel #BalanceTonPortDansLaFiction.
00:19:46 Tout cela, il va s'en dire, est très sérieux.
00:19:49 On voit bien qu'une part non négligeable de l'université française
00:19:53 est donc devenue une école de police.
00:19:56 Récemment, des agrégatifs en lettres se sont émus d'un sonnet de ronçard
00:20:01 en y lisant une fantaisie de viol.
00:20:05 Comme ceci est joliment dit.
00:20:06 Celui de Cassandre, évidemment.
00:20:07 L'une des étudiantes a expliqué que le viol y était présenté comme désirable
00:20:12 et que l'étude du poème peut être extrêmement violente pour certaines...
00:20:17 J'ai du mal à lire.
00:20:17 Certains points E, S, élèvent évidemment intervention de l'écriture inclusive
00:20:23 qui est rien d'autre que l'intervention de la morale dans la langue.
00:20:26 Alors je suis allé voir ronçard.
00:20:27 Enfin, je suis allé lire, relire ronçard.
00:20:30 Et vous voyez, même à CNews, le jour de Noël, on peut lire ronçard.
00:20:32 Alors il écrit ses verres absolument flamboyants.
00:20:35 "Je voudrois bien richement jaunissant en pluie d'or goutte à goutte descendre
00:20:40 dans le beau sein de ma belle Cassandre,
00:20:43 lorqu'en ses yeux le somme va glissant.
00:20:46 Je voudrois bien en taureau blandissant."
00:20:50 Vous allez voir, c'est là que ça pose problème.
00:20:52 "Me transformer pour finement la prendre,
00:20:55 quand en avril, par l'herbe la plus tendre,
00:20:58 elle va fleur, mille fleurs ravissant.
00:21:01 Je voudrois bien, afin d'abdéser ma peine, être un arcisse et elle une fontaine
00:21:07 pour m'y plonger une nuit à six jours."
00:21:10 Alors j'ai souligné le taureau blandissant,
00:21:13 qui ne veut pas dire brutal, mais qui veut dire caressant.
00:21:18 Et finement la prendre, qui veut dire délicatement.
00:21:21 Mais qu'importe, le moment est venu de stériliser ce texte.
00:21:27 Ce qu'on apprend et qui est éclairant,
00:21:28 c'est que parfois les pauvres peuvent se transformer en taureaux.
00:21:31 On l'a compris, nos classiques littéraires sont attaqués,
00:21:34 mais la censure est plus large encore.
00:21:35 Est-ce qu'elle ne touche pas finalement les œuvres dans leur ensemble
00:21:38 et pas seulement les œuvres littéraires ?
00:21:40 Voilà, retour Outre-Atlantique.
00:21:41 Bon, on se souvient des dernières toiles, par exemple de Picasso,
00:21:44 qui avait défrayé la chronique.
00:21:45 C'était une orgie d'érotisme insoutenable pour le puritanisme américain.
00:21:50 Mais enfin, c'est le New York Times que je lis.
00:21:52 Nous sommes en 2019 et voici un titre qui est éclairant.
00:21:56 « Is it time Gauguin got cancelled ? »
00:21:59 Alors, est-ce qu'on doit évacuer Gauguin ?
00:22:01 Sous-titre « Museums are reseizing the legacy of an artist who had sex ».
00:22:08 L'exposition Gauguin Portraits, proposée par la National Gallery,
00:22:11 déclenche une nouvelle polémique.
00:22:13 Dans le New York Times, je le répète,
00:22:14 l'artiste a entretenu à partir de 1891 et son arrivée à Tahiti
00:22:18 des relations sexuelles avec de trop jeunes vahinés.
00:22:21 Et pire, monstrués même, il les a peintes.
00:22:23 Là, il n'y a même pas besoin de s'inquiéter de la preuve.
00:22:26 Les commissaires de l'exposition londonienne,
00:22:28 dans un souci de transparence, nous précisent encore,
00:22:31 le grand quotidien new-yorkais,
00:22:32 ont cru bon d'afficher clairement sur les murs
00:22:35 le peintre a souvent eu des relations sexuelles avec de très jeunes filles,
00:22:38 épousant deux d'entre elles.
00:22:39 Nul doute que Gauguin a tiré parti de sa position d'occidentale,
00:22:42 entendez, hétérosexuel blanc,
00:22:44 privilégiée pour profiter de toutes les libertés sexuelles dont il disposait.
00:22:47 Alors, faut-il cesser d'exposer Gauguin aussi pendant qu'on y est ?
00:22:51 Censurons tout.
00:22:52 La question se pose sérieusement.
00:22:54 Faut-il séparer l'homme de l'artiste ?
00:22:56 Bla bla bla, toujours les mêmes questions.
00:22:57 Faut-il réévaluer son horitage ?
00:22:59 Linn Clausen-Pedersen, conservatrice danoise
00:23:02 et commissaire de plusieurs expositions du peintre,
00:23:05 juge l'homme déshonoré par ses mariages avec des mineurs
00:23:08 et d'ajouter, tout ce qu'il reste à dire sur Gauguin,
00:23:11 c'est qu'il faut révéler toutes les zones d'hommes.
00:23:13 Jusqu'ici, tout va bien.
00:23:14 Christopher Yopel, co-commissaire de l'exposition à la National Gallery,
00:23:18 explique quant à lui, il ne suffit plus de dire,
00:23:20 bah, c'était l'époque qui voulait ça.
00:23:23 Mais certes, une ombre, là, vient d'être posée sur l'œuvre.
00:23:26 Mais lorsque vous alliez visiter cette exposition à la National Gallery,
00:23:30 quand vous mettiez le casque, vous savez, le fameux casque, l'audioguide,
00:23:33 vous aviez dedans la première phrase,
00:23:35 "Is it time to stop looking at Gauguin altogether ?"
00:23:39 Voilà, le wauquisme, c'est quelque chose qui consiste à ne plus vouloir voir.
00:23:46 Dernier exemple, cette fois, la télévision française,
00:23:49 une émission édifiante.
00:23:51 Il y est en effet pour part question d'un écrivain considérable,
00:23:54 très hautement singulier, qui s'appelle Giacomo Casanova.
00:23:57 Le titre du sujet, sur le chevalier de Seine-Galpe,
00:24:00 tant dit long, "Balance ton Casanova".
00:24:03 Le temps est donné, je campe le décor.
00:24:04 Nous sommes sur le Grand-Canada à Venise.
00:24:06 Léa Salamé, l'animatrice du service public,
00:24:10 chapeau noir, manteau blanc, est assise à l'arrière d'un motoscafo.
00:24:13 On la sent perdue, d'ailleurs.
00:24:14 Le carnaval, blin, son plein.
00:24:15 C'est l'axe central de l'émission, parce que les clichés ont la vie dure.
00:24:18 Léa sera bientôt accompagnée pour une balade de nuit dans la ville
00:24:21 par Oliviero Toscani, célèbre photographe.
00:24:24 On se souvient de sa campagne de publicité
00:24:25 pour une marque italienne de vêtements.
00:24:27 On interroge l'artiste sur la série Nissim,
00:24:29 qui a des propos assez incohérents.
00:24:30 Venise, c'est Brigitte Bardot.
00:24:32 Venise est une prostituée abéissante
00:24:34 qui accepte trop facilement des compromissions.
00:24:36 Puis, il lâche ça.
00:24:38 On ne sait pas pourquoi.
00:24:39 Venise est puante comme une fille sexy.
00:24:40 C'est à la télévision française de service public.
00:24:42 Vient le sujet proprement, dit consacré à l'aventurier.
00:24:46 Là, un universitaire lyonnais pointe le bout de son nez,
00:24:49 si j'ose dire, il dégaine.
00:24:51 Il dénonce chez Casanova une culture du viol,
00:24:53 passage des mémoires à l'appui,
00:24:54 et précise que leur auteur s'est aussi rendu coupable d'un inceste.
00:24:57 Il fouille le texte pour en incriminer certains passages.
00:25:00 Il mène, en somme, encore une fois, une opération de police.
00:25:03 Écoutons-le.
00:25:04 En entretenant ces mythes du séducteur tout puissant,
00:25:07 du séducteur heureux,
00:25:08 on nourrit ce qu'on appelle la culture du viol,
00:25:10 c'est-à-dire tout un ensemble de discours,
00:25:12 de représentations qui excusent,
00:25:14 encouragent le viol des femmes par les hommes.
00:25:16 Voilà ce que j'appelle moi un cas typique de brouillage.
00:25:19 Alors ce qui est intéressant, c'est que la censure,
00:25:21 elle a cela de commun avec l'hystérie,
00:25:24 c'est qu'elle change de forme au gré des sociétés et des époques.
00:25:28 Restons un peu pour terminer sur le mot censure.
00:25:30 Ce qui m'intéresse, c'est sa définition psychanalytique.
00:25:33 Empêcher certains désirs d'accéder à la conscience.
00:25:37 Le wokisme, en effet, veut à toute force agir sur votre désir.
00:25:42 La censure veut déguiser vos désirs refoulés,
00:25:45 créer entre vous et les œuvres une sorte de barrage psychique.
00:25:49 Le conseil que je donnerais pour éviter cette maladie invasive
00:25:53 qu'on pourrait appeler aujourd'hui la sociolite,
00:25:54 c'est soyez libre, c'est-à-dire réfractaires.
00:25:57 Merci beaucoup.
00:25:58 C'est-à-dire lisez tous ces livres censurés.
00:26:00 Et allez à toutes ces expositions.
00:26:02 Non mais ce qu'on voit, Nathan Devers,
00:26:03 effectivement, on le voit aux États-Unis,
00:26:04 on le voit aussi en France,
00:26:06 c'est que quand la censure commence,
00:26:07 on cède à tous les camps,
00:26:08 celle qu'il y a aux États-Unis, à l'ultra droite,
00:26:10 à la gauche wokiste,
00:26:11 c'est que finalement, on cède petit à petit
00:26:13 sur tous les oeuvres littéraires, les peintures
00:26:15 et toutes les oeuvres qui font aussi la joie.
00:26:18 Oui.
00:26:18 Oui, c'est justement là que j'ai un désaccord
00:26:20 par rapport à ce que vous avez dit,
00:26:21 c'est-à-dire que ce que vous décrivez des États-Unis,
00:26:23 c'est incontestable.
00:26:24 Il y a aujourd'hui, et en effet,
00:26:26 elle est ancrée dans l'histoire américaine.
00:26:28 Le maccartisme en a été un exemple flagrant,
00:26:30 mais ce n'est pas le seul exemple d'ailleurs.
00:26:31 Très bon roman de Philippe Roth,
00:26:32 "J'ai épousé un communiste" qui raconte ça très bien.
00:26:35 Et en effet, aujourd'hui, vous l'avez souligné,
00:26:37 cette censure aux États-Unis, on la trouve
00:26:39 de ces deux camps de radicalité.
00:26:41 De Santis en Floride qui a voulu faire interdire l'holita
00:26:44 et plein de romans.
00:26:44 Et puis, en face, à l'extrême gauche,
00:26:46 on a aussi des gens qui sont partisans de la censure.
00:26:48 Mais justement, les exemples français que vous avez cités,
00:26:50 je pense que ce n'est pas la même chose.
00:26:52 Parce que la chercheuse que vous mentionnez,
00:26:54 je ne sais pas exactement de qui vous parlez précisément,
00:26:56 mais cette chercheuse manifestement...
00:26:57 Je ne sais pas de qui son nom va venir.
00:26:58 Vu ce que vous citez, elle donne sa thèse,
00:27:02 à savoir que selon elle, un certain nombre de classiques
00:27:04 procèdent de la culture du viol,
00:27:05 mais elle n'appelle absolument pas à interdire leur lecture.
00:27:09 Elle appelle un hashtag #BalanceTonPort.
00:27:11 Oui, mais elle n'appelle pas à interdire leur lecture.
00:27:13 Elle n'appelle pas à cesser leur diffusion.
00:27:15 Elle appelle au contraire à proposer une lecture
00:27:16 qui est discutable, qui est contestable.
00:27:18 Et d'ailleurs, même dans l'émission,
00:27:19 je pense avoir vu l'émission que vous mentionnez sur Venise,
00:27:22 juste après, il y avait notre cher Philippe Solaires
00:27:24 qui défendait Casanova dans la même émission.
00:27:27 Ce que je veux dire, c'est qu'il me semble qu'en France...
00:27:28 Alors, on a connu des phénomènes de censure 1857,
00:27:30 le procès contre Baudelaire et contre Flaubert,
00:27:32 ça a existé.
00:27:33 Mais il me semble qu'aujourd'hui, on a affaire en France
00:27:35 à un débat critique sur la littérature qui l'est salutaire.
00:27:38 - Il a connu un débat sur Casanova, puisque vous savez que Jules Laforgue
00:27:39 nous a donné un texte absolument caviardé.
00:27:42 - Oui, oui, par ailleurs.
00:27:43 - C'est une forme...
00:27:44 - Il y a eu plein d'autres...
00:27:45 - Je vous ai bien précisé, cher Nathan,
00:27:47 qu'il y avait différentes formes de censure.
00:27:49 Réinterpréter un texte de manière totalement orientée,
00:27:53 c'est une manière de le censurer aussi d'une certaine façon.
00:27:56 Il n'y a pas que le fait de le supprimer.
00:27:58 La censure, elle prend énormément de formes.
00:28:01 Elle épouse une société.
00:28:02 Pour l'instant, nous n'en sommes pas encore.
00:28:04 Enfin, nous n'en sommes plus en tous les cas en France
00:28:06 à interdire des textes.
00:28:07 Mais vous allez voir, ça va venir.
00:28:08 - Les réécritures d'oeuvres d'art...
00:28:10 - Les réécritures d'oeuvres d'art, absolument.
00:28:12 - Les réécritures d'oeuvres d'art, c'est extrêmement choquant.
00:28:15 Après, aux États-Unis, surtout, c'est que les décisions sont politiques.
00:28:18 Elles sont prises par le Congrès,
00:28:19 elles sont prises par des autorités publiques.
00:28:21 En France, heureusement, on n'en est pas là.
00:28:23 Mais tout cela, c'est bien triste.
00:28:25 Et c'est une négation de l'art, de la fonction même de l'art,
00:28:27 qui est de faire réfléchir sur le désir et sur nos passions,
00:28:30 et non pas, évidemment, de faire de nous des violeurs
00:28:33 ou de je ne sais quelles bêtes humaines.
00:28:36 Non, pas du tout.
00:28:37 L'art est nécessaire, l'art est utile,
00:28:39 et il faut lire, il faut lire, il faut lire.
00:28:41 - On va marquer une courte pause dans nos débats, évidemment.
00:28:43 On revient avec mes invités pour la suite de Face à l'infant.
00:28:46 On parlera, juste après la pause notamment,
00:28:48 des violences contre les élus avec le maire de Péage-de-Roussillon
00:28:51 qui a été agressé il y a quelques jours.
00:28:53 Restez avec nous, à tout de suite.
00:28:54 [Générique]
00:28:58 - De retour pour la deuxième partie de Face à l'info.
00:29:01 On va parler maintenant de la violence contre les élus avec vous,
00:29:04 Nathan Devers, parce que vous voulez revenir justement
00:29:06 sur l'agression du maire de Péage-de-Roussillon.
00:29:09 - Exactement.
00:29:09 Alors, je vous parlais d'André Mondange,
00:29:11 maire PCF de cette ville qui s'appelle le Péage-de-Roussillon,
00:29:15 7000 habitants dans l'Isère, et c'était son premier mandat,
00:29:18 enfin, c'est son premier mandat.
00:29:19 Il est maire depuis 2020.
00:29:21 Jeudi dernier, il assistait, il était à Avignon pour assister,
00:29:24 c'était un événement privé, à la soutenance de thèse de son neveu.
00:29:27 Et comme souvent après ce genre d'événements,
00:29:30 ils sont allés fêter ça en famille, dans un bar, dans un pub.
00:29:33 Et alors, selon son récit, tout se passe bien,
00:29:35 la soirée commence bien, et deux individus viennent le voir
00:29:40 initialement poliment, enfin normalement,
00:29:42 parce qu'ils avaient remarqué qu'il avait une petite cocarde
00:29:44 à sa veste, cocarde bleu, blanc, rouge, tricolore.
00:29:47 Et donc, ils lui demandent, ils lui disent "mais qu'est-ce que c'est ?
00:29:49 Seriez-vous pas maire par hasard ?"
00:29:51 Et il dit "oui, je suis maire d'une petite ville".
00:29:53 La soirée continue, et au moment où le pub commence à fermer,
00:29:58 que les tables sont débarrassées, les deux individus reviennent,
00:30:01 mais un peu différemment.
00:30:02 Ils lui demandent quelle est son appartenance politique,
00:30:05 ils lui disent "ah mais vu votre région,
00:30:07 vous êtes sans doute de gauche",
00:30:09 ils disent qu'ils sont nationalistes identitaires,
00:30:10 l'un d'entre eux dit ça.
00:30:12 Et puis, il était accompagné de sa fille, qui était métisse,
00:30:15 et il commence à tenir des propos racistes sur sa fille.
00:30:18 La fille répond poliment, et puis ensuite il passe à la violence,
00:30:23 il l'agresse avec des tessons de bouteilles,
00:30:25 et puis tentant de défendre sa famille,
00:30:28 le maire se fait lui-même agresser,
00:30:30 ces personnes sont rejointes par quatre autres individus,
00:30:33 et à la fin, il a un grand thématome au visage,
00:30:36 dont la photographie a circulé sur les réseaux sociaux,
00:30:39 il a été défendu, ça a suscité une indignation générale
00:30:42 et normale dans le pays.
00:30:44 Ensuite, cette agression, il faut quand même remarquer
00:30:46 qu'elle survient dans un contexte un peu plus large
00:30:48 d'augmentation générale des violences contre les élus.
00:30:52 Alors en 2022, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur,
00:30:55 les violences contre les élus ont augmenté de 32%,
00:30:58 et avec 2387 agressions qui ciblent des maires en particulier.
00:31:02 Alors ces derniers jours, on peut avoir quelques exemples en tête
00:31:04 qui ont été médiatisés, l'adjointe de la mairie de Saint-Denis,
00:31:08 qui quittait sa mairie pour rentrer chez elle,
00:31:10 qui a été agressée, violemment rouée de coups
00:31:13 dans la rue par des inconnus.
00:31:15 La piste la plus privilégiée pour l'instant de l'enquête,
00:31:17 c'est qu'elle aurait été agressée parce qu'élue municipale,
00:31:20 parce qu'elle sortait de sa mairie,
00:31:21 et parce qu'ils ne lui ont pas volé ses affaires, etc.
00:31:23 Récemment aussi, on se souvient de Yannick Moraise,
00:31:25 maire de Saint-Brévin, dont la maison avait été incendiée
00:31:29 le 22 mars dernier, alors qu'il subissait des pressions
00:31:31 liées à l'installation d'un centre d'asile.
00:31:34 Récemment aussi, l'été dernier, l'attaque à la voiture-bélier
00:31:37 contre la maison du maire de la Haile-et-Rose
00:31:39 pendant les émeutes qui avaient suivi la mort de Naël.
00:31:42 Et puis, peut-être la plus symbolique d'entre elles,
00:31:44 l'agression contre l'élu par excellence,
00:31:47 à savoir la GIF qu'avait été administrée Emmanuel Macron
00:31:49 en 2021, qui avait été prévue par cette série excellente
00:31:54 qui s'appelait "Baron noir", où la présidente,
00:31:56 jouée par Anna Mouglalis, à un moment,
00:31:58 elle était justement à portée de GIF,
00:31:59 elle se giflait et cela la traumatisait,
00:32:01 même psychologiquement, pour la suite de son mandat.
00:32:03 Et comment on peut analyser justement
00:32:06 cette montée de la violence envers les élus ?
00:32:08 Alors d'abord, il me semble, la première hypothèse
00:32:09 ce serait de dire que c'est une sorte de crise de confiance.
00:32:12 Il me semble que cette analyse-là,
00:32:13 elle est fausse pour deux raisons.
00:32:15 D'abord, parce qu'on voit que ceux qui sont en première ligne,
00:32:18 qui subissent en première ligne cette augmentation
00:32:21 de la violence contre les élus, ce sont les maires.
00:32:22 Or, les maires sont les élus préférés des Français,
00:32:25 leur taux de popularité, je crois, est supérieur à 50%,
00:32:28 enfin en moyenne, ça dépend de chaque maire,
00:32:30 mais donc, si vous voulez, il n'y a pas un problème de popularité.
00:32:32 Et dans le cas que je viens de vous citer,
00:32:33 ce maire n'était pas connu personnellement
00:32:35 par ses agresseurs, donc il le visait juste en tant que maire,
00:32:37 comme une sorte d'entité générique.
00:32:38 Deuxième nuance que je mettrais,
00:32:40 c'est qu'on n'est pas dans la première période
00:32:43 qui connaît une augmentation de la violence
00:32:45 contre les dirigeants politiques.
00:32:47 Le grand siècle de cette violence-là,
00:32:49 c'était le XIXe siècle.
00:32:50 Le XIXe siècle qui est inauguré le 24 décembre 1800
00:32:53 par une tentative d'attentat contre Napoléon,
00:32:55 donc il y a deux jours,
00:32:57 et puis qui a connu notamment sur toute la deuxième partie
00:32:59 du XIXe siècle, vraiment,
00:33:00 c'est l'apparition des attentats modernes.
00:33:02 Parmi ces attentats modernes,
00:33:03 il y en a un qui est particulièrement intéressant,
00:33:05 c'est en 1858, l'attentat fait par Félicia Orsini
00:33:09 qui vise Napoléon III.
00:33:10 Pourquoi il est intéressant ?
00:33:11 Parce que la revendication de Félicia Orsini,
00:33:12 c'était de dire que Napoléon III
00:33:14 devait soutenir la cause de l'Italie indépendante,
00:33:18 notamment contre l'Autriche.
00:33:19 Et Napoléon III, paradoxalement,
00:33:21 a accédé à la revendication de cet individu
00:33:23 qui a quand même été condamné à mort,
00:33:25 mais à la fin, la France s'est engagée militairement,
00:33:26 dès 1859, et c'est cet attentat qui a déclenché ça.
00:33:30 Mais bon, ça, c'était le grand siècle.
00:33:31 Mais il me semble que quand même aujourd'hui,
00:33:33 on est confronté à trois singularités
00:33:35 dans la violence contre les élus.
00:33:37 La première, c'est que si vous voulez,
00:33:39 avant le passage à l'acte physique,
00:33:41 il faut remarquer qu'aujourd'hui,
00:33:42 c'est un constat qui est d'une banalité de le dire,
00:33:44 mais que les élus sont constamment agressés,
00:33:47 harcelés sur les réseaux sociaux.
00:33:49 Et que ça, c'est un fait absolument majeur
00:33:52 pour comprendre la crise de la vocation de la politique,
00:33:54 cette dévaluation qui fait qu'aujourd'hui,
00:33:56 concrètement, si vous voulez vous engager en politique,
00:33:58 vous devez savoir que vous allez passer votre journée
00:34:00 à recevoir des insultes,
00:34:01 des insultes sur vos proches, etc.
00:34:03 Les exemples sont légions, je ne m'attarde pas.
00:34:05 Deuxième cas de figure,
00:34:06 c'est que nous vivons aujourd'hui,
00:34:07 tous les constitutionnalistes le disent,
00:34:08 une crise de la démocratie représentative.
00:34:10 Donc cette démocratie, c'est un modèle où l'élu,
00:34:13 il a toute liberté de faire, d'agir,
00:34:15 puisqu'il représente ses électeurs
00:34:16 et à partir de là, il a le droit de trahir ses promesses,
00:34:19 de ne pas respecter le programme
00:34:21 pour lequel il a été élu, etc.
00:34:23 Et qu'on voit en dehors des violences,
00:34:24 mais on voit de plus en plus des discours émergés
00:34:27 qui sont parfois taxés d'ailleurs de populistes,
00:34:29 qui critiquent le principe de cette démocratie représentative
00:34:33 et donc qui demandent qu'il n'y ait plus cette distinction
00:34:35 entre des citoyens qui seraient actifs, les élus,
00:34:38 et des citoyens qui seraient passifs.
00:34:39 Et la troisième cause peut-être,
00:34:41 c'est qu'il y a peut-être aussi des politiques, parfois,
00:34:43 qui participent de ce climat,
00:34:45 quelle que soit leur appartenance d'ailleurs idéologique.
00:34:48 Alors ça peut se manifester de mille et une manières,
00:34:50 ça peut se manifester, j'y reviens dans un instant,
00:34:52 mais par le fait d'isoler des séquences sur les réseaux sociaux.
00:34:55 Vous savez quand on a un débat où j'isole les séquences
00:34:57 où uniquement moi je parle et tout ce que peut dire
00:35:00 mon interlocuteur, je vais le couper
00:35:01 en gardant juste des têtes un peu ridicules
00:35:03 pour qu'il se fasse bien lyncher par mes followers,
00:35:07 ça peut se traduire par le fait de désigner
00:35:08 des ennemis publics dans des clips de campagne,
00:35:10 ça peut se traduire par le fait de faire des tweets
00:35:13 où on fait des moqueries, parfois à connotation raciste,
00:35:16 sur le nom de famille de telle ou telle personne politique également.
00:35:20 Est-ce que vous diriez donc que certains responsables politiques
00:35:22 ont une part de responsabilité ?
00:35:24 Alors évidemment il ne s'agit pas de retourner la culpabilité,
00:35:27 de dire que les élus méritent la violence qu'ils subissent,
00:35:30 c'est absolument pas.
00:35:31 Mais il y a quelques jours je revoyais le débat
00:35:34 qui opposait Jacques Chirac à Lionel Jospin
00:35:37 lors de l'élection présidentielle de 1995.
00:35:40 Et c'est un débat qui est en fait assez incroyable à regarder,
00:35:42 on a l'impression qu'on voit un peu la préhistoire.
00:35:44 C'est un débat qu'on pourrait considérer
00:35:46 comme complètement ennuyeux parce que c'est vrai
00:35:48 que c'est extrêmement polissé, c'est extrêmement lisse,
00:35:51 les deux candidats commencent par se faire plein de compliments,
00:35:53 Jospin dit qu'il admire beaucoup Chirac,
00:35:55 Chirac lui répond que c'est pareil,
00:35:57 et si vous voulez c'est vraiment l'incarnation
00:35:59 de toute la décence républicaine.
00:36:00 Et alors selon les journalistes politiques
00:36:02 qui ont assisté aux coulisses du débat,
00:36:04 après Jospin et Chirac auraient eu une longue discussion
00:36:06 où ils ont dit que finalement il ne fallait pas
00:36:08 écouter leurs propres militants,
00:36:09 vous savez quand ils font des meetings,
00:36:10 c'est ceux des deux premiers rangs qui demandent d'huer l'adversaire.
00:36:13 D'ailleurs Jacques Chirac lui-même était très partisan de cette logique
00:36:16 pendant le référendum sur la constitution européenne,
00:36:18 quand François Hollande avait été hué par ses propres militants,
00:36:21 Jacques Chirac l'avait reçu à l'Élysée
00:36:23 et il lui avait dit "vous serez un jour président".
00:36:25 Parce que là, la marque d'un grand homme d'État,
00:36:26 c'est cette capacité d'aller contre la foule
00:36:29 qui soutient la personnalité politique en question.
00:36:33 Autre exemple d'un temps un peu préhistorique,
00:36:34 alors on revient à la référence américaine comme Vincent Roy,
00:36:37 mais l'élection présidentielle qui opposait Obama à McCain,
00:36:41 où d'un côté vous aviez un Obama qui disait
00:36:43 "ne le sifflez pas à voter"
00:36:45 et de l'autre côté vous aviez un McCain qui quand
00:36:47 une femme dans un meeting faisait des remarques racistes sur Obama
00:36:51 disait "non, Obama est un brave Américain,
00:36:53 un formidable père de famille
00:36:54 et j'ai uniquement des désaccords politiques avec lui".
00:36:56 Et donc je me suis demandé
00:36:57 s'il n'y avait pas eu quand même quelque chose
00:36:59 qui est de l'ordre d'une détérioration de la culture politique.
00:37:02 Et ça vous savez, Platon, au livre 8 de la République,
00:37:05 il invente cette théorie géniale
00:37:06 consistant à dire que la corruption d'un régime politique,
00:37:09 ça pourrit toujours par la tête
00:37:12 et que si vous voulez, c'est toujours la classe dirigeante.
00:37:14 Quand elle commence à trahir un certain nombre de principes
00:37:16 qui sont pourtant des principes constitutifs
00:37:18 du régime politique en question,
00:37:19 eh bien le régime se détériore
00:37:21 et il sombre dans un autre régime.
00:37:22 Platon n'était évidemment pas un admi de la démocratie,
00:37:25 dont il critiquait à bien des égards les principes,
00:37:28 mais dans sa critique il y a aussi une défense de la démocratie.
00:37:31 Parce que dans le livre 8, Platon dit une chose très simple.
00:37:34 Il dit que la démocratie c'est un régime qui marche
00:37:36 tant qu'il y règne de la sophros funée, de la modération.
00:37:39 Tant que, si vous voulez, il y règne cette idée
00:37:41 que la liberté des citoyens
00:37:44 n'est pas une sorte de libre cours donné à la force brute.
00:37:47 Et Platon dit dès lors que cette sophros funée s'évapore,
00:37:50 eh bien il y a ce qu'on appellerait aujourd'hui
00:37:51 une sorte de crise de l'autorité.
00:37:52 Eh bien les élus se font agresser,
00:37:54 tout le monde est contesté
00:37:57 et on retombe dans le régime de la force brute,
00:37:59 force brute qui finit toujours par donner raison aux tyrans.
00:38:03 Merci beaucoup Nathan Devers.
00:38:04 C'est vrai, Vincent Roy, malheureusement,
00:38:05 même si évidemment il ne faut pas inverser la culpabilité,
00:38:07 mais quand on voit l'exemple que certains donnent à l'Assemblée
00:38:10 quand ils s'invectivent, s'insultent,
00:38:12 ça n'aide pas à ce que les citoyens aient du respect pour les hommes politiques.
00:38:15 On déplore sans arrêt cette crise de l'autorité,
00:38:18 mais ceux qui l'exercent justement ne sont pas toujours les meilleurs exemples.
00:38:20 Oui, quand vous voyez des gens par exemple, des députés,
00:38:23 qui vont dans des manifestations interdites avec une écharpe tricolore,
00:38:28 quand vous voyez qu'on s'est toujours à l'Assemblée,
00:38:31 on s'est toujours échangé des noms d'oiseaux,
00:38:33 enfin je viens de dire que c'est une tradition républicaine,
00:38:36 mais là ça a pris des proportions absolument terribles.
00:38:41 Je crois aussi que peut-être, pour résoudre une partie du problème,
00:38:45 si dès lors qu'on s'en prend un élu,
00:38:48 on avait des peines importantes,
00:38:52 je pense que peut-être quelques individus y réfléchiraient à deux fois.
00:38:56 Et pour terminer sur une définition de la démocratie,
00:39:00 après Platon, celle de Churchill, qui est d'une violence absolument incroyable,
00:39:03 la démocratie c'est bien quand on est deux,
00:39:05 et que l'autre a décidé et que l'autre est malade.
00:39:08 Michel Taubtrecq sur la violence des élus,
00:39:10 c'est un sujet d'ailleurs qui a concerné le gouvernement,
00:39:12 qui a voulu mettre en place un certain nombre d'aides, des boutons d'alarme, etc.
00:39:16 Mais on voit que la question est très très loin d'être réglée pour l'instant, malheureusement.
00:39:19 Je pense que le gouvernement a beaucoup communiqué,
00:39:21 mais à tous les congrès des maires de France,
00:39:23 le dernier a eu lieu il y a un mois,
00:39:26 il y a une véritable colère des élus locaux,
00:39:28 avec un risque considérable,
00:39:31 c'est que dans deux ans, lors des prochaines élections municipales,
00:39:33 vous ayez des municipalités où il n'y a plus de candidats.
00:39:36 Vous avez beaucoup de maires qui ont annoncé...
00:39:37 Ça a déjà été le cas cette fois, peu, mais c'était le cas.
00:39:40 Mais là, apparemment, c'est parti pour concerner de très nombreuses communes.
00:39:43 En France, on a plus de 34 000 communes,
00:39:46 on est 36 000 à une époque, mais le nombre a un petit peu diminué.
00:39:49 Mais il y a un véritable risque d'absence de vocation,
00:39:53 parce qu'effectivement, à cause de ces violences,
00:39:54 et comme le disait fort justement Vincent Roy,
00:39:56 si au moins la justice était très ferme
00:39:58 et avait depuis des années sanctionné très fortement
00:40:02 les auteurs de violences sur les élus...
00:40:03 Il y a un élu que je voulais citer,
00:40:05 parce que dans l'époque contemporaine,
00:40:07 l'acte de violence le plus important sur un élu local,
00:40:10 ça a été sur Bertrand Delanoë en 2002,
00:40:12 qui avait été poignardé lors de l'inauguration de la première Nuit Blanche.
00:40:16 Il avait failli d'ailleurs mourir, à un centimètre près,
00:40:20 heureusement, il n'a été que gravement blessé.
00:40:22 Mais voilà, il y a effectivement dans l'histoire de France
00:40:24 de très nombreuses atteintes aux personnes des élus,
00:40:27 mais des élus locaux, quand même, c'est un phénomène récent,
00:40:30 et je trouve que la justice n'est absolument pas à la hauteur
00:40:34 du dommage que cela représente en termes d'ordre public.
00:40:38 On va parler maintenant avec vous, Jonathan Cixous, de la langue française,
00:40:41 mais d'abord, je voudrais quand même rappeler à nos téléspectateurs votre livre,
00:40:44 "Vivre en ville", vous pouvez le trouver dans toutes les bonnes librairies.
00:40:47 On rappelle que c'est encore Noël, et on vous félicite,
00:40:48 puisque vous avez eu la mention spéciale du jury du prix "Le Temps retrouvé".
00:40:52 - Merci Léodine. - Félicitations.
00:40:53 Et on rappelle votre livre.
00:40:55 C'est un livre absolument délicieux, très enlevé,
00:40:57 dans lequel on apprend plein de choses,
00:40:59 et il sourd de ce livre toute l'ironie de Jonathan Cixous,
00:41:03 livre dont j'ai parlé d'ailleurs dans le JDD.
00:41:06 Et bien voilà, comme ça la promotion est bien faite.
00:41:08 - Parfaitement assurée, merci Olivier.
00:41:10 - On va donc parler, je le disais... - Non, Vincent.
00:41:13 - Ça arrive.
00:41:14 On va parler donc de la langue française,
00:41:16 puisque la semaine dernière, une association a remporté
00:41:18 une bataille judiciaire très symbolique,
00:41:20 c'est l'aéroport de Metz-Lancy-Lorraine,
00:41:22 qui s'était baptisé Lorraine Airport,
00:41:24 qui donc maintenant va devoir s'appeler Lorraine Aéroport,
00:41:27 en bon français Jonathan.
00:41:28 - Oui, c'est plus que symbolique,
00:41:29 parce que notre langue est tellement maltraitée,
00:41:32 et de plus en plus souvent,
00:41:34 qu'on ne peut que saluer les rares décisions qui vont dans son sens.
00:41:40 Rapidement, cette histoire, elle commence en 2015,
00:41:43 lorsque l'aéroport Metz-Lancy-Lorraine
00:41:45 décide de changer de nom pour s'appeler Lorraine Airport.
00:41:49 Ça fait peut-être plus cool,
00:41:50 mais ça n'en a pas fait un concurrent direct
00:41:53 de Los Angeles Airport, malheureusement.
00:41:55 - A priori, non.
00:41:56 - Ce nouveau nom, néanmoins,
00:41:57 alerte une association plutôt formidable,
00:41:59 l'AFRAV, Association Francophonie Avenir,
00:42:03 et qui, dans un premier temps,
00:42:04 demande directement à la direction de l'aéroport
00:42:06 de revenir sur son nom initial,
00:42:09 tout simplement au nom de la loi,
00:42:11 parce qu'il y a une loi, c'est la loi tout bon,
00:42:12 on y reviendra tout à l'heure.
00:42:14 Et l'association est gentiment conduite par la direction.
00:42:19 Avec cette explication, je cite,
00:42:21 que ce nom est uniquement utilisé
00:42:24 dans le champ de ses autorisations
00:42:25 pour l'appellation commerciale de la plateforme aéroportuaire.
00:42:29 Regis Rava, le président de l'AFRAV,
00:42:32 porte alors l'affaire devant la justice.
00:42:34 Ça n'empêche pas l'aéroport d'utiliser
00:42:36 ce nouveau nom so-british sur ses logos,
00:42:39 de faire des affiches avec, etc.
00:42:40 Et puis, va même plus loin,
00:42:42 puisqu'en 2021, son conseil d'administration
00:42:45 acte clairement le changement de nom pour Lorraine Airport.
00:42:49 L'AFRAV ne s'avoue pas vaincu,
00:42:51 ça redouble même ses efforts,
00:42:54 elle est déterminée et ça va finir par payer,
00:42:56 puisque la semaine dernière, après 8 ans de procédure,
00:42:59 8 ans, c'est assez long,
00:43:01 le tribunal de Metz a condamné l'aéroport,
00:43:05 notamment à 1 euro symbolique de dommages et intérêts,
00:43:07 mais surtout à reprendre son nom initial.
00:43:11 Donc, c'est en quelque sorte, au revoir Lorraine Airport
00:43:14 et welcome Lorraine Aéroport.
00:43:17 Et quelles ont été les réactions ?
00:43:18 Elles sont intéressantes à comparer,
00:43:20 parce que d'un côté, vous avez l'association
00:43:22 qui voit dans cette décision de justice
00:43:25 une jurisprudence et donc elle est ravie,
00:43:27 parce qu'elle dit, c'est formidable,
00:43:29 parce que ça permettra aux prochaines procédures
00:43:31 d'aller plus vite à l'avenir.
00:43:33 C'est vraiment une avancée majeure à ses yeux.
00:43:35 Et puis en face, de l'autre côté,
00:43:36 vous avez le directeur, la direction de l'aéroport,
00:43:39 qui prend tout cela de très haut.
00:43:41 Alors, c'est peut-être normal pour un aéroport
00:43:43 de prendre des choses de très haut,
00:43:45 mais là, c'est limite méprisant quand même.
00:43:48 Dans le Figaro, le directeur de l'aéroport
00:43:51 prend la parole et déclare
00:43:52 "On a une toute petite structure
00:43:54 et l'idée était de faire plus tendance, plus accrocheur.
00:43:57 Est-ce que ça fait plus ou moins vendre ?
00:43:58 Je n'en sais rien,
00:43:59 mais j'ai eu quelques fanatiques qui m'appelaient sans arrêt.
00:44:02 Je n'ai pas bataillé, dit-il encore.
00:44:04 Si ça les fait vivre mieux, quand on a que ça à gérer,
00:44:07 ce n'est pas bien grave,
00:44:08 nous dit le patron de l'aéroport.
00:44:10 Mais j'ai envie de répondre que si, c'est grave.
00:44:12 Quand on s'en prend au français,
00:44:14 il est important, voire crucial, de le défendre,
00:44:17 de le prendre au sérieux,
00:44:18 parce qu'il est sérieux de défendre sa langue.
00:44:21 Il est sérieux de défendre la langue dans laquelle on pense,
00:44:25 la langue dans laquelle on réfléchit
00:44:27 et la langue dans laquelle on parle, évidemment.
00:44:30 Et tout cela, ce ne sont pas des détails.
00:44:32 - Vous évoquiez justement la loi Toubon tout à l'heure.
00:44:34 Elle est là, en théorie, pour défendre la langue française, justement.
00:44:37 - Oui, mais cette loi, comme tant d'autres,
00:44:39 elle est bel et bien écrite, mais elle n'est pas appliquée.
00:44:42 La loi du 4 août 1994
00:44:46 a été donc défendue par Jacques Toubon,
00:44:47 quand il était alors ministre de la Culture.
00:44:50 Et cette loi stipule qu'il est interdit d'afficher des textes
00:44:53 ou des slogans en anglais sans traduction en français.
00:44:56 Le français devant prévaloir, selon la loi,
00:44:59 dans la presse et dans l'espace public.
00:45:02 À l'époque, évidemment, on pense d'abord et avant tout
00:45:05 aux annonceurs étrangers, aux sociétés, aux grandes boîtes anglo-saxonnes.
00:45:10 Or, à quoi on assiste aujourd'hui ?
00:45:12 À des boîtes bien françaises qui décident elles-mêmes
00:45:15 de bannir le français de leurs documents parfois internes
00:45:18 et de leurs documents publicitaires.
00:45:20 D'ailleurs, chacun peut s'amuser à faire un petit sondage visuel,
00:45:24 que ce soit dans la rue, sur un quai de métro, sur un quai de gare.
00:45:28 C'est compter le nombre de vitrines,
00:45:30 compter le nombre d'affiches publicitaires
00:45:33 qui sont rédigées en anglais et sans aucune traduction.
00:45:37 Et je vous assure que quand vous le faites, bien souvent,
00:45:39 vous êtes à entre 60 et 80% de vitrines ou d'affiches
00:45:43 qui sont écrites dans la langue du prince Harry.
00:45:45 Je vous rappelle que je préfère personnellement le prince William,
00:45:47 mais c'est un autre sujet qu'on n'oubliera pas.
00:45:49 Je savais que c'est pour ça que je voulais utiliser un autre sujet.
00:45:51 Vous dites ça donc pour Magas, c'est très bien.
00:45:52 Vous allez nous dire surtout que l'État ne montre pas forcément le bon exemple.
00:45:56 Évidemment, et à commencer par le chef de l'État lui-même,
00:46:00 qui veut faire de la France une "start-up nation",
00:46:03 qui organise des rencontres "Choose France" au château de Versailles,
00:46:07 qui n'hésite pas à faire ses discours en anglais lorsqu'il est à l'étranger.
00:46:11 Heureusement qu'il y a des associations, des citoyens,
00:46:16 qui sont attentifs et qui tirent la sonnette d'alarme quand ça peut aller trop loin.
00:46:19 L'association "Francophonie avenir" a ainsi obtenu,
00:46:23 c'était l'année dernière encore, en 2022,
00:46:26 elle a obtenu du tribunal administratif
00:46:28 que le ministère de la Santé retire l'expression "health data hub"
00:46:33 de tous ces documents de communication pour écrire à la place
00:46:36 "plateforme de données de santé".
00:46:39 Et on touche là à un point qui n'est absolument pas une lubie d'obsessionnel,
00:46:44 un truc de fanatique, comme dirait le directeur de l'aéroport de Metz.
00:46:50 On touche là à quelque chose qui est en France,
00:46:53 ce qu'on appelle le principe d'égalité entre les citoyens.
00:46:57 Or, tous ne parlent pas anglais,
00:46:59 tous les citoyens ne parlent pas, ne maîtrisent pas forcément cette langue étrangère,
00:47:03 doit-on le rappeler, et cela crée donc de fait des inégalités.
00:47:07 Et c'est exactement pareil avec la généralisation du numérique
00:47:10 dans les services publics.
00:47:11 Vous vous retrouvez avec toute une frange de la population
00:47:14 qui se retrouve complètement larguée par ses avancées.
00:47:17 Un mot encore sur la frave qui, elle, a du pain sur la planche ces prochains mois.
00:47:20 Elle a une vingtaine de procès en cours, je vous donne trois exemples.
00:47:24 Il y en a un avec La Poste et sa fameuse French Bank.
00:47:27 Il y en a un autre contre le département du Lot,
00:47:30 qui a eu comme slogan "Oh my Lot",
00:47:33 et les transports parisiens avec leur fameux passe Navigo Easy.
00:47:38 Alors, à ces assauts de l'anglomanie,
00:47:41 pour conclure, rappelons qu'il y a aussi, on l'évoquait tout à l'heure,
00:47:43 les assauts du wauquisme et de l'écriture inclusive,
00:47:46 qui fait des ravages et qui pourtant est aussi interdite.
00:47:50 Il est encore, et pour conclure définitivement, cet édito.
00:47:53 Une autre loi qui semble plus que jamais ignorée par beaucoup,
00:47:57 c'est même la loi la plus ancienne de nos textes de loi,
00:48:01 qui est toujours en vigueur, c'est une ordonnance plus exactement.
00:48:05 Elle date de 1539, elle est signée de François 1er.
00:48:08 C'est l'ordonnance de Villers-Cotterêts.
00:48:10 Et cette ordonnance dit quoi ?
00:48:11 Que la langue de la France, c'est le français.
00:48:14 Merci Jean-Baptiste Ixou.
00:48:15 C'est vrai, Vincent Roy, on a vu aussi,
00:48:16 quand on prend l'exemple du plus haut sommet de l'État,
00:48:19 un gouvernement en président qui a l'habitude d'utiliser des anglicismes
00:48:22 pour des choses qui se traduisent quand même.
00:48:24 Vous citiez par exemple le ministère de la Santé,
00:48:26 on a des mots en français pour dire tout ça normalement.
00:48:28 Mais écoutez, tout ça est infiniment normal.
00:48:31 Nous avons un président de la République qui nous a expliqué
00:48:34 que la Seine-Saint-Denis, c'était la Californie sans le soleil ou sans la mer.
00:48:38 Voilà, sans la mer, qui gère effectivement la Start-Up Nation.
00:48:43 Mais surtout, il nous a donné la clé de tout cela avec cette déclaration
00:48:48 tonitruante, qui moi m'a fait bondir, il n'y a pas de culture française.
00:48:52 Nathan.
00:48:53 D'abord, c'est drôle, on commence avec un aéroport,
00:48:55 on finit presque avec un aéroport.
00:48:57 Deuxièmement, c'est quand même marquant de voir...
00:48:59 Il y a une sorte de cohérence dans l'immigration.
00:49:01 Tout ça est très bien organisé.
00:49:03 C'est marrant de voir que même le titre, le nom français,
00:49:05 reste un peu en anglais.
00:49:06 Parce que Lorraine aéroport, normalement le génitif,
00:49:09 on dit aéroport de Lorraine, on ne dit pas...
00:49:10 Et puis, troisièmement, j'aimerais vous lire un petit texte de Leach,
00:49:13 paragraphe 267 de Human Trop Humain.
00:49:15 "Mais comme le commerce des hommes
00:49:17 prend fatalement un tour de plus en plus cosmopolite
00:49:19 et qu'un bon négociant de Londres, par exemple,
00:49:21 est d'ores et déjà tenu de se faire comprendre en huit langues,
00:49:23 il faut bien avouer que l'étude de plusieurs langues
00:49:25 est un mal nécessaire, etc.
00:49:26 Dans un avenir lointain indéterminé,
00:49:28 il y aura pour tout le monde une langue nouvelle,
00:49:30 langue commerciale d'abord,
00:49:32 ensuite langue généralisée du commerce intellectuel,
00:49:34 aussi sûrement qu'il existera un jour une navigation aérienne."
00:49:37 Leach avait été doublement prophète.
00:49:39 Il avait prévu la navigation aérienne,
00:49:41 donc les aéroports, l'aéroport de Lorraine,
00:49:42 et il avait prévu qu'elle se ferait en anglais.
00:49:45 C'est vrai, Michel, que souvent, l'argument,
00:49:47 c'est de dire, là, pour la marque,
00:49:49 mais par exemple pour les lieux très touristiques
00:49:50 ou les grandes marques qui sont en France,
00:49:52 nous, on est des marques internationales,
00:49:53 donc finalement, on parle pareil,
00:49:55 qu'on soit en France, en Italie, en Angleterre,
00:49:56 vous allez dans certains parcs d'attraction pas loin de Paris.
00:49:59 Si vous avez besoin de renseignements en français,
00:50:00 aujourd'hui, ce n'est pas toujours aisé, finalement.
00:50:02 Tout à fait, mais malheureusement,
00:50:03 j'ai envie de dire que l'anglais a gagné la bataille de l'universalité.
00:50:07 Au début du XXe siècle, au XIXe siècle, au XVIIIe siècle,
00:50:11 les deux langues françaises et anglaises étaient les langues universelles.
00:50:14 Aujourd'hui, c'est moins le cas.
00:50:15 Ce qui est fort regrettable,
00:50:16 c'est que ce soit souvent des francophones
00:50:20 qui se battent pour la langue française.
00:50:22 Moi, j'aimerais saluer nos amis canadiens
00:50:24 qui sont souvent beaucoup plus vigilants que nous,
00:50:26 français, dans le cadre de l'Organisation internationale de la francophonie,
00:50:29 des Africains également,
00:50:31 qui défendent parfois plus le français que nous-mêmes.
00:50:35 C'est quand même un comble.
00:50:36 Et puis, j'aimerais rappeler cette anecdote de Jacques Chirac en 2006,
00:50:39 qui, lors d'un sommet des patrons européens,
00:50:43 organisé par Ernest-Antoine Cellière,
00:50:45 à l'époque patron du CNPF,
00:50:48 M. Cellière avait commencé à parler en anglais.
00:50:52 Jacques Chirac l'avait interrompu en lui disant "on parle ici en français".
00:50:56 Et M. Cellière lui avait répondu "non, c'est la langue des affaires".
00:51:00 Et Jacques Chirac s'était levé avec deux ou trois de ses ministres,
00:51:03 il avait quitté la salle,
00:51:04 et lorsque M. Cellière avait terminé son discours,
00:51:07 il était revenu dans la salle.
00:51:08 Et effectivement, la langue des affaires,
00:51:10 c'est un peu ce que dit aussi Nietzsche à certains égards,
00:51:13 a pris le dessus sur le français,
00:51:15 mais le français, c'est ça qui est terrible,
00:51:17 ça reste une langue universelle,
00:51:19 ça reste la langue officielle aux Nations Unies,
00:51:21 ça reste la langue officielle dans le cadre de l'Union Européenne.
00:51:23 Donc nos représentants...
00:51:25 - Non, c'est l'anglais désormais.
00:51:27 - Ah non, il n'y a pas que l'anglais, je crois que le français...
00:51:28 - Même les négociations, les conversations entre États sont en anglais.
00:51:31 - Mais le français devrait toujours rester une langue...
00:51:34 - Allez, un dernier.
00:51:35 - Un dernier petit mot.
00:51:36 - Pour un dernier tout petit mot sur Nietzsche,
00:51:39 "cocorico", pour faire un "cocorico" en ce jour de Noël,
00:51:42 Nietzsche explique très bien, à l'appui de Chanfort et du XVIIIe siècle français,
00:51:46 qui se passe là, dans une période de temps extrêmement compressée,
00:51:49 spiralée, vous dites ça comme vous voulez,
00:51:52 enfin, entre 1715 et les dernières toiles de Fragonard,
00:51:57 la meilleure période, 1767-1769,
00:52:00 il dit qu'il y a là, en France, un miracle comparable, dit-il,
00:52:05 un miracle culturel, un miracle de la langue,
00:52:07 un miracle de la pensée comparable, dit-il, au miracle grec,
00:52:09 c'est pas rien que Nietzsche dit ça,
00:52:11 alors qu'au "cocorico", pour une fois...
00:52:12 - Allez, on va terminer avec le dernier édito avec vous, Michel Thaube,
00:52:14 parce qu'on va parler d'une décision un peu passée inaperçue.
00:52:18 Les sénateurs ont voté le 14 décembre dernier
00:52:20 le rétablissement de la réserve parlementaire,
00:52:23 qui avait été supprimée en 2017 par Emmanuel Macron lors de son élection.
00:52:27 - Alors, effectivement, ça a attiré mon attention,
00:52:28 parce que je pense qu'il y a beaucoup de décisions prises par Emmanuel Macron
00:52:31 depuis qu'il est chef de l'État,
00:52:32 sur lesquelles on est revenu et sur lesquelles lui-même est revenu.
00:52:35 Alors, il faut rappeler ce qu'était la réserve parlementaire,
00:52:39 jusqu'en 2017, c'était la possibilité pour les députés et les sénateurs
00:52:43 d'accorder des subventions à des collectivités locales,
00:52:46 rurales, la plupart du temps,
00:52:47 et à des ONG pour soutenir des projets et des actions concrètes.
00:52:51 C'était des budgets importants,
00:52:52 ça représentait 90 millions d'euros de budget annuel,
00:52:57 et chaque parlementaire pouvait verser jusqu'à 130 000 euros en moyenne par an.
00:53:02 Le président de l'Assemblée nationale pouvait même aller jusqu'à 520 000 euros,
00:53:05 donc c'était des sommes importantes.
00:53:07 Claude Barthelone, ancien président de l'Assemblée nationale,
00:53:09 avait réformé le système en y mettant plus de transparence,
00:53:12 ce qui permettait aux citoyens de savoir
00:53:15 combien et à qui cette réserve parlementaire était attribuée.
00:53:19 Mais finalement, Emmanuel Macron,
00:53:21 c'était une de ses promesses de candidat à l'élection présidentielle en 2017,
00:53:25 est revenu dessus.
00:53:26 Et donc il a supprimé cette réserve parlementaire, pourquoi ?
00:53:29 Alors, il a supprimé parce que beaucoup de députés et de sénateurs
00:53:32 ont été accusés de clientélisme et d'utiliser cette capacité budgétaire
00:53:37 pour finalement, non pas acheter des voix,
00:53:40 mais obtenir la complaisance des lecteurs,
00:53:43 notamment, évidemment, principalement dans leur circonscription,
00:53:46 même si, encore une fois, la réserve parlementaire
00:53:48 n'était pas limitée à la circonscription de là où était élue tel député.
00:53:54 Il y a eu tout un débat.
00:53:56 Il faut se rappeler que la suppression de la réserve parlementaire
00:53:59 s'inscrit dans la première loi votée par Emmanuel Macron,
00:54:02 enfin par le Parlement, à l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir,
00:54:06 dans le cadre de cette fameuse loi, si vous vous rappelez,
00:54:08 sur la confiance de la vie politique.
00:54:10 François Bayrou en avait été le principal artisan
00:54:12 avant de devoir quitter le gouvernement
00:54:14 au plein milieu de la discussion parlementaire.
00:54:18 Dans cette loi, il y avait également l'interdiction des emplois familiaux
00:54:22 pour les parlementaires suite à ce qui était arrivé à François Fillon.
00:54:26 C'est dans ce contexte, soi-disant, de plus de transparence
00:54:29 dans la vie politique que la réserve parlementaire avait été supprimée.
00:54:33 Alors, clientélisme d'un côté, de l'autre, beaucoup plaidaient
00:54:37 pour expliquer que non, justement, la réserve parlementaire
00:54:39 était un outil de gestion et d'action publique
00:54:42 laissé aux députés dans un pays comme la France,
00:54:45 où très souvent, les demandes de subventions sont très complexes
00:54:48 et difficiles à obtenir pour des acteurs de petite taille.
00:54:52 Et donc, l'idée revient de remettre en place cette réserve parlementaire ?
00:54:56 Effectivement, depuis plus d'un an, c'est un long chemin,
00:55:01 un long chemin de croix, pourrais-je dire, pour les parlementaires.
00:55:05 Il y a quasiment un consensus à l'Assemblée nationale et au Sénat.
00:55:08 Il y a une coalition qui s'est créée pour le rétablissement de la réserve parlementaire.
00:55:13 Le quotidien Ouest-France a publié un appel de 300 élus le 30 octobre dernier.
00:55:17 Une coalition s'est constituée.
00:55:19 L'Association des maires de France soutient ce projet de rétablissement de la réserve parlementaire.
00:55:24 Et donc, une première victoire a été obtenue au Sénat le 14 décembre dernier,
00:55:28 avec une proposition de loi qui a été très largement votée par le Sénat,
00:55:31 à l'initiative des sénateurs centristes, il faut les citer,
00:55:34 Hervé Moret, Dominique Vérien et Vincent Capot-Canelas.
00:55:38 Donc, on en est là pour le moment.
00:55:39 Le Sénat a voté cette proposition.
00:55:42 La suite, à voir.
00:55:43 Est-ce que cette loi, elle sera votée au final ?
00:55:45 Alors, ce n'est pas gagné.
00:55:46 Ce n'est pas gagné.
00:55:47 Il y a un consensus, je pense, parmi de très nombreux parlementaires.
00:55:50 Mais la question se pose de savoir, est-ce que la Macronie,
00:55:54 est-ce que la majorité parlementaire,
00:55:56 est-ce qu'Emmanuel Macron et Yael Bourguiba,
00:56:00 qui en 2017 avait été la députée rapporteur du projet de loi de suppression de la réserve parlementaire,
00:56:06 et qui aujourd'hui, comme on le sait, est président de l'Assemblée nationale,
00:56:09 est-ce qu'ils vont accepter de mettre à l'ordre du jour le rétablissement de la réserve parlementaire ?
00:56:14 Ça n'est pas gagné.
00:56:15 Ça n'est pas gagné parce que fondamentalement,
00:56:18 la réserve parlementaire, je pense,
00:56:20 c'est un peu le symbole de ces mesures qu'Emmanuel Macron,
00:56:23 depuis qu'il est le chef de l'État,
00:56:24 a voulu écarter du fonctionnement de la vie politique.
00:56:27 Emmanuel Macron a, depuis qu'il est président de la République,
00:56:30 montré une forme de jupiterranisme,
00:56:33 une sorte de centralisation très forte.
00:56:35 La relation entre le président de la République et les élus locaux est toujours très compliquée.
00:56:39 Et ce que les différents gouvernements qui se sont succédés
00:56:43 sous la présidence d'Emmanuel Macron ont prouvé,
00:56:45 c'est une très grande méfiance vis-à-vis des libertés territoriales.
00:56:49 Or, la réserve parlementaire, c'est véritablement de laisser aux législatifs,
00:56:54 aux représentants locaux, une marge de manœuvre que l'État ne veut pas leur laisser.
00:56:59 Depuis 4-5 ans, il y avait eu des promesses de remplacer la réserve parlementaire
00:57:04 par un dispositif différent.
00:57:05 Ça n'a guère été le cas.
00:57:07 Les préfets ont pris beaucoup de pouvoir dans la gestion des affaires locales.
00:57:10 Et je pense qu'en termes de décentralisation,
00:57:13 ça n'a pas été un exemple.
00:57:14 Et c'est aussi une des raisons pour lesquelles il y a une forme de colère
00:57:16 parmi les élus locaux qui est très importante.
00:57:19 On verra si dans les prochains mois,
00:57:22 soit dans une niche parlementaire proposée par les Républicains,
00:57:26 soit s'il y a un consensus avec la Macronie,
00:57:28 la réserve parlementaire va être rétablie.
00:57:31 Merci Michel Taubes.
00:57:32 C'est vrai Jonathan Cixous, on voit non cumul des mandats,
00:57:35 suppression de la réserve parlementaire,
00:57:36 un certain nombre de députés et sénateurs ont envie de revenir dessus.
00:57:39 Mais pour l'opinion publique,
00:57:41 c'est très compliqué de revenir en arrière sur ces sujets-là,
00:57:43 parce que même si Michel nous l'expliquait,
00:57:44 ce à quoi ça sert vraiment la réserve parlementaire,
00:57:47 l'opinion publique ne comprend pas forcément à quoi ça sert
00:57:50 et se dit "c'est de l'argent pour les parlementaires,
00:57:51 est-ce qu'ils en ont besoin ?"
00:57:52 Même si in fine, ce n'est pas ça.
00:57:53 Vous résumez bien la situation Élodie.
00:57:55 C'est vrai qu'on n'est jamais loin de la caricature
00:57:58 lorsque il y a des possibilités de "largesse".
00:58:04 A l'heure qu'il est, je préfère qu'il n'y en ait pas effectivement
00:58:07 de réserve parlementaire.
00:58:08 Je ne préfère même pas imaginer où iraient ces sommes d'argent publiques
00:58:11 de la part des élus de la LFI, par exemple.
00:58:14 Mais dans le fond, pourquoi pas ?
00:58:16 L'idée du principe de réserve parlementaire n'est pas une honte,
00:58:20 un déni de démocratie en soi,
00:58:23 d'autant que c'est de l'argent, certes public,
00:58:26 mais il n'est pas caché,
00:58:29 ce n'est pas "discrétionnaire", pardon,
00:58:32 c'est le terme que je cherchais, de la part de l'élu.
00:58:35 C'est encore autre chose que le non-cumul des mandats,
00:58:38 qui semble, je pense, pour beaucoup de Français,
00:58:41 cette loi de non-cumul, être une aberration.
00:58:45 Et donc il est fort probable que le retour à un cumul de mandats
00:58:51 tels que le mandat local et le mandat législatif
00:58:54 soit plutôt plébiscité par les Français,
00:58:56 parce qu'ils ont bien, il suffit de voir depuis des mois,
00:59:00 le cirque que nous avons, pas les Bourbons.
00:59:02 Ce ne sont plus du tout les préoccupations locales des Français
00:59:05 qui remontent, comme on disait dans le temps, à l'Assemblée nationale.
00:59:08 Et de ce point de vue, on a vu que la déconnexion
00:59:11 était absolument totale entre le terrain,
00:59:15 c'est-à-dire le quotidien des Français,
00:59:18 et puis les décisions qui sont prises.
00:59:21 Donc c'est vrai que le député-maire qui a disparu,
00:59:24 c'est une hérésie, il faut à toute force
00:59:27 tenter de le rétablir, c'est-à-dire qu'on ait
00:59:30 à l'Assemblée des gens qui savent exactement de quoi ils parlent.
00:59:33 - Nathan Devers.
00:59:34 - Je suis assez d'accord avec Jonathan.
00:59:35 Je n'ai pas d'avis tranché sur la question de la réserve parlementaire,
00:59:38 vous avez très bien expliqué que c'était une affaire complexe
00:59:40 et que ça pouvait donner lieu aussi à des sortes d'excès.
00:59:44 Mais en effet, il s'est passé une sorte de bouleversement important en 2017
00:59:48 de ce passage de la culture de l'opacité en politique
00:59:51 à la culture de la transparence.
00:59:52 Je ne veux pas faire la promotion de la culture de l'opacité,
00:59:54 et on a vu, un certain nombre d'affaires l'attestent très clairement,
00:59:58 qu'elles donnent lieu aussi à des phénomènes de corruption,
01:00:01 à des phénomènes de malhonnêteté, et que même par exemple,
01:00:03 sur cette histoire du cumul des mandats,
01:00:05 ça donnait lieu parfois à la formation de petits potentats locaux
01:00:09 avec des barons qui contrôlaient la politique
01:00:11 à l'échelle de leur département.
01:00:12 Mais enfin, ce qui est quand même intéressant,
01:00:15 c'est de remarquer deux choses.
01:00:16 Premièrement, je ne pense pas que ce soit Emmanuel Macron
01:00:19 qui ait porté la transparence.
01:00:20 C'est la société française, occidentale,
01:00:23 qui au tournant des années 2016-2017 a dit maintenant
01:00:26 "transparence absolue du politique",
01:00:28 et cela se fait au nom du bien, cela se fait au nom de la morale,
01:00:31 cela ne pourra amener que le meilleur.
01:00:33 On voit quand même que ça a pour effet,
01:00:35 un, de dévaluer la politique dans le cas des mandats locaux,
01:00:38 deux, on revient d'ailleurs au sujet des réseaux sociaux
01:00:40 dont on parlait tout à l'heure et de la violence contre les élus,
01:00:42 deux aussi, d'impliquer une crise de la vocation du politique,
01:00:46 et trois, de freiner l'action publique.
01:00:48 Et donc il faut, me semble-t-il, faire une sorte de...
01:00:51 non pas d'éloge de la corruption,
01:00:54 non pas d'éloge de l'opacité,
01:00:55 évidemment il ne s'agit pas de faire ça,
01:00:56 mais de montrer quand même que la politique,
01:00:59 elle n'est pas compatible avec le règne de la nudité totale.
01:01:02 Merci Nathan Odevert,
01:01:04 on s'interrompt un instant dans nos débats,
01:01:06 c'est l'heure de l'actualité avec vous,
01:01:07 félicitez Kindeki, rebonsoir, félicité.
01:01:09 Rebonsoir Élodie, bonsoir à tous.
01:01:11 Un entrepôt du secours populaire a été cambriolé dans l'Isère,
01:01:15 les palettes de dons ont entièrement été pillées et ravagées,
01:01:18 cet acte incompréhensible s'est déroulé dans l'entrepôt
01:01:20 situé à Échirol, près de Grenoble.
01:01:23 L'association est touchée en plein cœur de son dispositif
01:01:25 de collecte et de redistribution,
01:01:27 le préjudice est estimé à quelque 300 000 euros.
01:01:30 Pas de répit à Gaza,
01:01:32 le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou promet
01:01:35 une intensification des combats en cours
01:01:37 dans le territoire palestinien contre le Hamas.
01:01:40 L'aviation et l'artillerie israélienne
01:01:42 continuent de bombarder massivement
01:01:43 au 80e jour du conflit.
01:01:45 Selon l'ONU, les civils sont menacés de famine,
01:01:48 malgré des pressions internationales pour un cessez-le-feu.
01:01:51 Au Vatican, le pape François a prononcé sa bénédiction,
01:01:54 "Urbi et Orbi", dans son discours adressé à Rome
01:01:57 et au monde entier depuis le balcon central
01:01:59 de la façade de la Basilique Saint-Pierre à Rome.
01:02:01 Le souverain pontife a dénoncé la situation humanitaire
01:02:04 désespérée des Palestiniens dans la bande de Gaza.
01:02:07 Avant de livrer un message de paix,
01:02:09 il appelle à la libération des otages et un cessez-le-feu
01:02:12 d'une guerre qu'il nomme "comme une folie sans excuse".
01:02:15 Merci à vous, félicité.
01:02:16 Michel Taub, un dernier mot en 30 secondes pour terminer.
01:02:19 - Je veux dire à Carl Olive, le député et ancien maire de Poissy
01:02:22 qui avait dit à la Lune du GDD,
01:02:24 il est bon que les députés aillent sentir le cul des vaches.
01:02:26 Et je vais vous dire, la réserve parlementaire,
01:02:28 ça a servi à quoi ?
01:02:29 Ça a servi à donner des subventions à des clubs de foot,
01:02:32 à réparer la toiture d'une église,
01:02:35 parce qu'on est dans une société extrêmement complexe
01:02:37 et la faculté pour un député ou un sénateur
01:02:39 de donner une subvention pour une action concrète,
01:02:41 voilà à quoi ça sert.
01:02:42 Donc, ce n'est pas effectivement du clientélisme,
01:02:44 c'est tout simplement une manière de souplesse dans notre système.
01:02:48 - Merci à tous les quatre d'avoir été les invités de Face à l'Info.
01:02:51 Nathan Deverge, Nathan Sixsou, Vincent Roy et Michel Taub.
01:02:54 Tout de suite, vous retrouvez l'heure des pros,
01:02:56 Eliott Deval et ses invités.
01:02:57 J'ai le plaisir de vous retrouver à 21h30 pour Soir Info.
01:03:00 A tout à l'heure.
01:03:01 ♪ ♪ ♪