• il y a 2 ans
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 - 19h, c'est l'heure. Ravie de vous retrouver ce soir.
00:00:04 Tout de suite, l'info avec Simon Ghila.
00:00:06 - Bonsoir, chère Christine.
00:00:08 La première ministre italienne, Giorgia Meloni, a conclu un accord
00:00:11 avec l'Albanie pour y installer deux centres d'accueil de migrants.
00:00:15 Rome espère pouvoir y transférer chaque année 36 000 migrants
00:00:18 arrivés sur les côtes italiennes.
00:00:20 Ces centres seraient entièrement financés par Rome,
00:00:23 aussi bien la structure que le personnel.
00:00:25 La Commission européenne recommande d'ouvrir les discussions
00:00:28 avec l'Ukraine et la Moldavie.
00:00:31 Une annonce faite aujourd'hui par Ursula von der Leyen depuis Bruxelles.
00:00:34 C'est un jour historique, a-t-elle ajouté.
00:00:36 Les 27 doivent désormais valider l'ouverture des négociations
00:00:39 avec les deux pays.
00:00:41 Le mois d'octobre 2023 a été le mois le plus chaud jamais enregistré.
00:00:45 Il poursuit ainsi la succession de records mensuels
00:00:48 entamés au mois de juin.
00:00:50 2023 devait être l'année la plus chaude jamais enregistrée
00:00:53 selon l'observatoire européen Copernicus.
00:00:56 Merci beaucoup mon cher Simon.
00:00:59 Et au sommaire ce soir,
00:01:01 pourquoi dresser le drapeau palestinien
00:01:05 au fronton de la mairie de Marseille
00:01:08 si ce n'est pour créer la division et la tension supplémentaires ?
00:01:11 Pourquoi ne pas mettre les deux drapeaux, israéliens et palestiniens,
00:01:14 en guise de symbole de paix ?
00:01:16 Pourquoi ne pas afficher plutôt les photos des otages français ?
00:01:20 Et puis que faut-il penser du drapeau israélien
00:01:23 dressé sur le fronton de la mairie de Nice ?
00:01:25 Mais pourquoi cette promptitude a hissé le drapeau des autres
00:01:28 et non celui de la France ?
00:01:30 L'édito de Mathieu Bocote.
00:01:32 L'antisémitisme refait surface.
00:01:35 Il s'affiche sans crainte et sans honte,
00:01:37 a déclaré Emmanuel Macron aujourd'hui.
00:01:39 Pourtant la marche contre l'antisémitisme en France,
00:01:42 qui devait symboliser l'union, vire à la division.
00:01:45 Jean-Luc Mélenchon fait bande à part en déclarant, je cite,
00:01:48 "les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous"
00:01:52 enjambant ainsi la montée des actes antisémites en France.
00:01:56 Peut-on parler d'antisémitisme en France sans évoquer le Proche-Orient ?
00:02:00 Alors qu'Emmanuel Macron a lancé un appel à l'unité,
00:02:03 en quoi est-ce, au-delà d'une tactique électorale,
00:02:06 une véritable vision du monde de recherche systématique du chaos,
00:02:10 de fracturer la France, la gauche,
00:02:12 et de cultiver ce qui touche à l'antisémitisme ?
00:02:14 L'analyse de Guillaume Bigot.
00:02:16 L'avènement du roi Louis IX,
00:02:19 futur Saint Louis, c'était le 8 novembre 1226.
00:02:23 Mais tenez-vous bien, ce roi a souvent été accusé d'antisémitisme,
00:02:27 accusé de développer une forme d'hostilité envers les Juifs,
00:02:30 essentiellement fondée sur des motifs religieux.
00:02:33 Est-ce de l'antisémitisme, de l'anti-judaïsme,
00:02:36 le rejet de la religion juive ?
00:02:38 Saint Louis, c'est le roi des croisades
00:02:40 et l'espoir de la reconquête de Jérusalem.
00:02:43 Avec Saint Louis, on retrouve presque les origines du drame d'aujourd'hui.
00:02:47 C'est ce que nous explique Marc Mellon ce soir.
00:02:51 "Oui à une union sacrée pour frapper des groupes terroristes."
00:02:56 Qui tenait ces propos ?
00:02:58 C'est Jean-Luc Mélenchon, qui s'exprimait en 2001
00:03:02 au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre.
00:03:05 Un personnage qui a beaucoup changé dans ses prises d'opposition.
00:03:08 Pourquoi ce retournement aujourd'hui ?
00:03:10 Pourquoi ce retournement avec lequel vient l'antisémitisme ?
00:03:13 Jean-Luc Mélenchon 2023, vu par Jean-Luc Mélenchon 2001,
00:03:17 le décryptage de Charlotte Dornet-Basse.
00:03:20 Et puis le chanteur Sylmane, auteur de 4 albums à succès
00:03:24 et au réolé d'une victoire de la musique,
00:03:26 va représenter la France à l'Eurovision.
00:03:30 Un artiste très apprécié en France, mais apprécie-t-il la France ?
00:03:35 C'est la question que se posera Mathieu Bocquete.
00:03:37 On se souvient des propos du chanteur d'origine algérienne
00:03:40 critiquant la France après la mort de Nahel.
00:03:42 Être horrifié par le symbole d'une république qui tue nos frères,
00:03:46 c'est-t-il indigné ?
00:03:48 Plusieurs internautes se demandent pourquoi choisir
00:03:50 quelqu'un qui critique la France pour représenter la France.
00:03:53 Slymane, le nouveau visage de la France, l'édito de Mathieu Bocquete.
00:03:58 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité
00:04:00 avec nos mousquetaires, c'est parti !
00:04:04 (Générique)
00:04:16 - Ravi de vous retrouver ce soir, Guillaume Bigot est là, vous allez bien ?
00:04:19 - Très bien.
00:04:20 - Charlotte aussi est là, Marc, Mathieu, dans un beau coup de sujet.
00:04:25 - Vous pouvez le refaire pour soi.
00:04:28 - Beaucoup de sujets ce soir.
00:04:31 - J'ai une petite surprise pour vous.
00:04:33 Je ne sais pas si elle va vous plaire, même moi elle me plaît.
00:04:36 - Très bien.
00:04:37 - Dans un instant on fera un tour de table sur...
00:04:40 J'ai une question à vous poser par rapport à la marche de dimanche.
00:04:44 On a entendu Emmanuel Macron qui a déclaré aujourd'hui
00:04:47 "Veillons à toute confusion ceux qui prétendent soutenir nos compatriotes juifs
00:04:50 en confondant le rejet des musulmans et le soutien des juifs".
00:04:53 Ne faites pas cette tête-là, Mathieu Bocquete.
00:04:55 Peut-on être contre l'antisémitisme sans rejeter les musulmans ?
00:05:00 C'est la question que j'ai envie de vous poser ce soir,
00:05:02 mais avec argumentation.
00:05:05 - Bien sûr.
00:05:06 - Manuel Bompard et deux autres députés de la France insoumise
00:05:09 ont demandé à la mairie de Marseille, Mathieu Bocquete,
00:05:12 de hisser le drapeau palestinien en Berne,
00:05:15 objectif pour la mémoire des milliers d'innocents tués à Gaza et en Cisjordanie.
00:05:21 Je cite "Ce ne serait pas la première fois que les filles brandissent ce drapeau,
00:05:25 mais est-ce qu'un cap ne vient pas d'être franchi ce soir ?"
00:05:30 - La question qu'on doit se poser en ce moment, c'est quelle est la fonction
00:05:33 du drapeau palestinien pour les filles ?
00:05:36 Parce qu'on comprend pour les Palestiniens eux-mêmes,
00:05:39 le drapeau, c'est leur drapeau national, c'est leur drapeau de combat,
00:05:42 et on comprend qu'ils le brandissent.
00:05:44 Mais que se passe-t-il lorsque la France insoumise veut brandir ce drapeau
00:05:48 et le brandit avec beaucoup plus d'enthousiasme
00:05:51 qu'elle n'a jamais brandi le drapeau français ?
00:05:55 Est-ce que la France insoumise est soudainement nationaliste,
00:05:58 à condition que ce soit un nationalisme étranger plutôt qu'un nationalisme français ?
00:06:03 Voilà qui pourrait nous intriguer.
00:06:05 Quoi qu'il en soit, je note que c'est à Marseille, et c'est pas n'importe où.
00:06:08 Pourquoi Marseille ? Parce que comme l'avait dit à sa manière le pape François,
00:06:12 est-ce que Marseille c'est encore la France ?
00:06:14 Alors ce l'est évidemment géographiquement, ce l'est historiquement,
00:06:17 mais la sécession pour plusieurs, la sécession objective,
00:06:20 qui n'est pas encore une sécession de droits, évidemment,
00:06:23 mais la sécession de fait de plusieurs quartiers à Marseille,
00:06:25 fait en sorte que plusieurs disent que c'est la ville-monde.
00:06:27 C'est la ville qui porte une identité si différente que l'identité française
00:06:31 que le pape François, je le redis, pouvait dire « je viens à Marseille, je ne viens pas en France ».
00:06:35 Donc on peut croire qu'il est possible que nos amis de la France insoumise
00:06:38 voient les choses de la même manière.
00:06:40 Alors qu'est-ce qui est important, ici je l'ai dit, c'est le symbole du drapeau palestinien.
00:06:47 Alors comment est-il présenté ? On comprend qu'il est présenté auprès des populations,
00:06:52 des électeurs à gagner par la France insoumise,
00:06:55 parce qu'on est ici devant de la stratégie politique à part entière.
00:06:58 Ils ont compris que la cause palestinienne,
00:07:00 telle qu'elle se présente à nous aujourd'hui avec toute la confusion qui l'entoure,
00:07:03 s'agit-il de la cause d'un peuple, s'agit-il de la cause islamiste,
00:07:06 de quoi parlons-nous exactement ?
00:07:08 Cette cause, avec ce drapeau, ce drapeau est devenu pour une partie de la population
00:07:13 le drapeau de la revanche décoloniale.
00:07:15 C'est le drapeau de la revanche contre l'Occident.
00:07:18 C'est le drapeau fédérateur pour des populations qui, en elles-mêmes,
00:07:21 n'ont pas nécessairement beaucoup de choses en commun,
00:07:24 mais qui se retrouvent dans cette cause à travers le combat contre Israël,
00:07:28 qui, on l'a souvent dit, est vu à la fois comme le symbole,
00:07:31 l'avant-poste de l'Occident dans un coin du monde où il ne devrait pas se trouver,
00:07:35 et aussi sa réactive, quoi qu'on en dise, un antisémitisme tout à fait présent
00:07:39 dans une partie de ces populations.
00:07:41 On ne peut que s'en désoler lorsqu'on le constate.
00:07:44 Donc, il s'agit de mobiliser l'électorat avec cette idée.
00:07:47 On cite souvent, rappelez-vous, on dit que 69 % environ des musulmans ont voté.
00:07:52 L'électorat musulman a voté pour Jean-Luc Mélenchon à la dernière présidentielle.
00:07:55 Mais il y a une autre donnée qu'on souligne insuffisamment,
00:07:58 c'est que le vote musulman, pour l'instant, le vote des banlieues,
00:08:01 est un vote qui se mobilise moins que l'ensemble du vote à l'échelle nationale.
00:08:04 Alors, qu'est-ce qu'on cherche à faire avec cela ?
00:08:07 Il s'agit de convaincre les électeurs qui ne votent pas pour l'instant,
00:08:11 les citoyens qui campent à l'extérieur de la cité,
00:08:14 les électeurs qui, pour l'instant, disent
00:08:16 « ça ne me concerne pas la vie politique nationale ».
00:08:18 Ça consiste en politisant, en surpolitisant,
00:08:21 en suridéologisant la cause palestinienne.
00:08:24 En France, ça permet de mobiliser cet électorat
00:08:27 et de convaincre la prochaine fois, non seulement 69 % des musulmans qui votent,
00:08:31 de voter Mélenchon, mais plus encore, de faire en sorte
00:08:34 qu'un plus grand nombre d'électeurs des quartiers se mobilisent pour Mélenchon
00:08:38 avec cette idée, ne l'oublions jamais, qu'il y a en 2022,
00:08:44 je me perds dans mes années, en 2022,
00:08:46 Jean-Luc Mélenchon est passé à quelques centaines de milliers de votes du deuxième tour
00:08:50 et que si les quartiers avaient voté à même proportion que l'ensemble de la société française,
00:08:55 Jean-Luc Mélenchon aurait été au deuxième tour sans le moindre doute.
00:08:58 Ça, il faut le garder à l'esprit.
00:09:00 Donc, nous sommes devant un usage tout à fait politique du drapeau palestinien ici.
00:09:06 J'ajoute, et ce n'est pas un détail,
00:09:08 nos amis de la France Insoumise, Emmanuel Bompard dit,
00:09:11 il faut, je le cite, ici ce drapeau,
00:09:14 « pour honorer la mémoire des Palestiniens victimes des crimes de guerre de l'armée israélienne ».
00:09:19 Donc, la raison qu'il dit, c'est pour honorer les victimes des crimes de guerre.
00:09:23 On le sait, nos gens de la France Insoumise ont refusé de présenter le Hamas,
00:09:28 de qualifier le Hamas de mouvement terroriste, c'est vrai.
00:09:31 Mais ils ont reconnu, néanmoins, que le Hamas avait commis des crimes de guerre en Israël.
00:09:36 Dès lors, si j'avais devant moi Emmanuel Bompard, je lui poserais la question,
00:09:40 s'il faut honorer les victimes de crimes de guerre dans les circonstances,
00:09:44 eh bien, ne faut-il pas d'abord hisser à la mairie de Marseille,
00:09:48 le drapeau, au fronton de la mairie de Marseille, le drapeau israélien,
00:09:52 parce que vous avez vous-même reconnu qu'il s'agissait de crimes de guerre commis par le Hamas.
00:09:57 Si votre critère, c'est victime de crimes de guerre, pourquoi le drapeau palestinien seulement,
00:10:02 et pas le drapeau israélien?
00:10:04 C'est une question qu'on aimerait lui poser, mais je crois, comme je l'ai dit,
00:10:07 que le véritable choix qui l'amène à brandir ce drapeau avec tant d'enthousiasme,
00:10:10 c'est une machine à politiser, c'est une machine à inscrire sur des listes électorales,
00:10:14 c'est une machine à convaincre des gens qui, pour l'instant, ne s'intéressaient pas à la politique,
00:10:18 et qui pourraient y entrer par le biais de la question palestinienne.
00:10:22 À quoi vous faites référence précisément?
00:10:27 Là, c'est la question des drapeaux, en fait.
00:10:29 La question du drapeau étranger en France.
00:10:33 C'est une question qui est présente, on le voit...
00:10:35 Qui revient régulièrement.
00:10:36 Qui revient régulièrement.
00:10:37 À plusieurs reprises, on a eu l'occasion de s'interroger.
00:10:40 Avec raison, parce que qu'est-ce que ça veut dire lorsqu'on décide de brandir le drapeau d'un pays étranger en France?
00:10:46 Alors, ça peut être dans le cadre d'un accueil diplomatique, ça, il n'y a pas de souci.
00:10:49 On reçoit le président d'un pays x, y, ou z, on met son drapeau, c'est très bien.
00:10:53 Ça peut être dans le cadre de manifestations folkloriques.
00:10:55 Ça, je pense que ça ne dérange personne.
00:10:57 Le festival franco-bulgare de Paris, moi, je suis devenu voir le drapeau de la Bulgarie,
00:11:01 même si ce n'est pas une visite officielle.
00:11:03 Mais ce dont on parle ces dernières années, c'est d'un tout autre paysage en matière de drapeau.
00:11:09 Je distingue trois grands cas.
00:11:12 Le premier, ce sont les fameuses manifs pro-palestiniennes de ces derniers jours.
00:11:15 Et qu'est-ce qu'on voit à travers ça? C'est que le drapeau est issu, il s'édige,
00:11:20 parce que la France est transformée en champ de bataille pour...
00:11:24 En fait, ça devient le terrain d'un affrontement entre des forces extérieures.
00:11:28 On brandit en France le drapeau palestinien pour s'engager en fonction d'Israël,
00:11:32 comme si la France n'était qu'un terrain vague qui ne nous engageait plus existentiellement.
00:11:37 Et ça, il faut dire que ce n'est pas nouveau.
00:11:39 Que la France devienne lieu d'affrontement de gens brandissant des identités extérieures à la France
00:11:44 et presque étrangères à la France, et même quelquefois contre la France.
00:11:47 Je me permets de vous ramener, il y a deux ans, trois ans, à Dijon, si je ne me trompe pas,
00:11:52 un affrontement entre Tchétchènes et Marocains, un affrontement assez violent.
00:11:56 Et là, vous vous demandez comment on va régler cet affrontement.
00:11:59 C'est un véritable problème. Comment le régler? Où s'était-il réglé?
00:12:02 Devant les services policiers? Non. À la mairie? Non.
00:12:05 Devant le député? Non. À la mosquée? Oui.
00:12:08 Alors, qu'est-ce que ça veut dire?
00:12:10 Ça veut dire que dans ce cadre-là, un affrontement extérieur, dans ce cas-là des groupes nationaux différents,
00:12:14 se réconciliait à la mosquée.
00:12:17 Donc, c'est un espace symbolique différent qui s'affranchit de la France.
00:12:20 C'est la même logique lorsque vous brandissez le drapeau palestinien en France
00:12:24 pour vous mobiliser pour ce qui se passe en Israël.
00:12:26 En fait, finalement, la France est un pays d'ancrage juridique, mais ce n'est pas le pays d'ancrage identitaire.
00:12:31 Deuxième cas qui peut nous venir à l'esprit, c'est les manifestations sportives.
00:12:36 Et ça, on l'a vu au moment du Mondial, mais bien avant.
00:12:40 En fait, chaque fois qu'il y a des compétitions sportives, soyons sérieux,
00:12:42 des gens qui seraient normalement des Français d'origine marocaine, des Français d'origine algérienne,
00:12:49 faites la liste, on pourrait multiplier les nationalités,
00:12:51 au moment où leur pays est engagé dans une compétition sportive,
00:12:55 ils se transforment non plus en Français d'origine marocaine,
00:12:58 mais psychologiquement, pas juridiquement, évidemment, en Marocains qui habitent en France.
00:13:02 Et on l'a vu souvent, les affrontements, si en plus la France est le pays contre lequel on se bat dans une compétition sportive,
00:13:09 alors là, soyez certains que ça peut dégénérer.
00:13:11 Et le drapeau est ici mobilisé, souvent de manière conquérante.
00:13:15 Moi, c'est ce qui m'a souvent frappé, c'est qu'on défile sur les Champs-Élysées ou ailleurs,
00:13:19 mais en brandissant un drapeau étranger, sur le mode « nous vous avons battu soit A, les Français,
00:13:24 B, les Européens, C, les Occidentaux ».
00:13:26 Donc le drapeau ici n'est pas qu'une marque de tendresse folklorique envers son pays d'origine,
00:13:32 c'est une manière de dire « regardez qui vous domine aujourd'hui ».
00:13:36 Et troisième cas qui me vient à l'esprit, qui me semble assez important,
00:13:40 ça nous rappelle, c'est Hollande 2012, lorsque François Hollande est élu.
00:13:43 Quels sont les drapeaux qui sont là pour accueillir sa victoire ?
00:13:46 Des drapeaux étrangers, essentiellement des drapeaux du pays du Maghreb.
00:13:50 Et qu'est-ce que ça voulait dire ?
00:13:52 Ça voulait dire Sarkozy, le président qui était vu comme franco-français,
00:13:56 qui était vu comme l'ennemi de l'immigration massive, nous avons réussi à le chasser.
00:14:00 Et au nom de quoi le chassons-nous ?
00:14:02 D'une autre vision de la France ?
00:14:04 Non, pas du tout, on le chasse cette fois en brandissant un drapeau étranger en disant
00:14:08 « on t'a chassé, toi qui ne devais pas être là ».
00:14:10 Il y a un geste de conquête lorsqu'on brandit un tel drapeau.
00:14:13 Alors ce qu'on pourrait dire sur le plan pratique, on pourrait se demander « est-il légitime ? ».
00:14:17 Je comprends que dans les circonstances, je vous l'ai dit, on peut brandir pour une journée, deux journées,
00:14:20 un drapeau étranger en France, ça va de soi.
00:14:23 Mais la question qu'on doit se demander c'est « faut-il rompre avec cette manie de toujours s'identifier
00:14:26 à un drapeau étranger, quelles que soient les circonstances ? »
00:14:28 Peut-être que le drapeau de référence en France pourrait être, je le dis de manière audacieuse,
00:14:32 le drapeau français. Et pour faire plaisir à Guillaume, on pourrait aussi enlever le drapeau européen.
00:14:36 Dernière question, peut-être Mathieu Bocote, c'est un sujet qui n'est pas sans lien,
00:14:42 puisque France Info nous apprenait que François Hollande a accepté de participer à la manifestation de dimanche.
00:14:49 En exigeant toutefois que le carré d'avant de la manifestation soit réservé aux officiels.
00:14:56 Si j'ai bien compris, est-ce qu'il permettrait de ne pas s'afficher avec Jordan Bardella, le chef du RN ?
00:15:01 Je crois que vous avez bien compris. C'est ce que dit l'entourage de François Hollande à France Info.
00:15:05 C'est assez frappant comme info. Globalement, François Hollande veut participer à cette grande manifestation.
00:15:11 On se demande quelle est la place du RN. Il a été invité, il sera là, plusieurs sont très mal à l'aise.
00:15:17 Comment reconstruire le cordon sanitaire contre le RN en ce moment,
00:15:21 même si manifestement la France Insoumise est dans une position un peu plus complexe ?
00:15:25 Comment faire ça ? On tripatouille les règlements, on tripatouille les règles pour reconduire le cordon sanitaire
00:15:30 contre Jordan Bardella qui est présenté ici comme le grand infréquentable du moment.
00:15:35 Vous l'avez noté depuis quelques jours, c'est le grand retour médiatique à la diabolisation de l'extrême droite
00:15:40 qui apparemment serait le véritable ennemi en ce pays.
00:15:42 On ressort des vieilles citations de Jean-Marie Le Pen, on cherche à tout prix à diaboliser le RN.
00:15:47 Qu'est-ce qui se passe en ce moment ? François Hollande a fait ce qu'il pouvait pour reconstruire le cordon sanitaire
00:15:52 contre le diable d'hier, incapable de reconnaître le diable d'aujourd'hui.
00:15:56 - Vous avez été le premier à en parler. - Ça m'avait frappé quand même.
00:16:00 - Vous sentiez venir l'attaque contre l'antisémitisme d'extrême droite alors qu'on voit que l'antisémitisme...
00:16:08 - Ces gens-là ont devant eux un antisémitisme massif qui agresse tout ça.
00:16:12 Ils sont encore en train de relire des vieux grimoires de Charles Maurras.
00:16:14 Ça témoigne d'une perspicacité politique remarquable.
00:16:16 - Alors, on va parler de plein de sujets, on ne comprend pas.
00:16:20 Donc François Hollande, il veut être un peu à part, ne pète trop avec le RN.
00:16:25 Jean-Luc Mélenchon, on va en parler pendant la soirée.
00:16:28 Il ne veut pas du tout manifester à ce rendez-vous, mais on va essayer de rendre le rendez-vous.
00:16:35 Mais c'est intéressant de l'écouter sur les retraites.
00:16:39 Il était quand même prêt à cette époque de manifester avec le RN. Écoutez.
00:16:45 - Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais elle dit qu'il faut manifester.
00:16:49 Alors, écoutez, c'est un grand progrès.
00:16:51 D'habitude, elle passe son temps à chercher pouilles aux Arabes et aux musulmans.
00:16:54 Et pour une fois, elle a compris que quelle que soit sa religion ou sa couleur de peau,
00:16:58 on a tous des intérêts communs et qu'on est semblable.
00:17:01 Et qu'à partir de 60 ans et plus, tout le monde est fatigué.
00:17:04 Donc ça vaut la peine que les gens s'arrêtent.
00:17:06 Elle est en train de faire un progrès, en quelque sorte, en direction de l'humanisme.
00:17:10 Je ne vais quand même pas me plaindre de ça.
00:17:11 Et quant à ses adhérents sur le terrain, ils sont les bienvenus.
00:17:15 - Alors il fait, Marine Le Pen fait un progrès vers l'humanisme.
00:17:19 Mais on va voir si lui, Jean-Luc Mélenchon, fait un progrès avec vous,
00:17:22 Charlotte Dornelas, dans un instant.
00:17:24 D'abord avec vous, mon cher Guillaume Dijon.
00:17:27 - Vous avez fait un jour luxe ce soir.
00:17:29 - Non, non, non. Il fait l'actualité.
00:17:31 Il fait tout pour faire l'actualité.
00:17:32 Donc on est obligé d'en parler.
00:17:34 Non, mais c'est vrai.
00:17:35 Et puis d'essayer de comprendre, d'analyser.
00:17:37 On est là pour prendre un peu de hauteur,
00:17:38 pour ne pas laisser le téléspectateur dans l'aveuglement total.
00:17:41 - Gérald Darmanin a annoncé 1159 actes antisémites, un chiffre en explosion.
00:17:47 Et je le disais tout à l'heure que Jean-Luc Mélenchon,
00:17:50 lui, ne marchera pas en soutien à nos compatriotes victimes d'actes antisémites.
00:17:55 Mais il a publié sur X qu'il ne se rendra pas une manifestation en soutien,
00:18:00 je cite, au massacre sous prétexte d'antisémitisme.
00:18:04 Est-ce que cela confirme son éventuel antisémitisme ?
00:18:10 - Écoutez, pour moi, ce n'est pas que ça confirme, ça signe son antisémitisme.
00:18:15 C'est quasiment un outing antisémite qu'il a fait.
00:18:18 Il s'est outé tout seul.
00:18:20 Et à mon avis, on assiste à la diodonisation de Jean-Luc Mélenchon,
00:18:25 ni plus ni moins, je vais essayer de vous expliquer ça.
00:18:27 - Il s'est excusé, hein, diodonné. Je fais la parenthèse.
00:18:30 - Contrairement à Jean-Luc Mélenchon.
00:18:32 Donc, premier point, je pense qu'on comprend que Jean-Luc Mélenchon
00:18:37 ait eu besoin d'un prétexte pour ne pas participer à une manifestation
00:18:40 où de toute évidence, il n'allait pas être accueilli à bras ouverts.
00:18:45 Bon, ça, on peut le comprendre.
00:18:46 Mais il aurait parfaitement pu, comme Mathilde Panot, par exemple,
00:18:49 ou comme Olivier Véran, ressortir les vieux grimoires,
00:18:52 c'est-à-dire les vieux slogans élimés jusqu'à l'accord,
00:18:55 c'est-à-dire RN = FN, EFN = SS, etc.
00:18:59 Cette ritournelle-là, il aurait très bien pu dire aussi
00:19:02 « Bon, moi, je vais à cette manifestation »
00:19:03 si, par exemple, on défend aussi les civils de Gaza.
00:19:06 Ça aurait donné un prétexte, disons, digne pour ne pas y aller.
00:19:09 Mais non, pas du tout.
00:19:10 Il ne va pas participer à cette marche contre l'antisémitisme.
00:19:13 Pourquoi ? Il faut reprendre son tweet.
00:19:16 Et en reprenant son tweet ou son X, comme vous voulez,
00:19:19 on va voir l'antisémitisme et la « diudonisation » se dévoiler.
00:19:25 D'abord, pour lui, je reprends son X,
00:19:27 effectivement, c'est sous prétexte d'antisémitisme.
00:19:30 Alors, on peut s'arrêter un instant sur ce terme de « prétexte ».
00:19:33 Si c'est un prétexte d'antisémitisme,
00:19:35 c'est donc qu'il n'y a pas de réalité de l'antisémitisme.
00:19:37 L'antisémitisme est exagéré.
00:19:39 On est dans une manipulation, on est peut-être même dans un complot, on ne sait pas.
00:19:42 Vous parliez de 2000 actes antisémites,
00:19:44 dont beaucoup, il faut le dire, sont aussi des actes violents.
00:19:47 Plus de 1000, 1100.
00:19:50 Ce sont des actes violents, je crois qu'il y a eu 400 interpellations.
00:19:53 Donc on ne parle pas simplement de tags.
00:19:55 Il y a des gens qui se sont fait tabasser.
00:19:58 Donc là, on est vraiment dans un argument typique du duo infernal-dieudonné-sorale,
00:20:02 c'est-à-dire ce qu'ils appelaient la « pleurniche », bien sûr.
00:20:06 La pleurniche des juifs à la télévision,
00:20:08 puisqu'on sait bien qui tiennent les médias, évidemment.
00:20:10 Et donc, on monte en épingle la Shoah,
00:20:13 on fait une religion et on fait croire à la montée de l'antisémitisme.
00:20:16 Pourquoi disaient ces épouvantés-avant-tissémites ?
00:20:18 Bien sûr, pour justifier un soutien aveugle à Israël.
00:20:21 Mais c'est exactement le mécanisme et le chemin de pensée de Jean-Luc Mélenchon.
00:20:26 Alors maintenant, cette histoire de prétexte,
00:20:29 si on prend la définition de prétexte,
00:20:32 un prétexte est une raison invoquée pour cacher un vrai motif d'une action.
00:20:37 Et donc, reprenons toujours son X.
00:20:39 Prétexte à quoi ou prétexte à qui ?
00:20:42 Au soutien inconditionnel au massacre.
00:20:45 Ce n'est pas moi qui le dis, c'est lui qui le dit.
00:20:47 Donc déjà, on démarre dans le mensonge intégral,
00:20:49 parce que cette marche, elle n'est pas du tout destinée à soutenir,
00:20:54 je ne parle même pas de la politique de Netanyahou,
00:20:56 je ne parle même pas de la politique de Riposte, non !
00:20:59 Elle est destinée à soutenir uniquement nos compatriotes
00:21:03 qui sont victimes d'antisémitisme,
00:21:05 mais pas un antisémitisme inventé.
00:21:06 En France.
00:21:07 En France, c'est-à-dire qu'on aurait aussi pu penser, d'ailleurs,
00:21:10 ça n'aurait pas été illégitime, peut-être, de penser à nos otages,
00:21:13 il y en a huit, ou de penser aux 40, parce que c'est des franco-israéliens,
00:21:16 mais c'est quand même aussi des français,
00:21:18 comme s'il y avait des franco-algériens ou des franco-marocains
00:21:21 qui avaient été victimes de massacres ou de kidnappings ou d'actes de torture.
00:21:25 Ça m'aurait semblé normal, d'ailleurs, de penser à eux,
00:21:28 comme aux franco-israéliens,
00:21:30 plutôt que de faire une minute de silence pour l'ange Nahel, un ange passe.
00:21:34 Non, mais ce n'est pas du tout l'ambiance de M. Mélenchon.
00:21:38 Pour lui, c'est un prétexte.
00:21:40 C'est un prétexte, et c'est un prétexte pourquoi ?
00:21:43 C'est un prétexte pour, toujours pareil, soutenir le massacre.
00:21:47 Ce qui est intéressant aussi, et je termine là,
00:21:49 c'est qu'il ne cite que Mme Braun-Pivet.
00:21:53 Pourtant, la marche, elle est à l'appel du président de l'Assemblée nationale,
00:21:56 présidente Yael Braun-Pivet, et de Gérard Larcher, le président du Sénat.
00:21:59 Et en fait, il ne cite que l'une des deux.
00:22:02 Pourquoi il ne cite pas M. Larcher ? Parce qu'il n'est pas juif.
00:22:04 Pourquoi il cite Mme Braun-Pivet ? Bien sûr, parce qu'elle est juive.
00:22:06 C'est déjà la deuxième fois qu'il la cite,
00:22:08 et il la cite comme un soutien inconditionnel au massacre.
00:22:12 Alors maintenant, on comprend bien, tout se remet en place.
00:22:15 En 2019, M. Mélenchon marchait contre l'islamophobie.
00:22:18 Je rappelle que l'islamophobie n'a fait aucune victime en France.
00:22:21 C'est un racisme imaginaire, pour plein de raisons.
00:22:23 Mais là, il marchait.
00:22:25 Il marchait d'ailleurs de bon cœur, avec des antisémites et avec des islamistes.
00:22:29 Mais il s'en était défendu en disant, oui, ce qui est important dans une manifestation,
00:22:33 c'est la cause, ce ne sont pas les gens avec lesquels on marche.
00:22:35 Manifestement, ce qui fonctionnait en 2019, ne fonctionne plus en 2023.
00:22:38 Pour lui, en 2023, puisqu'il est question de soutenir Israël,
00:22:41 même s'il y a 40 morts franco-israéliens de cet octobre,
00:22:44 même s'il y a 20 morts victimes d'antisémitisme depuis 2006,
00:22:48 non, ça ne justifie pas qu'on marche.
00:22:50 Donc pour lui, ce n'est pas une cause intéressante, l'antisémitisme.
00:22:52 Alors, est-ce que c'est au-delà de l'électoralisme, de la tactique politique qu'on lui connaît
00:22:59 et qu'on a déjà abordé, selon vous ? C'est au-delà de tout ça ?
00:23:02 Alors, il y a cette dimension d'électoralisme, c'est indiscutable.
00:23:06 Il y a cette dimension de calcul, c'est sûr.
00:23:08 Je pense que c'est le pari de Jean-Luc, ce qui n'est pas du tout le même pari que le pari de Pascal.
00:23:12 Le pari de Pascal, c'était parier sur l'existence de Dieu.
00:23:14 Là, c'est vraiment parier sur l'existence du mal.
00:23:16 Et que cet antisémitisme, effectivement, il est profond chez pas mal de nos compatriotes musulmans.
00:23:21 On a vu que ça existait dans une version de l'islam assez dure et à ses pieds de la lettre,
00:23:25 comme l'affaire de l'imam de Bocquer.
00:23:28 Et comme il y a déjà 69% des musulmans qui votent pour lui d'après les sondages,
00:23:32 et qu'on l'a vu tout à l'heure, il suffirait d'un peu moins d'abstentionnisme pour passer le deuxième tour.
00:23:38 Oui, il fait ce calcul sordide, bien sûr.
00:23:41 Bien sûr, il parie sur ses bas instincts.
00:23:44 Ensuite, d'ailleurs, il dénonce le communautarisme des uns,
00:23:48 mais il tombe lui-même allègrement dans ce qu'il dénonce, mais c'est pas grave chez les autres.
00:23:51 Ensuite, je pense qu'en effet, ce n'est pas que du calcul.
00:23:54 C'est pas que du calcul, pourquoi ?
00:23:56 Parce qu'on voit clairement une convergence d'antisémitisme,
00:23:58 antisémitisme de gauche, antisémitisme islamique,
00:24:00 qui sont cimentés par l'antisionisme.
00:24:03 On ne va pas revenir sur cette démonstration que j'avais déjà essayé d'opérer,
00:24:06 mais je pense que si on comprend le discours de Jean-Luc Mélenchon,
00:24:08 qu'est-ce qu'il dénonce, Jean-Luc Mélenchon ?
00:24:10 Il dénonce les super-profits, il dénonce la mondialisation,
00:24:12 il dénonce le règne de l'argent, il dénonce le règne des banques,
00:24:15 il dénonce le fait que des intérêts financiers achètent des médias, etc.
00:24:18 C'est ça, son discours, en fait.
00:24:20 Et en réalité, derrière, quand vous mettez ça face à face
00:24:23 avec des tweets ou des "x", je ne sais plus comment on dit,
00:24:26 où il dit "Regardez, Libération et BFM,
00:24:29 même défense inconditionnelle du massacre, même propriétaire".
00:24:33 Mais qui est le propriétaire de Libération et BFM ?
00:24:35 Ah, M. Drahy ! Ah oui, les Juifs !
00:24:37 Ah oui, donc c'est l'argent, c'est le capital qui achète les médias,
00:24:40 qui contrôle tout, qui tire les ficelles, etc.
00:24:42 Donc en fait, sa lecture de la lutte des classes,
00:24:45 il a choisi de l'inscrire dans une grille antisémite.
00:24:47 C'est-à-dire que d'un côté, les musulmans sont les pauvres,
00:24:50 et de l'autre côté, du côté du manche, du côté des dominants,
00:24:53 du côté des riches, du côté des puissants, il y a les Juifs.
00:24:55 Le problème, M. Mélenchon, voyez-vous, c'est qu'au Qatar,
00:24:58 il n'y a que des musulmans.
00:25:00 Mais au Qatar, ils ne sont pas tellement pauvres, les musulmans.
00:25:02 Le problème, M. Mélenchon, c'est qu'en France,
00:25:04 20% de la communauté juive vit en dessous du seuil de pauvreté.
00:25:07 Et ça, ça ne rentre pas dans votre logiciel,
00:25:09 parce que vous êtes bestialement antisémite.
00:25:11 Alors maintenant, la question, c'est quoi ?
00:25:13 C'est que M. Mélenchon est souscrit, effectivement,
00:25:15 à une vision absolument paranoïaque du monde,
00:25:19 où pour lui, dans sa logique, il est le meilleur.
00:25:21 C'est vrai que c'est un excellent tribun.
00:25:23 Il devrait y arriver, il devrait déjà être président de la République
00:25:26 ou à tout le moins Premier ministre.
00:25:28 Mais il a le système contre lui, vous comprenez ?
00:25:30 Il a les intérêts coalisés contre lui,
00:25:32 il a les intérêts tenus par qui ? Ce n'est pas la peine de le dire.
00:25:34 Voilà, c'est ça, la logique de M. Mélenchon.
00:25:36 C'est la logique absolument paranoïaque.
00:25:38 Que disait-il avant les élections présidentielles ?
00:25:40 Je le cite.
00:25:41 "Vous verrez que dans la dernière semaine de campagne,
00:25:44 nous aurons de graves incidents,
00:25:46 comme Mohamed Merah en 2012."
00:25:48 Je rappelle que Mohamed Merah, c'est un gars qui a tiré
00:25:50 à bout portant sur des gamines.
00:25:52 Il leur a tiré, il leur a fait exploser la cervelle à coup de pistolet,
00:25:54 parce qu'elles étaient juives.
00:25:56 "Comme les attentats au Champs-Élysées en 2017."
00:25:58 "C'est écrit d'avance", disait Mélenchon.
00:26:00 "C'est écrit d'avance."
00:26:01 Et je pense, pour terminer, que la paranoïa et l'antisémitisme
00:26:03 sont effectivement très bons ménages.
00:26:05 C'est ce qu'Emmanuel Levinas, le philosophe, expliquait.
00:26:07 C'est-à-dire que l'antisémitisme, c'est un racisme très particulier.
00:26:10 C'est un racisme qui s'attaque, comme tout racisme, à l'autre,
00:26:13 mais à un autre qui vous ressemble.
00:26:15 Un autre qui peut être, dont on n'arrive pas d'ailleurs
00:26:17 à détecter qui est juif et qui ne l'est pas.
00:26:20 On va en parler.
00:26:21 Donc c'est paranoïaque, par définition.
00:26:23 On va revenir sur ce mot paranoïaque que vous soulignez.
00:26:27 On marque une pause, on revient.
00:26:29 Je sens motivé.
00:26:31 On marque une pause. À tout de suite.
00:26:34 Retour sur le plateau de face à l'Info.
00:26:38 Vous parliez de Jean-Luc Mélenchon.
00:26:41 Vous dites qu'il est un peu paranoïaque
00:26:43 par rapport à son approche et la lutte contre l'antisémitisme.
00:26:46 C'est-à-dire qu'il, en fait, pour revenir un peu à ce que je vous disais,
00:26:49 il n'explicite pas le lien entre la lutte contre la mondialisation,
00:26:52 qui me semble, notamment la mondialisation financière,
00:26:55 être un véritable cancer pour le monde.
00:26:57 Et donc, je pense que c'est une cause totalement légitime.
00:26:59 Le problème, c'est qu'en parallèle, son antisémitisme,
00:27:02 délégitime, voire déshonore cette lutte
00:27:04 contre un capitalisme un peu débridé, un peu fou, en quelque sorte.
00:27:08 Ce que Jean-Marie Le Pen a fait, par ses sorties débiles,
00:27:11 il a neutralisé tout débat sur l'immigration pendant 40 ans.
00:27:14 Je crains que ce que fait Mélenchon, là, dans son antisémitisme,
00:27:17 neutralise tout débat légitime sur la mondialisation financière.
00:27:20 Donc là, oui, je pense qu'il y a quelque chose de très paranoïaque, en fait.
00:27:24 Et Mélenchon n'invente rien,
00:27:26 parce que tous les partis révolutionnaires, et notamment les partis d'extrême-gauche,
00:27:29 pratiquent le fameux centralisme démocratique.
00:27:31 Donc il y a un espèce de verrouillage complet dans ces partis,
00:27:34 et pratiquent les purges.
00:27:35 Et c'est bien ce qu'on voit à la tête de la France insoumise.
00:27:37 À la France insoumise, alors les purges, il y en a, il y en a, une liste,
00:27:40 voilà, pas toutes les citées, hein, Charlotte Girard,
00:27:43 Manon Le Breton, Amandine Poulard,
00:27:45 François Coq, c'est des gens qu'on ne connaît pas nécessairement,
00:27:47 mais c'est des gens qui avaient vraiment beaucoup d'importance
00:27:49 dans l'organigramme de Jean-Luc Mélenchon.
00:27:51 Et à chaque fois, c'est le même scénario,
00:27:52 c'est-à-dire, il y a des accusations bidons.
00:27:54 Par exemple, si on prend Thomas Guénolé et Djordje Kusmanovic,
00:27:57 ce sont les derniers exemples, on les accuse d'agression sexuelle.
00:28:00 C'est complètement faux, on leur fait un procès stalinien,
00:28:02 et on les vire, c'est par ici la sortie.
00:28:04 Alors en parallèle, comme vous savez, il y a des gens qui réellement
00:28:07 se comportent très très mal à l'égard des femmes à l'intérieur de l'FI,
00:28:10 mais ce n'est pas grave parce qu'ils sont les protégés du patron.
00:28:13 Et donc, on sait d'ailleurs à ce stade,
00:28:15 qui sont les prochains sur la liste de l'expulsion.
00:28:18 C'est-à-dire, il va y avoir évidemment ceux qui ont critiqué
00:28:21 la prise au pouvoir de M. Bonparc,
00:28:23 ceux qui ont critiqué la justice démocratique,
00:28:24 ceux qui ont critiqué les méthodes de Mme Chikirou,
00:28:26 ceux qui ont critiqué, bien sûr, le refus de qualifier de terroriste le Hamas,
00:28:30 et Mme Garrido en tête de liste, puisqu'elle vient d'être
00:28:33 mise sur le banc de touche pendant quatre mois.
00:28:35 Et on mesure à quel point le discours de l'FI est totalement hors de la réalité.
00:28:39 Alors on peut dire que c'est un peu tartuffe d'un côté,
00:28:42 mais c'est quand même assez paranoïaque.
00:28:43 C'est-à-dire que ces gens ne cessent d'en appeler à la démocratie,
00:28:46 ils l'appellent bruyamment et furieusement à la démocratie.
00:28:50 Le 49.3 c'est inacceptable, tout de suite la 6ème République,
00:28:53 tout de suite un référendum, etc.
00:28:54 Et comme dirait Coluche, ils vendent des trucs,
00:28:56 ils n'ont pas un échantillon sur eux.
00:28:57 C'est quand même assez étrange, parce que la LFI,
00:28:59 c'est tout sauf la démocratie.
00:29:01 Le système de gouvernance de la LFI est totalement opaque,
00:29:04 c'est un petit nombre de gens, ça ressemble quand même à une secte,
00:29:06 avec un gourou à la tête, et ça ressemble furieusement
00:29:09 à ce que décrivait Anna Arendt dans le système totalitaire,
00:29:11 c'est-à-dire ce qu'elle appelle les structures en oignon.
00:29:13 C'est-à-dire qu'il y a à l'extérieur une couche en apparence,
00:29:16 alors en apparence il y a un parti, c'est pas la LFI,
00:29:18 en apparence il y a un groupe parlementaire,
00:29:20 en apparence il y a un mouvement avec des comités locaux,
00:29:22 en apparence ils ont même une alliance électorale
00:29:24 qui s'appelle la NUPES.
00:29:25 Oui, sauf que la réalité du pouvoir n'a rien à voir avec l'apparence.
00:29:29 La réalité du pouvoir, ce sont deux minuscules associations
00:29:33 qui sont installées à Massy dans l'Essonne,
00:29:36 c'est quasiment une boîte postale,
00:29:38 il y a trois pelées, quatre tendues là-dedans,
00:29:39 probablement il y a-t-il Jean-Luc Mélenchon,
00:29:41 il y a sans doute le gendre de Jean-Luc Mélenchon,
00:29:43 Gabriel Amart, il y a sans doute la compagne de Jean-Luc Mélenchon,
00:29:46 Sofia Chikuru, peut-être le chien de Jean-Luc Mélenchon,
00:29:48 les animaux, les canaries de Jean-Luc Mélenchon, je ne sais pas.
00:29:51 Enfin, grosso modo, ils sont un petit comité
00:29:54 à verrouiller, à complètement verrouiller ce système,
00:29:57 c'est-à-dire qu'en fait la France Insoumise contrôle,
00:29:59 l'argent est contrôlé, l'image est contrôlée,
00:30:02 la NUPES, prenons la NUPES,
00:30:04 en apparence c'est une alliance entre partis,
00:30:06 mais pas du tout en fait, la NUPES qu'est-ce que c'est ?
00:30:08 Eh bien la NUPES c'est une marque qui a été déposée
00:30:10 avec un logo, à l'Inpi,
00:30:13 par Jean-Luc Mélenchon et ses trois camarades de secte.
00:30:18 Voilà, c'est ça.
00:30:19 Et en fait, on a quelqu'un qui est une espèce de forcené
00:30:22 de l'istamagochisme qui est enfermé dans son bunker.
00:30:24 Et je pense qu'il ressemble de plus en plus furieusement
00:30:27 à un personnage de sinistre mémoire
00:30:29 qui s'appelle Jacques Doriot,
00:30:31 qui était quelqu'un, un grand tribun,
00:30:33 qui venait du Parti Communiste,
00:30:34 qui a fondé le Parti Populaire Français.
00:30:35 On avait parlé de lui, c'est intéressant de la photo.
00:30:37 Et dans l'antisémitisme, était forcené.
00:30:39 Ah oui, il y a peut-être quand même une petite ressemblance.
00:30:41 Sondez-vous, dû au hasard.
00:30:43 Merci Guillaume Bigot.
00:30:46 Je ne comprends pas parce que Jean-Luc Mélenchon,
00:30:49 il voulait quand même déboulonner la statue de Saint-Louis
00:30:51 qui a inventé le port du signe distinctif
00:30:53 pour les Juifs Hébruers des Thora,
00:30:55 a-t-il dit, le 21 septembre.
00:30:57 On parlera dans un instant avec vous de Saint-Louis
00:31:01 parce qu'aujourd'hui c'est l'avènement justement
00:31:04 du futur Saint-Louis.
00:31:05 Il a 12 ans, petit bonhomme.
00:31:07 Il a 12 ans et on se demandera s'il est antisémite.
00:31:09 Juste avant, s'il était antisémite,
00:31:11 s'il était anti-judaïque, on va dire.
00:31:14 On va faire un tour de table, juste pour savoir un peu,
00:31:16 justement à propos de cette marche.
00:31:18 Est-ce que, comme le disait Emmanuel Macron,
00:31:20 il dit, veillons à toute confusion,
00:31:22 ceux qui prétendent soutenir nos compatriotes juifs
00:31:24 en confondant le rejet des musulmans
00:31:26 et le soutien des juifs.
00:31:27 La question que j'ai envie de vous poser,
00:31:29 est-ce qu'on peut soutenir les juifs
00:31:31 sans rejeter les musulmans ?
00:31:33 Le chef de l'État appelle à marcher pour l'unité.
00:31:36 Mais marcher pour la bonne unité, on va dire.
00:31:39 Est-ce qu'on peut soutenir les juifs
00:31:41 sans rejeter les musulmans ?
00:31:43 D'abord, on ne rejette pas les musulmans.
00:31:45 Personne ne rejette les musulmans.
00:31:47 On rejette une manifestation d'un islam radical.
00:31:52 Et comment il se déclare, comment il se repère ?
00:31:56 Avec les femmes voilées, avec les hommes qui portent les tenues
00:31:59 et qui ont de plus en plus des barbes fournies.
00:32:01 Moi, je voudrais revenir sur Mélenchon qui dit,
00:32:04 il n'est pas question de défiler avec le Front National.
00:32:08 Mais ça veut dire quoi ?
00:32:09 Quand vous faites une manif, c'est pour obtenir un résultat.
00:32:11 En l'occurrence, c'est de dire,
00:32:13 "Halt à l'antisémitisme, il nous faut changer nos mentalités."
00:32:17 Alors que fait le Front National ?
00:32:19 Admettons qu'il ait été le raciste des racistes,
00:32:23 d'ailleurs, ce n'est même pas le mot,
00:32:24 mais antisémite fondamental viscéral.
00:32:28 Là, soudain, ils disent, "On ne l'est plus."
00:32:31 On applaudit, on y va ensemble,
00:32:33 on dit, "Bravo camarades, merci de revisiter ta pensée."
00:32:36 Donc c'est complètement aberrant,
00:32:38 si on va dans la rue pour changer les mentalités,
00:32:41 et quand les gens changent la mentalité,
00:32:43 on dit, "Non, on n'est pas d'accord avec eux, il ne faut pas descendre."
00:32:46 Il n'y a aucune raison d'organiser une manifestation,
00:32:48 ça ne veut rien dire.
00:32:49 Jacques Attali, de son côté,
00:32:51 il dit qu'ils organisent leurs propres manifestations
00:32:53 contre l'antisémitisme,
00:32:55 ou qu'ils avouent que, comme le Front National,
00:32:58 ils restent gangrénés par ce fléau.
00:33:00 - Réaction, Charlotte Dornelas,
00:33:03 par rapport à ce que... les propos d'Emmanuel Macron,
00:33:05 justement, sur le soutien des Juifs et le rejet des musulmans.
00:33:09 - En fait, il y a deux choses.
00:33:10 À l'échelle mondiale, on est en train de voir un affrontement
00:33:13 qui, de fait, a un fondement religieux qui existe,
00:33:17 qui fait partie de ce conflit,
00:33:19 qui est par ailleurs un conflit qui intègre à la fois la politique,
00:33:23 la question territoriale, qui intègre beaucoup de choses,
00:33:25 mais cet affrontement est voulu par certains pays dans le monde,
00:33:29 tel quel.
00:33:30 Simplement, en France, l'antidote à ça,
00:33:32 c'est de rester français, en réalité.
00:33:35 C'est d'être français tous ensemble.
00:33:37 C'est la seule raison,
00:33:39 et c'est la raison pour laquelle, par ailleurs,
00:33:41 le multiculturalisme ou le refus de l'assimilation,
00:33:44 c'est-à-dire d'être nous, tous ensemble,
00:33:46 séparément de ce conflit, loin de ce conflit,
00:33:49 comme l'impose la géographie,
00:33:51 c'était le meilleur moyen de se prémunir,
00:33:54 on va dire, contre des affrontements
00:33:56 liés à l'importation d'un conflit.
00:33:58 - Emmanuel Macron, c'est à vous, un peu tard.
00:34:00 - C'est le tweet d'Emmanuel Macron.
00:34:02 "L'antisémitisme refait surface.
00:34:03 "La République ne transigera pas,
00:34:05 "nous serons impitoyables face aux porteurs de haine."
00:34:07 Mathieu Bocoté, votre regard.
00:34:09 - Je ne sais jamais exactement ce que veut dire une telle formule.
00:34:12 Qu'est-ce que ça veut dire, "rejet des musulmans" ?
00:34:14 Est-ce que ça veut dire "critique du voile" ?
00:34:16 Plusieurs musulmans se sentent rejetés quand on critique le voile.
00:34:19 Plusieurs musulmans se sentent rejetés quand on critique la baïa.
00:34:22 Et d'autres ne le sentent pas rejetés, soit dit en passant.
00:34:26 Si je critique le voile, si je critique la baïa,
00:34:28 si je défends la laïcité,
00:34:30 si je m'inquiète quand même d'une analysation de l'alimentation,
00:34:33 si je constate que l'islam peine à s'intégrer pacifiquement dans mon occidental,
00:34:38 est-ce que je suis contre les musulmans
00:34:40 ou est-ce que je critique des choses sans critiquer les musulmans eux-mêmes ?
00:34:43 Qui rejette les musulmans ? Honnêtement, qui les rejette ?
00:34:46 - C'est ce qu'il dit, Emmanuel Macron. Ce sont ses propos.
00:34:49 - Le problème est le suivant.
00:34:51 C'est que c'est une manière de créer,
00:34:53 de reconstituer le fantasme de l'antisémitisme populiste français de souche,
00:34:58 qui aujourd'hui, est aujourd'hui groupusculaire, résiduel.
00:35:02 Mais parce qu'on a besoin à tout prix d'être dans la formule de la tenaille identitaire
00:35:06 dont on parlait un temps,
00:35:07 c'est-à-dire d'un côté les islamo-gauchistes et de l'autre côté la droite populiste,
00:35:10 on dit "faites attention, il dort, il va se réveiller".
00:35:13 Je veux savoir ce qu'on entend par "rejet des musulmans".
00:35:16 Je serais curieux de le savoir parce que, personnellement,
00:35:18 je n'ai pas l'impression de les rejeter du tout.
00:35:20 Mais puis je critique l'islamisme ou l'islamisation de la société.
00:35:22 Ça, est-ce que c'est permis ?
00:35:23 Mais est-ce que ce n'est pas là, Guillaume Bigot,
00:35:25 l'ambiguïté par rapport à cette marche ou bien le quiproquo par rapport à cette marche ?
00:35:30 C'est-à-dire qu'il y a des...
00:35:33 Certains veulent manifester pour soutenir les juifs
00:35:38 et d'autres veulent manifester pour rejeter les musulmans.
00:35:41 Pardon, je reprends encore les propos du chef de l'État.
00:35:45 Mais soutenir les uns ou soutenir les autres, il faut bien voir qu'il y a des juifs...
00:35:48 Est-ce que ça ne serait pas mieux, pardon, d'appeler une manifestation pour la paix ?
00:35:50 Pardonnez-moi, je pose toutes mes questions en même temps.
00:35:52 Ou alors la Concorde ou la paix civile à l'intérieur de la France éventuellement.
00:35:56 Mais encore une fois, le propos de cette manifestation,
00:35:58 ce n'est pas ce qui se passe au Proche-Orient, c'est ce qui se passe en France.
00:36:00 Et en France, ce ne sont pas les musulmans qui sont menacés,
00:36:02 pour l'instant, ce sont les juifs.
00:36:04 Et donc c'est un soutien à ceux qui sont menacés.
00:36:08 Alors il faudrait qu'on fasse un point partout,
00:36:10 un point pour les nazis, un point pour les juifs, pour maintenir l'équilibre.
00:36:13 D'ailleurs, quel esprit malade peut dire que soutenir les juifs,
00:36:16 ce serait forcément ou ce serait un lien logique, de près ou de loin,
00:36:20 avec le fait de rejeter les musulmans ?
00:36:22 Parce que si on veut ouvrir le dossier, on peut ouvrir le dossier.
00:36:24 Où sont les juifs en Tunisie ?
00:36:26 Où sont les juifs en Algérie ?
00:36:28 Où sont les juifs en Syrie ?
00:36:30 Où sont les juifs en Jordanie ? Ah, il n'y en a plus !
00:36:32 Ah d'accord, ok. Mais qui attaque qui ?
00:36:34 Donc moi, je pense que le dossier palestinien, c'est un dossier qu'il faut ouvrir.
00:36:37 Les palestiniens, beaucoup de mauvais sorts leur ont été faits.
00:36:40 Et leur cause est tout à fait légitime et digne.
00:36:42 Mais opposer les musulmans aux juifs,
00:36:44 ce n'est pas tout à fait à l'avantage des musulmans, me semble-t-il.
00:36:46 L'avènement du roi Louis IX, futur Saint Louis,
00:36:50 c'était le 8 novembre 1226.
00:36:53 Mais tenez-vous bien, ce roi a souvent été accusé d'antisémitisme,
00:36:57 accusé de développer une forme d'hostilité envers les juifs,
00:37:01 essentiellement fondée sur des motifs religieux.
00:37:03 Est-ce que c'est de l'antisémitisme, de l'anti-judaïsme ?
00:37:06 C'était comme le roi des croisades.
00:37:08 Quel regard porter sur ce roi ?
00:37:10 Ça ne peut pas être le roi antisémite,
00:37:12 parce que le mot n'existait pas à l'époque.
00:37:15 En revanche, c'est un personnage extrêmement religieux.
00:37:19 Il est imprégné d'une foi, instillée par sa maman, Blanche de Castille,
00:37:23 dès son plus jeune âge.
00:37:25 Notons qu'au départ, il ne doit pas être l'héritier du trône.
00:37:28 C'est à l'âge de 4 ans que ça lui arrive.
00:37:31 Alors dans les premières années, il bâtit folle.
00:37:33 "Puis-t-on jouer, c'est un petit bonhomme qui va, qui va bien."
00:37:36 On fait néanmoins attention à ce que chaque jour,
00:37:38 il s'en réfère au Tout-Puissant et qu'il ait les prières nécessaires
00:37:44 pour rendre hommage à Dieu.
00:37:46 Et puis, quand il devient l'héritier du trône,
00:37:49 sa maman, qui faisait attention comme ça,
00:37:52 soudain, elle le prend sous son aile
00:37:54 et elle veut qu'il soit exemplaire,
00:37:56 car la France doit porter ce message catholique,
00:38:02 cette raison de vivre selon les principes de la religion,
00:38:08 donc selon la volonté de Dieu.
00:38:12 Et pour ce faire, le gamin, très tôt,
00:38:14 découvre le plaisir de la mortification,
00:38:17 on peut dire ça comme ça.
00:38:19 Il s'autoflagellera, ça sera sa manière de purifier son âme,
00:38:23 tous les vendredis.
00:38:25 Il portera le sylis, vous savez,
00:38:27 cette tenue qui permet de connaître la douleur,
00:38:31 ça arrache votre peau,
00:38:33 pour vous rappeler à une sorte de commissération
00:38:36 d'un devoir de bonne tenue.
00:38:38 Et de là, tout ce qui échappe à la morale chrétienne,
00:38:42 il ne peut pas le supporter.
00:38:44 Il pestera contre les tavernes,
00:38:46 il pestera contre les jeux d'argent,
00:38:49 il pestera, oh là là, quand il en voit une,
00:38:51 "Cette gourgandine, cette prostituée, c'est intolérable",
00:38:55 et hop, en prison !
00:38:57 Il ne faut pas voir ces gens-là,
00:38:59 et il les exclut de la cité.
00:39:02 Alors que se passe-t-il par rapport aux Juifs ?
00:39:05 Eh bien, c'est la même chose.
00:39:07 L'exemple vient de son grand-père,
00:39:09 Philippe Auguste, ayant besoin de quelque argent,
00:39:12 à penser qu'une bonne partie de la communauté juive
00:39:16 pratiquant l'usure, disposait d'un trésor suffisant,
00:39:20 et hop, on les spolie et on les exclut.
00:39:23 Il les rappellera après, parce qu'il ne s'apercevra que
00:39:25 quand ils ne sont pas là, il a un peu un cours de piécette.
00:39:28 Alors, il vaut mieux qu'ils soient avec lui.
00:39:30 Et là, eh bien, il y a cet anti-judaïsme.
00:39:35 Pourquoi ?
00:39:36 C'est-à-dire que, dans le Talmud,
00:39:39 qu'est l'interprétation ?
00:39:40 Et là, Mélenchon, comme toujours,
00:39:42 il fait dans l'à-peu-près quand il parle d'histoire,
00:39:44 il y a des grandes lignes,
00:39:45 mais quand il y a l'autodafé des livres juifs,
00:39:49 place de grève, ce n'est pas la Torah,
00:39:52 donc le livre de la foi et de la loi,
00:39:56 qui est brûlé,
00:39:58 mais ce sont les Talmuds qu'il fait ramasser
00:40:01 chez les Juifs.
00:40:02 Et le Talmud, ce sont les interprétations de la loi.
00:40:06 Et alors, bon, que reprend-je-t-on aux Juifs ?
00:40:09 Les Juifs, ils sont chrétiens, ne l'oublions pas.
00:40:12 Mais on leur reproche de ne pas reconnaître
00:40:15 que Jésus est le Messie,
00:40:17 que Jésus est donc, en quelque sorte,
00:40:20 le Fils de Dieu, il est une divinité.
00:40:23 Ça, c'est intolérable.
00:40:25 Et à partir de là, on ne veut pas spécialement
00:40:28 qu'il soit chassé de la part de Saint Louis,
00:40:31 il voudrait simplement qu'il revienne à la vraie foi,
00:40:34 qu'il n'y ait pas la scission d'Otton,
00:40:36 que dans ces années-là, on est toujours
00:40:38 dans la peur de l'Apocalypse.
00:40:40 L'Apocalypse, et c'est le moment
00:40:43 où il faudra rendre compte à Dieu.
00:40:45 Alors il faut que les Juifs aient retrouvé
00:40:47 une sorte de pureté.
00:40:49 Il y a les croisades, et les croisades, c'est pour quoi ?
00:40:52 C'est pour reconquérir Jérusalem,
00:40:55 Jérusalem qui est aux mains des Arabes
00:40:58 depuis 1778.
00:41:02 Et les Arabes, ce ne sont pas les musulmans.
00:41:05 Les musulmans, ils viendront plus tard
00:41:07 pour reprendre Jérusalem.
00:41:10 Et là, ce sont les Seljuquides,
00:41:13 c'est-à-dire ces gens qui viennent d'Anatolie,
00:41:15 ce sont les Turcs.
00:41:17 Et comment les chasser ?
00:41:19 Notre Saint Louis mènera croisade sur croisade
00:41:23 pour pouvoir reconquérir la place
00:41:26 là où se trouve le symbole de la chrétienté,
00:41:30 là où Jésus est tombé sur la croix.
00:41:32 Et n'oublions pas que c'est grâce à Louis IX
00:41:39 que nous possédons la couronne
00:41:42 qui est à la Sainte-Chapelle.
00:41:45 La Sainte-Chapelle, c'est une sorte de grand sanctuaire
00:41:48 où il y a non seulement la couronne
00:41:51 qu'il a rachetée, qu'il a fait venir,
00:41:53 et puis après, il a racheté un morceau de la vraie croix,
00:41:57 il a racheté la lance qui est supposée avoir,
00:42:00 malheureusement, fini le Christ
00:42:04 au moment des souffrances de la crucifixion,
00:42:06 et puis également l'éponge qui aurait servi à Marie.
00:42:10 Voilà cet homme qui est dans la fascination
00:42:13 de ce Tout-Puissant,
00:42:15 la fascination de Jésus,
00:42:18 et qui, effectivement, exclut les Juifs,
00:42:21 non pas en tant que tels,
00:42:23 mais pour les rappeler à la bonne foi.
00:42:26 - Mais est-ce qu'après, il a restitué les synagogues
00:42:31 dont ils étaient spoliés à la suite des mesures ?
00:42:34 Il a eu des gestes très positifs vis-à-vis des Juifs, après ?
00:42:39 - Oui, mais enfin bon, déjà la fin, il meurt en croisade,
00:42:43 mais n'oublions pas... - Non mais avant de mourir, d'abord.
00:42:45 - Non mais je veux dire par là, c'est que,
00:42:47 il y a une sorte d'oscillation,
00:42:49 c'est-à-dire que, on ne peut pas dire...
00:42:52 - Pour bien comprendre. - Voilà, pour bien comprendre,
00:42:55 à chaque fois que les Juifs sont victimes
00:42:57 dans toute cette longue histoire d'une exclusion, d'atrocité,
00:43:01 il y a toujours un reversement de la pendule,
00:43:04 une sorte d'empathie, et voilà.
00:43:06 - Merci beaucoup mon cher Marc Menon,
00:43:08 on vous adore surtout lorsque vous faites des livres aussi magnifiques.
00:43:11 Ces grands destins qui ont fait l'histoire,
00:43:13 ces destins qui ont fait l'histoire,
00:43:14 alors ça sortira le 23 novembre,
00:43:15 mais comme on vient de le recevoir,
00:43:16 on n'a pas pu s'empêcher de vous le montrer.
00:43:18 - Eh oui ! - Bravo à vous mon cher.
00:43:19 - Ben non, ben à vous aussi.
00:43:20 - Il est magnifique, regardez-le, il est...
00:43:23 - Il y a même des dessins.
00:43:24 - Non !
00:43:25 - Oui, il y a des dessins, alors les dessins c'est pour moi,
00:43:28 l'écriture de l'oreille c'est pour...
00:43:29 - Mais non, c'est pour répondre à vos questions
00:43:31 et qui sont toujours de très bonnes questions.
00:43:32 C'était notre émission sur CNews.
00:43:33 - C'était notre émission qu'on avait...
00:43:34 - C'est le patron Serge Desjardins qui nous avait offert ce petit cadeau.
00:43:39 - Cette émission sur l'histoire, on était content de l'avoir.
00:43:40 En tout cas, ça sort le 23 novembre.
00:43:41 Vous, on a parlé de votre livre, on en reparlera peut-être demain,
00:43:44 mais alors attention, je viens de voir vous faire écouter une petite chanson.
00:43:47 Écoutez ça, écoutez ça.
00:43:48 Dites-moi si vous aimez bien.
00:43:49 - Ah, attention !
00:43:52 - Ce sera nous le chemin
00:44:05 Pour que l'amour...
00:44:08 - C'est pas la meilleure chanson ?
00:44:09 - Mais pourquoi est-ce qu'on n'a pas choisi pour l'Eurovision ?
00:44:11 Non mais d'accord, il n'est plus là Daniel Lévy, on pense à lui,
00:44:14 mais je trouve que c'est une belle chanson qui rassemble,
00:44:17 qui unit, tout le monde a chanté cette chanson.
00:44:20 Juifs, musulmans, français, algériens, tous !
00:44:23 Et puis, il y a cette chanson aussi que j'aime beaucoup,
00:44:26 de Slimane.
00:44:28 - Avant toi, on ne m'a pas montré le chemin
00:44:34 Je suis à l'ici-même
00:44:36 - Tout le monde aime cette chanson de Slimane.
00:44:38 - On a cru la chanter.
00:44:39 - Tout le monde aime cette chanson de Slimane.
00:44:41 Et on va parler avec vous Mathieu dans un instant,
00:44:44 de Slimane, nouveau visage de la France, pour représenter la France.
00:44:49 - Chut ! Mais il a critiqué la France.
00:44:52 On ne comprend pas, on aime à comprendre un petit peu.
00:44:54 - Dans un instant.
00:44:56 Charlotte Dornelas, certains peinent à comprendre le discours de Jean-Luc Mélenchon,
00:44:59 surtout parmi ses anciens camarades politiques.
00:45:02 Certains pointent aussi son changement de discours,
00:45:05 qui est parfois saisissant, on en a déjà un peu parlé.
00:45:07 Mais vous, vous vous êtes penché spécialement sur un entretien
00:45:13 qu'il a accordé le 13 septembre 2001,
00:45:17 autre période particulièrement troublée de notre histoire contemporaine.
00:45:21 Et ça vaut le détour.
00:45:23 - Oui, ça vaut le détour parce que Jean-Luc Mélenchon, à l'époque,
00:45:26 donne les meilleurs arguments, en fait, donne les meilleures réponses,
00:45:30 prend les meilleures précautions dans ses réponses,
00:45:33 qui pourraient être apportées au Jean-Luc Mélenchon d'aujourd'hui.
00:45:36 On va essayer de comprendre pourquoi, mais par ailleurs,
00:45:38 extrêmement intéressant de se pencher sur son discours à l'époque,
00:45:41 parce que le parallèle est quand même assez stupéfiant
00:45:44 entre ses réponses à l'époque et celles d'aujourd'hui.
00:45:46 Alors, je fais une précision, je n'exige de personne
00:45:50 de garder exactement, trait pour trait, mot pour mot,
00:45:53 la même analyse à 20 ans d'intervalle,
00:45:55 étant donné les mouvements géopolitiques dans le monde.
00:45:58 Ça n'est évidemment pas mon sujet, mais vous allez voir que là,
00:46:01 en l'occurrence, ce sont les principes d'analyse qui ont changé.
00:46:04 Et ça, c'est intéressant, puisque des principes,
00:46:07 c'est fait précisément pour ne pas varier selon les situations
00:46:10 et en fonction des événements.
00:46:13 Donc c'est la tendance de fond, par ailleurs,
00:46:16 la tendance de lecture de Jean-Luc Mélenchon,
00:46:18 et la même sur le monde, entre les deux événements.
00:46:20 C'est ça qui est très intéressant,
00:46:22 c'est qu'il n'a pas forcément changé d'avis sur les choses,
00:46:25 simplement, il se permet quelques disgressions
00:46:28 par rapport aux propres principes qui ne s'appliquaient il y a 20 ans.
00:46:31 Voilà ce qui m'a intéressée.
00:46:33 La première chose, c'est la question terroriste,
00:46:35 puisque, évidemment, c'est celle qui a fait beaucoup parler
00:46:37 ces derniers jours.
00:46:39 Et à l'époque, il fait... On est deux jours après le 11 septembre,
00:46:42 il y a eu énormément de flou sur qui a commandité ces attaques,
00:46:45 qui les a perpétrées, et Jean-Luc Mélenchon
00:46:48 fait une éloge assez légitime
00:46:51 de la précaution dans l'analyse,
00:46:53 mais il tient lui-même à préciser un point,
00:46:56 et je le cite.
00:46:58 "Il n'y a aucune fin qui justifie l'utilisation de moyens pareils."
00:47:01 Je pense qu'il faut être catégorique sur ce sujet,
00:47:04 parce que le risque, c'est la dérive de pensée
00:47:07 que dorénavant, pour les illuminer, les exciter,
00:47:09 la vraie politique, celle qui obtient des résultats,
00:47:12 c'est celle-là. Il parle donc du terrorisme.
00:47:14 Donc nous devons être catégoriques.
00:47:16 Pour pouvoir être catégoriques, il faut là aussi appliquer
00:47:19 le principe de discernement. Il n'y a pas d'excuses à cette barbarie.
00:47:23 Et au moment où parle Jean-Luc Mélenchon à l'époque,
00:47:26 il ne sait pas qui a frappé les tours. Personne ne le sait, lui,
00:47:29 comme les autres. Personne ne le sait.
00:47:31 Donc il est capable, par ailleurs, avant même de savoir
00:47:33 qui est derrière ces attentats, avant même de savoir
00:47:36 les raisons invoquées par les personnes qui frappent les Etats-Unis,
00:47:39 il est capable de qualifier un acte, en dehors précisément
00:47:42 d'un contexte géopolitique qu'ensuite on peut analyser
00:47:46 en dépit ou en parallèle, on va dire,
00:47:49 de la qualification de cet acte.
00:47:51 Et il précise même dans sa réponse,
00:47:54 ouvrez les guillemets encore,
00:47:56 "Ne faisons pas l'erreur de dire que quelque part,
00:47:59 le recours à des moyens pareils serait le résultat
00:48:01 de telle ou telle oppression ici ou là.
00:48:03 Non, non, il n'y a aucune excuse."
00:48:06 Il est en train de nous expliquer que la faim ne justifie pas
00:48:09 les moyens, en l'occurrence, certainement pas ces moyens-là.
00:48:13 Et autre chose qui m'a intéressée, par rapport à son positionnement
00:48:17 précisément géopolitique cette fois-ci,
00:48:19 il y a un jour... Parce qu'il est sur une émission sur LCP,
00:48:23 et il y a plusieurs journalistes qui se relaient,
00:48:25 ça s'appelle "Face à la presse", il y en a plusieurs.
00:48:26 Et il y a un chroniqueur américain qui vient l'interroger
00:48:29 à l'époque sur sa critique régulière des Etats-Unis.
00:48:33 Et là, Mélenchon répond.
00:48:35 Et alors là, on ne peut pas être plus clair.
00:48:36 Et là encore, pensons à ce qui se passe aujourd'hui.
00:48:38 Ouvrez les guillemets.
00:48:39 "Je suis extrêmement critique à l'égard de la politique
00:48:42 du gouvernement de votre pays, en tant qu'homme politique
00:48:45 dans mon pays, mais pas un instant, sous quelque forme que ce soit,
00:48:49 je ne peux me sentir lié d'une quelconque manière
00:48:51 à cette ignominie.
00:48:52 Et j'avoue qu'en posant des questions comme celles que vous faites,
00:48:55 c'est-à-dire le lien qu'il établit, le journaliste américain,
00:48:58 vous me mettez très mal à l'aise, car à cette heure,
00:49:01 moi, je n'ai envie d'exprimer que de la compassion
00:49:03 pour nos amis américains."
00:49:05 À l'époque, Jean-Luc Mélenchon est très critique
00:49:08 sur la politique américaine, ce qu'il continue à être,
00:49:10 malgré ce qu'il est en train de se passer,
00:49:12 et lui dit "C'est vraiment pas le moment, deux jours après,
00:49:15 de me poser cette question, parce que vous avez l'air
00:49:17 de lier deux choses, et ma compassion va aux Américains
00:49:20 qui viennent d'être frappés."
00:49:21 Il y a beaucoup de choses qui ont changé, quand même,
00:49:24 puisqu'il était, en l'occurrence, assez difficile d'entendre
00:49:27 dans la bouche de Jean-Luc Mélenchon, pardon,
00:49:30 cette même distinction entre les choses,
00:49:32 ce même discernement, après l'attaque du Hamas.
00:49:35 - Ça m'a frappée. - Cette même compassion.
00:49:38 Mais comment comprendre, justement, Charlotte Dornelas,
00:49:41 un tel comportement, changement de comportement,
00:49:43 une telle mutation dans le discernement,
00:49:45 dans la précaution, même, aujourd'hui ?
00:49:48 - Je pense qu'il y a plusieurs raisons.
00:49:51 D'abord, à l'époque, Jean-Luc Mélenchon, il refuse,
00:49:54 il le dit lui-même, il refuse de faire un chèque en blanc
00:49:57 aux Etats-Unis, puisqu'on lui pose la question de la riposte.
00:50:00 Et il rappelle, en revanche, la nécessité de la riposte.
00:50:04 Là, encore une fois, je le cite,
00:50:07 "Une union sacrée pour frapper des groupes terroristes
00:50:10 qui seraient clairement désignés, bien sûr que oui."
00:50:12 Bien sûr que oui, qu'il faut que tous, on s'y mette.
00:50:15 Bon, là, c'est du parler.
00:50:17 Et il dit plus tard, "La riposte est nécessaire
00:50:19 pour tous ceux qui n'admettent pas que le terroriste puisse croire
00:50:21 qu'il peut frapper qui il veut, quand il veut, où il veut,
00:50:24 de la manière qu'il veut."
00:50:26 Et il ajoute, Jean-Luc Mélenchon, "Si ça veut dire qu'au nom du fait
00:50:29 qu'on est solidaires, que l'on cherche à éradiquer le terrorisme,
00:50:32 il faut avaler tout le reste avec, alors là, c'est non.
00:50:35 J'espère que personne n'aura la sottise de nous demander ça."
00:50:38 Cette citation, elle est intéressante, parce que, là encore,
00:50:40 il est capable de discerner les situations,
00:50:43 les moyens et ce qu'il accuse.
00:50:46 Et il y a une phrase qui résonne étrangement par rapport
00:50:48 à la situation actuelle, et même là, par rapport aux dernières années,
00:50:51 quand on a été frappé par le terrorisme, même jusqu'en France.
00:50:54 Il dit, "Il faut que ceux qui utilisent ce genre de méthode
00:50:56 sachent que nous sommes capables de nous défendre.
00:50:59 Ce n'est pas parce que nous sommes démocrates
00:51:01 que nous allons nous contenter de pleurer
00:51:03 et d'avoir notre mouchoir à la main.
00:51:05 Non, nous sommes capables de les frapper."
00:51:07 Et il va jusqu'à reprocher aux Etats-Unis,
00:51:10 et là aussi, ça m'a quand même beaucoup intéressée,
00:51:13 il reproche aux Etats-Unis leur armement des terroristes,
00:51:16 leur armement physique, puisqu'en l'occurrence,
00:51:18 il parle de Ben Laden à l'époque.
00:51:19 On ne sait pas encore que c'est lui qui est derrière les attentats
00:51:21 du 11 septembre, mais on parle déjà beaucoup de lui.
00:51:23 Et il accuse, alors Mélenchon n'a pas armé directement
00:51:26 des terroristes, mais même dans le soutien,
00:51:29 on va dire, par omission, on va dire,
00:51:31 là, encore une fois, ouvrez les guillemets,
00:51:32 "Je pense qu'on joue aux apprentis sorciers
00:51:34 quand on prend appui sur des fanatiques.
00:51:36 Ces gens-là sont absolument imperméables à la raison.
00:51:40 Et vous croyez un jour les avoir avec vous,
00:51:42 le lendemain, ils sont contre vous,
00:51:44 parce qu'ils suivent leur obsession."
00:51:46 Je crois que je dis là des choses, quand même,
00:51:47 qui sont assez évidentes.
00:51:49 C'est pareil, cette phrase-là, aujourd'hui,
00:51:51 elle résonne étrangement par rapport, justement,
00:51:54 au manque de distance, on va dire,
00:51:56 de Jean-Luc Mélenchon.
00:51:58 Et par rapport au changement de comportement,
00:52:01 on va dire, qui découle de tout ça,
00:52:03 et que l'on comprend à 20 ans d'écart,
00:52:05 je pense que les raisons, elles sont liées,
00:52:07 un, au conflit, qui touche, évidemment,
00:52:10 le Proche-Orient aujourd'hui,
00:52:12 mais il y a une différence, pardon,
00:52:14 ce conflit-là, par rapport au changement,
00:52:16 on va dire, de population en France,
00:52:19 et de population sur laquelle table Jean-Luc Mélenchon.
00:52:21 Là, encore une fois, il explique, à l'époque,
00:52:23 il dit, on a du mal par rapport aux liens,
00:52:27 on va dire, il parle, il dit,
00:52:29 c'est la tradition de la social-démocratie française,
00:52:31 dont tout le monde connaît les liens historiques,
00:52:33 qui n'ont pas bougé avec le parti travailliste israélien,
00:52:36 et avec la naissance de l'Etat d'Israël,
00:52:38 on a toujours essayé d'être ceux qui faciliteraient le dialogue,
00:52:40 et il dit, d'où la difficulté qu'on a parfois,
00:52:43 quand on a le sentiment qu'Israël a la main lourde,
00:52:45 c'est qu'on ne sait pas comment lui dire.
00:52:47 Ce qu'il est en train d'expliquer, à l'époque,
00:52:49 c'est que le lien historique,
00:52:51 le lien quasiment charnel
00:52:53 qui lie la social-démocratie
00:52:55 à la création de l'Etat d'Israël,
00:52:57 l'empêche parfois de dire les choses,
00:53:00 c'est-à-dire de rester à distance de ce conflit
00:53:03 qui ne concerne pas directement un Français.
00:53:05 Eh bien, voilà, le problème, c'est que chez Jean-Luc Mélenchon,
00:53:08 le jeu d'alliance s'est totalement retourné.
00:53:11 Ce qu'il est en train d'expliquer,
00:53:13 assez rationnellement,
00:53:15 par rapport à son soutien, à l'époque,
00:53:17 au soutien du parti travailliste israélien,
00:53:19 ça s'est totalement retourné, mais cette fois-ci,
00:53:21 par rapport à son électorat.
00:53:23 Et il dit, à l'époque, il dit,
00:53:25 "J'ai besoin d'une précaution en tant que Français",
00:53:27 et c'est précisément ça qu'a oublié Jean-Luc Mélenchon.
00:53:31 À l'époque, il dit, il n'y a pas de confrontation,
00:53:33 il refuse la confrontation, dans cette interview,
00:53:35 entre le monde occidental et le monde musulman,
00:53:38 précisément, par rapport à votre question,
00:53:40 il dit, il y a une confrontation entre les riches et les pauvres,
00:53:42 ça c'est sûr, ça c'est sûr, ça existe.
00:53:45 Et là, encore une fois, l'entretien de Jean-Luc Mélenchon,
00:53:48 en 2001, nous éclaire énormément, parce que tout s'est retourné, en fait.
00:53:51 Jean-Luc Mélenchon, quand il voit la différence entre les Etats-Unis,
00:53:54 à l'époque, les autorités américaines demandent aux Américains
00:53:58 de ne pas attaquer des Arabes, après l'attaque.
00:54:01 C'est dit comme ça par les autorités américaines.
00:54:03 Et là, Jean-Luc Mélenchon pose la différence entre la France et les Etats-Unis, en ces termes.
00:54:08 Ce problème se pose moins chez nous, nous vivons tous ensemble,
00:54:11 nous avons une tradition républicaine.
00:54:13 Eux, ils vivent beaucoup par ghetto, par communauté,
00:54:16 c'est leur mode de vie, donc je comprends,
00:54:18 et cette phrase-là est primordiale,
00:54:20 donc je comprends que quand il y a des tensions,
00:54:22 ils sont moins bien équipés que nous pour y résister.
00:54:26 Sauf que voilà, depuis, Jean-Luc Mélenchon, en 2020,
00:54:29 quand il est interrogé sur ce modèle républicain qu'il louait en 2001,
00:54:33 il dit, qui a toujours été un peu agressif à l'égard des religions, par ailleurs,
00:54:36 et Jean-Luc Mélenchon, à l'époque, n'avait pas de problème quand ça concernait le catholicisme,
00:54:40 il dit "il y a dans ce pays fabriqué, alimenté par tout un courant,
00:54:44 une haine des musulmans déguisée en laïcité".
00:54:47 Nous sommes 20 ans plus tard, et il a complètement retourné ce modèle-là contre lui-même.
00:54:52 Donc finalement, il a précipité le modèle communautaire,
00:54:55 le modèle multi-communautaire, multi-culturel,
00:54:58 c'est sa créolisation, il a précipité ce modèle-là,
00:55:01 et donc je reprends Jean-Luc Mélenchon de 2001,
00:55:04 je comprends que quand il y a des tensions,
00:55:06 ils sont moins bien équipés que nous pour y résister,
00:55:09 nous sommes désormais moins bien équipés que la France d'avant, entre guillemets,
00:55:13 pour résister à ces tensions, parce que ce modèle communautaire s'est implanté,
00:55:17 et comme il a remplacé les riches et les pauvres par des dominants ontologiques
00:55:21 qui soumettent des dominés ontologiques,
00:55:24 désormais la cause palestinienne justifie tout,
00:55:28 c'est-à-dire qu'il n'est plus capable de discerner
00:55:30 parce qu'il projette sur un électorat communautaire
00:55:33 qui, lui, pense-t-il, ne lui pardonnera rien sur cette question.
00:55:37 Donc il s'est lui-même sorti de la question française,
00:55:40 qui pourtant était la solution pour Jean-Luc Mélenchon lui-même il y a 20 ans.
00:55:44 Très bonne analyse, merci Charlotte Dornelas.
00:55:48 Vous vouliez rajouter un petit point rapidement par rapport à Louis IX ?
00:55:51 Je voulais parler de la rouelle, je l'ai tellement fait déjà.
00:55:53 Il impose la rouelle pour distinguer les juifs et les exclures qu'on les voit dans la rue.
00:55:58 Oui, c'est ce que je disais, c'est la raison pour laquelle Jean-Luc Mélenchon
00:56:01 voulait déboulonner sa statue.
00:56:04 Merci beaucoup Charlotte, merci beaucoup Marc.
00:56:07 C'est intéressant parce qu'on a parlé de Douce France,
00:56:10 les petits chanteurs à la Croix de Bois qui ont chanté Charles Trenet,
00:56:14 et ils sont vraiment menacés de mort, insultés dans tous les sens.
00:56:17 Par contre Slimane, je ne pense pas.
00:56:20 C'est une question qui suscite toujours une grande polémique,
00:56:24 on va parler de Slimane, qui représentera la France à l'Eurovision.
00:56:27 Cette fois ce sera Slimane, qu'on apprécie beaucoup, avant toi, on adore cette chanson.
00:56:32 Déjà plébiscité par le public français, et auquel les stratèges français veulent croire
00:56:38 après la déconvenue de l'an dernier.
00:56:41 Rappelons que c'est France Télévisions qui décide de façon arbitraire,
00:56:44 contrairement aux autres pays.
00:56:46 C'est la télévision qui explique publiquement leur stratégie.
00:56:49 Ils nous disent là on mise sur un type comme lui plutôt qu'une fille comme elle,
00:56:52 on a plus de chances de gagner.
00:56:55 La fille comme elle c'est Lazaran en passé.
00:56:57 Ce qui est intéressant c'est puisqu'ils explicitent les critères,
00:57:01 les tactiques à l'intérieur de leur stratégie, ça permet de comprendre la fonctionnement.
00:57:05 On nous dit globalement à l'Eurovision, on en voit un symbole de ce qu'est la France.
00:57:09 À l'Eurovision on en voit un symbole de ce que nous sommes aujourd'hui, désormais.
00:57:13 À l'Eurovision on en voit un symbole de ce que nous devons devenir.
00:57:16 Pas nécessairement seulement de ce que nous sommes, mais de ce que nous souhaitons devenir.
00:57:20 Il suffit de se tourner sur certains interprètes des dernières années
00:57:24 pour voir ce que pour les gens de France Télévisions, ce que la France doit devenir.
00:57:28 L'an passé on s'en souvient, c'était Lazara, une québécoise d'origine maghrébine
00:57:32 qui est envoyée, marocaine je crois, qui est envoyée à l'Eurovision
00:57:36 et on se souvient du geste quelque peu disgracieux par lequel elle accueille sa défaite.
00:57:42 Elle laisse l'image de ce qu'on voulait que la France devienne, l'image qu'elle porte d'elle-même.
00:57:46 Quelques années plus tôt, je prends la peine de le nommer, il y avait Bilal Hassani
00:57:50 qui est une figure qui incarnait, si encore une fois, ça représente l'image de ce que la France souhaite devenir,
00:57:57 on comprend que les critères identitaires proposés pour donner un visage à la France dans de telles circonstances,
00:58:03 ça l'en dit un peu sur les préférences idéologiques de France Télévisions.
00:58:08 Voilà, Slimane, vous savez moi en matière de musique française, je me suis un peu arrêté à Brassens,
00:58:12 mais l'heure tant qu'à chanter dans les circonstances, je préfère mourir pour des idées.
00:58:17 Mais cela dit, il vaut la peine de citer le message de Slimane au moment de l'affaire Nahel.
00:58:25 Juste, c'était sur Instagram.
00:58:27 "Être horrifié par les images du meurtre de Nahel, ce n'est pas être contre la police,
00:58:33 c'est être horrifié par le symbole d'une république qui tue nos frères."
00:58:38 J'ai deux questions là-dedans.
00:58:40 La république, premièrement, tue, clairement, nos frères.
00:58:44 Qui sont les frères de Slimane ?
00:58:46 Est-ce que c'est l'ensemble des Français qu'il a d'ailleurs pour fonction de représenter ?
00:58:50 Ou est-ce que nos frères, c'est un nos frères communautariste ?
00:58:53 On comprend dans nos propos de Slimane qu'il s'agit d'un nos frères communautariste.
00:58:58 Ça va un peu plus loin.
00:59:00 "Être horrifié par cette cagnotte"
00:59:03 On s'en souvient de la cagnotte lancée par Jean Messia pour soutenir la famille du policier.
00:59:07 "Être horrifié par cette cagnotte qui a été faite pour un présumé assassin,
00:59:11 ce n'est pas être contre un système, mais c'est lire entre les lignes."
00:59:14 Alors, monsieur lit entre les lignes.
00:59:16 "C'est comprendre avec effroi que la haine et le racisme ne se cachent plus depuis bien longtemps,
00:59:22 et même face à la pire cruauté qui est celle d'enlever la vie."
00:59:26 Voilà un homme qui, soyons honnêtes,
00:59:28 accuse tous les Français qui ont participé à la cagnotte d'avoir participé au racisme.
00:59:33 Est-ce qu'un tel propos est celui qui témoigne d'un amour incandescent pour la France ?
00:59:37 On peut se poser la question.
00:59:39 Peut-il vraiment incarner le visage de la France ?
00:59:42 Vous parlez du visage de la France. Ce terme est-il vraiment bien choisi ?
00:59:45 Je crois que oui.
00:59:46 Pourquoi ?
00:59:47 Pour quelle raison ?
00:59:48 D'étout, on part Mariam.
00:59:49 La nouvelle Mariam.
00:59:51 On sait que la nouvelle Mariam a été choisie.
00:59:53 Mais selon quels critères ?
00:59:54 Je vous donne les critères qui nous viennent de l'Élysée, c'est intéressant.
00:59:57 On a remplacé la Marianne langagée par la Marianne de l'avenir.
01:00:01 Pourquoi on l'a choisie ?
01:00:03 Pour leurs talents, les choix, et leur appartenance,
01:00:07 c'est ceux qui ont proposé des symboles,
01:00:09 à des courants artistiques contemporains comme le street art ou le link art.
01:00:12 Mais surtout, Emmanuel et Brigitte Macron ont retenu
01:00:15 celle qui exprimait le mieux la dimension républicaine,
01:00:19 confiante en l'avenir, ancrée dans le monde et dans la transition écologique.
01:00:23 Vous m'expliquerez de quelle manière une beauté peut être conforme
01:00:26 à la lutte dans la transition écologique, je ne sais pas.
01:00:28 Mais je note, en passant, un dernier mot, vous me pardonnerez.
01:00:30 Marlène Schiappa avait dit à l'époque, il y a un an et demi,
01:00:33 pourquoi Marianne serait forcément une mannequin blonde ?
01:00:36 Et là, d'autres avaient ajouté,
01:00:38 toutes les personnes qui se sentent femmes peuvent participer.
01:00:41 Donc si je m'étais senti femme, j'aurais pu participer, moi aussi.
01:00:44 Alors qu'est-ce que ça veut dire ? Je résume en un mot simplement.
01:00:46 Il y a toujours une dimension esthétique dans toute révolution.
01:00:48 Il y a toujours une dimension esthétique dans tout régime.
01:00:50 Il y a toujours une dimension, une image,
01:00:52 dans tout discours idéologique.
01:00:54 L'Eurovision a parlé de ça,
01:00:56 enfin, France Télévisions a parlé de sa vision de la France pour l'Eurovision.
01:00:59 Et c'est la vision exprimée par Slimane au moment de la mort de Naël.
01:01:03 Merci beaucoup Mathieu Bocoté.
01:01:04 Quand on voit le visage de Marianne, c'est intéressant,
01:01:06 pour la première fois, elle tourne la tête, mais à droite.
01:01:09 On va terminer avec mon choix pour l'Eurovision.
01:01:13 Allez.
01:01:14 Non, je pense affairement...
01:01:16 Non, c'est beau.
01:01:18 Ça, c'est ça qui réunit la France.
01:01:20 L'amour, les...
01:01:22 Non, mais c'est vrai.
01:01:23 C'est beau, ça.
01:01:24 Daniel Lévy.
01:01:25 Eh oui.
01:01:26 Tout le monde a chanté Daniel Lévy.
01:01:28 Tout de suite, un des produits avec Pascal Praud.
01:01:42 À demain.
01:01:43 merci à bientôt !