• il y a 4 ans
Ah qu'il est difficile d'aimer sans retour ! L'Amour que voue un musicien pour certaines musiques est parfois sujet à une pure agonie tant l'oeuvre résiste sous les doigts alors que le coeur y est totalement. Situation ingrate aussi que l'être humain aimant plus naturellement ce qui lui échappe, comme s'il aimait le défi que représente l'obstacle, et comme s'il aimerait davantage en surpassant les impossibilités de départ. C'est dans cette optique que la vidéo de ce jour, mise en ligne tard dans la nuit, aura été le fruit d'un travail tout particulièrement ardu : Rachmaninoff, encore. Et toujours. Et jamais en quelque sorte, tant ses oeuvres ne se domptent pas : elles viennent, peu à peu, après des heures de labeur, hésitantes, et jamais vraiment acquises, du moins pour moi.

Et forcément, l'envie m'aura pris de vouloir présenter les mélodies principales de son redoutable deuxième concerto pour piano. Et donc sélectionner les passages, voir s'ils s'enchaînent correctement, pour les travailler et les proposer ici. J'ai pris la liberté de mettre la mélodie principale de l'orchestre en plus de la partie piano pour le deuxième mouvement (ce qui complique encore plus la chose, vu qu'il faut lire et jouer 4 portées simultanément), car bien souvent le piano accompagne l'orchestre dans la présentation de la mélodie. Ainsi, ne soyez pas surpris si vous connaissez l'oeuvre, car cette vidéo n'en présente qu'une sélection (les "highlights") représentative, et non le concerto en entier (il m'aurait été impossible de le monter en une journée seulement). Tout ceci explique pourquoi ma vidéo est mise en ligne très tardivement.

Rachmaninoff, profondément démoralisé par l'échec cuisant (empiré par des critiques atroces) de sa première symphonie, avait fini par douter de lui et de son talent. Une dépression montreuse le plongera dans une tétanie artistique durant plus de 3 ans, et le concerto pour piano n°2 est l'une de ses premières oeuvres créées peu de temps après. Sa difficulté technique n'a d'égale que la nécessité de posséder des mains titanesques, ce qui limite la possibilité de jouer correctement cette oeuvre qu'à un pourcentage restreint des pianistes.

Lors de la première représentation à Moscou, avec Alexandre Siloti (dont il est le cousin germain) en chef d'orchestre et lui-même en tant que pianiste, ce sera un immense succès, à juste titre. L'oeuvre propose des mélodies magnifiques, soutenues par une harmonie riche pleine de contre-chants et chromatismes. Certaines sonorités semblent empruntées à Liszt, d'autres au jazz. L'ensemble offre un concerto pour piano et orchestre varié mais uni, si romantique et unique à la fois.

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