holberg

  • il y a 4 ans
Vu que Dailymotion estime que si un voleur paye pour s'attribuer les droits d'un compositeur romantique entré dans le Domaine Public, il est en son droit de faire bloquer des vidéos où un pianiste joue-lui même une oeuvre crapuleusement protégée, la vidéo de samedi n'est pas accessible dans ma chaîne Dailymotion. J'y jouais le deuxième prélude de Chopin, oeuvre sans droits, mais où Dailymotion joue les victimes, renvoyant vers le système opaque aveugle et sourd de protection des droits, AudibleMagic. Navré donc de ne pas pouvoir présenter (pour l'instant, je n'ai pas dit mon dernier mot) ma vidéo de samedi.

Le principe d'un courant artistique, c'est qu'il représente une volonté générale de la plupart des artistes d'une même époque. Il définit l'esprit créatif, les techniques nouvelles et en quoi les oeuvres se distinguent de celles conçues précédemment. Selon la période de l'Histoire, un compositeur écrivait sa musique en fonction de ces demandes, afin de satisfaire les exigences des commandes, venant de la Cours ou de mécènes. Ainsi, le baroque par exemple est un courant fondé sur la richesse d'écriture stricte avec des règles complexes, là où le classique prône l'opposé en valorisant une mélodie défaite de toute obligation d'écriture portée par des accords simples et sobrement écrits.

Il est arrivé que des compositeurs aient suivi de leur vivant la rupture stylistique du courant à la mode, et doivent s'adapter, ou préfèrent conserver leurs habitudes considérées soudainement comme archaïques. En revanche, rares sont les compositeurs à avoir osé bravé les courants, ne serait-ce que temporairement, afin d'écrire des musiques aux sonorités d'un autre temps. Mozart, toujours très curieux de tout, s'est évidemment penché sur le baroque à maintes reprises, tant dans son Requiem que dans des petites pièces comme sa "Fragment einer Suite". Grieg s'y sera lui-aussi penché, là-encore dans le style baroque, avec sa fabuleuse Suite Holberg.

Désireux de mettre en musique le bicentenaire de la naissance du dramaturge Ludvig Holberg né dans la même ville que lui (Bergen), mais en 1684, Grueg a composé une suite de 5 mouvements. Si j'ai été plus que tenté de proposer ici son Aria "Andante religioso" qui demeure le mouvement par lequel j'ai découvert cette Suite, j'ai finalement choisi son prélude "Allegro vivace" qui varie plus les nuances et émotions.

La version proposée pour piano est bien la version intimiste originale que l'auteur a écrite en premier, avant de finir par l'orchestrer dans une version qui demeure bien plus connue et appréciée du public. Ce premier mouvement propose de nombreux challenges techniques tels que des croisements, ou une endurance dans les arpèges tronqués joués à vive allure. Elle demeure malgré tout légère à l'écoute et pleine de cette beauté baroque transcendée.