schuschu

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Le romantisme est arrivé aussi peu soudainement que le classicisme a balayé le baroque : les courants se succèdent, et certains compositeurs finissent pas représenter le courant musical de leur époque, mais il arrive qu'un compositeur fasse le lien, et ses oeuvres offrent un chaînon d'évolution adoucissant la transition. Beethoven est de ces compositeurs, tout comme Franz Schubert. Ce dernier, par son écriture souvent très classique, donne l'impression d'usurpateur dans la classification des romantiques. Il est vrai qu'une bonne partie de ses oeuvres demeure tournée vers une sobriété aux couleurs naïves faisant écho au Classique, ce qui explique que peu de pianistes apprécient jouer ses créations. Mais tout en douceur il a intégré des sonorités et façons d'écrire la musique qui sont devenues des références romantiques indéniables.

Franz Peter Schubert est né en 1797, 6 années après la mort de Mozart, et nous a quitté en 1828, à l'âge de 31 ans, un an après la mort de Beethoven (qu'il admirait beaucoup). Cela peu sembler très jeune (ce qui est le cas), mais à la vue de sa fratrie, il ne s'en sort pas si mal : douzième né dans une famille de 14 enfants, seuls 5 sont arrivés à l'âge adulte. Après un enseignement musical auprès de son père, puis de Antonio Salieri (oui, celui qui est injustement "opposé" à Mozart dans le film "Amadeus"), Schubert gagne peu à peu le public avec des oeuvres de plus grande envergure. Lieds, musique concertante, musique sacrée et opéras, Schubert s'essaye à toute forme musicale, et remporte bien souvent un vif succès auprès du public. Tant qu'en 1821 il est devenu habituel de discuter et faire jouer dans les salons privés ses oeuvres au cours de ce qui était appelé des Schubertiades.

Schubert lègue à la postérité plus d'un millier d'oeuvres. Elles ne seront répertoriées et réunies que grâce au travail de Brahms qui en 1897 proposera pour la première fois une intégrale. Parmi ces oeuvres, son troisième impromptu op90 est un exemple très parlant de ce que Schubert a pu apporter au piano du XIXème siècle. Le choix d'une tonalité à 6 bémols à la clef peu facile à appréhender au départ, arrondit considérablement la main sur les touches noires du clavier, permettant aux extrémités des deux mains de pouvoir jouer sur des nuances extrêmement sensibles et apporter une maîtrise de force plus précise dans l'accompagnement. Il s'agit d'une pièce intimiste qu'Vladimir Horowitz aimait tout particulièrement, pour tout le panel d'émotions subtiles qu'elle fait naître.