• il y a 4 ans
Bien peu de compositeurs ont au fil de leur vie fait évoluer leur propre style musical au point d'illustrer par leur seules compositions l'évolution musicale générale de leur époque. Tant dans le sens de la ligne du temps (Scriabine, Liszt, ...) que dans son inverse (Penderecki, ...). Etudier leurs oeuvres revient à pouvoir choisir selon le moment de leur création un courant musical totalement différent, même si la patte technique et artistique demeure semblable. En plein coeur de l'Europe, aux premières heures de la première guerre mondiale à Leipzig, Max Reger du haut de ses 43 ans lègue à la postérité un catalogue de plus de 500 oeuvres.

Passionné par l'écriture musicale, Reger est le seul à avoir atteint un niveau de contrepoint tel qu'il fut considéré comme "le second Bach". Organiste, maître de chapelle, professeur de musique, il était aussi apprécié que redouté, tant son talent avait son irascibilité en commune mesure. Peu connu chez nous, il demeure une des plus grandes références musicales en Allemagne. Exigeant, il souffrait en revanche d'une réputation entachée d'apparents soucis d'alcoolisme. Mais rien ne put freiner ses excellentes capacités compositionnelles et instrumentales ...

... Il aurait par exemple, un soir de messe à son orgue, prévu d'interpréter un trio de Bach (pièces particulièrement difficiles et nécessitant beaucoup d'indépendance de mains et pieds) : il était de coutume (comme c'est toujours le cas aujourd'hui) que la tribune d'un orgue important où officie un organiste reconnu soit un lieu mondain où voir le Maître travailler. Reger s'installant trop brusquement - dû à un remontant pris peu de temps auparavant - sur le banc d'orgue accrocha une note qui n'était pas celle de départ, laissant croire qu'il commençait à jouer l'oeuvre annoncée. Ne se décontenançant pas, il aurait alors immédiatement interprété le trio de Bach dans la tonalité de la note accrochée (ce qui, pour ceux qui savent ce qu'est une transposition, est un boulot titanesque, rien que pour une oeuvre simple à jouer).

Au début du siècle, dans la petite ville de Bavière de Weiden, suite à une année de service militaire chaotique, Reger rentre chez ses parents et renoue avec sa passion pour la musique qu'il avait dû délaisser. Il composera alors de nombreuses petites pièces, pour orgue mais aussi pour piano, dont un recueil de 12 morceaux intitulé "Blätter et Blüten" (Feuilles et fleurs) inspiré par la nature autour de lui. Ce recueil propose des musiques agréables, pleines de poésie et de légèreté, loin de son lourd contrepoint organistique. "Mélodie", au coeur de ce recueil, propose une merveilleuse ode à la douceur de ce paisible coin d'Allemagne.

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