• il y a 3 jours
Mardi 18 mars 2025, retrouvez Florent Wabont (Économiste, ECOFI), David Benamou (Associé Gérant - Directeur des Investissements, Axiom Alternative Investments) et Frédéric Rozier (Coresponsable de la gestion de portefeuille, Mirabaud) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Frédéric Rosier est avec nous, co-responsable de la gestion de portefeuille chez Mirabeau.
00:17Bonsoir Frédéric.
00:18Bonsoir.
00:19Merci d'être là.
00:20Merci à David Benhamoun de nous accompagner également.
00:21Bonsoir David.
00:22Bonsoir.
00:23Vous êtes associé gérant, cofondateur et directeur des investissements d'Axiom Alternative
00:27et Florent Vabon est également à nos côtés.
00:29Bonsoir Florent.
00:30Bonsoir Édouard.
00:31Vous êtes économiste chez ECOFI.
00:32Je commence avec l'économiste que vous êtes, Florent, ça fait 10 jours, 15 jours qu'on
00:38parle de ce moment historique en Allemagne, le vote du Bundestag a eu lieu, on peut donc
00:44revenir sur ce changement de cap budgétaire, ce changement de stratégie budgétaire en
00:49Allemagne qui débloque selon les estimations potentiellement jusqu'à 1 trillion d'euros
00:55de dépenses d'infrastructures militaires sur une dizaine ou une douzaine d'années.
01:00Aujourd'hui, Florent, qu'est-ce que ça change ? Qu'est-ce que ça peut changer ? Qu'est-ce
01:05que ça ne changera peut-être pas également ?
01:06Bon, commençons déjà par répéter que c'est historique.
01:09Je pense qu'il faut bien l'avoir en tête, c'est historique.
01:11Alors les chiffres donnent le tournis, il est vrai qu'on a du mal même à estimer le
01:17potentiel de croissance que ça pourrait engendrer.
01:18Néanmoins, quand on regarde un petit peu ce qui pourrait se passer, quand on dépense
01:22dans l'armement, dans la défense, il y a assez peu de raisons de penser, et là je
01:27vais peut-être vous surprendre, que ça va donner plus de gains de croissance, etc.
01:32Néanmoins, quand on investit dans la défense, on fait travailler aussi d'autres entreprises
01:36tout autour.
01:37Et on parle beaucoup d'autonomie stratégique.
01:40L'autonomie stratégique en Europe, elle passe aussi par la réindustrialisation et
01:44le fait de faire travailler des entreprises locales, si je puis dire, ou en tout cas en
01:48Europe.
01:49Donc ça, ça veut dire que par effet cascade, il va y avoir des gains de croissance plutôt
01:52dans ces secteurs-là, dans le secteur privé.
01:54Et que par ailleurs, et ça c'est quelque chose qu'on nommait un peu dans l'équation
01:58ces derniers temps, en tout cas dans ce que je lis, ça est là, c'est que ça va engendrer
02:02des gains de productivité aussi.
02:03Et les gains de productivité, ça va passer par le fait que quand on dépense de l'argent
02:08dans la défense, on dépense aussi de l'argent d'une certaine manière dans la R&D.
02:11Et puis quand on parle de réindustrialisation, encore une fois, ça veut dire des gains de
02:15productivité aussi dans ces secteurs-là.
02:16Et que donc in fine, ça veut dire aussi plus de croissance, mais de la croissance, alors
02:20le mot est peut-être pas bien choisi, mais de la croissance saine, puisque ça induit
02:24des gains de productivité.
02:25Et on n'est pas là sur un choc donnement de transitoire ou conjoncturel, on est véritablement
02:30sur quelque chose de structurel.
02:31C'est pas la croissance feu de paille quoi.
02:34C'est pas le plan de relance qui produit des effets très puissants à court terme
02:38et qui derrière s'essouffle aussi vite.
02:41Non je pense pas.
02:42Et puis par ailleurs, l'Allemagne va faire travailler ses copains dans la zone euro.
02:45Donc ça va aussi avoir des effets cascade sur les autres pays de la zone euro, la France,
02:49l'Italie, l'Espagne.
02:50Et donc on peut d'ores et déjà, à mon sens, attendre des points de croissance supplémentaires
02:54sur 2025.
02:55Pas beaucoup.
02:56Mais ça va surtout se jouer en 2026.
02:58Mais à l'équation, et là c'est beaucoup plus difficile à quantifier, on peut aussi
03:02rajouter un sentiment d'optimisme retrouvé.
03:05Alors il est déjà là, il est déjà revenu sur la zone euro, et donc attirer des capitaux
03:10étrangers, des dépenses d'investissement qui avaient été potentiellement arrêtées
03:13ou suspendues ou annulées ou peu importe, qui reviennent dans le jeu.
03:17Et donc finalement ça fait aussi plus de croissance.
03:19Et peut-être un petit peu plus d'inflation.
03:21Mais comme il y a des gains de productivité, ils pourraient être absorbés par ces gains
03:25de productivité.
03:26Ça c'est le scénario idéal de l'économiste, c'est ça, Florent vous nous vendez le scénario
03:31rose.
03:32On a tous envie d'y croire, autour de la table, Florent.
03:35Quels vont être les écueils à suivre ? Parce qu'encore une fois, on est dans le temps
03:40long de ce que je comprends de cette histoire allemande, même si quelques effets se verront
03:46peut-être d'ici quelques trimestres.
03:49C'est-à-dire qu'assez vite, la question de la gouvernance, des plans de relance, des
03:53plans de soutien, des plans de dépenses d'infrastructure est une question permanente en Europe.
03:57Beaucoup des plans d'infrastructure qu'on a su monter, d'ailleurs, à l'épreuve de
04:01la crise Covid ou à l'épreuve de la crise souveraine, ce sont des plans qui ont toujours
04:06un peu de mal à aboutir dans la dernière ligne droite.
04:08C'est vrai.
04:09Alors je pense qu'on peut quand même faire confiance aux Allemands, puisqu'ils sont
04:12orthodoxes d'un point de vue budgétaire et on peut espérer qu'effectivement, s'agissant
04:16des dépenses, ils vont être à l'opposé.
04:18Donc je pense qu'on peut faire confiance aux Allemands là-dessus, surtout que dans
04:21le plan qui a été voté aujourd'hui, il n'y a pas que le secteur de la défense qui
04:25est concerné.
04:26Il y a aussi tout un pan sur la décarbonation de l'économie, l'investissement dans les
04:29infrastructures vertes, enfin les infrastructures de manière générale, et donc ça aussi
04:33c'est plutôt des gains de croissance à espérer et je pense qu'il faut faire confiance
04:36aux Allemands.
04:37En revanche, là où vous avez raison, c'est sur l'Europe, puisque l'Europe a aussi annoncé
04:41un plan, le fameux RearmEU, qui sont des mécanismes d'incitation pour que les États membres
04:46de la zone euro investissent dans le secteur de la défense.
04:49Sur la base de leur propre budget ?
04:50Exactement.
04:51Alors il y a des mécanismes d'incitation pour que ça sorte des règles, etc., ou que
04:54ça soit plus facilité.
04:56Cela dit, il y a quand même des freins budgétaires et des freins politiques.
05:01Je pense à l'Italie, je pense à la France bien entendu, potentiellement aussi à l'Espagne,
05:06et donc ces pays-là, bon je mets de côté la France parce qu'on dépense quand même
05:10beaucoup d'argent dans le militaire, donc on est quand même de bons élèves dans la
05:15zone euro.
05:17En revanche, l'Italie et l'Espagne, c'est beaucoup moins en proportion, et donc de ce
05:21point de vue-là, ça va peut-être être un petit peu plus difficile à déployer dans
05:25ces pays-là, et ça peut tempérer un peu mon enthousiasme qui est le mien là aujourd'hui,
05:30mais néanmoins comme j'étais déjà très optimiste en début d'année sur la zone
05:34euro, je le suis encore plus, et comme on vit un moment historique, je laisse éclater
05:39le...
05:40Mais vous avez le droit, mais je crois qu'on a tous le droit quand même, ça fait 15 ans
05:42qu'on attend ça, pour certains en tout cas, je ne dis pas que tout le monde attend ça,
05:45mais en tout cas, ceux qui croient au projet européen attendent ça depuis longtemps.
05:49Un mot de ce que ça change pour les actifs financiers, et je pense notamment à l'actif
05:54sans risque ultime qu'est le Bund, la dette souveraine allemande, qui a pris un petit
06:00pain.
06:01Alors c'est le corollaire de ces perspectives de croissance, de croissance productive, comme
06:08vous dites, Flan, est-ce que ça change le statut d'un actif sans risque comme le Bund
06:13aujourd'hui ?
06:14Je pense que ce que ça change, c'est sa disponibilité, si je puis dire, parce que finalement, il va
06:19y avoir beaucoup plus d'émissions, et donc il va falloir aussi absorber tout ça, et
06:24donc ça suscite aussi des inquiétudes de ce point de vue-là.
06:27En fait, pour moi, le taux à 10 ans allemand aujourd'hui, il est frappé par une forme
06:31de paradoxe temporel.
06:32C'est-à-dire qu'à court terme, cette hausse de taux qu'on a tous subi dans les portefeuilles,
06:38qui est la plus forte hausse en une seule journée depuis la réunification, il faut
06:43quand même le souligner, ça aussi c'est un mot historique, il est donc, je le disais,
06:49frappé par un paradoxe temporel, parce qu'à court terme, ces niveaux de taux d'intérêt
06:53là vont appuyer sur l'économie de manière négative, donc ce n'est pas nécessairement
06:58de bonne augure pour la suite de l'aventure, si je puis dire, sur la croissance économique
07:03européenne.
07:04Donc après, on peut espérer qu'effectivement, avec la visibilité sur la structuration de
07:08ces plans, etc., on ait une petite détente sur le taux de 10 ans allemand, mais on est
07:13quand même dans un nouveau régime.
07:14Et paradoxe temporel aussi, parce qu'en réalité, vous l'avez dit, ça correspond à des anticipations
07:20de croissance nominale beaucoup plus élevées.
07:21La croissance nominale, c'est la combinaison entre la croissance économique réelle et
07:25l'inflation.
07:26Donc plus de croissance, plus d'inflation.
07:27Et de ce point de vue-là, on peut se dire qu'à long terme, ça va augmenter le niveau
07:33de croissance potentielle des économies, et que donc les économies européennes seront
07:37capables d'absorber des taux d'intérêt plus élevés.
07:39C'est un peu là-dessus que parie le marché, d'une certaine manière, quand on regarde
07:43tout un tas de points de courbe ou d'indicateurs de marché, on a l'impression qu'effectivement,
07:48on se dit qu'on relève un peu le niveau de croissance potentielle de l'Allemagne et de
07:50la zone euro dans son ensemble, et donc qu'elle est capable de supporter des taux d'intérêt
07:54un peu plus élevés.
07:55Mais à court terme, il faut quand même le rappeler, ça peut avoir une incidence négative.
07:58On verra, effectivement, il y a un intervalle à gérer.
08:01De ce point de vue-là, les attentes reposent à nouveau sur la Banque Centrale Européenne,
08:06j'imagine.
08:07On verra lors de la prochaine réunion comment les choses évoluent de ce point de vue-là.
08:10Il y a encore des baisses de taux prévues devant nous par la Banque Centrale Européenne
08:14et endossées, j'allais dire, par le marché.
08:17Qu'est-ce que cette histoire allemande change pour l'investisseur, pour le gestionnaire
08:20d'actifs ?
08:21Très bonne nouvelle, parce que certains parlent même d'un point de croissance en Allemagne,
08:25sachant que l'Allemagne était quand même à l'arrêt depuis maintenant deux ans, qu'en
08:29Europe, 0,3, 0,4 % de PIB sur le long terme, parce que vous parlez d'un trillion, on n'entend
08:35même parler d'un trillion cinq, potentiellement, et ce qui m'intéresse là-dedans, dans ce
08:40plan, c'est qu'il est très européen, parce que lorsque vous faites une relance classique,
08:45on va dire, soit budgétaire, soit monétaire, et vous redonnez du pouvoir d'achat, on a
08:49parlé par exemple à un moment donné de l'hélicoptère-monnaie, ça va à l'extérieur.
08:52Là, c'est des dépenses qui sont driveées 100 %, qu'on peut espérer, on espère quand
08:56même qu'ils ne vont pas se mettre à acheter des F-35, après ce que nous a fait Trump,
09:01mais...
09:03Dans l'intervalle, je rejoins un peu le paradoxe temporel édicté par Flandre, en attendant
09:10qu'on élargisse notre base industrielle et technologique, il faudra bien qu'on aille
09:17chercher toujours des fournitures ailleurs.
09:19Et d'ailleurs, c'est très intéressant, parce que vous parlez des valeurs de l'armement
09:23qui ont fait des croissances exponentielles depuis le 1er janvier, Thalès, Leonardo,
09:29Rheinmetall, bref, beaucoup, mais est-ce qu'elles sont en capacité de répondre à ces enjeux
09:34de hausse de production ?
09:35Sans doute pas, c'est pour ça qu'elles montent autant, peut-être.
09:38Et dans ce choix qu'on doit faire dans l'investissement et si on doit taper dans l'armement, aujourd'hui,
09:44il y a peut-être Kerbus qui est capable de monter en puissance, qui a la capacité industrielle
09:48de monter en puissance, mais c'est vrai qu'à part celle-là, est-ce que les autres sont
09:51capables de remonter à cette ambition qui est quand même colossale de productivité
09:56pour les entreprises de l'armement ?
09:59Donc il y a un avantage, parce que les investissements sont majoritairement en Europe, contrairement,
10:03et l'argent ne va pas sortir de la zone ou très peu de la zone, donc ça c'est un facteur
10:06favorable, c'est un facteur de soutien, et attention aussi dans les plans qui sont annoncés,
10:10on parle de 100 milliards pour l'économie verte en Allemagne, mais il y a aussi hausse
10:17des salaires également minimum qui sont prévus par le projet, donc là on parle de hausse
10:21significative quand même du salaire minimum, de mémoire c'est quasiment 20% de hausse,
10:25ça passe de 12 à 15 euros, donc ça veut dire que l'allemand reconsomme derrière,
10:30donc ça peut être un vrai booster et vraiment pour moi un changement, un game changer colossal,
10:36parce que finalement l'Europe ne s'en est pas trop mal sortie sans le moteur allemand,
10:40si le moteur allemand se met en marche, il y a de quoi quand même être relativement
10:45confiant sur la zone.
10:48Ça veut dire qu'on n'est plus une zone ininvestissable aux yeux de certains investisseurs
10:53Vous voyez les flux, ils sont inversés de manière considérable ces derniers temps,
10:58et on est dans une vague de déconcentration de l'investissement, donc on sort des magnificent
11:04seven, on en parlait tout à l'heure, et les flux sortent vers les Etats-Unis, vers une
11:07zone qui est sur des plans de relance, avec des taux d'intérêt qui baissent, avec une
11:12stabilité relative mais stabilité politique, si on coche finalement tous les points, c'est
11:18l'inverse de ce qui se passe aux Etats-Unis au moment où on se parle, c'est-à-dire la
11:22croissance, on va la revoir à la baisse, on a une instabilité politique incarnée
11:27par M.Trump et Elon Musk, et les taux d'intérêt, on est incapable de dire au moment où on
11:32se parle s'ils vont baisser ou ils vont monter, donc quand je suis investisseur, la visibilité
11:36pour le coup, aujourd'hui on l'a plutôt en Europe plutôt qu'aux Etats-Unis.
11:39Ce qui est intéressant également dans cette histoire européenne, David, je me tourne
11:42vers vous, alors l'expertise originelle d'Axiom Alternative Investment, c'est l'analyse du
11:49secteur bancaire et l'investissement dans le secteur bancaire, que ce soit en equity
11:52ou en dette, et c'est vrai qu'aujourd'hui, et depuis plusieurs années maintenant, quand
11:57on achète l'Europe, on achète les banques.
11:59C'est le secteur en surperformance depuis 4-5 ans maintenant, c'est le secteur leader,
12:05le secteur fort, qui n'a jamais démenti depuis 4 ou 5 ans, on a des secteurs forts qui deviennent
12:11faibles, d'autres qui sont faibles et qui deviennent forts, depuis 4 ans il y a quand
12:15même une grande homogénéité dans la performance et la surperformance du secteur bancaire
12:20par rapport au reste du marché européen.
12:22Quand on achète l'Europe, on achète des banques.
12:24Tout ce qu'on vient de raconter là, c'est bon pour l'Europe et c'est bon pour le secteur
12:28bancaire ?
12:29C'est bon pour le secteur bancaire parce que ce qui s'est produit sur le secteur bancaire
12:34européen jusque-là, c'est qu'on a vécu une phase de reconstruction d'une dizaine d'années,
12:40mais avec des taux négatifs.
12:41Les bilans ont été nettoyés, la qualité d'actifs est beaucoup mieux, on a réduit
12:46les prêts non performants, etc.
12:48Les banques ont été sous contrainte de coûts, il a fallu gérer en gagnant moins d'argent,
12:53donc il a fallu être plus efficace.
12:54Et puis les taux sont repartis, ont retrouvé le territoire positif en 2022, ce qui fait
13:01que les banques se sont remises à « recaler » le profil de profitabilité à des niveaux
13:08très différents.
13:09Depuis trois ans, on n'a pas encore de vrai re-rating sur le secteur, le secteur traite
13:15encore avec une décote d'à peu près 35% par rapport au reste de la cote, donc on est
13:22à peu près encore dans les niveaux du Covid.
13:24Mais la performance s'est faite largement sur la progression de l'earning per share
13:32qui a été multipliée par l'ONG.
13:33Autrement dit, ce sont les résultats qui ont tiré les performances des banques, des
13:37performances spectaculaires, de plusieurs centaines de pourcents sur quelques années.
13:41Oui, absolument, mais quand on est spécialiste, ce n'était pas non plus quelque chose d'étonnant
13:48ou d'extraordinaire, puisqu'on est parti d'un secteur qui avait une partie importante
13:53de son chiffre d'affaires, peut-être 30-40%, qui avait disparu.
13:56Forcément, quand les taux repassent positifs, vous avez à nouveau ce chiffre d'affaires-là,
14:00ça change à peu près tout.
14:02Et puis, il y a plein d'effets aussi qui sont des effets long terme, qu'on ne voit
14:06pas encore complètement arriver, mais qui sont clés notamment pour nos banques françaises.
14:11C'est que les stocks de crédit ont été originés pour la plupart sous la période
14:15de taux négatif, donc les marges sont petites, et plus ça va, plus on renouvelle ce stock.
14:22En fait, on chasse le stock, le mauvais stock, entre guillemets, par du stock plus rentable.
14:26Donc, elles sont de toute façon dans un cycle qui est verteux, et c'est vraiment encore
14:33renforcé, on vient de passer les résultats du quatrième trimestre.
14:35Ce qui est très impressionnant, c'est la confiance des managements.
14:39C'est-à-dire que les guidance indiquées sur le secteur sont assez impressionnantes,
14:45avec pour certaines banques, des retours sur fonds propres qui dépassent à nouveau les 20%.
14:50Il y a une forme d'hubris qui s'empare du secteur.
14:53Les objectifs deviennent très ambitieux, peut-être même déconnectés de ce qu'on
14:59pourrait avoir à un certain stade ?
15:01Alors, c'est très difficile à dire, parce qu'on vient d'une période où tout était
15:06contraint, où on avait peu de croissance de bilan, à une période où même…
15:11C'est un tremblement pour les banques.
15:13Quand on regarde les bilans, grosso modo, si on regarde en agrégé le bilan du secteur
15:19bancaire, on prend l'indice, le soc 600 banques, de 2008 à 2018, quasi divisé par deux.
15:25Et depuis 2018, c'est en croissance, sans cesse.
15:29Donc voilà, on a à nouveau une industrie qui est en ordre de marche, qui a été assainie.
15:35Et ce qui est intéressant, c'est qu'une banque européenne, grosso modo, l'Europe
15:43est financée à 70% par les banques, donc ça veut dire qu'une banque européenne,
15:48c'est une option sur l'économie européenne.
15:50Donc, du coup, c'est assez intéressant, parce que pour l'instant, on a eu la réallocation,
15:56et on le voit dans les sondages d'investisseurs, on a eu la réallocation au secteur bancaire,
16:01sur les mérites du secteur bancaire, jusqu'à il y a quelques semaines.
16:03Et là, ce qu'on voit, c'est un certain nombre d'investisseurs qui diversifient
16:09out of the US, comme on dit, pour se mettre un peu sur l'Europe, et on voit des flux
16:14arriver sur le secteur, qu'on sent en plus comme des, je dirais, je prends une option
16:20sur l'économie européenne.
16:21Donc, c'est vraiment intéressant.
16:22Il y a une vraie confiance, venue du reste du monde, pour l'Europe et pour ce secteur
16:27bancaire européen aujourd'hui.
16:29Absolument.
16:30Mais c'est vrai que les métriques, quand on la regarde...
16:31Deux ans, jour pour jour, quasiment, après la défaillance de Crédit Suisse et le rachat
16:37par UBS.
16:38Alors, c'est pas en zone euro, techniquement parlant, mais c'était un événement qui
16:42avait un peu refroidi, quand même, l'enthousiasme sur ce secteur bancaire, mais qui a été
16:46très vite effacé.
16:47Très vite effacé.
16:48Et c'est vrai qu'à l'époque, on avait des cotes qui étaient légèrement plus importantes.
16:52Mais c'est vrai qu'en même temps, on a toujours aujourd'hui un secteur, si vous regardez
16:55la Tangible Book Accretion, c'est 12 %, dont 9 payées en cash, entre Libidemonde et Chambalbac.
17:00Ça, c'est quoi, ça, David ?
17:01Tout simplement, c'est le gain, si vous achetez le secteur bancaire aujourd'hui, c'est 12%
17:07par an sur les deux prochaines années, dont 9 payées en cash.
17:12Pour l'actionnaire, c'est le retour qu'on peut imaginer, espérer, pour l'actionnaire.
17:16C'est-à-dire qu'on a accumulé en Europe déjà énormément de capital, mais beaucoup
17:19plus que partout ailleurs, parce qu'on est très prudent, on a des régulateurs qui sont
17:24très sérieux et qui veulent que les crises soient adressées avec le maximum de sécurité.
17:31Ce qui fait qu'aujourd'hui, il y a beaucoup trop de capital dans le secteur, ce qui donne
17:36les possibilités de faire du M&A, d'avoir des programmes de rachat d'actions, qui sont
17:41des multiples de ce qu'il y avait en 2006-2007.
17:45Bien sûr, on va continuer d'en parler, mais Frédéric, c'est un secteur que vous aimez
17:51bien.
17:52Autre comparaison que j'ai vue, depuis janvier 2022 à aujourd'hui, donc ça fait trois ans
17:58révolus, si on prend le secteur bancaire européen, comparé à la performance des
18:02Max Seven, c'est pas rien aux États-Unis, c'est le secteur bancaire européen qui fait
18:07mieux.
18:08C'est-à-dire qu'il y a plus d'Unicredit, je le répète toujours, mais mieux que Nvidia
18:11sur la période.
18:12Et ce qu'il est forcé de constater, d'ailleurs, c'est les pays qui sont en bonne santé en
18:14termes de croissance, c'est les banques de ces pays qui marchaient le mieux finalement,
18:17Italie et Espagne.
18:18En plus, il y a la pontification de la courbe d'auto aussi, qui aura une incidence aussi
18:22qu'on est en train de vivre, dans le métier de la transformation monétaire des banques.
18:27Et on fait ça dans un contexte où finalement, dans l'Union européenne, on n'a toujours
18:32pas fait ce qu'on souhaitait faire, c'est-à-dire qu'il manque un pilier, et on en parlera
18:36tout à l'heure avec l'histoire de Commerzbank, mais il faut bien comprendre qu'on a mis
18:40effectivement tout ce qui est nécessaire finalement à la surveillance, à la protection.
18:46Mais aujourd'hui, par exemple, dans ce qui manque encore, c'est la garantie des dépôts,
18:52par exemple, sur des opérations transfrontalières, qui est responsable, qui va payer en cas de
18:56défaut ? Donc, il nous manque malgré tout un des piliers qui pourrait accélérer encore
19:01le secteur, notamment dans ces grands mouvements de fusion-acquisition.
19:04Donc, on marche finalement sans cette histoire-là qui pourrait venir.
19:07Donc, il y a d'autres catalyseurs potentiels encore pour nous ? On n'a pas épuisé toutes
19:10les réserves de catalyste potentiel ?
19:12Là, on parle de l'opération la plus importante depuis 15 ans dans le secteur bancaire.
19:16On a vu énormément d'opérations locales, mais rien finalement en transfrontalier.
19:21Donc, si on part dans ce système-là, avec, je répète, une croissance en Europe et derrière
19:27une quantification de la courbe de taux qui redonne en plus de l'aisance sur les banques,
19:31oui, il y a encore vraiment du potentiel.
19:32Les taux de distribution, les banques aujourd'hui, ce n'est pas rare de trouver du 7-8% sur
19:37la plupart des banques européennes.
19:38Donc, vous avez vraiment aujourd'hui de quoi bien jouer le secteur et surtout bien jouer
19:43l'économie européenne.
19:44Bon, allons-y.
19:45David, sur Unicredit Commerce, le dossier est en cours, la BCE a autorisé Unicredit
19:50à monter jusqu'à 29,9% de Commerzbank.
19:53Quelle est la probabilité que l'opération finisse par aboutir un jour ?
19:59Alors, ça devient une opération quasi-politique parce qu'entre le moment où André Hortschel
20:05a mis son premier ticket dans Commerz et aujourd'hui, ça a beaucoup monté.
20:10Donc, ça soulève d'ailleurs quelques questions aussi les autres mouvements qu'il a faits,
20:20mouvement sur BAMI qui est la réunion des deux banques populaires milanaises.
20:26Voilà, on a du mal à suivre ça.
20:29Il est en MNS sur tous les fronts là.
20:31Il est en MNS, il prend des options.
20:32C'est son job.
20:33C'est un bon pour ça, quoi.
20:36Donc, ce qui va être intéressant, c'est de voir la position de M.Mertz.
20:41On sait que dans la campagne, la rumeur disait qu'il était assez hostile au rapprochement
20:45pour l'instant.
20:46Alors, pourquoi ? Je crois qu'on n'a pas encore bien compris.
20:50Il ne nous a pas dit dans la campagne qu'il allait sauter le dead break non plus.
20:55C'est ça.
20:56Finalement, il a l'air d'être assez pragmatique.
20:59Or, c'est vrai qu'on souffre en Europe d'avoir des banques de taille trop petite,
21:06qui sont sous-optimales.
21:09Alors, on l'a vu, et puis on a une régulation aussi qui est beaucoup plus austère
21:15que celle qu'on a outre-Atlantique.
21:18Mais ce qui fait qu'on a un problème de compétitivité.
21:21Et ce problème de compétitivité, il est lié pour part à notre philosophie réglementaire.
21:28C'est ce que vous disiez.
21:29Mais il est aussi lié à la taille des banques.
21:33Et ça, je crois qu'il faut qu'on passe au-delà de problématiques nationales.
21:38Parce qu'en réalité, c'est ce qu'on voit se jouer dans les discussions,
21:42en tout cas sur le cas comme Mertz Unicredit.
21:48Je pense que 2025 va être probablement un tournant, ou pas,
21:53mais un tournant potentiellement intéressant et très important.
21:56Je suis 100% d'accord avec vous.
21:58Mais vous dites là, sur le dossier Unicredit-Commerz,
22:00André Rochel, à la tête d'Unicredit, a d'autres options émenées en cours.
22:04Donc, il n'est plus uniquement sur Commerz.
22:06C'est vraiment le facteur politique en Allemagne qui fera basculer le dossier
22:10dans un sens ou dans l'autre.
22:12Ça restera soit une participation financière,
22:14soit ce sera un marche-pied pour une acquisition totale.
22:18Je pense parce qu'il a plusieurs chantiers.
22:19D'abord, il a un chantier local qui est que Unicredit est une banque
22:23qui est un peu trop corporette, notamment par rapport à Intesa.
22:26Donc, il faudrait qu'ils changent le profil bancaire Unicredit.
22:33Donc, les acquisitions comme BAMI, c'est une très bonne option.
22:37Monté-Pasqui, c'était aussi une bonne option.
22:40Je pense qu'il a peut-être un peu raté la phase intéressante.
22:44Et en même temps, les ambitions européennes, créer une banque européenne.
22:49Et ce qui est aussi intéressant, c'est qu'Unicredit,
22:52aujourd'hui, c'est probablement la banque la plus européenne
22:54parce qu'on pense que c'est une banque italienne.
22:55Oui, c'est la plus allemande des banques italiennes.
22:57Mais bien sûr.
22:58Il peut offrir un banque.
22:59C'est une part signe.
23:00Connaissent l'Allemagne par cœur.
23:01C'est bien organisé.
23:03Et donc, voilà.
23:04On verra si on a un étage européen bancaire qui se construit
23:09à travers une opération aussi symbolique et plus que symbolique
23:13entre Unicredit et les commerçants.
23:15Oui, la dernière grosse opération, c'était quoi ?
23:16BNP Fortis, c'est ça ?
23:17Oui, c'est ça.
23:18Au lendemain de la crise financière.
23:19Ce n'est pas la meilleure opération du siècle.
23:21Non, non, non.
23:22Mais bon, voilà.
23:23Quinze ans après, on pourrait avoir un nouvel étage de la fusée bancaire en Europe.
23:28Venons-en à la Banque Centrale Européenne.
23:30Florent, je reviens évidemment au virage stratégique de l'Allemagne.
23:36Qu'est-ce que ça change pour la Banque Centrale Européenne ?
23:38La dernière communication de Christine Lagarde.
23:41Pour le coup, j'allais dire, elle était vraiment en eau trouble.
23:44Elle nous parle d'eau chaude qui rencontre des eaux froides.
23:47On est un peu à la confluence de force positive et négative.
23:51Et c'est vrai que la boussole de la BCE semble un peu déréglée.
23:56Oui, c'était le communiqué et même la conférence de presse.
23:59C'était le grand flou, très clairement.
24:01Elle est bien embêtée en réalité, la Banque Centrale Européenne.
24:04Parce que s'il y a plus de croissance et plus d'inflation,
24:07qu'est-ce qu'elle doit faire ?
24:09Et que parallèlement, les taux d'intérêt remontent,
24:12alors qu'elle est en train de les baisser.
24:14Qu'est-ce qu'elle peut bien faire ?
24:15Donc, elle a plusieurs choix qui s'offrent à elle.
24:17Le premier, c'est accompagner ce regain d'autonomie stratégique
24:22en se disant, je vais accompagner en baissant les taux,
24:27je peux relancer le QI, etc.
24:29En termes de crédibilité, ça paraît quand même...
24:31Je finance, quoi.
24:32Je finance.
24:33Presque, je m'avoue vaincu.
24:35Je capitule.
24:36Et tout ça, ça nous ramène à un autre débat.
24:38C'est le débat de la dominance budgétaire
24:40contre la dominance monétaire.
24:42Qui gagne dans ce combat ?
24:45Est-ce que ce sont les États qui imposent leur loi ?
24:47Je le dis un peu schématiquement, mais c'est un peu l'idée.
24:50Imposent leur loi à la politique monétaire,
24:52coup l'inverse, ou personne ne gagne ?
24:55Donc, dans le premier cas, ce seraient les États qui gagnent,
24:58d'une certaine manière, puisque la Banque Centrale Européenne
25:00accompagnerait ce regain d'autonomie stratégique.
25:03Moi, j'y crois moyennement.
25:04Parce qu'au sein du Conseil des gouvernants de la BCE,
25:07on a quand même des personnes qui sont,
25:09ils nous l'ont montré, très pros.
25:12On doit maîtriser avant toute chose l'inflation.
25:15Ça, c'était le prérequis de base.
25:17Après, il peut y avoir une autre forme, l'inverse en réalité.
25:22Elle affronte les conséquences.
25:23Dominance monétaire, oui, c'est ça.
25:25En affrontant les conséquences,
25:27c'est-à-dire qu'elle répond coup par coup,
25:30coup pour coup presque,
25:31à la hausse de l'inflation et à la hausse de la croissance.
25:33On se retrouve à monter les taux.
25:34On se retrouve potentiellement à monter les taux.
25:36Mais cela dit, je reviens à ce que je disais tout à l'heure,
25:39s'il y a plus de gains de productivité,
25:41ça veut vouloir dire que cette croissance-là
25:44peut être non-inflationniste.
25:45Ou que même, soyons rêveurs encore une fois,
25:49on entre dans une phase où la zone euro
25:52est en moyenne une inflation autour de 2%,
25:55et que tout se passe bien dans le meilleur des mondes
25:57avec une croissance de la productivité, etc.
25:59Puis il y a un troisième choix, c'est l'entre-deux.
26:02C'est un peu ce qu'a commencé à faire Christine Lagarde
26:05en disant qu'on ne sait pas vraiment ce qui va se passer.
26:08Pour le moment, on baisse nos taux d'intérêt
26:10parce que c'est ce que nous disent les données.
26:12Elle est dépendante aux données.
26:13De ce point de vue-là, je me laisse faire.
26:16Nous, on anticipe qu'elle va encore les baisser en avril
26:18parce que les forces des inflationnistes à court terme
26:20sont quand même assez puissantes.
26:21La baisse des prix de l'énergie,
26:23la baisse des salaires qui est en train de se translater
26:25dans l'inflation des services qui a commencé à baisser.
26:27C'est-à-dire qu'à court terme,
26:28les forces des inflationnistes sont plus fortes,
26:30mais qu'à moyen et long terme,
26:31on va vers plutôt une stabilisation
26:33et qu'à mon sens, elle va les laisser comme cela.
26:37La tentation que le taux terminale,
26:39que le taux d'arrivée puisse être un peu plus élevé
26:41que ce qu'on pouvait encore imaginer
26:43avant l'arrivée de Merckx notamment dans le jeu.
26:46En tout cas, nous, c'est notre point de vue.
26:48Je sais qu'il y a tous les avis qui sont dans la nature.
26:51Ça, c'est clair.
26:52Pour le coup, le taux BCE,
26:55c'est un taux qui est important
26:56quand on price les banques, évidemment.
26:59Tous les analystes avaient un taux terminale 1,75.
27:07En tout cas, beaucoup d'entre eux
27:09en anticipant une baisse des taux.
27:11Et c'est vrai que la question,
27:12c'est pose en avril ou pose après ?
27:14Mais c'est à peu près sûr que c'est pose,
27:16d'autant que le staff de la BCE
27:17n'a pas eu le temps de mettre à jour
27:18de toute façon ces données, ces gens.
27:23C'est vrai que la question de la pose...
27:26C'est Donald.
27:27Deux avril, la promesse de tarifs réciproques,
27:30les vrais tarifs arrivent.
27:32Ce ne sont plus les tarifs fontaniels
27:34pour le Canada et le Mexique,
27:35c'est pour l'Europe notamment.
27:38Comment est-ce que la BCE évaluerait
27:42les conséquences d'une salve de tarifs
27:44telle que Donald Trump nous le promet aujourd'hui ?
27:47C'est inflationniste ou c'est récessif ?
27:50C'est une bonne question.
27:53C'est prévu que ça entre en application le 2 avril,
27:57mais on n'y est pas encore.
27:59Et on voit que Donald Trump change d'avis
28:01tous les quatre matins,
28:03pour utiliser une expression un peu...
28:05Scott Bessin, tout à l'heure,
28:07nous a préparé à l'idée que peut-être,
28:09donc son secrétaire au Trésor,
28:10nous a préparé à l'idée que peut-être
28:12ce serait un peu moins fort que ce qu'on anticipait.
28:14J'ai quand même tendance à penser
28:16qu'il ne va pas aller jusqu'au bout du bout
28:18et qu'il va y avoir encore une phase de négociation,
28:21peut-être de pause, peut-être de...
28:23Il veut obtenir l'accord, le deal,
28:25et ensuite il va passer à autre chose.
28:27En tout cas, c'est mon interprétation des choses.
28:30Après, pour l'Europe,
28:32si elle décide de répondre à ces hausses de droits de douane,
28:36ce qui semble être le cas...
28:38C'est ce qui est en préparation.
28:40Ça veut dire que l'inflation augmente
28:42d'un coup d'un seul,
28:44sur un certain nombre de produits,
28:46que théoriquement les banques centrales
28:48ne doivent pas répondre au choc d'offres,
28:50si on se souvient de la fameuse inflation transitoire.
28:54Je pense que là, elles vont être beaucoup plus sensibles
28:57à leur perte potentielle de crédibilité.
28:59C'est difficile.
29:01On verra. Il y a une réunion en avril
29:03qui semble peut-être déjà écrite,
29:05et puis les suivantes qui seront encore à écrire
29:07avec la nouvelle donne tarifaire du mois d'avril.
29:10Parlons justement de Donald Trump
29:12et du marché américain.
29:14Le S&P 500 a baissé de 10% en 16 séances
29:16entre le 19 février et le 13 mars.
29:18C'est une des corrections les plus rapides de l'histoire.
29:20Correction selon le consensus de marché,
29:22c'est moins 10%.
29:24Qu'est-ce qu'on a réintégré avec ce moins 10% ?
29:26Est-ce que c'est suffisant
29:28pour redevenir confortable
29:30avec l'investissement en actions aux Etats-Unis,
29:32qui reste évidemment un choix incontournable
29:34pour un géant ?
29:36Sur un mois, c'est 7,5%,
29:38mais 7,5%, c'est deux secteurs.
29:40C'est assez impressionnant,
29:42parce que sur la hausse, c'était une hyperconcentration
29:44de la performance.
29:46La baisse se fait sur le secteur des 7.
29:48Avec, bien sûr,
29:50tout ce qu'on appelle
29:52technologie de l'information,
29:54qui doit être à moins 15,
29:56il y a la consommation discrétionnaire,
29:58mais le reste est plutôt stable.
30:00C'est assez marquant.
30:02C'est concentré dans la hausse,
30:04c'est concentré dans la baisse.
30:06Les flux sont assez marquants là-dessus.
30:08Je suis assez étonné.
30:10Je regarde mes portefeuilles américains,
30:12ils ne baissent pas.
30:14Ils baissent légèrement,
30:16mais ça montre aussi qu'il y a une forme de résilience.
30:18Il y a des très belles sociétés.
30:20Prenez Warren Buffett, qui a 350 milliards de cash.
30:22L'action se comporte très bien.
30:24Il y a beaucoup d'entreprises
30:26qui sont assez résilientes,
30:28mais la baisse, elle est concentrée.
30:30Ça nous marque.
30:32Là, je crois qu'on est à 2 000 milliards de baisse,
30:34de perte de capitalisation
30:36par rapport aux 2 000 milliards.
30:38C'est astronomique.
30:40C'est un bible.
30:42Merci.
30:44C'est très impressionnant.
30:46Ça a été très vite.
30:48Alors qu'au moment où on se parle,
30:50lorsqu'on regarde un peu la croissance
30:52des bénéfices, ces entreprises,
30:54sur l'année, on va être à peu près à une moyenne de 16%
30:56de croissance des bénéfices.
30:58Est solide ce chiffre ou pas encore aujourd'hui ?
31:00Parce que ça fait des années,
31:02dans cette phase d'exceptionnalisme américain
31:04où la croissance, la productivité américaine
31:06ont masqué tout le reste.
31:08Il y a eu aussi
31:10une révision permanente
31:12à la hausse des anticipations
31:14de bénéfices, justifiées jusqu'à présent.
31:16Est-ce que là, on n'est pas à un point d'inflexion ?
31:18Sur les technologiques, pour l'instant,
31:20on n'est pas remis en cause.
31:22C'est vrai qu'on anticipe énormément de choses
31:24depuis le 20 janvier.
31:26Depuis DeepSeek, grosso modo, on met beaucoup de choses en cause.
31:28Le 20 janvier, pour vous, c'est DeepSeek ?
31:30Oui.
31:32C'était tout à fait le 20 janvier.
31:34Pour moi, c'est l'investiture de Trump.
31:36Mais ça restera l'investiture de Trump et DeepSeek.
31:38Depuis 15 ans, on va arrêter DeepSeek.
31:40C'était un peu avant, mais 15-20 janvier,
31:42Stargate, DeepSeek,
31:44le monde est en train de changer.
31:46Vous avez ce truc hallucinant,
31:48c'est la convergence des performances.
31:50Il y a un indice qui s'appelle le 493
31:52et le Magnificent Seven.
31:54Vous voyez les courbes qui repartent.
31:56Ça va très vite.
31:58Au moment où on se parle,
32:00la croissance bénéficiaire pour ces entreprises
32:02est à 16 %.
32:04Le reste est largement plus bas.
32:06Mais c'est vrai que
32:08l'incertitude sur les taux d'intérêt,
32:10les taux longs américains
32:12qui ont tendance à bouger
32:14dans tous les sens,
32:16fait qu'on a des multiples qui sont en train de baisser
32:18fortement, alors que la croissance
32:20bénéficiaire n'a pas été revue au moment où on se parle
32:22à la baisse.
32:24Ça paraît moins cher.
32:26Ça ne veut pas dire que ça ne va pas baisser
32:28parce qu'on est encore dans cette phase de rebalancing.
32:30Ça peut aller encore plus bas.
32:32Maintenant, je pense qu'on va aller
32:34dans le même excès à la baisse
32:36qu'on a été dans l'excès à la hausse.
32:38Il va falloir trouver ce point d'équilibre.
32:40C'est très dur.
32:42L'excès à la hausse,
32:44on le saura plus tard,
32:46mais il a peut-être été important.
32:48La question, c'est de ne pas anticiper
32:50le point bas.
32:52Après, quitte à regretter de ne pas l'avoir joué,
32:54il y aura forcément derrière
32:56encore une phase corrective.
32:58Mais on ne pourra pas aller au-delà tant qu'on n'a pas revu
33:00ces croissances bénéficiaires à la baisse.
33:02Dans le cas.
33:04Dans les Trumponomics
33:06ou le séquençage du programme
33:08et de la stratégie de Trump,
33:10il y a tout un pan autour de la dérégulation,
33:12de la dérégulation bancaire.
33:14On se souvient que Trump 1.0
33:16avait d'ailleurs mis en place la dérégulation bancaire,
33:18les baisses d'impôts également,
33:20avant de s'attaquer au front commercial
33:22et la guerre commerciale
33:24qui est arrivée en deuxième partie de son premier mandat.
33:26Là, on a l'impression, à ce stade,
33:28d'être un peu à front renversé.
33:30Il y a des tarifs pour commencer
33:32et puis viendront ensuite, peut-être,
33:34la partie dérégulation, baisses d'impôts, etc.
33:36Sur la dérégulation,
33:38Donald Trump vient de choisir Michelle Bauman
33:40qui est membre de la réserve fédérale américaine
33:42aujourd'hui pour succéder à Michael Barr
33:44qui était lui aussi membre de la Fed
33:46en charge de la supervision bancaire.
33:48Qu'est-ce qu'il y a derrière cette nomination
33:50et qu'est-ce qu'on comprend
33:52de l'ambition de Trump pour le secteur bancaire américain ?
33:54Alors,
33:56quand on regarde
33:58le Basel endgame
34:00de Barr,
34:02grosso modo, et qu'on essaie de chiffrer
34:04les économies en termes
34:06de capital réglementaire,
34:08on est à peu près sur 80 milliards,
34:10ce qui est une paille à l'échelle du secteur bancaire américain.
34:12Ça, c'est les exigences réglementaires
34:14issues de Ball, c'est ça ?
34:16Que Michael Barr voulait appliquer,
34:18la manière dont Michael Barr voulait faire les choses.
34:20Exactement.
34:22L'ambition, c'est
34:24table rase.
34:26C'est tout à fait...
34:28Mais ça ne s'arrête pas
34:30au capital réglementaire,
34:32ça va vraiment au-delà.
34:34C'est
34:36la législation
34:38sur le money laundering.
34:40C'est vraiment
34:42toute contrainte dans sa philosophie
34:44et une contrainte, une barrière à la croissance.
34:46Donc, en fait,
34:48on retire tout.
34:50Ce qui est intéressant, c'est de voir
34:52la réaction des banques américaines.
34:54Les banques américaines ont
34:56énormément progressé de septembre
34:58à décembre, et depuis,
35:00elles sous-performent, mais
35:02elles sont négatives.
35:04L'indice bancaire américain est négatif,
35:06alors qu'on a...
35:08C'est quelque chose
35:10qui est tout à fait étonnant,
35:12comme si le sentiment
35:14qu'on a, nous,
35:16en tant que spécialistes, c'est que
35:18ça déroute les investisseurs, parce que
35:20le secteur bancaire est un secteur qui a besoin
35:22d'être régulé, qui est aussi un outil
35:24politique. Si vous voulez
35:26financer plus ou moins tel secteur,
35:28il suffit de tweaker les contraintes de capital
35:30réglementaires pour diriger les canons
35:32vers tel ou tel secteur.
35:34Après, quand on regarde
35:36la réaction européenne,
35:38c'est aussi ce qui est intéressant.
35:40On voit aujourd'hui deux choses.
35:42Chez nos régulateurs, il y a toujours beaucoup de prudence,
35:44et
35:46la réaction des différents
35:48membres,
35:50soit
35:52du MSU,
35:54c'est plutôt
35:56que
35:58la dérégulation
36:00ce n'est pas forcément
36:02une solution magique et qu'il faut s'en méfier.
36:04– D'accord.
36:06– Mais après, quand on regarde la position des politiques,
36:08et là,
36:10c'est intéressant parce qu'on voit,
36:12je trouve qu'à plein d'égards en Europe,
36:14on a un vrai changement de cycle sur plein de choses.
36:16C'est assez incroyable.
36:18Au plan réglementaire,
36:20le Trésor italien, français et allemand
36:22ont adressé un courrier
36:24à la Commission européenne en septembre,
36:26qui est un courrier
36:28qui met en avant la compétitivité européenne,
36:30la compétitivité du secteur bancaire,
36:32ça devient en fait
36:34la clé, l'enjeu politique.
36:36Avec un agenda
36:38pour le prochain
36:40règlement européen
36:42sur le capital
36:44qui théoriquement doit être adopté en 2028,
36:46et avec six thèmes
36:48de dérégulation.
36:50– N'en faites pas trop quoi.
36:52– Plus qu'on n'en fait pas trop,
36:54il y a un truc qui est extraordinaire
36:56où le courrier
36:58dit qu'il faut absolument arrêter,
37:00tout nouveau projet sur la lutte
37:02anti-blanchiment,
37:04l'idée c'est quand même de stopper,
37:06on a été très très loin en Europe, c'est vrai,
37:08donc on met un coup d'arrêt
37:10à tout ça, et on a six thèmes
37:12importants, par exemple la titrisation,
37:14c'est très peu développé en Europe,
37:16donc on a ce…
37:18– Donc là aussi,
37:20il y a peut-être un souffle un peu différent
37:22sur l'aspect réglementaire,
37:24alors les Etats-Unis seront les Etats-Unis
37:26et peuvent déréglementer à marche forcée,
37:28on verra ce que ça donne, ça a pu donner
37:30SVB à un certain moment,
37:32ça a été géré, mais…
37:34– Et puis il faut voir si ça va au bout,
37:36ce qu'on disait tout à l'heure, pour l'instant
37:38– Oui, oui, oui, elle est nommée,
37:40elle n'est pas encore validée…
37:42– Mais ça renforce l'idée
37:44qu'on est en train de prendre
37:46un virage en Europe
37:48qui est complètement hallucinant,
37:50parce que c'est un virage sur les taux,
37:52un virage de cycle économique,
37:54c'est-à-dire qu'on en rentre,
37:56on parlait des tensions sur l'inflation
37:58aujourd'hui, elles restent quand même assez élevées,
38:00et le plan de Mertz va rajouter
38:02des temps floues inflationnistes
38:04alors que déjà l'ABCE a du mal,
38:06enfin…
38:08ça veut dire qu'on est en train
38:10de changer le cycle
38:12et peut-être d'entrer dans un cycle
38:14de régimes qui est beaucoup plus proche
38:16de ceux qu'on avait dans les années 70-80
38:18et c'est complètement fou en fait.
38:20– L'exceptionalisme européen est-il en nous ?
38:22Deux minutes pour conclure en Florence
38:24sur la fête quand même, parce que c'est
38:26un peu le sujet de cette semaine.
38:28Depuis janvier, même oui,
38:30depuis l'élection de Trump,
38:32Jérôme Poel est sur la retenue
38:34d'une position d'observateur.
38:36On ne spécule pas, on n'anticipe pas
38:38et même si des décisions sont prises
38:40de conduite de la politique économique
38:42américaine, nous attendrons de voir
38:44les résultats que donneront ces décisions.
38:46Est-ce qu'il est temps de changer un peu
38:48de discours cette semaine ?
38:50– Je ne pense pas, parce que pour le moment
38:52Donald Trump l'a un peu laissé tranquille
38:54donc il ne vaut mieux pas qu'il dise quoi que ce soit là-dessus.
38:56En revanche, il y a des documents qui vont être publiés
38:58lors de cette réunion qui compilent
39:00les avis des autres membres de la Fed
39:02et là ça va être très intéressant.
39:04Notamment dans le document de projection économique
39:06à la fin, ou vers la fin en tout cas,
39:08il y a une rubrique où ils indiquent
39:10le niveau d'incertitude qu'ils ont
39:12quant à leur prévision d'inflation
39:14et de croissance.
39:16Et j'imagine bien que ces niveaux
39:18d'incertitude vont augmenter.
39:20Et donc ça va rajouter un peu
39:22dans l'idée qu'effectivement
39:24la Fed est très incertaine sur les décisions
39:26à prendre, mais
39:28il va s'en dire qu'il va
39:30a priori même, très vraisemblablement
39:32ne pas baisser ses taux lors de cette réunion.
39:34Je ne suis pas sûr
39:36qu'il va non plus aller dans le sens
39:38de dire que les marchés ont baissé
39:40c'est dangereux. Non, je pense qu'il ne va même
39:42presque pas l'évoquer. D'ailleurs on l'a dit
39:44c'est une sorte de pichenet d'une certaine manière
39:46Correction c'est sain, c'est sain
39:48nous dit Scott Bessin et il a totalement raison
39:5010% de correction ça peut être sain
39:52et ça arrive, c'est la vie normale des marchés.
39:54Je pense que l'instabilité financière
39:56ce n'est pas un débat non plus.
39:58Il reste l'inflation et donc comme
40:00il y a de l'incertitude sur l'inflation, il y a
40:02peu de raison de baisser les taux. En revanche là où il y a
40:04à mon sens un petit sujet d'inquiétude
40:06c'est sur le marché de l'emploi.
40:08Sur le marché de l'emploi ce que l'on voit
40:10c'est que l'on est dans une phase
40:12où il y a des fragilités
40:14qui sont encore là, qui sont encore
40:16perceptibles parce que quand on regarde
40:18un indicateur très simple de fluidité sur le marché du travail
40:20quelqu'un qui a entre 25 et
40:2254 ans se retrouve au chômage aujourd'hui
40:24il a de moins en moins la probabilité
40:26qu'il retrouve un emploi le mois d'après
40:28est en train de diminuer.
40:30Donc il commence à y avoir un petit problème
40:32de fluidité sur le marché du travail. Il ne faudrait pas trop
40:34que ça dure et que l'incertitude s'installe.
40:36Bon, on suivra la communication de Jérôme Poel
40:38demain soir. Merci beaucoup messieurs. Merci d'avoir été
40:40les invités de Plane Parcher ce soir.
40:42Florent Vabon, économiste chez ECOFI.
40:44David Benhamou, directeur des investissements d'Axiom Alternative
40:46Investments et Frédéric Rosier
40:48co-responsable de la gestion de portefeuille chez Mirabeau.

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