Mercredi 19 mars 2025, retrouvez Benoit Vesco (Président, Delubac Asset Management), Marc-Olivier Strauss-Kahn (Directeur général honoraire de la Banque de France, Enseignant), Isabelle Enos (Responsable Stratégie Marchés, BNP Paribas Banque Privée) et Sébastien Malafosse (Gérant Healthcare, Edmond de Rothschild AM) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés.
00:13Chaque jour, vous nous retrouvez à 20h30 si vous nous suivez à la télévision via
00:16vos box et vous nous retrouvez également tous les jours en replay sur bsmart.fr ou
00:21encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:24A la une de l'actualité ce soir, la séquence Banque Centrale qui redémarre avec une série
00:29de décisions et de communications de Banque Centrale attendue dans les prochaines heures
00:33et les prochains jours.
00:34La Banque du Japon a maintenu un statu quo à l'occasion de sa réunion la nuit dernière,
00:40le statu quo attendu également du côté de la réserve fédérale américaine avec cette
00:44grande question, qu'est-ce qui fera à un moment bouger la réserve fédérale américaine
00:49qui reste pour l'instant dans une position d'observatrice par rapport aux décisions
00:53de politiques économiques notamment qui sont prises par l'administration Trump depuis
00:57son installation à la Maison Blanche le 20 janvier dernier.
01:01La prochaine décision importante semble-t-il aura lieu début avril avec une nouvelle vague
01:06de tarifs, dites de tarifs réciproques qui doivent être annoncés par l'administration
01:11Trump.
01:12Autant vous dire qu'à ce stade les contours de ces tarifs réciproques restent encore
01:17extrêmement flous et donc la fête justifie à ce stade encore sa position d'observatrice
01:23et puis nous aurons demain des décisions du côté de la Banque d'Angleterre et de
01:26la Banque Nationale Suisse également.
01:28Dans ce contexte, l'Europe boursière confirme son retour avec une séance positive encore
01:34pour la plupart des indices actions en Europe, même si on notera une petite faiblesse du
01:38DAX aujourd'hui qui a été un des grands leaders quand même de ce run sur les actions
01:43européennes, grand leader des dernières semaines et des derniers mois, on prend peut-être
01:47un peu de profit désormais sur la thématique allemande après le vote du Bundestag hier
01:52mais pour le reste les indices européens continuent de progresser avec un CAC 40 qui
01:56se rapproche à nouveau des 8200 points.
01:59L'Europe de retour, nous en parlerons largement avec nos invités de Planète Marché dans
02:03un instant et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse nous ferons place à l'éducation
02:08financière, nous sommes en pleine semaine de l'éducation financière et dans le dernier
02:12quart d'heure de Smart Bourse ce soir nous accueillerons le directeur général honoraire
02:15de la Banque de France, Marc-Olivier Stroskan.
02:27Mais d'abord, tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, nous retrouvons
02:31Pauline Grattel qui vous apporte les infos clés du jour sur les marchés.
02:34Bonsoir Pauline.
02:35Bonsoir.
02:36Bon, une tendance somme toute positive pour les marchés boursiers, notamment en Europe.
02:40Oui, en Europe les indices évoluent en ordre dispersé, le DAX allemand consolide aujourd'hui
02:46après la séance d'hier rythmée par le vote au Bundestag du plan de réarmement de l'Allemagne.
02:51En France, le CAC 40 est en territoire positif pour la quatrième séance de suite et se
02:56rapproche de ses records, proche des 8200 points.
02:59Aux Etats-Unis, les indices ouvrent en hausse après une séance de repli hier.
03:02Globalement, la tech américaine reste sous pression depuis ces dernières semaines mais
03:06aujourd'hui le Nasdaq regagne environ 1% à l'ouverture.
03:10Les investisseurs restent par ailleurs attentifs à la situation géopolitique après l'appel
03:15téléphonique hier entre Vladimir Poutine et Donald Trump.
03:18Oui, un appel durant lequel Vladimir Poutine a pu dérouler ses conditions.
03:22L'appel s'est conclu par un accord sur une trêve de 30 jours limitée qui concerne
03:26les infrastructures énergétiques uniquement et pas donc les infrastructures civiles.
03:31Dans ce contexte, Volodymyr Zelensky annonce qu'il va parler avec Donald Trump pour en
03:35savoir plus sur le contenu de l'échange téléphonique entre les Etats-Unis et la
03:39Russie.
03:40Semaine marquée également par des décisions de banques centrales, la décision qui a été
03:43rendue d'ores et déjà c'est celle de la Banque du Japon.
03:45Oui, avant de prendre connaissance des décisions de la Banque Nationale Suisse et de la Banque
03:49de l'Ouest et de l'Angleterre.
03:50Demain, c'est la Banque du Japon qui a rendu sa décision monétaire et qui maintient
03:53inchangé ses taux directeurs à 0,50%.
03:56Et puis côté Macron, les investisseurs ont pris connaissance de la seconde estimation
03:59pour l'inflation en zone euro au mois de février.
04:02Oui, l'inflation de l'ensemble de la zone euro a été révisée en légère baisse après
04:06la première estimation en hausse de 2,3% sur un an et à plus 0,4% sur un mois.
04:13L'inflation cœur hors alimentation et énergie est revue à la baisse sur un mois à plus
04:17de 0,5% et a été confirmée en hausse de 2,6% sur un an.
04:21Que dire de la situation des marchés obligataires aujourd'hui Pauline ?
04:24En Europe, le rendement allemand à 10 ans évolue autour de 2,80% aujourd'hui.
04:28En France, le rendement à 10 ans s'établit à 3,45%.
04:31Aux Etats-Unis, le rendement à 10 ans est parfaitement stable, toujours autour de 4,30%.
04:37Enfin sur le marché des changes, l'euro dollar se détend un peu sous 1,09 après avoir touché
04:42hier 1,0950.
04:43Et puis dans l'actualité des entreprises, Nvidia a présenté hier de nouvelles puces.
04:48Oui, il s'agit du modèle GPU Blackwell Ultra, une version améliorée de la puce Blackwell.
04:53Ces nouvelles puces seront disponibles un peu plus tard dans l'année.
04:56Cela a été annoncé à l'occasion de la conférence annuelle pour les développeurs.
04:59Le titre ouvre en hausse de 2% aujourd'hui après avoir cédé 3% hier.
05:04Enfin, quel sera le programme de demain sur les marchés Pauline ?
05:06Demain, les investisseurs prennent connaissance de la décision de la Banque d'Angleterre
05:10qui devrait laisser ses taux d'intérêt inchangés à 4,50%.
05:13On attend aussi la BNS demain, toujours du côté des banques centrales, Christine Lagarde
05:18s'exprimera demain.
05:19Enfin, du côté des résultats, on attend ceux de Micron, FedEx et Nike.
05:24Tendance mon ami.
05:25Chaque soir en ouverture de Smartbourse, Pauline Grattel vous apporte les infos clés du jour
05:28sur les marchés.
05:29Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
05:42Isabelle Hénos est avec nous, responsable de la stratégie de marché de BNP Paribas
05:46Banque Privée.
05:47Bonsoir Isabelle.
05:48Ravie de vous retrouver autour de ce plateau avec à nos côtés également Benoît Vesco,
05:53le président de Delubac Asset Management.
05:54Bonsoir Benoît.
05:55Bonsoir Grégoire.
05:56Merci d'être là et ravi d'accueillir également Sébastien Malafosse.
05:59Vous êtes gérant Health Care chez Edmond Rothschild Asset Management.
06:03Parlons de l'Europe Isabelle et de cet engouement peut-être historique pour les actions européennes.
06:11On se connaît depuis quelques temps et c'est vrai que c'est rare de vivre des moments
06:15aussi forts comme ça sur l'Europe.
06:17Alors il y a l'aspect politique bien sûr et puis il y a ce qui se passe sur les marchés
06:21boursiers.
06:22Bank of America mène une grande enquête mensuelle auprès des gérants d'actifs dans le monde.
06:27L'enquête du mois de mars est sans appel.
06:30L'engouement pour les actions européennes se traduit par une hausse du positionnement
06:34de quasiment 30 points.
06:35Quand en face de ça, le désamour pour les actions américaines se traduit par une baisse
06:41de l'exposition aux actions américaines de l'ordre de 40 points.
06:45Jamais on n'a vu ça dans l'histoire de ce sondage et de cette enquête menée par Bank
06:49of America.
06:50Oui c'est sans doute ça un petit peu l'exception parce que l'engouement européen dans un engouement
06:54global on l'avait pu le voir mais effectivement une telle disparité entre les Etats-Unis
06:58et l'Europe c'est un peu plus rare.
06:59Mais c'est surtout assez exceptionnel quand on regarde ces mêmes opinions sur la fin
07:05d'année 2024.
07:06On était plutôt sur une sous-pondération massive de l'Europe en faveur d'une surexposition.
07:10Donc le virage a été assez brusque.
07:12Il n'est pas uniquement lié aux dernières semaines.
07:15Il a vraiment commencé en début d'année en fait.
07:17Sans doute qu'il y avait quand même un besoin de rééquilibrage des portefeuilles dans une
07:22optique de gestion du risque.
07:23Je pense que ça a été un peu l'émergence et puis après l'ensemble des événements
07:26qu'on a vus sur les dernières semaines a vraiment milité en faveur d'un redémarrage
07:30pour des raisons de valorisation c'est certain.
07:32Mais forcément à partir du moment où on commence à parler investissement et montant
07:35de capitaux à déployer, forcément le marché aime, les investisseurs aiment ça.
07:40Mais vous dites le point de départ de cette rotation c'est quand même le besoin pour
07:44les investisseurs de sortir du marché américain ou en tout cas de se désensibiliser d'un
07:50marché américain ultra concentré autour d'une poignée de valeurs, un phénomène
07:54qu'on a beaucoup décrit.
07:55D'ailleurs ça marchait dans la hausse, ça marche aussi dans la baisse.
07:58Ce sont quelques valeurs qui baissent fortement, qui font baisser le marché américain.
08:01Mais c'est cette situation là qui a déclenché pour vous cette rotation.
08:05Il y a eu vraiment cette notion de gestion du risque en tout début d'année mais c'était
08:09dans un mouvement un peu global.
08:11Donc quelque part ça s'est moins vu sur le marché.
08:13Là on a plutôt, alors avec le stress des 15 derniers jours, il y a eu des sorties massives
08:17aussi sur les marchés actions en faveur des marchés obligataires.
08:19Mais dans cette sortie massive sur les 15 derniers jours, c'est une sortie très flagrante
08:23sur les marchés américains avec un positionnement positif sur l'Europe.
08:26C'est là où il y a quelque chose de beaucoup plus marqué.
08:28Mais globalement on a vu quand même un début de repondération depuis le début de l'année
08:33mais c'était un petit peu plus indolore donc c'était un peu moins perceptible.
08:37Mais quand on regarde la performance et sans doute que même le point de départ, il faudra
08:41regarder de manière précisément, mais quand on regarde l'évolution du DAX, le DAX a
08:46redémarré au moment où les élections, au mois de novembre, quand on a annoncé des
08:49élections anticipées.
08:50Le vrai redémarrage du DAX a été là, ça n'a pas été contagieux à l'ensemble de
08:55l'Europe mais ça a été le premier signal qui s'est confirmé alors qu'on était dans
08:58un pessimisme avec les élections américaines très fort au détriment de l'Europe et très
09:02favorable aux Etats-Unis.
09:03Donc il y a vraiment une gestion du risque qui s'est opérée et qui s'accélère avec
09:07les capitaux.
09:08Benoît, sur cette rotation éclair, alors je n'oublie pas d'où on vient, je ne sais
09:13combien de dizaines ou de centaines de milliards d'euros ou de dollars sont sortis des marchés
09:18actions européens ces dernières années, donc on a quelques pouillèmes entre guillemets
09:23ou quelques pourcents qui reviennent aujourd'hui.
09:25Mais c'est vrai qu'en quelques semaines, la variation de sentiments et de positionnement
09:29des investisseurs est assez spectaculaire.
09:32Oui, le retournement est très impressionnant parce qu'il y a vraiment un changement de
09:35paradigme je pense.
09:36Il y avait d'abord ce mouvement qu'on vient d'expliquer de besoin de rééquilibrer ses
09:41portefeuilles et qui est somme toute assez logique et sain puisqu'on savait que la performance
09:45des marchés américains, elle est portée par cette grande entreprise.
09:49On sait tous que ça amène des risques à un moment donné.
09:52Donc il y a eu ce mouvement qui était sain et puis ensuite ce plan allemand qui vient
09:56confirmer ce mouvement et rassurer les investisseurs et donner de nouvelles perspectives qui vraiment
10:02je pense nous font rentrer en Europe dans une nouvelle dimension.
10:06Et là, c'est vraiment ça qu'il faut regarder, on a un plan qui est fait par les Allemands
10:11qui sont ceux qui ont les moyens à la hauteur des enjeux.
10:15C'est un plan de long terme, donc c'est un plan d'investissement, ce n'est pas le
10:18feu de paille de soutien de la consommation qui donne un peu de souffle à la croissance
10:22temporairement et puis qui retombe ensuite aussi vite.
10:24C'est ciblé géographiquement puisqu'on est là dans un regain de souveraineté en
10:29Europe.
10:30Donc ça va se diffuser au sein des pays européens.
10:33L'Allemagne sera le premier bénéficiaire, il faut être clair, mais ça va se diffuser.
10:36On a la chance en France d'avoir quand même quelques grands champions en défense.
10:40Bon, je pense que forcément, on en bénéficiera, on n'a pas cette chance d'avoir les moyens
10:44budgétaires, mais on a au moins les entreprises.
10:46On a une base industrielle, voilà, encore, encore.
10:50Et donc ça, c'est vraiment un changement de paradigme qui est très intéressant puisque
10:54c'est de l'industrie, c'est aussi de la haute technologie potentiellement et c'est
10:59bien de l'investissement productif.
11:00Ça fait aussi le travail de la BCE.
11:03La BCE a toujours été là dans les moments critiques, mais elle était seule.
11:08Là, enfin, elle a la capacité d'avoir un soutien politique affiché qui va dans le
11:14bon sens.
11:15Ce n'est pas j'augmente ma dette pour faire de la dépense de fonctionnement, c'est j'augmente
11:20ma dette pour faire de l'investissement productif.
11:21Ça, elle ne peut que l'apprécier.
11:24Alors, c'est du moyen terme, ça ne va pas se délivrer dans les mois à venir.
11:28Donc, ça demande quand même de le valider, de vérifier que tout ça se met en place.
11:32Il y a encore un petit sujet politique en Allemagne qu'il faut bien finaliser, mais
11:36là, on a vraiment quelque chose qui change la donne et donc d'où ce mouvement qui s'affirme
11:41Europe versus US, qui est vraiment très positif et qu'on ne peut que confirmer et saluer.
11:46Et ça redonne quoi ? Une place stratégique pour des actifs européens dans des portefeuilles
11:51un peu globaux ou la part de l'Europe ? Alors, je ne vais pas dire que l'Europe était devenue
11:55ininvestissable.
11:56Ce n'était pas la Chine non plus, mais pas loin.
12:00Oui, là, on redonne du moteur et de l'essence sur différents secteurs.
12:08Alors, il y avait plusieurs secteurs qui étaient un peu favorisés, mais ça, on le savait déjà.
12:12Les bancaires particulièrement, c'était, je suis en dehors de la guerre des tarifs quand
12:17je suis une banque européenne, donc c'était un peu le havre de paix pour un investisseur
12:22européen.
12:23Pas de souci.
12:24Mais là, on diffuse à l'industrie la défense, l'industrie, l'automobile, peut-être les
12:30renouvelables.
12:31Donc, on voit que petit à petit, tout ça peut s'élargir à d'autres secteurs et se
12:35diffuser de manière beaucoup plus large.
12:37Donc, oui, on se redonne de nouvelles perspectives sur différents secteurs.
12:41Ce n'est pas juste je cherche le refuge, là, c'est je cherche le potentiel de croissance.
12:47Pas du tout la même logique.
12:48Les clients privés, ils accompagnent ce mouvement, Isabelle ?
12:52Oui, je pense qu'ils l'entendent.
12:55Alors, ils ont été très friands, forcément, de la tendance qu'on avait sur les grandes
12:58technologiques.
12:59Donc, accompagne la gestion du risque, ça s'entend toujours.
13:01Mais effectivement, je pense qu'aujourd'hui, on rééquilibre des portefeuilles.
13:06On a beaucoup parlé des Etats-Unis, mais on le disait, c'était vraiment une performance
13:11sur une poche d'action.
13:12Il y avait quand même aussi beaucoup de secteurs qui n'ont pas eu le même niveau de valorisation.
13:17Donc, c'est ce qui corrige sur les dernières semaines.
13:19Il ne faut pas pour autant oublier ces segments-là qui ont quand même une dynamique entière
13:24et où il y a aussi des fleurons.
13:27Mais effectivement, on retrouve une forme d'équilibre.
13:30On a une part d'Europe conséquente dans les portefeuilles avec une part d'Etats-Unis,
13:34pas sur les big tech, mais beaucoup plus diversifiée.
13:36Et puis, c'est vrai qu'on a été aveuglé par ces 7 magnifiques depuis 2-3 ans.
13:42Mais on a fait le point hier sur le secteur bancaire européen.
13:45Si on prend comme date de départ janvier 2022, c'est-à-dire plus de 3 ans en arrière,
13:50on a une surperformance du secteur des banques européennes,
13:54pas par rapport au marché américain dans son ensemble,
13:56mais par rapport aux stars du marché américain que sont les 7 magnifiques.
14:00Donc, il y a ce qui shine, ce qui brille, et puis ce qui brille peut-être un peu moins,
14:05mais qui délivre quand même plus de performances.
14:07Les planètes ont été beaucoup plus alignées que pendant les 10 ans qui ont précédé,
14:11notamment sur la partie européenne.
14:13On voit qu'on a quand même digéré une réglementation qui a été quand même assez importante
14:19et qui a apporté un secteur extrêmement sain et très bien capitalisé aujourd'hui.
14:24La réglementation a eu aussi des vertus parce que les banques sont extrêmement solides aujourd'hui en Europe.
14:29Donc, quand on traverse des périodes un peu plus troubles, il faut mettre en avant cette capitalisation.
14:34Et puis, avec l'inflation, ça a aussi ramené des taux d'intérêt qui ont ramené de la marge,
14:39donc qui ont profité d'un segment de banque beaucoup plus,
14:42alors celle qui était beaucoup plus adossée à du crédit court terme,
14:45donc les banques du nord de l'Europe ou du sud de l'Europe.
14:48Les banques des pays coeurs en ont moins profité,
14:50mais vont commencer à profiter de la pontification aujourd'hui.
14:53Et on a été dans un environnement qui, effectivement,
14:57a permis au secteur bancaire de retrouver ses lettres de noblesse dans le financement aussi.
15:02Donc, il y a tout un ensemble de choses qui a fait qu'on a accompagné le mouvement.
15:07Alors, je pense qu'effectivement, en plus, c'était plus protecteur sur la période un petit peu plus récente.
15:11Et le chemin, il n'est pas du tout fini.
15:13On était sur une sous-valorisation extrême.
15:16Aujourd'hui, on est toujours en sous-valorisation.
15:19À partir du moment où on est en train de se dire qu'on pèse les taux d'intérêt,
15:21que ça devrait être favorable à un redémarrage de l'Europe aux indices manufacturiers,
15:25ce sera favorable aux valeurs bancaires en conséquence.
15:28Donc, il y a encore du chemin à avoir sur ce segment-là.
15:30Dans cette grande rotation, où est-ce que vous placez les enjeux pour le secteur de la santé, Sébastien,
15:38que vous suivez spécifiquement ?
15:39Alors, il y a peut-être le secteur européen de la santé, le secteur américain de la santé.
15:45Ce sont peut-être deux histoires différentes, d'ailleurs, aujourd'hui.
15:47C'est vrai que la santé, il va falloir la regarder de manière globale.
15:50Parce que même si vous regardez des petites sociétés,
15:52c'est très souvent des multinationales qui vendent sur tous les marchés.
15:56Alors, c'est sûr qu'en Europe, les valeurs européennes de la santé
15:59ont plutôt une bonne performance cette année,
16:01mais elles sont un peu milieu de tableau par rapport au reste du marché.
16:04Elles ont juste bénéficié, on va dire, de la montée des eaux.
16:07Par contre, aux États-Unis, marché qui va un peu moins bien,
16:10là, les valeurs santé surperforment.
16:12Et comme les États-Unis restent quand même le gros marché au niveau mondial,
16:14si je regarde un peu plus loin maintenant,
16:16au niveau mondial, la santé est quasiment le meilleur secteur en termes de performance
16:20depuis le début de l'année.
16:21Je crois qu'il y a les matériaux qui sont juste devant.
16:22Mais sinon, la santé a une très, très bonne performance.
16:25Et effectivement, c'est le côté défensif du secteur qui, au plan mondial,
16:28est plutôt recherché par les investisseurs.
16:30D'accord.
16:30À commencer par cette recherche d'un aspect un peu plus défensif sur le marché américain.
16:36C'est ça, Sébastien, qu'il faut comprendre.
16:38Défensif et puis aussi retard de performance.
16:402023-2024, en relatif au marché, ont été des années compliquées
16:43où le secteur a eu 15 points de sous-performance par rapport au marché mondial.
16:48Donc, il y a un effet de rattrapage évident.
16:50On est en train de solder la décrue post-Covid
16:54où on a tous les revenus et profits exceptionnels des vaccins,
16:58des antiviraux qui ont disparu.
17:00On a nettoyé tout ça.
17:01Tous les effets boom-bust du Covid sont nettoyés aujourd'hui.
17:04Et maintenant, on est en train de repartir sur des niveaux de croissance
17:07qui sont beaucoup plus le reflet de la tendance long terme
17:10qu'est censé délivrer le secteur.
17:11Donc, on est sur un secteur qui est maintenant plus sain en termes de lecture
17:15et qui est probablement moins sujet aux soubresauts de l'économie, aux incertitudes.
17:20Et donc, c'est ce côté visibilité défensif qui attire aujourd'hui.
17:23Puisqu'on est sur la santé US,
17:25c'est un secteur qui réagit plutôt bien dans cette phase de baisse du marché américain.
17:31Sébastien, est-ce qu'il y a un lien à faire entre le thème de la santé aux États-Unis
17:35et la nouvelle administration Trump au pouvoir ?
17:38On sait que la santé, le médicament, en tout cas,
17:42c'est un sujet très politique aux États-Unis.
17:44Il y a beaucoup de choses effectivement à raconter.
17:47C'est vrai que les nominations qu'on a eues au moment de l'élection de Trump
17:51et notamment celle du nouveau ministre de la Santé, Kennedy,
17:55ont un peu secoué les marchés.
17:57Il a l'air un peu occupé sur d'autres sujets.
17:59Il est en train de gérer ses premiers cas de rougeole un peu sérieuse.
18:04Et puis là, il va se focaliser sur analyser l'impact,
18:09notamment de la programmation vaccinale chez les enfants.
18:12Là, il est parti à la case étude pendant six mois.
18:14Probablement qu'il va un peu nous laisser tranquille.
18:16D'ailleurs, ça se voit sur les cours de bourse du secteur de la santé.
18:19On sent que ce sujet est un petit peu derrière nous.
18:21Et là, les valeurs de la santé et surtout de la pharma
18:24se portent plutôt bien aux États-Unis depuis le début de l'année.
18:27Et en Europe, alors ?
18:27Qu'est-ce qu'il faut imaginer pour la suite ?
18:30C'est ce que disait un peu Benoît.
18:32Dans cette quête de souveraineté ou d'autonomie stratégique,
18:36c'est vrai que le premier étage ou le premier socle, d'ailleurs,
18:40est très tourné autour des questions de défense, de réarmement,
18:43les questions militaires de réarmement au sens propre du terme.
18:48Est-ce que ce sujet de l'autonomie stratégique se diffuse demain ?
18:51Est-ce qu'il englobe d'autres thématiques, d'autres secteurs ?
18:54C'est un sujet qu'on a depuis le Covid, en réalité,
18:57puisqu'on s'est aperçus avec la pénurie des masques,
18:59pénurie de médicaments avec très honnêtement peu de valeur ajoutée.
19:03Et je vous passe le débat sur le Doliprane en France.
19:06Voilà, exactement.
19:07On ne voulait pas laisser partir au cas de chez Sanofi.
19:09C'était stratégique.
19:11Alors, au niveau scientifique et technologique,
19:13le Doliprane, c'est du paracetamol, on en voit un peu partout.
19:17Il avait l'intérêt dans la marque, elle n'est pas forcément dans la marque.
19:19Mais même pour le Doliprane, il y avait un débat.
19:21Mais je me souviens d'Oro API, qui est sorti de Sanofi il y a très peu de temps.
19:27Ça a été un désastre foncier.
19:29L'État était même rentré au capital au moment de l'introduction en bourse de cette société.
19:33Pourquoi ça a été un désastre ?
19:34Parce que ce sont des médicaments, encore une fois,
19:36avec très peu de valeur ajoutée.
19:37Ils ont souffert, dès le moment où ils se sont retrouvés tout seuls,
19:41de la concurrence des laboratoires araignées, etc.
19:44Si la souveraineté, c'est aller dans ce genre d'histoire,
19:47je ne pense pas que ce soit très intéressant.
19:50Mais par contre, la souveraineté à long terme,
19:51je pense qu'en tout cas, l'Europe a un intérêt très fort
19:54qui est de se saisir du moment où, aujourd'hui,
19:57on a un sentiment anti-science aux États-Unis,
19:58incarné par Kennedy, que je mentionnais.
20:01On a des subventions à la recherche académique.
20:05En tout cas, les robinets sont en train d'être serrés très sérieusement
20:07par l'administration Trump.
20:09On a des sujets aussi sur les visas pour les travailleurs qualifiés
20:13ou très qualifiés.
20:15Elon Musk avait d'ailleurs tweeté en fin d'année dernière
20:17qu'il partira à la guerre sur ce sujet
20:19pour maintenir le droit à embaucher des étrangers qualifiés.
20:22Donc, on voit bien qu'il y a peut-être une opportunité pour l'Europe
20:24d'attirer des cerveaux et peut-être de se reconstituer
20:27une capacité à innover très fortement,
20:29dans la santé, mais dans d'autres technologies.
20:31Alors, peut-être que les retombées économiques ou boursières
20:34seront à plus long terme.
20:36Mais en tout cas, à court terme, je pense qu'il y a...
20:38Il y a un vrai coup à jouer.
20:39Il y a probablement un coup à jouer, un peu comme au moment du Brexit,
20:41quand on avait fait un peu de l'œil à la City
20:45pour rapatrier beaucoup d'établissements financiers
20:49en Europe continentale.
20:50Donc, ça peut marcher.
20:51Parce que l'exemple du Brexit...
20:52Aujourd'hui, la situation politique en France fait qu'effectivement,
20:55il y a peut-être un petit trouble du côté des équipes de banques
20:58d'investissement qui sont venues de Londres jusqu'à chez nous.
21:01Mais ça a fonctionné.
21:03On a attiré plusieurs milliers de banquiers à Paris
21:08venus de Londres.
21:10Et des scientifiques, parce qu'on a des très bonnes universités.
21:12Je pense qu'on a des très bons laboratoires de recherche.
21:14Après, pour que ces scientifiques se mettent à créer des entreprises,
21:16il va falloir qu'on ait aussi les capitaux.
21:18Ça, c'est un sujet qui est un petit peu plus compliqué.
21:20Mais c'est tout le travail qu'il y a à faire maintenant.
21:22Voilà, on accompagne le lancement de start-up.
21:26Donc, ça sera un travail de longue haleine.
21:27Mais je pense qu'il y a une fenêtre de tir, en tout cas,
21:29pour enclencher les premières étapes.
21:31Bon, il y a un risque de déception à court terme
21:36sur ce momentum européen.
21:38Il y a un risque de vendre un peu la nouvelle.
21:40Il faut s'y préparer.
21:41La route ne va pas être une longue ligne droite tranquille,
21:44j'imagine, dans cette recherche d'autonomie stratégique.
21:47Oui, et puis on parle d'un plan à 10 ans.
21:49Donc, clairement, l'investissement productif
21:52ne donne pas de résultats tangibles dans les 6 mois qui viennent.
21:54Non.
21:55Donc, ça, c'est clair que...
21:57Et dans l'intervalle, Trump est là.
21:58Voilà, et le marché a anticipé très favorablement
22:01sur les indices européens.
22:02Et c'est très bien, et c'était logique.
22:04À très court terme, on a quand même un écart
22:06qui s'est creusé en notre faveur en Europe vis-à-vis des Etats-Unis,
22:09qui est quand même assez rare dans cette rapidité
22:13et ce pourcentage-là.
22:16Donc, on peut avoir, à un moment donné, un petit calage.
22:20On a anticipé les bonnes nouvelles, c'est logique.
22:22On cale un peu, surtout si le marché US
22:24qui est quand même assez fragile pour le moment, continue.
22:27On est sur des points un peu techniques,
22:28un peu symboliques sur les 5500.
22:30Donc, est-ce qu'on casse un peu ?
22:32Est-ce qu'on annonce...
22:33Est-ce que c'est annonciateur d'un mouvement supplémentaire de baisse ?
22:36Donc, tous ces moments-là, à un moment donné,
22:37on ne sera pas complètement immunes
22:39face à ces mouvements sur le marché américain.
22:41On n'est pas totalement détachés encore des US
22:43et là, il en faudra encore un peu pour y arriver.
22:46Donc ça, oui, à très court terme,
22:49un marché européen qui cale un peu, c'est assez logique.
22:52Mais ensuite, je pense qu'on aura toujours ce moteur de la BCE.
22:57Alors là, on l'a un peu mis de côté.
22:58On s'est dit, il n'y en a peut-être plus besoin,
23:00ils vont peut-être arrêter.
23:00Je pense qu'on est toujours dans une logique à court terme
23:04d'une croissance qui est trop faible en zone euro.
23:07Oui, ça, ça ne va pas changer tout de suite, quoi.
23:08Ça ne change pas.
23:09On a toujours des pressions plutôt déflationnistes en zone euro.
23:12Donc la BCE, elle doit continuer à délivrer.
23:15Alors, elle le fera peut-être un peu moins vite.
23:16Elle dira qu'elle regarde un peu ce qui se passe.
23:19Voilà, c'est des sujets qui vont...
23:20C'est plutôt ces sujets-là qu'elle va avoir.
23:22Le point d'atterrissage qu'on estimait peut-être inférieur à 2,
23:24il sera peut-être à 2 ou à 2+,
23:26mais ça, ça ne change pas l'ordonne.
23:27Il y aura toujours ce mouvement de baisse des taux directeurs
23:30qui va être le petit moteur de court terme
23:32qui va nous aider à tenir.
23:34Mais après, il y a ce jeu tactique sur les marchés.
23:37Qu'est-ce que font les US ?
23:38On n'en est pas totalement écarté.
23:40On en subira forcément.
23:41Ça reste le marché directeur, ce marché financier.
23:44On peut en subir les conséquences sur un marché quand même très fragile.
23:47Vraiment, on voit bien qu'on est dans le flou complet
23:51du côté du gouvernement américain.
23:53D'un jour à l'autre, on ne sait pas ce qui se passe.
23:55Donc pour les marchés américains,
23:56c'est clairement extrêmement difficile de se projeter.
23:59C'est vraiment ce moment-là qui est dur pour eux.
24:01Et fragile sur le marché américain,
24:03ça veut dire qu'on a vu une correction éclaire du S&P 500.
24:07Je crois que le S&P a mis à peine 16 séances pour baisser de 10%.
24:10Ça en fait une des corrections les plus rapides de l'histoire.
24:13Ce n'est pas déjà une opportunité évidente ou criante
24:17de reprendre position sur ce marché américain ?
24:21Si on y est totalement absent, oui, c'est évident parce qu'il faut en avoir.
24:24Je pense que la plupart des portefeuilles sont déjà présents sur les US.
24:28Donc je dirais qu'en rajouter n'est pas forcément nécessaire.
24:31Par contre, cette correction est plutôt saine.
24:34Elle a plutôt corrigé les excès du dernier mouvement précédent,
24:38qui était très concentré sur quelques valeurs.
24:41Et ce sont elles qui corrigent.
24:43L'ensemble du marché US, quand on regarde beaucoup plus largement,
24:46et qu'on ne s'arrête pas au S&P 500,
24:48mais qu'on regarde l'ensemble du marché US,
24:50il n'y a pas de drame.
24:52Ça monte peu à peu globalement.
24:55Ce n'est pas décalé de ce qu'on voit en Europe.
24:58Et là, si on doit redistribuer son portefeuille sur les US,
25:02c'est peut-être revenir sur quelque chose de beaucoup plus large
25:04dans sa logique de construction de portefeuille.
25:06Là, on a dû tous, tout en se disant que ça allait trop loin,
25:10on a dû tous un peu suivre ce mouvement
25:12parce qu'il fallait malheureusement non plus ne pas louper ce mouvement d'os.
25:17Le seuil de douleur pour Trump par rapport à la baisse du marché ?
25:20Alors, il a différents KPI de marché.
25:22On pensait qu'il était très action.
25:25Et puis, bon, il vient de l'immobilier.
25:27Donc, il aime les taux aussi et il aime plutôt les taux longs quand ils baissent.
25:30C'est un peu l'objectif qui se fixe aujourd'hui.
25:32Il se couvre bien de ce point de vue-là
25:34puisque les taux longs, effectivement, ont baissé d'une cinquantaine de points de base.
25:37On pensait que l'alerte viendrait des marchés et le retour à une normalité.
25:41Je ne sais pas si on peut parler de normalité pour Trump,
25:43mais quelque chose de plus cohérent et compréhensible viendrait des marchés.
25:47Bon, on voit que ce n'est pas du tout le cas.
25:50Il ne regarde pas les marchés actions pour le moment.
25:51Il l'a dit et ça a l'air d'être totalement vrai.
25:55Il ne s'occupe même pas de la Fed.
25:56C'est assez étonnant.
25:57Il ne met même pas de pression sur Trump.
25:59C'est assez étonnant.
26:03C'est assez étonnant parce qu'on pouvait imaginer qu'il y aurait un petit match
26:06qui se jouerait en sous-main.
26:07Ça n'a pas l'air d'être le cas pour le moment.
26:10Donc, les forces de rappel, elles viendront de son électorat.
26:14Si son électorat voit qu'on est dans une espèce de politique de stagflation
26:20qui amène à une baisse du pouvoir d'achat,
26:22qui amène à une baisse de son épargne en action,
26:25parce que l'épargne américaine, elle est en action.
26:28Mais ça, c'est des élections de mi-terme.
26:29Ça prendra du temps.
26:30Oui, il faut que ça se révèle.
26:31Il faut que ça se révèle effectivement dans l'électorat.
26:33Et pour l'instant, ce n'est pas le cas.
26:35Tel qu'il est entouré, il n'y a aucun frein.
26:39La question même qu'on se posait en interne, c'était de se dire,
26:41et là, c'est un peu extrême, c'est de se dire,
26:42mais est-ce qu'en fait, à la fin,
26:44il ne recherche pas un relatissement américain maintenant
26:47pour avoir cette baisse de taux par Powell,
26:50sans même l'avoir à la réclamer,
26:52et faire sa relance, et notamment de baisse de fiscalité
26:55qu'il a promis dans sa campagne électorale
26:57et qui ne peut pas délivrer parce que l'endettement des Américains,
27:00il est tel qu'on ne peut pas le faire pour le moment.
27:02Mais alors, c'est un peu machiavélique.
27:03Avec le personnage, je dirais tout est possible.
27:06Tout son narratif est celui du sauveur.
27:08C'est-à-dire, je suis là pour vous sauver.
27:10Et pour être un sauveur, il faut qu'il y ait des problèmes.
27:13Il part d'une situation économique qui était tellement incroyable
27:16que ça peut l'aider si ça va un peu moins bien, peut-être.
27:19Il ne faut pas créer le problème pour pouvoir apparaître comme sauveur
27:22et relancer la machine économique pour le prochain coup.
27:25Ça fait perdre un peu de temps au passage.
27:26C'est assez tordu comme raisonnement.
27:28C'est un peu dangereux dans notre point de vue,
27:31mais tout est possible.
27:33L'impact de Trump sur les marchés américains,
27:36comment on l'évalue aujourd'hui ?
27:37Est-ce qu'il faut se dire qu'effectivement,
27:40il n'y a pas de Trump out ?
27:42Trump n'est pas prêt à venir sauver le marché américain.
27:44La Fed reste pour l'instant dans une position d'attente
27:47avec des marges de manœuvre qui semblent limitées.
27:50On se demande tous d'où peut venir le coup de circuit
27:53s'il y avait besoin d'un moment de calmer les choses.
27:55Effectivement, je pense que je partage assez l'idée
27:58que ça viendra de l'électorat parce que, clairement,
28:00ses limites termes sont un objectif.
28:02Moi aussi, je suis assez étonnée qu'il n'y ait pas de bras de fer
28:05plus conséquents que ça avec la réserve fédérale
28:06telle que ça a pu l'être au premier mandat.
28:09Après, il y a aussi des échéances de nomination
28:11qui mettent peut-être moins de pression aussi,
28:13parce que, finalement, on est sur une fin de mandat,
28:15enfin, en tous les cas, on se rapproche d'une fin de mandat pour Wells.
28:18Donc, peut-être qu'il a aussi cette forme d'indépendance.
28:21Et il faut absolument que la réserve fédérale reste crédible dans le contexte
28:24parce qu'on voit qu'il y a tellement de bruit, entre guillemets,
28:28d'incertitude autour que c'est aussi la réserve fédérale
28:30qui apporte un vrai ton qui peut inspirer, en tous les cas,
28:35si ce n'est la confiance, mais en tous les cas, qui apporte de la stabilité.
28:38Et donc, ça, c'est extrêmement important.
28:39Donc, effectivement, ça va être un peu la toile de fond.
28:42Et c'est ce qui enlève aussi un peu d'enthousiasme sur l'Europe
28:45parce que les conditions sont réunies.
28:47Les conditions, au-delà d'être des conditions financières,
28:49elles ramènent de la confiance.
28:51Et comme nous, Européens, on a plutôt tendance à avoir le verre à moitié vide
28:55que le verre à moitié plein, avoir ce climat de confiance,
28:58il sera aussi vertueux pour la mise en place des plans de relance.
29:03Les plans de relance mettront du temps à venir,
29:04mais si on a un climat de confiance qui s'instaure avant,
29:07ça apportera le chemin.
29:08Mais entre les deux, on a début avril avec les droits de douane
29:11et de toute façon, ce sera compliqué d'avoir des convictions beaucoup plus fortes
29:17tant qu'on n'aura pas cette échéance-là.
29:19Comment on regarde le secteur de la santé
29:21dans le cadre d'une guerre commerciale potentiellement large, Sébastien ?
29:27C'est probablement, après je touche du bois,
29:30mais c'est probablement un des secteurs qui sera le plus protégé
29:32d'une guerre de droits de douane.
29:35Je pense que c'est plus compliqué de taper sur le patient que sur le consommateur
29:38et de lui expliquer que ses médicaments vont augmenter.
29:41Dans un contexte où les Américains sont déjà ceux qui payent
29:43leurs médicaments les plus chers sur la planète,
29:48et le risque peut être aussi d'un moindre approvisionnement
29:54des laboratoires pharmaceutiques vis-à-vis des États-Unis
30:00si les conditions économiques pour les labos ne sont pas réunies.
30:07Je vois mal Trump aller dans ce sens-là.
30:12Après, tout est possible.
30:14Sur Novo Nordisk, une société dont on a beaucoup parlé en Europe,
30:19certains investisseurs avec qui j'ai échangé...
30:21Il y a un sujet, parce que le grand compéditeur, c'est Lilily.
30:22Sur boîte américaine...
30:25Donc, est-ce que Trump va conditionner le Groenland
30:28à laisser Novo Nordisk tranquille ?
30:31Non, mais ce n'est pas impossible.
30:32Mais tout est possible.
30:33On peut tout imaginer, mais à part ce scénario extrême,
30:36je pense qu'il y a d'autres sujets à traiter.
30:38Et en santé, la problématique est de baisser le coût de la santé
30:43pour les patients américains.
30:44Un point, une petite parenthèse sur Novo Nordisk.
30:47C'est intéressant, parce que ça a été la valeur star
30:50révélée aux yeux du monde ces 3-4 dernières années.
30:53Effectivement, alors Novo, ça existe depuis longtemps.
30:56Diabète, on avait tous ça en tête, effectivement.
30:59Et puis est venu le marché de l'anti-obésité,
31:01partant des molécules développées historiquement par Novo.
31:04Le RON, là aussi, a été incroyable.
31:06Depuis l'été dernier, c'est cours de bourse divisé par deux,
31:09c'est ça, Sébastien ?
31:10On est passé d'un excès à l'autre, en fait.
31:12Et donc, probablement que la vérité se situe entre les deux, je dirais.
31:16On est passé d'un excès d'optimisme,
31:18où le marché de l'obésité était quasiment infini,
31:20se partager entre deux acteurs qui roulaient vraiment sur tout,
31:24il n'y avait aucun problème.
31:25Et puis aujourd'hui, Novo Nordisk,
31:26mais même Lili est un peu revenu,
31:28même si Lili est arrivée en deuxième en temps sur le marché,
31:30donc continue à prendre des parts de marché
31:32et à bénéficier d'une meilleure dynamique,
31:35les deux ont quand même un peu reflué.
31:37Et Novo Nordisk est arrivé sur des niveaux de valorisation
31:39qui sont incroyablement bas en rapport à la croissance qui lui reste.
31:44Parce qu'il n'a pas changé, en termes de perspectives de croissance.
31:47C'est quasiment un changé.
31:49C'est quasiment un changé.
31:50C'est quasiment un changé.
31:51Novo Nordisk a atteint son pic de croissance l'année dernière,
31:53qui était de 25%.
31:55Quand même, pour une des plus grosses sociétés pharmaceutiques de la planète,
31:58c'est quand même colossal.
31:59Et cette année, je crois qu'ils vont croître à 23%.
32:02Donc, il y a une décélération normale qui vient avec la taille.
32:05Mais on ne peut pas dire que c'est un effondrement
32:07ou que c'est une perte de chiffre d'affaires
32:09qui serait liée à la concurrence.
32:11Donc, l'opportunité, elle est toujours là.
32:13Et aujourd'hui, Novo se paye avec seulement 25% de prime
32:15par rapport au reste des laboratoires pharmaceutiques.
32:18Il y a encore un an, ça se payait deux fois plus cher que la moyenne.
32:22Donc, c'est le sentiment qui a changé.
32:24Il y a eu quelques problèmes de résultats cliniques.
32:28Les produits successeurs sont peut-être un peu moins extraordinaires
32:31On n'arrive pas à faire perdre 25%, c'est ça ?
32:33Enfin, c'est la barre des 25% qui attire tout le monde, c'est ça ?
32:37Je crois que le management s'est un peu pris les pieds dans le tapis
32:39en disant que c'est eux qui communiquaient sur 25%.
32:42Le successeur du produit qu'on commercialise va faire 25% de baisse au bout d'un an.
32:45Il n'a fait pas 23%, donc c'est extraordinaire.
32:49Ce n'est pas la catastrophe, mais le titre depuis a perdu un 50% depuis ses plus hauts.
32:53Donc, encore une fois, je pense qu'on a été entre les deux.
32:56Donc, il y a un peu de confiance à aller regagner du point de vue du management,
33:00notamment après cette déception.
33:02Je pense que les publications trimestrielles et la poursuite des bons chiffres
33:06vont ramener progressivement cette confiance.
33:09Et de manière globale, ce marché de l'anti-obésité,
33:13oui, vous dites que les perspectives ne vont pas changer.
33:15Simplement, il y aura plus d'acteurs prévus.
33:17Ce ne sera peut-être pas ni le monopole ni le duopole qu'on pouvait envisager entre Novo et Egypte.
33:23Le marché ne sera peut-être pas aussi gros que ce qu'on avait
33:24parce que certains analystes nous parlaient de plus de 100 milliards de marché.
33:27Si on rapporte ça juste au marché américain, on peut dire que ça va être les trois quarts,
33:31donc peut-être 75-80 milliards rien qu'aux Etats-Unis.
33:34Les Américains, ils dépensent 600 milliards de dollars par an pour leurs médicaments.
33:38Donc, vous auriez deux molécules qui allaient faire 15% de tous les médicaments
33:41que les Américains allaient dépenser.
33:42Alors, je veux dire que l'obésité est un gros sujet chez eux,
33:45mais ça me paraissait beaucoup quand même.
33:46Si c'est la nouvelle aspirine qui traite un peu tout...
33:49Alors, à la condition de prendre le médicament de manière chronique,
33:53ce qui est le cas dans le diabète, ce qui est probablement beaucoup moins le cas dans l'obésité,
33:56je pense qu'on va le prendre en cure pour atteindre un poids-cible et arrêter
34:00parce que c'est quand même des produits avec des effets secondaires relativement importants.
34:03Donc, ce ne sera pas traité finalement comme une maladie chronique ?
34:06Moi, je ne crois pas. C'est mon scénario.
34:09Je pense que le marché est un peu en train de revenir de cette vision du médicament
34:13qu'on va prendre tous les jours de sa vie jusqu'à la fin de ses jours.
34:17Mais encore une fois, on est parti dans l'excès inverse.
34:20Je pense que là, en termes de valorisation et de potentiel de croissance, ça se regarde à nouveau.
34:24Toujours passionnant, ce secteur de la santé et cette lutte contre l'obésité dans le monde
34:29avec le fer de lance danois, Novo et le compétiteur américain Eli Lilly.
34:34Je voulais qu'on puisse dire un mot des marchés obligataires aussi, peut-être,
34:37parce qu'on parlait des marchés actions, effectivement,
34:39avec un sentiment renversé entre les Etats-Unis et l'Europe.
34:44Là aussi, deux marchés qui divergent énormément,
34:46et c'est peut-être d'ailleurs encore plus spectaculaire depuis le début de l'année,
34:49c'est le marché obligataire américain, qui a plutôt eu tendance à se réapprécier.
34:54Les taux ont baissé aux Etats-Unis de, je le disais, 50 points de base sur ces derniers mois.
34:59Quant en Europe, là, pour le coup, le marché obligataire a pris un peu le choc du plan allemand
35:04avec une correction importante, notamment sur l'actif sans risque ultime
35:09que reste le Bund allemand, Benoît.
35:13Oui, alors sur le, j'appelle ça le re-rating du marché obligataire euro,
35:18je pense qu'il ne faut pas forcément le voir comme une crainte d'endettement,
35:22mais plutôt comme une compréhension de ce nouveau paradigme dont on parlait tout à l'heure
35:26et d'un potentiel de croissance qui peut se réaliser.
35:29Et donc, on n'est pas au niveau des marchés US sur les taux, mais donc on re...
35:34On a 150 points de base d'écart entre le disant allemand et le disant américain, à peu près.
35:38Mais brutalement, on reprice et on se dit,
35:40mais si on est dans une zone où il y a un potentiel de croissance un peu plus élevé,
35:42ça mérite des taux un peu plus élevés, c'est assez logique.
35:46Et en fait, c'est plutôt une bonne nouvelle.
35:49C'est le marché obligataire qui comprend qu'il va se passer quelque chose sur ce rythme de croissance
35:54qui était toujours très à taune en zone euro et qui peut grappiller quelques dixièmes de points de plus.
36:00Et c'est ça qu'il est en train de pricer, je pense.
36:02Si c'est bien le cas, en fait, c'est une opportunité pour les investisseurs.
36:06On aura un peu plus de rendement sur les marchés obligataires.
36:09Très bien. Alors à court terme, on a un peu souffert, ça, c'est évident.
36:12À moyen terme, on a un moteur de performance sur les marchés obligataires qui est un peu supérieur.
36:18On ne peut que s'en réjouir, d'autant plus que le marché monétaire,
36:22qui a été la bonne source de performance de ces derniers trimestres,
36:26là, ça va un petit peu s'atténuer.
36:28Donc voilà, c'est comme ça qu'il faut le voir, je pense.
36:31Et c'est assez intéressant comme compréhension du marché obligataire, je pense, de ce côté-là.
36:36Oui, et puis on a bien vu le réajustement du rendement allemand à 10 ans.
36:42Comme vous le disiez, ça n'a pas été un feu de paille.
36:44Ça a tenu. Depuis 15 jours, ça tient.
36:472,80, 2,90, le marché n'est pas revenu en arrière sur cet équilibre-là.
36:52Oui, on est probablement dans un nouveau rythme sur les taux
36:56qui prend en compte ce potentiel de la zone euro.
37:00Là-dessus, il n'y a pas de mouvement de panique.
37:03C'est plutôt quelque chose de sain et il faut le voir plutôt comme une opportunité.
37:09Sur le crédit, ça tient toujours.
37:12Et y compris aux US, j'ai vu qu'on reparlait quand même d'un début de réécartement
37:17peut-être des spreads high yield aux États-Unis,
37:19alors qu'ils partaient de points de compression historiquement bas.
37:23Oui, je pense qu'il y a là aussi deux mouvements, US-Europe.
37:27Je ne les vois pas exactement de la même manière.
37:30Aux US, ça reste fragile, donc ça peut s'impacter négativement et avoir des hausses de spread.
37:35Tant qu'on est dans le flou et qu'il y a une politique qui n'est pas si simple que ça
37:40pour les entreprises pour naviguer à travers,
37:43on peut avoir des hausses de spread dans un marché qui était quand même très serré sur les spreads.
37:47En zone euro, c'est un peu différent.
37:49C'est-à-dire que c'est une hausse des taux refuges,
37:55boune d'accord, États zone euro,
37:57et peut-être une légère baisse des spreads encore
38:01parce qu'on a cet environnement qui va devenir plus favorable.
38:05C'est totalement à l'inverse de notre scénario de début d'année, il faut être très clair.
38:08On imaginait plutôt le contraire,
38:10parce qu'on était dans une croissance à taune
38:12et qu'on estimait une baisse des taux longs avec la baisse des taux de la BCE
38:16et qu'on voyait plutôt une légère hausse des spreads dans un marché un peu compliqué.
38:19On réinverse complètement cette organisation-là, ce scénario-là,
38:23avec ce nouveau potentiel de croissance.
38:26Sur les marchés de taux de crédit,
38:29ça reste des marchés importants pour des clients privés, en banque privée aujourd'hui Isabelle ?
38:35Oui, clairement, et c'est vrai que c'est une opportunité sur de la signature de très grande qualité
38:38parce qu'il ne faut pas oublier que, et c'est sans doute que le marché change son paradigme,
38:43donc effectivement c'est ce qui explique cette montée et cette stabilisation.
38:47On n'est pas en train de le dégrader beaucoup plus,
38:49mais on est quand même sur un pays, si le plan va au bout,
38:52on sera sur un taux d'endettement du PIB entre 70 et 75%, ce qui est complètement sain.
38:56Quelque part, c'était ce qu'il dit...
38:58Oui, le triple A allemand n'est pas menacé dans cette histoire.
39:01C'était les 2,40 qui étaient sans doute le reflet de ce qu'on a vécu avec les taux négatifs sur les dernières années.
39:10On était resté dans une situation pas anormale,
39:12mais quelque part, effectivement, avec des perspectives de croissance,
39:15on a la place pour pouvoir aller chercher plus de rémunérations
39:17et c'est une opportunité pour les investisseurs.
39:19Ça, clairement, aujourd'hui, pour des investisseurs européens,
39:22on va chercher un peu plus de rendement sans une prise de risque qui soit très importante.
39:27Et c'est un peu le signal aussi que le marché obligataire a souvent une lecture beaucoup plus acérée
39:31d'un environnement global que ne peut l'avoir le marché action qui va être beaucoup plus versatile.
39:36Émotionnel.
39:37Voilà, on voit souvent une vision un peu plus long terme à travers le marché obligataire
39:42et c'est encore le cas aujourd'hui.
39:44Il y a un marché dont on n'a pas parlé, c'est la Chine.
39:47Il faut quand même en dire un mot, parce que là aussi,
39:49il y en a un dans les marchés qui redémarrent, porté par un nouveau souffle.
39:52Il y a le marché boursier chinois.
39:54Alors, est-ce qu'il faut le dater du moment DeepSeek des débuts d'année ?
39:58En tout cas, sans doute que DeepSeek a...
40:00Donc là, des valorisations des marchés actions chinois qui étaient vraiment à la cave.
40:04DeepSeek a sans doute révélé à nouveau quelque chose de ce point de vue-là.
40:08Pour autant, ça reste un marché compliqué dont les investisseurs globaux restent relativement éloignés,
40:12de ce que je comprends.
40:13Isabelle, est-ce qu'on a envie d'y aller si le client nous le demande ?
40:20Et sinon, comment est-ce que vous regardez quand même la revalorisation
40:23de ces marchés boursiers chinois et de ce que ça nous dit ?
40:25Alors, il y a DeepSeek qui a forcément aidé.
40:28Ça a été un déclencheur.
40:29Mais c'est globalement tout ce qui est mis en place par l'État
40:33et la prise de conscience sur la fin d'année dernière.
40:35Ça s'est construit un petit peu avec tous ces éléments-là.
40:39On voit bien que la nécessité pour la Chine aujourd'hui,
40:41si elle veut avoir ses 5% de croissance, ça va passer par le consommateur.
40:44Ce n'est pas avec les droits de douane qu'ils vont pouvoir faire les 5% de croissance.
40:48Donc, il faut mettre en place des choses.
40:49L'immobilier reste quand même, même si ça allait un petit peu mieux,
40:53de nouveau les chiffres étaient un petit peu plus fragiles.
40:55Donc, il faut sans doute déréguler un petit peu.
40:58Ils avaient très serré la régulation sur les technologiques.
41:02Ils sont en train de desserrer.
41:03Donc, il y a tout un écosystème qui se met en place aujourd'hui.
41:07Nous, dans un premier temps, on regarde vraiment de manière assez accrue
41:10du côté des techs chinoises, pas sur l'ensemble du marché,
41:13mais du côté des techs chinoises qui restent encore très sous-valorisées
41:17par rapport à l'ensemble du secteur de la tech.
41:19Mais forcément, il va falloir regarder peut-être avec un peu plus d'attention la Chine.
41:22Les données économiques qui ont été publiées cette semaine
41:25commencent à montrer, notamment du côté des ventes de détails,
41:28une confiance qui peut revenir.
41:31Ce sont des soubresauts, il va falloir vraiment que ça se confirme.
41:34Et puis après, les plans qui ont été annoncés cette semaine en faveur du consommateur,
41:37il va falloir avoir beaucoup plus de détails.
41:39Ça, ça met toujours un petit peu de temps à venir.
41:41On aura un grand rendez-vous à l'automne prochain avec un nouveau plan quinquennal
41:45qui doit être dévoilé par l'autorité.
41:47Dans le leadership chinois sur l'innovation,
41:50alors évidemment, on a en tête la batterie véhicule électrique,
41:53la transition, les panneaux solaires, etc.
41:55L'IA désormais, la santé a sa place également, Sebastien ?
41:58Nous, on regarde beaucoup la Chine en santé.
42:01Ce que je disais tout à l'heure que sur le marché mondial,
42:03l'année dernière, on avait une grosse sous-performance de la santé
42:05relative au reste du monde.
42:07En Chine, la sous-performance était encore plus importante.
42:09C'était quasiment 40 points derrière.
42:11Donc la santé s'était fait vraiment matraquer l'année dernière en Chine.
42:14Et on a, je pense, des opportunités très fortes.
42:17Quand on parle de santé, c'est quoi ? Biotech ?
42:19C'est de la santé au sens large.
42:22Et notamment les équipements médicaux ou les producteurs de médicaments biologiques.
42:28Il y a eu vraiment des variations boursières qui étaient assez compliquées, on va dire.
42:33Et là, au début d'année, il y a plusieurs choses qui sont en train de s'aligner.
42:36Il y a notamment un plan de relance dans les équipements médicaux
42:39qui va permettre aux hôpitaux chinois de réinvestir
42:42dans des parcs de machines qui étaient un peu obsolètes.
42:45Et puis, on a aussi une innovation dans la biotech extrêmement forte.
42:49C'est incroyable, je dirais même.
42:50On a certains médicaments qui n'existent qu'en Chine pour soigner certaines formes de cancers.
42:56Ils bénéficient de toute une génération de ce qu'ils appellent des « returnees »,
43:00des gens qui sont allés faire leurs études supérieures
43:03et leur début de carrière à l'international, très souvent aux Etats-Unis,
43:06et qui reviennent en Chine créer des sociétés de pointe, notamment en biotech.
43:11Et qui arrivent à développer des médicaments.
43:14Et les sociétés chinoises, ce que l'on voit, nous disent être capables de développer,
43:18faire une phase 3 en Chine, ça coûte dix fois moins cher que de faire une phase 3.
43:21Donc, il y a un moment dipsyche dans la santé chinoise, dans la biotech chinoise.
43:25Oui, très clairement, et je crois que la preuve de ça,
43:27c'est les emplettes et les collaborations qui sont en train de se faire.
43:29Les laboratoires occidentaux...
43:31On va sourcer notre innovation là-bas ?
43:33Même plus en Chine que dans le reste du monde.
43:35Aujourd'hui, les principales accords que font les laboratoires occidentaux
43:39sont avec des biotechs chinoises plutôt qu'avec des biotechs américaines ou européennes.
43:44Et ça, c'est fluide encore ?
43:45Je veux dire, ce genre de partenariat, de JV, d'accords, de collaboration,
43:49c'est encore un truc dans le domaine de la santé qui fonctionne, qui peut se faire de manière fluide ?
43:53Oui, et on en voit même de plus en plus.
43:55Tous les mois, AstraZeneca, qui a voulu rentrer dans la course des GLP1,
43:59ces fameux produits anti-obésité,
44:00a trouvé sa molécule chez un Chinois qui s'appelle Ecogen l'année dernière.
44:04Donc, des exemples comme ça, on en voit tous les jours.
44:07Bon, l'innovation chinoise est partout aujourd'hui.
44:09Il faut bien le prendre en compte.
44:11Oui, sur ce retour boursier de la Chine, il y a encore un peu de chemin à parcourir,
44:14mais il y a quand même quelque chose, en tout cas, qui se passe depuis quelques mois.
44:19En tout cas à court terme et au-delà des problèmes structurels qu'il faut avoir en tête.
44:22Et puis, je trouve ce qui est intéressant, c'est qu'il y a une redéfinition des relations commerciales
44:27avec les États-Unis, c'est les États-Unis contre le monde entier, j'exagère à peine.
44:31Ça amène à redistribuer toutes ces relations commerciales
44:37et donc du potentiel pour la Chine qui peut arriver par d'autres voies.
44:41Donc ça, je pense qu'effectivement, ce retour, il est logique.
44:46Et on va probablement voir d'autres zones émerger par ce biais-là, en fait.
44:51Parce qu'il y a bien une redistribution des cartes, potentiellement,
44:54via cette politique de hausse tarifaire et cette volonté potentiellement de s'isoler un peu, en fait.
45:00De mettre une taxe à l'entrée du marché de consommation américain.
45:05Bon, on suivra ça. Merci beaucoup messieurs et madame d'avoir été avec nous en plateau ce soir.
45:09Isabelle Enos, responsable de la stratégie de marché chez BNP Paribas Banque Privée.
45:13Beno Vesco, présidente de l'UBAC Asset Management.
45:16Et Sébastien Malafosse, gérant Health Care chez Edmond Drotchil Asset Management
45:19étaient les invités de Planète Marché ce soir.
45:31Le dernier quart d'heure de Smartboard chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
45:35Et le thème ce soir, c'est celui de la pédagogie économique et de l'éducation financière.
45:39Nous sommes au grand démarrage de cette semaine de l'éducation financière.
45:44Et j'ai le plaisir d'accueillir à mes côtés Marc-Olivier Strauss-Kahn.
45:47Marc-Olivier, bonsoir.
45:48Bonsoir.
45:49Vous êtes, entre autres, directeur général honoraire de la Banque de France.
45:52Marc-Olivier, je me permets, parce que j'ai toujours voulu vous demander
45:56en quoi consistait le poste de directeur général honoraire, Marc-Olivier.
46:00Honoraire, c'est un mot très gentil pour dire retraité.
46:02Ah d'accord.
46:02Ça veut dire que mes propos n'engageront pas la Banque de France.
46:05Bon, en tout cas, vous avez une passion, je le dis comme ça,
46:08pour la pédagogie économique et l'éducation financière.
46:12Vous étiez venu nous voir en fin d'année dernière avec Anthony Benhamou,
46:15qui est économiste, vous êtes enseignant et Anthony également est professeur et maître de conférence.
46:21Vous veniez nous voir avec ce livre paru aux éditions Ellipse,
46:25on parie que vous allez aimer l'économie.
46:28Quand je dis que oui, l'éducation financière et la pédagogie économique est une passion,
46:31c'est même un engagement, Marc-Olivier.
46:34C'est un engagement.
46:34Je vois, par exemple, la cité de l'économie, qui n'est pas encore assez connue
46:40et qui est un peu mon bébé, comme une preuve de cela.
46:45Je vais en faire la publicité rapidement.
46:47Mais faites-le, c'est la semaine pour.
46:49C'est un endroit magique dans un hôtel particulier néo-gothique financé par la Banque de France
46:57et qui est le plus grand musée d'éducation économique européen.
47:03Et puis j'aide Anthony Benhamou, qui a fondé A3E,
47:09l'Association pour l'éducation économique des enfants.
47:12Donc ça démarre au CM1, CM2 et il n'y a pas de limites d'âge.
47:16Et d'ailleurs, ce livre est tout public, pour le rappeler.
47:19Tout public, devenant de plus en plus sophistiqué au fur et à mesure qu'on le lit.
47:26Et là, je vais m'inspirer du chapitre 9 pour...
47:29Faire un peu de pédagogie sur la crise, c'est ça, le sujet que vous avez choisi.
47:33On se reverra d'ailleurs en fin de semaine sur un autre thème que je dévoilerai en fin d'interview, Marc-Olivier.
47:39Mais là, vous avez choisi le sujet de la crise en reprenant effectivement le chapitre 9 de votre livre
47:46qui s'intitule « L'histoire se répète-t-elle ? » où cette fois, c'est différent.
47:50Vous faites l'exercice de comparer ce qu'on a connu en 2007-2008,
47:54la crise financière mondiale, les Man Brothers, pour le dire autrement, et tout ce qui s'en est suivi,
48:01avec ce qu'on vit depuis 2020, ce que les spécialistes appellent la polycrise,
48:07partant du choc Covid et se multipliant avec bien sûr la guerre en Ukraine,
48:12le choc inflationniste dont on commence peut-être à peine à sortir aujourd'hui,
48:17et je dis ça avec beaucoup de prudence.
48:19En quoi ce chapitre 9 peut-il nous éclairer justement sur ces mécanismes de crise ?
48:24Ce chapitre 9, c'est un peu un récapitulatif historique.
48:29On n'a pas de laboratoire en économie et donc le passé peut éclairer le présent.
48:36Et donc effectivement, si on regarde et qu'on compare la crise financière mondiale qui démarre vers 2007-2008
48:43et celle dans laquelle on est encore et qui démarre en 2020,
48:48on peut mettre en avant un certain nombre de similarités, j'en citerai trois,
48:54et de différences, d'autant que cette crise n'est pas terminée avec Trump qui l'amplifie.
49:01Oui, la polycrise se poursuit avec Trump 2.0 aujourd'hui.
49:04Partons des points communs.
49:08La crise de 2008 trouve son origine aux Etats-Unis, la crise Covid de 2020 trouve son origine en Chine.
49:14Deux superpuissances qui sont dans une relation un peu conflictuelle.
49:18Au-delà de ça, qu'est-ce qu'on trouve comme point commun ?
49:20Au-delà, et pour résumer les choses simplifiées,
49:23il y a l'incertitude, l'impact sur le PIB et la croissance et la réaction des autorités.
49:30L'incertitude en économie s'est définie comme un risque qu'on ne peut pas quantifier.
49:35On ne connaît pas à l'avance et on ne peut pas bien mesurer sa probabilité et son impact.
49:40Et ça s'applique parfaitement au coronavirus qui était une surprise,
49:48qui était un virus contagieux, invisible et qui a gelé l'activité économique.
49:55Auparavant, on peut comparer les subprimes à un virus, un virus financier,
50:00qui lui aussi a figé l'activité financière cette fois.
50:05Quant à Trump aujourd'hui, ce qu'il dit, annonce, se contredit,
50:11crée de l'imprévisibilité et donc pétrifie l'investissement.
50:16Donc ça, c'est la première similarité à grand trait.
50:20La deuxième, l'impact sur la croissance.
50:23D'abord, de très fortes récessions en 2008, 2009 plutôt, et 2020.
50:28Et puis, après le rebond, une croissance relativement molle,
50:33sauf aux États-Unis qui s'en sort un peu mieux avec la productivité et sa flexibilité.
50:39Mais là aussi, Trump est en train de casser ce mécanisme, je le crains, avec son imprévisibilité.
50:49Troisième élément de similarité un peu plus complexe,
50:53la réaction des autorités, que ce soit budgétaire ou monétaire.
50:57Alors, d'abord en actes, et puis aussi en paroles.
51:01En actes, c'est l'augmentation des déficits, l'accommodement monétaire.
51:07Tout ça se traduit ou résulte en une augmentation des dettes sur PIB,
51:14qui atteignent des niveaux inégalés, en particulier dans les économies avancées.
51:19Et ça, ça n'est soutenable, on le sait, que si la vitesse de croissance du numérateur,
51:24la dette publique, et donc la vitesse, c'est le taux d'intérêt qui s'applique à cette dette,
51:30n'est pas supérieure à la vitesse de croissance du dénominateur, le PIB,
51:36et donc la croissance, la fameuse formule R-G.
51:40Or, on est dans une situation où, après une période où R et G étaient à peu près pareils,
51:46on a toujours une atonie de la croissance, même si elle pourrait ne pas être aussi mauvaise
51:52que certains l'espèrent, j'ai écouté les présentations...
51:54Les perspectives s'améliorent, Marc Olivier, grâce à l'Allemagne, mais...
51:58Ça ne va pas tout tirer d'affaires, et pendant ce temps, le taux long, aux Etats-Unis, en Europe,
52:07a tendance à augmenter, parce qu'il y a une inflation qui menace, malgré les efforts de désinflation.
52:11Bon, vous savez comment sont les...
52:12Ça, c'était en actes et en paroles.
52:15Le parallèle, c'est le « whatever it takes », qui a été repris par Macron en « quoi qu'il en coûte »,
52:20et maintenant qui est invoqué par Merz pour justifier l'effort de défense allemand.
52:26Le « whatever it takes » originel étant celui de Mario Draghi, 26 juillet 2012.
52:30Bien sûr, mais décliné de multiples fois désormais.
52:34Oui, je reviens sur la partie précédente de l'émission.
52:37Oui, les investisseurs, vous savez comment ils fonctionnent.
52:39Ils ont une capacité à s'enthousiasmer, peut-être un peu plus importante que les économistes qui travaillent dans le temps long aussi.
52:47Ils sont payés parfois pour s'inquiéter, les banquiers centraux.
52:53Oui, payés pour regarder les risques.
52:56Regardons les différences entre 2008 et la polycrise depuis 2020.
53:01Je reprends le titre de votre chapitre 9, qui reprend le titre d'un célèbre livre des économistes,
53:07tout aussi célèbre qu'Ennett Rogoff et Carmen Reinhardt.
53:11Est-ce que l'histoire se répète ou est-ce que cette fois c'est différent ?
53:15Il y a des éléments différents, il y en a même plus.
53:18En simplifiant, je vais en citer 5.
53:21Ça va être le processus ou son déclenchement, le rôle de la finance, l'inflation,
53:28les marges budgétaires et monétaires qui demeurent et la géopolitique.
53:33D'abord, le déclenchement est totalement différent.
53:37En 2008, c'est une crise qu'on appelle endogène financière qui affecte d'abord la demande.
53:44Et puis elle se répand sur le reste.
53:46En 2020, on a l'inverse.
53:48On a une crise qui est dite exogène et qui affecte d'abord l'offre, le secteur réel,
53:55parce que les confinements empêchent d'aller produire.
53:59La première, la réaction consistait à empêcher une mort subite de la finance.
54:06Si on continue le parallèle, la seconde consiste à mettre l'économie dans un coma artificiel.
54:12Ceci afin de préserver la capacité de l'économie à rebondir,
54:17le capital humain et à planir la fameuse vague pour les hôpitaux.
54:21Actuellement, et si on continue la parabole,
54:25je ne sais pas trop ce qu'on peut penser des morts-vivants,
54:28que sont clairement l'OMC, peut-être l'ONU, qui sait le G20,
54:34les institutions internationales avec les coups de boutoir auxquels on insiste.
54:41Première différence.
54:45J'ai cité la finance et donc la deuxième, c'est le rôle de la finance.
54:49Pour simplifier les choses, 2008, c'est parti du problème.
54:532020, c'est parti de la solution.
54:56En France, on l'a vu avec les PGE, où les banques ont aidé à sortir du problème.
55:03Grâce aux efforts de régulation qui avaient été faits entre 2010 et 2020.
55:10Je veux saluer la vidéo que Christine Lagarde nous a offerte quand elle était au FMI,
55:15qui était à Citeco et qui développe ces éléments de régulation.
55:20C'est cette régulation que Trump avait déjà commencé à déverrouiller, à abîmer,
55:28et qui explique la crise bancaire limitée aux Etats-Unis de mars 2023
55:35et sa non-contagion à la zone euro.
55:38Maintenant, il faut simplifier les choses, mais attention à ne pas trop déréguler.
55:46Troisièmement, l'inflation.
55:48Après s'être effondrée dans les deux cas et avoir rebondi,
55:53elle était perçue comme moribonde dans la décennie 2010-2020.
55:58Ce qui n'a pas été le cas à cause du rebond qu'a imprimé l'invasion russe de l'Ukraine
56:07avec une augmentation des prix des matières premières et agricoles.
56:11On a évité ce problème auparavant.
56:19On est en train d'être dans une désinflation,
56:23mais les tarifs vont obligatoirement avoir un impact en termes de stagflation,
56:32si la croissance allemande tire le reste de l'Europe,
56:36mais une croissance qui n'est pas très forte et une inflation qui peut rebondir.
56:40D'où, après avoir annoncé qu'elle allait continuer à baisser ses taux,
56:45une relative prudence des pronotiques sur ce que fera la BCE au-delà de l'été.
56:50Ces éléments militent pour l'idée d'une grande vigilance vis-à-vis des endettements publics.
56:57Est-ce qu'il y a un risque qui pèse sur la soutenabilité des trajectoires des finances publiques ?
57:02On peut toujours être surpris. En 2020, on croyait qu'il n'y avait plus de marge.
57:06On avait déjà des dettes publiques très élevées, des taux d'intérêt très bas,
57:11et pourtant on a trouvé des marges parce qu'il n'y avait pas nécessairement de coupables à désigner,
57:17et puis les morts s'accumulaient. On n'est pas exactement dans la même situation.
57:21Il faut donc faire un peu attention, d'autant que les défis s'accumulent,
57:27climatiques, de défense, des investissements numériques,
57:32ce qui pousse les taux longs à augmenter probablement plus que la croissance.
57:38Et puis le dernier, c'est la géopolitique.
57:42Le monde a changé.
57:43Le monde est en train de changer.
57:46Pour simplifier là encore, jusqu'en 2014, on est dans un processus qui risque de globalisation.
57:54Ce qui compte, c'est l'efficacité. Ce qui marche, c'est la coopération internationale.
58:00Après l'annexion de la Crimée par la Russie et les sanctions,
58:04on est entré dans un monde de fragmentation.
58:07Ce qui compte, c'est la sécurité, c'est la souveraineté.
58:11Et donc, on n'est plus du tout dans la même situation,
58:15et cette fragmentation est en train de s'appliquer au sein même des démocraties avancées,
58:20au sein du G7, par l'action de Trump à nouveau.
58:23Et c'est probablement cela la menace la plus grave.
58:26Je note qu'en net, il y a plus de différences que de similarités.
58:31Il y a plus de différences.
58:33Donc l'histoire est différente alors ?
58:35Disons, vous savez la formule classique, elle rime,
58:38ou bien si on n'est pas très poétique, on n'est plus prophétique, on dit qu'elle est bégaie.
58:42Ce qui est sûr en tout cas, c'est que pendant qu'on se consacre à effacer les séquelles du passé,
58:47et à combattre les sursauts, je vais l'appeler de la bête du monde,
58:51qui se cachent derrière le populisme,
58:53et bien on ne repense pas à nos modèles de développement,
58:56et on a Trump qui ne tire aucune leçon de ses errements passés.
59:00Bon, merci beaucoup pour cette appréhension des mécanismes de crise,
59:06la comparaison 2008 et puis la crise qu'on vit depuis 2020,
59:09la poly-crise comme vous l'appelez Marc-Olivier.
59:11On vous retrouve vendredi, on parlera crypto, pour changer les crises.
59:16On parlera de systèmes de moyens et moyens de paiement,
59:18on verra qu'on est toujours dans la géopolitique.
59:20Avec grand plaisir.
59:21Marc-Olivier Strauss-Kahn, je rappelle votre livre avec Anthony Benhamou,
59:24on parle, on parie que vous allez aimer l'économie parée aux éditions Ellipse.