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Mercredi 19 mars 2025, retrouvez Sébastien Malafosse (Gérant Healthcare, Edmond de Rothschild AM), Isabelle Enos (Responsable Stratégie Marchés, BNP Paribas Banque Privée) et Benoit Vesco (Président, Delubac Asset Management) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché. Isabelle
00:14Hénos est avec nous, responsable de la stratégie de marché de BNP Paribas, banque privée.
00:17Bonsoir Isabelle.
00:18Bonsoir Grégoire.
00:19Ravie de vous retrouver autour de ce plateau avec à nos côtés également Benoît Vesco,
00:23le président de Delubac, Asset Management. Bonsoir Benoît.
00:26Bonsoir Grégoire.
00:27Ravie d'être là et ravie d'accueillir également Sébastien Malafose.
00:30Bonsoir Sébastien.
00:31Bonsoir Grégoire.
00:32Vous êtes gérant Health Care chez Edmond Rothschild, Asset Management.
00:34Parlons de l'Europe Isabelle et de cet engouement peut-être historique pour les actions européennes.
00:41On se connaît depuis quelques temps et c'est vrai que c'est rare de vivre des moments
00:46aussi forts comme ça sur l'Europe.
00:48Alors il y a l'aspect politique bien sûr et puis il y a ce qui se passe sur les marchés
00:51boursiers.
00:52Bencov America mène une grande enquête mensuelle auprès des gérants d'actifs dans le monde.
00:58L'enquête du mois de mars est sans appel.
01:00L'engouement pour les actions européennes se traduit par une hausse du positionnement
01:05de quasiment 30 points quand en face de ça, le désamour pour les actions américaines
01:10se traduit par une baisse de l'exposition aux actions américaines de l'ordre de 40
01:15points.
01:16Jamais on n'a vu ça dans l'histoire de ce sondage et de cette enquête menée par
01:19Bencov America.
01:20Oui c'est sans doute ça un petit peu l'exception parce que l'engouement européen dans un engouement
01:25global on l'avait pu le voir mais effectivement une telle disparité entre les Etats-Unis
01:29et l'Europe c'est un peu plus rare.
01:30Mais c'est surtout assez exceptionnel quand on regarde ces mêmes opinions sur la fin
01:35d'année 2024.
01:36On était plutôt sur une sous-pondération massive de l'Europe en faveur d'une surexposition.
01:41Donc le virage a été assez brusque.
01:42Il n'est pas uniquement lié aux dernières semaines, il a vraiment commencé en début
01:47d'année en fait.
01:48Sans doute qu'il y avait quand même un besoin de rééquilibrage des portefeuilles dans une
01:52optique de gestion du risque.
01:53Je pense que ça a été un peu l'émergence et puis après l'ensemble des événements
01:57qu'on a vus sur les dernières semaines a vraiment milité en faveur d'un redémarrage
02:01pour des raisons de valorisation c'est certain.
02:02Mais forcément à partir du moment où on commence à parler d'investissement et montant
02:06de capitaux à déployer, forcément le marché aime, les investisseurs aiment ça.
02:11Mais vous dites le point de départ de cette rotation c'est quand même le besoin pour
02:15les investisseurs de sortir du marché américain ou en tout cas de se désensibiliser d'un
02:20marché américain ultra concentré autour d'une poignée de valeurs, un phénomène
02:24qu'on a beaucoup décrit.
02:26D'ailleurs ça marchait dans la hausse, ça marche aussi dans la baisse, ce sont quelques
02:29valeurs qui baissent fortement, qui font baisser le marché américain.
02:32Mais c'est cette situation là qui a déclenché pour vous cette rotation ?
02:36Il y a eu vraiment cette notion de gestion du risque en tout début d'année mais c'était
02:40dans un mouvement un peu global.
02:41Donc quelque part ça s'est moins vu sur le marché.
02:44Là on a plutôt, alors avec le stress des 15 derniers jours, il y a eu des sorties
02:47massives aussi sur les marchés actions en faveur des marchés obligataires.
02:50Mais dans cette sortie massive sur les 15 derniers jours, c'est une sortie très flagrante
02:54sur les marchés américains avec un positionnement positif sur l'Europe.
02:57C'est là où il y a quelque chose de beaucoup plus marqué.
02:59Mais globalement on a vu quand même un début de repondération depuis le début de l'année
03:03mais c'était un petit peu plus indolore, donc c'était un peu moins perceptible.
03:08Mais quand on regarde la performance et sans doute que même le point de départ, il faudra
03:12regarder de manière précisément.
03:13Mais quand on regarde l'évolution du DAX, le DAX a redémarré au mois de novembre quand
03:19on a annoncé des élections anticipées.
03:21Le vrai redémarrage du DAX a été là.
03:23Ça, ça n'a pas été contagieux à l'ensemble de l'Europe mais ça a été le premier signal
03:27qui s'est confirmé alors qu'on était dans un pessimisme avec les élections américaines
03:31très fort au détriment de l'Europe et très favorable aux Etats-Unis.
03:34Donc il y a vraiment une gestion du risque qui s'est opérée et qui s'accélère avec
03:37les capitaux.
03:38Benoît, sur cette rotation éclair.
03:43Alors, je n'oublie pas d'où on vient, je ne sais combien de dizaines ou de centaines
03:46de milliards d'euros ou de dollars sont sortis des marchés actions européens ces dernières
03:51années.
03:52Donc on a quelques poulièmes entre guillemets ou quelques pourcents qui reviennent aujourd'hui.
03:56Mais c'est vrai qu'en quelques semaines, la variation de sentiments et de positionnement
04:00des investisseurs est assez spectaculaire.
04:02Le retournement est très impressionnant parce qu'il y a vraiment un changement de paradigme
04:06je pense.
04:07Il y avait d'abord ce mouvement qu'on vient d'expliquer, de besoin de rééquilibrer
04:12ses portefeuilles et qui est somme toute assez logique et sain puisqu'on savait que la performance
04:16des marchés américains, elle est portée par cette grande entreprise.
04:20On sait tous que ça amène des risques à un moment donné.
04:23Donc il y a eu ce mouvement qui était sain et puis ensuite ce plan allemand qui vient
04:26confirmer ce mouvement et rassurer les investisseurs et donner de nouvelles perspectives qui vraiment
04:33je pense nous font rentrer en Europe dans une nouvelle dimension et là c'est vraiment
04:39ça qu'il faut regarder.
04:40On a un plan qui est fait par les Allemands qui sont ceux qui ont les moyens à la hauteur
04:45des enjeux.
04:46C'est un plan de long terme, donc c'est un plan d'investissement.
04:48Ce n'est pas le feu de paille de soutien de la consommation qui donne un peu de souffle
04:52à la croissance temporairement et puis qui retombe ensuite aussi vite.
04:55C'est ciblé géographiquement puisqu'on est là dans un regain de souveraineté en
05:00Europe.
05:01Donc ça va se diffuser au sein des pays européens.
05:04L'Allemagne sera le premier bénéficiaire, il faut être clair, mais ça va se diffuser.
05:07On a la chance en France d'avoir quand même quelques grands champions en défense.
05:10Bon, je pense que forcément on en bénéficiera, on n'a pas cette chance d'avoir les moyens
05:14budgétaires, mais on a au moins les entreprises.
05:17On a une base industrielle, voilà.
05:19Encore, encore.
05:20Et donc ça c'est vraiment un changement de paranie qui est très intéressant puisque
05:24c'est de l'industrie, c'est aussi de la haute technologie potentiellement et c'est
05:29bien de l'investissement productif.
05:31Ça fait aussi le travail de la BCE.
05:34La BCE a toujours été là dans les moments critiques, mais elle était seule.
05:38Là enfin, elle a la capacité d'avoir un soutien politique affiché qui va dans le
05:45bon sens.
05:46Ce n'est pas j'augmente ma dette pour faire de la dépense de fonctionnement, c'est
05:50j'augmente ma dette pour faire de l'investissement productif.
05:52Ça, elle ne peut que l'apprécier.
05:54Alors c'est du moyen terme, ça ne va pas se délivrer dans les mois à venir.
05:59Donc ça demande quand même de le valider, de vérifier que tout ça se met en place.
06:03Il y a encore un petit sujet politique en Allemagne qu'il faut bien finaliser.
06:06Mais là, on a vraiment quelque chose qui change la donne et donc d'où ce mouvement
06:11qui s'affirme Europe versus US, qui est vraiment très positif et qu'on ne peut que confirmer
06:16et saluer.
06:17Et ça redonne quoi, une place stratégique pour des actifs européens dans des portefeuilles
06:22un peu globaux où la part de l'Europe, alors je ne vais pas dire que l'Europe était
06:25devenue ininvestissable, ce n'était pas la Chine non plus, mais pas loin quoi.
06:30Oui, là on redonne du moteur et de l'essence sur différents secteurs.
06:39Alors il y avait plusieurs secteurs qui étaient un peu favorisés, mais ça on le savait déjà.
06:43Les bancaires particulièrement, c'était, je suis en dehors de la guerre des tarifs
06:47quand je suis une banque européenne, donc c'était un peu le havre de paix pour un
06:52investisseur européen.
06:53Pas de souci.
06:54Mais là on diffuse à l'industrie, la défense, l'industrie, l'automobile, peut-être les
07:00renouvelables.
07:01Donc on voit que petit à petit tout ça peut s'élargir à d'autres secteurs et se diffuser
07:06de manière beaucoup plus large.
07:08Donc oui, on se redonne de nouvelles perspectives sur différents secteurs, ce n'est pas juste
07:13je cherche le refuge, là c'est je cherche le potentiel de croissance, pas du tout la
07:18même logique.
07:19Les clients privés, ils accompagnent ce mouvement Isabelle ?
07:23Oui, je pense qu'ils l'entendent, alors ils ont été très friands forcément de la tendance
07:28qu'on avait sur les grandes technologiques, donc accompagne la gestion du risque, ça
07:31s'entend toujours.
07:32Mais effectivement, je pense qu'aujourd'hui, on rééquilibre des portefeuilles.
07:37On a beaucoup parlé des Etats-Unis, mais on le disait, c'était vraiment une performance
07:42sur une poche d'action.
07:43Il y avait quand même aussi beaucoup de secteurs qui n'ont pas eu le même niveau de valorisation.
07:48Donc c'est ce qui corrige sur les dernières semaines.
07:50Il ne faut pas pour autant oublier ces segments-là qui ont quand même une dynamique entière
07:55et où il y a aussi des fleurons.
07:57Mais effectivement, on retrouve une forme d'équilibre, on a une part d'Europe conséquente
08:02dans les portefeuilles avec une part d'Etats-Unis, pas sur les big tech, mais beaucoup plus diversifiée.
08:07Et puis c'est vrai qu'on a été aveuglé par ces 7 magnifiques depuis 2-3 ans, mais
08:13on a fait le point hier sur le secteur bancaire européen.
08:16Si on prend comme date de départ janvier 2022, c'est-à-dire plus de 3 ans en arrière,
08:21on a une surperformance du secteur des banques européennes, pas par rapport au marché américain
08:26dans son ensemble, mais par rapport aux stars du marché américain que sont les 7 magnifiques.
08:30Donc il y a ce qui shine, ce qui brille, et puis ce qui brille peut-être un peu moins,
08:35mais qui délivre quand même plus de performances.
08:38Les planètes ont été beaucoup plus alignées que pendant les 10 ans qui ont précédé,
08:42notamment sur la partie européenne.
08:44On voit qu'on a quand même digéré une réglementation qui a été quand même assez importante
08:49et qui a apporté un secteur extrêmement sain et très bien capitalisé aujourd'hui.
08:55La réglementation a eu aussi des vertus parce que les banques sont extrêmement solides
08:59aujourd'hui en Europe, donc quand on traverse des périodes un peu plus troubles, il faut
09:03mettre en avant cette capitalisation.
09:04Et puis avec l'inflation, ça a aussi ramené des taux d'intérêt qui ont ramené de la marge,
09:10donc qui ont profité d'un segment de banque beaucoup plus, alors celle qui était beaucoup
09:14plus adossée à du crédit court terme, donc les banques du nord de l'Europe ou du sud
09:18de l'Europe.
09:19Les banques des Pays-Cœurs en ont moins profité, mais vont commencer à profiter de la pontification
09:23aujourd'hui et on a été dans un environnement qui effectivement a permis au secteur bancaire
09:29de retrouver ses lettres de noblesse dans le financement aussi.
09:33Donc il y a tout un ensemble de choses qui a fait qu'on a accompagné le mouvement.
09:37Alors je pense qu'effectivement, en plus, c'était plus protecteur sur la période un
09:40petit peu plus récente et le chemin, il n'est pas du tout fini.
09:44On était sur une sous-valorisation extrême, aujourd'hui, on est toujours en sous-valorisation.
09:49À partir du moment où on est en train de se dire qu'on pèse les taux d'intérêt,
09:52que ça devrait être favorable par démarrage de l'Europe aux indices manufacturiers, ce
09:56sera favorable aux valeurs bancaires en conséquence, donc il y a encore du chemin à avoir sur
10:00ce segment-là.
10:01Dans cette grande rotation, où est-ce que vous placez les enjeux pour le secteur de
10:07la santé, Sébastien, que vous suivez spécifiquement ? Il y a peut-être le secteur européen de
10:13la santé, le secteur américain de la santé, ce sont peut-être deux histoires différentes
10:17d'ailleurs aujourd'hui.
10:18C'est vrai que la santé, il faut la regarder de manière globale parce que même si vous
10:21regardez les petites sociétés, c'est très souvent des multinationales qui vendent sur
10:25tous les marchés.
10:26Alors c'est sûr qu'en Europe, les valeurs européennes de la santé ont plutôt une bonne
10:31performance cette année, mais elles sont un peu milieu de tableau par rapport au reste
10:34du marché.
10:35Ils bénéficient de la montée des eaux, par contre aux Etats-Unis, marché qui va
10:39un peu moins bien, là les valeurs santé surperforment et comme les Etats-Unis restent
10:43quand même le gros marché au niveau mondial, si je regarde un peu plus loin maintenant,
10:47au niveau mondial, la santé est quasiment le meilleur secteur en termes de performance
10:50depuis le début de l'année.
10:51Je crois qu'il y a les matériaux qui sont juste devant, mais sinon la santé a une très
10:55bonne performance.
10:56Effectivement, c'est le côté défensif du secteur qui au plan mondial est plutôt recherché
11:00par les investisseurs.
11:01Alors, à commencer par cette recherche d'un aspect un peu plus défensif sur le marché
11:07américain, c'est ça Sébastien qu'il faut comprendre ?
11:09Défensif, et puis aussi retard de performance, 2023-2024 en relatif au marché ont été
11:13des années compliquées où le secteur a eu 15 points de sous-performance par rapport
11:17au marché mondial.
11:18Donc il y a un effet de rattrapage évident, on est en train de solder la décrue post-Covid
11:25où on a tous les revenus et profits exceptionnels des vaccins, des antiviraux qui ont disparu.
11:30On a nettoyé tout ça, tous les effets boom-bust du Covid sont nettoyés aujourd'hui.
11:35Et maintenant, on est en train de repartir sur des niveaux de croissance qui sont beaucoup
11:38plus le reflet de la tendance long terme qu'est censé délivrer le secteur.
11:42Donc on est sur un secteur qui est maintenant plus sain en termes de lecture et qui est
11:47probablement moins sujet aux soubresauts de l'économie, aux incertitudes et donc c'est
11:51ce côté visibilité défensif qui attire aujourd'hui.
11:54Puisqu'on est sur la santé US, un secteur qui réagit plutôt bien dans cette phase de
11:59baisse du marché américain, Sébastien, est-ce qu'il y a un lien à faire entre le
12:04thème de la santé aux Etats-Unis et la nouvelle administration Trump au pouvoir ? On sait
12:09que la santé c'est un sujet, le médicament en tout cas, c'est un sujet très politique
12:13aux Etats-Unis.
12:14Il y a beaucoup de choses effectivement à raconter.
12:17C'est vrai que les nominations qu'on a eues au moment de l'élection de Trump et notamment
12:22celle du nouveau ministre de la Santé Kennedy ont un peu secoué les marchés.
12:28Il a l'air un peu occupé sur d'autres sujets.
12:30Il est en train de gérer ses premiers cas de rougeole un peu sérieuse.
12:33Oui, oui, oui.
12:34Et puis là, il va se focaliser sur analyser l'impact, notamment de la programmation vaccinale
12:41chez les enfants.
12:42Là, il est parti à la case études pendant six mois, probablement qu'il va un peu nous
12:46laisser tranquilles.
12:47D'ailleurs, ça se voit sur les cours de bourse du secteur de la santé.
12:50On sent que ce sujet est un petit peu derrière nous et là, les valeurs de la santé et surtout
12:54de la pharma se portent plus au bien aux Etats-Unis depuis le début de l'année.
12:57Et en Europe, alors ? Qu'est-ce qu'il faut imaginer pour la suite ?
13:01C'est ce que disait un peu Benoît, dans cette quête de souveraineté ou d'autonomie stratégique.
13:06C'est vrai que le premier étage ou le premier socle, d'ailleurs, est très tourné autour
13:11des questions de défense, de réarmement, les questions militaires de réarmement au
13:16sens propre du terme.
13:18Est-ce que ce sujet de l'autonomie stratégique se diffuse demain ?
13:22Est-ce qu'il englobe d'autres thématiques, d'autres secteurs ?
13:25C'est un sujet qu'on a depuis le Covid, en réalité, puisqu'on s'est aperçus avec la pénurie des masques,
13:30pénurie de médicaments avec très honnêtement peu de valeur ajoutée.
13:34Et je vous passe le débat sur le Doliprane en France.
13:36Voilà, exactement. On ne voulait pas laisser partir au cas de chez Sanofi.
13:40C'était stratégique.
13:41Alors au niveau scientifique et technologique, le Doliprane, c'est du paracetamol, on l'envoie un peu partout.
13:47Je crois, on a tous compris, oui.
13:48Il avait l'air fait dans la marque, il n'y avait pas forcément...
13:50Mais même pour le Doliprane, il y avait un débat.
13:52Mais je me souviens d'Oro API, qui est sorti de Sanofi il y a très peu de temps.
13:58Ça a été un désastre entier.
13:59L'État était même rentré au capital au moment de l'introduction en bourse de cette société.
14:03Pourquoi ça a été un désastre ?
14:04Parce que ce sont des médicaments, encore une fois, avec très, très peu de valeur ajoutée.
14:08Et ils ont souffert, dès le moment où ils se sont retrouvés tout seuls, de la concurrence, des laboratoires anérants, etc.
14:14Donc si la souveraineté, c'est aller dans ce genre d'histoire, je ne pense pas que ce soit très intéressant.
14:20Mais par contre, la souveraineté à long terme, je pense qu'en tout cas, l'Europe a un intérêt très fort,
14:24qui est de se saisir du moment où, aujourd'hui, on a un sentiment anti-science aux États-Unis,
14:29incarné par Kennedy, que je mentionnais.
14:32On a des subventions à la recherche académique.
14:35En tout cas, les robinets sont en train d'être serrés très sérieusement par l'administration Trump.
14:39On a des sujets aussi sur les visas pour les travailleurs qualifiés ou très qualifiés.
14:45Elon Musk avait d'ailleurs tweeté, en fin d'année dernière,
14:47qu'il partira à la guerre sur ce sujet pour maintenir le droit à embaucher des étrangers qualifiés.
14:53Donc on voit bien qu'il y a peut-être une opportunité pour l'Europe d'attirer des cerveaux
14:56et peut-être de se reconstituer une capacité à innover très fortement, dans la santé mais dans d'autres technologies.
15:02Alors peut-être que les retombées économiques ou boursières seront à plus long terme.
15:06Mais en tout cas, à court terme, je pense qu'il y a un vrai coup à jouer.
15:09Il y a probablement un coup à jouer, un peu comme au moment du Brexit,
15:12quand on avait fait un peu de l'œil à la City pour rapatrier beaucoup d'établissements financiers en Europe continentale.
15:21Donc ça peut marcher.
15:22Parce que l'exemple du Brexit...
15:23Aujourd'hui, la situation politique en France fait qu'effectivement il y a peut-être un petit trouble
15:27du côté des équipes de banques d'investissement qui sont venues de Londres jusqu'à chez nous.
15:32Mais ça a fonctionné.
15:34On a attiré plusieurs milliers de banquiers à Paris venus de Londres.
15:40Et des scientifiques, parce qu'on a de très bonnes universités.
15:42Je pense qu'on a de très bons laboratoires de recherche.
15:44Après, pour que ces scientifiques se mettent à créer des entreprises, il va falloir qu'on ait aussi des capitaux.
15:49Ça, c'est un sujet qui est un petit peu plus compliqué.
15:51Mais c'est tout le travail qu'il y a à faire maintenant.
15:53Voilà. Et puis on accompagne le lancement de start-up.
15:56Donc ça sera un travail de longue haleine.
15:58Mais je pense qu'il y a une fin de deux tiers, en tout cas, pour enclencher les premières étapes.
16:01Bon. Il y a un risque de déception à court terme sur ce momentum européen.
16:09Il y a un risque de vendre un peu la nouvelle.
16:11Il faut s'y préparer.
16:13La route ne va pas être une longue ligne droite tranquille, j'imagine, dans cette recherche d'autonomie stratégique.
16:18Oui. Et puis on parle d'un plan à dix ans.
16:20Clairement, l'investissement productif ne donne pas de résultats tangibles dans les six mois qui viennent.
16:25Non.
16:27Et dans l'intervalle, Trump est là.
16:29Le marché a anticipé très favorablement sur les indices européens.
16:32Et c'est très bien. C'était logique.
16:35A très court terme, on a quand même un écart qui s'est creusé en notre faveur en Europe vis-à-vis des Etats-Unis,
16:39qui est quand même assez rare dans cette rapidité et ce pourcentage-là.
16:47Donc on peut avoir à un moment donné un petit calage.
16:50On a anticipé les bonnes nouvelles. C'est logique.
16:53On cale un peu, surtout si le marché US, qui est quand même assez fragile pour le moment, continue.
16:57On est sur des points un peu techniques, un peu symboliques sur les 5500.
17:01Est-ce qu'on casse un peu ? Est-ce que c'est annonciateur d'un mouvement supplémentaire de baisse ?
17:07Donc tous ces moments-là, à un moment donné, on ne sera pas complètement immune face à ces mouvements sur le marché américain.
17:11On n'est pas totalement détaché encore des US. Et là, il en faudra encore un peu pour y arriver.
17:17Donc ça, oui, à très court terme, un marché européen qui cale un peu, c'est assez logique.
17:22Mais ensuite, je pense qu'on aura toujours ce moteur de la BCE.
17:28Alors là, on l'a un peu mis de côté. On s'est dit, il n'y en a peut-être plus besoin. Ils vont peut-être arrêter.
17:31Je pense qu'on est toujours dans une logique à court terme d'une croissance qui est trop faible en zone euro.
17:37Oui, ça, ça ne va pas changer tout de suite, quoi.
17:39Ça ne change pas. On a toujours des pressions plutôt déflationnistes en zone euro.
17:43Donc la BCE, elle doit continuer à délivrer.
17:45Alors elle le fera peut-être un peu moins vite. Elle dira qu'elle regarde un peu ce qui se passe.
17:49Voilà, c'est plutôt ces sujets-là qu'elle va avoir.
17:52Le point d'atterrissage, qu'on estimait peut-être inférieur à 2, il sera peut-être à 2 ou à 2+,
17:56mais ça, ça ne change pas l'ordonne.
17:58Il y aura toujours ce mouvement de baisers taux directeurs
18:00qui va être le petit moteur de court terme qui va nous aider à tenir.
18:04Mais après, il y a ce jeu tactique sur les marchés.
18:07Qu'est-ce que font les US ?
18:09On n'en est pas totalement écarté.
18:11On en subira forcément. Ça reste le marché directeur, ce marché financier.
18:14On peut en subir les conséquences sur un marché quand même très fragile.
18:17Vraiment, on voit bien qu'on est dans le flou complet du côté du gouvernement américain.
18:24D'un jour à l'autre, on ne sait pas ce qui se passe.
18:25Donc pour les marchés américains, c'est clairement extrêmement difficile de se projeter.
18:30C'est vraiment ce moment-là qui est dur pour eux.
18:32Et fragile sur le marché américain, ça veut dire qu'on a vu une correction éclair du S&P 500.
18:37Je crois que le S&P a mis à peine 16 séances pour baisser de 10%.
18:41Ça en fait une des corrections les plus rapides de l'histoire.
18:44Ce n'est pas déjà une opportunité évidente ou criante de reprendre position sur ce marché américain ?
18:51Si on y est totalement absent, oui, c'est évident parce qu'il faut en avoir.
18:55Je pense que la plupart des portefeuilles sont déjà présents sur les US.
18:58Donc en rajouter n'est pas forcément nécessaire.
19:01Par contre, cette correction est plutôt saine.
19:04Elle a plutôt corrigé les excès du dernier mouvement précédent,
19:08qui était très concentré sur quelques valeurs et ce sont elles qui corrigent.
19:14L'ensemble du marché US, quand on regarde beaucoup plus largement,
19:16et qu'on ne s'arrête pas au S&P 500 mais qu'on regarde l'ensemble du marché US,
19:20il n'y a pas de drame.
19:22Ça monte peu à peu globalement.
19:25Ce n'est pas décalé de ce qu'on voit en Europe.
19:28Et là, si on doit redistribuer son portefeuille sur les US,
19:32c'est peut-être revenir sur quelque chose de beaucoup plus large
19:34dans sa logique de construction de portefeuille.
19:36Là, on a dû tous, tout en se disant que ça allait trop loin,
19:41on a dû tous un peu suivre ce mouvement
19:43parce qu'il fallait malheureusement non plus ne pas louper ce mouvement de hausse.
19:47Le seuil de douleur pour Trump par rapport à la baisse du marché ?
19:51Il a différents KPI de marché.
19:53On pensait qu'il était très action.
19:55Et puis, il vient de l'immobilier, donc il aime les taux aussi.
19:59Et il aime plutôt les taux longs quand ils baissent.
20:01C'est un peu l'objectif qui se fixe aujourd'hui.
20:03Il se couvre bien de ce point de vue-là puisque les taux longs
20:05ont baissé d'une cinquantaine de points de base.
20:08On pensait que l'alerte viendrait des marchés
20:10et le retour à une normalité,
20:12je ne sais pas si on peut parler de normalité pour Trump,
20:14mais quelque chose de plus cohérent et compréhensible viendrait des marchés.
20:18On voit que ce n'est pas du tout le cas.
20:20Il ne regarde pas les marchés actions pour le moment,
20:22il l'a dit et ça a l'air d'être totalement vrai.
20:24Il ne s'occupe même pas de la Fed.
20:26C'est assez étonnant.
20:28Il ne met même pas de pression sur Trump.
20:30C'est assez étonnant.
20:32C'est assez étonnant
20:34parce qu'on pouvait imaginer qu'il y aurait un petit match
20:36qui se jouerait en sous-main.
20:38Ça n'a pas l'air d'être le cas pour le moment.
20:40Donc, les forces de rappel, elles viendront de son électorat.
20:44Et son électorat voit qu'on est dans une espèce de politique
20:49de stagflation
20:51qui amène à une baisse du pouvoir d'achat,
20:53qui amène à une baisse de son épargne
20:55en action, parce que l'épargne américaine
20:57est en action.
20:59Mais ça, c'est des élections de mi-terme, ça prendra du temps.
21:01Oui, il faut que ça se révèle.
21:03Effectivement, dans l'électorat,
21:05et pour l'instant, ce n'est pas le cas.
21:07Et là, tel qu'il est entouré, il n'y a aucun frein.
21:09La question même qu'on se posait en interne,
21:11c'était de se dire, et là c'est un peu extrême,
21:13mais est-ce qu'en fait, à la fin,
21:15il ne recherche pas un relatissement américain maintenant
21:17pour avoir cette baisse de taux
21:19par Powell, sans même avoir à la réclamer,
21:21et faire sa relance
21:23et notamment de baisse de fiscalité
21:25qu'il a promis dans sa campagne électorale
21:27et qu'il ne peut pas délivrer
21:29parce que l'endettement des Américains,
21:31il est tel qu'on ne peut pas le faire pour le moment.
21:33Mais c'est un peu machiavélique,
21:35avec le personnage, je lui ai tout expliqué.
21:37Tout son narratif est celui du sauveur.
21:39Je suis là pour vous sauver,
21:41et pour être un sauveur, il faut qu'il y ait des problèmes.
21:43Il part d'une situation économique
21:45qui était tellement incroyable
21:47que ça peut l'aider si ça va un peu moins bien.
21:49Il ne faut pas créer le problème
21:51pour pouvoir apparaître comme sauveur
21:53et relancer la machine économique pour le prochain coup.
21:55Ça fait perdre un peu de temps au passage.
21:57C'est assez tordu comme raisonnement,
21:59c'est un peu dangereux dans notre point de vue,
22:01mais tout est possible.
22:03L'impact de Trump sur les marchés américains,
22:05comment on l'évalue aujourd'hui,
22:07est-ce qu'il faut se dire
22:09qu'effectivement, il n'y a pas de Trump out,
22:11Trump n'est pas prêt à venir
22:13sauver le marché américain.
22:15La Fed reste pour l'instant dans une position
22:17d'attente avec des marges de manœuvre
22:19qui semblent limitées.
22:21On se demande tous d'où peut venir le coup de circuit
22:23s'il y avait besoin de calmer les choses.
22:25Effectivement, je pense que
22:27je partage assez l'idée que ça viendra
22:29de l'électorat parce que, clairement,
22:31ses limites termes sont objectifs.
22:33Moi aussi, je suis assez étonnée qu'il n'y ait pas
22:35de bras de fer plus conséquents que ça
22:37avec la réserve fédérale telle que ça a pu l'être au premier mandat.
22:39Après, il y a aussi des échéances de nomination
22:41qui mettent peut-être moins de pression
22:43parce que finalement, on est sur une fin de mandat.
22:45En tous les cas, on se rapproche d'une fin de mandat
22:47pour Wells.
22:49Peut-être qu'il a aussi cette forme d'indépendance
22:51et il faut absolument que la réserve fédérale
22:53reste crédible dans le contexte
22:55parce qu'on voit qu'il y a tellement de bruit
22:57entre guillemets, d'incertitude autour
22:59que c'est aussi la réserve fédérale
23:01qui apporte un vrai ton
23:03qui peut inspirer en tous les cas
23:05si ce n'est la confiance, mais en tous les cas
23:07qui apporte de la stabilité.
23:10Effectivement, ça va être un peu la toile de fond
23:12et c'est ce qui enlève
23:14aussi un peu d'enthousiasme sur l'Europe
23:16parce que les conditions sont réunies.
23:18Les conditions, au-delà d'être des conditions financières,
23:20elles ramènent de la confiance
23:22et comme nous, Européens, on a plutôt tendance
23:24à avoir le verre à moitié vide
23:26que le verre à moitié plein,
23:28avoir ce climat de confiance, il sera aussi
23:30vertueux pour la mise en place
23:32des plans de relance.
23:34Les plans de relance mettront du temps à venir
23:36mais si on a un climat de confiance qui s'instaure avant,
23:38ça apportera le chemin.
23:40Mais entre les deux, on a début avril avec les droits de douane
23:42et de toute façon,
23:44ce sera compliqué
23:46d'avoir des convictions beaucoup plus fortes
23:48tant qu'on n'aura pas cette échéance-là.
23:50Comment regarde le secteur de la santé
23:52dans le cadre d'une guerre commerciale
23:54potentiellement large ?
23:56Sébastien ?
23:58C'est probablement,
24:00après je touche du bois,
24:02un des secteurs qui sera le plus protégé
24:04d'une guerre de droits de douane.
24:06Il sera plus compliqué de taper sur le patient
24:08que sur le consommateur et de lui expliquer
24:10que ses médicaments vont augmenter
24:12dans un contexte où les Américains
24:14sont déjà ceux qui payent
24:16leurs médicaments les plus chers sur la planète.
24:22Et le risque peut être aussi
24:24d'un moindre approvisionnement
24:26des laboratoires pharmaceutiques
24:28vis-à-vis des Etats-Unis
24:32si les conditions économiques
24:34pour les labos ne sont pas réunies.
24:38Je vois mal
24:40Trump aller dans ce sens-là.
24:42Après, tout est possible.
24:44Sur Novo Nordisk,
24:46une société dont on a beaucoup parlé
24:48en Europe,
24:50certains investisseurs avec qui j'ai échangé...
24:52Le grand compétiteur, c'est Lilili.
24:54Boîte américaine...
24:56Est-ce que Trump va conditionner le Groenland
24:58à laisser Novo Nordisk tranquille ?
25:00Non, mais ce n'est pas impossible.
25:02Tout est possible.
25:04On peut tout imaginer,
25:06mais par ce scénario extrême,
25:08il y a d'autres sujets à traiter.
25:10La problématique est de baisser
25:12le coût de la santé
25:14pour les patients américains.
25:16Petite parenthèse sur Novo Nordisk,
25:18c'est intéressant,
25:20parce que ça a été la valeur star
25:22révélée aux yeux du monde
25:24ces 3-4 dernières années.
25:26Novo, ça existe depuis longtemps.
25:28Diabète, on avait tous ça en tête.
25:30Le marché de l'anti-obésité,
25:32partant des molécules développées
25:34historiquement par Novo.
25:36Le RON, là aussi, a été incroyable.
25:38Depuis l'été dernier, c'est cours de bourse
25:40divisé par deux, c'est ça Sébastien ?
25:42On est passé d'un excès à l'autre.
25:44La vérité se situe entre les deux.
25:46On est passé d'un excès d'optimisme
25:48où le marché de l'obésité était quasiment infini,
25:50de se partager entre deux acteurs
25:52qui roulaient vraiment sur tout,
25:54il n'y avait aucun problème.
25:56Aujourd'hui, Novo Nordisk,
25:58qui est un peu revenu,
26:00même si l'idée est arrivée en deuxième entente
26:02sur le marché, donc continue
26:04à prendre des parts de marché
26:06et à bénéficier d'une meilleure dynamique.
26:08Les deux ont un peu reflué
26:10et Novo Nordisk est arrivé sur des niveaux
26:12de valorisation qui sont incroyablement bas
26:14en rapport à la croissance qui lui reste.
26:16Parce qu'elle n'a pas changé
26:18en termes de perspectives de croissance.
26:20C'est quasiment un changé.
26:22Novo Nordisk a atteint son pic de croissance
26:24l'année dernière qui était de 25%.
26:26Une des plus grosses sociétés pharmaceutiques
26:28de la planète, c'est quand même colossal.
26:30Cette année, je crois qu'ils vont croître à 23%.
26:32Donc il y a une décélération normale
26:34qui vient avec la taille.
26:36Mais on ne peut pas dire que c'est un effondrement
26:38ou que c'est une perte de chiffre d'affaires
26:40qui serait liée à la concurrence.
26:42L'opportunité est toujours là.
26:44Aujourd'hui, Novo se paye avec seulement 25% de prime
26:46par rapport au reste des laboratoires pharmaceutiques.
26:48Il y a encore un an,
26:50ça se payait deux fois plus cher que la moyenne.
26:52C'est le sentiment qui a changé.
26:54Il y a eu quelques problèmes
26:56de résultats cliniques.
26:58Les produits successeurs sont peut-être un peu moins
27:00extraordinaires que ce qu'on pensait.
27:02On n'arrive pas à faire perdre 25%, c'est ça ?
27:04C'est la barre des 25% qui attire tout le monde.
27:06Je crois que le management
27:08s'est un peu pris les pieds dans le tapis
27:10en disant que c'est eux qui communiquaient sur 25%.
27:12Le successeur du produit qu'on commercialise
27:14va faire 25% de baisse au bout d'un an.
27:16Il a fait 23%.
27:18C'est extraordinaire.
27:20Ce n'est pas la catastrophe.
27:22Le produit a perdu 50% depuis ses plus hauts.
27:24Encore une fois, je pense que la réalité est entre les deux.
27:26Il y a un peu de confiance à aller regagner
27:28du point de vue du management,
27:30notamment après ces déceptions.
27:32Je pense que les publications trimestrielles
27:34et la poursuite des bons chiffres
27:36vont amener progressivement
27:38cette confiance.
27:40De manière globale,
27:42ce marché de l'anti-obésité,
27:44vous dites que les perspectives ne vont pas changer.
27:46Simplement, il y aura plus d'acteurs prévus.
27:48Ce ne sera peut-être pas ni le monopole
27:50ni le duopole qu'on pouvait envisager.
27:52Le marché ne sera peut-être pas aussi gros
27:54que ce qu'on avait.
27:56Certains analystes nous parlaient de plus de 100 milliards de marché.
27:58Si on rapporte ça au marché américain,
28:00on peut dire que ça va être les trois quarts.
28:02Peut-être 75-80 milliards, rien qu'aux Etats-Unis.
28:04Les Américains dépensent
28:06600 milliards de dollars par an pour leurs médicaments.
28:08Vous auriez deux molécules
28:10qui allaient faire 15% de tous les médicaments
28:12que les Américains allaient dépenser.
28:14Je veux bien que l'obésité soit un gros sujet chez eux,
28:16mais ça me paraissait beaucoup.
28:18Est-ce qu'il y a quelqu'un qui traite un peu tout ?
28:20À condition de prendre le médicament de manière chronique,
28:22ad vitam aeternam,
28:24ce qui est le cas dans le diabète,
28:26ce qui est probablement beaucoup moins le cas dans l'obésité.
28:28Je pense qu'on va le prendre en cure
28:30pour atteindre un poids cible et arrêter.
28:32Ce sont des produits avec des effets secondaires
28:34relativement importants.
28:36Ce ne sera pas traité comme une maladie chronique ?
28:38Je ne crois pas. C'est mon scénario.
28:40Je pense que le marché est en train de revenir
28:42de cette vision du médicament
28:44qu'on va prendre tous les jours de sa vie
28:46mais encore une fois,
28:48on est parti dans l'excès inverse.
28:50Je pense que là, en termes de valorisation
28:52et de potentiel de croissance, ça se regarde à nouveau.
28:54Toujours passionnant ce secteur de la santé
28:56et cette lutte
28:58contre l'obésité dans le monde
29:00avec le fer de lance danois, Novo
29:02et le compétiteur américain Eli Lilly.
29:04Je voulais qu'on puisse dire un mot
29:06des marchés obligataires aussi,
29:08parce qu'on parle des marchés actions
29:10avec un sentiment renversé
29:12entre les Etats-Unis et l'Europe.
29:14Là aussi, deux marchés qui divergent énormément
29:16et c'est peut-être d'ailleurs encore plus spectaculaire
29:18depuis le début de l'année,
29:20c'est le marché obligataire américain
29:22qui a plutôt eu tendance à se réapprécier.
29:24Les taux ont baissé aux Etats-Unis
29:26de, je le disais, 50 points de base
29:28sur ces derniers mois.
29:30Quant en Europe, là, pour le coup,
29:32le marché obligataire a pris un peu le choc
29:34du plan allemand avec une correction importante
29:36notamment sur l'actif sans risque ultime
29:38que reste le Bund allemand.
29:40Benoît.
29:42Sur le re-rating du marché obligataire euro,
29:44je pense qu'il ne faut pas forcément le voir
29:46comme une crainte d'endettement
29:48mais plutôt comme une compréhension
29:50de ce nouveau paradigme
29:52dont on parlait tout à l'heure
29:54et d'un potentiel de croissance
29:56qui peut se réaliser.
29:58On n'est pas au niveau des marchés US
30:00sur les taux.
30:02On a 150 points de base d'écart
30:04entre le disant allemand
30:06et le disant américain à peu près.
30:08Mais brutalement, on reprice
30:10et on se dit que si on est dans une zone
30:12où il y a un potentiel de croissance un peu plus élevé,
30:14ça mérite des taux un peu plus élevés.
30:16C'est assez logique.
30:18En fait, c'est plutôt une bonne nouvelle.
30:20C'est le marché obligataire qui comprend
30:22qu'il va se passer quelque chose
30:24sur ce rythme de croissance
30:26qui était toujours à 13 à taux
30:28en zone euro et qui peut grappiller
30:30quelques dixièmes de points de plus.
30:32C'est ça qu'il est en train de presser, je pense.
30:34Si c'est bien le cas,
30:36c'est une opportunité pour les investisseurs.
30:38On a un moteur de performance
30:40sur les marchés obligataires.
30:42Très bien.
30:44A court terme, on a un peu souffert.
30:46C'est évident.
30:48A moyen terme, on a un moteur de performance
30:50sur les marchés obligataires
30:52qui est un peu supérieur.
30:54On ne peut que s'en réjouir.
30:56D'autant plus que le marché monétaire
30:58qui a été la bonne source de performance
31:00de ces derniers trimestres,
31:02ça va un petit peu s'atténuer.
31:04C'est comme ça qu'il faut le voir, je pense.
31:06On a bien vu
31:08le réajustement
31:10du rendement allemand à 10 ans.
31:12Comme vous disiez, ça n'a pas été un feu de paille.
31:14Ça a tenu.
31:16Depuis 15 jours, ça tient.
31:18Le marché n'est pas revenu en arrière
31:20sur cet équilibre-là.
31:22On est probablement
31:24dans un nouveau rythme sur les taux
31:26qui prend en compte
31:28ce potentiel de la zone euro.
31:30Là-dessus, il n'y a pas
31:32de mouvement de panique.
31:34C'est plutôt quelque chose de sain.
31:36Il faut le voir
31:38plutôt comme une opportunité.
31:40Sur le crédit, ça tient toujours.
31:42Y compris aux US,
31:44j'ai vu qu'on reparlait
31:46d'un début de réécartement
31:48des spreads high yield aux Etats-Unis
31:50alors qu'ils partaient de points
31:52de compression historiquement bas.
31:54Là aussi, il y a deux mouvements
31:56aux US et Europe.
31:58Je ne les vois pas exactement de la même manière.
32:00Aux US, ça reste fragile.
32:02Ça peut s'impacter négativement
32:04et avoir des hausses de spread.
32:06Tant qu'on est dans le flou
32:08et qu'il y a une politique qui n'est pas
32:10si simple que ça pour les entreprises
32:12pour naviguer à travers,
32:14on peut avoir des hausses de spread
32:16dans un marché très serré sur les spreads.
32:18En zone euro, c'est un peu différent.
32:20C'est-à-dire que
32:22c'est une hausse
32:24des taux refuge.
32:26Et peut-être
32:28une légère baisse des spreads
32:30parce qu'on a cet environnement
32:32qui va devenir plus favorable.
32:34C'est totalement à l'inverse
32:36de notre scénario de début d'année.
32:38On imaginait plutôt le contraire.
32:40Parce qu'on était dans une croissance à taune
32:42et qu'on estimait une baisse des taux
32:44longue avec la baisse des taux de la BCE
32:46et qu'on voyait plutôt une légère hausse
32:48des spreads dans un marché un peu compliqué.
32:50On réinverse complètement
32:52ce scénario-là
32:54avec ce nouveau potentiel de croissance.
32:56Sur les marchés de taux,
32:58de crédit,
33:00ça reste des marchés importants
33:02pour des clients privés, en banque privée
33:04aujourd'hui, Isabelle ?
33:06C'est vrai que c'est une opportunité
33:08sur de la signature de très grande qualité.
33:10C'est sans doute que le marché
33:12change son paradigme.
33:14C'est ce qui explique cette montée
33:16et cette stabilisation.
33:18On n'est pas en train de le dégrader beaucoup plus.
33:20Mais si le plan va au bout,
33:22on sera sur un taux d'endettement du PIB
33:24entre 70 et 75 %,
33:26c'est complètement sain.
33:28Le triple A allemand n'est pas menacé.
33:30C'était les 2,40
33:32qui étaient sans doute
33:34le reflet
33:36de ce qu'on a vécu
33:38avec les taux négatifs sur les dernières années.
33:40On était resté dans une situation
33:42pas anormale, mais avec des perspectives
33:44de croissance, on a la place
33:46pour aller chercher plus de rémunération.
33:48C'est une opportunité pour les investisseurs.
33:50Aujourd'hui, pour des investisseurs européens,
33:52on va chercher un peu plus de rendement
33:54sans une prise de risque
33:56qui soit très importante.
33:58C'est un peu le signal aussi que le marché
34:00obligataire a souvent une lecture
34:02beaucoup plus acérée d'un environnement global
34:04que ne peut l'avoir le marché action
34:06qui va être beaucoup plus versatile.
34:08On voit souvent une vision
34:10un peu plus long terme
34:12à travers le marché obligataire
34:14et c'est encore le cas aujourd'hui.
34:16Il y a un marché dont on n'a pas parlé, c'est la Chine.
34:18Il faut quand même en dire un mot.
34:20Il y en a un dans les marchés qui redémarrent
34:22il y a le marché boursier chinois.
34:24Est-ce qu'il faut le dater
34:26du moment DeepSeek
34:28des débuts d'année ? En tout cas sans doute que DeepSeek
34:30a, au-delà des valorisations des marchés
34:32actions chinois qui étaient vraiment à la cave,
34:34DeepSeek a sans doute révélé à nouveau
34:36quelque chose de ce point de vue-là.
34:38Pour autant, ça reste un marché compliqué
34:40dont les investisseurs globaux restent
34:42relativement éloignés de ce que je comprends.
34:44Isabelle,
34:46est-ce qu'on a envie d'y aller
34:48si le client nous le demande ?
34:50Sinon, comment est-ce que vous regardez
34:52la revalorisation de ces marchés
34:54boursiers chinois et de ce que ça nous dit ?
34:56Il y a DeepSeek qui a forcément aidé.
34:58Ça a été un déclencheur.
35:00Globalement,
35:02tout ce qui est mis en place par l'État
35:04et la prise de conscience sur la fin d'année dernière,
35:06ça s'est construit un petit peu avec tous ces éléments-là.
35:08On voit bien
35:10que la nécessité pour la Chine aujourd'hui,
35:12si elle veut avoir ses 5% de croissance, ça va passer par le consommateur.
35:14Ce n'est pas avec les droits de douane
35:16qu'ils vont pouvoir faire les 5% de croissance.
35:18Il faut mettre en place des choses.
35:20L'immobilier reste quand même,
35:22même si ça allait un petit peu mieux,
35:24de nouveau les chiffres étaient un petit peu plus fragiles.
35:26Il faut sans doute déréguler un petit peu.
35:28Ils avaient très serré la régulation
35:30sur les technologiques.
35:32Ils sont en train de desserrer.
35:34Il y a tout un écosystème qui se met en place aujourd'hui.
35:36Nous, dans un premier temps,
35:38on regarde vraiment
35:40de manière assez accrue du côté des techs chinoises,
35:42pas sur l'ensemble du marché, mais du côté des techs chinoises
35:44qui restent encore très sous-valorisées
35:46par rapport à l'ensemble du secteur de la tech.
35:48Mais forcément, il va falloir regarder
35:50peut-être avec un peu plus d'attention la Chine.
35:52Les données économiques qui ont été publiées
35:54cette semaine commencent à montrer,
35:56notamment du côté des ventes de détails,
35:58une confiance qui peut revenir.
36:00C'est des soubresauts.
36:02Il va falloir vraiment que ça se confirme.
36:04Après, les plans qui ont été annoncés
36:06cette semaine en faveur du consommateur,
36:08il va falloir avoir beaucoup plus de détails.
36:10Ça, ça met toujours un petit peu de temps à venir.
36:12On aura un grand rendez-vous à l'automne prochain
36:14avec un nouveau plan quinquennal
36:16qui doit être dévoilé par l'autorité.
36:18Dans le leadership chinois sur l'innovation,
36:20alors évidemment, on a en tête
36:22la batterie véhicule électrique, la transition,
36:24les panneaux solaires, etc.
36:26L'IA désormais, la santé à sa place également, Sébastien ?
36:28Nous, on regarde beaucoup
36:30la Chine en santé.
36:32Je disais tout à l'heure que sur le marché mondial,
36:34l'année dernière, on avait une grosse sous-performance
36:36de la santé relative au reste du monde.
36:38En Chine, la sous-performance était encore plus importante.
36:40C'était quasiment 40 points derrière.
36:42La santé s'était fait vraiment matraquer
36:44l'année dernière en Chine.
36:46On a des opportunités très fortes.
36:48Quand on parle de santé, c'est quoi ? Biotech ?
36:50C'est de la santé au sens large.
36:52Notamment les équipements médicaux
36:54ou les producteurs
36:56de médicaments biologiques.
36:58Il y a eu vraiment des variations
37:00boursières qui étaient assez
37:02compliquées, on va dire.
37:04Là, au début d'année, il y a plusieurs choses
37:06qui sont en train de s'aligner. Il y a notamment un plan de relance
37:08dans les équipements médicaux
37:10pour permettre aux hôpitaux chinois de réinvestir
37:12dans des parcs de machines
37:14qui étaient un peu obsolètes.
37:16On a aussi une innovation dans la biotech
37:18extrêmement forte.
37:20C'est incroyable, j'irais même. On a certains médicaments
37:22qui n'existent qu'en Chine
37:24pour soigner certaines formes de cancers.
37:26Ils bénéficient
37:28de toute une génération de ce qu'ils appellent
37:30des returnees, des gens qui sont allés
37:32faire leurs études supérieures et leurs débuts
37:34de carrière à l'international, très souvent aux Etats-Unis,
37:36et qui reviennent en Chine créer
37:38des sociétés de pointe,
37:40notamment en biotech,
37:42qui arrivent à développer
37:44des médicaments. Et les sociétés chinoises
37:46nous disent qu'elles sont capables de faire
37:48une phase 3 en Chine.
37:50Ça coûte 10 fois moins cher que de faire une phase 3.
37:52Donc il y a un moment dipsyche dans la santé chinoise.
37:54Enfin, dans la biotech chinoise.
37:56Oui, très clairement. Et je crois que la preuve de ça, c'est
37:58les emplettes et les collaborations qui sont en train de se faire.
38:00Les laboratoires occidentaux... On va sourcer
38:02notre innovation là-bas ?
38:04Même plus en Chine que dans le reste du monde.
38:06Aujourd'hui, les principaux accords
38:08que font les laboratoires occidentaux sont avec
38:10des biotechs chinoises,
38:12plutôt qu'avec des biotechs américaines ou européennes.
38:14Et ça, c'est fluide encore ?
38:16Ce genre de partenariat, de JV,
38:18d'accord, de collaboration,
38:20c'est encore un truc dans le domaine de la santé qui fonctionne,
38:22qui peut se faire de manière fluide ?
38:24Oui, et on en voit même de plus en plus.
38:26Tous les mois, AstraZeneca, qui a voulu
38:28rentrer dans la course des GLP1, ces fameux produits anti-obésité,
38:30a trouvé sa molécule
38:32chez un Chinois qui s'appelle Ecogen
38:34l'année dernière.
38:36Des exemples comme ça, on en voit tous les jours.
38:38L'innovation chinoise est partout aujourd'hui.
38:40Il faut bien le prendre en compte.
38:42Sur ce retour boursier de la Chine,
38:44il y a encore un peu de chemin à parcourir,
38:46mais il y a quand même quelque chose
38:48qui se passe depuis quelques mois.
38:50En tout cas, à court terme et au-delà des problèmes structurels
38:52qu'il faut avoir en tête.
38:54Et puis, je trouve ce qui est intéressant, c'est qu'il y a
38:56une redéfinition des relations commerciales
38:58avec les Etats-Unis.
39:00C'est les Etats-Unis contre le monde entier,
39:02ça amène à redistribuer
39:04toutes ces relations commerciales
39:06et donc du potentiel
39:08pour la Chine qui peut arriver
39:10par d'autres voies.
39:12Donc ça, je pense que
39:14effectivement, ce retour, il est logique.
39:16Et on va probablement voir
39:18d'autres zones émerger
39:20par ce biais-là, en fait.
39:22Parce qu'il y a bien une redistribution des cartes, potentiellement,
39:24via cette politique de hausse tarifaire
39:26et cette volonté de
39:28potentiellement de s'isoler un peu, en fait.
39:30De mettre une taxe
39:32à l'entrée du marché de consommation américain.
39:34Bon, on suivra ça.
39:36Merci beaucoup messieurs et madame
39:38d'avoir été avec nous en plateau ce soir.
39:40Isabelle Enos, responsable de la stratégie de marché
39:42chez BNP Paribas, banque privée.
39:44Beno Vesco, présidente de l'UBAC Asset Management.
39:46Et Sébastien Malafosse, gérant Health Care
39:48chez Edmond Drottschild Asset Management
39:50étaient les invités de Planète Marché ce soir.

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