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Jeudi 13 mars 2025, SMART BOURSE reçoit JeanJacques Friedman (Directeur de gestions déléguées, Vega IS) , Nathalie Benatia (Macroéconomiste, BNP Paribas Asset Management) et Julien Quistrebert (Gérant, Tailor AM)

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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Nathalie Benatia est à nos côtés, macro-économiste chez BNP Paribas Asset Management.
00:17Bonsoir Nathalie.
00:18Bonsoir.
00:19Julien Quistrobert nous accompagne également, gérant chez Taylor Asset Management.
00:21Bonsoir Julien.
00:22Bonsoir.
00:23Et Jean-Jacques Friedman également avec nous, directeur des gestions déléguées
00:26de Vega IS.
00:27Bonsoir Jean-Jacques.
00:28Bonsoir.
00:29Alors, la situation rend forcément vos métiers encore plus passionnants qu'ils ne le sont
00:32déjà.
00:33Nathalie, je me tourne vers l'économiste en premier lieu.
00:37Non, je suis assez intéressé par cette idée, ce concept de période de transition ou de
00:42période de détox comme le dit Scott Besant, le secrétaire du Trésor qui d'ailleurs communique
00:47encore aujourd'hui dans les médias américains pour dire que l'administration Trump de son
00:52président est focalisée sur l'économie réelle, sur Main Street et que les turbulences
00:58de Wall Street ne sont pas aujourd'hui quelque chose qui est pris en compte par l'administration
01:02Trump.
01:03On viendra à la partie marché, mais sur la partie économique, comment est-ce que vous
01:07comprenez après une cinquantaine de jours d'exercice du pouvoir cette idée d'une période
01:10de transition au regard des annonces qui ont pu être faites par cette administration ?
01:15Alors le métier est fatigant, mais ça c'est un autre problème.
01:19Moi ce qui me frappe c'est qu'il y a quand même une évolution dans le discours de Donald
01:23Trump et donc de ses équipes, puisqu'au début à sa prise de fonction, les droits
01:28de douane c'était formidable, ça allait ramener tout aux États-Unis, le travail, la prospérité
01:33etc.
01:34Et on a un glissement, Trump lui-même a parlé de petites perturbations possibles liées
01:39aux droits de douane, et là on entend ce terme très marketing, très bien trouvé de détox.
01:46Le problème d'un point de vue économique, et là on part vraiment un peu dans la théorie
01:53économique, en tout cas dans des idées qui ont été développées dès Keynes, sur
01:58lesquelles Bernanke a travaillé dans les années 80, c'est-à-dire cette notion d'incertitude
02:02qui bloque finalement l'économie.
02:04Donc c'est pas seulement « ah on sait pas trop ce qui va se passer, on attend », c'est
02:09on est incapable de mettre en face d'événements possibles une probabilité, et donc on bloque
02:19parce que c'est rationnel quand on est une entreprise, quand on ne sait pas ce qui va
02:22se passer, de retarder ses investissements, des investissements lourds évidemment, qui
02:28normalement sont décidés parce qu'il faut les faire, on n'investit pas pour le plaisir.
02:32Et bien il est rationnel de les retarder parce qu'en attendant davantage d'informations,
02:37on pourra prendre une meilleure décision.
02:39Et ça c'est vraiment quelque chose qui est en train de se mettre en place du point de
02:42vue économique.
02:43Évidemment pour les marchés financiers, l'incertitude, on est habitué à manipuler
02:47ce mot, mais c'est vrai qu'en économie c'était pas forcément le cas, et là on
02:50est vraiment au cœur de ce sujet.
02:52Et puis il y a des incertitudes connues, et des incertitudes inconnues, c'est ça si je
02:57vous suis Nathalie, les known unknowns et les unknown unknowns, et là on est vraiment
03:02dans un niveau d'incertitude.
03:03Et même dans les incertitudes connues, encore une fois, pas moyen d'établir une probabilité,
03:08et donc pas moyen d'imaginer quel sera l'état du monde dans deux ans, dans trois ans, etc.
03:13Et ça, qu'est-ce que ça engendre ? Vous avez évoqué les plans d'investissement
03:17des entreprises notamment, on regarde beaucoup la consommation aux Etats-Unis parce que c'est
03:21quand même le moteur de l'économie, mais ce qui pourrait abîmer la course de l'économie
03:25américaine, au moins conjoncturellement, c'est plus la partie investissement, c'est ça Nathalie ?
03:28Absolument, dès les travaux de Keynes, c'était en fait expliquer les cycles d'investissement.
03:34Et c'était un des facteurs qui expliquent le cycle d'investissement.
03:37Et on est vraiment comme dans un livre d'économie, c'est-à-dire qu'on a une incertitude sur
03:40le commerce mondial, on a une incertitude sur la réglementation, ce qui est très important
03:45parce qu'on nous dit on va déréglementer, on ne sait pas où, dans quelle mesure, et
03:49donc c'est vraiment comme dans les livres et il est normal que les entreprises fassent
03:55état de cette incertitude.
03:56Pour le moment, elles ne le font pas forcément état d'une situation très dégradée.
04:01Si on pense aux petites entreprises, alors aux Etats-Unis, cette enquête, c'est vraiment
04:05des très petites entreprises.
04:07Leur niveau de confiance qui s'était envolée après l'élection de Trump est revenu mais
04:13reste supérieur à un niveau tout à fait correct.
04:17Mais ce qui a été souligné dans le commentaire, c'est que l'incertitude, c'est-à-dire les
04:20gens qui répondent aux questions « je ne sais pas » ou qui ne répondent pas, est
04:25en train d'augmenter et d'une façon assez importante.
04:28Sur les deux derniers mois, donc l'enquête NFID qui est parue hier, sur les deux derniers
04:31mois, si on prend janvier et février, la baisse du nombre de patrons de PME qui sont
04:35prêts à étendre leur business, à investir, a chuté considérablement.
04:39Jusqu'où ça nous mène ? Enfin je veux dire, puisque c'est la question qui revient, est-ce
04:45qu'on est simplement dans une vibe qui retombe à travers des chiffres d'enquête, de morale,
04:51ou est-ce que ça peut être déjà plus profond que ça avec des chiffres durs qui à un moment
04:56pourraient être moins jolis que ce qu'on a vu jusqu'à présent aux Etats-Unis ?
05:00Honnêtement, plus profond que ça, pour le moment, ce n'est pas notre scénario central.
05:04Effectivement, les peurs sont nées de la dégradation des enquêtes d'activité, de
05:10confiance des ménages.
05:12Et par ailleurs, il est peu probable qu'on voit dès le mois, dès les données concernant
05:17février ou mars, les effets de la politique de la nouvelle équipe, compte tenu du début
05:22au 20 janvier.
05:24Donc voilà, c'est la question.
05:25Est-ce que les données solides, les données objectives vont tenir ?
05:30Et c'est très difficile de répondre à cette question.
05:34Est-ce que c'est typiquement des indicateurs de données dures qui pourraient à un moment,
05:39je ne sais pas, infléchir la conduite de la politique ou la politique conduite par
05:45Donald Trump ?
05:46Il y a la méthode et l'objectif, toujours, mais sur la méthode ou la manière, peu de
05:51chance qu'il change, j'imagine.
05:52Pour le moment, à propos de l'estimation de la santé de l'économie américaine, le
05:58dernier discours de Jérôme Powell était positif, très positif.
06:03Son terme, c'est de dire que l'économie américaine est une good place, dans une bonne
06:08situation, que le marché de l'emploi continue à aller bien, et c'est vrai dans les chiffres,
06:12tout ce qui vient du marché de l'emploi nous dit que ça va bien, mais c'est vrai
06:16que, pour le coup, on repart sur les investisseurs, peuvent jouer à se faire peur.
06:20Alors après, est-ce qu'une… Alors manifestement, compte tenu de la teneur des dernières communications
06:27sur détox et compagnie, on peut imaginer que des inflexions des données ne changeraient
06:32pas la politique, mais encore une fois, on ne peut qu'imaginer.
06:36Après, si on entre dans quelque chose de plus marqué en termes de ralentissement, ça pourra changer.
06:43Il y a quand même un seuil de douleur, j'imagine.
06:45Sans doute.
06:46On ne sait pas où il est, mais il y a quand même un seuil de douleur pour une équipe
06:48au pouvoir comme celle de Trump aujourd'hui.
06:51Oui, comme tout président, le rapport sur l'emploi de vendredi dernier, c'était
06:55son premier rapport sur l'emploi, c'était le mois de février, qu'il n'a pas d'ailleurs
06:59énormément commenté, mais oui, lui aussi va être obligé de commenter le rapport sur
07:04l'emploi et de regarder au moins ses chiffres.
07:07Bon, intéressant de voir, il change un peu d'indicateur par rapport à la première
07:12version de Trump au premier mandat.
07:14Il a toujours des indicateurs de marché, mais là, il communique sur le fait que les
07:18taux longs aient baissé, c'est bon pour les mortgages, c'est bon pour ceux qui veulent
07:22éventuellement acheter de l'immobilier.
07:24Il communique sur la baisse du pétrole également, qui a perdu 15% quand même depuis son installation
07:28à la Maison-Blanche.
07:29Et puis, il communique sur, non, pas la baisse du beurre, mais la baisse des taux essentiellement
07:35et la baisse du pétrole.
07:37Il est moins focalisé sur le marché à action, et c'est ce que dit Scott Besson d'ailleurs
07:41aujourd'hui.
07:42Le marché à action, les turbulences du marché à action, pour l'instant, ce n'est pas notre
07:45sujet.
07:46Oui, il va même plus loin, puisqu'il considère que les mouvements sur les marchés sont faits
07:49de certaines personnes qui seraient contre sa politique.
07:52Les globalistes.
07:53Voilà, donc il y a un peu de dogmatisme derrière tout ça.
07:56Non, ce que je dirais, moi, ce qui nous inquiète un peu plus, nous, c'est le...
07:59Alors, effectivement, il y a le sujet investissement avec ses incertitudes, mais plus loin que
08:02ça, c'est la confiance aussi, et notamment du consommateur.
08:05On a vu sur le mois de janvier que les chiffres étaient un peu difficiles.
08:07Il ne faut pas oublier qu'aussi, l'effet richesse lié au marché financier est quand même très
08:12important pour le consommateur américain.
08:14Je vous rappelle, 10% des consommateurs, c'est quasiment 50% de la consommation aux Etats-Unis.
08:19Donc, c'est les plus riches, forcément.
08:21Et donc, des marchés un peu plus difficiles, des cryptos qui baissent aussi, puisque tout
08:25ça participe, on a peur que ça entame quand même la confiance, au final, de ce consommateur
08:30américain.
08:31Et donc, du coup, pour le coup, on a une posture un peu prudente, en tout cas, sur les prochaines
08:37semaines, mois, puisque, de toute façon, les effets de la guerre commerciale, on est
08:42au début.
08:43L'Europe va arriver de manière un peu plus significative dans quelques semaines, logiquement,
08:47parce que là, on est sur l'écume, entre guillemets, avec les sujets sur l'alcool et
08:51l'acier.
08:52Donc, il y a quand même un environnement qui reste extrêmement complexe, de ce point
08:57de vue-là.
08:58Et donc, nous, on a plutôt une posture, à ce niveau-là, qui reste un petit peu prudente.
09:01Justement, parce qu'on a peur que la confiance du consommateur soit un peu plus abîmée.
09:06Et on le voit d'ailleurs, dans la confiance des investisseurs privés aux Etats-Unis,
09:10elle a fortement baissé.
09:11Et donc, là aussi, je ne dirais pas qu'il y a quelque chose de cassé, mais en tout
09:15cas, il peut y avoir une zone d'incertitude.
09:17Et puis, il ne faut pas oublier aussi que les petits porteurs sont souvent très techno.
09:20C'est le segment qui a le plus corrigé.
09:22Donc, il y a peut-être un effet encore plus fort, en tout cas chez eux, sur leur patrimoine.
09:27Et pour revenir sur l'immobilier, oui, c'est très bien, l'étau baisse, mais le bois
09:31vient beaucoup du Canada.
09:33Donc, là, dans l'autre, je ne suis pas sûr que net-net, ce soit très positif.
09:37Après, l'autre bonne nouvelle, je dirais, c'est qu'on dit qu'il ne réagit pas.
09:41Bon, il a réagi quand même pour Elon Musk, en voyant que le titre Tesla chutait.
09:45Donc, il s'est empressé de dire qu'il fallait en acheter.
09:47Non, mais c'est, évidemment, c'est un peu trivial comme sujet.
09:50Ça a repris 8% hier Tesla.
09:51Mais en tout cas, ça démontre qu'ils ne regardent pas, mais ils regardent quand même.
09:55Voilà, c'est un peu plus complexe que ça.
09:56Voilà, mais en tout cas, ils sont prêts à aller dans des zones de douleur.
10:00Ils avaient prévenu depuis longtemps, puisque c'est vrai que l'équipe de Trump avait été
10:03moins disante là-dessus.
10:04Mais Elon Musk, ça fait plusieurs mois qu'il dit que ça aura des impacts négatifs, mais
10:07que ce sera pour aller mieux aussi.
10:08Oui, c'est ça.
10:09Le discours, c'est, voilà, ça vaudra le coup.
10:13C'est un prix à payer, mais qui vaudra, c'est le no-pay, no-gain, quoi.
10:17Ce qui est intéressant de voir, je ne sais pas si vous avez vu cette interview de Ronald
10:20Reagan qui est ressortie il y a longtemps, évidemment.
10:23Mais c'était assez intéressant, parce que lui, justement, il disait qu'il était contre
10:28ces droits de donne, parce qu'il disait que c'est séduisant à court terme.
10:30Mais la réalité, c'est que derrière, il y a ces sujets d'inflation et puis aussi des
10:35pertes de compétitivité des entreprises américaines, parce qu'elles se retrouvent
10:38dans un cocon et donc, elles ne sont plus forcément incitées à innover et à faire
10:42des gains de productivité.
10:43C'est le chef économiste de J.P. Morgan qui a eu cette phrase fabuleuse, qui a dit
10:46« Ah ben, les tarifs, alors, mis à part le fait que ça fait monter les prix, ça
10:51ralentit l'économie, ça fait baisser les marges, ça fait augmenter l'emploi, ça
10:55augmente les disparités au sein de la société, à part ça, c'est très bien.
11:03» Donc, effectivement, on en est un peu là.
11:06Mais on ne comprend toujours pas très bien, effectivement, si c'est juste du bargain,
11:10si c'est du trade, si c'est plus dogmatique que ça, il y a cette question qui se pose
11:14aussi.
11:15On verra bien ce qu'il en est à partir du 2 avril, mais quand on écoute certains
11:18membres de son administration, la porte-parole de la maison, il y a quand même l'idée
11:22qu'ils sont convaincus que ce sont les étrangers qui payent les tarifs douaniers et que pour
11:28l'américain, c'est des rentrées d'argent et c'est de l'argent en plus et que ça
11:32va être des baisses d'impôts.
11:33C'est quand même vendu comme ça et à force de le vendre comme ça, on se demande même
11:36s'il ne croit pas que ça fonctionne comme ça.
11:39Sérieusement.
11:40Quand on répète une mensonge mille fois, ça finit pour l'américain.
11:42Oui, c'est ça.
11:43La porte-parole de la maison blanche, dans le discours, c'est des hausses de taux pour
11:48les étrangers et c'est des baisses d'impôts pour les américains, les tarifs.
11:53C'est vendu comme ça.
11:54Ce n'est pas ça.
11:55Non, non.
11:56Oui, oui.
11:57Jean-Jacques, sur ces 53, 54 premiers jours de Donald Trump.
12:01Moi, c'est riche, c'est ça qui est intéressant.
12:03Dès le début, on avait dit que son administration était un peu coupée en deux et il y a vraiment
12:07une partie de son administration qui croit ça, mais quelqu'un comme Scott Besant n'y
12:11croit pas.
12:12C'est ça le point aussi notable.
12:13Oui, on imagine.
12:14Ce n'est pas le plus pro-tarif de l'administration Besant.
12:18Après, Trump, quelle que soit l'évolution de n'importe quel marché, il en aurait tiré
12:26bénéfice.
12:27Il feint peut-être après coup d'être instigateur de quelque chose dont il n'est absolument
12:32pas instigateur.
12:33Je pense qu'il peut être quand même surpris du mouvement qu'il y a eu sur le marché
12:36de l'action.
12:37Alors, on peut voir grossièrement une idée et tout n'est pas faux.
12:42C'est vrai qu'on vivait un peu à crédit, que pourquoi avoir de tels déficits quand
12:46il y avait déjà une telle croissance.
12:48De calmer un peu le jeu, ça peut avoir du sens, mais de le faire de cette manière-là
12:54en introduisant du doute et de la volatilité, c'est-à-dire qu'il voudrait peut-être faire
12:58passer les mesures sur les droits de douane, des mesures un peu électoralistes aussi,
13:03sur sa politique d'immigration avant finalement la baisse des impôts.
13:09Tout ça, horizon deux ans avant les mid-term, mais tout ça est très théorique.
13:14C'est vrai que si on a un dollar plus bas, on peut théoriquement exporter davantage,
13:18mais encore faut-il avoir les bons produits.
13:22Tout ça, c'est quand même jouer avec quelque chose de dangereux.
13:26Vous disiez tout à l'heure qu'il ne va pas changer de discours, c'est tout à fait possible
13:30que si à un moment donné.
13:31Je ne vois pas encore le pout qu'il peut arriver, ça viendra du marché, de son administration,
13:37de la Banque Centrale, mais ça peut arriver à un moment donné quand même.
13:40Au congrès, situation de blocage un peu traditionnelle avant de voter une nouvelle loi budgétaire.
13:48Ça permettra de jauger un peu la capacité des démocrates à tenir un bras de fer avec
13:54le Républicain là-dessus.
13:55Je crois toujours qu'à un moment donné, je pense que quand il sera en situation de
14:02faiblesse, il y aura un retournement de l'opinion publique des Républicains qui sera extrêmement
14:08puissant, mais peut-être que le mal aura déjà été fait.
14:11On ne touche pas impunément comme ça, on ne crée pas une incertitude.
14:14On ouvre une bouteille et une boîte de Pandore, et pour arriver finalement à remettre le
14:20mauvais génie dans la bouteille, c'est difficile.
14:24J'espère que ça ne va pas aller trop loin, mais oui, après, ce qui se passe aussi, puisque
14:30maintenant aujourd'hui, en deux mois, tout le monde ne croit plus qu'à l'Europe,
14:34c'est une zone géographique qu'on avançait, avec la progression qu'on a eue et la baisse
14:41qu'il y a eue sur les marchés américains, dont le Nasdaq, 20% d'écart entre le DAX
14:45et le Nasdaq, les deux sont revenus à leur valorisation moyenne, au moins c'est le point
14:51notable.
14:52C'est un sous-investissement notable sur la zone européenne, peut-être qu'il peut
14:55y avoir un phénomène d'exagération, surtout si les taux rebaissaient sur la zone européenne
15:00et qu'on peut aller un peu plus loin en termes de PE, mais à contrario, sur le marché américain,
15:05on est revenu à 27 fois des multiples sur le Nasdaq, et comme on a quand même des résultats
15:11qui devraient continuer à progresser, il nous semble que, paradoxalement, une partie
15:15du mal est faite déjà sur le marché américain et le Nasdaq en tête.
15:19D'accord, donc vous voyez quand même toujours, après 15% de baisse du Nasdaq par rapport
15:25au sommet, il y a peut-être déjà un premier moment d'opportunité, vous dites quand même,
15:31si on fait un peu abstraction du bruit, en termes de valo pur, il y a quand même un
15:36risk-reward qui redevient intéressant.
15:38Oui, parce que sur le marché européen, c'est un call qu'on avait, mais le marché européen,
15:42il performe quelques mois généralement, il ne performe pas des années quand même,
15:45donc là, c'est vrai qu'il y a un changement notable, mais on a l'impression que c'était
15:48il y a quelques mois, alors que c'était la semaine dernière, finalement, avec Merck,
15:52ça a l'impression que c'était il y a...
15:54Mais voilà, je pense qu'il ne faut pas jeter, à un moment donné, il y avait un exceptionnalisme
15:58américain, là, il y avait un phénomène de rattrapage, parce que finalement, on n'était
16:03plus tout focalisé ni sur la géopolitique qui était favorable pour l'Europe, ni sur
16:07les valorisations qui pouvaient être une zone de rattrapage pour la Chine et l'Europe
16:11par rapport aux Etats-Unis, mais maintenant, ça a un peu eu lieu, et il y a quand même
16:15une vérité des grandes valeurs tech qui, si on n'avait pas tort, au moment où on
16:20disait que l'instant deep-seek, finalement, ne cassait pas, et au contraire, étendait
16:25les thématiques de l'IA, etc., devraient occasionner des points de support quand même
16:30sur ces valeurs, au moins, de croissance US, d'autant plus avec la baisse des taux.
16:35Bon, alors, allons-y, tactiquement, Julien, là, c'est déjà un moment, pour ceux qui
16:38ont bien profité du rallye européen et qui n'ont pas trop souffert dans la baisse américaine,
16:45c'est déjà un moment pour, je ne sais pas, tourner un petit peu les positions ?
16:49C'est une réflexion, effectivement, qu'on a, nous aussi, comme je le disais au préalable,
16:54on est un peu plus prudents à ce stade, je pense que c'est un peu tôt.
16:58Le marché américain n'est pas encore sain ?
17:01Pour moi, on n'a pas atteint le point assez douloureux pour...
17:05Il n'y a pas eu de capitulation, Jean-Jacques, ce n'est pas sur l'idée d'une capitulation
17:09que vous dites que ce marché retrouve des opportunités ?
17:13Non, il est juste revenu à une valeur moyenne.
17:15Mais pendant ce temps-là, sur un an, les multiples de valorisation font que toute chose
17:19est en égale, d'ailleurs, un an après, ça fait des valeurs basses.
17:22Non, non, mais c'est assez vrai, mais en même temps, effectivement, on se pose la
17:27question par rapport à l'Europe qui a eu, à son moment, effectivement, toutes ces annonces,
17:32tout a été assez parfait, il ne manquerait plus qu'on puisse racheter du gaz russe à
17:35pas cher, et puis, je ne parle pas de politique, là, je parle vraiment de politique économique,
17:40évidemment, ce serait...
17:41Mais c'est une question qui se posera, oui.
17:42Ce serait la bonne nouvelle, effectivement, de ce point de vue-là, mais pour le reste,
17:48effectivement, les annonces sont là, on va voir déjà comment ça va se mettre en place,
17:52il y a des votes déjà en Allemagne qui doivent sceller pour le 17 mars, avant qu'il y ait
17:58le nouveau Parlement qui soit mis en place, parce que là, ce sera un peu plus compliqué.
18:02Donc, il y a quand même cette zone un peu d'incertitude, et puis, il y a le sujet,
18:07est-ce que les Américains ne vont pas demander qu'une grosse partie du budget aille chez
18:10eux, finalement, et que ce ne soient pas les entreprises européennes qui en bénéficient,
18:14on voit déjà qu'il y a des bisbilles entre les Européens sur le mode opératoire, donc
18:19voilà, c'est en partie dans les cours, on considère que c'est peut-être sage, en tout
18:24cas, de prendre un peu de profit sur l'Europe, et les US, y revenir, pourquoi pas, mais dans
18:30l'attente des annonces sur l'Europe, en tout cas, d'hier commercial, on préfère patienter
18:34un petit peu.
18:35Et sur les US, Jean-Jacques, la dynamique de profit, elle reste en place, elle n'est
18:41pas altérée, on regarde tout ce qu'on disait, et notamment Nathalie, sur le risque sur l'investissement,
18:46le risque sur la confiance, bon, il y a des boîtes comme Walmart, Kohl's, Delta Airlines,
18:51tout le monde commence à dire que, consommateur, on n'est pas sûr que demain, il sera aussi
18:57vigoureux, ça, ça peut quand même amener des révisions à la baisse sur les perspectives
19:01bénéficiaires des Etats-Unis, ce qu'on n'a pas vu depuis, je ne sais même plus.
19:05Alors c'est pour ça que je pense, si on prend quelques mots en arrière, c'est pour ça
19:08que je pense qu'il ne faut pas trop aller ni sur les cycliques, ni sur les mids US,
19:12mais ce qui se passait sur les Etats-Unis, c'est qu'il y avait vraiment, alors on parlait
19:15d'exceptionnalisme, mais il y avait vraiment des grandes techs US qui, historiquement,
19:19avaient réellement 40% de plus de résultats de BPA que le reste de la Cote.
19:23Donc c'est la tech, vous voulez retrouver cet exceptionnalisme de la tech.
19:27Et ça, pour cette année, finalement, ces valeurs ont beaucoup souffert parce que, finalement,
19:32les prévisions, c'était qu'elles reviennent au reste d'une Nasdaq.
19:34Donc un des points, c'est qu'on pourrait jouer, par exemple, le Nasdaq NEX100, c'est-à-dire
19:37les 100 valeurs en dessous de ces grandes valeurs qui ont moins souffert, mais là, finalement,
19:41il y a eu cet écroulement un petit peu, et donc je pense que revenir, finalement, sur
19:45des capitalisations un peu plus grandes, semble, voilà, en plus si demain, il y a des CAPEX
19:51un peu moins importants, puisque une des raisons, finalement, de la diminution du profit, c'était
19:55par rapport aux dépenses énormes d'investissement de ces grandes valeurs.
19:58Donc si c'est remis un peu en question, on ne le croit pas fondamentalement avec...
20:01Ça peut être positif marché.
20:03Ça peut être positif pour ce style de valeurs.
20:05Pour ces valeurs-là, ouais.
20:06Nathalie, donc, la réserve fédérale américaine se réunit la semaine prochaine, communication
20:11attendue, a priori, on attend toujours un maintien de la pause du statu quo, mais est-ce
20:16que le discours de Jérôme Powell, vous avez rappelé son précédent message il y a quelques
20:20jours à peine, est-ce qu'il peut l'infléchir un petit peu à horizon d'une semaine, là ?
20:25Honnêtement, ça m'étonnerait, ça ressemblait fort à la bande annonce de son discours, quand
20:31même.
20:32Le teaser.
20:33Voilà, le teaser.
20:34Qu'est-ce qu'il pourrait nous dire d'autre ? Déjà, ils vont nous communiquer d'autres
20:39plots, puisqu'on est en mars, avec les prévisions sur la croissance, l'inflation, et donc ce
20:47fameux d'autres plots, puisque là, les marchés sont nettement plus doviches que ce qu'était
20:52la Fed en décembre, puisqu'elle était passée à l'équivalent de deux baisses de taux, les
20:56marchés sont à plus de trois.
20:58Donc déjà, on peut avoir des mouvements avec une éventuelle modification d'une autre
21:04plot, la dispersion également, c'est ça qui va être important.
21:10Honnêtement, là aussi, ça m'étonnerait qu'on ait vraiment un changement de 25 points
21:15de base en plus ou en moins, certainement pas en moins à mon avis, du côté de la Fed,
21:21donc la dispersion.
21:22Et encore une fois, le diagnostic sur l'inflation, qui devrait être relativement favorable,
21:28on a cette inflation qui ralentit, qui ralentit lentement, très lentement, mais qui a pris
21:34la bonne direction, avec, et d'ailleurs c'est le cas aussi en Europe, un ralentissement
21:38dans les services.
21:39On entend beaucoup de communications à nouveau sur le risque des tarifs vis-à-vis de l'inflation,
21:45etc.
21:46Qu'est-ce qui doit les inquiéter le plus aujourd'hui ? Est-ce que c'est un ralentissement
21:49plus prononcé, plus fort que prévu de la croissance, ou est-ce que c'est encore et
21:53toujours le risque d'une résurgence inflationniste ?
21:57Je pense qu'en tant que banque centrale normalement constituée, ils voient les droits de douane
22:04sous le prisme de l'inflation, vraisemblablement, parce que d'abord c'est ce qui se voit le
22:08plus rapidement, et ils vont peut-être nous ressortir le coup du transitoire, parce que
22:13ça aussi c'est transitoire, par définition, un an après, ça n'apparaît plus dans les
22:19chiffres en glissement annuel.
22:21C'est une situation compliquée pour Powell, du côté de la croissance, notre scénario
22:32qui n'est pas très original, c'est l'idée d'après une année, deux années de très
22:35forte croissance aux Etats-Unis, qu'on retourne, là aussi, doucement, mais ce sera peut-être
22:40un petit peu moins doucement vers la croissance potentielle.
22:44Encore une fois, tant que l'emploi tient, tout ce qu'on a pu dire sur la consommation,
22:49même avec une baisse de confiance, honnêtement, c'est décevant pour les économistes, mais
22:55les indices de confiance sont peu corrélés à la consommation, à la réalité qui est
23:00faite, et derrière la baisse de ces indices de confiance, il y a l'incertitude bien sûr,
23:04mais il y a aussi justement les pics d'inflation qu'on a eus sur certains produits.
23:10Donc ce que nous a dit Powell vendredi, je n'imagine pas dire le contraire, en tout cas.
23:15Toujours pas d'urgence à baisser les taux.
23:17Toujours pas d'urgence à baisser les taux.
23:18Il ne va pas offrir un put comme ça, ni à Trump, ni au marché, dès la semaine prochaine.
23:23Non, honnêtement, les marchés se sont emballés dans cette anticipation de baisse des taux,
23:28je ne pense pas que ni même Powell, ni une majorité du comité soient prêts à faire
23:36ce genre de mouvement.
23:37Ça ne servira vraisemblablement pas à grand-chose en plus.
23:40Trop tôt peut-être donc pour effectivement changer de discours.
23:43Mais il n'y aura pas de porte fermée à des baisses de taux, ce sera meeting by meeting.
23:48Ils ne le disent pas à la fête, mais c'est meeting by meeting aussi.
23:51Toutes les options restent ouvertes.
23:52Venons-en à l'Europe, Nathalie, un des grands indicateurs a été évidemment le rebond de
24:01l'euro et la remontée des taux longs allemands effectivement.
24:06Ce que je constate, c'est qu'une dizaine de jours après, oui c'est ça, c'était le 4 mars,
24:11le whatever it takes de Frédéric Schmers, une dizaine de jours après, ces niveaux tiennent.
24:15Le marché a quand même intégré quelque chose de nouveau en Europe.
24:19Ça y ressemble en tout cas.
24:21Et ce nouveau, qu'est-ce que ça peut donner alors, si on met des chiffres sur ce que ça
24:26peut générer en termes d'élévation de la croissance, pour l'Allemagne bien sûr,
24:31est-ce que ça peut être partagé par d'autres ?
24:34La façon dont les économistes abordent ce sujet à l'heure actuelle, c'est un petit
24:40peu timide à court terme et puis c'est l'idée parce que les dépenses d'investissement
24:45en défense ont une forte composante recherche et développement, surtout avec la défense
24:49moderne bien sûr.
24:50Et donc c'est plutôt l'idée que ça remonterait la croissance potentielle, ce qui est une
24:54bonne nouvelle.
24:55Pas forcément pour le niveau de taux, mais voilà, on a des taux qui sont progressivement
25:02bas.
25:03On a des taux qui sont plus élevés.
25:04Absolument, ce serait une bonne nouvelle.
25:06Ce sont également des dépenses, parce qu'elles ont ce côté recherche et développement,
25:11qui ont un multiplicateur assez élevé.
25:13Mais la question finalement que tout le monde se pose, ou en tout cas que les gestions obligataires
25:19se posent, parce qu'ils ont toujours tendance à avoir le côté un peu plus sombre, c'est
25:23est-ce que ces dépenses vont véritablement être arrivées et sous quelle forme.
25:28Honnêtement, le « whatever it takes », on avait pu être sceptique sur le premier,
25:33celui de Mario Draghi.
25:34J'ai l'impression que Frédéric Merckx est aussi vraiment convaincu.
25:40Effectivement, c'est un sujet politique également.
25:44C'est un sujet politique, mais qui a vraiment les deux aspects.
25:47Ce qu'on constate dans les sondages d'opinion, c'est que les citoyens européens sont plutôt
25:50d'accord avec cette approche.
25:52J'allais dire, c'est depuis la séquence dans le bureau Oval, ça a apporté un soutien
25:58naturel.
25:59Trump a fait remonter les cotes de pauvreté d'un beaucoup de membres mondiaux.
26:03Et donc naturel aux dirigeants européens qui ont décidé de se mettre en avant.
26:07Donc c'est important.
26:08Ça veut dire qu'il faut que les dépenses soient faites, et de toute façon, il faut
26:12que les dépenses soient faites.
26:13Parce que si on regarde la règle des 2% de l'OTAN, la France et l'Allemagne, on y est
26:19à peu près, l'Union Européenne dans son ensemble, oui, puis on sait qu'il y a des
26:24pays qui ont pris de l'avance, comme la Pologne, d'autres comme l'Espagne et l'Italie, qui
26:28sont...
26:29Est-ce qu'on n'est pas dans une situation où il ne faudrait pas passer à une règle
26:32de 3% ? Et ça, si tout le monde est d'accord pour ça, ça veut dire effectivement faire
26:38des investissements.
26:39Et d'ailleurs, c'est ce que tout nous ramène à Mario Draghi, c'est ce qu'il préconisait
26:43dans son rapport.
26:44Et le marché peut accompagner ça ? Le marché peut acheter cette idée-là ? S'il faut
26:51émettre toujours plus de dettes pour ça, etc. ? Les investisseurs obligataires seront
26:56ok pour...
26:57Il y a toujours des investisseurs obligataires qui sont plutôt contents quand les taux sont
27:04plus élevés.
27:05Oui, meilleure rémunération, oui.
27:08Ce qui me frappe, c'est que pour le moment, c'est vrai que c'est des thèmes délicats
27:14dans la zone euro.
27:15Le thème d'emprunt, de financement commun et donc d'émission commune n'est pas véritablement
27:21discuté.
27:22On a quelques voix mais très timides et honnêtement, ce n'est pas le thème sur le marché à l'heure
27:29actuelle.
27:30Là, il parle d'achat commun, d'achat en commun d'armes de défense, comme on a fait
27:35pour les vaccins avec le Covid.
27:37Oui, mais ce qui met des emprunts, c'est-à-dire des emprunts des euro-bonds, ça aurait de
27:42la lue.
27:43Acheter en commun, c'est bien si on a un financement commun, effectivement.
27:45Le financement, on parle de plan d'appel à l'épargne populaire, ce qui pourrait être
27:51aussi une bonne idée.
27:53Mais voilà, ce qui gêne les marchés obligataires à l'heure actuelle, les investisseurs obligataires,
28:00c'est que là aussi, on ne sait pas ce qui va se passer et personne n'arrive à tirer
28:04des plans un peu précis.
28:06On va attendre, effectivement.
28:08Le signal très puissant a été envoyé, maintenant les questions d'intendance arrivent, le vote
28:13en Allemagne est attendu la semaine prochaine.
28:16Est-ce que ça change quand même, à la fin de la journée, la perception que les investisseurs
28:22globaux pouvaient avoir de l'Europe jusqu'à présent, Julien ?
28:24Est-ce que pour beaucoup d'investisseurs qui ont considéré que l'Europe n'était plus
28:28vraiment investissable, est-ce que ça peut ramener quand même des flux, ne serait-ce
28:32que cette mécanique de flux pour remettre un peu d'Europe dans les portefeuilles, peut-être
28:37de manière stratégique d'ailleurs ?
28:38Ça a déjà été un petit peu le cas, même si ce n'est pas massif, c'est ce que tout
28:44le monde attendait.
28:45On en parlait depuis des mois.
28:46L'Allemagne, pas d'endettement, tout le monde faisait des comparaisons entre la dette
28:50allemande et la dette américaine, en disant « voyez le potentiel ». Ils ont beaucoup
28:53de choses à faire parce que c'est vrai qu'ils sont sur les industries du XXe siècle, donc
28:59ils ont un vrai retard d'investissement là-dessus.
29:01Donc finalement, oui, ça change les choses dans le sens où je dirais que l'adversité
29:07fait qu'enfin on fait quelque chose, ce qui semblait évident, mais c'est aussi les conséquences
29:14du « hasard », du timing.
29:17Il y a l'élection en Allemagne qui arrive au moment où on a cette crise internationale
29:21et ça tombe plutôt bien.
29:22Donc je pense qu'effectivement, ça change la vision, ça change les perspectives de
29:28croissance naturellement de la zone, ça change aussi la dynamique de croissance d'IPS, même
29:34si ça s'est focalisé sur beaucoup le secteur de la défense, qui a eu un parcours assez
29:38exceptionnel.
29:39Mais en tout cas, oui, ça va dans le bon sens, ça montre qu'on est capable un peu
29:43de réagir, ce qui était un peu la grosse critique sur la zone européenne, et surtout
29:47ensemble.
29:48Donc oui, c'est une bonne chose.
29:50Ça donne envie d'acheter autre chose que la défense par exemple ? De se dire que la
29:53défense c'est un premier socle ou un premier étage et que derrière, c'est peut-être
29:58aussi, je ne sais pas, une quête d'autonomie stratégique plus poussée au-delà des seules
30:03questions immédiates d'urgence, de défense, militaires, etc.
30:06Logiquement oui, dans le numérique, on devrait faire des choses.
30:08Ça fait 20 ans qu'on parle de ça, on n'est pas en train de découvrir un truc nouveau,
30:13mais jusque-là, c'est peut-être en train de se passer, pour 10 ans, j'en sais rien.
30:16Après, il y a la mise en place.
30:17Oui, on aura le temps de faire les points d'étape dans les prochaines années, bien
30:21sûr.
30:22Mais voilà, et puis surtout, il y a un effet relatif avec des Etats-Unis où il y a beaucoup
30:26d'incertitudes.
30:27Forcément, on se dit, là finalement, ça a l'air un peu plus rationnel, en tout cas
30:31en termes de politique économique aujourd'hui.
30:33Donc je pense qu'il y a eu ce phénomène-là, et ce qui va se poursuivre, moi je pense quand
30:40même que ça va dépendre beaucoup des Etats-Unis.
30:43Si un moment, les Etats-Unis redeviennent indinvestissables, je ne suis pas sûr que
30:47le moment européen dure très longtemps, sans parler d'effondrement, c'est pas ce
30:51que je dis, mais de performances relatives aux Etats-Unis, je ne suis pas sûr que ça
30:55dure parce qu'on a tous les problèmes que l'on connaît, on a beaucoup de bonne volonté.
31:00Entre-temps, l'Europe n'a pas changé encore.
31:02Exactement, tout ça prend beaucoup, beaucoup de temps.
31:05Donc je pense qu'il ne faut pas s'emballer.
31:07C'est un bon signal.
31:08J'ai vu un des instituts allemands qui révisait, qui dit exactement ce qu'il dit, 2025, rien
31:13à attendre de la croissance allemande, c'est déjà plié, c'est réglé, 26, par contre
31:18on voit la croissance allemande à 1,6, je crois, c'est IFW si un des instituts allemands
31:23s'appelle comme ça, en tout cas qui a vraiment quasiment doublé sa perspective de croissance
31:27pour 2026.
31:28Et là même, la croissance française a été légèrement abaissée.
31:31Oui, là sur le prochain trimestre, sur le prochain trimestre, oui, mais la Banque de
31:36France précise qu'elle n'a pas pris en compte les annonces.
31:39Ce n'est pas du fait de Trump.
31:40Ah, de l'Allemagne, vous voulez dire ? Oui, c'est du fait de Trump, mais pas de Merck.
31:45Non, je pense que, j'ai entendu qualifier ça souvent de moment historique, mais des
31:51moments historiques, on en vit depuis la décennie 2020, tout le temps, sur tous les aspects,
31:54etc.
31:55Oui, mais la construction européenne, j'entends.
31:58Oui, mais je trouve qu'en termes de configuration boursière, si on se place en début d'année,
32:05il y avait les bonnes nouvelles attendues, qui étaient un arrêt, on va dire, partiel
32:12du conflit russo-ukrainien, il y avait ça en ligne de mire.
32:17L'élection allemande était vue comme un catalyseur potentiellement positif, donc ça
32:20faisait déjà monter le marché en début d'année.
32:22Et il n'était pas tant joué que ça, parce que d'abord, c'était les valorisations,
32:24il y avait un euro faible, il y avait beaucoup de choses, et une fois que la nouvelle tombe,
32:28alors c'est vrai que c'est d'une ampleur bien plus importante, après, il y a un vrai
32:32risque d'exécution.
32:33Moi, il y a des choses, parce que de redire le mot « whatever it takes », alors qu'on
32:38essayait péniblement en France de parler de déficit budgétaire, etc., cette politique
32:44de « stop and go », elle est quand même très difficile, et même en Allemagne.
32:47Enfin, il en parle pour l'Allemagne déjà.
32:49Oui, mais la France va quand même être concertée, et même pour l'Allemagne, c'est quand même
32:56une surprise de faire voter ça par le Parlement existant.
33:01La partie politique est difficile, là, ça discute, au bout de deux stagues cet après-midi,
33:05c'est compliqué.
33:06Elle est difficile politiquement, elle est difficile socialement, dans les deux cas.
33:10Comment on peut arriver, finalement, à expliquer à toutes les populations qu'il n'y a pas
33:15d'argent il y a trois mois, qu'il y en a un paquet maintenant, etc. ? C'est très
33:18difficile socialement et politiquement, donc on voit bien que, je ne sais pas d'où ça
33:21viendra le problème, mais il peut y avoir un risque d'exécution.
33:24Rappelez-vous les élections européennes en 2005, comme pendant des années, c'était
33:28le sparadrap du capitaine Haddock, ça peut être la même chose en Allemagne, avec le
33:32fait de forcer un peu, et donc ça, ça veut dire que par définition, on voit bien des
33:37politiques qui peuvent récupérer ça, qui peuvent parler de déni de démocratie.
33:42Ah bah là, c'est coup d'État budgétaire, ça c'est ce que dit l'AFD, et les Verts,
33:46avec qui Frédéric Schmitt est en discussion en vue d'un accord, on l'espère toujours,
33:51disent « on ne croit plus un mot de ce que vous dites ». Vous avez fait campagne pour
33:54défendre le deadbreak, dès que vous êtes élu, vous nous dites « c'est la fin du
33:58deadbreak ». Sachant que les Verts sont eux-mêmes pour la fin du deadbreak, mais c'est la politique.
34:04Ça peut remettre d'aplomb à la fois Die Linke et l'AFD, ce n'est pas quelque chose
34:09qui sera facile en termes d'exécution.
34:11On va voir le talent politique de Frédéric Schmitt, on le découvre tous aujourd'hui.
34:15C'est comme tout, le problème c'est la tendance possible.
34:20Mais ça veut dire que sur le plan boursier, beaucoup a été joué de ce qu'on pouvait imaginer ?
34:25On s'est remis à la neutralité au moment de l'annonce, voyant en plus le 5 mars des
34:28taux montés de 30 centimes, et qui ne reviennent pas en arrière, c'est-à-dire qu'il y a
34:33un vrai débit.
34:34Il peut y avoir une peur, le franchissement des 3% sur le Bund possible, pour l'instant
34:39ça s'accroche.
34:40Les 3% ça s'achète le Bund ?
34:42En tout cas on a lancé un fonds de portage très récemment, alors ce n'est pas qu'on
34:48l'avait bien anticipé, parce que le temps que ça arrive bien avec l'AMF qui est tombé
34:51au bon moment, donc ils collectent.
34:53Mais oui, c'est comme le Nasdaq à terme, oui, mais ça peut déborder un peu, ça peut
34:58être 3,10, 3,15, 2,90.
35:00Ce n'est pas si la tendance haussière qu'il y a pour l'instant, elle n'est pas remise
35:06en cause.
35:07En tout cas c'est comme une marche qu'on ne redescend pas.
35:08Depuis dix jours c'est ce qu'on observe, le triple allemand n'est pas fragilisé pour
35:13autant.
35:14Une petite marche.
35:15Qu'est-ce que ça change pour la Banque Centrale Européenne cette fois, Nathalie ? Elle parle,
35:24Christine Lagarde, l'image est assez évocatrice, les courants chauds et les courants froids.
35:29On est pris là entre hot water et cold water.
35:32Oui, c'est une bonne image qui ne nous amène pas très loin.
35:37Là aussi c'est la situation.
35:41Ils ont perdu leur boussole.
35:42La situation de la BCE n'est pas facile, mais j'ai au moins l'impression que le changement
35:51de ton, de dire qu'on va peut-être arrêter de dire que la politique est restrictive avec
35:55des taux à 2,50, c'est important, d'abord ça peut peut-être amener une certaine unité
36:01toujours fragile au sein du Conseil, parce que juste avant ça partait quand même dans
36:06tous les sens.
36:08Et puis j'ai l'impression aussi que la BCE a plutôt l'idée d'aller vers 2%, mais n'était
36:17sans doute pas à l'aise avec le fait que les marchés anticipaient davantage.
36:21Donc j'ai l'impression que 2% c'est quelque chose sur lequel tout le monde peut à peu
36:26près s'accorder, donc on ira peut-être en plusieurs comités, etc.
36:32Mais ça paraît encore une fois un niveau qui devrait permettre justement de laisser
36:38une marge de manœuvre dans un sens ou dans un autre.
36:41Donc on arrive au bout du voyage là quasiment.
36:43On a encore 50 centimes, ça c'est 2%, c'est pas des taux extrêmement élevés.
36:50Alors peut-être qu'à fin janvier Christine Lagarde les aurait encore qualifiés de restrictifs,
36:57mais comme l'a dit Isabelle Schlemmel, quand on est à ces niveaux de taux, 25 centimes
37:03ça compte quand même, c'est différent.
37:05Après la BCE du côté de l'inflation, j'ai l'impression qu'elle peut être un peu plus
37:11détendue.
37:12On a parlé des chiffres d'inflation, c'était hier je crois le Wealth Tracker qui est sorti,
37:18alors mon Eurostat ne veut pas savoir comment ils le calculent, mais qui va dans le bon
37:22sens.
37:24La pression salariale est en train de diminuer.
37:26Et d'ailleurs ça colle assez bien avec des données sur l'emploi dans la zone euro qui
37:31sans être dégradées sont un peu moins fortes que ce qu'elles étaient.
37:35C'est le cas en France, c'est le cas sur la zone euro dans son ensemble.
37:38Donc j'ai l'impression que du côté de l'inflation…
37:41Et d'éventuels tarifs de Trump, ça jouerait dans quel sens pour la BCE ?
37:45Ça jouerait à faire monter l'inflation, enfin pardon, non, ça jouerait à baisser
37:52l'activité.
37:53C'était encore sur la Fed, c'est pour ça qu'il faut faire abaisser l'activité,
37:59mais pas forcément de nature à déclencher une nouvelle vague de baisse d'autos.
38:05Bon, la BCE a déjà communiqué, la semaine prochaine ce sera la réserve fédérale américaine.
38:11Je voulais qu'on dise un petit mot des marchés de crédit aussi.
38:14Je voyais le high yield américain a quand même vu les rendements remonter de 50, 60
38:20points de base.
38:21Je ne sais pas, est-ce que c'est une alerte de quelque chose ? Est-ce que c'est l'occasion
38:25d'en reprendre ? Est-ce que le crédit reste une classe d'actifs intéressante avec les
38:31incertitudes du moment qu'on essaye de décrire ?
38:33Sur le high yield américain, c'est assez logique.
38:36On a des craines de ralentissement, donc l'esprit de s'écarte un peu.
38:39Ça est très cohérent.
38:40En plus, il y a ce biais industrie pétrolière aussi sur le high yield américain.
38:44Donc avec un pétrole qui est un peu sous pression, ça rajoute évidemment une couche.
38:49Je dirais que sur ces niveaux-là, vu les taux sans risque, en tout cas, acheter des
38:54obligations pour faire du portage, ça fait clairement du sens, que ce soit Europe, surtout
39:00Europe d'ailleurs.
39:01Je pense que ça fait du sens parce que deux choses, si on est vraiment le scénario modulo
39:07évidemment la guerre commerciale, mais comme on disait, c'est du transitoire avec une inflation
39:12qui est plus raisonnable, les obligations peuvent retrouver cette corrélation négative
39:17avec les actions, même si on est un peu dans le fou.
39:20Parfois ça marche, parfois moins, on ne sait pas trop.
39:24D'ailleurs, on le voit bien, l'Europe, ça a monté, les taux de l'eau, les US sont baissés.
39:29Effectivement, il y a ce plan de relance, mais le sujet de guerre commerciale et de
39:34perturbations sur la croissance économique, c'est un peu le même sujet pour tout le monde,
39:37plus ou moins.
39:38Mais en tout cas, en avoir en portefeuille, ça fait du sens en termes de diversification.
39:44Ça, il n'y a pas de doute là-dessus.
39:46Après, est-ce qu'il faut aller chercher plutôt du high yield ou de liger ?
39:51Oui, c'est une question de profil aussi.
39:53C'est un profil de risque.
39:54Et puis, on le sait, si on fait de liger, on joue une baisse peut-être plus rapide
39:58des taux sans risque, puisque comme il y a moins de spread, forcément, vous avez une
40:01sensibilité qui est plus forte.
40:03Mais oui, sur le portage obligataire, en tout cas, on continue de penser que c'est une bonne idée.
40:08Et puis, il y a aussi tous ces gens qui se repositionnent aujourd'hui sur tous les produits
40:12Phénix, Bériche, sur le CMS.
40:14Il y a beaucoup de gens qui s'y remettent.
40:16C'est quoi ça, pardon ?
40:17Les produits structurés, vous voyez des bornes sur le CMS 10 ans avec des coupons et des
40:22capitaux garantis.
40:23Et comme c'est des produits à assez longue duration, forcément, les taux ont monté.
40:28Ils ont plutôt corrigé.
40:29Donc, il y a des gens qui se repositionnent sur ce genre de produit avec des rendements
40:33qui peuvent être assez sympathiques.
40:36Sur le high yield, on a réduit historiquement, c'est-à-dire qu'on ne veut pas cumuler
40:44à la fois le risque d'action et le risque de taux.
40:45Donc, on était parlé du high yield à l'investment grade et plutôt sur le souverain maintenant
40:49ou sur l'investment grade assez court.
40:51Pas sur le high yield.
40:52Merci à vous trois.
40:53Merci d'avoir été les invités de Manette Marché ce soir.
40:55Nathalie Benertia, macroéconomiste chez BNP Paribas Asset Management, Julien Kistreber,
40:59gérant chez Taylor Asset Management et Jean-Jacques Friedman, directeur des gestions déléguées
41:03de Vega IS.

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