• il y a 4 jours
Lundi 17 mars 2025, retrouvez Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain), Gilles Bazy-Sire (Président, Equity GPS), Jean-François Fossé (Directeur de la Gestion Multi Actifs, Ofi Invest Asset Management) et Nuno Texeira (Directeur Analyses et Stratégie, Vega Investment Solutions) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart4challenge pour rester
00:12à l'écoute des marchés.
00:13Chaque jour du lundi au vendredi, vous nous retrouvez à 20h30 si vous nous suivez à
00:16la télévision via vos box et vous nous retrouvez en parallèle chaque jour bien sûr en replay
00:20sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:25Au sommaire de cette édition ce soir, un point sur la situation américaine et sur
00:29la situation des marchés américains après les derniers propos du secrétaire du trésor
00:33américain ce week-end dans les médias américains, Scott Besant.
00:37En tant qu'homme de marché, 35 ans et plus d'expérience dans le monde de l'investissement
00:43a-t-il rappelé Scott Besant qui affirme que les corrections de marché sont saines, que
00:48c'est la vie des marchés et qu'il n'est pas inquiet de ce qu'il a pu observer sur
00:52les marchés américains au cours des dernières semaines.
00:54On a vu un S&P 500 baisser de 10% en une quinzaine de séances avant de se reprendre
01:00vendredi dernier.
01:01On voit d'ailleurs une stabilisation des indices actions aux Etats-Unis en ce début
01:05de semaine et une hausse qui reprend également en Europe avec un CAC 40 au-delà des 8000
01:10points.
01:11Séance dans le vert également en Asie ce matin après quelques nouvelles annonces
01:15de la part de Pékin pour soutenir la consommation en Chine.
01:19Les corrections sont saines, c'est-à-dire qu'il est déjà temps de mettre à profit
01:23la baisse du marché américain, c'est la question qu'on posera à nos invités de
01:26Planète Marché dans quelques instants au démarrage d'une semaine qui sera riche en
01:30indicateurs économiques et en décisions de banques centrales puisque la Banque du Japon,
01:35la Réserve fédérale américaine, la Banque d'Angleterre ou encore la Banque nationale
01:38suisse sont attendues avec des décisions de politique monétaire ou à minima des communications
01:44sur de futures décisions de politique monétaire et puis à l'agenda également la géopolitique
01:50bien sûr avec une discussion, une conversation prévue demain entre Donald Trump et Vladimir
01:54Poutine et puis sur le plan économique et politique un vote historique attendu demain
02:00au Bundestag allemand pour enterriner l'idée d'un plan de relance tourné vers la défense
02:06et vers les infrastructures après un accord qui a été scellé entre la future coalition
02:11et le parti des Verts Allemands.
02:13Voilà donc pour le programme du jour et le programme de la semaine sur les marchés.
02:16Comme chaque lundi nous retrouverons Pierre-Yves Dugas dans le dernier quart d'heure de Smart
02:19Bourse pour notre quart d'heure américain.
02:21Nous évoquerons là aussi la situation des marchés aux Etats-Unis et puis la question
02:27des patrons.
02:28Les patrons américains, certains sont un peu pris à revers sans doute par la politique
02:33conduite par Donald Trump depuis une cinquantaine de jours et son installation à la Maison-Blanche.
02:37Que peut-on attendre en matière de réaction de la part de Corporate America et des grands
02:42patrons américains ? Pierre-Yves Dugas nous éclairera donc à ce sujet dans ce dernier
02:47quart d'heure de Smart Bourse.
02:49Mais d'abord, tendance mon ami, pour entamer chaque soir cette émission, Pauline Grattel
03:04vous apporte les infos clés du jour sur les marchés.
03:06Bonsoir Pauline.
03:07Bonsoir.
03:08Séance plutôt calme en ce début de semaine.
03:09Oui, les indices mondiaux commencent une semaine qui s'annonce riche en décisions monétaires
03:13de banques centrales avec la Fed, la Banque du Japon, celle d'Angleterre et de Suisse.
03:18En attendant, la séance du jour est plutôt calme.
03:20En Europe, le stock SOE 600 évolue en légère hausse aujourd'hui, tout comme le CAC 40
03:24en France qui évolue au-delà de 8000 points portés par les valeurs bancaires.
03:29BNP, Société Générale et Crédit Agricole sont dans le vert.
03:32Côté américain, les indices ouvrent en hausse modérée.
03:34Sur le front de la géopolitique, Donald Trump et Vladimir Poutine vont s'entretenir demain.
03:39Oui, ils devraient en effet discuter du cessez-le-feu en Ukraine demain par téléphone.
03:43Pour rappel, les Américains et les Ukrainiens sont d'accord pour une trêve de 30 jours.
03:48Cela doit encore être validé par la Russie qui réclame des garanties sécuritaires.
03:52Donald Trump a par ailleurs indiqué que beaucoup de travail a été fait ce week-end.
03:56Et puis bien sûr, la guerre commerciale en parallèle se poursuit.
03:59Oui, et dans ce contexte, l'OCDE a baissé ses prévisions de croissance économique
04:02pour les Etats-Unis et aussi pour le monde entier.
04:05Ainsi, selon les prévisions de l'OCDE, la croissance du PIB mondial devrait passer
04:09de 3,2% en 2024 à 3% en 2026.
04:13Spécifiquement pour les Etats-Unis, la croissance devrait passer de 2,8% en 2024 à 1,6% en 2026.
04:21A l'agenda statistique aujourd'hui, les ventes aux détails américaines
04:24pour le mois de février ont été publiées.
04:26Oui, c'est une nouvelle déception pour le troisième mois consécutif.
04:29Le chiffre de février ressort inférieur aux attentes à plus 0,2% sur un mois
04:34après un repli de 1,2% en janvier, un chiffre révisé à la baisse.
04:39En version cœur, les ventes aux détails américaines sont conformes aux attentes,
04:42plus 0,3% sur un mois.
04:44Et puis une nouvelle enquête qui se dégrade toujours aux Etats-Unis,
04:48on parle de l'enquête de la fête de New York, l'Empire State,
04:52avec un indice qui chute littéralement sur la dernière mesure.
04:55Oui, l'indice mesure l'activité dans la région de New York pour le mois de mars.
04:59Il tombe à moins 20 alors que les analystes attendaient moins 1,90
05:03et après 5,70 en février.
05:06Pour rappel, un chiffre au-dessus de 0 signifie une amélioration des conditions
05:10et en dessous une détérioration.
05:12Et puis en Chine, le chipout, la protection offerte par le président Xi
05:15est peut-être en train de se muscler encore un peu plus
05:18avec une nouvelle série d'annonces et de mesures de relance ces dernières heures.
05:22Oui, parmi ces nouvelles annonces, la Chine prévoit d'augmenter les revenus des résidents
05:26et de mettre en place un système de subvention pour les gardes d'enfants
05:29afin de stimuler la consommation.
05:31Dans ce contexte, le yuan est remonté par rapport au dollar.
05:35L'indice composite de Shanghai et le Hang Seng à Hong Kong ont clôturé à la hausse.
05:38Qu'en est-il du marché obligataire en ce début de semaine Pauline ?
05:41Le rendement américain à 10 ans est stable autour de 4,30%.
05:44En Europe, le rendement allemand à 10 ans se détend aujourd'hui de quelques points de base
05:48et évolue ainsi autour de 2,80%.
05:51Même mouvement pour le rendement français qui tourne autour de 3,50%.
05:55Sur le marché des changes, l'euro-dollar évolue au-delà de 1,09 ce lundi.
05:58Et puis dans l'actualité des entreprises aujourd'hui,
06:01BPI France annonce une entrée au capital de Veolia.
06:04Oui, à hauteur de 800 millions d'euros, environ 3,5% de son capital
06:08via son fonds d'investissement souverain.
06:10L'Etat français est d'ailleurs déjà propriétaire de 4,5% du capital de Veolia via la Caisse des dépôts.
06:17Dans le même temps, BPI France va entrer au Conseil d'administration de Veolia.
06:20Le titre étant en tête du CAC 40 au cours de la séance en hausse de plus de 2%.
06:24Quel sera le programme de demain sur les marchés Pauline ?
06:27La journée sera plutôt calme sur le plan macro.
06:29En revanche sur le plan politique, le Bundestag doit voter
06:32le plan d'investissement allemand de 500 milliards d'euros de dépenses en infrastructures et défense demain.
06:38Et on le disait tout à l'heure, Trump et Poutine vont échanger demain
06:40pour discuter du cessez-le-feu en Ukraine.
06:42Tendance mon ami.
06:43Chaque soir en ouverture de Smartbourse,
06:45Pauline Grattel vous apporte les infos clés du jour sur les marchés.
06:58Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
07:01Gilles Bazissier est avec nous, le président d'Ecouti GPS.
07:03Bonsoir Gilles.
07:04Bonsoir Nicolas.
07:05Nouno Texera nous accompagne, directeur analyse et stratégie de Vega IS désormais.
07:09Bonsoir Nouno.
07:10Bonsoir Nicolas.
07:11Ravi de vous retrouver, ravi d'accueillir même Jean-François Fossé également à nos côtés ce soir.
07:15Bonsoir Jean-François.
07:17Vous êtes le directeur de la gestion multi-actifs DOFI Invest Asset Management.
07:22Jean-François, commençons par le marché américain.
07:24Scott Bessent nous dit que les corrections sont saines.
07:27La correction de 10% du S&P 500 à laquelle on a pu assister ces dernières semaines
07:31est saine et qu'il n'est pas inquiet sur la situation des marchés financiers.
07:36Scott Bessent, le secrétaire du Trésor américain qui s'est exprimé à la télévision ce week-end.
07:43Comment est-ce que vous interprétez les propos du secrétaire du Trésor américain
07:47et en tant qu'investisseur ou gestionnaire d'actifs,
07:50qu'est-ce que ça implique comme décision ou non d'ailleurs à ce stade
07:53quand on a vu le marché américain sur un indice large comme le S&P
07:57qui a reculé de 10% par rapport au sommet de février ?
08:01Effectivement, 10% ça commence à être une baisse un petit peu matérielle.
08:06Maintenant, si on recadre un peu avec l'historique des baisses qu'on a généralement sur ce type d'indice,
08:13des baisses de 5 à 10% c'est à peu près en termes de fréquence 3 à 4 fois par an.
08:20Donc on se rapproche plus des 10-15, on tombe sur quelque chose comme 1 fois par an.
08:24Donc déjà ça fait quand même appel au fait que si on veut être un peu opportuniste
08:28par rapport à un horizon un peu long terme, parce que c'est quand même une classe d'actifs de long terme,
08:32c'est déjà quelque part une opportunité quand on est sur une fréquence d'une fois par an.
08:38Pour un fois un bear market, donc une performance supérieure à avoir un affichage négatif de plus de 20%,
08:45là on est sur une fréquence qui est 10 fois supérieure au premier chiffre que je n'ai.
08:49Si on attend des bear market pour investir sur le marché actions,
08:53on risque d'être en retraite avant.
08:55Donc je trouve qu'en termes de ce point de vue là, ça devient relativement attractif.
08:59Après il faut intégrer effectivement le contexte dans lequel s'opère cette baisse.
09:04Et de mon point de vue, et aussi c'est un peu le point de vue qu'on a chez Offie Invest,
09:08c'est un peu consécutif à tout le bruit qui a été généré par la politique de l'administration de Donald Trump.
09:15Et pour l'instant sur les chiffres économiques réels et aussi sur les résultats des entreprises,
09:21on peut dire qu'on est quand même assez loin du bruit qui a été généré.
09:25Donc ça veut dire qu'il y a quand même encore un socle qui paraît suffisamment solide pour l'investisseur,
09:32sur lequel l'investisseur peut s'appuyer pour effectivement revenir ou prendre un nouveau position sur ce marché américain aujourd'hui ?
09:39Ce qui est intéressant c'est de regarder qui a vendu dans cette baisse,
09:43notamment du fait qu'il y a eu un contexte qui était assez propice aussi à finalement cette baisse,
09:50c'est qu'on partait d'un environnement où déjà beaucoup de monde était très investi sur le marché américain.
09:55Donc dès qu'il y avait un petit grain de sable qui rentrait dans le narratif de l'exceptionalisme américain,
10:02forcément, potentiellement, on s'exposait à des ventes qui allaient arriver.
10:05À ce stade, nous ce qu'on constate avec les prestateurs de recherche avec qui on travaille,
10:10c'est que c'est principalement des gestions type systématique qui ont été à la manœuvre dans la baisse.
10:16Et elles ont énormément réduit leur position longue sur le marché américain.
10:21Ceux qui sont plus investis pour des raisons fondamentales de long terme, type des acteurs comme moi, des gérants d'actifs,
10:28eux restent quand même très investis sur le marché.
10:31Donc après, il faut se poser la question quelque part,
10:34qu'est-ce qui ferait que des gens comme moi se mettraient à vendre, je dirais assez massivement, le marché américain ?
10:40Il faudrait déjà que j'ai un contexte macro qui, dans les faits, soit beaucoup plus en ligne avec une récession américaine.
10:47Pour l'instant, on ne peut pas dire qu'on y soit, mais néanmoins, c'est un facteur à conserver dans son radar.
10:54Il y a aussi toute la partie plus micro au niveau des entreprises américaines.
10:59Il n'y a pas si longtemps que ça. On trouvait que c'était génial.
11:03Les valeurs technologiques, elles ont pas mal des côtés.
11:07LSE en bear market, les MAG7, en tout cas, elles ont baissé, le groupe des 7 a baissé de plus de 20% par rapport au pic.
11:13Je pense que le prochain trimestre qu'on va avoir, ce n'est pas tout de suite, en termes de narratif, ça n'a pas joué immédiatement,
11:18mais ça va être une force de rappel dans les 3-4 prochains mois, il faut l'avoir en tête aussi.
11:24Je pense que quand on va publier, on va être loin d'une catastrophe telle qu'on a eue en termes d'action sur les prix.
11:31Donc pour moi, qui me permet de rester relativement optimiste, et de trouver en tout cas, dès qu'on a un horizon assez long,
11:36d'être plutôt à renforcer nos positions, c'est que la macro, pour l'instant, elle tient convenablement.
11:42Même si ça faiblit un petit peu, c'est pas très grave.
11:45Et la micro des entreprises, je pense que ça va être une force de rappel d'ici un bon trimestre.
11:49C'est vrai que le ralentissement macro américain, on avait oublié ce que c'était.
11:53Ça faisait à peu près 2 ans, je pense, que l'économie américaine n'était jamais repassée en dessous de son potentiel.
11:58Trimestre après trimestre, on avait une économie américaine qui évoluait toujours au-delà de son potentiel.
12:03Le premier trimestre de cette année 2025 pourrait marquer, effectivement, une petite rupture par rapport à ça.
12:08On verra quel est le chiffre de la croissance américaine au terme du T1,
12:11mais il sera sans doute inférieur, peut-être, au potentiel de l'économie américaine.
12:16Nouno, sur ces considérations, oui, force, faiblesse de l'économie américaine,
12:21et qu'est-ce que ça implique pour l'investisseur, quand ce marché américain,
12:25qu'on voyait invulnérable il y a encore quelques mois, c'était le one-way trade absolu.
12:32Bon, un peu de doute est venu quand même s'instiller dans cette idée-là.
12:36Oui, c'est un peu la fin de l'exceptionnalisme américain, comme on dit,
12:40c'est-à-dire qu'on ne voyait aucun scénario qui puisse faire dérailler l'économie américaine.
12:46Et puis, finalement, une forme peut-être de dogmatisme du côté de l'administration Trump
12:51fait qu'on n'est plus tout à fait sûr que ça reste un long fleuve tranquille.
12:57Ça ne veut pas dire non plus que l'économie va s'effondrer et qu'on aura une récession,
13:01mais ça veut dire que, jour après jour, semaine après semaine, il y a du doute qui s'installe
13:05parce qu'on a des messages qui sont quand même assez contradictoires.
13:10Une politique sur les tarifs qui est un peu de stop and go,
13:13donc c'est compliqué pour un agent économie, pour une entreprise,
13:17surtout celle qui consomme beaucoup de produits importés,
13:20qui peuvent être touchés par des droits de douane, de savoir à quoi s'en tenir.
13:23On peut avoir aussi des hésitations de la part des consommateurs.
13:27Donc, a priori, on se dit un peu plus d'inflation, un peu plus d'incertitude dans les comportements,
13:34ça devrait donner moins de croissance et c'est ce qui semble quand même se refléter un petit peu dans les dernières statistiques.
13:41Pour autant, effectivement, je partage l'avis de mon collègue,
13:46on n'est pas dans un scénario où on puisse prévoir avec une probabilité élevée une récession à venir aux États-Unis.
13:54C'est vrai qu'on n'a plus tout à fait le fait put ni le Trump put.
13:59On n'en sait pas trop où ils sont, oui.
14:01On a l'impression que Trump, pour l'instant, se désintéresse un peu,
14:04contrairement à son premier mandat, de ce qui se passe sur le marché.
14:08En tout cas, ses lieutenants semblent minorer un petit peu le souci.
14:1410% de baisse, ça n'a rien de dramatique, c'est vrai.
14:17Et c'est vrai aussi que ça concerne pour l'instant une partie du marché
14:22qui avait probablement besoin de respirer de toute façon,
14:26qui avait beaucoup profité de l'élection de Trump à partir de novembre.
14:31Et donc, il y a d'autres opportunités aussi sur le marché américain, heureusement,
14:35et il faut rester positionné.
14:38Pour autant, je pense qu'il y a quand même une petite prime de risque en ce moment.
14:42On a plutôt envie de jouer un peu plus l'Europe.
14:44Bien sûr, on va y venir.
14:45C'est clair que... Voilà.
14:49On est revenu quand même sur les valeurs du Nasdaq, proche des moyennes historiques.
14:53Donc ça, c'est intéressant.
14:54Mais tant qu'on n'a pas ce moteur-là, et on le voit aujourd'hui encore,
14:58où le marché est un peu en positif, mais le Nasdaq est encore légèrement négatif,
15:03on voit qu'on est encore dans une situation de défiance vis-à-vis de ces valeurs-là.
15:08Qu'est-ce qui fait que le risque de récession ou la probabilité d'une récession,
15:13on a vu quand même sans doute cette probabilité remonter un petit peu ces derniers temps,
15:17ne serait-ce que du fait de l'incertitude générée par Donald Trump ?
15:22Qu'est-ce qui fait que ce risque reste maîtrisé, contrôlé,
15:25et que ce n'est pas un risque central aujourd'hui pour vous ?
15:29Tout dépend du comportement des ménages, parce que c'est quand même le ménage américain qui va...
15:34Qui, à la fin de la journée, dicte le rythme de l'économie américaine.
15:37Non, ce qui est vrai, c'est qu'on commence à avoir quand même des licenciements qui augmentent,
15:43ne serait-ce que dans le secteur public, puisqu'il y a ce fameux programme Dodge
15:48qui est quand même un peu inquiétant pour une partie de la population.
15:52Même si les gens ne sont pas directement touchés, ils peuvent s'en inquiéter.
15:56Et encore une fois, les prix des produits, on a vu que c'était un des thèmes de campagne de Trump.
16:04Il avait promis beaucoup de bonnes choses.
16:06Finalement, les choses risquent de se maintenir dans une situation qui inquiète le consommateur.
16:11Donc, encore une fois, c'est lui qui va décider et on verra si, à la fin, on arrive à...
16:17Nous, on table quand même sur une croissance américaine, cette année, en dessous des 2%.
16:22Oui, c'est ça.
16:23Donc, ce n'est pas dramatique, mais ça commence à peser.
16:26Il y a un peu de ralentissement à intégrer quand même, peut-être un peu plus de ralentissement à intégrer
16:30que prévu sur cette économie américaine à ce stade.
16:34Gilles, comment est-ce que les modèles d'Equity GPS notent aujourd'hui le marché américain
16:38après cette correction de 10% ?
16:40Malgré la correction, on est encore seulement à 1 sur 10.
16:43Oui.
16:44Donc...
16:45Rappelez-nous ce que ça veut dire, Gilles.
16:46Ça veut dire qu'en moyenne, par rapport à un historique assez long,
16:55on est dans les 10% les moins favorables pour investir sur le marché américain.
17:01Et quand on était dans ces zones-là, plus ou moins à 25%,
17:05on a eu dans le passé des performances légèrement négatives.
17:08D'accord.
17:09Légèrement négatives, ça ne veut pas dire que c'est la catastrophe.
17:12Mais ce qu'on peut observer, c'est que malgré la baisse des cours,
17:17en fait, notre rating ne s'est pas amélioré.
17:20Et il y a plusieurs raisons à ça.
17:24Une de ces raisons, c'est quand même une pression à la baisse sur les prévisions de résultats des entreprises.
17:32Ça aussi, c'est nouveau.
17:33Parce que ça fait deux ans qu'on n'arrête pas de réviser à la hausse les perspectives bénéficiaires aux États-Unis.
17:37Mais je dirais qu'en particulier sur certains secteurs où on a des marges
17:42qui sont historiquement gigantesques par rapport aux États-Unis,
17:47et puis énormes par rapport au reste du monde,
17:50on ne peut pas avoir une augmentation de l'incertitude, une hausse du chômage,
17:54une hausse des tarifs et des questions sur pas seulement l'emploi des fonctionnaires,
18:04mais sur l'activité des entreprises qui partiellement font du business avec le gouvernement américain.
18:11Il y a des effets indirects, sans doute.
18:12Donc là, et donc tout ça, il est trop tôt pour le voir dans la parution des chiffres qui sont du passé.
18:22Mais quand on anticipe un petit peu tout ça et via le prisme du sentiment des consommateurs,
18:28du sentiment des employés et des sentiments des employeurs,
18:34on ne peut pas considérer que ça ne puisse pas se pincer par rapport à des anticipations préalables.
18:40Donc là, ce n'est pas extraordinaire.
18:42Moi, ce que je trouve, c'est qu'on a eu quand même une augmentation des probabilités de récession
18:49de la part de certains gros, grosses banques américaines qui ne sont pas un scénario central encore.
18:54Mais honnêtement, le scénario central, c'est jamais...
18:58– C'est rare qu'on nous dise que le scénario central est celui d'une récession, je vous l'accorde.
19:03En fait, ce qui se passe, c'est qu'on a une récession, on le sait, après que les marchés aient baissé.
19:08Voilà, que ce soit bien clair.
19:10Alors les récessions, ça arrive tout le temps, d'accord ?
19:13– Pas tout le temps, non, mais ça arrive de temps en temps, oui.
19:16– Il y a 15% du temps sur les marchés actions où on est en bear market,
19:22largement lié à un dégonflement de désespérance économique,
19:27un dégonflement d'un cycle de crédit ou un choc, ou un choc externe, etc.
19:34Ça fait partie de la vie des marchés actions, donc en effet, il ne faut pas avoir peur de cela, nécessairement.
19:40Mais ça fait toujours partie des possibles.
19:42Et là, il nous semble qu'à ces niveaux de rating, ça ne laisse pas beaucoup de place au global
19:52à une poursuite des surprises ou d'une évolution négative des anticipations.
20:00– Une question d'horizon de temps aussi, j'imagine ?
20:02– Complètement, il y a un horizon temporel.
20:04Plus on a un horizon très long et moins on peut craindre des corrections de marché.
20:13– Qu'est-ce que vous comprenez, Gilles, de la mise en exécution de la stratégie Trump ?
20:21Parce qu'on l'appelait les Trumponomics il y a encore quelques temps.
20:23On est à plus de 50 jours d'exercice du pouvoir.
20:27Bon, il y a quand même quelques personnages du cabinet qui se distinguent sur le plan économique,
20:31Scott Besant, Howard Leutnick, qui sont là aussi des membres importants du cabinet.
20:39Trump nous parle beaucoup de tarifs.
20:40On a des tarifs, peut-être pas autant que ce dont on entend parler,
20:45mais il y a quand même déjà, en tout cas en première intention,
20:48des tarifs et une application de cette stratégie tarifaire.
20:51– Oui, alors la mise en pratique est quand même un petit peu plus sévère
20:57que ce qu'on pouvait anticiper avant, où on était tous teintés dans le Trump numéro 1,
21:02où il y avait plus d'aboiements et moins de morsures.
21:06Et à force de crier au loup, comme tout le monde anticipait ça,
21:10il est obligé d'aboyer plus fort et puis de mordre un peu plus pour être crédible.
21:14Si c'est que ça, ça pourra peut-être aller.
21:18Mais par contre, on a quand même l'impression d'une situation non stabilisée en termes de programme,
21:27que selon l'orateur, les coûts budgétaires pourraient être ceci ou cela,
21:33et dans des montants extraordinairement importants.
21:39On est loin quand même d'une forme de progressivité, de modération européenne, ou ailleurs.
21:47Moi, ce que j'observe en Chine, c'est que les choses sont très progressives,
21:53relativement bien balisées, et là on a quand même une situation
21:58où il y en a une réalité qui est un petit peu plus que vibrante et ouvrionnante,
22:03parfois un peu chaotique.
22:06Et ça, c'est pas très bon pour l'activité économique.
22:10À moyen terme...
22:12Mais ça sert à un projet de long terme, vous comprenez ça ?
22:15Qu'est-ce du chaos à court terme ?
22:17Si c'est dans l'idée d'un grand projet de long terme, c'est un peu ce que l'administration Trump nous vend aujourd'hui.
22:24Oui, mais avec quand même une situation chaotique,
22:29on a quand même l'impression que selon à qui on parle, c'est celui qui parle le plus fort,
22:35qui est à l'oreille du Président, et puis ça peut changer le lendemain,
22:39une fois qu'on aura parlé d'autre chose et qu'on remettra des sujets sur la table.
22:42Donc on n'a pas l'impression d'un plan de moyen terme clairement identifié,
22:46je dirais à l'allemande, à la Rhénan, pour faire une comparaison intéressante.
22:53Et du coup, oui, sur le long terme, s'occuper du sujet de l'évolution de la dette américaine, c'est bien,
23:02mais est-ce qu'il faut le faire de façon aussi brutale, non maîtrisée,
23:08et avec son corollaire de crainte quand même, et d'inconfort,
23:13au moins sur une partie de la population américaine ?
23:16Oui, bien sûr.
23:17Bon, Jean-François, sur la stratégie Trump, sur quoi on s'est trompé ?
23:23Sur quoi le marché a peut-être changé d'avis, entre guillemets ?
23:26Qu'est-ce qui diffère de Trump 1.0 ?
23:29On n'a pas l'impression d'être tout à fait dans la même situation.
23:32Non, effectivement.
23:34Alors déjà, Trump 1.0, c'était déjà la première version, donc forcément il y a la découverte.
23:40Oui, même pour lui, la découverte du pouvoir, c'est ça.
23:44Donc au début, on a appréhendé son environnement,
23:48et peut-être que sur le Trump 1.0, la partie fiscale de son programme a d'abord eu un poids plus important,
23:58et ensuite sont venus les mesures commerciales, qui étaient quand même très ciblées sur la Chine.
24:04Donc voilà, on avait vraiment l'impression d'avoir ce combat Chine contre Etats-Unis,
24:11avec derrière un challenge, quelque part, de passation de pouvoir entre deux grandes économies.
24:21Là, on est plutôt dans l'inversion, où déjà il a acquis une certaine maturité sur sa manière de faire et comment le faire.
24:30Et on sait que la politique tarifaire, c'est son domaine, il peut y aller à coup de décret,
24:37donc il n'a pas besoin du Congrès là-dessus.
24:40Donc c'est assez rapide, le cabinet travaille pour lui,
24:43et de manière à éviter, quand même, qu'il y ait une ligue qui commence à se former contre toutes ces tentatives,
24:50parce qu'il commence à tirer sur tout le monde à peu près au même moment.
24:54Donc le risque, c'est à faire durer ces choses-là, on se retrouve à avoir une ligne d'intérêts communs qui commence à se construire contre lui.
25:00Donc des petits qui se rassemblent avec des petits, voire avec des moyens, ça commence à faire un gros bloc.
25:05Donc là, il va commencer à avoir une base de négociations qui peut potentiellement être moins favorable.
25:10Donc il a intérêt quand même à tirer fort tout de suite,
25:13à être dans une posture très agressive, de manière à plier l'adversaire très tôt,
25:17et depuis, quelque part, de passer d'adversaire en adversaire assez vite,
25:24de manière à éviter cette ligue potentielle.
25:26Cette coalition quoi, une coalition face à lui.
25:29Et ensuite, le volet fiscal, lui, de toute manière, il va prendre du temps, puisqu'il y a besoin du Congrès pour se mettre en oeuvre,
25:38et quand on voit le volet fiscal, le Trump Act qui avait été fait en 2018,
25:44du début jusqu'à la fin, il avait fallu à peu près une dizaine de mois.
25:48Donc si on l'a, de toute manière, ce sera plutôt pour la fin d'année.
25:52Donc on a encore une petite période qui peut être assez lourde.
25:57Mais dans la posture qu'il a prise, je pense qu'il a besoin d'aller vite, et fort, et dur.
26:04Après derrière, c'est de la négo.
26:05Donc soit il arrive à récupérer ce qu'il peut récupérer,
26:09soit derrière, ça risque de finir avec des portes qui se ferment.
26:12Bon, on verra, le 2 avril étant une autre date importante quand même,
26:15notamment pour la stratégie tarifaire, avec un rapport du Trésor sur les échanges commerciaux américains,
26:22et la capacité, à ce moment-là, de Donald Trump d'implémenter de nouveaux tarifs.
26:27Alors il appelle ça des tarifs réciproques, on verra ce qu'il en est,
26:29mais c'est la promesse, en tout cas, à réitérer à nouveau à partir du 2 avril prochain.
26:35Nous, nos vosges commentaires, bien sûr, et puis ce que ça implique pour le policy mix dans son ensemble,
26:41c'est-à-dire quand on intègre également la réserve fédérale américaine dans ce jeu-là,
26:45puisqu'on a rendez-vous, les marchands ont rendez-vous cette semaine avec Jérôme Poel et Lafayette,
26:50qui est resté un petit peu observateur de la situation jusqu'à présent.
26:55Oui, alors c'est vrai que d'abord, dans Trump 2, on a un cabinet, on va dire, qui est beaucoup plus effacé quand même,
27:03donc dans Trump 1, où finalement, il découvrait un petit peu le pouvoir,
27:07donc il avait des contre-pouvoirs qui, finalement, ont peut-être rendu sa politique un peu moins agressive.
27:14Là, il lâche ses coups beaucoup plus, et surtout, il les lâche sur ses alliés.
27:20Et moi, je suis quand même assez surpris de la réaction assez ferme de pays comme le Canada,
27:27qui sont quand même importants en termes de commerce bilatéral.
27:29L'Europe, également, qui peut-être, à cause de cette perspective de désengagement de l'OTAN,
27:37finalement, se dit « on ne va pas se laisser faire ».
27:40Et donc, moi, je trouve que ça crée plutôt plus d'incertitudes,
27:43parce qu'on peut quand même rentrer dans une forme d'escalade sur les tarifs.
27:48Et donc, je comprends assez bien la Fed, qui est un peu dans cet attentisme et qui ne devrait pas bouger,
27:56même s'il y a un ralentissement de la conjoncture au premier semestre.
28:00On ne les voit pas bouger au mieux avant juin, et peut-être même seulement s'il y a un ralentissement vraiment très marqué.
28:08— C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la Fed reste prise en tenaille entre le risque inflationniste toujours...
28:16— Le risque inflationniste qui peut perdurer, malgré tout. — Ouais, ouais. Je comprends.
28:18— Même dans une économie un peu affaiblie. — Ouais, ouais. Bon.
28:22— Et donc, le poudre de la Fed, là, puisqu'on parlait... Où sont les protections de marché ?
28:26Le poudre de la Fed, il n'est pas là pour cette semaine. C'est pas là qu'on l'attend, maintenant.
28:30— Les marchés commencent à anticiper 2 voire 3 baisses de taux directeur cette année.
28:35Ça nous semble quand même assez optimiste. — Ouais, ouais. Un peu prématuré à ce stade.
28:40Sur la Fed, Jean-François, je ne sais pas quelle est la position que vous défendez à ce stade chez Offi-Invest.
28:45— La position qu'on défend, c'est effectivement que la Fed va être plutôt « on hold » avec le fait qu'effectivement,
28:54il y a cette prise un peu en tenaille. Et côté BCE, là, pour le coup, on a un peu remonté notre taux terminal du fait qu'elle a besoin
29:07d'être moins accommodante du fait de l'arrivée du package fiscal. — Bien sûr. Ouais. En Allemagne.
29:13— Qui sera voté... — Taux terminal a changé, on va dire, côté Fed. Et légère remontée côté...
29:18— Côté BCE. — Ce plan est très important, parce que ça donne des marges de manœuvre à l'Europe en termes de soutien...
29:24— Bien sûr. — ...qui lui permettent d'être plus ferme avec les États-Unis, puisque c'est un peu comme pour la Chine.
29:30C'est-à-dire que voilà un plan, finalement, qui va quand même aider la croissance de la zone euro et de l'Europe et qui permettra
29:36du coup d'être beaucoup plus ferme avec les Américains. — Bon ben allons-y. Sur le plan européen, de ce point de vue-là, Nouno,
29:44les marchés ont anticipé un peu beaucoup déjà des fruits que ce plan pourrait générer pour l'Allemagne en premier lieu,
29:53pour l'Europe demain, parce qu'on parle de trajectoires et programmes à 10, 12 ans, hein, les infrastructures, la défense.
30:01On a tous bien compris que les dépenses allaient augmenter. Bon, reste à savoir est-ce que la base industrielle est suffisante
30:07pour permettre de monter en capacité très très vite et s'affranchir au plus vite des F-35 américains. Enfin il y a toute une logique
30:13de séquence aussi par rapport à ces plans européens. Et donc à quel horizon est-ce que les résultats seront tangibles, de ce point de vue-là ?
30:22— Alors c'est vrai que les marchés ont anticipé en partie... — Ouais. C'est leur fonction, hein.
30:26— Ils n'avaient pas forcément anticipé le revirement aussi rapide du discours allemand après la fameuse entrevue dans le bureau Oval avec Zelensky,
30:36où là, tout d'un coup, il y a eu une prise de conscience de, on va dire, de la majorité des grands partis allemands, à part l'AFD et les Linke,
30:43qu'il fallait faire quelque chose et le faire rapidement, c'est surtout ça. Et donc je pense que ça, ça a été effectivement
30:49un déclencheur d'une prise de conscience allemande et européenne. — D'ailleurs, on vote avec l'ancien Parlement allemand.
30:55— On n'attend pas le nouveau. Et ça, c'est la vraie surprise, entre guillemets, le vrai coup politique de Merz.
31:00— Tout à fait. Et ça donne quand même une visibilité beaucoup plus grande au rythme de croissance qu'on peut attendre en zone euro,
31:05qui était quand même assez faible. Et ça, ça pesait beaucoup sur les intentions d'investir en Europe.
31:11— Et ça change quoi dans le fond ? C'est-à-dire que les valeaux des actifs européens pourront être plus élevés que les moyennes historiques
31:18qu'on a observées ces dernières années, depuis 15 ans ? C'est-à-dire que le potentiel de croissance va être plus élevé ?
31:24Ça change structurellement des choses ? — Ça change. Alors d'abord, on risque d'avoir quand même des taux longs un peu plus élevés
31:31que si on n'avait pas eu tous ces plans. Il faut quand même financer malgré tous ces investissements. Une pente de la courbe des taux
31:37qui va être probablement plus marquée, même si la BCE réduit ces taux courts. Et puis effectivement, des valorisations qui,
31:46dans certains secteurs, peuvent quand même... On pense évidemment au secteur de la défense, où on sent que beaucoup de sociétés de gestion
31:54sont en train de revoir un petit peu leurs contraintes en matière d'investissement sur le sujet. Et c'est assez logique,
32:00parce que ça fait partie de la souveraineté la plus essentielle d'un pays, d'être capable de se défendre.
32:07Et puis tout ce qui est voté au niveau infrastructure en Allemagne, ça va au-delà de la défense. Ça va aussi profiter au secteur
32:15de la construction, par exemple, et à des secteurs industriels, qui vont pouvoir également bénéficier de tout le soutien à la transition écologique, par exemple.
32:25— Ça se reflète déjà dans des ratings écoutis GPS ou pas, cette histoire européenne nouvelle, Gilles ?
32:30— Pas encore, parce que, comme vous l'avez bien dit, ça va faire bouger les anticipations à très long terme. Et il faudra du temps
32:43pour que tout ça se mette en musique. Et nous, dans la partie sous-score de dynamique de perspective, on prend les évolutions à 1 an seulement.
32:55— D'accord. — Donc là, on peut penser que c'est absolument pas pris en compte. Donc aujourd'hui, on a entre 3, 3,5 sur la zone euro.
33:08Alors ça peut paraître pas extraordinaire, mais enfin c'est beaucoup mieux que le 1. — Eh ben oui, c'est 3 fois mieux, oui.
33:13— Premièrement. Deuxièmement, c'est associé en règle générale à des performances ultérieures moyennes positives. Ce type de zone de rating.
33:24En tout cas, dans le passé, ça l'a été. Et enfin, oui, si on a – et il semblerait que ce soit le cas – des deux plans, mais massifs,
33:35majeurs, historiques, absolument historiques, et qui... C'est pas un hasard que ça vienne en Allemagne, hein, parce que l'Allemagne
33:45est une des plus grandes économies du monde d'une part. Mais en plus, c'est la plus grosse économie de notre ensemble de pays AAA+,
33:53qui sont les plus safe, les mieux, les plus sûrs, et qui sont des berceaux pour le développement très favorable, pour le développement
34:03d'entreprises mondiales très saines et très efficaces. Et donc là, je dirais que c'est quelque chose d'absolument historique.
34:15Alors on sait pourquoi c'est arrivé. Et ça va changer complètement les choses. Et en effet, ça va augmenter sans doute à la fois la valorisation
34:27normative d'équilibre que les investisseurs devraient être prêts à payer pour les actifs concernés, donc les actifs allemands en règle générale,
34:38et en particulier les sensibles, donc infrastructures informatiques, tech en général, parce que l'infrastructure intègre bien sûr la dimension numérique,
34:47sans compter l'aspect sécurité, cybersécurité, qui devient de plus en plus importante, et puis l'armement, et puis l'industrie en règle générale,
34:55les matériaux en règle générale, et tout ça. — Mais c'est un impact sur l'Allemagne en premier lieu. — Ah bah en premier lieu.
35:00— Oui. Ça va être évident. — Parce que cet argent-là, on a beau dire, mais ça va être Allemagne d'abord. Les Français espèrent en tirer parti à juste titre
35:13en matière d'armement. Mais ça sera opportuniste d'une part du côté des Allemands. Et puis deuxièmement, quand vous avez un environnement global,
35:24géopolitique qui bouge, qu'est-ce qui vous dit que vous appuyez sur la France ? Vous n'aurez pas dans 5 ans un gouvernement qui aura un petit peu
35:39d'autres intentions en matière de parapluie nucléaire, en matière de coopération, etc., quand vous êtes en Allemand. Bon.
35:47Donc ça veut dire que le jeu reste celui-ci. Et à la fin, il n'est pas illégitime que pour des sujets de sécurité intérieure, tout le monde s'oriente
35:58vers des solutions domestiques autant que possible. — Ah ouais. Bon. Avec des capacités budgétaires très différentes d'un pays à l'autre.
36:07— Eh ben voilà. D'où... — On revient à l'Allemagne. Il y a autre chose à plus que vous affectionnez. — Absolument. Et puis pour moi... Enfin, on a titré ce matin sur une note.
36:17Quoi qu'il en coûte, acte III. — Oui. Bien sûr. — C'est aussi fort que Draghi. C'est aussi fort que... — Macron-Merkel, mai 2020.
36:26— Macron-Merkel ou Sunak pendant le Covid. — Ah oui. D'accord. J'étais sur l'Europe. — Oui, non. Pardon. Mais c'est absolument majeur et massif.
36:36Et les marchés, les investisseurs, ils anticipent au-delà du 3 mois, du 6 mois, du 9 mois, et surtout dans les circonstances actuelles.
36:48Donc pour moi, ça fait aucun doute que l'Allemagne, en particulier via sa dimension société moyenne, de taille moyenne,
36:57un PME très spécialisé, très renforcé... — Va en bénéficier. On a vu le MDAX, effectivement, réagir. Le MDAX, c'est l'indice des valeurs moyennes en Allemagne.
37:06Comment on profite de ce momentum européen ? Déjà, est-ce que c'est un momentum de marché qui a du vent dans les voiles, qui peut se poursuivre au-delà de...
37:15Alors quelques semaines, quelques mois exceptionnels, effectivement, avec en plus en contrepartie une baisse des marchés actions américains.
37:21Donc un écart spectaculaire de ce point de vue-là, j'en pense pas. — Oui. Bah écoutez, historiquement, l'Europe en bourse, c'est un peu ce qu'est le PSG à la Ligue des champions.
37:30C'est-à-dire que chaque année, quand on commence, on regarde la feuille de match, on se dit qu'on va faire une super Ligue des champions.
37:37Et puis... — Je l'avais jamais vue, cette image. Mais elle est bien. Elle est pas mal. — Arrivée à la fin de l'année, souvent, on n'est pas dans les premiers.
37:46C'est un peu ce sentiment-là à chaque fois qu'on veut jouer l'Europe. On se dit qu'on a quelques belles valeurs, etc., et résultat des courses, on n'y est pas.
37:54Néanmoins, cette année... Bon, aussi, le PSG apparemment aussi fait une bonne année. Donc peut-être qu'il y a fait corrélation faisant. On peut peut-être espérer d'avoir les deux.
38:02Mais l'Europe semble être un bon candidat sur les marchés boursiers pour cette année. Alors je suis d'accord qu'effectivement, d'un point de vue narratif,
38:09on a des éléments qui sont assez forts et qui peuvent tenir la distance plusieurs trimestres, tout du moins pour régulièrement avoir de la nouvelle positive.
38:20Après, ce qui est intéressant, c'est de voir comment ce narratif de marché est travaillé par les investisseurs. Donc au fur et à mesure, ça rentre dans les têtes.
38:27Et puis ça commence à être joué, pris par des vraies positions, au-delà du sentiment qui s'améliore. Et là, quand on regarde...
38:33Déjà, on part d'une base ultra favorable. Il faut dire que c'est un désert de positionnement, l'an dernier, l'Europe.
38:39C'est peut-être ininvestissable pour certains investisseurs globaux. C'est dur de dire que l'Europe n'est pas investissable quand on est en Europe.
38:46Complètement. Et c'est exactement ça. Les flux sont allés aux Etats-Unis. Donc finalement, ce dont on parlait au début, le fait qu'aux Etats-Unis,
38:53ça se calme un petit peu la croissance, les techs, on a plutôt envie de prendre nos bénéfices, etc., c'est un boulevard pour, derrière, jouer le nouveau narratif
39:03qui est en train de se créer en Europe. Donc ça, c'est un contexte qui est encore plus favorable pour voir émerger durablement, on va dire, pour au moins une année, ce thème-là.
39:13Donc nous, on a renforcé dans notre vie maison le positionnement sur les actions européennes. Dans les portefeuilles, on aime bien...
39:22On est allé sur l'Allemagne, mais on est allé sur l'Allemagne plutôt territoire des moyens de capitalisation, parce que c'est là où on a des gisements plus industriels
39:29et qui sont plus en faveur avec l'idée qu'il va y avoir des budgets qui vont être liés à de l'infrastructure et potentiellement, derrière aussi, il y a l'Ukraine qui arrive en bout de ligne.
39:40Donc voilà. En plus, les mid-cap sont relativement peu chers. — Ah, on a beaucoup parlé du DAX qui battait record sur record.
39:47Quand on regardait le MDAX, on était beaucoup plus proche de l'atomie de l'économie allemande qu'on observe depuis plusieurs années maintenant.
39:53— Exactement. Alors là, Macron n'est pas les indices, parce qu'il y a des biais dans tous les sens. Donc la bonne performance du DAX,
39:59on le savait que l'an dernier... — Exactement. — ...qui avait fait 50 % dans ce domaine-là. Mais le MDAX, qui est beaucoup plus varié...
40:06— Eh oui. — Et de toute manière, depuis qu'on a l'annonce qui a été faite du package, ça a été essentiellement tirer la performance de cet indice-là sur le biais très industriel de l'indice.
40:17Donc vraiment, je dirais que c'est un univers qui est assez porteur pour ce thème-là, je pense, pour l'année.
40:25— Et sur le plan des marchés obligataires, qu'est-ce que ça implique ? Enfin je veux dire, est-ce que le Bund... Enfin comment on traite le Bund,
40:30désormais, qui avoisine les 3% ? Je grossis un peu le trait. Mais est-ce que ça reste évidemment un actif refuge ?
40:37Est-ce que c'est un actif un peu différent, désormais, avec la perspective de... Je sais pas, d'un trillion d'euros de dépenses budgétaires
40:43sur les 10 prochaines années en Allemagne ?
40:45— Alors ce qu'on disait, effectivement, c'est qu'il y a une prime de risque qui s'est constituée sur la partie assez longue du Bund.
40:51Donc ça, on l'a réintégré. Le marché l'a aussi mieux intégré depuis qu'il y a les nouvelles.
40:57Donc on part d'une base qui est déjà plus favorable. Ça reste un actif refuge dans le sens où si vraiment même aux États-Unis...
41:05Si les États-Unis vont concrètement... — En récession ? — En récession. En tout cas, s'y dirigent, c'est quand même un poids lourd dans l'économie mondiale.
41:13Donc je pense que le Bund va récupérer sa valeur d'actif refuge, parce qu'il va avoir l'effet inverse qui va se passer sur la prime de terme.
41:22Donc on n'est peut-être pas là. Mais en tout cas, c'est un actif intéressant à avoir, parce que quelque part, certes, les taux ont monté.
41:28Mais c'est pour des bonnes raisons. Et d'ailleurs, on voit que quand les taux ont monté, les actions européennes ont aussi monté.
41:33Donc c'est quelque part une rémunération supplémentaire qui est demandée côté obligataire, parce qu'on va faire de la croissance.
41:39Donc c'est bien employé, quelque part.
41:42Et à l'inverse, quand on a vu les taux américains baisser un peu, on a vu aussi les actions américaines baisser dans le même temps.
41:47Ce qui est intéressant aussi dans la remontée des taux en Europe, dans la remontée du rendement du Bund allemand...
41:53On prend 50 points de base sur la semaine du 4, 5 mars, là. C'est que les spreads...
41:58Alors, toute la courbe euro a remonté. Mais non seulement les spreads ne se sont pas écartés, mais même, parfois, ils se sont réduits de quelques points de base.
42:06Oui, tout à fait. Ça contraste.
42:08Avec ce qui s'est passé aux États-Unis, où les spreads, notamment sur le high yield, se sont effectivement plutôt écartés, en corrélation avec les marchés d'action.
42:16Et là, on a vu des spreads se tenir de manière remarquable. Il y a toujours de l'appétit pour le crédit.
42:25C'est un signal de confiance que le marché envoie à l'Europe.
42:28Oui, tout à fait. Il n'y a pas d'inquiétude sur l'inflation. Ce n'est pas, pour l'instant, le sujet majeur.
42:36On devrait avoir des taux relativement stables sur l'ensemble de l'année, en tout cas.
42:41Et c'est intéressant d'avoir cette décorrélation entre le marché américain et le marché de la zone euro.
42:47C'est inédit, je pense, depuis très longtemps, à ce niveau, d'avoir des taux qui partent dans des directions complètement différentes.
42:56Au point qu'on se demande si ça peut durer.
42:59Oui, à un moment donné, ça va forcément se recorréler, en particulier s'il y a, encore une fois, un ralentissement marqué aux États-Unis,
43:06qui devrait quand même emporter des taux plutôt à la baisse.
43:09Mais en tout cas, je partage assez cette idée d'aller plutôt sur le marché allemand.
43:15Les mid-cap sont intéressantes. On aime bien l'Espagne aussi.
43:19Et puis la France, malgré tout. On a payé quand même assez cher en termes de décote.
43:25Un peu comme l'industrie allemande, d'ailleurs, où on disait que le modèle économique allemand est ruiné.
43:31Donc il ne faut surtout pas aller sur ce thème-là.
43:35Et on se rend compte que maintenant, c'est plutôt là qu'on a envie de le jouer.
43:39Et je pense qu'en France, on a également de belles opportunités, avec sans doute une électricité qui est plus compétitive qu'en Allemagne.
43:47Donc on n'a pas ce sujet devant nous, en tout cas.
43:50On a vu les contrats sur le gaz se détendre un peu, avec la perspective d'un cessez-le-feu Russie-Ukraine.
43:57Coup de l'énergie, c'est évidemment un paramètre essentiel pour nos économies et pour l'Allemagne, notamment.
44:04Gilles, oui, effectivement, l'idée d'un cessez-le-feu Ukraine-Russie, ça peut encore remettre une couche de sentiments positifs sur l'Europe ?
44:15Ou est-ce que c'est déjà bien flagué, bien identifié ?
44:18Donald Trump, on a fait un programme, d'une certaine manière.
44:23Alors c'est sans doute un positif. Maintenant, je pense que c'est pas le cessez-le-feu qui amènera une grande euphorie.
44:33Mais c'est, si possible, une résolution à plus moyen terme, même si c'est une option à la coréenne.
44:41C'est-à-dire qu'il n'y a pas de traité de paix, mais qu'il y a un gel et que ce gel des frontières est à peu près respecté.
44:48C'est-à-dire qu'il y a une zone et puis des garanties très très fortes des deux côtés.
44:58Mais pour moi, la problématique est à plus long terme.
45:07D'accord. Donc c'est pas le cessez-le-feu, c'est pas le game changer qui a fait remonter l'Europe ?
45:12Ce sera une bonne nouvelle, bien sûr. Il n'y a aucun doute. C'est une guerre d'un autre âge, c'est aberrant.
45:20Et la paix, il faut favoriser toute perspective de paix, bien sûr.
45:28Bon, on verra ce qui ressort. Ce sera le coup de fil de la semaine entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
45:32Demain, au sujet évidemment de la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
45:37Merci beaucoup, messieurs. Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
45:40Gilles Bazissier, président d'Equity GPS, nous noter que c'est vrai.
45:43Directeur analyse et stratégie de Vega IS.
45:46Et Jean-François Fossé, directeur de la gestion multi-actifs d'Ofi Invest Asset Management.
45:55Le dernier quart d'heure de Smartbourg. Chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
45:58Et chaque lundi, c'est le quart d'heure américain.
46:01Et nous retrouvons donc notre correspondant américain, Pierre-Yves Dugas, avec nous en visioconférence.
46:06Bonsoir, Pierre-Yves. Merci beaucoup d'être avec nous au Rapport pour évoquer Donald Trump et les marchés.
46:13C'est-à-dire qu'on a vu encore ce week-end, Scott Bastien, secrétaire du Trésor,
46:17allez, je vais le dire, balayer d'un revers de main la correction du marché américain.
46:21C'est vrai que le S&P 500 a baissé de 10% en 16 séances entre le 19 février et le 13 mars.
46:27Est-ce qu'on peut balayer aussi facilement que ça une baisse de marché de 10%
46:33sur les marchés américains au cours de ce premier trimestre 2025, Pierre-Yves ?
46:38Quand on s'appelle Scott Bastien et qu'on est secrétaire au Trésor, on peut le faire.
46:43Quand on s'appelle Scott Bastien et qu'on est gérant de fonds spéculatifs,
46:49ce qui était son cas il y a encore quelques semaines, c'est plus difficile.
46:53On s'est aperçu que quand même il y a de grands noms des hedge funds
46:56qui ont pris quelques gifles au cours des dernières semaines.
47:00On est amené à se poser la question de l'importance des ménages américains les plus riches
47:10dans les dépenses de consommation dans le contexte d'un effet richesse qui se retourne.
47:19L'effet richesse, il est simple à comprendre, on peut le rappeler rapidement.
47:24Quand l'économie va bien et que les perspectives de profit des entreprises augmentent,
47:29la bourse grimpe, les actionnaires sont de plus en plus riches et dépensent de plus en plus.
47:34Dans une économie qui s'inverse, le phénomène part de l'autre côté.
47:40Seulement voilà, les États-Unis sont une économie extrêmement financiarisée.
47:45La proportion d'actifs financiers investis en actions aux États-Unis est à un niveau record de 43%.
47:53Quand on accuse un coût d'accordéon de moins de 10% en quelques semaines,
47:58il y a forcément un impact sur la proportion des Américains les plus riches à consommer.
48:04J'ai quelques chiffres qui m'ont d'ailleurs surpris.
48:08Les 10% des Américains les plus riches aujourd'hui représentent 50% des dépenses de consommation.
48:16On a vu ce matin avec la publication des chiffres des ventes de détail aux États-Unis pour le mois de février
48:23que le gain est maigre, il est de 0,2% seulement.
48:27Une des multiples explications de cette performance maigrissonne est probablement l'effet richesse à l'envers
48:36qui s'est opéré au cours des dernières semaines.
48:40On peut se poser la question de savoir ce qui va se passer dans cette économie américaine qui faiblit
48:45où l'incertitude en raison de la politique incroyablement agressive, échangeante et imprévisible
48:52de Donald Trump en matière commerciale est en train de suspendre les perspectives d'investissement,
48:57pas simplement d'investissement financier mais d'investissement industriel.
49:01Qu'est-ce qui va se passer si on approche de la récession ?
49:04En gros, ce que nous disent les économistes, c'est qu'une baisse de Wall Street de 20%
49:12se traduirait par 1% de croissance en moins pour les États-Unis
49:16et 1% ça peut faire la différence entre un atterrissage en douceur et une récession.
49:21Très très clair, on voit des enquêtes de morale de consommateurs qui n'arrêtent pas de baisser
49:27et on l'a vu avec l'université du Michigan vendredi, des anticipations d'inflation chez les consommateurs,
49:32chez les ménages américains qui sont repartis violemment à la hausse sur le mois de février.
49:39Si on regarde désormais la sphère corporate, les entreprises américaines et notamment les industriels américains,
49:46Pierre-Yves, est-ce qu'ils ont voté pour les droits de douane ?
49:52C'est ça qui est stupéfiant, c'est qu'il n'y a pas de lobby patronal américain demandeur de protectionnisme aux États-Unis.
50:02Le secteur de la sidérurgie est une exception, mais j'ai été absolument frappé par le ton adopté par le patron de Alcoa,
50:11le géant américain et canadien, c'est vrai, de l'aluminium qui affirme qu'en dépit d'une augmentation de 25% des droits de douane à l'aluminium,
50:23on va, dit-il, assister à une réduction de l'emploi dans l'industrie de l'aluminium aux États-Unis.
50:31D'après lui, la réaction en chaîne qui va être déclenchée par l'augmentation du prix de l'aluminium est nette-nette négative pour l'emploi dans l'aluminium.
50:42C'est quand même une affirmation assez forte. Il prédit même quelque chose comme 20 000 suppressions nettes d'emploi dans son propre secteur.
50:50Pourquoi ? Parce que d'abord, le prix de l'aluminium va augmenter et toutes les industries intermédiaires qui sont consommatrices d'aluminium vont souffrir.
50:58Et ça, ce n'est pas bon pour la demande, ce n'est pas bon pour les marges des entreprises et ce n'est pas bon, in fine, pour l'emploi.
51:06Des industriels gros consommateurs d'aluminium, ce sont l'industrie automobile, l'électroménager et le secteur des boissons,
51:15car les boîtes de Coca-Cola et de bière que vous aimez boire quand vous n'êtes plus sur le plateau sont en aluminium.
51:25Ces gens-là ne sont pas du tout contents et sont absolument convaincus que cette augmentation de droits de douane sur l'aluminium
51:33est une véritable catastrophe pour le consommateur américain.
51:36Et puis, il y a des effets qui, visiblement, ne sont pas pris en compte par la Maison-Blanche dans ses déclarations et sa politique commerciale très brutale.
51:44C'est que les Mexicains et les Canadiens qui sont les gros fournisseurs d'aluminium aux États-Unis vont être probablement contraints
51:53d'envoyer vers l'Europe leur surplus qu'ils ne pourront plus passer aux États-Unis.
51:59Ça veut dire une baisse du prix de l'aluminium en Europe.
52:01Alors, c'est une mauvaise nouvelle peut-être pour les Européens de l'aluminium, mais c'est une bonne nouvelle pour les consommateurs américains.
52:07Et on va avoir une situation où on aura des consommateurs américains et une économie américaine défavorisées par des hausses de prix et le contraire en Europe.
52:17Et je reviens à la déclaration du patron d'Alcoa, qui tout de même est une autorité en matière d'investissement industriel, qui nous dit, vous savez,
52:25nos décisions d'investissement dans les équipements pour fabriquer de l'aluminium, elles sont prises sur un horizon 20 à 40 ans.
52:32Nous ne disposons pas aujourd'hui chez Alcoa de capacités de production que nous pouvons augmenter pour répondre aux changements de la demande.
52:42Les capacités de production non utilisées dont nous disposons aujourd'hui ne sont pas productives, elles ne sont pas bonnes.
52:48Et ce n'est pas sur la base de droits de douane qui ne dureront peut-être pas plus que 3 ans, si un autre président que Donald Trump arrive à la Maison-Blanche,
52:55que nous allons nous engager sur 20 à 40 ans.
52:58Donc cette affaire de droits de douane, rien que sur ce secteur très précis de l'aluminium, n'est pas du tout évident et ne fait pas l'objet d'une demande de protectionnisme
53:09de la part des industriels américains. C'est quand même très stupéfiant.
53:12Est-ce que Corporate America, est-ce que les grands patrons américains, les grands CEOs de l'industrie de l'aluminium et de l'acier,
53:20mais également peut-être de l'industrie de la technologie, Pierre-Yves, est-ce qu'ils pourront être à un moment les garde-fous, si nécessaire,
53:29de la politique visée et conduite par Donald Trump ? Est-ce qu'on attend des réactions de leur part sur l'automobile ?
53:36Je pense qu'à Détroit, ils se sont déjà un peu mobilisés quand Donald Trump menace toujours de mettre des tarifs de 25% sur les automobiles
53:43qui traversent la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, entre le Canada et les Etats-Unis.
53:48Mais est-ce que le vrai rempart viendra de Corporate America ?
53:52Alors, je donnerai deux réponses. La première, il y a des gens au sein de l'industrie automobile américaine qui sont plutôt contents
54:01des impositions de droits de douane sur l'acier et sur l'aluminium. Ce ne sont pas les dirigeants des entreprises, mais c'est le syndicat des
54:08ouvriers automobiles, qui est très à gauche, qui a fait campagne contre Donald Trump. Et maintenant, M. Fain n'a que des compliments
54:17à adresser à la Maison-Blanche parce qu'il est absolument convaincu que Donald Trump est en train de tenir ses promesses.
54:22Ne l'oublions pas, Donald Trump a gagné parce qu'il a fait tomber le fameux mur bleu du Michigan, du Wisconsin.
54:32Et l'ouvrier automobile américain moyen, lui, il est plutôt satisfait de voir qu'il va se sentir protégé. C'est à mon avis une erreur qu'il commet,
54:43mais c'est une chose. Autre réponse que je voudrais essayer de vous apporter, c'est que les patrons américains ne voient pas que la politique commerciale
54:52de Donald Trump. Il y a tout un autre aspect de la politique économique de Donald Trump qui est très important pour eux et qui peut être
55:00potentiellement extrêmement favorable, la déréglementation et les baisses d'impôts. Et pour ne pas se couper d'un Donald Trump qui est assez susceptible
55:10et qui se fait vite des amis et vite des ennemis et prompte à renier ses amis d'hier, nombre de ses grands patrons qui se sont affichés
55:21avec Donald Trump au cours des dernières semaines restent convaincus qu'en dehors de cet horrible petit détail qu'est la politique économique
55:28commerciale qui risque de plonger les Etats-Unis en récession, en termes de fiscalité et en termes de déréglementation, ils n'ont beaucoup à gagner
55:35de cette politique trumpiste.
55:37Donc il y a effectivement un retour attendu et ces entreprises-là ou ces patrons-là peuvent souffrir quelques baisses de leurs cours boursiers
55:46pendant quelques semaines pour revenir effectivement à l'idée que cette administration Trump, pour l'instant, n'est beaucoup moins sensible
55:55à la baisse des marchés que ce qu'on aurait pu imaginer et ce que Donald Trump 1.0 peut-être pouvait l'être de son côté.
56:03Merci beaucoup Pierre-Yves.
56:04Pierre-Yves Dugas, correspondant américain de Be Smart For Change avec nous chaque lundi dans le quart d'heure américain de Smart Bourse
56:11à retrouver bien sûr en replay chaque semaine sur besmart.fr

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