Mardi 14 mai 2024, SMART BOURSE reçoit Nathalie Benatia (Macroéconomiste, BNP Paribas Asset Management) , Alexandre Taieb (Gérant-analyste, Sycomore AM) , Arnaud Morvillez (Gérant, Uzès Gestion) et Vincent Juvyns (Stratégiste, JP Morgan Asset Management)
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bismarck pour rester à l'écoute
00:12des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez en direct sur Bismarck
00:17TV, émission que vous retrouvez évidemment chaque soir en replay sur Bismarck.fr ou encore
00:21en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:24Au sommaire de cette édition ce soir, les investisseurs qui sont dans l'attente des
00:28prochaines données américaines sur l'inflation avec le CPI américain pour le mois d'avril
00:33qui sera publié demain après-midi.
00:36En guise d'amuse-bouche, les investisseurs ont pris connaissance des prix à la production
00:40industrielle pour le mois d'avril, un PPI qui donne l'image toujours d'une inflation
00:47peut-être encore un peu plus collante que ce qu'on pouvait imaginer.
00:50Néanmoins, les investisseurs et les marchés n'ont pas fait grand cas de la publication
00:55de ce rapport des prix à la production industrielle, on voit des marchés obligataires qui restent
01:01à peu près neutres sur la séance et on a même vu l'euro face au dollar franchir
01:07le niveau de 1,08 après la publication de ce PPI, un peu plus chaud peut-être que prévu
01:12dans les grandes lignes puisqu'on a une progression sur un mois de 0,5%, vous aurez le détail
01:16dans un instant avec les infos du jour résumées par Pauline Grattel, Jérôme Poel lui est
01:21en train de s'exprimer à l'occasion d'un panel qui se tient à Amsterdam, Jérôme
01:25Poel qui admet à nouveau que la confiance n'est pas allée forcément dans le bon sens
01:30ces derniers mois en matière de désinflation, la quête de cette confiance dans le dernier
01:35kilomètre est toujours devant nous, Jérôme Poel qui estime par ailleurs que la barre
01:41est élevée, voire très élevée pour que le prochain mouvement de la Fed soit une hausse
01:46de taux, je rappelle que c'est une conversation qu'on a pu voir il y a quelques semaines
01:50dans le marché et chez les investisseurs, voilà donc pour le sujet macro et politique
01:54monétaire, on y reviendra bien sûr avec nos invités de Pleine Marché dans un instant
01:57et puis sur les marchés actions, la spéculation repart, la spéculation au sein du secteur
02:02bancaire en Europe après une interview d'Emmanuel Macron donnée hier à l'agence Bloomberg
02:07dans lequel le président français évoque l'esprit européen qui implique des grandes
02:12fusions transfrontalières, notamment dans le secteur bancaire, on est en plein revival
02:19du débat et de la conversation sur la nécessité d'unir les marchés de capitaux en Europe,
02:25dans le secteur bancaire, Emmanuel Macron a répondu directement à la question qui
02:29lui a été posée, à savoir quid du cas spécifique d'une banque française comme
02:34Société Générale, celle qui a la plus faible valorisation au sein du secteur bancaire aujourd'hui
02:38en Europe et Emmanuel Macron a bien dû admettre que si une banque étrangère décidait de
02:44racheter Société Générale, il n'aurait pas d'autre choix que de ne pas s'opposer
02:48à ce rachat, la spéculation est donc repartie sur Société Générale qui va terminer la
02:53séance en tête du CAC 40 avec un gain de l'ordre de 4% et puis autre phénomène spéculatif
02:58qui repart de plus belle aux Etats-Unis, le retour des mêmes stocks, ce groupe d'actions
03:03virales avec le retour d'un influenceur clé ces dernières 48 heures, le chaton rugissant
03:09s'il faut le traduire, Roaring Kitty est revenu sur Twitter avec un post, une image
03:16qui a été postée il y a 48 heures et qui a redéclenché cette fièvre acheteuse parmi
03:21la foule des investisseurs particuliers américains ciblant des sociétés spécifiques emblématiques
03:26dont on parlait déjà en 2021 comme GameStop ou encore la chaîne de cinéma AMC, ce sont
03:31des valeurs qui ont doublé ou quasiment au cours de la séance d'hier, qui double encore
03:35aujourd'hui et d'ailleurs AMC, groupe exploitant de chaînes de cinéma en a profité pour
03:41lever au passage 250 millions de dollars sur les marchés actions évidemment avec
03:46cette fièvre acheteuse et ce short squeeze majeur puisque beaucoup de vendeurs à découvert
03:51sur ces valeurs ont perdu beaucoup d'argent au cours des dernières 48 heures, que nous
03:56dit ce phénomène spéculatif de la situation de marché, c'est aussi une question qu'on
03:59pourra poser à nos invités de Planète Marché dans un instant et puis dans le dernier quart
04:03d'heure de SmartBourse, le quart d'heure thématique, on se focalisera sur le thème
04:06de la biodiversité, la nouvelle frontière en matière de finances durables, de finances
04:11responsables, bien sûr qu'il y a la lutte contre le réchauffement climatique et qu'il
04:15y a un lien direct entre la biodiversité et la lutte contre le réchauffement climatique
04:18mais le spectre et le champ d'investigation et d'investissement de la biodiversité est
04:23un champ beaucoup plus large encore, nous en parlerons avec les équipes d'UZES gestion
04:28et Arnaud Morvilez qui sera avec nous en plateau à partir de 17h45.
04:36Avant d'accueillir nos invités de Planète Marché, les infos clés du jour sur les
04:45marchés, ces tendances mon ami, chaque soir en ouverture de SmartBourse avec Pauline Grattel.
04:49Les yeux des investisseurs sont rivés sur les Etats-Unis aujourd'hui avec la publication
04:55des prix à la production industrielle et le discours de Jérôme Powell.
05:00De quoi faire patienter le marché jusqu'à demain, jour de la publication du très attendu
05:06CPI.
05:07Les prix à la production industrielle aux Etats-Unis ressortent ainsi à plus 0,5% sur
05:13un mois en avril, c'est au-dessus des attentes, et après moins 0,1% le mois précédent,
05:20chiffre révisé en baisse.
05:22En version cœur, le PPI s'établit à plus 0,5% également sur un mois et ressort conforme
05:28aux attentes sur un an à plus de 2,2%.
05:32Au cœur de l'actualité française aujourd'hui, on trouve Société Générale avec un titre
05:37en tête du CAC 40 en hausse de plus de 4% dopé par Emmanuel Macron.
05:43A l'occasion du sommet Choose France à Versailles, le président de la République a accordé
05:48un entretien à Bloomberg dans lequel il se dit favorable à une consolidation bancaire
05:54en Europe et donc ouvert à un rachat de Société Générale par un concurrent.
05:59Société Générale continue d'être perçue comme une cible accommodante puisqu'elle
06:03est la banque à la plus faible valorisation en Europe.
06:07Côté américain, la campagne bat son plein à six mois de l'élection présidentielle.
06:12Joe Biden profite de ce moment pour annoncer les plus fortes hausses des droits de douane
06:18depuis l'ère Trump sur les produits chinois.
06:21La Maison-Blanche annonce l'augmentation des tarifs douaniers sur 18 milliards de dollars
06:26d'importation chinoise englobant les voitures électriques, les batteries, les produits
06:31médicaux ou encore les semi-conducteurs.
06:34Toujours aux Etats-Unis, mais du côté de la micro, Home Depot fait état d'une baisse
06:39plus importante que prévue de ses ventes à magasins comparables.
06:43C'est le sixième trimestre de suite que ses ventes diminuent, le titre étant recul
06:47à l'ouverture de Wall Street.
06:50Veolia rend une bonne copie au titre du premier trimestre, le groupe fait état d'une amélioration
06:55de sa rentabilité malgré une baisse des prix de l'énergie et un hiver particulièrement
07:01doux.
07:02Le groupe confirme également ses objectifs pour 2024.
07:05Des résultats salués par le marché, le titre est dans le vert au sein du CAC 40 et
07:09prend jusqu'à 4% au cours de la séance.
07:13A Francfort, du côté des livraisons de repas, Delivery Hero bondit de 20% après l'annonce
07:20d'un accord avec Uber pour vendre Foodpanda, sa filiale taïwanaise, pour 950 millions
07:27de dollars.
07:28Si l'opération est validée, cela permettra à l'entreprise de réduire sa dette.
07:33Demain, les investisseurs attendent avec impatience la publication de l'inflation américaine
07:38pour le mois d'avril, qui pourrait avoir une incidence sur la prochaine décision monétaire
07:42de la réserve fédérale.
07:44En zone euro, on attend la seconde estimation du PIB.
07:48En France, les chiffres définitifs de l'inflation du mois d'avril seront publiés.
07:53D'un point de vue micro, les résultats du troisième trimestre de Cisco System sont
07:57attendus demain aux Etats-Unis, avant bourse.
08:00Tendance mon ami, chaque soir, en ouverture de Smart Bourse avec Pauline Grattel sur Bsmart.
08:053 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
08:19Nathalie Bénatia est à nos côtés, macroéconomiste chez BNP Paribas Asset Management.
08:23Bonsoir Nathalie.
08:24Alexandre Taillem nous accompagne également.
08:26Bonsoir Alexandre.
08:27Ravi de vous retrouver.
08:28Vous êtes gérant et analyste chez Cicomore et Vincent Juvins avec nous également.
08:32Bonsoir Vincent.
08:33Bonsoir Édouard.
08:34Vous êtes stratégiste chez JP Morgan Asset Management.
08:37Nathalie, si je reprends la séquence macro récente, on est entre la publication du dernier
08:44rapport sur l'emploi américain, relatif au mois d'avril, qui a été publié début
08:48mai, et dans l'attente de la publication du prochain CPI, l'indice des prix à la
08:52consommation.
08:53Le rapport sera publié demain, là aussi pour le mois d'avril.
08:57Si le marché du travail envoie des signes de plus en plus évidents de détente, que
09:02peut-on attendre de l'inflation du mois d'avril aux Etats-Unis ? Et qu'est-ce qui compte le
09:07plus à ce stade pour Jérôme Paul et la réserve fédérale américaine dans leur quête
09:12de confiance, comme il dit, en vue d'enclencher les premières baisses de taux ?
09:18Alors, ce qui compte le plus, c'est probablement l'inflation en ce moment.
09:20D'ailleurs, Powell l'a à peu près dit dans le discours qu'il vient de prononcer.
09:25Ils ont été, comme tout le monde, dit-il, et c'est vrai, surpris par cette inflation.
09:29Il ne s'attendait pas à un long fleuve tranquille, mais il a été surpris par ces
09:33turbulences et il dit, en gros, on attend les chiffres d'inflation, finalement, comme
09:38tout le monde.
09:39Mais c'est vrai que si on fait exception de ces chiffres d'inflation, le rapport sur
09:43l'emploi, le dernier rapport sur l'emploi, était plutôt rassurant dans le sens d'un
09:47très léger ralentissement.
09:48Alors, pas forcément les créations en tant que telles, même si elles ont été moins
09:52fortes qu'attendues.
09:53On reste sur des chiffres très importants.
09:54Mais si on creuse un peu, si on regarde l'évolution du taux de chômage, de ce fameux taux de
10:00chômage U6, dont on parle moins en ce moment, mais qui continue à être calculé, donc
10:04U6, ça se traduit littéralement par le taux de chômage, les chômeurs, j'allais dire,
10:10l'appellation classique, et puis les gens qui sont moins fermement attachés à la population
10:15active.
10:16C'est-à-dire des gens qui ne travaillent pas à temps plein, alors qu'ils voudraient,
10:22enfin des gens qui ne sont pas pleinement...
10:23Ce qu'on appelle le halo du chômage, c'est un peu cette idée-là, le taux de chômage
10:27élargi, etc.
10:28Le taux de chômage élargi, exactement.
10:29Et ce taux de chômage élargi, il est en train de remonter plus rapidement que le
10:32taux de chômage normal, classique.
10:35Donc ça, c'est intéressant.
10:36La perception qu'ont les ménages du marché de l'emploi également est en train de se
10:40détériorer.
10:41Là non plus, on n'est pas sur un effondrement, mais les enquêtes montrent que les gens sont
10:46moins confiants sur la facilité à trouver un emploi, sous-entendu, s'ils le perdent.
10:52Donc voilà, on a ces petits signaux qui sont, encore une fois, des signaux faibles.
10:55On n'a pas eu de...
10:56Il n'y a pas de rupture.
10:57Il n'y a pas de rupture, il n'y a pas eu de chiffre de création d'emploi négatif
11:01pour un mois.
11:02Je ne pense pas que quelqu'un s'y attende dans les prochains mois, mais on a bien ce
11:07ralentissement.
11:08Et pareil, du côté des consommateurs, un peu moins de confiance d'une manière générale.
11:12Ça, il faut bien avouer que ça nous ramène au début de la discussion, parce que c'est
11:16souvent lié à l'évolution de l'inflation, notamment le prix des carburants, aux États-Unis
11:20aussi.
11:21Cet indice du Michigan qu'on a eu vendredi, c'est très lié au prix des carburants.
11:25Donc voilà, est-ce que c'est le soft landing ou est-ce que c'est un atterrissage un petit
11:31peu plus chaotique ? C'est encore trop tôt pour le dire, mais on n'est plus sur cette
11:36hypothèse qui était une des hypothèses faites par une partie du marché d'une surchauffe
11:41économique qui resterait là pour l'éternité, en quelque sorte.
11:45Et ce dernier rapport sur l'emploi, vous le dites, c'est un signal faible, c'est encore
11:49des signaux à confirmer, un point ne fait pas une tendance, etc., donc on verra ce qui
11:53se passe ensuite.
11:54Mais si c'est le début d'une vraie détente du marché du travail, est-ce que c'est de
11:58nature à quand même accroître la confiance dans l'idée que la désinflation pourra franchir
12:02ce fameux dernier kilomètre en passant de 3 à 2, ou pas nécessairement ?
12:06Alors ça devrait l'être, j'allais dire la Fed il y a quelques années aurait probablement
12:12dit c'est formidable, on a ces signaux faibles, on peut y aller.
12:16La Fed qui a vécu cette inflation transitoire qui s'est un petit peu mal passée, hésite
12:21un peu plus, mais ce qui est important, et là aussi Jérôme Powell l'a répété aujourd'hui,
12:26ce qu'il avait dit lors de sa conférence de presse, en toute hypothèse, le prochain
12:31mouvement ne sera pas une hausse des taux, et c'est vrai, vous le rappeliez, ça a quand
12:34même soulagé pas mal le marché.
12:37C'était la conversation d'il y a quelques semaines, effectivement, est-ce qu'il y aurait
12:41des baisses de taux, est-ce que le prochain mouvement ne pourrait pas être même une
12:44hausse de taux ? Comment vous regardez ces dernières données d'inflation, alors qu'ils
12:50sont forcément des données imparfaites, je le rappelle à chaque fois, on traite des
12:54milliards des montants délirants sur un chiffre comme le PPI, etc.
12:59Intéressant de voir quand même, après plusieurs mois de déceptions sur l'inflation, avec
13:02une inflation qui est moins redescendue que ce qu'on imaginait, le chiffre du PPI a plutôt
13:07laissé les investisseurs de marbre aujourd'hui, Alexandre.
13:10Oui, il était en ligne avec les attentes, grosso modo, ce qui est quand même intéressant,
13:15alors le même jour que le NFP, on a eu l'ISM des services, et la composante prix de l'ISM
13:22des services, et donc on a eu cette espèce de retour du narratif de stagflation qui est
13:27un peu revenu sur le marché, avec la composante prix qui était bien au-dessus des attentes,
13:32et la composante ISM des services au global qui était en contraction, qui est passée
13:37en territoire en-dessous des 50, et donc ce narratif-là, je pense que c'est à ça
13:43que la Fed fait attention aujourd'hui, et d'ailleurs Powell a un peu sorti cette expression
13:49« there's no stag, there's no flation », il n'y a pas de stag, il n'y a pas de flation.
13:54Bon, alors on verra demain pour l'inflation, mais ce qui est sûr, c'est que le marché
13:58aujourd'hui, il ne regarde l'inflation qu'à partir du moment où l'économie
14:03montre des signes de ralentissement, même s'ils sont légers.
14:06Tant que la croissance est en surchauffe, finalement l'inflation, on s'en moque un
14:09peu, parce qu'on n'attend pas de la Fed qu'elle baisse les taux.
14:11Là, demain, ça va être très regardé, parce qu'on a vu ces premiers signes de
14:14ralentissement.
14:15Si on a une inflation qui, c'est ce que le marché attend normalement, est en-dessous
14:21des attentes, ça pourra libérer un sentiment positif, on regardera deux choses en particulier,
14:27notamment aux Etats-Unis, c'est la différence avec le reste du monde, c'est que l'inflation
14:31des services ne baisse pas, là où au UK et en Europe, elle a continué de baisser,
14:35et la deuxième, c'est l'immobilier, où là, quand même, c'est assez sticky aussi.
14:39Donc ça, il faudra bien regarder ces deux composantes.
14:43Mon pari est plutôt qu'on soit soit en ligne avec les attentes, soit légèrement
14:48en-dessous.
14:49D'accord.
14:50Donc, oui, légèrement en-dessous potentiellement, on verra effectivement, sachant qu'il y a
14:56toujours différentes mesures d'inflation, celle que retient la Fed historiquement et
14:59plutôt celle de l'indice des prix des dépenses de consommation du consommateur américain,
15:05l'indice PCE.
15:06Bon, où est-ce qu'on en est sur le chemin de la désinflation aux Etats-Unis, et où
15:10est-ce que vous vous situez, notamment chez JPMorgan Asset Management ? Vincent, encore
15:14une fois, je le rappelais, il y a quinze jours, trois semaines, un mois, le discours, c'était
15:18« Ouh là là, no landing, plus de baisse de taux, voire des hausses de taux ». C'est
15:21le pari de Larry Summers, qui s'exprime régulièrement, bruyamment dans les médias américains.
15:26Donc, c'est une voie qui porte, en tout cas, son opinion à lui, et puis, quand même,
15:33une forme de réalité qui voudrait qu'on a quand même un niveau de restriction monétaire
15:38qui est correct, aujourd'hui, peut-être aux Etats-Unis.
15:42Oui, alors, de notre point de vue, j'avais dit en décembre, avant l'annonce de la
15:45Fed, pas de baisse de taux aux Etats-Unis, avec une croissance au-delà de 3%, une inflation
15:49qui baisse, et autres.
15:50Pourquoi parler de baisse de taux ? Évidemment, la Fed s'est engagée dès le mois de décembre
15:54dans cette voie qui nous a tous surpris.
15:56Alors, bon, pas aller contre la Fed, si la Fed dit 3, ce sera 3.
15:59Aujourd'hui, les marchés attendent plutôt 2, je suis plutôt à l'aise avec ça, il
16:02en faut plutôt moins que plus.
16:04On a finalement cet effrétement économique qui s'opère, il était attendu, on s'attend
16:09quand même à toujours plus que 2% de croissance aux Etats-Unis cette année, ce qui, de notre
16:13point de vue, est toujours au-delà du potentiel.
16:14On ne peut pas parler de surchauffe, mais c'est quand même toujours une économie
16:17au-delà du potentiel.
16:18Je soustris tout à fait à ce qu'a pu évoquer Nathalie sur le marché de l'emploi, je pense
16:21qu'on voit cette dégradation lente s'opérer depuis plusieurs mois.
16:25Peut-être que parler de dégradation, le terme est peut-être un petit peu trop négatif.
16:28J'aime bien, on m'a parlé de rééquilibrage, du rapport de force entre employés et employeurs,
16:34et il est bon, les employés n'ont pas plus tout à dire, il faut retourner au bureau,
16:39on attache à nouveau plus de valeur à son job, on le sent très fort en Europe également,
16:44qu'on revient vraiment à quelque chose de plus important, ce qui donne quelque part
16:47la clé par rapport à nos perspectives d'inflation.
16:49Demain on verra, et moi je ne vais pas parier ma même réputation à vos yeux sur ce chiffre.
16:55Par contre, fin d'année, on va continuer sur ce train baissier, et derrière, c'est
16:59quand même ça qui est important.
17:00C'est ça qui compte.
17:01Ça exclut l'idée d'une hausse de taux de la fête, on est dans cette idée de 3,
17:06sans doute plutôt 2 que 3 aujourd'hui, compte tenu de cette résilience.
17:09Aujourd'hui le débat, il se déplace, c'est où est-ce qu'on s'arrête dans ce cycle
17:14au niveau des baisses de taux, et c'est clair qu'on a la chance peut-être pour une fois
17:18en Europe, c'est que les choses sont plus claires chez nous qu'aux Etats-Unis, et
17:21qu'on sent bien que la BCE est là entre 4 et 6 baisses de taux à réaliser dans l'année,
17:26année et demie à venir, et les Etats-Unis peut-être autant, mais on devrait rester
17:30avec, malgré une estimation théorique du taux neutre similaire de part et d'autre
17:34de l'Atlantique où elle est à un peu de choses près, les Etats-Unis devraient vraisemblablement
17:38s'arrêter peut-être plus tôt dans ce processus.
17:41Vous dites, au final, l'écart ou le degré de divergence entre la Fed et la BCE ne sera
17:47peut-être pas aussi large que ce qu'on pouvait imaginer il y a encore quelques mois par exemple.
17:51Sur les taux de terminaux, si, je pense que la BCE a ici à court terme, je dirais plus
17:58de raisons aujourd'hui d'être plus franche dans ses baisses de taux, d'autant plus que
18:03ces baisses de taux ont été plus négatives pour l'économie, puisqu'on est une économie
18:07plus bancarisée, et qu'elle va pouvoir donner, gérer de la norme à l'économie au bon moment.
18:13Finalement aux Etats-Unis, la Fed pourrait se satisfaire de l'environnement de taux
18:17actuel, les conditions de marché sont beaucoup plus favorables, si on regarde ces indices
18:20conditions financières, Goldman Sachs et autres, on voit que finalement pour beaucoup
18:23d'agents économiques, on n'a même pas peur des hausses de taux, à part certains
18:27ménages américains qui sont plutôt en difficultés financières, qui commencent
18:31à ressentir les effets notamment et les difficultés à rembourser leurs prêts, pour les entreprises
18:35les conditions de financement sont relativement bonnes, donc il n'y a pas d'urgence au
18:39niveau de la Fed, il n'y a pas d'urgence en Europe non plus, mais les conditions de
18:42financement sont relativement moins favorables, ça nous amène à un sujet qu'on va discuter
18:46dans un instant, qui est l'Europe des marchés de capitaux, qui est notamment une des raisons
18:51pour lesquelles ces conditions de financement sont moins favorables en Europe, on a évidemment
18:56des marchés de capitaux qui ne sont pas aussi pourvoyeurs d'oxygène au monde de l'entreprise
19:00qu'ils ne le sont aux Etats-Unis, et là c'est peut-être notre défaut, c'est la
19:02raison pour laquelle la BCE a plus intérêt à baisser les taux aujourd'hui.
19:06Oui, le jeu de la politique monétaire en Europe est plus compliqué du fait de cet
19:12manque d'unification des marchés de capitaux.
19:14Et donc pour être clair par rapport à votre question, moi je n'essayais pas de noyer
19:16le poisson, je pense que la croissance aux Etats-Unis est résiliente mais elle se tasse,
19:21sur l'inflation, indépendamment du chiffre de main sur lequel je ne vais pas faire de
19:24pari, je reste convaincu qu'on est dans une courbe descendante et que pour les gens
19:29qui nous écoutent, c'est quand même finalement un message relativement positif dans un monde
19:34fait d'incertitudes, on a ces baisses de taux qui arrivent, qui vont quand même être
19:38positives pour les classes d'actifs, en tout cas pour un certain nombre d'entre
19:40elles, je pense que dans les réseaux bancaires, on s'active pas mal certainement en Europe,
19:45à l'approche de cette baisse de taux qui arrive en Europe et là il va falloir conseiller
19:49nos clients, les épargnants et autres pour réaliser, enfin convertir l'exercice, passer
19:55du cash en investissement.
19:56Sur l'Europe, comment vous regardez la situation ? Si Jérôme Poel plaide la patience et l'idée
20:03qu'il faut laisser le temps à la politique monétaire de faire son travail, est-ce qu'on
20:06est déjà dans quelque chose d'un peu plus urgent pour vous en Europe, et quand je dis
20:11Europe au sens large, parce qu'on a vu la Riksbank, la Swissbank également, commencer
20:16déjà à baisser leurs taux avant même que la baisse ne le fasse le 6 juin prochain,
20:20Nathalie ?
20:21Alors dans l'urgence, je ne sais pas, en tout cas il y a une volonté affichée de baisser
20:24les taux, voire de l'avoir déjà fait, pour diverses raisons, ça peut être l'inflation,
20:28ça peut être la devise dans le cas de la Banque Nationale Suisse et la Banque Centrale
20:32Européenne qui a envie de sortir finalement de ce dilemme et peut-être de s'affranchir
20:36de la Fed, Christine Lagarde a dit on est data dependent, on n'est pas Fed dependent,
20:40et elle a raison parce que finalement toutes ces discussions, ce à quoi se raccrochent
20:46les banquiers centraux, c'est quelque chose qui est difficile à attraper, c'est le taux
20:50neutre, mais ce qu'on peut dire sans trop risquer de se tromper, c'est qu'en ce moment,
20:55à l'heure actuelle, les politiques monétaires sont restrictives, que ce soit en Europe au
20:58sens large ou aux Etats-Unis, donc si on a cette hypothèse sur l'inflation qui est
21:04aussi la note d'une inflation qui va ralentir, on ne va pas garder pendant des trimestres,
21:09voire des années, des politiques monétaires restrictives, donc en sortir, c'est ce qu'il
21:12faut faire.
21:13La vitesse de sortie, on sent bien que ça va être prudent au début, parce que cette
21:18notion du taux neutre, en nominal on va dire que c'est 2% dans la zone euro, c'est à
21:22peu près ça, en EU 2,5, aux Etats-Unis c'est un petit peu plus parce qu'il y a plus de
21:27productivité, plus de croissance, etc., mais donc sortir de ce taux neutre où on se dit
21:31je suis sûr que le taux neutre il est là donc j'y vais le plus vite possible, c'est
21:36un petit peu un pari que personne à mon avis n'a envie de faire, d'où ce délai et d'où
21:43ces ajustements.
21:44Mais encore une fois, sortir de la politique restrictive, là Powell a lui aussi reconnu
21:49que la politique était restrictive, alors il a un discours un peu plus ambigu, est-ce
21:52qu'elle est suffisamment restrictive, est-ce qu'il ne faut pas la laisser agir un petit
21:56peu plus longtemps ?
21:57La politique de taux est sans doute restrictive, il faut voir si l'ensemble de la politique
22:01monétaire, je pense qu'il fait référence aussi à la politique de bilan par exemple,
22:04si l'ensemble de la politique monétaire, du stance, du réglage, est suffisamment restrictif
22:08aujourd'hui.
22:09Alors la politique de bilan, on en a beaucoup parlé ces dernières années, honnêtement
22:13je crois vraiment qu'on est, jusqu'à présent, dans la formulation qu'avait reprise Jeannette
22:18Yellen quand elle était à la tête de la Fed, c'est-à-dire que ça doit être très
22:21ennuyeux, ça doit se passer en arrière-plan.
22:24Regardez la peinture séchée sur un mur.
22:27Pour le moment c'est ce qui se passe.
22:29C'est vrai, ça ne provoque pas de vagues.
22:31Ça ne provoque pas de vagues, les banquiers centraux ne veulent pas provoquer de vagues,
22:34ce n'est pas la peine d'en rajouter à cette fébrilité qu'on sent bien, et donc vraiment
22:39ce qui compte c'est la politique de taux, la politique monétaire un peu archaïque
22:42mais qui a fait ses preuves.
22:44Pour être un peu franc dans ma question Nathalie, à quelles conditions est-ce qu'on peut imaginer
22:50que la BCE baisse les taux et en juin et en juillet ?
22:54Ça va être la discussion maintenant.
22:56Je comprends sur le chemin jusqu'au taux neutre qu'on y aille pas à pas, mais est-ce
23:02qu'il y a l'idée quand même, ou en tout cas est-ce que ça peut être une conversation
23:06de se dire on envoie un signal assez fort dès le départ en baissant deux fois consécutivement,
23:12sachant que ce n'est pas 50 points de base de baisse de taux avec un taux de déploi
23:15à 4% qui nous amène au taux neutre pour dire la chose.
23:18Honnêtement, compte tenu des dernières données sur l'activité dans la zone euro, je n'ai
23:24pas l'impression que la BCE ait envie de se précipiter.
23:26Après il y a l'équilibre des forces au sein du conseil.
23:28Ce qu'a montré le dernier compte rendu, c'est que certains membres voulaient baisser
23:33la dernière fois.
23:34Donc il y a toujours cette recherche d'un consensus pour pouvoir dire la décision a
23:38été prise à l'unanimité.
23:39L'accord est surjoint très clairement.
23:43Juillet, je ne sais pas si ça vaudrait le coup de tellement précipiter le mouvement.
23:50Encore une fois, on a eu le Zyule à l'indicateur de sentiment en Allemagne qui était plutôt
23:55bon.
23:56Ça va un peu mieux.
23:57On a eu plutôt des bonnes surprises sur la croissance, sur les PMI.
24:01Donc on n'est pas dans une situation où il y a forcément d'urgence, en tout cas
24:05d'urgence apparente.
24:06La croissance de la zone euro cette année peut être plus proche de 1% que de 0,5% ?
24:11Entre les deux !
24:14Entre les deux !
24:16On a entendu quelques ricanements quand Bercy, qui a été un excellent prévisionniste
24:20l'an dernier sur la croissance française, puisque je crois qu'on termine autour de
24:231%, en réindiquant que ce serait 1% ou 1,1%, je ne sais plus précisément.
24:28Tout le monde l'aurait tombé dessus.
24:30On sera peut-être plus proche de 1% que de 0,5% au final.
24:34Le chiffre qu'on affiche, c'est 0,8%.
24:36Oui, c'est entre les deux.
24:38C'est un 0,75% arrondi.
24:41J'entends, j'entends.
24:43Donc oui, il y a cette reprise de la croissance dans la zone euro qui va être aidée par
24:49le ralentissement de l'inflation, un peu plus de pouvoir d'achat également, et qui
24:52va être aidée aussi, alors là aussi on est dans un quelque chose qui peut vite boucler.
24:56Une des raisons de l'amélioration notamment de l'IFO, pas forcément du JIO, c'est
25:01implicite, mais de l'IFO, c'est que les chefs d'entreprise, dans le cas de l'IFO,
25:06font des baisses de taux de la BCE.
25:07Donc il y a cet effet confiance également.
25:10Effectivement.
25:11Ça change le régime de marché, ces histoires-là ?
25:14Aujourd'hui, Alexandre, vous le disiez très bien, tant qu'il y a eu de la croissance,
25:18le marché, notamment le marché actions, ne s'est pas trop interrogé sur la question
25:22de l'inflation, sachant qu'on n'était plus à 10.
25:24À partir du moment où on est passé de 10 à 5, puis 4, puis 3, tout allait dans le
25:29bon sens, et il y avait en plus de la croissance.
25:32S'il y a un peu moins de croissance, par exemple aux Etats-Unis, est-ce que la perspective
25:38de baisse de taux va être, j'allais dire, le catalyseur ou le soutien du marché actions ?
25:43Est-ce que c'est ce qu'on commence déjà un peu à observer dans la manière dont le
25:47marché réagit ?
25:48Oui, c'est totalement l'équilibre.
25:50C'est-à-dire que là, on voit le marché qui, au niveau des Etats-Unis, à mon sens,
25:55est en train de jouer le fait-pout, le fameux fait-pout qui revient, puisqu'on voit dans
26:02son discours que Jérôme Powell est quand même, on va dire, à aujourd'hui autant concentré
26:07sur la croissance que sur l'inflation, et on espère après-demain plus sur la croissance
26:11que sur l'inflation.
26:13Donc ça, c'est côté US.
26:16Côté Europe, il y a quelque chose d'intéressant qui est en train de se passer, je trouve,
26:20et Nathalie l'a très bien dit, c'est que les indicateurs d'activité sont quand même
26:23légèrement au-dessus des attentes, voire même franchement au-dessus des attentes pour
26:26certains, que la croissance pourrait surprendre.
26:29Et donc en fait, ce qu'on a l'impression d'observer, c'est que le marché est en train
26:33de jouer un no-landing Europe.
26:35Après le no-landing US d'octobre 2023, là, en Europe, on commence à avoir une espèce
26:41de rallye.
26:42Mais en fait, il n'y a pas de récession du tout, parce qu'on l'attendait chaque année
26:46et on l'a repoussé.
26:47Et puis en fait, il n'y a pas de récession du tout.
26:49Donc, ce qui est sûr, c'est qu'en Europe, le marché peut, entre guillemets, jouer plus
26:54librement le BCE put.
26:57Sur la Fed, ça pose un petit peu plus de questions.
27:00Donc, en Europe, on sent le marché un peu plus libéré.
27:02Et donc, il y a un regain après une consolidation qui finalement n'en était quasiment pas
27:07une.
27:08On a une poursuite de ce rallye parce que la croissance va bien, l'inflation continue
27:14de décélérer.
27:15On a vraiment les deux pattes en Europe, là où on a peut-être la patte de l'inflation
27:20qui pose encore question aux Etats-Unis.
27:21C'est peut-être là la différence.
27:22Et ça veut dire quoi du point de vue de l'investissement et des investisseurs globaux ?
27:25Ça veut dire qu'il y a un cas européen pour investir qui est peut-être plus favorable
27:29aujourd'hui ?
27:30Ou on peut être plus confortable avec le cas d'investissement européen ?
27:34Oui, on peut être plus confortable aujourd'hui avec le cas d'investissement européen qui
27:37est moins cher, qui montre des signes économiques favorables, que ce soit en macro ou en micro
27:41quand on regarde les publications.
27:44De l'autre côté, c'est un rallye, je mets plein de guillemets, que les investisseurs
27:50détestent un peu.
27:52Le positionnement des citiers, des comptes, c'est quand même net short encore aujourd'hui.
27:58Sur l'Europe ?
27:59Sur l'Europe.
28:00Il y a des rachats short qui sont en train d'être faits, mais on est au début de ce
28:04mouvement-là.
28:05Finalement, on a le début de quelque chose, il faut que l'Europe prouve qu'il y a vraiment
28:09une tendance qui se poursuit.
28:12Comment vous regardez cette tendance du début du mois de mai, Vincent ?
28:17Après un mois où on a connu un petit creux sur les marchés de manière générale en
28:23avril, ça repart en mai.
28:25Ça contredit un peu le dicton historique du « sell in May and go away » et d'une.
28:31Et puis on voit quand même que les leaders du mois de mai ne sont pas forcément les
28:36mêmes qu'il y a quelques semaines ou quelques mois.
28:38On voit des actions chinoises qui font bien déjà depuis le point bas de janvier, mais
28:43là ça se matérialise encore un peu plus.
28:45Des small caps qui rattrapent.
28:47C'est un peu nouveau dans le paysage.
28:49Ce qu'on vient d'évoquer sur le point macro, on a finalement un affaiblissement des Etats-Unis
28:55qui tombe un peu de leurs pieds d'estelle et une Europe qu'on redécouvre en tout cas
28:59à mesure qu'on voit ces indicateurs surprendre positivement récemment.
29:04Moi ça m'a personnellement pris par surprise.
29:06Objectivement, je n'ai pas une vision très positive sur les perspectives macro en Europe
29:10pour l'instant et que ça influence également la manière dont on alloue les capitaux.
29:14On est neutre.
29:15Nous sur l'Europe, J.P.
29:16Morgan a cette main jaune pour le signer.
29:17Ça veut dire qu'on voit plus d'opportunités dans d'autres marchés et pourtant il faut
29:20reconnaître qu'à l'heure de faire déjà les bilans à ce stade-ci de l'année, l'Europe
29:24en tout cas dépasse les Etats-Unis pour une fois.
29:26Ça fait partie des bons marchés.
29:27Donc il y a réellement des flux qui reviennent.
29:29Même si on prend la séquence depuis fin octobre de l'année dernière.
29:32Tout à fait.
29:33Je ne crois qu'il n'y a plus vraiment cet élargissement de la performance hors des
29:36Etats-Unis.
29:37Chine en est un.
29:38Bon, Japon, c'est un peu plus hésitant là maintenant.
29:40Mais l'Europe a certainement été la grande bénéficiaire.
29:43L'euro s'apprécie ?
29:44Voilà.
29:45Un peu ?
29:46Ou se réapprécie un peu ?
29:47Mais je pense qu'il y a un quai qui mérite d'être fait actuellement.
29:51Alors je reste inquiet pour un certain nombre d'éléments à venir dans les mois à venir
29:54sur le front macro-économique.
29:55Alors certes, on a effrémissement positif.
29:57Enfin bon, il y en a quand même encore pas mal de défis dans pas mal de domaines.
30:01Qu'est-ce qui vous rend prudent encore ?
30:02Je reste personnellement relativement inquiet de l'état des finances publiques d'un certain
30:06nombre d'états européens qui pourraient en tout cas entraîner tantôt une baisse de
30:10rating en France, tantôt une sanction de la Commission pour l'Italie avec une procédure
30:15de déficit excessif.
30:16Je pense qu'il faut faire un petit peu attention sur cet aspect-là des choses.
30:20Les élections européennes pourraient peut-être un petit peu réveiller l'attention des marchés
30:23par rapport au fait que oui, il faut avancer sur l'Europe des marchés de capitaux, mais
30:27que l'Europe parlementaire ne va peut-être pas dans cette direction-là.
30:31Donc bon, il y a quand même aussi des éléments de ce point de vue-là qui méritent notre
30:35attention.
30:36Mais au-delà de ça, enfin ne boudons pas notre plaisir, reconnaissons tout de même
30:39que, en effet, les salaires croissent plus vite que l'inflation aujourd'hui, que globalement
30:43les gens consomment et devraient continuer à le faire, ça va quand même être un moteur
30:47économique, que j'ai beau être inquiet sur l'état des finances publiques européennes,
30:51je suis bien l'un des seuls, l'esprit de français et italien ne montre finalement
30:57aucun stress des marchés sur ce sujet, et que donc on continue finalement à dépenser
31:02relativement bien, et que nos entreprises...
31:04Les excédents courants sont revenus, en agrégé, on a retrouvé quand même une zone euro-excédentaire.
31:09Bon, après, dans le détail, effectivement...
31:11Nos entreprises vont bénéficier de coûts de financement moins élevés dès le mois
31:14de juin, donc plutôt que leurs consoeurs américains, on va probablement avoir un euro
31:18qui est un petit peu plus attractif au moment même où l'Organisation internationale du
31:21commerce nous dit que le commerce mondial repart, quelque chose qui, objectivement,
31:26était un petit peu contre-intuitif aussi, d'ailleurs dans les importations chinoises
31:30la semaine passée, on a vu que l'Europe, les Etats-Unis étaient bien représentés,
31:33donc ça pourrait bénéficier à l'Europe également, et puis on voit, lorsqu'on se
31:36projette en termes de trajectoire à bénéficier, même si on a une mauvaise saison de résultat
31:40au T1 en Europe...
31:41Pourquoi mauvaise ?
31:42Non, on a, par rapport aux Etats-Unis...
31:44Oui, ah d'accord.
31:45Si on regarde aux Andes, c'est quand même pas la même chose.
31:47Les perspectives à 12 mois sont relativement favorables, en ceux y compris pour les marchés
31:51européens.
31:52Ça doit accélérer la croissance bénéficiaire, là, normalement.
31:54Voilà.
31:55Si, moi, il y a un segment de marché qui, en Europe, m'intéresse plus que d'autres,
31:59il est cher aux investisseurs français, c'est le small cap.
32:01Je pense que s'il y a vraiment une part du marché qui mérite peut-être davantage
32:04notre intérêt, moi, ce serait certainement celle-là.
32:06Tant qu'à jouer l'Europe, autant y aller franco avec...
32:10Intéressant.
32:11Regardez, alors, sur des indices small français, ça y est, on revient.
32:15Sur 4 mois, les 4-5 premiers mois de l'année 2024.
32:19Après une bonne paire d'années de sous-performance du segment small cap, bien sûr.
32:24C'est un champ de ruines, me disent certains small cappeurs qui ont peu d'expérience.
32:28Donc voilà, pour dire d'où on part.
32:30Mais on voit le CAC small, ça y est, qui fait jeu égal avec le CAC 40 large cap aujourd'hui.
32:35Depuis le début de l'année.
32:36On a attendu longtemps.
32:37Eh ben oui, mais c'est une petite hirondelle, on va dire.
32:40Et ce qui est dingue, c'est que d'un point de vue top-down, d'un point de vue macro,
32:44on s'explique vraiment avec deux éléments qui tiennent en une seconde.
32:47On a une économie qui tient, et on a un espoir très fort et très probable d'une BCE qui baisse les taux.
32:53Voilà, on a ces deux éléments-là, et ça suffit.
32:56Alors que les fondamentaux n'étaient pas mauvais, hein, des smalls.
32:58Ils étaient mieux que sur certaines larges, parfois.
33:01Donc les smalls, dans leur ensemble, ont été détruites, c'est un peu fort.
33:06Oui, massacrés, moi je le dis, oui, oui.
33:10Bon, là, on trouve quand même des dossiers vraiment peu chers, avec un environnement, un contexte.
33:17Vous dites la qualité de ces entreprises n'a pas fondamentalement baissé.
33:21De certaines de ces entreprises, pas toutes.
33:23De certaines de ces entreprises n'a pas fondamentalement baissé.
33:25Tout à fait, tout à fait.
33:26Donc là, il y a quelque chose d'intéressant qui est en train de se passer,
33:28et je pense que c'est plus qu'un énième faux départ ce coup-ci.
33:32Oui, avec la perspective de baisse de taux qui doit se matérialiser, effectivement, beaucoup.
33:37La corrélation est très forte, je crois, entre les performances des small caps et les taux.
33:41Enfin, on peut le faire sur du 10 ans américain avec le Russell, etc.
33:44Je crois que c'est assez, la corrélation est assez parlante de ce point de vue-là.
33:48Nathalie, Vincent évoquait la reprise du commerce mondial.
33:52Moi, je regarde la séquence américaine, on est à 6 mois de l'élection.
33:56Je vois que Joe Biden marche sur les terres de Donald Trump,
34:00en repartant, j'allais dire, sur la question des tarifs douaniers.
34:05Alors, ça concerne, à ce jour, 18 milliards de dollars d'importation chinoise.
34:11Est-ce qu'on est dans, j'allais dire, le registre de l'annonce politique
34:15à 6 mois d'une élection majeure aux Etats-Unis ?
34:18Ou est-ce que, déjà, la macroéconomiste s'interroge quand même sur les impacts
34:22que ce regain de tensions commerciales peut avoir ?
34:25Alors, ce sont des interrogations qu'on a.
34:27Alors, Jeannette Yellen a qualifié ces hausses de droit de douane de ciblées, ce qui est vrai.
34:33On a une liste très précise de...
34:3518 milliards d'importation, je ne veux pas dire que c'est rien,
34:38mais ce n'est pas non plus une masse délirante.
34:40C'est ciblé, et donc, son analyse, c'est qu'elle attend une réplique des Chinois,
34:48mais pas forcément très importante.
34:51De leur côté, évidemment, les Chinois ont dit que ces mesures affecteront gravement
34:55la coopération bilatérale chinoise.
34:57Mais ça nous ramène surtout au thème de la politique.
35:00Donc, peut-être que cette parenthèse enchantée qu'on est en train de vivre,
35:03il faut peut-être vite en profiter parce que les élections américaines se profilent.
35:07Honnêtement, je n'ai pas l'impression que les marchés vont beaucoup se préoccuper
35:11des élections européennes.
35:13C'est dommage, mais c'est comme ça.
35:15En revanche, le rendez-vous de novembre et même avant,
35:19ça peut être une source de perturbation pour les marchés financiers.
35:25Qu'est-ce qu'on peut imaginer de voir Joe Biden reprendre les outils
35:32qui ont été utilisés par Donald Trump ?
35:34C'est très consensuel autour de la Chine.
35:36Ça marche dans les deux camps, démocrate et républicain.
35:39Ça ne coûte pas très cher de taxer les voitures automobiles chinoises
35:42qui, de toute façon, ne sont pas vendues sur le marché américain, si je caricature.
35:46Pour le coup, ce n'est vraiment pas aller sur les terres de Donald Trump.
35:51C'est-à-dire qu'on cherche le méchant.
35:55Dans les années 90, c'était le Japon.
35:58Depuis 10 ou 15 ans, c'est la Chine.
36:02Là, ce n'est pas une surprise, en quelque sorte.
36:05Au-delà, un des risques,
36:09parce qu'on va beaucoup parler de l'hypothèse Trump,
36:11là non plus, on ne va pas faire de prévision, surtout pas.
36:16Mais dans le livre noir de l'hypothèse Trump,
36:19il y a l'indépendance de la Fed, par exemple.
36:22Ça, c'est un élément qui pourrait vraiment secouer les marchés financiers
36:26parce que le discours du candidat et de ses conseillers sur ce thème
36:30est quand même très particulier et radical.
36:34Effectivement, c'était des informations du Wall Street Journal il y a quelques jours.
36:40Sur le sujet Chine-États-Unis, guerre commerciale,
36:44hypothèse Trump, mais la réalité du moment, c'est quand même Joe Biden
36:48et c'est lui qui manie à nouveau le bâton sur des importations chinoises.
36:53Qu'est-ce qu'on peut attendre comme réponse de la part de la Chine
36:56au moment où on semble entrevoir une économie chinoise qui sort de l'ornière
37:01ou en tout cas qui sort un peu la tête de l'eau
37:04après la dure crise immobilière toujours en cours, d'ailleurs ?
37:08J'ai plein de questions, en fait.
37:11Allez-y, vous avez une économiste à côté.
37:14J'ai quand même quelques éléments.
37:16À mon sens, s'il y a une réponse de la Chine,
37:20elle va être très ciblée au même titre que ces tarifs sont très ciblés.
37:24Sur certains points, d'ailleurs, on voit bien que c'est une question d'image.
37:27Vous avez parlé des véhicules électriques.
37:29Typiquement, en nombre de ventes de la Chine vers les États-Unis,
37:32les véhicules électriques, c'est rien.
37:35Ça se compte en milliers. C'est vraiment très faible.
37:38Ensuite, il y a les produits médicaux.
37:41Là, c'est assez étonnant parce que sur cette partie-là,
37:44l'autorité médicale des États-Unis avait demandé qu'on enlève ces tarifs-là
37:50parce que c'était justifié pendant la période Covid.
37:52Là, ça ne l'est plus tellement.
37:54Bon, apparemment, il les prolonge ou il les intensifie.
37:56Donc là, c'est un de mes points d'interrogation.
37:58Et le dernier, je ne sais pas du tout pourquoi il fait ça,
38:01c'est le triplement des tarifs sur les produits métalliques, sur les métaux.
38:05Métaux critiques.
38:07Et alors là, étant donné que l'essentiel de la production est quand même concentré en Chine,
38:12je veux bien qu'il passe par l'Amérique latine, notamment par le Chili pendant un temps,
38:16mais à un moment donné, il va falloir composer avec.
38:18Donc, je ne comprends pas bien, en fait, ce mouvement-là.
38:21Ce n'est pas une manière de dire à la Chine, on se débrouillera, mais on fera sans vous, quoi.
38:25Oui.
38:26Non, mais je n'en sais rien.
38:27Là encore, ce serait une question d'image, en fait, pour la présidentielle.
38:30Donc, en fait, ces tarifs-là, je suis assez d'accord avec Nathalie,
38:33ils ne jouent pas tellement sur les terres de Trump,
38:35ils jouent le rôle d'un candidat à la présidentielle et qui est déjà en poste.
38:38D'accord.
38:39Je ne sais pas quel est le bilan qu'on a pu faire, d'ailleurs, des tarifs Trump, de l'ère Trump,
38:45mais dans quelle mesure est-ce que ça s'est retourné sur le consommateur américain, Nathalie ?
38:51Est-ce que c'est ça la logique des tarifs douaniers dans le monde actuel ?
38:55Est-ce que c'est avant tout une taxe sur le consommateur américain in fine ?
38:58Alors, si je me souviens bien, ça avait été plutôt pris par les entreprises.
39:02Oui, d'accord.
39:03À vérifier, mais c'était l'idée générale, c'était plutôt sur les marges.
39:08Après, un des éléments importants, c'est que quand Trump parlait de Chine et de tarifs douaniers,
39:17la bourse baissait, enfin les bourses baissaient.
39:19Est-ce qu'on va être dans la même situation ? J'en n'ai pas vraiment l'impression.
39:23Il y avait déjà des rumeurs vendredi dernier, etc.
39:26Donc ça aussi, est-ce qu'il y a une sorte d'habitude ?
39:30On se dit, ben voilà, on repart pour un tour.
39:33Ou est-ce que c'est encore trop tôt pour voir vraiment les éléments ?
39:38S'il y a des paroles plus dures et des actes plus durs des Chinois,
39:42ça pourra peut-être changer la donne de ce point de vue-là.
39:44Mais là, en l'occurrence, on n'a pas l'impression d'avoir eu aujourd'hui,
39:47ou même vendredi dernier, un point de bascule pour les actions chinoises.
39:51Les marchés actions chinois commencent à développer un rallye partant de très bas.
39:56Ce sont des marchés qui ont été divisés par deux ces dernières années, etc.
39:59Mais là, on a des indices qui sont en hausse de 20, 25, peut-être 30%,
40:03même depuis les points bas de janvier sur les marchés chinois, Vincent.
40:06Avec en plus, ça y est, la relance qui se matérialise.
40:09Pékin va commencer à émettre ses obligations relance à partir de la fin de semaine.
40:13Alors c'est 140 milliards de dollars,
40:15mais ça rajoute quand même quelques dixièmes au moins de points de PIB
40:20pour l'économie chinoise cette année.
40:22On est plus dans l'idée, Pékin, d'essayer de stabiliser les choses aux alentours de ce 5%,
40:26plutôt que d'essayer de réellement accélérer la tendance.
40:28C'est vrai que j'en parlais avec mes collègues basés à Shanghai hier,
40:31on avait notre point hebdomadaire,
40:33et c'est vrai qu'on est dans ces préparations de l'allocation pour les mois à venir.
40:36Avec évidemment cette tentation, quand on voit ce momentum sur les Chinese equities remonter,
40:41de se demander en effet s'il y a...
40:43Est-ce qu'il y a encore du potentiel ?
40:45Potentiel, certainement.
40:46Au vu des valorisations, le potentiel est là.
40:48Est-ce que les catalyses seront suffisantes
40:50pour réellement pérenniser le mouvement qu'on voit actuellement ?
40:53On a évoqué un certain nombre de pays de Damoclès,
40:55et clairement ce qui se passe aux États-Unis en fait partie.
40:57Peut-être, juste pour revenir sur cet aspect commercial,
41:01il faut dire que du temps de Trump,
41:02il faut rappeler que la Chine était la première exportateur en Chine.
41:06Ils ont été rétrogradés, ils sont le 4ème ou le 5ème.
41:09Maintenant, Mexique, Europe et autres sont passés devant.
41:11Donc l'impact relatif de barrières tarifaires plus importants
41:14aura peut-être réduit.
41:16N'oublions ceci dit pas que les États-Unis ne sont pas les seuls
41:19à penser à ces barrières tarifaires.
41:21Et puis comme vous le disiez,
41:22il y a beaucoup de produits chinois qui passent par le Mexique,
41:24aujourd'hui par exemple.
41:25Ça aussi, c'est vrai.
41:26Il faut voir l'explosion des exportations chinoises vers le Mexique.
41:28Voilà.
41:29L'Europe accueillait Xi Jinping la semaine dernière,
41:31en tout cas la France,
41:32et qui avait convié Ursula von der Leyen,
41:34qui a quand même aussi fait entendre
41:36en tout cas ses inquiétudes par rapport
41:39à l'impact des exportations d'excédents chinois en Europe
41:42et de la destruction des industries.
41:43Il y aura là aussi une réponse.
41:45Peut-être pas immédiatement,
41:46peut-être plus tard en 2026,
41:47mais on est en train quand même de préparer
41:49notre mécanisme de taxation du carbone à la frontière.
41:52Et la Chine sera particulièrement visée.
41:55Relativement moins que les États-Unis,
41:57mais on importe relativement plus de la Chine.
41:59Ce sont des points d'attention.
42:01Pour en revenir au marché chinois en tant que tel,
42:03je pense que le moment, il n'est pas à être surpondéré.
42:06Je pense qu'on a toujours ce manque de catalyse
42:08pour dire ok, la Chine volontairement veut emmener
42:10ce marché plus haut.
42:11Mais la Chine est trop bon marché pour l'ignorer.
42:13Donc être neutre, c'est un peu le sens aujourd'hui
42:15de l'histoire sur les equities chinoises,
42:18qui encore une fois sont valorisées
42:20à des plus bas depuis 10 ans.
42:21Toujours.
42:22La Chine est en tout cas face à de nombreux défis,
42:24mais elle est aujourd'hui toujours plus intéressante
42:26qu'il y a de ça 10 ans.
42:28Alors, il y a certainement un intérêt
42:30sur l'obligataire souverain
42:31qui reste une très très bonne diversification en portefeuille.
42:34Mais voilà, il n'y a aujourd'hui pas quelque chose
42:36de vraiment crédible vu de Chine
42:38pour réellement en tout cas afficher une volonté
42:42d'accélérer la croissance économique
42:44plus que ce qu'on en voit actuellement.
42:46Je comprends.
42:47Je reprends ce que vous disiez tout à l'heure
42:49sur l'image de l'épargnant français ou européen
42:52qui doit se préparer à sortir du cash
42:55bien rémunéré aujourd'hui
42:57pour rebasculer dans une logique d'investissement
42:59de son capital.
43:00Qu'est-ce que ça veut dire aujourd'hui pour vous, Vincent ?
43:03Moi je le dis partout, je me suis étonné
43:05de voir que tous les gens adhèrent à cette idée.
43:07Entre 3 et 4%, c'est le chiffre magique.
43:11On aime bien tous ce rendement d'entre 3 et 4%.
43:14Moi j'ai 3 seins, ils sont mes comptes à terre maintenant.
43:16Je crois que c'est la référence.
43:18L'épargnant européen, il est entre 3 et 4%,
43:20il est content, en plus c'est le Nirvana.
43:22Alors franchement, je ne sais pas,
43:25les yeux dans les yeux, vous dire que le CAC 40
43:27va encore faire 10% sur le reste de l'année.
43:29Par contre, le cash ne rapportera plus.
43:32Mais qu'est-ce qu'il y a entre le livret A et le CAC 40 ?
43:34Parce que j'imagine que celui qui est en cash...
43:36C'est tout ce qu'on a discuté ce soir, sauf l'obligataire.
43:38Aujourd'hui, franchement, les equity, les yeux fermés,
43:414% de dividendes et rachats d'actions propres
43:44sur les actions européennes.
43:46Et on a plus que sur le cash,
43:49et on a ce potentiel à terme de...
43:51Et on ferme les yeux, parce qu'on aura peut-être
43:53des prises de profitité,
43:55on aura peut-être plein de tribulations
43:57qui seront désagréables, mais on a un rendement
43:59qui est aujourd'hui plus élevé que sur le cash
44:01pour porter ce risque d'action sur le moyen long terme.
44:04On a, si il y a là, small cap, peut-être moins de dividendes,
44:06plus de potentiel,
44:08on n'a pas plus d'obligataires ce soir, mais aujourd'hui,
44:10aider au financement des entreprises européennes
44:12en rachetant leurs créances,
44:14c'est du 6-6,5%,
44:16avec de très courte maturité.
44:18Aujourd'hui, les épargnants ont vraiment...
44:20Un choix, un vaste choix
44:22de support d'investissement.
44:24Et je dis toujours, on pensera à cette période avec nostalgie,
44:26après ça, on se dira...
44:28Et c'est toujours aujourd'hui le moment le plus vieux
44:30pour investir. Mais voilà,
44:32les taux monétaires vont baisser, le reste montra
44:34à quel rythme on verra, mais
44:36les actifs nous donnent de beaux rendements pour attendre.
44:38Bon, dans ce plaidoyer pour l'investissement,
44:40qu'est-ce que vous dites, Alexandre ?
44:42100% d'accord.
44:44Tu parles.
44:46Investissez, je suis entièrement d'accord
44:48sur les actifs risqués.
44:50Effectivement, le spectre sur l'obligataire
44:52est aussi très intéressant.
44:54Il y a de la dette hybride
44:56d'entreprise où on a toujours du rendement
44:58sur des qualités
45:00de crédit qui sont très élevées,
45:02des maturités courtes parce qu'elles sont rappelées
45:04quand même assez tôt, ces dettes-là,
45:06où on a encore du 6-7% à aller chercher.
45:08On a la dette bancaire.
45:10Les actions bancaires fonctionnent
45:12très très bien, mais sur la dette bancaire,
45:14on a aussi notamment au début du mois de mai,
45:16au début de rallye ou de regain
45:18qui se remet en place.
45:20Le choix est très très large.
45:22Plutôt que d'aller uniquement sur le cash rémunéré,
45:24même s'il est bien rémunéré
45:26relativement à ce qu'on a pu connaître
45:28pendant cette décennie à taux zéro,
45:30il y a d'autres choses à faire.
45:32En tant que macroéconomiste,
45:34vous attendez un rebalancement
45:36de ce qu'on appelle le cash rémunéré,
45:38que ce soit sur des livrets, des comptes à termes,
45:40vers d'autres supports d'investissement,
45:42vers de la consommation aussi peut-être en Europe ?
45:44Est-ce que c'est possible, Nathalie ?
45:46C'est une très bonne question. Les taux d'épargne sont
45:48très élevés en Europe. On est toujours champion.
45:50Allemagne et France.
45:52C'est une question.
45:54Ce taux d'épargne élevé, dans les dernières
45:56enquêtes, les ménages disent
45:58qu'on trouve que c'est un bon moment pour continuer à épargner.
46:00C'est normal. On est en politique monétaire
46:02restrictive, donc 3-4%,
46:04on est content, on épargne.
46:06La question, c'est est-ce que les baisses de taux
46:08précisément vont déclencher ou des mouvements
46:10vers les marchés financiers, ou tout simplement
46:12de la consommation, parce que si on épargne,
46:14ça peut être pour acheter une maison, faire des gros travaux,
46:16et donc le faire avec
46:18en complément des taux d'emprunt moins élevés,
46:20ça peut être un élément déclencheur
46:22et un élément de soutien de la croissance.
46:24Réponse en deuxième partie d'année. Après les premières
46:26baisses de taux de la BCE, dont la première attendue
46:28le 6 juin prochain. Merci beaucoup à vous trois
46:30d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
46:32Nathalie Benatia, macroéconomiste chez BNP
46:34Paribas Asset Management, Vincent Juvin,
46:36stratégiste chez JP Morgan Asset Management
46:38et Alexandre Taieb, analyste gérant
46:40chez Sycomore.
46:51Le dernier quart d'heure de Smart Bourse chaque soir,
46:53c'est le quart d'heure thématique. Le thème ce soir,
46:55c'est celui de la biodiversité.
46:57C'est la nouvelle frontière, ou ce sont
46:59les nouvelles frontières pour la finance durable
47:01et responsable. Après des années
47:03à travailler sur le climat
47:05et la lutte contre le réchauffement climatique,
47:07le champ s'élargit à celui de la
47:09biodiversité. Et nous en parlons avec
47:11les équipes d'UZES Gestion et l'un des
47:13gérants d'UZES Gestion qui est à mes côtés
47:15en plateau, Arnaud Morvilles. Bonsoir Arnaud.
47:17Merci beaucoup d'être là.
47:19Il y a évidemment un lien très direct entre
47:21le climat, la lutte contre le réchauffement climatique
47:23et la préservation de la biodiversité.
47:25Mais c'est vrai que ce thème d'investissement
47:27semble quand même plus large, peut-être
47:29plus complexe également à appréhender.
47:31Comment est-ce que vous avez travaillé sur
47:33cette thématique, puisque vous venez de lancer chez
47:35UZES Gestion une stratégie ces dernières
47:37semaines sur ce thème de la
47:39biodiversité, précisément Arnaud.
47:41Merci Riouard de m'en savoir. Alors oui,
47:43nous avons lancé le 20 mars 2024
47:45un nouveau fonds, UZES Biodiversité.
47:47C'est un fonds Action Monde
47:49de toute taille de capacités fonds boursières
47:51qui investit dans des entreprises
47:53qui sont dans des secteurs
47:55qui oeuvrent à la préservation de la biodiversité.
47:57Concrètement,
47:59moi ce qui m'intéresse
48:01c'est cette idée de biodiversité.
48:03C'est-à-dire, le climat,
48:05pour un investisseur, ça s'est vite résumé
48:07à la tonne de CO2,
48:09le carbone. La biodiversité,
48:11j'ai l'impression que c'est quelque chose de beaucoup
48:13plus mou, de beaucoup plus flou,
48:15de moins évident à
48:17mesurer, à objectiver.
48:19Et donc, ma question étant,
48:21comment vous avez appréhendé ce thème
48:23pour construire ce portefeuille et cette stratégie ?
48:25Alors, vous avez raison,
48:27il n'y a pas beaucoup d'indicateurs clés
48:29sur la biodiversité.
48:31Nous, on a fait le choix de partir de la définition
48:33de la biodiversité. Qu'est-ce que la biodiversité ?
48:35Alors, c'est le tissu
48:37humain de la planète, les milieux
48:39de vie, les écosystèmes et la
48:41diversité génétique. Et de là,
48:43on en a déduit sept secteurs clés,
48:45sept piliers d'investissement du fonds
48:47qui représentent vraiment
48:49la biodiversité en son ensemble.
48:51Qui sont ?
48:53On parle sur l'eau,
48:55la forêt,
48:57l'agriculture raisonnée
48:59pour tout ce qui est le milieu rural
49:01et les milieux urbains.
49:03Ce sont quatre piliers qui reprennent
49:05les milieux de vie que l'on connaît sur Terre.
49:07On a un pilier, évidemment,
49:09sur la transition énergétique et la décarbonisation
49:11de l'économie, un pilier majeur
49:13du fonds. Et qui est une clé
49:15pour la préservation de la biodiversité ?
49:17Il n'y a pas de doute là-dessus.
49:19Il y a une corrélation très forte entre l'urgence climatique
49:21et la perte de la biodiversité.
49:23On a également
49:25un secteur, évidemment,
49:27sur la santé humaine, santé animale,
49:29préservation des espèces, donc c'est important de ce secteur-là.
49:31Et enfin, on a un septième
49:33secteur sur la consommation raisonnée,
49:35comment mieux consommer.
49:37On a tout un écosystème d'entreprises qui
49:39viennent en bourse dans ce secteur-là,
49:41et c'est évidemment un des sept piliers du fonds.
49:43Comment on travaille ce thème,
49:45sachant effectivement, vous l'avez dit vous-même, qu'on n'a pas
49:47encore tous les indicateurs
49:49objectivés, notamment pour
49:51mesurer l'impact
49:53ou pour mesurer les efforts des entreprises
49:55qui sont faites pour la
49:57préservation de la biodiversité ?
49:59Est-ce que,
50:01j'allais dire, c'est compliqué justement
50:03de mettre en place une stratégie comme ça
50:05en l'absence d'indicateurs ?
50:07Est-ce que ça peut justifier qu'on voit
50:09ce thème arriver, mais peut-être
50:11de manière parcellaire
50:13aujourd'hui ? Ce n'est pas encore
50:15une grande vague de fonds.
50:17Est-ce qu'il y a des raisons
50:19d'y aller dès maintenant ?
50:21Il n'y a pas vraiment de raisons d'y aller
50:23dès maintenant. Effectivement, vous avez raison, on n'a pas
50:25ce qu'on appelle des KPI précis
50:27sur la biodiversité aujourd'hui. Ça se met
50:29en place. On a
50:31plusieurs réglementations européennes qui arrivent,
50:33notamment CSRD, qui va
50:35imposer aux entreprises de discloser
50:37plusieurs éléments à ce sujet.
50:39Ça se met en place doucement, mais c'est important
50:41d'y aller dès maintenant. Pourquoi ?
50:43Pour plusieurs raisons.
50:45On est sur une prise
50:47de conscience collective de l'urgence
50:49climatique, de la perte de la
50:51biodiversité, de l'impact
50:53sur la planète. On sait que
50:55c'est un régulateur de l'environnement
50:57au sens large.
50:59C'est un impact sur les hommes.
51:01Probablement, selon nous, selon les
51:03gestions déclencheurs
51:05d'une crise systémique, cette
51:07perte de biodiversité, on sait aujourd'hui que
51:09les enjeux financiers de
51:11supporter cette perte de la biodiversité seront
51:13bien plus importants que les investissements
51:15nécessaires à sa préservation.
51:17Ce qui fait que
51:19aujourd'hui, il y a une prise de conscience collective
51:21au niveau des hommes,
51:23des humains et évidemment des hommes politiques également
51:25et des politiques qui se mettent en place.
51:27C'est important ce fléchage
51:29des policy makers, des décideurs
51:31politiques sur ces sujets-là
51:33pour des investisseurs privés,
51:35pour de l'argent privé.
51:37Oui, c'est important.
51:39L'ONU a donné un objectif
51:41de décarbonation du monde, enfin pas de décarbonation
51:43mais de net carbone zéro
51:45à 2050.
51:47Les études montrent qu'il faut
51:49environ 5 milliards d'investissements
51:51en 2030 si on veut arriver à zéro
51:53en 2050. Aujourd'hui, on est à 1,7 milliards.
51:55Ça veut dire qu'il faut tripler
51:57ces investissements d'ici 2030
51:59pour avoir une chance d'atteindre ce net zéro
52:01en 2050.
52:03Évidemment qu'il y aura un fléchage énorme de l'investissement
52:05sur ces thématiques durables.
52:07Et vous êtes convaincu, tout comme
52:09on l'a démontré sur le risque climatique,
52:11une entreprise qui n'est pas
52:13attentive, qui ne fait pas attention et qui ne fait
52:15pas les efforts nécessaires pour
52:17limiter son empreinte carbone,
52:19la même règle
52:21s'appliquera pour une entreprise
52:23qui ne fera pas suffisamment pour
52:25préserver, j'allais dire, la nature autour
52:27d'elle, pour résumer les choses.
52:29On est persuadé.
52:31Et s'il fait chouer, il y aura cette même logique
52:33pour les entreprises et les investisseurs.
52:35C'est encore un peu trop pour le dire, mais probablement
52:37qu'il y aura des métrics qui seront
52:39suivis par tout le monde et qui seront
52:41évidemment très importants à suivre.
52:43La demande, elle vient d'où, là, aujourd'hui, pour
52:45cette stratégie que vous avez lancée fin mars,
52:47comme vous disiez, Arnaud ?
52:49Alors, l'offre peut générer la demande,
52:51bien sûr, mais...
52:53Bien sûr, on l'espère !
52:55Mais la demande que vous recevez
52:57aujourd'hui pour ce thème de biodiversité,
52:59c'est une demande qui est sous-jacente,
53:01qui est latente, qui est exprimée directement ?
53:03Et par quel type
53:05de clientèle ?
53:07Chez USESport, on a une politique RSE
53:09qui est de plus en plus importante.
53:11C'est un fonds qui
53:13est né après USESport,
53:15qui était également un fonds ISR,
53:17après d'autres labellisations qu'on a eues dans le passé.
53:19Donc oui, Article 9, j'imagine,
53:21de ce point de vue-là, il n'y a pas de doute.
53:23Et Labelle Greenfield !
53:25Plus strictes sous certains aspects
53:27que Labelle ISR, par exemple.
53:29Plus strictes sur la durabilité.
53:31C'est important.
53:33Nous, on prend évidemment les critères de gouvernance en plus,
53:35mais on a les critères réagis stricts
53:37et Labelle Greenfield garantit
53:39un pourcentage d'actifs
53:41éligibles au fond, et notamment
53:43sur la décarbonisation
53:45et les métiers durables.
53:47Sur la demande, elle vient d'où ?
53:49La demande, elle vient d'où ?
53:51USESport est la filiale de la Financière USES,
53:53qui gère 1,5 milliard d'euros
53:55d'encours, accompagne des familles
53:57depuis 40 ans, des entrepreneurs.
53:59Et donc nous, on a une demande forte
54:01de la gestion privée pour ce genre d'actifs.
54:03Voilà.
54:05Des actifs qui ont du sens, qui font du sens.
54:07C'est quelque chose qui est de plus en plus demandé par nos clientèles privées.
54:09Et donc on est ravis de leur apporter
54:11cette solution aujourd'hui, USES biodiversité.
54:13Concrètement, là, vous avez décrit
54:15les 7 grandes verticales
54:17du fond.
54:19Est-ce qu'il y a une, oui,
54:21j'imagine, une ou une position,
54:23des positions emblématiques, là, qui permettent
54:25justement de comprendre comment
54:27est-ce qu'on peut apporter
54:29de l'impact positif sur
54:31la nature, sur la biodiversité
54:33à travers l'investissement dans des entreprises,
54:35Arnaud ? Alors sur les 7 thématiques
54:37que j'ai mentionnées, évidemment, il y en a qui sont
54:39plus importantes que d'autres, certaines plus matures
54:41que d'autres, certaines comportent des entreprises,
54:43un plus grand nombre d'entreprises au sein
54:45de ces 7 piliers.
54:47Aujourd'hui, le fond s'articule principalement autour de 3 piliers.
54:49Évidemment,
54:51le pilier énergie,
54:53transition énergétique
54:55est un pilier important. On retrouve
54:57des entreprises dans le renouvelable, voilà, je pense
54:59à Neon, qui est un investissement
55:01important du fonds, sur lequel
55:03nous, voilà, on est assez convaincus du modèle
55:05et du futur de Neon.
55:09Pardon. On a également
55:11une partie sur l'eau qui est très importante.
55:13On sait aujourd'hui que
55:15la France, je parlais des
55:17pouvoirs politiques qui mettent un peu
55:19de l'huile dans le moteur. On sait, voilà,
55:21les députés ont
55:23voté, le 4 avril, sur
55:25les PFAS, les polluants éternels,
55:27polyfluoroalkylés,
55:29sur l'interdiction en France.
55:31Les Etats-Unis ont, mi-avril,
55:33ces PFAS sur la liste
55:35des produits CERCLA.
55:37Donc, c'est des produits sur lesquels ces entreprises, aujourd'hui, peuvent être
55:39attaquées et payer des dommages
55:41importants.
55:43Donc, voilà, on a...
55:45La qualité de l'eau, c'est quelque chose de
55:47central de ce point de vue-là. Exactement. Et donc, des acteurs,
55:49évidemment, interviennent dans ce
55:51segment-là des pollutions. On pense à des
55:53Veolia, en Europe,
55:55un Tetratech, aux Etats-Unis également, qui est une entreprise
55:57majeure dans ce
55:59segment-là. Donc, il y a des thèmes,
56:01il y a quand même des sujets sur lesquels
56:03il y a déjà de la profondeur de marché, il y a
56:05déjà des entreprises avec un track record, etc.
56:07Il y a des choses plus jeunes. Moi, c'est aussi ce qui
56:09m'intéresse. C'est quoi les nouvelles frontières pour vous
56:11dans la biodiversité, qu'ils seront
56:13encore, justement, des terrains à approfondir
56:15demain, ou peut-être que
56:17d'ailleurs, l'univers d'investissement n'est pas encore
56:19complet, de ce point de vue-là. Oui, oui, bien sûr, on attend beaucoup
56:21d'IPO, beaucoup d'entreprises qui vont lever des capitaux en
56:23bourse, dans ces secteurs en devenir.
56:25Voilà, on
56:27pense que dans l'hydrogène, il y a encore beaucoup de choses à faire.
56:29On a un écosystème français qui est déjà
56:31coté en bourse. On a Unucera, qui était
56:33un spin-off de Dyson Group, qui est venu coté en bourse
56:35l'année dernière. Et il y aura forcément d'autres acteurs
56:37qui vont émerger dans l'hydrogène
56:39une fois que cette technologie,
56:41apparemment, sera de plus en plus mature.
56:43Merci beaucoup, Arnaud. Merci d'être venu parler de
56:45ce fonds, de cette stratégie
56:47autour de la biodiversité, qui a été lancée
56:49fin mars chez USES Gestion,
56:51USES Biodiversité, et de ce thème
56:53en général, et de ces nouvelles frontières,
56:55effectivement, après les années
56:57de travail sur le climat
56:59et la lutte contre le réchauffement climatique.
57:01C'est le champ de la biodiversité, désormais,
57:03qui est ouvert pour les investisseurs.
57:05Arnaud Morvilles, qui était avec nous en plateau,
57:07gérant de la stratégie
57:09de biodiversité chez USES Gestion.