SMART BOURSE - Emission du jeudi 14 septembre

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Jeudi 14 septembre 2023, SMART BOURSE reçoit Aymeric Diday (Directeur de la gestion, Pergam) , Gilles Moëc (Chef économiste, Groupe Axa) , Christophe Barraud (Chef économiste et stratégiste, Market Securities) et Malik Haddouk (Directeur de la Gestion Diversifiée, CPR Asset Management)

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00:00 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne pour rester à l'écoute des
00:11 marchés sur Bsmart, chaque soir à 17h en direct si vous nous suivez via vos box sur
00:16 la télévision sur Bsmart TV et à retrouver bien sûr en replay du lundi au vendredi sur
00:21 bsmart.fr ou en podcast bien sûr sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:25 Au sommaire de cette édition ce soir, la dernière hausse de taux pour la Banque Centrale
00:30 Européenne, peut-être, c'est en tout cas l'idée qui est en train de grandir dans le
00:35 marché après la décision d'une nouvelle hausse de taux de 25 points de base pour les
00:38 trois taux directeurs de la BCE et surtout le discours entretenu par Christine Lagarde
00:44 au cours de la conférence de presse.
00:46 On sent quand même une BCE qui commence à être un peu plus à l'aise avec le niveau
00:50 atteint par ces taux directeurs, ce niveau atteint s'il était maintenu suffisamment
00:55 longtemps dans le temps permet d'espérer un retour à l'objectif d'inflation de 2% qu'on
01:02 ne voit pas d'ailleurs dans les nouvelles projections de la Banque Centrale Européenne
01:06 puisque même à la fin de l'horizon de prévision de la BCE 2025 aujourd'hui on a toujours une
01:11 inflation qui reste légèrement supérieure à 2%.
01:14 La BCE qui a fondé sa décision justement sur ce niveau d'inflation qui reste trop élevé
01:19 encore à travers ses projections malgré des prévisions et des projections de croissance
01:24 qui ont été significativement revues en baisse de la même de la BCE.
01:27 Vous aurez le détail dans un instant et c'est Sybille Haoujan qui nous accompagnera pour
01:32 vous apporter dans quelques instants les infos clés de marché.
01:35 Nous évoquons évidemment ce sujet avec nos invités dans un instant et Gilles Moick
01:38 chef économiste du groupe AXA qui sera avec nous en visioconférence dans le dernier quart
01:42 d'heure de Smart Bourse à partir de 17h45.
01:44 L'autre événement de marché aujourd'hui c'est l'introduction en bourse de l'année,
01:48 de la nouvelle de ARM sur le marché américain dans le secteur des semi-conducteurs.
01:52 Vous en avez sans doute beaucoup entendu parler.
01:54 L'opération s'est bien passée, le groupe a pu lever jusqu'à 4,9 milliards de dollars
02:01 pour une valorisation de près de 55 milliards selon le prix fixé pour l'introduction en
02:06 bourse, 51 dollars par action.
02:07 Les premières indications de marché, on n'a pas encore la cotation cash pour l'instant
02:10 mais les premières indications de marché aux Etats-Unis laissent entrevoir une très
02:14 belle hausse à l'ouverture peut-être entre 15 et 20% pour le titre ARM.
02:19 Nous évoquerons également ce sujet avec nos invités.
02:21 Et puis une question autour de l'automobile, un secteur qui génère beaucoup d'interrogations
02:28 en ce moment.
02:29 Il y a l'escalade entre l'Europe et la Chine sur le front de l'automobile électrique.
02:33 Et puis le sujet très immédiat d'un risque de grève massive, historique peut-être chez
02:38 les trois grands constructeurs de Détroit avec le nouveau président du syndicat UAW
02:44 qui veut marquer de son empreinte le rapport de force avec les grands constructeurs américains.
02:50 Une deadline a été fixée jusqu'à ce soir pour tenter d'aboutir à travers ces négociations
02:55 qui se mènent face à chacun des trois constructeurs de Détroit.
02:59 L'issue semble peut-être être celle d'une grève dans les prochains jours et ce sera
03:04 un mouvement à surveiller car en cas d'ampleur importante c'est un mouvement qui pourrait
03:09 vite coûter quelques milliards et quelques dixièmes de points de PIB à la croissance
03:13 américaine en cette fin de troisième trimestre.
03:15 Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur
03:29 les marchés, c'est Sibylle Aoudjian qui nous accompagne ce soir sur BeSmart.
03:33 Sibylle, l'événement du jour c'était évidemment la réunion de politique monétaire
03:37 et la décision rendue par la Banque Centrale Européenne en début d'après-midi.
03:40 Oui, la BCE a relevé à nouveau ses trois taux d'intérêt, directeur de 25 points de base.
03:46 Le taux de facilité de dépôt est porté à 4%, son plus haut niveau depuis la création de l'euro.
03:52 A ce stade, la BCE estime que le niveau actuel des taux, maintenu suffisamment longtemps,
03:58 semble consistant avec l'idée d'un retour de l'inflation à l'objectif.
04:02 La décision a été fondée sur des prévisions d'inflation revenues en légère hausse pour
04:07 cette année et l'an prochain.
04:08 Les prévisions de croissance, elles, sont revues significativement à la baisse,
04:12 selon l'aveu même de la BCE.
04:15 Et puis du côté de la réaction des marchés, on retiendra l'affaiblissement de l'euro
04:19 sur fond de baisse des rendements obligataires et une accélération du rebond du CAC 40
04:24 jusqu'à 7300 points en séance.
04:27 Et sans doute même en clôture également puisque le rebond s'accélère encore en cette fin de séance.
04:32 Du côté américain, Sibylle, plusieurs indicateurs macroéconomiques d'importance,
04:35 là aussi, ont été publiés en début d'après-midi.
04:38 Oui, les ventes au détail ont augmenté de 0,6% en août sur un mois, au-delà des attentes.
04:44 L'indice américain des prix à la production pour le mois d'août, lui, a progressé de
04:48 0,7% sur un mois, une progression plus élevée que les prévisions.
04:54 Enfin, le nombre d'inscriptions hebdomadaires au chômage est plus faible que prévu.
04:59 Il s'élève à 220 000 la semaine dernière.
05:02 Et puis l'autre événement du jour sur les marchés, je le disais, la plus importante
05:07 introduction en bourse de l'année à Wall Street.
05:10 Oui, avec le retour du groupe de semi-conducteurs ARM.
05:13 Le groupe avait quitté la bourse il y a 7 ans suite à son rachat par Softbank.
05:17 Le prix définitif a été fixé à 51 dollars par action, en haut de la fourchette.
05:23 Cette décision porte la valorisation de l'entreprise à près de 55 milliards de dollars.
05:28 Il s'agit de la deuxième plus grosse IPO aux Etats-Unis depuis deux ans, derrière
05:32 celle du constructeur de véhicules électriques Rivian Automotive en octobre 2021.
05:39 Quelques données à suivre demain avec les statistiques chinoises du mois d'août concernant
05:44 notamment les ventes au détail et la production industrielle.
05:47 Merci beaucoup Sybille.
05:49 Sybille Aoudjian qui nous accompagnait ce soir pour Tendance, mon ami, dans Smartbourse sur Bsmart.
05:53 *Générique*
06:04 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:07 Malik Haddouk est avec nous, directeur de la gestion diversifiée de CPR Assets Management.
06:11 Bonsoir Malik.
06:12 Bonsoir Gérard.
06:13 Merci d'être là.
06:14 Merci à Emeric Didet d'être avec nous en plateau également.
06:15 Bonsoir Emeric.
06:16 Bonsoir Gérard.
06:17 Ravi de vous retrouver.
06:18 Vous êtes directeur de la gestion de Pergame et ravi de retrouver également Christophe
06:20 Barraud à nos côtés.
06:21 Bonsoir Christophe.
06:22 Bonsoir Gérard.
06:23 Vous êtes le directeur stratégiste de Market Securities, la banque centrale européenne
06:25 à la une évidemment avec cette nouvelle hausse de taux de 25 points de base.
06:29 Le taux de dépôt directeur est porté à 4% désormais.
06:32 Christophe, un niveau avec lequel la BCE semble plus à l'aile, en tout cas un niveau à partir
06:39 duquel la BCE semble avoir peut-être un peu moins d'appétit pour poursuivre automatiquement
06:46 en autopilote les hausses de taux qu'on connaît depuis juillet 2022 maintenant.
06:51 Oui, je pense que l'idée aujourd'hui c'est de se dire qu'on va avoir un ralentissement
06:55 encore un peu plus marqué de l'activité, voire même potentiellement à un moment une
06:59 contraction.
07:00 Donc c'était de placer la dernière hausse de taux au bon moment.
07:04 Donc on était à peu près certains qu'ils voulaient les relever au moins encore une
07:08 fois.
07:09 Donc il valait mieux tout de suite qu'après.
07:11 Je pense que l'hypothèse effectivement sous-jacente c'est que le ralentissement de l'activité
07:18 puisse permettre d'avoir une inflation qui revienne sous contrôle plus rapidement.
07:21 C'est un peu ce qui s'est traduit dans les prévisions de croissance 2025 puisque que
07:25 ce soit le côté headline, donc l'inflation totale ou l'inflation corporelle, on a eu
07:31 une révision à la baisse.
07:32 Donc quelque part ils sont peut-être un tout petit peu plus confiants en le faisant maintenant
07:37 et en laissant maintenant l'impact des hausses précédentes plus celle-ci se déverser sur
07:44 l'économie.
07:45 Déjà à ce qu'on commence à voir à travers tous les indicateurs, notamment le développement
07:49 monétaire, la croissance de la masse monétaire, préaccordé aux entreprises, aux ménages,
07:54 dans l'immobilier aussi on commence à avoir des taux négatifs.
07:58 Donc en termes d'inflation, personnellement moi je pense que la dernière hausse n'était
08:03 pas forcément nécessaire.
08:04 On aurait pu quand même y arriver puisqu'on a des scénarios de croissance qui sont inférieurs
08:09 à ceux de la BCE.
08:11 Donc dans les faits effectivement ça devrait permettre d'avoir un certain contrôle sur
08:18 la partie corps.
08:19 Maintenant sur l'inflation totale, ça ne dépend plus de la BCE et ça dépendra essentiellement
08:26 du marché du pétrole.
08:27 Oui, c'est-à-dire qu'on a quand même un baril qui a plus de 90 dollars aujourd'hui,
08:32 un euro en plus qui a quand même baissé sur la décision de la BCE avec en plus des
08:36 chiffres américains encore très forts, on en parlera, mais qui remettent un peu de tension
08:41 sur le dollar.
08:42 Les projections d'inflation, elles ne sont pas encore tout à fait optimales.
08:49 En tout cas on sent que ça va prendre du temps.
08:51 Même avec une hausse de taux supplémentaire, quand vous nous dites qu'elle n'était peut-être
08:57 pas nécessaire, ça prendra quand même du temps.
08:59 Ça prendra du temps mais là on arrive à un moment où on peut se dire que ça va être
09:03 un arbitrage dans les dépenses de consommation, à savoir si le prix du pétrole monte et
09:08 si le prix de l'essence monte, ce sera vraisemblablement arbitré par rapport à d'autres achats qui
09:14 pourraient paradoxalement faire baisser peut-être un tout petit peu plus le corps.
09:18 Je pense que c'est l'idée sous-jacente, même si la différence entre les Etats-Unis
09:24 et l'Europe c'est qu'en Europe il y a encore du surplus d'épargne.
09:27 Qu'est-ce qu'on va taper dans l'épargne ou pas, ça la question est ouverte et ça
09:32 impactera forcément les dépenses futures.
09:34 On a quand même des taux d'épargne monstrueux en Europe, Christophe.
09:38 Oui, la question c'est est-ce qu'on les maintient ?
09:42 Il n'y en a plus aux Etats-Unis et en Europe on est gorgé d'épargne.
09:46 C'est 18% par exemple sur des pays comme l'Allemagne ou la France aujourd'hui de niveau
09:51 d'épargne par rapport aux revenus disponibles.
09:54 Pour donner un comparatif et que ces dépargnes accumulées pendant le Covid, aux Etats-Unis
09:58 on estime que selon les études soit il n'y a plus rien, soit il n'y aura plus rien
10:02 en région du quatrième trimestre.
10:03 En Europe selon les économies, il reste entre 3 et 5%.
10:06 Mais le comportement du consommateur américain est complètement différent du consommateur
10:12 européen qui a peur assez vite.
10:15 Donc on peut rester sur des taux d'épargne monstrueux et cette épargne qui petit à
10:21 petit se fasse ronger par l'inflation.
10:22 Malik, c'était la meilleure décision à prendre pour la Banque Centrale Européenne ?
10:28 Non, je ne l'ai pas.
10:29 C'était plutôt pour qu'elle ne bouge pas.
10:31 Pour une pause.
10:32 Mais bon, on est toujours surpris par la BCE.
10:35 Chaque réunion nous surprend, que ce soit par la décision ou par le discours.
10:39 Quoi dire ? Le marché l'a bien pris, c'est le plus important en fin de compte.
10:44 Les taux qui rebaissent, le marché action qui remonte, tout va bien dans le meilleur
10:48 des mondes.
10:49 Ça m'aurait intéressé d'avoir la réaction du marché si elle avait fait une pause.
10:52 J'aurais bien aimé savoir.
10:53 Non mais c'est vrai.
10:56 Les taux rebaissent, le marché action a salu ça.
11:00 Bon, il l'avait anticipé un peu les deux précédents jours.
11:05 On avait une remontée, il y avait une information qui était sortie, elle avait comme quoi l'inflation
11:10 resterait bien au-delà, en créant au-delà des 3%.
11:12 Donc la BCE déciderait finalement de monter les taux.
11:17 Mais bon, le ralentissement il est là et donc je pense que c'est vrai, le seul facteur
11:21 aujourd'hui qui est inquiétant, que ce soit aux Etats-Unis ou alors en Europe, c'est
11:25 la remontée des prix des matières premières et du pétrole.
11:28 Ça peut avoir un effet de second tour sur l'inflation qui les maintiendrait à un niveau
11:33 assez élevé.
11:34 Donc maintenant il faut savoir est-ce que la Fed va jouer le même jeu.
11:38 Nous on pense qu'elle ne devrait pas monter là aussi, que c'est fait pour la Fed aussi,
11:44 malgré des statistiques qui restent encore assez satisfaisantes aux Etats-Unis.
11:49 Mais vente au détail.
11:50 Par exemple cet après-midi pour le mois d'août, on attendait un chiffre alors du 0+, c'est
11:53 du 0++ quoi, c'est +0,6% d'un mois sur l'autre.
11:57 Et c'est un facteur aussi sur les prix, qui continuent, à la fois sur les prix à la
12:01 production que sur les prix à la consommation.
12:03 Donc ça c'est un facteur aussi que va surveiller la Fed, mais on pense pas qu'elle devrait
12:09 passer son tour.
12:10 Et sur le pétrole, il y a des raisons d'imaginer que ça puisse continuer ou en tout cas qu'on
12:17 puisse se maintenir longtemps ?
12:19 Bésentries, les Saoudiens ont besoin d'argent pour payer les joueurs de foot, c'est pas
12:23 la raison.
12:24 Non mais on sait qu'en tout cas ils ont quand même un contrôle sur les prix.
12:27 Ils ont un contrôle sur les prix aujourd'hui, après ils font ce qu'ils veulent de leur
12:30 argent.
12:31 Ils l'avaient annoncé depuis longtemps, c'est pas une nouveauté.
12:33 Ils avaient dit, ils avaient annoncé qu'ils ne souhaitaient plus un prix en dessous de
12:38 80 dollars.
12:39 Là ce qui s'est passé c'est qu'avec la prolongation des coupes, en fait on s'attend
12:46 à un déficit au quatrième trimestre.
12:48 C'est ça qui impacte.
12:50 Mais je pense qu'à ces niveaux-là, je ne vois pas pourquoi les Saoudiens voudraient
12:54 demander plus parce que ça équilibre largement leur budget.
13:01 Ils sont très contents avec ce niveau de prix du baril.
13:05 Donc là ça sera une discussion avec les Américains mais je pense qu'aller toucher les 100 dollars,
13:10 je n'y pense pas pour le moment.
13:12 Bon, surveil, ça continue de monter quand même le pétrole.
13:15 Pour l'instant c'est très pétrole spécifique, on ne voit pas les mêmes mouvements sur les
13:18 métaux ou sur d'autres.
13:19 On a vu les métaux ferreux reprendre depuis 3-4 jours 5% soit disant sur une demande
13:25 chinoise qui serait revenue.
13:27 C'est de la spéculation à mon avis pour le moment.
13:30 Ils ont beaucoup déstocké les métaux aussi en Chine, c'est ce qu'on m'a expliqué.
13:33 Avec le stimulus, mais le stimulus on ne l'a pas encore vu, c'est plutôt un stimulus
13:39 monétaire qu'autre chose pour l'instant.
13:41 Donc à suivre aussi.
13:43 Bon, Emric, je reviens sur les banques centrales parce qu'on file un peu tous les sujets en
13:48 même temps, mais tout est lié évidemment.
13:49 Mais est-ce que la Fed et la BCE réussissent à éviter le sur-tightening, le sur-resserrement
14:02 en fait ?
14:03 En tout cas pour le moment, on va dire que c'est assez bien maîtrisé parce que les
14:07 effets sont relativement bons.
14:08 L'inflation qui était à des niveaux stratosphériques est quand même en baisse continue depuis
14:12 des mois.
14:13 Donc au final, on juge quand même un impact positif des actions des banques centrales,
14:19 particulièrement aux États-Unis.
14:20 Je suis toujours pro-américain pour ce côté-là parce qu'ils sont en avance, pragmatiques,
14:25 efficaces et réactifs.
14:26 L'ampleur qu'on a eue aux États-Unis est quand même incroyable.
14:29 Donc on a aujourd'hui cette économie leader qui a pleinement les effets des hausses de
14:35 taux.
14:36 Donc ça c'est plutôt positif.
14:37 L'Europe qui a réagi plus tard pour des raisons géopolitiques et parce qu'on a
14:41 Mme Lagarde à la tête de la BCE, malheureusement est arrivée un peu tard.
14:45 Donc aujourd'hui on finit encore un petit peu le travail.
14:47 Mais il n'empêche que l'inflation continue à diminuer.
14:51 Donc il faut voir aussi le verre un peu à moitié plein de temps en temps.
14:53 C'est pour ça que les marchés arrivent aussi à sentir qu'on arrive quand même
14:57 à la fin de cette histoire.
14:58 On a souvent dit quand on regarde le passé que le niveau des 4% est un niveau phare,
15:03 clé, sur lequel à un moment donné on va marquer une pause qui peut être quand même
15:08 assez longue et à mon avis elle sera plus longue que ce qu'on pense pour permettre
15:11 à l'inflation de continuer gentiment à baisser.
15:13 On ne va pas descendre tout de suite sur les objectifs de 2%.
15:15 C'est utopique de croire ça.
15:17 Si la Banque Centrale croit ça, je pense que…
15:19 Non, il n'y a qu'à voir ses projections.
15:22 On n'est pas du tout dans le vrai.
15:24 Ça va prendre beaucoup de temps.
15:25 Et donc c'est pour ça que les taux risquent de rester à un niveau élevé assez longtemps
15:29 et que ceux qui prévoient déjà d'anticiper les baisses de taux, c'est vraiment un
15:34 peu tôt.
15:35 Jusqu'à présent on a toujours eu tendance à décaler dans le temps tous les scénarios.
15:40 Je pense qu'on va continuer malheureusement dans ce sens-là parce que, encore une fois,
15:45 l'inflation elle va dans le bon sens mais elle aussi va ralentir.
15:47 La pontification de la baisse de l'inflation va ralentir et ça c'est assez logique.
15:51 Donc c'est pour ça, ça va dans le bon sens.
15:53 Les décisions ont été bonnes jusqu'à présent.
15:55 Il n'y a pas eu de fortes erreurs de la part des Banques Centrales.
15:59 Ils ont joué le jeu, particulièrement aux Etats-Unis.
16:02 Mais maintenant, la croissance a tenu, la consommation a tenu.
16:05 Il n'y a pas eu de heurts sur le marché obligataire.
16:08 On n'a pas eu une explosion des taux de défaut de la part des entreprises.
16:11 Donc franchement c'est une très bonne gestion de l'économie.
16:16 À ce stade, là où on en est aujourd'hui, ça aurait pu être bien pire.
16:20 Largement pire.
16:21 Et pour le coup, et surtout avec un environnement économique, vous avez toute une zone géographique
16:25 dont on avait pensé qu'elle allait prendre le relais, qui est la Chine, et qui n'a pas
16:28 du tout pris le relais de la croissance et de la consommation.
16:31 Donc franchement, c'est plutôt des bonnes nouvelles macro qu'on a.
16:35 Maintenant, il faut voir un petit peu la suite, se projeter et essayer d'imaginer un peu le
16:39 scénario de demain.
16:40 Le scénario de demain, pour nous, il est quand même assez sur une stabilisation des
16:43 décisions de politique monétaire parce qu'ils vont prendre le temps de juger et de jauger
16:47 l'impact que ça va avoir dans l'économie, de voir si finalement on ne va pas trop ralentir
16:52 parce que le risque il est là.
16:53 Il est sur le ralentissement de la croissance économique, que ce soit aux Etats-Unis ou
16:56 en Europe.
16:57 On le voit, regardons l'Allemagne par rapport à la France.
16:59 Aujourd'hui, on a quand même une bien meilleure santé en France qu'en Allemagne.
17:03 Mais il ne faut pas oublier que si l'Allemagne ne va pas bien, on va avoir d'autres décisions
17:07 au niveau de la Banque centrale.
17:08 Elle saura mettre la pression, comme elle a su le faire dans le passé, pour diriger
17:12 les décisions de politique monétaire.
17:13 Donc là aussi, on a des zones de sensibilité qui peuvent arriver, de tensions qui peuvent
17:18 arriver, qui sont assez palpables dans les discours.
17:21 Donc là aussi, c'est comme on dit, c'est Reine courte.
17:24 Chaque décision doit être prise dans le temps.
17:26 Mais encore une fois, pour le moment, c'est plutôt des bonnes nouvelles qu'on a.
17:29 Christophe, comment ça se passe le hire for longer ?
17:32 C'est-à-dire, comment une banque comme la Banque centrale européenne, c'est des réunions
17:35 toutes les six semaines, comment elle va maintenir la tension sur les taux ?
17:40 Alors sur les taux courts, elle les contrôle, normalement, elle les maîtrise, c'est son
17:43 affaire.
17:44 Mais sur les taux plus longs, s'il n'y a plus la menace de pouvoir continuer à monter
17:50 les taux, comment on maintient des conditions financières suffisamment restrictives ?
17:55 On le voit d'ailleurs sur la décision du jour, la réaction de marché, et tout de
17:58 suite de voir des taux longs rebaisser, ce qui vient en partie, j'allais dire, annuler
18:03 les efforts de la hausse de taux qui est délivrée aujourd'hui par la BCE.
18:06 Comment on va faire pour tenir des mois comme ça, ce hire for longer ?
18:09 Alors les taux longs, il y avait plusieurs choses.
18:11 Déjà, comme Emeric le disait, c'est combien de temps on les maintient à ce niveau.
18:16 Parce que si on regarde les anticipations, c'est vrai qu'on voit tout de suite, à
18:20 nouveau, une baisse de taux pour l'année prochaine, qui commence à être anticipée.
18:24 Il y a ce canal de communication là, pour les taux longs.
18:28 Pour les taux longs, après, il y a plusieurs phénomènes.
18:32 Il y a la balance chine de la BCE.
18:34 Qu'est-ce qu'elle fait sur ses réinvestissements des actifs ? On voit très clairement que
18:39 le bilan aujourd'hui a tendance à le diminuer.
18:42 Donc ça, normalement, il y a un impact derrière.
18:45 Derrière aussi, il y a un paramètre extrêmement important pour les taux longs aux États-Unis
18:50 et en Europe.
18:51 C'est ce que va faire la BOJ.
18:52 Parce que ça reste un des gros détenteurs internationaux.
18:55 Et on a plutôt tendance à se dire qu'on va vers une réappréciation des taux au Japon
19:01 et donc partout.
19:02 Ça, ça peut être aussi un facteur qui rentre en ligne de compte derrière.
19:07 Ça veut dire des Japonais moins incités à venir acheter de la dette en Europe, s'ils
19:11 retrouvent un peu de rendement sur leur propre marché ?
19:13 Comme on l'a vu, en fait, depuis maintenant quelques semaines.
19:16 Donc ça, c'est un paramètre à prendre aussi en ligne de compte.
19:20 Donc voilà, c'est un peu tout ça, PCE à la main sur certaines choses.
19:26 Mais maintenant, les taux d'intérêt, c'est aussi dépendant des longs, de ce qui va se
19:31 passer ailleurs et de la demande pour ou contre à un moment déterminé.
19:36 Surtout, ce que font les gros pays qui, justement, engendrent des liquidités, typiquement l'Arabie
19:41 saoudite, comment ils vont recycler leurs réserves ?
19:43 On voit qu'ils n'achètent plus de trésorerie.
19:45 Donc forcément, les trésoreries ne rebaissent pas.
19:48 Donc il y a tout un impact aussi géopolitique.
19:52 Donc ce n'est pas si simple que ça.
19:54 Avoir la main sur les taux courts peut-être, mais les taux longs aujourd'hui, moi, j'ai
19:58 l'impression que c'est beaucoup plus complexe qu'il y a 4-5 ans.
20:01 Et ça implique quoi ? Ça implique des taux longs aux États-Unis en Europe qui peuvent
20:08 rester plutôt tiltés à la hausse encore ? Ou est-ce que c'est déjà des points d'entrée
20:13 pour des investisseurs aujourd'hui ?
20:15 En buy and hold, ça paraît quand même assez intéressant sur beaucoup de zones.
20:21 Maintenant, si on garde très court terme, le risque, c'est que même si on est en contraction
20:28 de l'activité en zone euro, c'est qu'on ait plutôt tendance à paramètres d'inflation
20:35 avoir.
20:36 Mais on a l'impression que l'inflation à court terme, elle peut rester un tout petit
20:39 peu plus élevée qu'on l'aurait cru.
20:41 Qu'on ne maîtrise pas aussi la dynamique sur les métaux et notamment le pétrole.
20:46 Qu'on est aussi dans une phase où on a un taux de chômage le plus bas historique, on
20:50 a une croissance des salaires ultra élevée.
20:52 Donc c'est peut-être pas forcément un facteur aussi déterminant dans la prise de décision.
20:58 En gros, ce qui fera changer les banques centrales d'avis sur le higher for longer, c'est quand
21:02 l'inflation ne sera plus la principale préoccupation des ménages.
21:05 Et aujourd'hui, elle est très loin devant le marché du travail, l'état de l'économie.
21:12 Et c'est encore plus, ce que je viens de dire, est encore plus valable aux Etats-Unis
21:16 où il y a des élections l'année prochaine.
21:18 La question de la duration, on la pose à chaque fois Malik.
21:22 Mais oui, 4,30 sur le 10 ans américain, forcément c'est un point d'entrée important.
21:28 Déniablement oui, c'est un point d'entrée.
21:30 Et même si les choses se compliquaient, on verrait un taux d'Izan, si on avait une remontée
21:37 de l'inflation dans les semaines à venir.
21:41 D'ailleurs, il faudra faire attention au chiffre du mois de novembre aux Etats-Unis.
21:44 Oui, il y a un jeu d'effets de base, de repondération de certains items, etc.
21:48 C'est facile de repondérer les indices quand plus personne ne comprend rien à l'inflation.
21:55 Ce chiffre-là, il faudra le suivre.
21:57 Les taux d'Izan pourront remonter autour de 4,70, 4,80.
22:03 C'est un maximum à notre avis.
22:06 Mais il y a une asymétrie quand même aujourd'hui qui est intéressante pour un investisseur.
22:11 Oui, tout à fait.
22:12 Mais la question qu'il faut vraiment se poser à l'heure actuelle, et c'est la question
22:16 que je me pose, c'est quel est le marché le plus risqué ? Est-ce que c'est celui
22:19 des actions ou celui des obligations ? Et j'ai tendance de plus en plus à dire que
22:24 le marché le moins risqué, c'est celui des actions.
22:26 Je veux bien qu'on développe, Malik.
22:29 Oui, parce que vous avez maximisé…
22:33 Les leçons de 2022 sont encore dans toutes les mémoires.
22:36 Tout à fait.
22:38 La raison en est qu'on a une économie qui est résiliente, on a des consommateurs qui
22:43 sont encore présents, on a des entreprises qui ont délivré au niveau des earnings,
22:47 et a priori, on s'attend à ce que celle du troisième trimestre soit meilleure encore
22:53 aux Etats-Unis malgré une valorisation qui reste tendue.
22:57 C'est vrai.
22:58 Mais la valorisation aujourd'hui, honnêtement, personne n'y prête vraiment attention.
23:03 Si on exclut les sept valeurs les grosses aux Etats-Unis, on revient sur une moyenne
23:06 historique avec une reprise des bénéfices attendus des entreprises.
23:11 Et sur les taux, vous avez une inquiétude à la fois, comme on l'avait dit sur l'offre
23:15 et la demande, un déséquilibre à l'heure actuelle, plus l'inquiétude sur l'inflation,
23:22 des salaires qui progressent aussi en Europe, aux Etats-Unis qui semblent se stabiliser,
23:26 mais le marché de l'emploi reste malgré tout assez serein, on ne voit pas une décélération
23:32 massive.
23:33 On nous dit que ça ralentit, ça ralentit, quand on voit les derniers chiffres on a l'impression
23:36 que ça repart puisque ça se ralentit.
23:38 Donc tout ça est positif a priori pour le marché actions qui voit l'activité en tout
23:43 cas se stabiliser ou redémarrer avec des entreprises qui laissent augurer en tout cas
23:48 d'un troisième trimestre de bonnes factures.
23:50 Donc a priori pour le moment il y aurait moins de risque côté actions qu'au côté.
23:54 Alors c'est vrai pour les US, c'est vrai pour le Japon, c'est un peu moins vrai peut-être
23:58 pour l'Europe, mais si on a un marché haussier aux Etats-Unis, de toute façon l'Europe suivra,
24:02 c'est le marché qui dicte sa loi.
24:04 Et puis on a l'espoir, l'espoir d'une stabilisation en Chine et d'un redémarre de la Chine.
24:13 – On pourrait en redire un mot, parce qu'il y a eu la hausse de taux de la BC aujourd'hui,
24:17 il y a eu aussi une nouvelle baisse de taux de 25 points de base des ratios de réserve
24:20 obligatoire pour les banques chinoises qui a été délivrée par la banque centrale chinoise.
24:26 Les actions plutôt que les obligations.
24:28 – Ça vous parle, forcément.
24:29 – Il n'y a même pas besoin de prêcher le convaincu que vous êtes.
24:34 – Ça fait 30 ans qu'on attend que le marché obligataire redevienne intéressant,
24:40 donc maintenant il y a de nouveau des choses intéressantes à faire sur le marché obligataire,
24:44 ça pour nous c'est évident.
24:46 Il y a quelques épisodes, on a eu, après les crises de 2008 ou de 2011,
24:49 des moments pour aller acheter des obligations et les mettre en portefeuille.
24:51 Nous on est plutôt à penser que ce marché qui s'est réouvert,
24:56 qui est le marché obligataire, notamment dans la gestion privée, pour les clients privés,
24:59 c'est important de l'utiliser quand même à bon escient,
25:01 parce que ça permet quand même de mettre de l'argent au travail
25:05 en investissant sur des obligations d'entreprise.
25:08 Actuellement le marché du haut rendement est peut-être un peu survalorisé,
25:12 parce que l'écart entre le haut rendement et ce qu'on appelle l'investment grade est plutôt faible,
25:16 donc on n'est pas forcément assez rémunéré pour aller acheter du haut rendement,
25:20 mais par contre sur le marché de l'investment grade,
25:23 on est bien rémunéré et on peut mettre de l'argent au travail
25:26 avec un rendement assez intéressant.
25:29 Si notre scénario c'est une poursuite de la baisse de l'inflation,
25:31 ça va être entre guillemets des bons placements.
25:34 Donc là-dessus, nous on est plutôt à penser qu'il faut aller sur ce marché-là,
25:38 qu'il est le marché obligataire, il est encore temps d'aller dessus
25:41 et de profiter de loquer des taux pour les années à venir.
25:46 Ça c'est très important de le faire aujourd'hui.
25:49 Maintenant le marché à action, oui en effet, il offre du potentiel,
25:54 parce que quand on enlève ces grandes techs américaines,
25:56 les valorisations sont tout ce qu'il y a de... pas raisonnable, mais en tout cas,
25:59 elles sont justifiables, donc ça c'est important.
26:02 On reste sur des histoires de croissance,
26:04 et puis quand on a de l'inflation, quelle est la meilleure chose à détenir historiquement ?
26:07 C'est des actifs réels, donc des actions.
26:09 Les actions c'est des actifs réels, donc c'est des parts de société.
26:12 Tant que les prix entretiennent les profits.
26:13 Exactement.
26:14 Oui mais pour l'instant c'est exactement ce qu'on a vu.
26:17 C'est ce qui se passe.
26:18 Les stratégistes nous disaient "attention l'inflation monte,
26:20 ça va pincer les marges des entreprises, les coûts vont augmenter",
26:23 c'est pas ce qu'on a vu.
26:24 Ensuite on nous a dit "l'inflation baisse, attention,
26:27 les entreprises vont perdre en pricing power,
26:29 et donc les marges vont baisser",
26:31 on n'a pas encore vu ce moment-là non plus.
26:33 Pour l'instant ça a été tout bénéfique.
26:35 Exactement, et ça risque de le rester quand même à certains temps.
26:37 C'est pour ça que nous on a plutôt tendance à surtout investir
26:40 les capitaux sur les marchés financiers,
26:42 aller sur les grandes entreprises, sur les entreprises rentables,
26:44 ça c'est les premières choses.
26:46 On sait bien que toutes les petites entreprises sont à la traîne,
26:49 ça fait trois ans qu'elles sous-performent,
26:50 elles sont bien gérées, c'est pour plus tard,
26:53 ça viendra un peu plus tard.
26:54 Quand on aura besoin de relais de croissance,
26:55 on ira sûrement le chercher sur les petites entreprises.
26:58 Mais en attendant, il y a vraiment plein de choses à faire,
27:02 il faut pas trop s'embêter, et puis il y a une chose qu'on voit,
27:04 c'est que les taux de défaut, pour nous, selon nous,
27:07 quand on va sur les obligations d'entreprise,
27:08 on regarde surtout les histoires de taux de défaut,
27:10 parce qu'il faut être remboursé à la fin.
27:12 Ils sont très faibles, et nous on anticipe
27:14 qu'ils aient plutôt tendance à rester très faibles,
27:16 parce que si jamais on devait avoir un cataclysme,
27:18 on a quand même aujourd'hui des banques centrales
27:20 qui ont remonté aussi leurs taux,
27:21 qui ont des capacités qui sont aujourd'hui importantes d'action.
27:25 Et on a vu la capacité de réactivité,
27:28 d'innovation également des banques centrales
27:30 ces dix dernières années, qui est incroyable.
27:32 Donc c'est pour ça qu'on est plutôt serein pour investir,
27:34 et donc moins forcément aller faire de cash.
27:37 Tout le monde dit "on va investir dans le monétaire",
27:38 mais finalement on fait moins de monétaire.
27:40 - Ah bah les actions pour l'instant font mieux que le monétaire,
27:42 on n'a pas fini l'année.
27:44 - Les taux sont à 4, c'est génial, grâce aux banques centrales.
27:47 Mais il y a plein de choses à faire à côté
27:48 qui sont peut-être mieux pour le long terme.
27:50 - Si l'idée centrale, c'est quand même que les taux
27:52 vont rester élevés ou plus élevés,
27:54 ou élevés pour plus longtemps ou pour longtemps,
27:58 quand on regarde le marché actions,
27:59 est-ce qu'il faut faire attention quand même
28:02 aux valorisations trop riches ?
28:04 Secteur du luxe, secteur de la tech à forte croissance ?
28:09 - Qu'est-ce qui surperforme sur le très long terme ?
28:11 Même quand on prend avant la crise de l'an 2000,
28:15 les valeurs chères, les valeurs du luxe,
28:19 les techs américaines, elles surperforment le Nasdaq,
28:21 elles surperforment les valeurs de luxe,
28:23 que ce soit l'Oreal et le VMH,
28:25 ou les grandes valeurs comme Air Liquide,
28:27 ça surperforme le CAC sur le long terme.
28:29 Donc la cherté d'une valeur ne fait pas forcément
28:33 son inintérêt pour le marché actions.
28:35 C'est juste que de temps en temps,
28:37 il faut en avoir un peu plus
28:38 quand les valorisations sont plus faibles
28:40 et quand elles sont à des niveaux extrêmement élevés
28:43 comme on a eu, on peut se poser des questions
28:45 pour les alléger, mais il faut toujours les garder en tête.
28:47 - Et là, on est dans quel cadre ?
28:50 - Là, aujourd'hui, clairement pour les valeurs de luxe,
28:52 on est plutôt à réduire la pondération des valeurs de luxe.
28:54 Pour une raison aussi pragmatique,
28:57 on a une zone qui est importante pour les valeurs de luxe,
29:00 qui est l'Asie et la Chine, qui n'arrivent pas à redémarrer.
29:02 Donc si on est logique, on en garde, mais moins qu'avant.
29:06 - Christophe, je vous ramène à la macro américaine.
29:08 On verra ce soir comment se terminent ou pas
29:13 les négociations avec le syndicat automobile américain
29:16 et les grands de Détroit.
29:18 Il y a ce risque de grève, tout le monde a fait des calculs
29:21 parce que ça pourrait être une grève massive historique,
29:24 un peu synchrone chez les usines clés
29:27 des trois grands constructeurs américains.
29:29 On reparle d'un risque de "government shutdown",
29:33 il faut se mettre d'accord sur le budget de l'exercice fiscal
29:35 à venir aux Etats-Unis, qui sera en plus une année d'élection.
29:38 Il y avait les remboursements des prêts étudiants
29:42 qui étaient suspendus, c'est ça qu'ils vont devoir reprendre.
29:44 Tous ces petits phénomènes mis bout à bout, ces risques,
29:47 en tout cas, comment vous les évaluez aujourd'hui ?
29:50 Ça peut avoir des impacts ?
29:51 Est-ce que c'est un "game changer" pour la trajectoire
29:53 de la croissance américaine l'an prochain ?
29:55 L'idée c'est, pour la première fois depuis très longtemps,
30:00 il y a un vrai risque au quatrième trimestre,
30:02 surtout parce qu'on va avoir un très bon troisième trimestre,
30:05 il y a un vrai risque d'avoir un PIB négatif à un moment,
30:08 pour des raisons qui sont diverses et variées.
30:12 La grève automobile en fait partie, surtout si elle dure,
30:15 parce que le coût est exponentiel.
30:17 Donc, il faudra quand même suivre un petit peu.
30:19 Le gouvernement de shutdown, évidemment,
30:21 mais je pense qu'à partir du quatrième trimestre,
30:23 le vrai test, c'est le consommateur américain.
30:26 Les dépenses de consommation aujourd'hui,
30:28 elles ont été soutenues depuis maintenant plusieurs mois
30:33 par l'épargne excédentaire accumulée pendant le Covid
30:37 qui arrive à échéance.
30:39 Le crédit qui avait explosé, notamment le crédit revolving,
30:42 sur lequel les conditions de crédit sont,
30:44 on va dire, beaucoup plus difficiles.
30:48 Et on a des taux d'intérêt qui sont supérieurs à 22%.
30:52 Donc, on est dans une phase où, en plus,
30:54 on a la charge de ces taux d'intérêt
30:55 qui pèsent sur le budget des ménages.
30:59 Plus, comme on en a parlé au début de l'émission,
31:02 prix de l'essence qui explose.
31:04 Donc, à part un mètre constant,
31:05 ça va forcément impacter la dépense réelle.
31:09 Si on rajoute les intérêts d'emprunt sur les prêts lituviens,
31:12 donc ça rajoute une couche encore supplémentaire.
31:16 Et ensuite, sur le marché de l'emploi,
31:17 même si le marché de l'emploi se tient,
31:20 on est quand même sur une décélération.
31:22 Avant, c'était 400 000 créations par mois.
31:24 Là, on est plutôt en dessous des 200 000.
31:26 Donc, les effets positifs ont eu tendance,
31:31 je dirais, à se normaliser,
31:33 même s'ils sont encore plutôt bons.
31:36 Et on a tout un tas de facteurs négatifs qui arrivent maintenant.
31:41 Donc, on a un vrai test.
31:42 Et sachant que la conso a été artificiellement poussée,
31:45 quand même, juillet et août,
31:47 sur des effets température favorable,
31:50 sur les concerts Beyoncé et Taylor Swift.
31:54 Et l'impact est super important,
31:55 parce qu'on ne se rend pas compte.
31:57 - Deux films au cinéma et une série de concerts de Taylor Swift et Beyoncé,
32:00 ça fait le PIB américain.
32:03 Non, mais c'est génial.
32:04 C'est l'économie du loisir.
32:07 - Non, mais l'impact est significatif.
32:10 - Et une journée de soldes chez Amazon.
32:14 - Et les températures favorables.
32:17 - Donc, ils boostent à la fois toute la partie conso, donc hospitalité,
32:23 et tout ce qui va être consommation d'énergie.
32:26 Donc, on a eu plein de petits effets favorables au T3.
32:30 On sait qu'ils ne vont pas se renouveler,
32:31 voire que la simple normalisation crée un effet de base négatif,
32:35 plus les autres paramètres autour.
32:37 Donc, le vrai test, en fait, de la croissance US,
32:40 il arrive au T4.
32:42 Et après, sur toute la partie investissement,
32:44 il y a les taux d'intérêt, le durcissement des conditions de crédit.
32:47 On sait que c'est un effet qui va avoir un retard de quatre trimestres.
32:52 Donc, pareil, le T4, on rentre en plein dedans.
32:54 Et sachant que si on regarde la croissance du crédit
32:58 aux boîtes commerciales et industrielles,
33:01 elle était déjà très légèrement négative en rythme manuel.
33:03 Et elle est attendue entre -5 et -10 en rythme manuel au T4.
33:07 Donc, ça, ça aura un impact sur les dépenses d'investissement.
33:10 Bon, il y a quand même un déficit américain à 6% et plus, peut-être,
33:16 cette année et encore sans doute l'an prochain aussi, Christophe.
33:19 Une partie de la surcroissance vient aussi du déficit
33:22 et de tout ce qui a été stimulé, l'investissement non résidentiel,
33:27 notamment dans les infrastructures.
33:28 Ce sera un soutien moins important l'an prochain ?
33:30 On commence, sur les rythmes mensuels, on commence à plafonner,
33:33 alors qu'à un moment, on était sur des progressions de 5 à 10%.
33:37 Malik, la Chine, j'ai pensé à vous l'autre jour,
33:40 enfin, le sondage mensuel de BOFA réalisé auprès des gérants
33:45 et des gestionnaires d'actifs, je crois que je n'ai jamais vu ça.
33:49 Est-ce que vous pensez que la croissance chinoise va s'améliorer
33:52 dans les 12 prochains mois ?
33:54 Personne, personne n'y croit.
33:56 100% des gens pensent que la croissance chinoise
33:59 ne s'améliorera pas dans les 12 prochains mois.
34:01 0% pensent donc que la croissance ne va pas s'améliorer en Chine
34:05 dans les 12 prochains mois.
34:06 C'est hautement consensuel quand même.
34:09 Et là, je me suis dit, ce n'est pas possible.
34:10 C'est vraiment consensuel.
34:12 Oui, c'est tout à fait, je l'ai vu.
34:14 Et puis, il y a eu aussi des chiffres sur les sorties de capitaux
34:20 qui se montaient à plus de 15 milliards
34:23 au cours du deuxième trimestre de l'année.
34:28 Sur la Chine, je maintiens ma position en disant que
34:34 les mesurettes...
34:36 - Sans piles. - Sans piles, exactement.
34:37 Mais 25 points de baisse de baisse de taux de...
34:39 Ça marche de baisse de réserve obligatoire pour les banques.
34:43 Le bazooka n'est pas sorti encore, peut-être qu'il ne le sera pas sorti.
34:47 Mais pour l'instant, on voit que les choses se stabilisent plutôt.
34:51 Donc, moi, boursièrement parlant, je pense qu'il y aura un rallye.
34:56 Rien qu'une stabilisation et du sentiment même,
34:59 j'allais dire général, sur la Chine,
35:00 vu la valorisation des marchés d'action chinois,
35:02 ça peut déclencher quelque chose.
35:04 Ça peut déclencher quelque chose et je pense qu'on l'aura.
35:07 Après, il faudra peut-être réfléchir et peut-être sortir du marché à ce moment-là.
35:11 Mais pour l'instant, oui, je reste positionné.
35:14 Et ce qui permettrait aussi de donner un coup de pouce aussi aux autres pays émergents.
35:19 Parce que c'est des actifs qui sont intéressants mais qui restent en retard.
35:23 À part l'Amérique latine, elle qui a bénéficié, bien entendu,
35:26 à la fois de la baisse des taux qui a été enclenchée dans plusieurs pays,
35:29 mais aussi par la remontée des prix des matières premières, bien entendu.
35:34 Il manque la baisse du dollar, quand même,
35:35 comme facteur de vrai soutien pour une surperformance des émergents face aux développés.
35:40 Vous avez tout à fait raison.
35:41 On commence à avoir les matières premières, mais il manque la baisse du dollar.
35:44 Oui, mais elle n'arrivera pas pour le moment.
35:46 Et je pense que, malgré cela, les marchés émergents ont résisté.
35:52 Ils n'ont pas baissé au cours des deux derniers mois.
35:56 Et on fait jeu égal avec le marché américain, un peu mieux que le marché européen.
36:01 Donc voilà un repositionnement sur ces marchés.
36:05 Le marché américain reste, bien entendu, le marché préféré pour le moment,
36:09 avec le Japon, qui bénéficie là aussi de la dépréciation du yén,
36:15 même si on peut s'attendre à ce que, après les déclarations du président de la Banque centrale japonaise,
36:21 ce soit une modification.
36:22 Mais on ne s'y attend pas vraiment.
36:24 Ils ne vont pas, maintenant, parce que je pense que ça aurait des ondes de chocs.
36:28 Maintenant que la Fed et la BCE s'arrêtent,
36:30 vous pensez que pour la Boche, ça y est, elle pourra passer son tour éternellement ?
36:34 Non, pas éternellement, mais elle pourra prendre un peu plus de temps pour ajuster sa politique monétaire
36:38 en regardant est-ce que vraiment l'inflation...
36:40 Parce qu'en fait, leur sujet, c'est de savoir si vraiment l'inflation est durable,
36:44 est soutenable et repasser au-dessus...
36:46 Après 30 ans de déflation ?
36:47 Exactement, au-dessus des 2 %.
36:49 Donc pour l'instant, on reste positionné sur la Boche d'Action,
36:52 avec des préférences pour le Japon, les États-Unis en premier lieu,
36:55 le Japon et ensuite se positionner un peu sur la Chine, toujours avoir des positions sur la Chine.
37:01 Oui, c'est assez pro-cycle quand même, je trouve, dans l'idée, ce n'est pas du "risk-off".
37:07 Non, on n'en est pas au "risk-off" pour l'instant.
37:09 Emric, je voulais bien qu'on dise un mot.
37:11 Alors, j'attendais de voir si on avait la cotation de Armholding,
37:14 mais sur le marché américain, je crois qu'on ne l'a pas encore.
37:17 Mais les indications que je regardais avant de prendre l'antenne tout à l'heure,
37:20 c'était quand même l'idée d'une hausse entre 15 et 20 %, 18 % peut-être.
37:25 Bon, ça peut bouger très très vite.
37:27 C'est quand même la plus grosse introduction en Bourse de l'année,
37:30 regardée par tout le monde, parce qu'en plus, secteur clé des semi-conducteurs,
37:34 un architecte des puces et de l'industrie des semi-conducteurs.
37:40 Est-ce que ça vous intéresse ? L'opération en tant que telle et Arm vous intéresse ?
37:43 Bien sûr, bien sûr, parce que c'est un secteur clé, un secteur incroyable,
37:47 une société qui est extrêmement chère, là encore.
37:50 On en parlait tout à l'heure des sociétés chères, mais celle-là est extrêmement chère.
37:53 Une société dans le secteur, c'est plutôt entre 12 et 15 fois le chiffre d'affaires.
37:57 Là, on est au-dessus de 20 fois.
37:58 Donc, on est quand même dans le très très haut en termes de valorisation,
38:03 mais avec une croissance, on parle de quasiment 100 % de croissance quand même pour l'année prochaine.
38:08 Donc, on est vraiment dans l'hyper croissance, dans les sociétés qui sont finalement pas forcément consensuelles.
38:17 Parce qu'aujourd'hui, on est aussi sur des sociétés qui sont des leaders,
38:22 pas monopoles, mais pas loin, avec une part de marché exceptionnelle.
38:25 On voit tout ce qui se passe autour des procès, autour d'Alphabet aujourd'hui.
38:29 Donc, on sait que ce sont des sujets qui sont aujourd'hui tout en haut de la pile aux États-Unis.
38:34 Donc, là aussi, c'est des sociétés qu'on regarde,
38:38 dans lesquelles on est prêt quand même à s'intéresser pour rentrer sur ce genre de société,
38:44 avec des toutes petites tailles évidemment à cause de la valorisation.
38:47 Mais ça reste quand même des leaders qu'il faut regarder, parce que derrière, il y a quand même du chiffre d'affaires.
38:52 Donc, c'est pas une petite startup qu'on valorise à un niveau exceptionnel.
38:57 C'est une vraie entreprise qui fonctionne, qui finalement est un acteur clé du secteur qu'il faut avoir.
39:05 Donc, c'est pour ça qu'on est plutôt, si on a une hausse et une stabilisation du cours,
39:12 à vouloir éventuellement rentrer des petites positions sur ce genre de valeur.
39:18 Après, ça risque d'être extrêmement volatile dans les premiers jours de cotation.
39:22 C'est pour ça qu'on va prendre un petit peu notre temps.
39:25 - Il y a différentes stratégies quand on a une introduction.
39:28 Bon, soit on est servi à l'introduction, donc très bien, tant mieux.
39:31 - Habituellement, quand on est européen et qu'on a une introduction de ce type,
39:35 et qu'on a des titres, c'est pas forcément un très bon signe.
39:40 - C'est que ça s'est mal vendu.
39:42 - Quand ça arrive jusqu'à nous, c'est que forcément...
39:46 - C'est que la moye n'en ont pas voulu.
39:48 - C'est plutôt qu'on a... C'est pour ça que dans ce genre de situation,
39:51 on préfère pas faire de demande à l'IPO.
39:53 On préfère voir, attendre.
39:55 Pour les premiers jours, c'est juste du trading,
39:57 pour essayer d'engranger du gain, ce qu'on appelle le gain...
40:01 - Non, mais ça permet de tester un peu.
40:03 Faut-il encore tester l'appétit du marché pour l'intelligence artificielle générative,
40:07 qui a été le thème de cette année 2023 ?
40:10 Mais ce sera un test de plus, quoi.
40:12 - C'est un acteur clé, donc pour le coup, il faut s'y intéresser.
40:15 Et une fois qu'on aura un peu de stabilisation sur le cours,
40:18 là, on va voir, à un moment donné, un peu plus d'écrit sur la société,
40:23 et on pourra éventuellement constituer des vraies positions là-dessus.
40:26 - Bon, on suivra effectivement Armholding.
40:30 Un mot encore, peut-être, alors...
40:34 Sur la Chine, effectivement, Christophe, avec vous,
40:39 qu'est-ce que vous attendez à court terme, là, dans une vision de conjoncturiste ?
40:44 Sur l'horizon de temps avec lequel vous êtes le plus confortable,
40:47 pour essayer de comprendre et nous dire ce qui peut se passer en Chine, là, d'ici la fin de l'année ?
40:52 Il y a un plénum, je crois, qui se tient au mois d'octobre,
40:55 toujours un grand rendez-vous important,
40:57 qui peut être le moment aussi d'une accélération, peut-être, des mesures de soutien.
41:03 - Alors, dans les faits, moi, ils m'ont beaucoup fait peur, surtout juillet et août,
41:11 essentiellement parce que le gros point fait, c'est toujours la même chose,
41:15 c'est le marché immobilier, qui l'a tenu approximativement jusqu'au mois de juin.
41:21 Et là, on a vu les ventes rechuter, les prix rechuter.
41:25 Le vrai problème de fond, c'est que...
41:29 On sait que les ménages chinois, au moins 60% de leur richesse,
41:34 un peu plus, se trouvent dans l'immobilier, contre 30% aux États-Unis, pour un ordre de comparaison.
41:41 Donc dès que l'immobilier va mal, ça pèse derrière sur la consommation chinoise.
41:45 Donc c'est un effet direct, mais aussi indirect, mais assez rapide.
41:48 Le problème des promoteurs immobiliers, c'est que si on regarde un petit peu les chiffres et qu'on extrapole,
41:54 ceux qui sont sous pression, ils ont un besoin de financement de l'équivalent de 15% du PIB d'ici la fin de l'année.
42:01 Et même, techniquement, l'État chinois ne peut ou ne voudra pas y aller.
42:07 Donc un énorme risque à paramètres constants.
42:11 On savait qu'ils allaient intervenir, enfin on l'espérait surtout.
42:15 Sur l'immobilier, c'est quand même pas négligeable, la somme des mesures.
42:20 Parce que baisser le taux d'emprunt sur des mortgages existants...
42:23 - Le stock, oui, c'est ça ! On avait même du mal à le croire !
42:26 - L'effet signal est quand même assez gros.
42:29 Baisser de 10 points l'apport sur résidence principale et secondaire, c'est pas non plus négligeable.
42:37 Et après, il y a une volonté nationale, mais aussi maintenant sur quasiment toutes les villes,
42:41 c'est d'enlever toutes les mesures de restriction qu'ils avaient appliquées.
42:44 Donc je pense que ça va être suffisant pour avoir un rebond des ventes d'une part, et au moins une stabilité des prix.
42:51 On sait qu'ils ont une marge de manœuvre, parce qu'ils ont créé un fonds dédié pour l'immobilier.
42:55 Ils ont quasiment rien dépensé. Donc à mon avis, ça va être fait d'ici la fin de l'année,
43:00 puisque les besoins des promoteurs restent à mon avis assez élevés,
43:05 même si on anticipe un peu un rebond des prix et des ventes.
43:09 Donc j'aurais plutôt tendance à dire qu'on va être sur une stabilité de l'activité,
43:15 voire un très léger rebond grâce à ces mesures.
43:18 En plus, beaucoup de liquidités injectées, redémarrage des prêts,
43:23 parce qu'il suffit de forcer les banques à prêter si ça peut marcher.
43:28 Maintenant, le problème, il reste structurel.
43:31 — Oui, oui, oui, sur le long terme, non, non. D'accord.
43:33 — Mais sur du très court terme, on peut se dire qu'il y aura de la volatilité,
43:39 mais ils ont bien conscience du problème. Maintenant, je crois pas au bazooka,
43:43 parce que qui dit bazooka dit que ça aura des résultats positifs sur d'autres pays.
43:47 Et ils ne font plus du tout ça depuis 2018.
43:50 — Ça reste tactique, maintenant, la Chine. On l'a compris comme ça. On verra.
43:54 Ce sera peut-être l'invité de la fin d'année 2023.
43:57 — Mais en termes de marché, je suis assez d'accord que là, on a peut-être une bonne fenêtre de tir.
44:02 — On verra si les marchés chinois s'invitent dans le jeu des marchés globaux d'ici la fin de l'année 2023.
44:10 Merci beaucoup, messieurs. Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
44:13 Christophe Barraud, Market Securities, Emeric Didet, Pergam et Malika Duc, CPR Asset Management.
44:19 (Générique)
44:29 — Le dernier quart d'heure de Smartbourg chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
44:33 Le thème ce soir, c'est celui des politiques monétaires et des décisions de banque centrale,
44:37 avec les enseignements de la décision de la BCE rendues ce jeudi 14 septembre.
44:41 Et un coup d'œil sur les enjeux pour la prochaine décision de la Réserve fédérale américaine la semaine prochaine,
44:49 mercredi 20 septembre. Gilles Mouecq est avec nous en visioconférence, chef économiste du groupe AXA.
44:54 Bonjour et bienvenue, Gilles. Merci beaucoup d'être avec nous.
44:58 Du point de vue de la BCE, donc, la question n'est plus celle du niveau des taux du recteur, mais de la durée.
45:04 Est-ce qu'on en est là aujourd'hui, ce soir, après la conférence de presse de Christine Lagarde, Gilles ?
45:09 Oui, au moins, c'est clair. Ce qui a été le plus surprenant dans la conférence de presse aujourd'hui,
45:15 c'est la clarté avec laquelle la BCE nous dit que, sauf accident, a priori, on est bon.
45:21 A priori, on a atteint le niveau des taux qu'ils jugent suffisamment restrictif pour ramener,
45:27 en temps voulu, une inflation de 22 %. Moi, je n'attendais pas une telle clarté.
45:34 Et cette idée que le pic a été atteint, ce n'est pas un message ambigüe, c'est un message assez clair,
45:39 même si la BCE se donne évidemment toujours le droit de revenir là-dessus en étudiant les données.
45:44 C'est ce qui permet, aux yeux du marché, d'effacer complètement l'effet de la hausse des taux,
45:51 qui, encore il y a quelques jours, paraissait comme très peu vraisemblable.
45:55 Donc, on a une BCE qui est confortable, en gros, avec le niveau des taux.
46:00 C'est quand même un message important.
46:04 Combien de temps peut-il durer le "higher for longer", Gilles ?
46:12 À quelle vitesse la politique monétaire se transmet en zone euro ?
46:15 On comprend qu'elle se transmet peut-être plus vite que ce qu'on pouvait imaginer au départ.
46:19 Même des économistes qui imaginent que ça se transmet plus vite en zone euro qu'aux États-Unis,
46:24 ce qui n'était pas forcément intuitif au début.
46:28 Quelle durée de maintien à ce niveau de taux directeur
46:33 est-ce qu'il faut envisager, avoir en tête, pour que la BCE soit définitivement confortable
46:38 avec l'idée d'un retour à l'objectif de 2% d'inflation,
46:41 qu'on ne voit pas d'ailleurs dans les nouvelles projections ?
46:46 Il faut en dire deux choses.
46:49 La première, c'est que dans les projections de la BCE, ce qui est intéressant,
46:53 c'est qu'en moyenne annuelle, même en 2025, on n'y est pas à 2% d'inflation.
46:59 En revanche, lorsqu'on s'intéresse à la prévision à la fin 2025, on y est.
47:04 Le message de la BCE est important de ce point de vue-là.
47:07 Elle considère bien qu'en cohérence avec ce qu'elle dit sur le niveau des taux,
47:11 on a atteint un niveau de restriction suffisant pour aller vers 2% sur la forme d'horizon prévu.
47:17 Deuxième point, on a quand même une Banque centrale, avec Christine Lagarde,
47:21 qui refuse absolument d'élaborer sur la question du "quand" et du "comment"
47:27 de la première baisse des taux pour aller vite.
47:29 Et ça, c'est normal parce que la BCE, franchement, n'en sait rien,
47:32 elle verra ce qu'il y a dans les données.
47:34 Sur la transmission de la politique monétaire,
47:36 je ne suis pas absolument d'accord avec cette idée que la transmission de la politique monétaire
47:39 est nécessairement plus rapide dans la zone euro qu'aux États-Unis.
47:44 Parce que ce qui intervient rapidement, ce qui est tangible, ce qui est absolument indéniable,
47:49 c'est que la hausse des taux directeurs se traduit bien par une baisse du crédit,
47:54 par une augmentation des taux bancaires.
47:56 De ce point de vue-là, la transmission fonctionne parfaitement, normalement.
47:59 En revanche, ce qu'il manque, et ça c'est une différence entre l'Europe et les États-Unis,
48:03 c'est qu'il n'y a pas pour l'instant de transmission de ce ralentissement de l'activité économique
48:08 qui est pourtant très marqué, au comportement de prix, et en particulier au marché du travail.
48:13 Et c'est ça le problème de la BCE.
48:15 C'est-à-dire qu'elle est rassurée par le fait que, oui, les banques font le boulot
48:19 de transmettre les messages sur les taux et restreignent effectivement les crédits, ça, ça marche.
48:25 Mais pour l'instant, on n'a toujours pas de signe absolument tangible
48:28 que ça aboutit effectivement à un ralentissement d'impressions sur les centres.
48:32 Ce n'est pas les 20 points de base d'amélioration du mois d'août qui a pu les rassurer.
48:36 Donc, quelle est la chance de tempérer l'impatience des marchés
48:40 qui voudraient bien des baisses de temps le plus vite possible ?
48:42 Ça, ça me paraît parfaitement logique, parce qu'encore une fois,
48:45 pour l'instant, sur la frontière de l'inflation, on ne voit pas grand-chose.
48:48 Un mot de la situation américaine, Gilles, avant la décision de la Fed la semaine prochaine
48:55 qui s'annonce comme une confirmation de la pause de la réserve fédérale américaine.
49:00 On a eu les ventes au détail du mois d'août publiées en début d'après-midi.
49:06 Et puis surtout, le dernier rapport sur l'inflation, le CPI du mois d'août.
49:12 L'inflation cœur aux États-Unis sur les trois derniers mois, en rythme annualisé, est à 2,4%, je crois, Gilles.
49:19 La dernière marque du taux de chômage a été de 3,8%.
49:24 Est-ce que c'est le soft lending historique dont rêvent Jérôme Powell et la réserve fédérale américaine ?
49:30 Ou est-ce qu'il faut encore se méfier avec l'idée que ça puisse être un mirage peut-être temporaire ?
49:37 Il faut se méfier d'abord parce que sur les données d'inflation, on a quand même quelques signaux un peu embêtants
49:44 qui nous dirait que cette désinflation qui a été effectivement assez marquée depuis quelques mois, marquerait un temps d'arrêt.
49:52 Donc attention.
49:53 Il n'est pas complètement évident que la Fed pourrait facilement maintenir un discours aussi doviche que cela,
49:59 quand il y a eu le flux de nouvelles qui arrivent maintenant sur l'inflation.
50:02 On a eu des chiffres de prix à la production, par exemple, qui étaient un peu élevés.
50:05 C'est surtout de l'énergie, c'est surtout ce qui se passe dans le complexe carburant.
50:08 Mais quand même, c'est une pression inflationniste qui réapparaît.
50:12 Et sur le fait qu'on pourrait atterrir en termes d'inflation sans passer par une phase de casse un peu désagréable sur l'économie réelle,
50:21 je rappellerai une seule chose, que oui, ça fait longtemps que la Fed a commencé à relever ses taux.
50:26 Donc on pourrait se dire que dans les délais normaux de transmission de la politique monétaire,
50:30 on devrait déjà voir les effets négatifs sur la croissance.
50:33 S'ils ne sont pas là, c'est peut-être qu'il se passe quelque chose de très spécifique.
50:37 Attention quand même, parce qu'on est parti de très bas,
50:40 et la Fed n'a atteint le niveau d'équilibre des taux d'intérêt qu'à l'automne de l'année dernière.
50:46 Donc on est encore dans le temps de transmission possible,
50:51 avant que l'économie commence vraiment à ralentir sous l'effet de la hausse des taux accumulés.
50:56 Donc moi, je reste quand même assez, pas dubitatif, mais je reste prudent sur cette idée
51:03 qu'on va tranquillement vers un soft landing, même si c'est vrai,
51:07 force est de constater que les données résistent, elles résistent mieux que dans la zone euro.
51:12 Mais rendez-vous la fin de l'année quand même.
51:14 Après un troisième trimestre en termes de croissance qui s'annonce encore assez spectaculaire,
51:19 Gilles, sans doute, au-delà du potentiel,
51:22 ce n'est pas impossible d'imaginer que le chiffre de croissance du PIB aux Etats-Unis
51:27 pour le quatrième trimestre commence avec un petit moins devant, Gilles ?
51:32 Voilà, c'est nous, on garde l'hypothèse que le T4 pourrait être négatif.
51:36 Alors je sais, on s'est trompé sur le trimestre d'avant,
51:40 et donc on peut être tenté de lâcher l'affaire et de considérer que oui,
51:46 cette fois-ci, pour des raisons miraculeuses, la croissance américaine résisterait complètement.
51:50 Ça ne s'est produit qu'une fois, en 1994, dans des conditions extrêmement spécifiques.
51:56 Donc voilà, je reste au grognon.
51:58 Merci beaucoup Gilles, merci pour cet éclairage sur les décisions de Banque Centrale,
52:03 celles de l'ABC aujourd'hui et celles à venir de la Réserve fédérale américaine la semaine prochaine.
52:08 C'est Moïc qui est avec nous à distance, chef économiste du groupe AXA.
52:12 Pour conclure cette émission ce soir, c'était le quart d'heure thématique de Smart Bourse,
52:17 avec une journée sur les marchés qui se terminera plutôt bien pour les marchés actions en Europe.
52:22 On a des hausses de 1% et plus pour les indices actions européens ce soir en clôture,
52:26 après la décision de la Banque Centrale européenne de relever peut-être une dernière fois ses taux directeurs de 25 points de base.
52:33 Smart Bourse est à retrouver évidemment chaque jour du lundi au vendredi sur Bsmart à 17h
52:38 et en replay sur bsmart.fr ou en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
52:43 [Musique]

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