• il y a 4 mois
Jeudi 11 juillet 2024, SMART BOURSE reçoit Alexandre Taieb (Gérant-analyste, Sycomore AM) , François Collet (Directeur adjoint de la gestion, DNCA Investments) , Alain du Brusle (Directeur de la gestion, Claresco) et Gilles Moëc (Chef économiste, Groupe Axa)

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bismarck pour rester à l'écoute
00:12des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez en direct sur Bismarck
00:16TV, émission que vous retrouvez chaque soir dans la foulée en replay sur Bismarck.fr
00:20ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:23Au sommaire de cette édition ce soir, l'inflation américaine comme juge de paix aujourd'hui
00:28sur les marchés avec un chiffre qui plaît aux investisseurs et qui devra plaire également
00:34sans doute à la réserve fédérale américaine puisque pour le deuxième mois consécutif
00:37on a une véritable surprise à la baisse sur l'inflation globale annuelle aux Etats-Unis
00:44à 3% sur un an pour le mois de juin et même si on regarde stricto sensu la dynamique du
00:49mois de juin, il n'y a pas eu d'inflation aux Etats-Unis, on a même un recul de 0,1%
00:55en moyenne des prix sur un mois aux Etats-Unis, c'est la première fois qu'on observe ce
01:00print, cette marque négative sur un mois depuis l'année 2020 et la post-pandémie
01:06ou en tout cas le choc pandémique de 2020.
01:09Ce rapport ouvre la voie ou confirme l'idée d'une baisse de taux prochaine du côté
01:14de la réserve fédérale américaine, la probabilité maximale étant pour l'instant située pour
01:19la réunion du mois de septembre.
01:21Des discussions à suivre avec nos invités sur l'état de santé de l'économie américaine
01:26et les marges de manœuvre de la réserve fédérale américaine pour de futures baisses
01:31de taux.
01:32Du côté des entreprises, on démarre la saison de publication de résultats avec des nouvelles
01:39qui ne sont pas franchement bonnes du côté de PepsiCo ou encore de Delta Airlines, PepsiCo
01:45qui voit effectivement la demande calée face à la hausse des prix, PepsiCo qui ajuste
01:50ses prévisions de revenus sur son exercice en cours et puis chez Delta Airlines, là
01:55aussi une publication qui est vraiment mal accueillie par les investisseurs, le groupe
02:01a raté les attentes sur le trimestre en cours et révise également à la baisse sur les
02:06prochains mois.
02:07Vous aurez le détail de ces chiffres dans un instant avec Pauline Grattel, discussion
02:11avec nos invités de Planète Marché et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse,
02:13le quart d'heure thématique, nous reviendrons sur les enjeux de marché face aux incertitudes
02:18ou face aux risques politiques, c'est le chef économiste du groupe AXA, Gilles Mouecq,
02:22qui sera avec nous en visioconférence à partir de 17h45.
02:25Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur
02:39les marchés avec Pauline Grattel.
02:41Bonsoir Pauline.
02:42Bonsoir.
02:43La séquence emploi américain, c'était la séquence inflation américaine, le rendez-vous
02:49du jour évidemment pour tous les investisseurs de la planète.
02:52Oui, une inflation américaine qui ressort inférieure aux attentes et aux mois précédents.
02:56L'inflation du mois de juin ralentit à 3% sur un an, après 3,3% le mois précédent,
03:03sur un mois elle recule de 0,1% alors que le consensus tablait sur une hausse de 0,1%.
03:10L'inflation cœur ressort à 3,3% sur un an en juin alors qu'elle était attendue
03:15en stagnation à 3,4%, sur un mois elle augmente de 0,1%.
03:20Ces chiffres viennent appuyer les propos de Jérôme Powell qui se disait satisfait du
03:26ralentissement de l'inflation et puis ces chiffres rassurent le marché qui espère
03:30maintenant que le président de la Fed gagne en confiance pour entamer une baisse des taux.
03:35Que dire des réactions de marché après la publication de ce rapport mensuel sur l'inflation
03:39aux Etats-Unis ?
03:40Alors après la publication, plusieurs choses à dire, d'abord sur le marché des taux,
03:44le rendement de l'obligation américaine à 10 ans s'est détendu de 10 points de
03:48base en dessous de 4,20%, le rendement de l'obligation américaine à 2 ans chute de
03:5412 points de base aux alentours de 4,50%, effet immédiat également sur le dollar en
04:00baisse face aux grandes devises avec un euro dollar qui a touché 1,09%.
04:06Ensuite sur le marché actions, les bourses américaines ont ouvert en ordre dispersé
04:11sans véritable tendance autour de l'équilibre, à l'inverse en Europe les bourses poursuivent
04:16leur rebond avec un CAC 40 qui repasse au-delà des 7600 points sur fond de stabilité du
04:23marché obligataire et du spread franco-allemand.
04:25Les premières publications de résultats, je le disais en introduction Pauline avec
04:29les chiffres publiés par PepsiCo et Delta Airlines aujourd'hui aux Etats-Unis.
04:34Oui commençons par PepsiCo qui fait état d'un bénéfice net en hausse sur un an, en
04:38revanche le chiffre d'affaires est inférieur aux attentes et le groupe ajuste aussi à
04:43la baisse ses prévisions, le titre étant baisse à l'ouverture de Wall Street.
04:47De son côté Delta Airlines rate sa publication, le groupe anticipe un recul de ses bénéfices
04:53au troisième trimestre et prévient aussi que les voyageurs souhaitent éviter de passer
04:58par Paris le plus possible à cause des Jeux Olympiques ce qui impacte également le chiffre
05:03d'affaires.
05:04La situation est d'ailleurs similaire pour Air France-KLM qui prévenait la semaine
05:08dernière qu'entre juin et août ses revenus seraient impactés de 160 à 180 millions
05:13d'euros.
05:14Le titre de Delta chute de 9% à l'ouverture de Wall Street, dans son sillage Air France-KLM
05:21recule également.
05:22Bon et la saison des résultats qui va évidemment monter en puissance avec d'autres chiffres
05:25attendus demain.
05:26Oui on attend donc ceux de Wells Fargo, JP Morgan et Citigroup notamment.
05:31De côté Macro, les prix à la production industrielle américain du mois de juin seront
05:35publiés et l'estimation finale de l'inflation espagnole et française du mois de juin seront
05:40publiés également.
05:41Tendance mon ami.
05:42Chaque soir, les infos clés du jour sur les marchés avec Pauline Grattel dans Smartbourse
05:46sur Bismarck.
05:47Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:00François Collat est avec nous, le directeur adjoint de la gestion de DNCA.
06:03Bonsoir François.
06:04Bonsoir Grégoire.
06:05Alexandre Tailleb nous accompagne également, gérant chez Sycomore Asset Management.
06:08Bonsoir Alexandre.
06:09Bonsoir Grégoire.
06:10Et Alain Dubrulle avec nous également.
06:11Bonsoir Alain.
06:12Bonsoir Grégoire.
06:13Ravi de vous retrouver, vous êtes directeur de la gestion de Claresco.
06:15Commençons par le chiffre important du jour, l'inflation américaine.
06:20Deux mois de surprise à la baisse sur l'inflation américaine, est-ce que ça permet de restaurer
06:25la confiance qui avait été perdue sur les trois premiers mois de l'année du point
06:29de vue de la réserve fédérale américaine François ? Et est-ce que ça a fini de lever
06:33les derniers obstacles qui permettront à la Fed d'enclencher un mouvement dans les
06:38prochains mois ?
06:39Oui, je pense clairement que c'est un soulagement pour les marchés.
06:43La Fed avait besoin de ce chiffre pour confirmer la désinflation qui est un processus enclenché
06:51depuis maintenant un peu plus d'un an.
06:55On peut toujours regarder dans les détails et c'est ça qui fait l'intérêt de notre métier.
07:01On peut se rendre compte que finalement les chiffres sont effectivement en dessous des
07:08attentes mais très légèrement en dessous des attentes.
07:11On fait moins 0,1, le moins 0,1 c'est moins 0,05 et puis les arrondis aident un petit
07:17peu le print du chiffre mais c'est de bonne augure pour la Fed, tant mieux pour elle.
07:25Ça lui permettra de baisser ses taux.
07:27Ce qu'on voit aussi chez la DNCA, c'est qu'il y a un nouveau pattern de saisonnalité qui
07:36s'est mis en place sur l'inflation américaine, qu'on a globalement des surprises haussières
07:41en début d'année et des surprises un peu moins haussières à partir de la deuxième
07:46partie de l'année.
07:47Mais c'est vrai que c'est de bonne augure pour la Fed et oui, ça devrait ouvrir la
07:53porte à une baisse des taux.
07:55Juillet, ça nous paraît un peu trop tôt.
07:57Pour une question de calendrier, c'est 30 et 31 juillet pour la Fed.
08:04En fait, il y a deux raisons pour lesquelles la Fed pourrait baisser ses taux d'intérêt.
08:10La première, c'est la désinflation et c'est effectivement pour cette raison qu'elle baissera
08:16ses taux d'intérêt.
08:17Et il n'y a pas d'urgence, on a quand même eu quatre chiffres consécutifs trop haut,
08:23on a deux chiffres plus bas, c'est une bonne chose.
08:24Donc ça permet à la Fed de dire qu'elle va baisser ses taux d'intérêt.
08:30Néanmoins, il n'y a aucun caractère d'urgence à le faire.
08:33L'économie américaine n'est pas au bord de la récession et ça, c'est la deuxième
08:37raison pour laquelle la Fed pourrait être amenée à baisser ses taux, c'est si on
08:39avait des craintes de récession, d'envolée du chômage.
08:44Oui, là, on aurait eu urgence à baisser les taux, à faire éventuellement des mouvements
08:48de 50 points de base, mais on n'en est pas à ce niveau-là, c'est important de pré-annoncer
08:54les choses.
08:55Donc oui, Jérôme Powell va nous annoncer qu'il baissera les taux, sans doute au mois
09:00de septembre.
09:01À moins d'une catastrophe d'ici la réunion de la fin du mois de juillet, on devrait rester
09:07sur un statut quo.
09:08Vous dites que la Fed à ce stade n'est pas à deux mois près en termes de timing, pour
09:14toujours espérer s'offrir un soft landing de l'activité économique américaine, la
09:19balance des risques reste quand même suffisamment équilibrée, ou est-ce qu'il y a un risque
09:24naissant quand même d'une Fed qui pourrait, le 18 septembre, ce sera la date de la première
09:29baisse de taux de la Fed, de toutes choses égales par ailleurs, qui pourrait à ce moment-là
09:33apparaître un peu en retard peut-être par rapport à la situation de l'inflation et
09:37de l'activité américaine ?
09:38Franchement, 25 BP sur deux mois, ce n'est pas ça qui changera la phase de l'économie
09:44donc je pense vraiment que c'est surtout de la communication vis-à-vis du marché,
09:50on en parlera peut-être des marchés equity tout à l'heure, le S&P est en hausse de 19%
09:55depuis le début de l'année, est-ce qu'ils ont vraiment envie de donner un coup de boost
09:59à ce niveau-là, je ne suis pas certain non plus, donc je pense qu'ils réussissent à
10:05maîtriser parfaitement leur communication, ils réussissent à achever un soft landing,
10:13pourquoi se précipiter ou trop tarder, mais toutes les portes sont ouvertes pour une baisse
10:20des taux au mois de septembre plutôt qu'à la fin du mois de juillet.
10:23C'est sûr que la perte du S&P 500 ne fait pas partie des sujets d'inquiétude, en revanche
10:28ce qui est intéressant, c'est sur la science du jour, c'est de voir que le S&P fait rien,
10:31quand le Russell 2000 et les small cap américaines, elles rebondissent très fortement de 2,5
10:37à 3%, c'est peut-être cette partie-là du marché aussi que la Fed veut pouvoir soulager
10:41à un moment ou à un autre ?
10:42Oui, tout à fait.
10:43Bon, Alexandre, sur cette idée de baisse de taux de la réserve fédérale américaine,
10:49c'était devenu presque l'arlésienne mais là ça semble quand même se confirmer, est-ce
10:54que la Fed est encore dans le bon tempo et si désormais le marché peut assumer l'idée
11:02sérieuse d'une baisse de taux et de quelques baisses de taux à venir, qu'est-ce que ça
11:05change dans la dynamique du marché américain ?
11:07Alors oui, ça se profile bien, je ne vais pas répéter ce qu'il a dit, je suis totalement
11:10d'accord avec ça, ce sera plutôt pour septembre, effectivement, juillet semble un peu tôt
11:15et ça permettra à Jerome Powell d'avoir le temps de la confirmation.
11:18Ce qui est intéressant, c'est de regarder toujours, même sur un mois, à l'intérieur
11:24des composants de l'inflation ce qui baisse et on a enfin le résultat de la moins bonne
11:30macro ou une macro moins en surchauffe avec un ISM des services qui est repassé en contraction
11:36et là on voit que sur l'inflation des services, ça commence à caler un petit peu.
11:39On parlait en préambule de Delta Airlines, on voit des baisses de prix au niveau des
11:44compagnies aériennes, c'est une petite composante mais ça joue, au niveau de l'immobilier,
11:49ce qu'on appelle le shelter, l'immobilier au global, on n'a pas de variations négatives
11:53mais on a une croissance beaucoup moins forte.
11:57Une moindre hausse des prix dans ce domaine-là ?
11:59On est à plus 0,10 sur le côté immobilier, ce qui est la plus grosse composante de l'inflation
12:06et en plus sur l'inflation nominale, on a un effet de base assez sympa sur l'énergie
12:10qui baisse encore de quelques points de pourcentage.
12:13Donc oui, ça lui laisse le temps, ce qui est intéressant, c'est ce que vous avez
12:18dit juste à la fin de votre intervention, c'est comment le marché réagit.
12:22Aujourd'hui c'est intéressant.
12:23Donc là on a une course au Russell.
12:25Nasdaq moins 1 et le Russell fait plus 2, plus 3.
12:27Exactement, et donc on a une course à ce qui est en retard, donc il y a le Russell,
12:31dans le Nasdaq il y a quand même des choses qui montent, c'est tout ce qui est non profitable
12:33tech, donc la tech non profitable.
12:35On a les noms qui sont les plus shortés, qui montent le plus aujourd'hui, donc on
12:41a une espèce de peur de rater le mouvement ou le changement de leadership qui a été
12:47assez brutal je trouve.
12:48On verra si ça se poursuit, mais en termes de marché, comment le marché va réagir,
12:56je pense que globalement c'est positif, c'est-à-dire que les prochaines étapes
12:59ça va être effectivement un Jérôme Powell fin juillet qui est un peu plus doviche, probablement
13:04au niveau de Jackson Hole qui est encore un peu plus doviche, et puis septembre la première
13:07baisse de taux qui amènera peut-être un petit cycle de baisse de taux de 25 points de base
13:11à chaque réunion.
13:12Mais est-ce que paradoxalement ça veut dire que quelques baisses de taux de la Fed ne
13:17soutiendront pas autant le Nasdaq que le Russell 2000 par exemple ?
13:21Non, ça ne soutiendra pas autant le Nasdaq.
13:24On a beaucoup parlé de ces valeurs de croissance qui souffraient pendant la phase de hausse
13:27forcenée des taux directeurs.
13:29Bon, elles rebondissent évidemment très fortement, il n'y a pas de sujet là-dessus,
13:34mais en termes de valorisation, normalement on se dit que ces valeurs-là sont aidées
13:38par des baisses de taux.
13:39Normalement oui, mais il y a quelque chose qui a quand même fortement changé, c'est
13:43que vous avez une concentration de la capitalisation de l'indice Nasdaq sur les 7 magnifiques,
13:50voire sur les GAFA, qui font un peu office.
13:53On le voit d'ailleurs, c'est quand il y a une mauvaise nouvelle que ces valeurs-là
13:56marchent le mieux, donc ils font presque office de valeurs refuges.
13:58Donc si vous avez un marché qui redevient positif, ce n'est pas là-dessus qu'il
14:02ira en priorité, il ira sur d'autres composantes du Nasdaq, mais pas sur celle-là.
14:05C'est un arbitrage, c'est le concours entre ces valeurs dites refuges et le vrai
14:11risk-on qu'on voit aujourd'hui sur les marchés.
14:13Exactement, si vous sortiez de ces grosses capitalisations, vous tirez un peu l'indice
14:16vers le bas.
14:17Bon, qu'est-ce que ça vous inspire ? La confirmation de l'idée que la Fed sera
14:20sans doute en position de baisser ses taux en septembre, ça fait un moment qu'on l'attend
14:24Alain.
14:26Je pense que tout le monde l'attend à l'automne, après il y a eu tellement de
14:29chiffres ces derniers mois qui venaient contredire cette idée que là, c'est vrai que l'inflation,
14:35le marché réagit énormément sur 0 à 1 point au-dessus, 0 à 1 point en dessous
14:38quelque part quand on y réfléchit, c'est quand même incroyable, mais c'est juste
14:42une traduction des espérances, c'est que là, a priori le consensus est que ça baisse
14:46à l'automne, mais là, entre ce qu'a dit Powell il y a deux jours et ça, visiblement,
14:51on peut dire que ça commence à être bon.
14:55Et puis les résultats des entreprises en Europe, je ne suis pas persuadé qu'ils
14:59vont être extraordinaires et peut-être que les Etats-Unis, ça va commencer à plafonner
15:02un petit peu aussi.
15:03Donc tout ça contribue finalement à un ralentissement de l'économie américaine, un ralentissement
15:09de l'inflation américaine, ça peut se retrouver quand même dans des résultats d'entreprises
15:13ou des chiffres d'activités un peu moins bons, un peu moins extraordinaires, mais si
15:17ça reste un peu moins bon, mais sans plus, ça ne viendra que conforter cette idée.
15:22Parce que ce qui pourrait venir contredire la possible baisse des taux, c'est que si
15:26les boîtes continuent à avoir des résultats extraordinaires, on va se dire, ça ne va
15:29pas, elles vont continuer à investir, elles vont continuer à embaucher.
15:31Alors que là, tout va un peu dans le même sens, d'un tassement, on va dire, qui, tant
15:36qu'il est modeste, est plutôt bien vu par les marchés parce qu'il ouvre la voie à
15:39une baisse des taux.
15:40Ce n'est pas un revirement, on n'est pas dans l'idée d'un renversement de l'économie
15:44américaine.
15:45Hébert pourrait être tenté de dire que ça fait tellement longtemps qu'on a des
15:48taux élevés qu'un jour ça va coûter cher, mais en fait la dynamique est quand même très
15:51bonne.
15:52Il y a l'IA, la tech a monté, mais aussi parce qu'il se passe des choses.
15:55Oui, bien sûr.
15:56Donc, je dirais qu'à ce stade, les nouvelles marginalement négatives pour l'activité
16:02sont en fait très bonnes pour les marchés parce que ça ouvre la voie à une baisse
16:06des taux qui n'a, rappelons-le, même pas commencé.
16:09Alors effectivement, après, sur le mix des sociétés, c'est vrai que tout le monde
16:12le dit, mais la hausse du marché, le S&P à plus 15, en fait, le Russell est à zéro
16:16encore depuis le début de l'année.
16:18Et si on enlève un nombre assez limité de grosses capilles, en réalité, il ne s'est
16:21rien passé.
16:22Donc, c'est vrai qu'oubliant les grosses capilles, mais toutes les autres, c'est sûr
16:26que si les taux baissent, elles ont largement de quoi rattraper.
16:30Et on pourrait avoir ce qu'on vient d'avoir depuis le début de cet après-midi, c'est
16:33un peu ce qui s'est passé en novembre.
16:34Si les taux baissent et qu'il n'y a pas de récession ?
16:36Oui, oui.
16:37Si les taux baissent modérément, on pourrait avoir ce qui s'est passé en novembre-décembre.
16:41C'est-à-dire un gros rallye de tous les small mids, toutes les boîtes normales, voire,
16:46et quand on parlait de tech, effectivement, la tech qui perd de l'argent, c'est celle
16:50qui a besoin de se refinancer, c'est elle qui a beaucoup souffert.
16:53On a un fonds innovation qui est pas mal en valeur américaine, mais plutôt sur les valeurs
16:57moyennes.
16:58Et même s'il y a des dynamiques intéressantes, les valeurs moyennes slash qui perdent de
17:02l'argent, donc, qui ont besoin de se refinancer, elles n'ont pas tellement participé au rallye
17:06de début d'année.
17:07Et on est assez convaincus que là, en revanche, dans ce genre de scénario, elles pourraient
17:12bien en profiter.
17:14Les ASML et ENCO, qui étaient encore très forts depuis 15 heures, on sent un retour
17:19de vapeur.
17:20Elles baissent haut légèrement et les gens vont aller chercher plutôt ce qui doit rebondir.
17:24Comment on se positionne, comment on joue l'idée de la baisse de taux aux Etats-Unis ?
17:28Elle a commencé peut-être sur la courbe américaine, sur le marché obligataire.
17:31Qu'est-ce que ça implique pour vous, François ?
17:33Ça implique que les chances courtes sont en train de baisser.
17:37C'est vrai que le rôle du marché est de presser tout tout de suite.
17:41Effectivement, les taux courts, on l'entendait tout à l'heure, baissent de 12 points de base,
17:47alors que les taux longs baissent de 10 points de base.
17:49Donc on voit une légère repentification de la courbe.
17:51On s'attend à ce que cette repentification se poursuive.
17:54La question, c'est de savoir si ce sera par des baisses de taux plus rapides qu'anticipées
18:01ou si ce sera par quelques dérapages politiques sur le plan fiscal
18:08qui font craindre pour la soutenabilité de la dette américaine,
18:12ou un peu les deux.
18:14Les deux ne sont pas incompatibles.
18:16Donc oui, notre idée, c'est qu'on va vers une panticification de la courbe des taux américaines.
18:24On reste assez confiants sur le scénario de croissance.
18:29Oui, on est au soft landing, ça ne fait aucun doute.
18:32Il y a pas mal d'éléments qui nous font penser qu'on ne devrait pas aller vers un hard landing.
18:40La Fed a réussi jusqu'à présent à faire ralentir l'économie.
18:47Elle a énormément de cartouches pour venir aider l'économie
18:49si celle-ci venait à ralentir de manière plus importante.
18:52Les revenus réels sont en augmentation assez significative encore.
18:57Donc on ne voit pas de gros ralentissements.
18:59Sur la courbe des taux d'intérêt, on est assez confiants sur cette panticification à venir.
19:07Pas énormément de risques non plus sur le marché du crédit.
19:11Et puis sur le marché de l'action, une séance comme celle d'aujourd'hui nous fait plaisir.
19:17Effectivement, on s'attend et ça fait peut-être quelques temps déjà qu'on s'y attend.
19:23Donc on a été sans doute un peu trop avant-gardiste là-dessus par rapport au marché
19:30à un rattrapage des petites et des moyennes valeurs.
19:33Toute la partie du marché qui n'a rien fait.
19:34Exactement.
19:35Quand on regarde la valorisation des GAFAM ou de toute une partie de la cote du Nasdaq,
19:43on est sur des niveaux qui sont assez stratosphériques
19:45alors qu'on a toute une partie de la cote qui reste très bon marché.
19:49Donc on va avoir un équilibrage.
19:51Est-ce qu'il aura lieu dans un mois, dans six mois, dans un an ou dans trois ans ?
19:57J'en sais malheureusement rien.
19:59Mais le fait est qu'en tant que gérant de portefeuille,
20:02on doit être positionné sur ce qui nous paraît pour marcher
20:04et que des journées comme celle d'aujourd'hui nous font du bien.
20:08Est-ce qu'il faut imaginer, parce qu'on va être obligé de parler un peu de politique quand même,
20:13sur la politique américaine, si on voit une probabilité montante d'une vague Trump
20:19et quand je dis vague Trump, c'est à la fois la Maison-Blanche mais aussi l'ensemble du Congrès.
20:23À ce stade, c'est quand même là où la probabilité semble la plus importante.
20:27Alexandre, qu'est-ce que ça implique au-delà de la baisse de taux de septembre de la Fed
20:32et est-ce qu'il faut se préparer à une dose de friction, de conflictualité
20:37entre la politique monétaire et une politique budgétaire
20:42telle qu'elle est signalée par Trump et ses équipes en cas de réaccession au pouvoir ?
20:48Je pense.
20:51Ça a très bien été décrit sur la reprentification de la course,
20:54c'est-à-dire que c'est concentré sur un candidat qui est Trump.
20:57Aujourd'hui, c'est que d'un côté, il va peut-être avoir une politique fiscale
21:01jugée irresponsable ou peu responsable par le marché qui va vous faire remonter la partie longue
21:05et de l'autre, il va faire pression sur la Banque centrale pour baisser les taux.
21:09Il l'avait déjà fait lors de son mandat de 2016.
21:12Il fait des critiques publiques de la Fed dès maintenant
21:17alors qu'en général, tacitement, il y a une espèce d'accord entre les politiques.
21:22Il y a un pacte de non-agression.
21:24Il y a un pacte de non-agression entre les deux.
21:26Donc lui, il ne fait absolument pas cas de ce pacte.
21:30Et surtout, il a la possibilité de renouveler, ou pas, Jérôme Poel en 2026.
21:37Donc il a quand même des moyens de pression.
21:41Et on a vu Jérôme Poel déjà craquer sous la pression de Donald Trump.
21:46– Vous parlez de quoi ? 2018 ? 2019 ?
21:49– Alors qu'il n'y avait pas spécialement besoin de baisser les taux à ce moment-là,
21:55de suivre ce que lui disait Trump.
21:58Donc voilà, il y a ce risque-là.
22:00Il y a même certaines rumeurs, je ne vais pas rentrer dans les théories du complot,
22:04mais qui disent qu'il remet en cause l'indépendance.
22:07– Ah oui, central, oui, oui.
22:09– Donc c'est un gros point d'interrogation.
22:12Et c'est un point d'interrogation quand même inquiétant, à mon sens.
22:16Il est nécessaire que la Fed reste indépendante.
22:19Donc on verra à ce moment-là.
22:21– N'importe quelle institution américaine se prépare à quelques coups de boutoir.
22:25Il y aura forcément des coups de boutoir.
22:27– Complètement. Donc ça, à mon sens, c'est le risque principal.
22:30Même si c'est le scénario qui a la plus forte probabilité aujourd'hui,
22:35il n'est pas dit que ce soit Trump qui gagne.
22:38Finalement, cette élection présidentielle, c'est un vote presque pour ou contre Trump.
22:43Et il ne faut pas oublier que, que ce soit Joe Biden ou pas qui se présente,
22:48on le voit encore aujourd'hui, il a un bilan économique qui est très bon.
22:52Donc ça peut jouer en sa faveur ou en faveur du candidat qui le remplacera.
22:59– C'est un problème, là, si le candidat démocrate change en cours de route
23:02dans les deux, trois prochaines semaines ?
23:04Ah non, je ne veux pas vous emmener trop loin dans les sujets politiques,
23:07surtout de politique américaine.
23:08Mais encore une fois, du point de vue du marché des investisseurs,
23:11on voit quand même que le facteur politique est, au moins à court terme, un driver à suivre.
23:16– D'un point de vue strictement économique, Trump, qu'on aime ou qu'on n'aime pas,
23:20il sera toujours pro-business, à mon avis.
23:22Donc quelque part, ça ne peut pas être mauvais pour les marchés si c'est Trump.
23:25Et aujourd'hui, au-delà du programme de Trump, le principal supporter de Trump,
23:29c'est Biden, puisque sa faiblesse, en fait, ne le rend pas éligible.
23:33Donc si jamais il y avait un nouveau candidat,
23:37on pourrait arguer qu'il y ait une sorte de déstabilisation.
23:41Mais en réalité, ça pourrait remettre éventuellement les cartes en jeu.
23:44La question est, qui y mettrait en face ?
23:47C'est Hillary Trump, je ne pense pas.
23:49– Ah oui, il y a Hillary Trump, oui, oui.
23:51– Oui, oui, oui.
23:53– Si c'était Kamala Harris, le vice-président est toujours effacé,
23:58mais elle n'a pas vraiment réussi, j'ai l'impression, sans la transformation de l'essai.
24:02– Si elle avait dû être prête, on l'aurait su.
24:05– Non, je ne sais pas, Jean-Michel Obama, par exemple ?
24:07D'accord, mais ça peut être…
24:09Voilà, c'est le genre de trucs qui peuvent changer éventuellement,
24:11une sorte d'inconnue, enfin, pas inconnue, mais une sorte de…
24:14– Oui, d'incertitude.
24:15– … qui peut changer entre les choses.
24:17À ce stade, pour l'instant, c'est Trump, de toute façon.
24:20– Oui.
24:21– Enfin, le consensus, c'est sur Trump.
24:22– Oui, oui, oui.
24:23– Et sauf miracle, pour l'instant, c'est ça qui va arriver.
24:27– Comment vous voyez, d'ailleurs, les marges de manœuvre de la Fed,
24:30au-delà de septembre et peut-être une autre encore d'ici la fin de l'année ?
24:33Parce que je vois quand même que, là, sur le print, c'est des mouvements de court terme,
24:37mais le marché est tout de suite tenté d'augmenter encore un peu plus
24:40la probabilité, le nombre de baisses de taux qu'on aurait en 2025.
24:43Ça se renforce à chaque fois.
24:46Et c'est vrai qu'il faut imaginer un monde où ce soit possible, quand même, François.
24:51Et je crois que jusqu'au taux terminal, c'est 200 points de base de baisse de taux
24:55qui sont anticipés par le marché, partant de 5,25, 5,50, quoi.
24:59– Oui, tout à fait.
25:00– Il faut les placer, quand même, les 200 BP.
25:02– Oui, bon, ça ne paraît pas impossible.
25:06Si l'inflation retourne vers 2%, il n'y a pas de raison de voir des taux courts américains
25:13qui restent au-delà de 4%.
25:15Ça fait des taux réels de court terme qui seraient un peu trop élevés.
25:19Donc non, vraiment, sur les anticipations de taux courts du marché,
25:24je n'ai pas grand-chose à redire.
25:27– D'accord, c'est en ligne avec ce que vous imaginez.
25:29– C'est en ligne avec ce qu'on imagine.
25:31Bon, après, se posera la question de savoir, effectivement,
25:34si on a les mêmes personnes à la tête de la Fed ou pas.
25:38Je pense que, paradoxalement, si on devait avoir Donald Trump
25:43qui était élu président avec les pleins pouvoirs,
25:47ça pousserait peut-être la Fed à être obligée d'être plus au quiche
25:51parce qu'une politique budgétaire très expansionniste,
25:56parce que peut-être une perte de confiance dans le dollar.
26:00– Dans la monnaie.
26:02– Et qu'il est possible que les marchés américains
26:09soient en train de changer de paradigme
26:12et soient en train de passer d'une réaction ou d'un mode opératoire
26:17qui est celui d'un marché développé vers celui d'un marché émergent.
26:21Et des conflits entre l'exécutif et la banque centrale,
26:27il y en a dans beaucoup de pays émergents.
26:29On le voit au Brésil aujourd'hui,
26:32on l'a vu en Turquie pendant pas mal d'années.
26:36Et on sait qu'il y a le dernier mot infini,
26:39ça reste toujours l'exécutif en général.
26:41Ça n'a pas été le cas dans les pays développés jusqu'à présent
26:45où c'est la banque centrale qui garde la main.
26:48On verra, s'il y a ce switch,
26:51je pense que ce sera quelque chose de très important.
26:54Pour le statut des trésors américains, des trésoristes, du dollar, etc.
26:59C'est la première fois qu'on entend l'idée,
27:01alors ça paraît un peu grossier,
27:03de dire que les États-Unis seront perçus peut-être demain comme des émergents,
27:07pas sur le plan du PIB par habitant, j'imagine,
27:10mais sur la question de l'indépendance, des institutions, des garanties, etc.
27:14Effectivement, il y a des lignes qui vous placent dans un camp ou dans un autre.
27:19On va dire des choses comme ça.
27:21Parlons de l'Europe et de la France.
27:23Comment avez-vous vécu la première séquence,
27:25ce que j'appelle la première séquence avant les rendez-vous de l'automne,
27:28autour, évidemment, de la trajectoire des finances publiques françaises
27:30qui, je le rappelle, continue de s'aggraver sur les 5 premiers mois de l'année.
27:34L'exécution budgétaire est encore pire,
27:37à la marge de ce qu'on a observé sur les 5 premiers mois de 2023.
27:41Le compteur qui tourne, il est là, François.
27:44Le marché, effectivement, attend de voir avec grande sagesse, j'ai envie de dire.
27:51Comment on imagine la suite et est-ce qu'il y a déjà une perte de statut
27:56pour l'OAT française qui est, j'allais dire, presque irrémédiable,
27:59en tout cas qui ne sera pas corrigée dans quelques mois
28:02voire quelques trimestres et même peut-être quelques années ?
28:05Il faut avoir une capacité de projection,
28:09un esprit d'imagination assez important aujourd'hui
28:13quand on regarde la politique française
28:15parce que c'est vrai que d'un jour à l'autre, les choses changent.
28:23On voit beaucoup de gens qui pensent qu'ils ont pu gagner cette élection,
28:28d'autres qui pensent que personne ne l'a gagnée
28:31et in fine, les implications peuvent être importantes sur la trajectoire du déficit.
28:38Néanmoins, indépendamment de la trajectoire à venir,
28:41la trajectoire actuelle est mauvaise,
28:44je pense qu'on s'achemine sans doute vers deux scénarios possibles.
28:50Soit un scénario où le NFP est nommé à la tête d'un gouvernement
28:58qui tiendra le temps qu'il tiendra
29:01mais qui ne sera pas forcément très positif
29:04pour l'évolution des finances publiques françaises.
29:08Soit le NFP n'est pas nommé au pouvoir
29:13et on risque d'avoir quelques débordements sociaux.
29:18Dans les deux cas, on est quand même sur quelque chose de plutôt négatif.
29:23Ce n'est pas du bruit positif, c'est du bruit négatif.
29:27Je pense que l'épée de Damoclès de l'élection présidentielle de 2027,
29:33tout le monde en ligne de mire,
29:36elle pourra éventuellement être avancée cette élection présidentielle.
29:41Il me paraît assez difficile d'imaginer un retour du spread d'Oath et Boon
29:47sur ce qu'il était avant cette séquence.
29:50Il est aujourd'hui, il s'est retiré de quelques points de base
29:54depuis ses plus larges avant le retour.
29:59Mais il faut avoir en tête, moi j'aime bien le regarder,
30:02pas uniquement ce spread d'Oath et Boon,
30:04mais le regarder aussi par rapport au spread BTP Boon,
30:07par rapport au marché TechMitty, par rapport à l'ensemble des casins.
30:10Nos concurrents sont là aujourd'hui, j'ai envie de dire.
30:13Préparez-vous, parce que je vais vous poser la même question,
30:17mais qu'est-ce que vous avez pris comme décision en tant que gestionnaire d'actifs,
30:20de portefeuille, sur la partie obligataire et crédit ?
30:23Vous n'êtes pas obligé de détenir de l'AT,
30:25vous n'êtes pas des investisseurs contraints de ce point de vue-là,
30:27mais quand même, ça fait partie des actifs standards,
30:30dans des allocations.
30:34Quelle décision vous avez prise sur les 2, 3, 4 dernières semaines ?
30:38Nous, on est très prudents sur le marché des OAT.
30:42C'est vrai qu'il y a potentiellement du bruit, de la volatilité à venir,
30:47et malheureusement, on n'est pas suffisamment rémunérés
30:50pour détenir ce risque aujourd'hui,
30:52donc on préfère rester à l'écart du marché des OAT.
30:57Peut-être qu'il y aura des jours meilleurs pour y revenir,
31:01mais aujourd'hui, le pricing de marché ne nous paraît
31:04pas suffisamment représentatif du risque que l'on prend
31:08quand on investit sur la dette de l'État français.
31:11Et sur d'autres actifs français, la partie actions ?
31:13Impossible de ne pas être sur les actions françaises, bien sûr.
31:16Sur la partie actions, c'est un peu différent,
31:18parce que d'une part, les actions françaises
31:21sous-performent quand même très fortement
31:24le reste des actions européennes depuis le début de l'année.
31:27Donc là-dessus, j'ai tendance à dire que la décote s'est produite,
31:32contrairement à ce qu'on voit sur les OAT à l'intérieur du monde souverain,
31:36et ce qu'on voit sur le fixed income de manière générale,
31:39sur le marché obligataire, la dette des entreprises françaises
31:42ne s'est pas détériorée, c'est vraiment la partie actions
31:46qui est assez bon marché aujourd'hui,
31:49et qui offre des opportunités d'investissement,
31:54d'autant plus qu'on est sur les entreprises
31:56qui, pour la plupart, font quand même une partie significative
31:59de leur chiffre d'affaires international.
32:01Même si parfois le code postal peut être un peu pénalisant,
32:04pour les investisseurs globaux qui ne font pas forcément
32:07dans le détail à chaque fois.
32:09Quelle décision vous avez prise chez Sicomore
32:11sur cette situation française spécifique ?
32:15Et est-ce qu'il faut imaginer, moi je me mets toujours
32:18à la place du fonds de pension japonais ou du fonds de pension du Texas,
32:22est-ce qu'on imagine une baisse structurelle
32:25de la place des actifs français dans les allocations globales ?
32:30Si on se met à la place du fonds du Texas,
32:32on peut imaginer ça, effectivement.
32:34Oui, mais c'est quand même ça, 53% de la dette française
32:37est détenue par des non-résidents,
32:39et c'est la veuve d'Osaka et la veuve de Dallas.
32:41Surtout, il y a eu quand même une séquence
32:43où on a pu analyser les flux et voir qui vendait à quel moment.
32:47Donc il y a eu la dissolution, le lundi et le mardi,
32:50c'est globalement les Français et les Européens
32:52qui sortent du marché actions français.
32:55Le mercredi, ça remonte, et le mercredi soir,
32:58il y a l'union de la gauche.
33:00C'est le jeudi que les Américains vendent.
33:02Donc en fait, il est là le sujet.
33:05Est-ce que le NFP va être au pouvoir ou pas ?
33:07Pour l'investisseur global, c'est ça la question ?
33:09Pour l'investisseur global, c'est ça la question.
33:10Est-ce qu'il y a une rupture dans la conduite
33:12de la politique économique française,
33:14ou est-ce qu'on reste dans quelque chose qui navigue à la marche ?
33:16Et c'est même, historiquement, c'est le seul événement
33:19que j'ai trouvé où un facteur politique a un impact
33:22un peu plus long que le court terme.
33:24C'est 1981, l'élection de Mitterrand.
33:26Donc il y a quand même un parallèle.
33:29Sinon, non, c'est-à-dire que dans les scénarios
33:32qui ont été évoqués, ce que je vois,
33:34et en tout cas avec la lettre publique
33:36d'Emmanuel Macron hier,
33:38on peut se dire qu'il va arriver à peu près
33:40à faire une espèce de coalition large,
33:42une espèce de gloubi-boulga
33:44entre le PS et les Républicains,
33:47et nommer un Premier ministre comme ça,
33:50une espèce de droite à la Nicolas Sarkozy,
33:52où vous pouvez avoir un ministre des Affaires étrangères de gauche,
33:55un ministre de l'Intérieur de droite,
33:57et donc ratisser large au moins jusqu'en 2027.
34:00– La question là-dessus, c'est l'attitude de la France insoumise.
34:03– Oui.
34:05– Et ce que vont faire les gens dans la rue derrière ?
34:08Est-ce qu'on va avoir…
34:10– Le risque social, le risque de…
34:12– Justement, s'ils se marginalisent et qu'ils sont définitivement exclus
34:14de l'axe républicain, c'est exactement ce qu'ils recherchaient.
34:16Le problème, c'est qu'aujourd'hui,
34:18les divorces au sein de la gauche, c'est difficile à faire.
34:20– Oui, mais dans un premier temps,
34:22si on a effectivement beaucoup de monde dans la rue,
34:26je ne suis pas sûr que ce soit vu positivement par les marchés
34:30ou même par les chefs d'entreprise.
34:33– Moi, ce qui m'intéresse, si j'étais investisseur obligataire,
34:37c'est quand même de comprendre les garde-fous qu'il y a,
34:39quelle que soit la gouvernance politique demain.
34:42Encore une fois, je veux dire en absolu et en relatif,
34:46la trajectoire de finances publiques françaises est un sujet d'urgence.
34:51La base de négociation que propose Bruxelles,
34:54c'est ce que rapportait Bloomberg ce matin,
34:56c'est plutôt que de revenir sur les 3% en 3 ou 4 ans,
34:59on vous propose de le faire en 7 ans.
35:02Et pour ça, c'est 15 milliards d'euros de correction
35:05de l'exécution budgétaire par an.
35:08Est-ce que ça, c'est quelque chose qui paraît réaliste, réalisable,
35:11quelle que soit la plateforme politique demain ?
35:13Est-ce qu'il y a des garde-fous sérieux
35:15qui permettent d'encadrer ce chemin-là ?
35:17Ou est-ce qu'il faut imaginer que non,
35:19on ira chercher et tester toutes les possibilités
35:23avant de revenir dans ce chemin-là ?
35:25Disons, ça fait à peu près 40 ans qu'on fait un peu n'importe quoi
35:28et que tout le monde s'en fiche.
35:29Oui, mais on avait la stabilité politique
35:31et le poids qui permettaient de s'offrir ce genre de comportement.
35:36Par rapport à ça, je dirais que les 65 bips de spread,
35:40c'est presque comme s'il ne s'était rien passé.
35:42Nous, on est sortis de l'OAT française il y a 6 semaines.
35:44Beaucoup me disent que c'était les 40 BP avant qui étaient anormaux.
35:47On était sortis avant les élections, de toute façon,
35:49avant la dissolution, etc.
35:51Mais je dirais maintenant, il y a deux scénarios,
35:54soit un scénario plutôt NFP.
35:56Oui, on l'a dit.
35:58Là, je pense que ça va aller beaucoup plus bas.
36:00Mais en même temps, ce qui s'est passé en Angleterre
36:02montre bien que s'il y a une perte totale de confiance des marchés,
36:05un gouvernement ne peut pas tenir,
36:07sauf à aimer le Venezuela.
36:09Mais il y a des limites, je pense.
36:11Et puis sinon, ça peut être un gouvernement
36:13un peu plus à droite, avec une certaine orthodoxie budgétaire.
36:15Ça ne plaira pas à LFI,
36:17mais ils seront dans la rue,
36:19mais ce n'est pas ça la République, a priori.
36:21Mais on est sûr de l'orthodoxie budgétaire.
36:23La plateforme du RN...
36:25Enfin, je suis désolé.
36:27Non, pas le RN.
36:29Ce que j'ai aimé dans les élections,
36:31c'est que si le RN
36:33avait été proche de la majorité
36:35sans l'avoir quelque part,
36:37pour faire un arc le républicain contre le RN,
36:39il aurait fallu accepter LFI.
36:41Là, la bonne nouvelle de ces élections,
36:43de mon point de vue d'un point de marché,
36:45c'est qu'on peut faire une majorité sans LFI et le RN.
36:47Après, c'est effectivement très compliqué
36:49d'accoucher de ça, forcément.
36:51Mais à partir du moment où c'est possible,
36:53ça laisse un espoir aux 65 BIP.
36:55Pour moi, les 65 BIP jouent le fait
36:57qu'on va avoir un gouvernement, entre guillemets,
36:59raisonnable, qui fera ce qu'il peut.
37:01Il ne va pas forcément faire une politique
37:03très austère pour réduire la dette,
37:05parce qu'en France, on ne sait pas faire,
37:07mais au moins, il stabiliserait.
37:09Je crois que la demande du marché
37:11qui devra être satisfaite,
37:13ce n'est pas juste de stabiliser.
37:15Pour résumer,
37:17si on avait tué Macron,
37:19il aurait fallu trouver 20 à 30 milliards d'économies.
37:21Et les autres,
37:23ils ne proposent que des dépenses.
37:25Bruxelles nous propose
37:27un plan en 7 ans.
37:29C'est déjà une base de négociation
37:31qui semble intéressante,
37:33sur laquelle il va falloir discuter.
37:35La raison pour laquelle
37:37on est très sympa avec les Etats-Unis
37:39quand ils ont des gros déficits,
37:41c'est qu'ils vont être capables
37:43de nous sortir une croissance inattendue
37:45avec leurs boites de techno.
37:47Il faut aussi que les entreprises
37:49se développent et soient capables
37:51de créer de la richesse.
37:53Il y a peut-être aussi moins de garde-fous
37:55disciplinaires autour de la dette américaine.
37:57Il n'y a pas la procédure de déficit.
37:59Il y a des warnings.
38:01Je reviens sur la question précédente
38:03sur le positionnement.
38:05Il y a un élément qui a été dit
38:07par François juste avant
38:09et qui est intéressant.
38:11Premièrement, on a des opportunités.
38:13Deuxièmement, on a une tendance
38:15qui prévaut depuis le Covid sur le CAC 40
38:17qui n'a absolument pas été remise en cause
38:19par la baisse récente.
38:21Nous, on va se concentrer
38:23sur des entreprises
38:25qui ont un business
38:27essentiellement international,
38:29qui font du rachat d'actions.
38:31Souvent, c'est annoncé.
38:33On pense que c'est un peu plus sécuritaire
38:35au moins en transition
38:37avant qu'il y ait un nouvel élan
38:39un peu plus positif.
38:41Le côté positif que je retiens
38:43de cette dissolution,
38:45c'est que ça a mis en lumière
38:47le problème du budget français
38:49beaucoup plus qu'avant.
38:51Même si on n'avait pas eu
38:53la dissolution de l'Assemblée,
38:55il faut quand même savoir
38:57que sur les trois dernières années
38:59de son mandat, il n'y avait aucune réforme
39:01prévue à part celle de l'assurance chômage.
39:03C'était la dernière.
39:05Là, il en faut d'autres réformes.
39:07À un moment donné, ça va être nécessaire.
39:09Il va falloir les faire.
39:11Au niveau européen,
39:13est-ce que ça peut...
39:15Et le choc d'incertitude
39:17généré par la France, et également le résultat
39:19des élections européennes, ne l'oublions pas.
39:21Tout part de là pour la France.
39:23L'Europe est en train de recomposer
39:25son Parlement, bien sûr,
39:27et toutes les postes clés, les institutions
39:29qui suivront avec une nouvelle commission installée
39:31en novembre.
39:33Est-ce que ce nouveau paysage politique
39:35remet en cause certains thèmes d'investissement
39:37pour vous ou pas, Alexandre ?
39:39Si vous voulez garder la parole.
39:41Ça ne remet pas spécialement en cause.
39:43Déjà, j'attends de voir le paysage politique.
39:45Au moins le gouvernement.
39:47Il y a une nouvelle au niveau de l'Europe
39:49qui m'a marqué.
39:51C'est une espèce de préannonce
39:53de Van der Leyen
39:55qui nous explique qu'elle prépare
39:57une espèce de Big Bang budgétaire
39:59pour l'Europe
40:01et que ce ne serait plus
40:03un montant déterminé
40:05mais projet par projet en fonction
40:07de si vous respectez ou pas les critères.
40:09Ça, ça change quand même pas mal la donne.
40:11Un cadre un peu plus coercitif de ce point de vue-là.
40:13Exactement.
40:15Je trouve ça assez intéressant.
40:17Elle interviendra à Strasbourg la semaine prochaine.
40:19J'attends de voir ce qu'elle va annoncer.
40:21Sur l'Europe, si vous souhaitez,
40:23Alain, puis je veux bien qu'on revienne
40:25un peu sur les résultats d'entreprise.
40:27Ça va être la partie américaine.
40:29Encore une fois, sur les entreprises européennes,
40:31françaises, qu'est-ce qu'on attend ?
40:33En plus, le sujet politique français
40:35vient au moment
40:37où le cas d'investissement européen
40:39trouvait un peu plus d'intérêt,
40:41de momentum. Il y avait ce petit décollage
40:43de la croissance, des baisses de taux
40:45enclenchées et à suivre de la part de la BCE.
40:47Tout ça redonnait pour des investisseurs
40:49globaux de l'intérêt vis-à-vis de l'Europe.
40:51Est-ce que ça, c'est déjà derrière nous
40:53ou est-ce que non ? C'est quand même un chemin
40:55qu'on peut encore imaginer.
40:57Sur l'Europe, le Parlement est un peu plus à droite
40:59mais les grandes masses n'ont pas bougé.
41:01La majorité reste un bloc centriste.
41:03Il y aura peut-être, par exemple,
41:05l'extinction du thermique en 2035.
41:07Je sens que le Parlement serait un petit peu
41:09moins volontariste sur ces questions-là.
41:11Ce serait le seul élément de prudence.
41:13Mais sur le reste, je ne pense pas qu'il y aura de gros...
41:15Ça ne remet pas en cause les thèmes d'investissement
41:17qui vont derrière ?
41:19Ce serait un petit peu moins coercitif
41:21sur les plans assiette 2.0
41:23pour les agriculteurs et sur la question
41:25du renouvellement.
41:27Sinon, pour le reste...
41:29A priori,
41:31ce qui peut évoluer, c'est...
41:35Sur les sociétés, oui.
41:37On était plutôt partis sur
41:39une dynamique où les États-Unis
41:41ont révisé à la hausse les prévisions des officières
41:43des entreprises.
41:45C'est vrai que là,
41:47le risque, c'est que l'attentisme
41:49peut tuer dans l'œuf
41:51le début de reprise européenne.
41:53Cela dit, je ne pense pas vraiment que ça le remettra
41:55totalement en cause. Et puis, on a malgré tout
41:57en élément de fond
41:59ces baisses de taux qui ont commencé en Europe
42:01qui, visiblement, vont aussi commencer aux États-Unis.
42:03Et ça, si on prend un peu de distance
42:05par rapport à la France, ça reste quand même
42:07du vent arrière.
42:09Donc ça, ça va rester là.
42:11Et je pense qu'il faut quand même garder un petit peu raison.
42:13C'est des éléments de soutien qui sont très forts.
42:15Voilà. Maintenant, sur les résultats
42:17stricto sensu, je ne suis pas persuadé
42:19qu'ils vont être extraordinaires.
42:21Il y a eu, j'ai fait la liste,
42:23Dassault, Veraglia, il y a eu Page Group
42:25aussi au UK dans le monde des RH
42:27et du recrutement. Michelin L'Oréal
42:29qui ont un peu guidé à la baisse. Il y avait le gros
42:31warning de Nike fin juin.
42:33Aujourd'hui, c'est Pepsi et Delta qui
42:35ratent leur publication.
42:37Je ne sais pas si ça fait une tendance.
42:39Forcément, ceux qui sont
42:41pré-alertes, en général, sont ceux qui ont des mauvaises nouvelles.
42:43Quand on alerte positivement,
42:45ça arrive aussi, mais il faut que les nouvelles soient exceptionnelles.
42:47Oui, j'entends.
42:49C'est un peu dissymétrique.
42:51Pour l'instant, on a eu un certain nombre de warnings
42:53qui ne sont pas très encourageants
42:55pour la publication de résultats
42:57à venir.
42:59Par ailleurs, l'environnement peut pousser les sociétés
43:01à être aussi un peu prudentes en termes de perspectives
43:03puisque aujourd'hui, selon les scénarios,
43:05on le serait à moins. Je ne suis pas certain
43:07que la saison des résultats va être très supportive.
43:09Maintenant, aux États-Unis,
43:11comme tout le monde attend la baisse des taux,
43:13les résultats vont être un peu moins bons.
43:15Je comprends.
43:17Ça peut aussi soutenir la thèse Bezzetto.
43:19Ça ne sera pas forcément dramatique pour les marchés,
43:21mais pour la première fois,
43:23les résultats vont être exceptionnels.
43:25Comment on s'organise
43:27pour traverser cette période
43:29estivale sur les marchés ?
43:31Est-ce que l'idée, c'est de,
43:33tactiquement au moins, réduire un peu la voilure ?
43:35Est-ce qu'il y a des segments de marché
43:37avec lesquels on est encore particulièrement
43:39confortable et qu'on n'a pas envie
43:41de quitter aujourd'hui ?
43:43C'est un peu toujours la même chose.
43:45Tout ce qui est lié à la consommation,
43:47on sent que ce n'est pas encore évident.
43:49Tout ce qui est lié, en revanche,
43:51les grandes thématiques,
43:53comme l'IA, les boîtes comme Schneider,
43:55la transition énergétique,
43:57on sent que ça continue quoi qu'il arrive.
43:59C'est bien.
44:01Ces tendances-là se valident malgré
44:03l'incertitude du moment.
44:05C'est plutôt les boîtes un peu cycliques
44:07qui, à mon avis, vont encore une fois
44:09être un peu décevantes.
44:11Sur la logique d'investissement,
44:13chez Sycomore Asset Management,
44:15qu'est-ce qui vous intéresse en ce moment ?
44:17Où est-ce que vous êtes encore à l'aise ?
44:19Où est-ce que vous l'êtes peut-être moins
44:21ou beaucoup moins aujourd'hui ?
44:23Si on a bien fait notre travail en allocation,
44:25on a un peu profité du début d'année.
44:27On réduit un peu la voilure,
44:29on a un cash qui rémunère.
44:31On est un peu plus défensif.
44:33On ne peut pas se désengager totalement non plus
44:35parce qu'on profite de la tendance,
44:37avec ce qui vient d'être dit sur le renouvelable.
44:39On ne change absolument pas notre position.
44:41Sur la consommation,
44:43on fait beaucoup plus de stock picking
44:45parce que vous parliez de Nike.
44:47C'est quand même assez spécifique à Nike.
44:49Nike vient d'une espèce de bulle du Covid
44:51où le direct-to-consumer marchait très bien.
44:53Ils se font prendre des parcs-marchés
44:55par d'autres acteurs qui arrivent, etc.
44:57Dans le même temps, Fast Retailing,
44:59donc Uniqlo, remonte ses guidance.
45:01La consommation, c'est très large.
45:03Il faut regarder titre par titre.
45:05Globalement, on reste sur nos tendances de long terme.
45:07Je pense que, comme je le disais un petit peu avant,
45:09sur les entreprises qui font du share buy-back,
45:11les entreprises qui versent du dividende
45:13et les entreprises qui ont une valorisation écrasée,
45:15regarder les banques
45:17aujourd'hui,
45:19européennes
45:21et ou françaises pour les plus
45:23premières, c'est intéressant.
45:25Pour conclure avec vous
45:27sur la logique d'investissement du moment
45:29chez vous, chez DNCA, François.
45:31Effectivement, on est sur des niveaux
45:33de valorisation qui sont...
45:35Je trouve que les écarts de valeurs
45:37sont très importants au sein de la
45:39cote américaine.
45:41On est sur quasiment
45:4319% depuis le début de l'année sur
45:45le S&P.
45:47Est-ce qu'on finirait à 38% ?
45:49J'en doute.
45:51Ce n'est pas impossible. Je ne me fais pas ma main à couper le feu.
45:53Mais j'en doute.
45:55Donc, oui,
45:57un peu plus de prudence, je pense.
45:59Ça me paraît important.
46:01Il y a des choses à faire
46:03sur les équities européennes,
46:05sur une partie de la cote.
46:07Les banques françaises
46:09nous semblent assez décotées.
46:11C'est vrai
46:13que cette prime de risque
46:15qui pourrait
46:17se matérialiser
46:19dû à un gouvernement qui aurait
46:21les mains libres pour venir taper
46:23sur les banquiers,
46:25j'y crois dans les faits assez peu.
46:27Est-ce que,
46:29par contre, on aura
46:31un gouvernement qui fera
46:33de l'orthodoxie budgétaire ?
46:35J'y crois assez peu également aussi.
46:37Donc, plus de prudence
46:39sur la dette française que sur la partie action.
46:41J'ai bien compris ça.
46:43Voilà un petit peu le message
46:45qu'on cherche à avoir aujourd'hui.
46:47Merci beaucoup, messieurs, d'avoir été les invités de Maître Marché.
46:49Ce soir, François Collet, DNCA,
46:51Alain Dubrul, Claresco et Alexandre Taieb,
46:53Sycomore Asset Management.
46:57Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
47:05Le dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir,
47:07le quart d'heure thématique qui a
47:09pour sujet la macroéconomie,
47:11la politique et les banques centrales.
47:13Quelques questions à poser à Gilles Mouet,
47:15qui est avec nous par téléphone, chef économiste du groupe AXA.
47:17Bonjour et bienvenue, Gilles.
47:19Merci beaucoup d'être avec nous.
47:21Commençons par la macro-américaine.
47:23On a eu le rapport mensuel sur l'inflation
47:25et les détails de l'inflation américaine sont toujours passionnants.
47:27J'ai noté que le prix
47:29sur un mois des sous-vêtements masculins
47:31avait reculé de plus d'un pour cent,
47:33Gilles, et la légende
47:35nous dit que c'était un des indicateurs
47:37privilégiés par Alan Grissman pour
47:39mesurer l'état de santé
47:41de l'économie américaine.
47:43Au-delà de l'anecdote, quand vous regardez
47:45notamment les dernières données sur le marché du travail américain,
47:47ce rapport mensuel sur l'inflation,
47:49est-ce que tous les obstacles sont levés
47:51pour la Fed pour une baisse de taux ?
47:53Est-ce que le calendrier des meetings
47:55de la Fed devant nous
47:57permet d'imaginer encore l'idée
47:59d'un soft-landing américain ?
48:01Une Fed qui resterait dans le bon timing
48:03et dans le bon tempo et qui ne serait pas
48:05trop en retard ?
48:07Si c'est vrai, pour Jens Spahn,
48:09ça explique beaucoup
48:11sa gestion de la politique monétaire
48:13sur la fin, en particulier sa préparation
48:15de l'accès financier en 2008, mais passons
48:17à l'annonce que les indicateurs
48:19sont effectivement en train de tourner
48:21au vert sur l'inflation américaine.
48:23Moi, ce que j'ai retenu du chiffre
48:25d'aujourd'hui, c'est le fait qu'on a
48:27une accalmie, plus qu'une accalmie,
48:29une stabilisation des prix
48:31à la console, très large
48:33sur la plupart des grandes composantes
48:35qui étaient importantes
48:37pour la Fed. Il y avait un point en particulier
48:39qui devenait de plus en plus problématique,
48:41c'est le fait que le prix des loyers
48:43ne décélérait pas. En moyenne,
48:45au cours des 14-20 mois,
48:47on a fait à peu près 0,5 point
48:49par mois, et là, on a fait 0,2.
48:51Donc, c'était un peu
48:53le dernier arbre à battre
48:55de la soirée inflationniste
48:57et de l'indicance curieuse des loyers
48:59qui est en train de se corriger.
49:01Donc oui, je pense que
49:03c'était déjà plus ou moins présent dans les dernières déclarations
49:05de J. Powell. On ne peut vraiment pas attendre
49:07à une baisse des taux
49:09en septembre. Alors, la question du calendrier,
49:11je pense qu'idéalement,
49:15la réunion qui aura lieu
49:17à l'extrême fin de ce mois,
49:19on aura la préparation des esprits à la baisse
49:21des taux qui interviendra effectivement
49:23au mois de septembre. Est-ce que ça viendra
49:25trop tard ? J'ai envie de dire que ça vient
49:27toujours trop tard.
49:29L'expérience qu'on peut avoir d'apathie connaisseuse,
49:31c'est qu'en général, on baisse les taux toujours un peu
49:33trop tard et qu'on les remonte aussi souvent
49:35un peu trop tard. Mais voilà,
49:37si on rate
49:39le train de deux
49:41ou trois mois, c'est probablement
49:43parfaitement gérable,
49:45en plus que sur les années 2014,
49:47de l'économie réelle, il y a quelques points
49:49un peu largement au parti de la fameuse
49:51règle de Sam sur le taux de chômage,
49:53mais le reste de l'économie
49:55reste quand même plutôt
49:57bien tenu.
49:59Donc voilà, si la Fed arrive
50:01à baisser les taux en septembre, en sachant qu'en plus
50:03les taux longs, eux, vont commencer à être déjà
50:05corrigés, donc on a déjà
50:07un assouplissement
50:09des conditions financières globales,
50:11on devrait plus voir,
50:13on devrait plus voir
50:15d'autant plus que si
50:17Trump gagne les élections
50:19au mois de novembre, on aura
50:21probablement une expansion budgétaire supplémentaire
50:23en 2025. Ce sera pas très bon
50:25pour l'inflation, mais ça aiderait probablement
50:27à soutenir un peu la croissance.
50:29Justement, qu'est-ce qu'on peut imaginer,
50:31puisque c'est quand même la probabilité montante d'avoir une vague
50:33Trump, et quand je dis vague,
50:35c'est la Maison Blanche et l'ensemble du Congrès,
50:37Gilles, parce que
50:39sur la publication de l'inflation cet après-midi,
50:41on voit tout de suite que se renforcent également
50:43les probabilités de baisse de taux pour 2025.
50:45Dans le cas d'une présidence
50:47Trump avec des pouvoirs
50:49également à l'ensemble
50:51du Congrès,
50:53quelle dose de
50:55conflictualité il faut imaginer entre
50:57la politique monétaire et une politique
50:59budgétaire et tarifaire commerciale
51:01telle que signalée par Trump
51:03et ses équipes aujourd'hui ?
51:05Autant je suis
51:07de plus en plus confiant sur la baisse
51:09des taux du mois de septembre et probablement
51:11du mois de décembre, ça me paraît
51:13atteindre un très très haut niveau
51:15de probabilité, autant je suis de moins en moins
51:17confiant sur la possibilité effectivement
51:19d'avoir une poursuite de la baisse des taux
51:21en 2025, parce que si je prends
51:23les trois premiers éléments
51:25de la plateforme électorale de Donald Trump,
51:27qui, soit dit en passant,
51:29est beaucoup plus précise que ne l'était
51:31en 2016. Les trois éléments
51:33principaux, c'est un,
51:35arrêt brutal de l'immigration,
51:37deux, politique budgétaire encore plus
51:39incommodante avec la prolongation
51:41des baisses d'impôts de 2017
51:43qui étaient censées expirer en 2025,
51:45trois,
51:47guerre commerciale, en tout cas
51:49durcissement très net des tarifs loigners.
51:51Les trois sont éminemment
51:53passionnistes. Sur l'immigration,
51:55on a eu l'année dernière un peu plus de 3 millions
51:57d'entrées de personnes en âge de travail
51:59sur le territoire américain,
52:01donc plus de 1% de la population active
52:03résidente. Sans cela,
52:05on n'aurait jamais eu le début
52:07de décélération des salaires auxquels on a assisté.
52:09Donc, s'il y a effectivement
52:11un arrêt brutal de l'immigration, c'est plutôt
52:13un message impassionnant.
52:15Sur le budgétaire, c'est la même chose,
52:17c'est-à-dire qu'on devait normalement avoir
52:19le déficit en résorption légère
52:21en 2025.
52:23Si on prolonge les baisses d'impôts,
52:25on n'y aura pas. Troisième élément, sur
52:27la guerre commerciale,
52:29c'est par nature, c'est par construction
52:31une mesure qui sera
52:33assumée. Donc, si
52:35on se met à la place
52:37de Powell
52:39en 2025,
52:41est-ce qu'il aura envie d'aller
52:43tellement plus loin dans la baisse des taux ? Probablement pas.
52:45Et je pense que ça, c'est un élément qui
52:47ferait comprendre pourquoi il y a
52:49sans doute une espèce de seuil de résistance
52:51sur les taux non américains.
52:53C'est-à-dire que là, on reste sur du
52:55entre 4, 15 et 85.
52:57Je pense qu'on aura du mal à passer la barre des 4
52:59précisément parce que
53:01le marché va être de plus en plus localisé
53:03sur la possibilité, voilà,
53:05qu'on ait une espèce de deuxième vague
53:07internationale en 2025.
53:09L'Europe et la France,
53:11avant tout, Gilles,
53:13il y a la politique,
53:15l'arithmétique,
53:17je ne sais pas si l'arithmétique nous aide
53:19à y voir plus clair sur
53:21une gouvernance
53:23prochaine à l'Assemblée
53:25nationale et pour l'exécutif
53:27français, mais
53:29on peut toujours miser sur l'intelligence collective,
53:31Gilles, bien sûr, mais il y a aussi l'idée
53:33qu'il y a des garde-fous disciplinaires
53:35peut-être autour de nous qui peuvent
53:37permettre d'encadrer la France
53:39dans un chemin qui resterait compatible
53:41avec celui de nos partenaires
53:43européens. Est-ce que ces garde-fous,
53:45enfin, ça va de la constitution au marché,
53:47bien sûr, en passant par les agences de notation,
53:49les procédures de déficit excessif,
53:51est-ce que tout ça paraît solide et rassurant
53:53pour un investisseur global
53:55qui commence à avoir
53:57l'habitude de ces sujets
53:59européens ou est-ce qu'il y a un vrai risque
54:01spécifique du poids de la France,
54:03du fait du poids de la France
54:05et de l'éclatement du paysage politique
54:07aujourd'hui, on aura peut-être 13 groupes à l'Assemblée
54:09nationale demain,
54:11c'est un premier point,
54:13et puis la question
54:15conjoncturelle également qui se pose
54:17derrière, c'est combien de temps est-ce qu'on perd
54:19dans l'idée d'un décollage ou d'un redécollage
54:21de la France aujourd'hui
54:23sur le plan de l'activité économique, Gilles ?
54:25L'arithmétique
54:27parlementaire plus la constitution,
54:29ça permet quand même d'éliminer
54:31du radar
54:33les solutions qui seraient probablement les plus toxiques
54:35du point de vue du marché.
54:37Je pense que ça explique d'ailleurs
54:39pourquoi le marché reste relativement calme,
54:41en tout cas le marché obligataire reste relativement calme
54:43devant effectivement
54:45l'atomisation du paysage politique français.
54:47Pourquoi ? Parce que
54:49ce qui a été exclu
54:51après les premiers et les deuxièmes tours,
54:53c'est l'hypothèse
54:55application complète du programme du gouvernement national
54:57et application complète du programme
54:59du Front populaire.
55:01On peut
55:03jouer à qui
55:05fera la pression la plus forte
55:07pour obtenir de la part du président de la République
55:09telle ou telle nomination de premier ministre,
55:11mais un, la constitution
55:13est très claire, c'est le président de la République
55:15qui donne le premier ministre et ce premier ministre
55:17ne lui est pas imposé.
55:19Deuxièmement, arithmétiquement,
55:21l'évolution extrême serait renversée
55:23en l'espace de quelques jours
55:25parce que les autres blocs
55:27parviendraient à les juguler.
55:29Donc ça, je pense que ça explique en grande partie
55:31la certaine patience du marché
55:33depuis quelques jours.
55:35Maintenant, la difficulté
55:37pour moi, ça devient une difficulté
55:39presque logistique.
55:41C'est-à-dire qu'il faut
55:43présenter une autre finance
55:45initiale au plus tard
55:47début octobre et normalement
55:49début septembre, la France est normalement
55:51obligée de transmettre
55:53aux autorités européennes son plan
55:55structurel sur quatre ans.
55:57Ça laisse très peu de temps
55:59aux équipes qui seront effectivement
56:01constituées une fois qu'on aura fait le tour
56:03des solutions impossibles et qu'on arrivera
56:05aux solutions possibles.
56:07Ça laissera très peu de temps aux équipes pour
56:09arriver à quelque chose de
56:11complètement cohérent.
56:13Alors, moi, je compte sur
56:15quand même une certaine flexibilité
56:17de la part des
56:19Européens en
56:21la matière. Je pense que personne n'a
56:23envie d'aller immédiatement
56:25à la collision frontale
56:27entre un gouvernement français
56:29qui respecterait globalement
56:31l'épure du
56:33Parc de sécurité de croissance.
56:35Il manque quelques dizaines de points de pile
56:37et si l'affaire
56:39ne paraît pas complètement bordée,
56:41je pense qu'on trouvera de la flexibilité.
56:43Mais encore une fois,
56:45une vraie difficulté maintenant
56:47de plus en plus pressante, c'est une difficulté logistique.
56:49Il faut que les équipes soient en place
56:51et qu'elles soient en place avant la fin
56:53de l'été parce que même si
56:55les équipes du ministère des Finances travaillent
56:57aujourd'hui à branleur d'arrache-pied,
56:59il faut des instructions,
57:01il faut des cadrages.
57:03Les cadrages qui ont été envoyés hier par le ministre
57:05actuel des Finances
57:07n'ont pas en soi
57:09de validité qui excéderait la durée de vie
57:11du gouvernement actuel.
57:13C'est plutôt ce qui me pose question.
57:15Je comprends assez bien
57:17pourquoi on a
57:19cette patience du marché.
57:21La question c'est jusqu'à quand
57:23les marchés pourront être patients.
57:25Je crois à l'information de Bloomberg
57:27aujourd'hui qui montre quand même la base
57:29de négociations entre Bruxelles et
57:31une future gouvernance politique
57:33en France. Bruxelles nous dit
57:35plutôt que de revenir sous les 3% en 4 ans,
57:37faites-le en 7 ans.
57:39C'est 15 milliards d'euros de correction
57:41de l'exécution budgétaire
57:43chaque année.
57:45Ça montre quand même ce que vous défendiez,
57:47une approche quand même
57:49flexible de Bruxelles par rapport à la
57:51situation française spécifique.
57:53Cette flexibilité existe
57:55dans les textes. Elle existe dans
57:57le nouveau...
57:59À la France alors.
58:03Ce qui était sur Bloomberg
58:05c'était purement la lecture des textes.
58:07Ce n'est pas une information en soi.
58:09Mais il y a des conditions
58:11pour que, justement,
58:13au lieu de mettre en 4 ans
58:15on y passe 7,
58:17il faut que la trajectoire
58:19d'ensemble et
58:21l'engagement sur des références structurelles
58:23en particulier soient quand même là.
58:25C'est-à-dire que 7 ans ce n'est pas le droit.
58:27Il faut le gagner. Il faut quand même
58:29avoir une crédibilité minimum
58:31pour que la Commission européenne
58:33l'offre.
58:35C'est quand même notre base.
58:37Il faut trouver une solution gouvernementale.
58:39Est-ce que c'est un gouvernement technique ?
58:41Est-ce que c'est une coalition d'argent ?
58:43En tout cas, une solution gouvernementale
58:45suffisamment correcte,
58:47qui soit intégrée
58:49dans le logiciel
58:51européen habituel.
58:53Avec ce minimum
58:55présent à Paris,
58:57on puisse trouver effectivement
58:59les marges de flexibilité des textes.
59:01Encore une fois, c'est ce qui était prévu.
59:03On l'a oublié.
59:05Ce que nous avons négocié dans ce nouveau système
59:07sur l'argent budgétaire européen offre
59:09plus de flexibilité que le système précédent.
59:11Merci beaucoup Gilles. Merci pour votre éclairage
59:13sur ces situations américaines
59:15et françaises. Gilles Mouek,
59:17chef économiste du groupe AXA, était avec nous par téléphone
59:19dans Smartbours ce soir.