• il y a 4 mois
Mardi 2 juillet 2024, SMART BOURSE reçoit Julien Moutier (Directeur des Gestions Obligataires, Groupama AM) , Damien Charlet (Directeur de la Gestion sous mandat, Mandarine Gestion) et Gilles Etcheberrigaray (Cofondateur, président et directeur des investissements, Elkano Asset management)

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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché, Gilles Etcheberry-Garay est avec nous, président, fondateur, co-fondateur et directeur des investissements d'Elcano Asset Management. Bonsoir Gilles.
00:20Merci d'être là. Damien Charley nous accompagne également, le directeur de la gestion sous mandat de Mandarine Gestion. Bonsoir Damien.
00:26Bonsoir Grégoire. Ravi de vous retrouver, ravi de vous retrouver également. Julien Moutier, bonsoir Julien.
00:30Bonsoir Grégoire. Vous êtes directeur des gestions obligataires de Groupama Asset Management, le spread franco-allemand qui devient évidemment la mesure, peut-être une des mesures les plus regardées du moment sur les marchés financiers globaux.
00:42Julien, on est monté alors je crois jusqu'à 85 en clôture vendredi pour revenir naviguer entre 70 et 75 depuis le début de la semaine. Bon, que traduit ce niveau de spread à ce stade dans cette entre-deux-tours des élections législatives françaises ?
00:59Je dirais qu'à ce stade ça traduit encore une forme d'incertitude, de fébrilité face aux résultats à l'issue du second tour entre une majorité absolue pour le RN et une assemblée partagée, mixée entre des forces en présence mais qui ne parviennent pas à une majorité absolue.
01:19C'est un spread d'incertitude qui pour autant ne price plus le scénario du pire au sens économique financier selon les marchés, c'est-à-dire une majorité absolue du NFP qui était vu comme destructeur pour la marche de la dette française, je dirais.
01:35Qu'est-ce qui fait que le scénario d'une majorité absolue éventuelle du RN est moins pire sur le plan économique toujours que le scénario écarté d'une majorité de la gauche et associée ?
01:49Je pense qu'il y a deux choses, il y a le poids de l'histoire et des précédentes craintes s'agissant de partis extrémistes notamment de droite, on pourrait évoquer le sujet de Giorgia Meloni en Italie, le spread italien s'écarte jusqu'en septembre 2022 puis se resserre lorsque finalement je dirais que le gouvernement de Meloni a rassuré en ne déployant pas les promesses électorales, c'est le lot de promesses électorales et on en sait quelque chose en France.
02:16Et donc je dirais que de ce point de vue-là, quelque part l'histoire nous a montré que le pire n'était pas toujours à craindre a posteriori d'un point de vue économique et donc quelque part la non-exécution d'un programme donné peut finalement rassurer, alors ça pourrait s'appliquer aussi au NFP vous me direz.
02:34S'agissant du RN, on a vu déjà beaucoup de rétro-pédalage et notamment une mention faite d'un audit qui pourrait avoir lieu s'il devait arriver au gouvernement qui viendrait valider ou pas les propositions, en tout cas ils ont déjà effectué à ce stade un plan de proposition prioritaire à côté des propositions je dirais globales qui vient déjà restreindre le budget des dépenses.
02:58Et donc si pour le marché concernant la France spécifiquement en Europe se pose la question de la consolidation budgétaire, de la crédibilité de la trajectoire budgétaire avec déjà un plan pluriannuel présenté à Bruxelles qui faisait part jusqu'à présent d'un effort de consolidation quand même important, le marché arrive à se convaincre qu'un nouveau gouvernement dirigé par le RN et ses alliés face à cette réalité n'aurait pas d'autre choix que de mettre en oeuvre la consolidation fiscale et budgétaire.
03:28Qui est attendue de la part de la France aujourd'hui en Europe.
03:31Oui parce qu'en fait on a eu des exemples encore une fois historiquement que ce soit avec Giorgia Meloni, avec Alexis Tsipras, avec l'Istrus on l'a vu, le gouvernement de l'Istrus a duré 44 jours.
03:39Alors certes on a un pragmatisme peut-être et une réactivité en Angleterre qui sont peut-être plus forts que ce qu'on aurait en France.
03:47En tout cas on a des forces de rappel marché et au-delà de ça également par les instances européennes où il faut quand même signaler que la France est rentrée en procédure de déficit excessif en tout cas dans la première étape.
03:57Elle est re-rentrée en procédure de déficit excessif. J'ai pas fait le compte mais elle a sans doute souvent été plus longtemps en procédure de déficit excessif que l'inverse.
04:06Je vois ce que vous voulez dire.
04:07Ça n'a jamais empêché le AT de très bien se comporter et d'être plébiscité par la communauté financière.
04:15Après ça donne un cadre, c'est que le pays qui rentre en procédure de déficit excessif doit ensuite converger par pas de 0,5% chaque année vers la cible inférieure à 3%.
04:27On a un contrôle accru, une sorte de mise sous tutelle quelque part de la Commission Européenne sur les dépenses de l'État.
04:34Et voilà donc il y a tout un cadre relativement contraignant qui vient limiter le champ d'action du pays.
04:40Je reprends vos exemples, évidemment c'est des parallèles qu'on observe et qu'on a étudiés.
04:46Mais dans le cas de Mélanie en tout cas, ça s'est fait en douceur.
04:50Il y avait eu l'épisode Berlusconi, crise souveraine, le spread, etc. qui s'envolent.
04:54Mélanie ça s'est fait en douceur. L'Istrus ça s'est fait dans la douleur.
04:58Comment vous évaluez les probabilités d'un scénario à l'atroce ou en tout cas par un passage douloureux et un scénario plus en douceur comme on a pu le voir en Italie ?
05:10C'est difficile à dire mais je pense que s'agissant du RN, il ne souhaite pas s'afficher comme étant a priori le parti qui a fait exploser la dette française lors de son événement.
05:21Il ménage les susceptibilités, il y a un travail de diabolisation qui est mis en oeuvre d'un point de vue sociétal et économique.
05:29Ils se veulent un parti traditionnel et donc dans ce sens on peut imaginer qu'ils vont faire en sorte d'éviter l'éclatement et la fragmentation des dettes européennes, notamment de la dette française.
05:41Et encore une fois on aura des forces de rappel qui seront assez fortes. Alors oui on peut se faire mal avant que cela revienne mais j'irais que l'événement d'Istrus n'a duré que deux mois.
05:5145 jours c'est ça ?
05:53Oui moins qu'une salade. Mais il y a quand même une différence fondamentale entre les deux.
05:57Entre qui et qui ?
05:58Entre Truss et ce qu'on parle de la dette européenne.
06:02Et la possibilité d'une majorité ?
06:04Truss est un meilleur exemple parce que grosso modo en France on est encadré et quelque part si jamais on va contre l'Europe et il n'y aura pas de...
06:12Entre l'orbe du nord austère et l'orbe du sud qui est passé par là justement, il n'y aura pas de pitié de la part des autres européens.
06:17Ah non !
06:18Soit on l'accepte, soit on le refuse.
06:20Donc soit c'est le Frexit quelque part qui reviendra à un moment ou un autre et qui sera peut-être mis en avant par l'UE.
06:24Mais soit on reste dans les clous, on est le contraire forcé de rester dans les clous.
06:28L'extrême droite c'est la fin je dirais de l'épisode Brexit ou avec le retour d'une autonomie totale de la Grande-Bretagne en sortant de l'Union Européenne.
06:35Et une implosion en vote quelque part je dirais c'est les deux chemins du RN ou de l'extrême droite populiste dans le monde.
06:42Orban était en Var, soit on devient un parti de droite classique quelque part et là c'est la mélanisation.
06:48Soit on reste à confronter au réel, à ne pas se confronter au réel.
06:54C'est l'Istrus, on impose en vol et le 4 juillet c'est la fin de plusieurs partis démocratiques occidentales.
07:03Le parti conservateur peut disparaître le 4 juillet.
07:06Et le principal fait d'armes du parti conservateur de ces 7 dernières années c'est le Brexit.
07:11Et le Brexit est la volonté de...
07:13Des conservateurs qui seraient remplacés par Nigel Farage et qui se voient comme premier opposant de Kirstein.
07:22Si il y a le premier opposant de sa reine, du gouvernement de sa majesté pour être les libéraux-démocrates.
07:28Et donc remettre l'accession européenne au coeur de l'opposition à sa majesté.
07:32Je dis si on a moins de 50 députés conservateurs ce qui est une possibilité donc la semaine prochaine.
07:38On parle du UK, je ne sais pas si c'est parce que toutes les élections sont sur la table.
07:41Mais c'est le moment politique.
07:44Parce que le parti conservateur anglais et à travers les stress a choisi une vision populiste.
07:50Déconnecter des réalités et s'est fracassé sur la réalité.
07:52Et 7 ans après risque de disparaître de la carte politique.
07:56Et de renaître sous une forme différente.
07:58Mais c'est un parti qui date de 1842 sous sa forme actuelle.
08:00Le parti unioniste et conservateur de Grande-Bretagne et de l'Irlande.
08:04Donc pour moi stress c'est vraiment l'opposé où il y a une autonomie totale.
08:09Elle a fait n'importe quoi, elle a été punie.
08:11Et c'est aussi l'aboutissement de l'histoire conservatrice qui a décidé de s'affranchir des réalités.
08:15Et d'être un parti qui était ultra pragmatiste et de venir détacher les réalités.
08:19Et donc se fracasser sur les réalités.
08:21En France et dans la zone euro, le choix qui va se poser c'est soit de se soumettre ou de se démettre.
08:27C'est à dire que soit on reste dans le cadre des règles européennes.
08:31Et à un moment ou un autre il va falloir suivre ce qui a été décrit tout à l'heure.
08:35Soit on pose le fracticide sur la table et là effectivement on trouve l'autonomie.
08:39Et là on est dans la vision anglaise.
08:41Je dirais que le parallèle c'est plutôt la Grèce qui est allée au bord du précipice et qui est revenue.
08:45Voilà pour le moment en tout cas.
08:47Et je pense ce qui derrière rassure les marchés quelque part au delà des 80 bips de spread.
08:52C'est qu'aujourd'hui il n'y a pas de majorité, il n'y a pas de vision pour un fraccide.
08:56Même si une partie du Front National va agiter cette vision là.
08:59Alors que ce soit un moindre mal, la France ingouvernable, moindre mal.
09:03Ok, après ça n'en fait pas un boule case non plus j'ai l'impression pour la France, les actifs français.
09:10Une France qui ne peut pas se réformer, une France qui est membre du Conseil de sécurité permanente de l'ONU, du G7,
09:17de monde fondateur de l'Europe, etc.
09:19Ça peut poser des problèmes aussi j'entends.
09:21Oui et le problème majeur, je veux dire si on regarde objectivement les statistiques économiques,
09:25elles sont pas mal sauf une seule qui était la dérive de la dette publique.
09:28Qui était la croix que portait un peu Macronisme.
09:33Derrière quand on voit les élections c'est un concours à l'épine de dépenses publiques.
09:36Personne n'est venu faire campagne sur la restriction et la diminution de la dette.
09:41Je ne crois pas que ça paye beaucoup en parlant.
09:45Non mais c'est ça, c'est dramatique.
09:47On parlait qu'il rejoint cette mise sous terre, enfin cette mise sous vol.
09:50C'est qu'aujourd'hui on a beau, quand on dit qu'on n'était pas de tête publique, c'est juste une insulte avant les élections.
09:56Après derrière tout le monde ouvre les vannes.
09:58Bon Damien, vos commentaires sur ce facteur politique qui envahit quand même
10:04et qui devient en tout cas à court terme au moins un driver de marché.
10:08Et puis dans la gestion de la relation avec les clients privés demandera une gestion.
10:13Moi ça m'intéresse toujours d'avoir un peu les retours du terrain.
10:16Quelles sont leurs interrogations, leurs inquiétudes, leurs questionnements
10:20et comment on y répond aujourd'hui ?
10:23Sur le fiscal on y répond difficilement parce qu'effectivement il y a beaucoup de clients qui sont inquiets sur la partie fiscale
10:29à cause des différentes mesures qui sont proposées et notamment plutôt de l'aile gauche
10:35qui est un peu plus douloureuse fiscalement pour un certain nombre de clients.
10:39Bon donc ça en étant factuel de toute façon il n'y a pas de solution miracle
10:44parce que le plus souvent les lois fiscales sont rétroactives et que les faits générateurs vont se dérouler en 2025.
10:50Donc là-dessus de toute façon ça ne sert à rien de se précipiter aujourd'hui.
10:55Et sur la partie bourse et investissement là aussi évidemment les clients sont inquiets
11:01mais on essaie de leur rappeler certains éléments factuels.
11:04Alors évidemment ils sont sous le coup de l'émotion parce qu'ils sont français
11:08et qu'ils ont la perception que ce qui s'est passé en France c'est une réalité européenne voire une évolution du monde.
11:15Donc ils sont particulièrement inquiets mais la réalité c'est que si on regarde juste les marchés boursiers
11:21oui il y a eu de la douleur sur le marché boursier français mais sur le reste du monde
11:25l'Europe a un petit peu souffert parce qu'il y a des titres français dans l'Europe
11:28mais sinon le reste du monde ne s'est pas du tout intéressé ou en tout cas il n'y a pas eu d'impact financier
11:34sur les marchés étrangers que ce soit actions ou que ce soit obligations.
11:40Donc au final si vous avez un portefeuille aujourd'hui qui est investi de manière un peu diversifiée
11:44L'internationalisation ça protège quoi ?
11:46Complètement, donc si vous avez un portefeuille un tout petit peu diversifié aussi bien en actions qu'en obligations
11:52votre portefeuille il n'a pratiquement pas baissé au mois de juin.
11:55Donc quand on les ramène à la réalité et au fait que oui il y a des incertitudes en France
12:02oui peut-être que l'économie française va ralentir au deuxième semestre
12:05mais non a priori ça ne va pas avoir un impact gigantesque sur le monde
12:10peut-être un impact sur l'Europe mais là pour l'instant la visibilité est un peu réduite
12:13mais donc la plupart des clients entendent ce genre de discours, ils voient bien
12:20là on peut leur montrer les éléments objectifs pour leur dire quittez pas le navire dans la panique.
12:26Même les actifs européens dans leur ensemble vous dites ça reste quand même un univers d'investissement
12:32avec lequel on peut être confortable même si la France encore une fois
12:35si on s'est posé la question de savoir si la Grèce était systémique
12:39que dire de l'Italie, que dire de la France de ce point de vue là.
12:42On n'est quand même pas encore sur une crainte systémique sur la France
12:45là on est une fois de plus je pense qu'on est un peu dans l'émotion
12:49pour l'instant il y a des promesses de la part des différents candidats aux élections
12:53mais on voit bien qu'il y a effectivement un camp qui est un peu plus rassuré
12:58quand on a vu qu'en tout cas le NFP avait peu de chances d'être majoritaire
13:02ça a rassuré les marchés, est-ce que ça en fait un boule case ?
13:05Clairement non, je pense que le discours qui est le nôtre
13:09et je pense de beaucoup d'investisseurs c'est que la France va rester très très lourde
13:14pendant un certain nombre de mois parce que justement
13:16Ce sera une situation quand même moins bonne qu'avant le 9 juin et la décision de la dissolution
13:22pour le plan de l'investisseur et de l'économie
13:27Vous mettez à la place de n'importe quel agent économique
13:31que ce soit un particulier ou une entreprise
13:33bon ben là tout va s'arrêter pendant quelques mois, au mieux
13:36Si le parti qui arrive au pouvoir n'est pas trop perturbateur, disruptif
13:44et qu'il arrive à montrer que finalement il y a eu la campagne électorale
13:47et puis après il y a la réalité des choses
13:49peut-être que l'investissement et la consommation
13:51Le capital politique d'un parti comme le RN est fondé quand même justement
13:54sur cette idée de disruption
13:56C'est toujours la question de à quelle vitesse les choses changent
14:00et je sais que ça peut changer vite
14:02Je pense que chacun a son interprétation
14:04Je ne veux pas vous emmener là où vous ne seriez pas confortable
14:07Ce n'est pas du tout le sujet, c'est que le sentiment
14:11en tout cas ils ont souhaité se donner une image moins disruptive sur le plan économique
14:17que le NFP qui lui clairement et jusqu'au boutiste
14:21ne respecte pas le pacte de stabilité
14:23présente un budget qui est largement plus déséquilibré
14:26et qui s'attaque beaucoup plus à certains agents économiques
14:30qui sont quand même producteurs de richesse en France
14:32que le programme du RN
14:35Après une fois de plus on verra à l'épreuve des fêtes
14:41Mais en tout cas sur le papier
14:44que le marché était rassuré le lendemain des élections
14:48c'est compréhensible
14:51Maintenant une fois de plus il n'y a pas de boule caisse sur la France
14:54Oui c'est ça, il y a quand même un changement par rapport à la réduction du risque
14:59Bien sûr, donc en fait dans un portefeuille globalement
15:02Ce n'est pas la peine d'en remettre trop aujourd'hui
15:04On a plutôt réduit la France pour aller sur autre chose
15:06Oui c'est ça, je comprends
15:09Si vous n'avez pas vendu le 7 juin, ça ne sert à rien non plus de tout vendre aujourd'hui
15:15Non, il y a quand même eu une correction qui n'était pas nulle
15:19Le CAC a quand même fait moins 6
15:21Les MID et les SMALL ont fait moins 10
15:23Les MID et les CAP ont fait moins 10
15:25On refait moins 10
15:27Evidemment, c'était le pari de beaucoup d'investisseurs
15:29Donc maintenant c'est à la trappe
15:31Mais bon, ça se comprend
15:33Parce que quand on regarde les indices, c'est entre 40 et 60% dessus d'affaires en France
15:36Un investisseur global, notamment sur le marché obligataire
15:39Julien, je parle sous votre contrôle
15:41Il a toujours l'idée qu'il y a un prêteur en dernier ressort
15:44que la Banque Centrale Européenne et Christine Lagarde
15:46et l'ouverture de Sintra
15:48ne veulent pas s'apesantir sur le cas français
15:50et on peut la comprendre
15:52Néanmoins, quand on lui pose la question
15:54et tout le monde lui pose la question
15:56elle répond de manière assez conventionnelle
15:58en indiquant que
16:00la stabilité des prix
16:02ça passe par la stabilité financière
16:04que ça fait partie du job de la BCE
16:06et que chaque situation
16:08pas moins celle de la France, pas plus qu'un autre
16:10est regardée avec vigilance, etc.
16:13Les marchés ont toujours l'idée
16:15qu'il y aura à un moment une action de la BCE
16:17dans le cas où on bascule
16:19d'un scénario de surprise
16:21à un scénario de crise
16:23Julien. Oui, c'est vrai
16:25c'est un argument solide
16:27et à partir de quand
16:29on imagine ou dans quel type
16:31de scénario de crise
16:33on imagine une BCE contrainte
16:35de se mettre en action
16:37Je pense que c'est
16:39il est très clair que la Banque Centrale Européenne
16:41n'interviendra pas à court terme
16:43pour ce qu'on appelle fermer les spread
16:45face à une crainte politique
16:47et qui si elle était avérée
16:49s'agissant là par exemple du RN
16:51donnerait lieu
16:53potentiellement à un non-respect
16:55des règles de déficit
16:57Aujourd'hui la France est donc entrée
16:59en phase de procédure
17:01pour déficit excessif
17:03on est à 110%
17:05de dette du PIB
17:07et donc un niveau de déficit qui est au-delà
17:09des 3% requis. Et donc dans ce contexte-là
17:11la BCE est très claire
17:13tant qu'on ne respecte pas les règles
17:15ou qu'on n'a pas la volonté de respecter ces règles
17:17puisqu'il y a un programme
17:19de réduction du déficit
17:21programmé quand on rentre dans ce type de procédure
17:23qui est de 0,5% par an
17:25pour tendre donc vers les 3% comme je l'indiquais
17:27si on ne montre pas de bonne volonté
17:29la BCE n'a pas de raison d'intervenir
17:31et de mettre en place le TPI etc
17:33On peut imaginer
17:35en plus que d'un point de vue purement
17:37personnel
17:39Christine Lagarde ayant été mise à ce poste
17:41notamment sous l'impulsion
17:43d'Emmanuel Macron, on l'imagine mal
17:45venir à la rescousse de Marine Le Pen
17:47ce n'est pas tout à fait dans ses couleurs.
17:49C'est d'un point de vue purement personnel même si elle ne l'évoquera pas en ce sens.
17:51Mais en tout cas d'un point de vue purement institution
17:53la BCE ne doit pas intervenir à court terme
17:55pour, je dirais, contrevenir
17:57les conséquences de problématiques purement politiques.
17:59Il n'y a pas de raison, je dirais
18:01aujourd'hui, financière
18:03il n'y a pas de fragmentation de la dette française
18:05on est entre 70 et 85 points de base contre l'Allemagne
18:07ça a été évoqué, donc il n'y a pas de raison
18:09de changer de clé de répartition
18:11ou de mettre en place des programmes de soutien quels qu'ils soient
18:13à court terme.
18:15A partir de quand il y a besoin de protéger la transmission
18:17de la politique monétaire ?
18:19A partir de quand les mouvements deviennent
18:21non voulus
18:23se diffusent au-delà de la France ?
18:25Je dirais que
18:27je vous emmène dans un scénario de crise
18:29je précise, ce n'est pas le scénario central
18:31je parle sous votre contrôle aujourd'hui
18:33Je pense que c'est une question importante parce que derrière il y a la question
18:35de la force de rappel des marchés sur le politique
18:37qu'on évoquait tout à l'heure
18:39si on imagine un scénario de crise
18:41avec un gouvernement populiste, de gauche ou de droite
18:43qui viendrait vers exploser la dette française
18:45en appliquant
18:47le programme évoqué
18:49de relance et de soutien
18:51à différents plans de l'économie tel qu'évoqué dans le programme du NFP
18:53ou du RN. Là il est très clair
18:55que tant que, je dirais que la France
18:57n'aura pas indiqué sa volonté
18:59de revenir dans les clous et donc de rentrer dans un
19:01programme de déficit excessif
19:03en respectant les règles, eh bien la Banque Centrale Européenne
19:05n'interviendra pas. Si ensuite
19:07la France revient à exploser
19:09complètement son taux de refinancement
19:11comme ça a pu être le cas de la Grèce
19:13souvenons-nous en 2015
19:15avant que Tsipras signe en juillet 2015
19:17l'accord avec les créanciers
19:19juste après avoir fait un référendum demandant
19:21l'avis des Grecs. Derrière il ne respecte
19:23pas le référendum qui dit non
19:25aux demandes des créanciers européens et pour autant
19:27Alexis Tsipras signe en juillet
19:29ce programme
19:31qui amènera la Grèce vers l'austérité
19:33et pour autant le resserrement
19:35du coût de refinancement de sa dette
19:37qui aujourd'hui traite à l'intérieur de l'Italie. Bon bref
19:39on va pas refaire l'histoire mais en tout cas on voit bien qu'on peut
19:41se faire très mal avant que ça revienne
19:43et que finalement pour intervenir et pour éviter la fragmentation
19:45de la dette il faut un moment que le gouvernement
19:47accepte de jouer avec les règles
19:49des créanciers. Concrètement sur la
19:51partie gestion, comment vous traitez
19:53ce cas français et plus généralement
19:55est-ce que ça a une implication sur
19:57des ajustements
19:59particuliers sur
20:01les actifs français
20:03et européens peut-être dans l'ensemble ?
20:05Il y a eu très peu de réactions
20:07dans les portefeuilles
20:09de façon préventive
20:11tout simplement parce qu'on était très peu exposé
20:13aux cas spécifiques français. On a soit
20:15des portefeuilles globaux qui en effet
20:17subissent peu ou pas
20:19l'effet de la
20:21volatilité sur les actifs français aujourd'hui
20:23et s'agissant de portefeuilles plus
20:25eurocentriques, finalement on n'était pas
20:27surexposé aux cas français dans les
20:29portefeuilles ou de façon très mesurée
20:31et dans ce cas-là on a couvert à la marge
20:33l'exposition, la surexposition française
20:35qu'on pouvait avoir dans les portefeuilles. On a un tout petit peu
20:37réduit l'exposition au crédit dans certains portefeuilles
20:39également en achetant un peu de protection
20:41mais encore une fois je pense que là on est sur un phénomène
20:43politique. L'histoire nous a montré que
20:45on pouvait avoir une volatilité à court terme
20:47mais qu'il fallait rallonger
20:49la maturité
20:51de notre
20:53de nos analyses
20:55pour regarder un peu quels étaient les sous-jacents
20:57pour regarder au-delà. Quels sont les sous-jacents macro-économiques ?
20:59Quels sont les fondamentaux ? Nous ce qu'on voit aujourd'hui c'est qu'on a
21:01un secteur des services qui tient bien, un secteur
21:03industriel qui rebondit aux Etats-Unis,
21:05c'est plus disparate en zone euro certes,
21:07le manufacturier rebondit de façon désordonnée en zone euro,
21:09plutôt les pays d'Europe du Sud qui rebondissent
21:11que les pays d'Europe du Nord d'ailleurs, c'est assez
21:13intéressant à marquer, une fois n'est pas coutume.
21:15Mais voilà, mais on voit bien qu'on a une...
21:17Choc d'incertitude oui, mais pas remise en cause du scénario
21:19macro tel qu'on l'imaginait il y a encore
21:21quelques semaines pour la France et l'Europe en général.
21:23Nous on est plutôt de nature à profiter
21:25au contraire de ces points de volatilité qu'on attendait,
21:27on a un enchérissement de certaines classes d'actifs depuis
21:29le début de l'année, notamment sur le crédit,
21:31sur les actions, et finalement
21:33pouvoir en remettre éventuellement à bon compte sur un pic
21:35de volatilité, c'est une chose qui nous semble intéressante
21:37dans un contexte macro-économique qui nous paraît encore
21:39porteur. Gilles, quand on peut intervenir
21:41comme ça sur l'ensemble des marchés
21:43globaux, comment on traite le cas européen ?
21:45Est-ce que derrière c'est le cas d'investissement
21:47européen qui en prend un
21:49petit coup aujourd'hui ?
21:51Oui, parce qu'il y avait une thèse
21:53d'investissement européen depuis le début de l'année
21:55qui était que la BCE allait baisser ses taux plus fort
21:57plutôt que les autres.
21:59Là c'est clair que, déjà
22:01l'hésitation,
22:03la valse hésitation américaine
22:05avait refroidi la BCE, là en rajoutant
22:07la France, les perspectives
22:09de baisse de la BCE... Ca vendrisse ?
22:11Ben oui, ça devient...
22:13Ils gèrent un peu, gardent des munitions, ils veulent garder un peu des munitions
22:15pour gérer...
22:17Une baisse en septembre, une baisse en décembre
22:19comme beaucoup l'espèrent, c'est
22:21plus aussi évident que ça aujourd'hui ?
22:23On a vu ce matin...
22:25Donc c'est moins... Je pense que ça limite...
22:27Déjà que la BCE
22:29était tiède, je dirais,
22:31et là je crois que la température a encore
22:33descendu de quelques dérailleurs.
22:35Je pense que oui,
22:37ça ajoute de l'incertitude au mix
22:39qui fait qu'ils auront tendance à baisser
22:41quand c'est incertain à...
22:43À ne pas se précipiter pour décider.
22:45Voilà, donc je pense que ça vient un peu
22:47percuter, je dirais,
22:49le rattrapage européen
22:51qu'on avait en début d'année.
22:53Voilà, c'est ça. Et après,
22:55paradoxalement, nous on a acheté l'Italie.
22:57Je veux dire, je pense que...
22:59Faut voir que la zone euro, c'est pas la Grèce,
23:01la zone euro, même la France, bon la France est en déficit
23:03de baisse de son paiement, mais globalement
23:05la zone euro est excédentaire.
23:07On a retrouvé des accidents. Oui, largement.
23:09Ca veut dire que Grosso Mondo peut pas avoir deux pays à problème en même temps.
23:11Donc ça veut dire que
23:13si l'OAT
23:15a des problèmes,
23:17les bons italiens et les espagnols,
23:19on parle des bonos, en bénéficient.
23:21Donc nous, on s'est mis un peu sur l'Italie parce que...
23:23Dans le concours de beauté des marchés...
23:25Sur la zone euro.
23:27Sachant que c'est une zone ultra-excédentaire,
23:29donc ça veut dire qu'elle doit mettre son argent quelque part.
23:31En plus, il y a les japonais qui sont là aussi,
23:33donc c'est une raison, ils aimaient bien les OAT.
23:35Donc, ils sont bien...
23:37Ca veut dire que, oui,
23:39dans le concours de beauté, l'Italie, à court terme,
23:41gagne un cran supplémentaire.
23:43Donc nous, ce qu'on a fait,
23:45c'est qu'on a acheté de l'aide italienne
23:47pour se positionner au cas où ça baisse
23:49et ça revienne, parce qu'effectivement,
23:51dans ce concours de beauté, l'Italie...
23:53Mais sinon, je vous dirais,
23:55dans le grand
23:57sens de l'investissement,
23:59tant qu'on n'a pas de problème
24:01d'éventualité de frais quittes, ça sera peut-être une question
24:03qui sera posée en 2027, parce que le FN
24:05dira, ou l'ONU maintenant,
24:07dira, ben, j'ai pas pu faire ma politique
24:09parce qu'il y a l'Europe, et donc je transforme
24:11l'élection de 2027 en référendum sur l'Europe.
24:13A mon avis, dans ce cas-là, il sera perdu.
24:15Mais quelque part,
24:17je veux dire, tant qu'on n'a pas
24:19une volonté comme les Grecs.
24:21Moi, l'exemple grec, dans la dynamique,
24:23c'est pas les mêmes chiffres.
24:25Cette pression, ou au moins ce regard
24:27vigilant sur la France, il va pas
24:29s'arrêter le 8 juillet.
24:31On est rentré dans une séquence où on sera
24:33surveillé de près à chaque mouvement.
24:35Ca sera un amour vache.
24:37Non, mais l'Europe a aidé les Grecs, très largement,
24:39mais à condition qu'ils respectent les règles.
24:41Si, comme on a...
24:45On a 50 à 70%
24:47d'adeptes grecs et d'adeptes européens.
24:49Enfin, je veux dire,
24:51la société européenne a joué
24:53à condition que les Grecs respectent les règles.
24:55Et je veux dire, c'est un...
24:57Pour moi, in fine, c'est ça le problème.
24:59Soit on reste, on respectera les règles
25:01de toute façon, volens, nolens,
25:03soit la question se pose à un moment, et là,
25:05c'est un bouleversement beaucoup plus important,
25:07un risque systémique beaucoup plus important.
25:09Tant que ça n'arrive pas sur la table,
25:11il n'y a pas vraiment de risque systématique,
25:13il n'y a pas de crainte majeure, un peu d'écartement,
25:15un peu de correction. Il y a problème d'impôt
25:17sur les valeurs du CAC, aussi,
25:19le problème des impôts supplémentaires,
25:21et ainsi de suite, mais il n'y a pas de risque.
25:23L'élection américaine sur les taux a eu
25:25beaucoup plus... Le débat a eu beaucoup plus d'impact sur les taux mondiaux
25:27depuis 3 jours
25:29que ce qui se passe en France.
25:31Parce qu'en France, c'est juste... L'Italie gagne un peu, la France perd un peu,
25:33mais globalement, alors que
25:35les 30 centimes ou les 20 centimes de taux
25:37qu'on a pris depuis le débat,
25:39ça ne fait plus mal.
25:41Et ça, c'était général.
25:43Même le Bound a bougé.
25:45Comment vous regardez d'ailleurs le cas d'investissement américain ?
25:47Alors, il y a la dimension politique,
25:49évidemment, je le disais hier
25:51sous forme de plaisanterie,
25:53mais c'est vrai que dans la surenchère française
25:55vers le populisme, les États-Unis ne déméritent pas.
25:57C'est-à-dire que là aussi, on se demande
25:59si Biden va jusqu'au bout. Enfin bon, bref,
26:01on sent que cette campagne est
26:03peut-être encore pleine
26:05de surprises devant nous.
26:07Comment ça influence ou pas
26:09la gestion du cas d'investissement américain ?
26:11Et puis derrière, il y a quand même
26:13les entreprises, les résultats, toujours la
26:15concentration du marché,
26:17les 5, 6 plus grosses mégacaps
26:19qui font les 3 quarts de la performance.
26:21Oui, mais pour revenir un peu
26:23à la fois sur la question précédente
26:25et sur celle des États-Unis,
26:27entre le cas européen et la
26:29situation américaine, il y a deux choses
26:31qu'on a envie de faire. Alors, pour commencer
26:33par le cas américain, parce que c'est la dernière question,
26:35c'est que pour couvrir les portefeuilles aujourd'hui,
26:37on trouve que le dollar, ce n'est pas idiot.
26:39Pourquoi ? Parce que malgré tout, même si
26:41a priori, le REN,
26:43il ne parle plus de Frexit, il peut quand même y avoir
26:45du désordre, donc potentiellement
26:47un affaiblissement de l'euro, ou en tout cas, ça ne va pas l'aider.
26:49Donc dans ce contexte-là,
26:51avoir du dollar,
26:53un peu plus de dollar, ce n'est pas idiot.
26:55Surtout à la suite du débat,
26:57parce que, comme on vient de le mentionner,
26:59le débat a provoqué quoi ? A provoqué hausse
27:01des taux d'intérêt, parce que Trump, il est inflationniste
27:03et qu'il va mettre de l'essence dans le moteur,
27:05peut-être de manière déraisonnable.
27:07Donc, on a quand même
27:09beaucoup d'éléments qui pourraient faire que le dollar soit très
27:11résistant. Alors maintenant,
27:13est-ce que c'est via des actions qu'on va acheter
27:15du dollar ? Enfin, via des actions américaines ?
27:17Bof ! On n'a pas très envie,
27:19là, quand même, je trouve que les marchés
27:21américains sont un peu tendus, ils ont fait une bonne partie
27:23du chemin, donc on n'a pas très envie
27:25d'acheter des actions américaines.
27:27Donc, ça serait plutôt acheter du dollar
27:29via de l'obligataire court.
27:31Donc, un peu de sécurisation,
27:33un peu de couverture.
27:35Et sur la partie européenne, il y a quand même aussi
27:37un élément
27:39qui
27:41nous inquiète, c'est beaucoup dire,
27:43mais en tout cas,
27:45sur lequel on est assez attentif,
27:47c'est qu'on a vu
27:49aujourd'hui deux publications
27:51qui ne sont pas mauvaises, je veux dire
27:53Sodexo,
27:55ils ratent d'un pouillème
27:57sur leur chiffre d'affaires,
27:59Michelin, c'est pareil, le mix est un peu différent,
28:01il y a une baisse de volume, une augmentation des prix,
28:03ça fait des mois que ça dure,
28:05et les deux titres sont pas de moins de 5.
28:07On a vu L'Oréal la semaine dernière
28:09qui a
28:11un petit peu averti sur la situation
28:13de la Chine, sur la décroissance encore des Etats-Unis,
28:15résultat des courses, moins 600 en deux jours
28:17et aujourd'hui ça baisse encore.
28:19Donc, on a un peu
28:21le sentiment que
28:23la saison de publication d'Europe va être sportive,
28:25c'est-à-dire que dès que ça va rater un petit peu,
28:27ça va être la grosse sanction,
28:29donc globalement,
28:31notre sentiment
28:33et notre stratégie aujourd'hui, c'est plutôt
28:35d'enlever un peu de risques,
28:37pas forcément de manière structurelle,
28:39mais en tout cas d'enlever un petit peu de risques à court terme,
28:41parce que pas de boule caisse sur la France,
28:43sur l'Europe,
28:45pas forcément de raison de voir non plus l'Europe
28:47décoller, et sur les Etats-Unis,
28:49c'est quand même un peu tendu,
28:51le marché est concentré,
28:53les révisions sont là-haut,
28:55sur toujours les mêmes boîtes,
28:57mais sur les autres, c'est moins bien.
28:59Il y en a six qui vont voir leurs bénéfices progresser
29:01de 30% au deuxième trimestre,
29:03et puis le reste du marché
29:05qui verra une progression de quelques pourcents.
29:07Oui, et si on parle de
29:09toujours la même, c'est malheureux,
29:11mais dans Nvidia, aujourd'hui, c'est 40 fois les résultats.
29:13Au début de l'année, c'était 25.
29:15Au début de l'année, je comprends qu'on puisse dire
29:17que c'est pas cher, parce qu'il va y avoir
29:1960-100% de croissance.
29:21Après, jusqu'à présent, c'est toujours les analyses qui courent
29:23après les résultats de Nvidia.
29:25C'est plutôt dans ce sens-là que ça se fait.
29:27Mais aujourd'hui, on est à 40 fois,
29:29avec potentiellement quand même une croissance
29:31qui va ralentir.
29:33On est plutôt en train d'enlever du risque
29:35aujourd'hui, pour se mettre dans du sécuritaire,
29:37du court terme,
29:39et puis attendre de voir comment se passe l'été.
29:41D'autant que, malgré quelques baisses de taux
29:43un peu partout dans le monde, comme vous dites,
29:45le cours reste quand même très intéressant
29:47en termes de risk-reward, de volatilité, etc.
29:49Oui, et puis à la limite,
29:51on peut se mettre en défensif
29:53maintenant, sachant que le début d'année,
29:55pour un portefeuille diversifié,
29:57a été tout à fait satisfaisant.
29:59Donc, c'est pas comme si on se mettait en défensif
30:01alors qu'on était en train de souffrir.
30:03Julien, vos commentaires, puis je veux bien qu'on revienne
30:05sur l'après-débat
30:07Trump-Biden, et ce phénomène
30:09de repentification de la courbe américaine.
30:11On appelle ça un bear steepening.
30:13Ça corrige, notamment,
30:15plutôt sur la partie longue par rapport à la partie courte,
30:17c'est ça ? Et ça, c'est quoi ? C'est un avant-goût
30:19de ce que le marché
30:21peut imaginer
30:23avec une nouvelle présidence Trump ?
30:25Oui, je rejoins ce qui vient d'être dit.
30:27En effet, sur l'aspect et les conséquences
30:29économiques d'une politique de Trump,
30:31c'est que, en effet, c'est reflationniste.
30:33C'est reflationniste
30:35notamment, peut-être,
30:37par le sujet de l'immigration.
30:39Si Trump venait à réduire ou à fermer les frontières,
30:41on sait que ça, ça met de la tension
30:43sur le marché de l'emploi. Globalement, le fait d'avoir
30:45réouvert les frontières depuis 2021 aux Etats-Unis,
30:47on sait que ça nous a permis d'économiser
30:49à priori 0,4 points
30:51d'inflation, à peu près, par
30:53une détente, finalement, plus forte que ce qu'elle aurait été
30:55si on n'avait pas eu cette
30:57immigration. On a rejoint complètement, on a comblé
30:59le gap que l'on avait lors de la période
31:01de Covid-Trump, de déficit
31:03d'immigration aux Etats-Unis.
31:05Donc, ils ont besoin,
31:07j'allais dire, ils ont besoin d'immigration, et nous aussi.
31:09Oui, il n'y a pas que, oui.
31:11Mais, voilà,
31:13économiquement, c'est porteur,
31:15ça limite les pressions inflationnistes,
31:17et ça permet d'apporter,
31:19je dirais, une bouffée d'oxygène
31:21sur la force de travail, notamment aux Etats-Unis.
31:23Donc, ça, c'est très clair. Il y a aussi une thématique
31:25de fond aux Etats-Unis,
31:27qui est que, globalement,
31:29on a un secteur des services qui se tient très bien,
31:31et un secteur manufacturier,
31:33également, qui rebondit. Alors, on est
31:35toujours en zone de contraction quand on regarde l'ISM,
31:37mais on sait qu'on a eu une période de déstockage qui était très forte.
31:39Donc, on a un déstockage technique,
31:41enfin, pardon, une récession
31:43manufacturière technique liée au déstockage.
31:45Donc, on a un élastique conjoncturel,
31:47potentiellement, qui
31:49peut être assez fort, et on voit que ça s'est déjà redressé.
31:51Donc, on a un sous-jacent
31:53manufacturier qui rebondit, les services toujours
31:55bien orientés, et, en effet, Trump qui pourrait
31:57souffler sur les braises. Donc, ça, ça amène
31:59à une reconstitution de la prime de termes,
32:01donc, à une hausse des
32:03taux longs, et donc, une repentification
32:05des courbes de taux qui,
32:07aujourd'hui, restent quand même très plates.
32:08Et, du point de vue de la FED, qu'est-ce que ça implique ?
32:10De mémoire aux dernières projections
32:12du dernier FOMC, donc,
32:14ils avaient enlevé une baisse de taux des projections
32:16cette année, mais pour en rajouter une
32:18en 2025, si bien
32:20qu'ils sont à 4 baisses de taux dans leurs projections,
32:22je crois, pour 2025. Enfin, qu'est-ce qui est le plus réaliste ?
32:24C'est d'en faire 2 cette année, ou 4
32:26l'an prochain, là ?
32:27Alors, nous, on est honoré, clairement,
32:29chez Groupama, c'est Blunt, on est la cible sur
32:312024, sur 2025.
32:33Vous êtes très prudent sur les marges de manœuvre
32:35de la réserve fédérale américaine pour baisser ces taux.
32:37Nous, on n'a pas changé de vision là-dessus.
32:39On a une enveloppe qui est beaucoup plus restreinte que celle du marché.
32:41Alors, le marché nous a rejoint, en toute
32:43humilité. Ils ont été sur 6-7 cuts,
32:45enfin, le marché, 6-7 pour le début d'année.
32:47On est revenu sur 2 cuts,
32:49à peu près, aux US. Là où on
32:51souscrit pas encore, nous, aux attentes, encore une fois,
32:53aux attentes du marché, c'est sur 2025.
32:55Là, les investisseurs sont plutôt sur
32:573-4 cuts, même aux Etats-Unis, en 2025.
32:59Nous, on n'y est pas. Donc, on pense que l'enveloppe
33:01globale sera inférieure à ce qui est price
33:03aujourd'hui. Dit autrement, le taux neutre à l'arrivée,
33:05selon nous, sera plus haut
33:07que ce que les marchés anticipent, simplement
33:09parce qu'on anticipe une croissance plus élevée que la cible
33:11et une inflation plus élevée
33:13que la cible des investisseurs, également.
33:15Et donc, selon la règle de Taylor, si vous voulez,
33:17un peu plus de croissance, un peu plus d'inflation,
33:19vous avez un taux neutre qui est un peu plus élevé.
33:21À l'arrivée, le taux terminal est plus haut.
33:23Oui, enfin,
33:25c'est quoi les gardes fous, aussi, de
33:27Trump ? On évoquait le sujet
33:29pour le cas français. C'est quoi les
33:31gardes fous disciplinaires autour d'un Trump
33:33alors qu'il repartirait sur
33:35les baisses d'impôts, etc.,
33:37la fermeture des frontières, les tarifs
33:39douaniers,
33:41la tiraille Trump classique ?
33:43Il y a deux choses, je dirais.
33:45Il y a l'électorat et, bon, il y a la fête,
33:47déjà, parce que le fait que tout monte
33:49et que le doigt ne bouge pas, c'est que, visiblement, on a une fête
33:51qui reste à des taux élevés, parce que
33:53Trump a parlé de remplacer, avec quelqu'un qui
33:55baisse les taux, un Burns local pour
33:57faire allusion aux années 70. Après,
33:59il faut voir qu'un des éléments, quand même, moteurs,
34:01et on en a dans les élections en France,
34:03et dans les élections, c'est quand même l'inflation.
34:05On a bien vu qu'on disait, il y a 10 ans,
34:07un peu d'inflation, ça met du bain aux épinards,
34:09c'est pas mal, les gens ne verraient pas la différence.
34:11Là, on voit aujourd'hui, on a le niveau de chômage
34:13au plus bas, on a dit tout à l'heure en Europe,
34:15on a aux Etats-Unis pareil, et les gens ne parlent
34:17que de l'inflation. Donc, on voit bien que, quand même, c'est pas
34:19aussi un doleur politiquement que ce qu'on
34:21pensait à l'origine, où quand on n'avait pas d'inflation, il y a 10 ans,
34:23on était à 10 ans, 2-3% c'est rien.
34:25Je veux dire, si Trump
34:27est aussi inflationniste qu'il dit,
34:29aujourd'hui, le reproche principal qu'on fait
34:31à Biden, sur sa politique, c'est d'avoir
34:33de l'inflation assez élevée.
34:35Et donc, poétiquement,
34:37ça sera assez rapidement intenable, aussi, pour
34:39Trump de générer l'inflation.
34:41C'était une solution qui paraissait séduisante,
34:43et aujourd'hui, on voit que, poétiquement,
34:45elle use.
34:47Et donc, partout.
34:49Même au Japon, au moment où ils voulaient faire 2% d'inflation,
34:51il se restait à zéro, alors qu'on leur disait,
34:53un peu d'inflation, ça met du boulot dans les rouages.
34:55Mais non. Donc, je pense qu'il y aura
34:572, il y aura la Fed, comment on va gérer la Fed,
34:59derrière,
35:01et 2, poétiquement,
35:03je pense que l'inflation est
35:05un coût politique énorme, qui fait
35:07que... — Même pour Trump. — Même pour Trump.
35:09Et oui, voilà. Et donc, il y a un moment,
35:11on va dire, comment on fait.
35:13Et comment on fait, c'est baisser,
35:15diminuer le déficit, c'est les taux élevés,
35:17et puis après, il y a un dernier,
35:19je veux dire, événement, c'est que,
35:21on parlait des 7,
35:23je veux dire, on a une concentration
35:25de marché, qui peut créer un choc
35:27déflationniste à tout moment, si jamais
35:29l'IA ne se retrouve pas
35:31à hauteur des attentes depuis longtemps.
35:33Voilà, donc... — Ça s'invite à quoi ?
35:35À la prudence, quand même, vis-à-vis, justement,
35:37des risques américains, des actions américaines ?
35:39— Oui, il y a un risque au corps du marché américain qui est
35:41monstrueux. Je veux dire,
35:43la moitié de la progression de l'ASP500, c'est de l'IA,
35:45on est à 30% des ventes,
35:47on a des choses comptables qui ne sont pas toujours
35:49très claires. Voilà, mais surtout,
35:51on a un risque, on a un risque systémique
35:53qui se niche aujourd'hui au cours du
35:55marché américain, et avec le poids
35:57des retraites américaines investies en NASDAQ
35:59et en... Aujourd'hui, les retraites américaines sont diversifiées,
36:01moitié ASP500, moitié NASDAQ.
36:03De l'autre côté, vous avez 10% de
36:05l'IA, de l'autre côté, vous avez 30% de
36:07MCEP, vous avez 50%.
36:09Voilà, c'est ça,
36:11la réalité. Donc,
36:13il peut y avoir, à tout moment,
36:15si demain, on enlève l'IA
36:17et si on considère que les investissements
36:19ne mènent nulle part à quelque chose...
36:21Je veux dire, ces valorisations
36:23ne peuvent pas être justifiées.
36:25Et vous avez comme le cœur du marché
36:27mondial qui
36:29est vide, quoi.
36:31C'est l'action qui donne la tendance partout dans le monde
36:33aujourd'hui, oui, c'est ça.
36:35Au moment, ça va finir par se réaliser.
36:37D'accord, et donc, qu'est-ce que ça implique, là,
36:39en termes de gestion ? Il nous reste un...
36:41Pour un tournotable...
36:43On pensait que
36:45la techno allait corriger, que l'Europe allait rattraper.
36:47Ce n'est pas le cas, on est au sommet. Pour nous, c'est clair,
36:49c'est une bulle. Donc, on a commencé à shorter.
36:51On shorte, là, depuis plus de 20 000
36:53NAS d'accent. D'accord, d'accord.
36:55Et je pense que sur
36:57le 10 ans, 30 ans, même si Trump
36:59peut perturber ça, on est sur
37:01les inflations en train de revenir. Donc,
37:03l'obligataire sans risques
37:05va être aussi intéressant sur le second semestre.
37:07D'accord. L'idée
37:09est de pouvoir rallonger de la duration, là,
37:11ce côté américain, en tout cas.
37:13Côté américain, ce second semestre,
37:15parce que
37:17je ne suis pas sûr que Trump...
37:19Le débat était quand même sur elle.
37:21Biden l'a perdu très clairement, mais
37:23il ne faut pas dire que Trump l'a gagné. Enfin, il l'a gagné par
37:25abstention ou par abandon, je veux dire, plus que...
37:27Ah, vous croyez encore à Biden ?
37:29Non, je veux dire,
37:31un candidat démocrate
37:33n'a pas complètement perdu.
37:35D'accord. Un plan B, quoi.
37:37Peut-être. Non, mais
37:39dans la fiction totale.
37:41Cette fois-ci, je disais que les deux candidats
37:43seraient peut-être possibles, qu'il était possible que les deux candidats,
37:45dès l'année dernière, que ce ne soient pas les deux candidats
37:47en septembre, on l'a dit plusieurs fois
37:49sur ce plateau. Mais
37:51je ne suis pas sûr qu'il ait complètement perdu
37:53tout de suite.
37:55Il ne l'aurait pas été, ça aurait été mieux
37:57et ça aurait été probablement
37:59beaucoup plus simple à gérer. Là, c'est comme ça.
38:01Mais je pense qu'il y a d'autres
38:03rebondissements qui peuvent encore arriver.
38:05Encore au mois de novembre, le marché est encore long
38:07des deux côtés. Je n'excuse pas
38:09ni une victoire de l'un ni de l'autre,
38:11ni d'un troisième, ni d'un quatrième,
38:13si jamais il y a un accident.
38:15Mais le temps
38:17est encore long.
38:19Bon, sur la logique d'investissement, là, pour les clients
38:21privés de mandarine gestion, Damien, vous disiez
38:23bon, sur la France, il n'y a plus de bull case,
38:25donc ça ne sert à rien d'aller
38:27trop fort dessus. Mais au-delà de ça,
38:29effectivement, où est-ce qu'on se sent confortable
38:31là, aujourd'hui ?
38:33Dans l'obligataire, on se sent encore relativement confortable.
38:35Je dirais qu'il y a toujours des...
38:37Sécurité, le cours, ça marche bien, toujours ?
38:39Oui, on a toujours du portage relativement élevé,
38:41avec, malgré tout, pour l'instant,
38:43un risque d'auto et un risque crédit
38:45qui est quand même très très contenu. Donc, il peut y avoir un peu
38:47de volatilité. Mais je crois que, comme ça a été dit
38:49tout à l'heure, on n'est pas du tout dans un scénario
38:51de crise systémique ou de dérapage total.
38:53Donc, ce qui est clair, c'est que
38:55que ce soit pour l'Europe, enfin pour la
38:57France, pour l'Europe ou pour les Etats-Unis,
38:59le point d'attention général
39:01et je pense qu'on n'est pas
39:03les seuls à le regarder, c'est uniquement les taux d'intérêt.
39:05La mesure du risque, sur les marchés,
39:07que ce soit les actions ou les obligs, c'est les taux d'intérêt.
39:09Donc, à partir du moment
39:11où il n'y a pas de dérapage sur les taux d'intérêt,
39:13on n'est pas particulièrement inquiet.
39:15Là où on serait un peu plus inquiet, c'est si les taux d'intérêt
39:17européens, par exemple, se mettent à
39:19se mettent à grimper pour un risque ou pour un autre,
39:21quel qu'il soit. Donc,
39:23tout à l'heure, on a dit qu'on était un peu plus prudents
39:25à court terme. Alors, nous,
39:27je ne suis pas trop d'accord pour dire qu'il y a une bulle
39:29sur le marché américain parce que, globalement,
39:31sur l'IA, il y a des entreprises très peu.
39:33Sur les grosses capilles
39:35du Nasdaq,
39:37il y a de l'engouement, mais
39:39les valeaux ne sont pas aussi absurdes
39:41que dans l'an 2000. Donc,
39:43ça mérite de corriger, si on est d'accord,
39:45parce que je pense que c'est les anticipations qui sont un peu
39:47trop élevées et que la croissance est vue comme
39:49trop long terme, alors qu'il y a un moment où
39:51il y a des concurrents qui arrivent.
39:53Donc, il peut y avoir des corrections sur ce titre-là,
39:55mais ce n'est pas
39:57une bulle dans le sens où on craint.
39:59On a vu, moins 17 sur NVIDIA, ça peut se faire
40:01assez vite. Et moins 50 en
40:032022. Et moins 50 en 2022,
40:05oui, avant de refaire 300% d'air.
40:07Oui, absolument. Non, ça peut corriger,
40:09mais sur des titres comme ça, il n'y a pas de problème.
40:11Mais on n'est pas particulièrement inquiets, on est plus prudents
40:13aujourd'hui, mais
40:15on n'est pas en train de se mettre aux abris.
40:17Pour conclure avec vous, Julien, sur la partie crédit-taux...
40:19Oui, je souscris à ce qui
40:21vient d'être dit. Je pense qu'en effet, on a encore la valeur
40:23sur les parties courtes des courbes. On est, en plus,
40:25plutôt protégés sur l'aspect sensibilité, risque d'autorisme
40:27et de crédit.
40:29Nous, ce qu'on fera, c'est qu'on sera
40:31opportunistes sur des points de volatilité
40:33qui pourraient arriver, notamment
40:35sur le marché du crédit. On l'a vu récemment,
40:37c'est un peu écarté avec l'épisode français.
40:39On verra ce qu'on fera avec l'épisode américain, éventuellement.
40:41On peut avoir un peu de vol aux approches des élections.
40:43Voilà, on est dans des valorisations qui,
40:45aujourd'hui, restent relativement tendues.
40:47On avait protégé les portefeuilles, déjà,
40:49depuis quelques temps. On avait réduit l'exposition au marché du crédit.
40:51Là, on sera opportunistes
40:53en revenant sur ces actifs-là,
40:55sur écartement,
40:57puisqu'on a plutôt une vision constructive
40:59à moyen-long terme.
41:00Merci beaucoup, messieurs. Merci d'avoir été des invités de Planète Marché.
41:02Ce soir, Julien Moutier, directeur des gestions
41:04obligataires de Groupama Asset Management.
41:06Damien Charlat, directeur de la gestion sous-mandat
41:08de Mandarine Gestion. Et Gilles Echeberrigaray,
41:10président et directeur des investissements
41:12d'Elcano Asset Management.

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