Mercredi 12 mars 2025, SMART BOURSE reçoit Vincent Lequertier (responsable de l’Allocation d’Actifs, WeSave) , Pierre-Olivier Beffy (Gérant et chef économiste, Boussard et Gavaudan) , Nicolas Brault (Directeur Associé, Hottinguer banque privée) et Benjamin Louvet (Directeur de la Gestion Matières Premières, Ofi Invest Asset Management)
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés.
00:13Chaque jour du lundi au vendredi, vous nous retrouvez à 20h30 si vous nous suivez à
00:16la télévision via vos box et vous nous retrouvez chaque jour également en replay sur bsmart.fr
00:21ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:24Au sommaire de cette édition ce soir, peu d'éclaircissement peut-être nécessaire
00:29sur la stratégie économique de Donald Trump qui semble être appuyée par l'idée du
00:34« no pain, no gain ». Il faudra passer par une période de transition, de détox nous
00:39disait Scott Bessent, le secrétaire du Trésor, il y a quelques jours pour refaçonner le
00:44modèle économique américain et refaire des Etats-Unis une véritable puissance industrielle.
00:50Dans l'intervalle, il y aura sans doute un peu de douleur pour les marchés, pour l'économie
00:55américaine, les esprits semble-t-il sont en train d'être préparés à cette idée,
01:01qui signale que Donald Trump a peut-être un seuil de tolérance par rapport à la baisse
01:05de l'économie et des marchés beaucoup plus élevé que ce qu'on pouvait imaginer au
01:09regard de ce qu'on avait pu observer d'ailleurs à l'occasion de son premier mandat, c'est
01:13la question du moment pour les investisseurs avec une série de séances compliquées derrière
01:19nous, particulièrement sur le marché américain qui se stabilise aujourd'hui, qui tente
01:23de se redresser mais qui reste quand même particulièrement volatile dans ce contexte
01:28et avec ses perspectives de ralentissement économique aux Etats-Unis, quelles peuvent
01:32être les marges de manœuvre de la réserve fédérale américaine avec bien sûr l'épée
01:36de Damoclès des tarifs de Donald Trump, nous en sommes au premier étage de la fusée qui
01:42vise le Canada, le Mexique et le secteur emblématique de l'acier et de l'aluminium, 25% de tarifs
01:47qui ont été confirmés aujourd'hui pour ces matières premières et ce secteur de
01:52l'acier et de l'aluminium, le moment de vérité viendra un peu plus tard, d'ici quelques
01:56semaines après la publication d'un rapport attendu du Trésor sur les déséquilibres
02:01commerciaux que subissent les Etats-Unis et la possibilité d'une vague de tarifs un
02:06peu plus générale à compter du 2 avril prochain.
02:09Voilà donc pour la situation, l'inflation américaine se modère un peu plus que prévu
02:13au mois de février, nous verrons si cela permet à la réserve fédérale américaine
02:18de modifier un petit peu son message à l'occasion de la communication la semaine prochaine à
02:23l'issue de la prochaine réunion de la Fed dont on attend toujours qu'elle maintienne
02:26un statu quo sur les taux directeurs actuels.
02:30Et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, pour évoquer le grand tourbillon
02:34Trump, nous nous focaliserons sur le secteur des matières premières avec Benjamin Louvel,
02:39le directeur de la gestion des matières premières d'Ofi Invest AM qui sera avec nous en plateau
02:43dans le quart d'heure thématique de Smart Bourse ce soir.
02:48Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, Pauline Grattel est avec
02:59nous et vous apporte les infos clés du jour sur les marchés.
03:01Bonsoir Pauline, le chiffre macroéconomique du jour c'est celui de l'inflation américaine
03:06pour le mois de février.
03:07Oui, l'inflation de février progresse de 2,8% sur un an, c'est inférieur aux attentes
03:13et au mois précédent où l'inflation américaine était à plus 3% sur un mois.
03:18L'inflation est en hausse de 0,2%.
03:20Là aussi, c'est moins que le mois précédent et sous les attentes.
03:23Enfin, dans sa version cœur, hors alimentation et énergie, elle ressort à plus 3,1% sur
03:29un an et plus 0,2% sur un mois.
03:31Bon, un rapport mensuel sur l'inflation aux Etats-Unis qui ne prend pas vraiment en compte
03:36la question tarifaire, les tarifs douaniers sont encore à la une aujourd'hui.
03:41Oui, après une dernière série d'hésitations, notamment vis-à-vis du Canada, les tarifs
03:45de 25% sur les importations d'acier et d'aluminium en provenance du reste du monde sont bien
03:51entrés en vigueur.
03:52Aujourd'hui, à ce stade, l'Union Européenne est la première à répondre avec une série
03:56de droits de douane sur 26 milliards d'euros de produits américains allant du Bourbon
04:00au Harley Davidson.
04:01La Banque du Canada, dans ce contexte, a baissé à nouveau son taux directeur.
04:06Une baisse de taux de 25 points de base ramenant ainsi le taux directeur de 3 à 2,75%.
04:12C'est la sixième baisse consécutive de taux pour la Banque du Canada.
04:15La suite semble évidemment beaucoup plus incertaine.
04:18Le gouverneur canadien indique simplement que la Banque centrale fera tout ce qu'elle
04:22peut pour aider l'économie à s'ajuster dans ce nouvel environnement.
04:25Après ces dernières informations, que dire de la situation des marchés obligataires, Pauline ?
04:29Le marché obligataire reste pris en tenaille entre les craintes de ralentissement économique
04:34plus prononcées que prévues et l'effet potentiellement inflationniste des tarifs
04:38aujourd'hui mis en place.
04:39Au final, le rendement américain à 10 ans remonte et s'établit autour de 4,30% aujourd'hui.
04:44En Europe, le rendement allemand à 10 ans poursuit sa remontée alors que les négociations
04:48politiques entre la future coalition et les Verts avancent pour s'établir à 2,90%.
04:54Sur le marché d'échange, le dollar est stable face à un panier de devises avec un
04:58euro-dollar toujours autour de 1,09.
05:00Qu'en est-il du côté des marchés d'action ?
05:02La volatilité reste de mise, notamment sur le marché américain avec une ouverture en
05:07hausse pour les principaux indices, très vite suivi d'un contre-pied.
05:10En Europe, le stock se sissant est en hausse autour de 0,5%.
05:14En France, en début de séance, le CAC 40 est repassé au-dessus des 8000 points et
05:18gagné plus de 1% avant que ce rebond ne s'essouffle et que l'indice parisien ne repasse sous
05:24les 8000 points.
05:25Et puis parmi les sources d'espoir également pour les marchés, les indices actions, les
05:29actifs risqués, l'idée d'une paix ou d'un cessez-le-feu, à minima, entre la Russie
05:34et l'Ukraine qui progresse ?
05:35Oui, le cessez-le-feu proposé par les Etats-Unis a été approuvé par l'Ukraine.
05:40Les deux pays ont accepté l'accord des minerais et proposent une trêve de 30 jours.
05:44Le projet doit maintenant être validé par la Russie qui attend une information complète
05:48de l'Amérique.
05:49A la mi-journée, le porte-parole du Kremlin a dit « ne précipitons pas les choses ».
05:53De leur côté, les Etats-Unis ont annoncé la reprise immédiate de leur aide militaire
05:57et de l'échange des renseignements avec l'Ukraine.
05:59Du côté des entreprises, si l'Europe n'a pas de Nvidia, elle a en revanche Rheinmetall.
06:04Le groupe a publié ses comptes aujourd'hui.
06:06Oui, une publication saluée par les investisseurs puisque le titre bondit de 8%.
06:10L'entreprise fait état d'une année record de perspectives favorables pour le secteur
06:15de la défense et anticipe une croissance de ses ventes de 40% sans prendre en compte
06:20le réarmement de l'Europe.
06:21Le chiffre d'affaires s'établit à quasiment 10 milliards d'euros, en hausse de 36%.
06:26Mais surtout, le carnet de commandes à 55 milliards d'euros est record, en hausse
06:30de plus de 40% par rapport à l'année dernière.
06:32Dans son sillage, Safran est en tête du CAC 40 et gagne 5%.
06:36Quel sera le programme de demain sur les marchés Pauline ?
06:38Les investisseurs prendront connaissance demain des prix à la production de février
06:41aux Etats-Unis ainsi que la production industrielle de la zone euro de janvier.
06:45Tendance mon ami ! Chaque soir en ouverture de Smartbourse, Pauline Grattel vous apporte
06:49les infos clés du jour sur les marchés.
06:56Trois invités avec nous chaque soir autour de cette table pour décrypter les mouvements
07:04de la planète marché.
07:06Nicolas Braud nous accompagne, directeur associé chez Autungr, banque privée.
07:09Bonsoir Nicolas.
07:10Bonsoir Grégoire.
07:11Pierre-Olivier Beffy est avec nous également, gérant et chef économiste chez Boussard
07:14et Gavodan.
07:15Vous êtes également président fondateur de l'association L'EcoAvenir.
07:17Bonsoir Pierre-Olivier.
07:18Bonsoir Grégoire.
07:19Et Vincent Lecartier est également à nos côtés, responsable de l'allocation d'actifs
07:23chez WeSave.
07:24Bonsoir Vincent.
07:25Bonsoir Grégoire.
07:26No pain, no gain, ça semble être la stratégie de plus en plus explicite d'ailleurs chez
07:31Donald Trump et les membres clés de son cabinet, la nouvelle stratégie économique de ce début
07:37de second mandat de Donald Trump.
07:39On a franchi la barre des 50 jours depuis son installation à la Maison-Blanche le 20
07:44janvier dernier avec l'idée que l'économie américaine va devoir traverser une période
07:48de transition, nous dit Donald Trump.
07:51Scott Bessent utilise l'idée d'une période de détox, de désintoxication pour l'économie
07:56américaine avec l'objectif de refaçonner un modèle économique un peu différent, plus
08:01industriel qu'il ne l'est aujourd'hui.
08:04No pain, no gain, comment est-ce que ça résonne à l'oreille d'un investisseur et d'un gérant
08:09d'actifs Vincent ?
08:10Je pense qu'il faut essayer de comprendre la logique, j'ai l'impression qu'on fonctionne
08:18exactement à l'inverse de son premier mandat où il avait été d'abord généreux avec
08:23des baisses d'impôts, de la dérégulation et ensuite il était passé sur la partie
08:27désagréable qui étaient les hausses tarifaires pour des raisons techniques.
08:32En fait, il ne peut pas le faire cette fois-ci dans ce sens-là, donc il est obligé d'attendre
08:35que le Parlement lui donne son soutien pour la partie baisse des impôts, donc il fait
08:41ce qu'il peut faire, c'est-à-dire déjà la partie je frappe sur la partie tarifaire
08:46ou je menace de frapper sur la partie tarifaire, je réduis les dépenses, tout ça pour avoir
08:51derrière effectivement une pression sur l'économie, ce qui lui permet de dégager déjà quelques
08:57avantages des taux d'intérêt plus bas, autrement dit un accès au crédit moins cher pour l'ensemble
09:03des acteurs et notamment pour l'État, un pétrole qui reste bas, donc ça aussi c'est
09:09pour le pouvoir d'achat ou pour les marges bénéficiaires de beaucoup d'entreprises,
09:12c'est plutôt une bonne nouvelle, un dollar qui s'est réaffaibli, donc là aussi globalement
09:18c'est de la compétitivité pour les entreprises américaines, donc plutôt un facteur je pense
09:23favorable, donc il y a quand même un certain nombre de facteurs pour moi neutralisant le
09:27côté désagréable.
09:28Il n'y a pas que des échecs dans les 50 premiers jours de Donald Trump ?
09:31Absolument pas, et on est focalisé sur la partie action, mais il faut se rappeler que
09:34la partie obligataire gagne depuis le début de l'année et que les portefeuilles des ménages
09:39américains sont mutualisés, il n'y a pas que des actions.
09:41Dans le 60-40, il y a aussi une partie obligataire, oui.
09:45Donc il y a une partie qui vient compenser la baisse des actions, qui avait été spectaculaire
09:50sur les dernières années, donc on peut aussi rendre un peu de ce qu'on a gagné.
09:54Donc je n'ai pas l'impression qu'à ce stade le pouvoir d'achat des ménages soit
09:59spécialement menacé, il n'y a pas de flambée du chômage, il y a moins de recrutement
10:05mais pas de hausse du chômage, donc j'ai l'impression que pour le moment le risque
10:09d'avoir une récession par un effondrement de la consommation, il reste modéré à
10:15ce stade, de mon point de vue, et donc ce qu'on peut essayer d'attendre ensuite,
10:20ce sont les baisses d'impôts qu'il va falloir essayer d'arracher aux parlementaires,
10:25et je pense que d'une certaine manière, plus l'économie ralentit, plus c'est facile
10:29de négocier auprès d'eux, d'avoir des enveloppes pour aller soutenir le revenu
10:35des ménages, le pouvoir d'achat des ménages, ou les bénéfices des entreprises, donc
10:40je pense qu'il y a ce facteur-là, et la dérégulation qui elle aussi va venir en
10:45soutien de la croissance, et tout ça dans un calendrier qui est assez serré, c'est-à-dire
10:50les deux ans d'élections à mi-mandat, donc je pense qu'on fait le plus dur maintenant,
10:55et que si les Républicains accompagnent cette thèse, on se retrouve à avoir plutôt des
11:01bonnes nouvelles avant les élections de mi-mandat, donc une chance d'être réélu
11:06en accompagnant la thèse de l'administration Trump.
11:09C'est un pari risqué ?
11:11Sur l'exécution, oui, il y a plein d'endroits.
11:15Pour que même Donald Trump en vienne à dire que oui, les marchés vont monter, vont baisser,
11:20mais le projet est ailleurs, et on est là pour reconstruire les Etats-Unis, qu'il y
11:24aura un peu de douleur, a little disturbance, but we are ok with that, etc.
11:29C'est assez nouveau dans la bouche d'un Trump qui a plutôt l'habitude de n'afficher que
11:34des victoires, quelles que soient les situations.
11:36Tant qu'il ne peut pas mettre en avant des baisses d'impôts, je pense que le pari est risqué.
11:41Pour moi, c'est ça l'enjeu, c'est ce timing, cette différence de timing entre la partie
11:46où on fait souffrir et la partie où on récompense.
11:49Pour moi, c'est ça le danger.
11:52Il y a la Fed quand même en soutien, potentiel ?
11:55On verra.
11:56Oui, oui, on verra.
11:57Potentiel.
11:58Le prochain rendez-vous avec la Fed, c'est effectivement la semaine prochaine.
12:00La dernière fois que Jérôme Poel s'est exprimé, c'était il n'y a pas très longtemps,
12:03je crois, il n'y a même pas une semaine, pour nous dire qu'à ce stade, la Fed n'avait
12:06toujours aucune urgence à baisser les taux, et qu'il était encore trop tôt selon lui
12:10pour intégrer pleinement les résultats économiques de la politique poursuivie par Donald Trump.
12:19On verra si la semaine prochaine est un moment différent de ce point de vue-là.
12:23Nicolas, Nicolas Braud, quand vous entendez Trump parler d'une période de transition,
12:28qu'est-ce que ça peut vouloir dire pour vous, en tout cas ?
12:32Juste par rapport à cette expression qui est récente, ça m'inspire deux commentaires.
12:40Le premier, c'est que je pense qu'il est tout de même surpris des effets qu'il a créés,
12:45dont il peut pour certains, en effet, se réjouir.
12:48La baisse du coût de financement, c'est un résultat qui est incontestable, et comme
12:53tout le monde s'attendait à une tension parce que c'était inflationniste et que
12:57l'État fédéral est très, très endetté, donc tu as absolument raison de dire que c'est
13:03sous-commenté.
13:04Il l'a bien affiché comme étant l'objectif premier, c'est ça qui est fascinant.
13:08Il est néanmoins surpris, et le terme de transition, ça résonne extrêmement mal
13:12à mes oreilles, parce qu'en 2024, j'ai entendu cette expression où la normalisation
13:19250 fois par des entreprises qui, dans 200 cas sur 250, ne voulaient pas dire qu'après
13:26la fête, il n'y avait plus de croissance.
13:28Le luxe, le machin, tous ceux qui avaient monté leur prix qui disaient que c'était
13:33du pricing power alors que c'était que de la retranscription de l'augmentation de
13:36leurs coûts et pas du tout du pricing power.
13:39Et donc, non, transition est un terme qu'on entend encore en 2025 à ceux qui disent avoir
13:48raté la marche 2024 et que 25, ce n'est pas encore l'année du redémarrage.
13:53Donc, les dirigeants d'entreprises ont déjà abusé de ce type d'expression.
13:58Un dirigeant d'un pays qui a, disons, un fil conducteur économique fort est à risque
14:05de commettre la même erreur.
14:07Peut-être deuxième commentaire.
14:11Il y a le court terme qui nous anime.
14:15Je pense qu'il faut prendre au mot ce qu'il dit, d'autant plus que du côté des entreprises,
14:24ce qu'on entend, ce qu'on lit, ce qu'on entend des dirigeants, c'est qu'ils sont eux-mêmes
14:29très surpris de la tournure des événements et cette incertitude est tout à fait au détriment
14:35de l'envie d'entreprendre, de l'envie d'embaucher, de l'envie d'investir, même aux Etats-Unis
14:44ou peut-être encore plus, je ne sais pas, et de l'envie de faire du M&A.
14:47Or, là, on est carrément à l'opposé de ce qu'on a entendu en décembre, janvier,
14:52où la machine à faire des deals allait tout simplement exploser.
14:56Donc, ça, c'est le court terme.
14:58Le sujet vraiment qui va peut-être nous animer les trois prochaines, les quatre prochaines
15:04années, c'est de savoir quel est le projet final derrière Trump.
15:08Est-ce que c'est vraiment une sorte de révolution ?
15:10Renverser l'étape, c'est bien, mais si c'est réconcilier in fine le monde, on va dire,
15:19des élites bien-pensantes, de l'argent dont il fait partie, puisqu'on a une plutocratie
15:25qui est à la manœuvre, là, maintenant, avec l'Amérique moyenne, et bien, super.
15:33Mais, ça veut dire beaucoup, beaucoup, beaucoup de dégâts.
15:36Mais je ne sais pas, on a envie, le côté fascinant de la période, c'est qu'on a une
15:45impression de plaque tectonique, de choses qui sont à la fois, ah, mais la dernière
15:50fois, il était comme ça, et tout le monde sait que l'Amérique ne se parle plus depuis
15:5520 ans, qu'il y a des écarts sociaux, professionnels, régionaux, partout, ce truc-là n'est pas
16:07tenable, et à bon entendeur, nous évoluons sur la même tendance, évidemment, ailleurs,
16:12en Europe.
16:13Donc, on est obligé de se questionner, et pas se limiter à un jugement à l'emporte-pièce
16:18par rapport à un bonhomme qui est brouillon, parfois, je dois le concéder, je le trouve
16:25extraordinairement antipathique, mais néanmoins, s'il est là, et de nouveau là, il a peut-être
16:31une stratégie, et c'est ça qui va être important de comprendre.
16:34Lui ou autour de lui, effectivement, quand on parle de Trump, je le précise à chaque
16:38fois, c'est aussi l'équipe, les gens autour de lui sont importants, quand même, dans
16:42cette affaire.
16:43Quand on entend Bessent, le secrétaire au Trésor, parler d'une désintoxication, de
16:49sortir d'une économie qui était devenue trop dépendante sur certains paramètres
16:54de la création d'emplois publics, c'est vrai, c'est vrai, même Janet Yellen le reconnaissait,
17:01il y a eu des créations d'emplois extrêmement importantes, et une sphère publique qui a
17:05pris de l'importance, et qui se lie dans les soldes budgétaires qui sont mauvais.
17:10Donc ça, ça a du sens, ça make sense.
17:14Maintenant, comment on y arrive ? Après, sur le très court terme, il y a aussi, par
17:23rapport à cette déclaration de transition, il y a un effet momentum dans les choses,
17:29on connaît ça quand on achète des actions, les marchés de momentum, à la hausse mais
17:33aussi à la baisse.
17:34En général, il y a une certaine inertie, quand on ne révise plus à la hausse, c'est
17:39marrant le coup d'après, on révise à la baisse, il y a quand même autour des earnings
17:45qui vont sortir à partir de la mi-avril, ça risque d'être intense.
17:50On a révisé un peu à la baisse, les earnings américains, c'est léger, mais quelques
17:55points, quelques points.
17:56Mais on ne les révise plus à la hausse.
17:57La séquence de publication à mi-fin février était bonne, mais le passé, et ce qui est
18:06sûr, c'est qu'on révise tous, plus ou moins, à commencer par les dirigeants, à
18:11la baisse, la perception qu'on avait du futur.
18:15Ça, c'est un changement radical.
18:16D'ailleurs, c'est hyper sain, c'est hyper sain du point de vue des marchés, parce que
18:21l'exceptionalisme américain…
18:22On corrige un suroptimisme qu'on pouvait avoir jusqu'à encore quelques mois sur
18:27l'état des Etats-Unis et des marchés américains.
18:29L'exceptionalisme américain, je trouve que c'est une fouthèse, c'est vraiment une
18:33foutaise.
18:34Il y a deux ans, ici, Nicolas…
18:36Ok, mais parce qu'on vit dans des mondes de consens.
18:39Il y a dix ans, l'Amérique avait presque acquis une crainte viscérale d'être dépassée
18:47très vite par la Chine.
18:48Là, elle a sombré provisoirement dans une arrogance qui n'est pas que Trumpienne,
18:55qu'on a entendu chez des conseillers financiers, des stratèges, des dirigeants de Wall Street.
19:00Il y a le patron de Goldman Sachs qui met un tout petit peu d'eau dans son vin, j'ai
19:03l'impression, cet après-midi.
19:04L'Amérique est la meilleure, mais elle n'est pas exceptionnelle, elle ne marche
19:08pas sur l'eau.
19:09Et elle est surtout la meilleure quand elle est paranoïaque.
19:12Là, elle est très très forte.
19:14Très très forte.
19:15Oui, mais elle reste soumise aux lois de la physique et de la gravité.
19:18Est-ce qu'on est arrivé à… Bon, on a envie de positiver, c'est quand même des
19:21gens qui nous… Ce qu'on parle de tout le temps, c'est qu'il y a des raisons.
19:24Bon, vos commentaires et de ce que vous comprenez de la stratégie après une cinquantaine de
19:30jours d'exercice du pouvoir par Trump et ses équipes, Pierre-Olivier ?
19:34Moi, je suis assez d'accord avec pas mal d'éléments qui ont été donnés par Vincent
19:38Nicolas.
19:39Je rappellerai un point, d'ailleurs, qui a aussi bien été dit, c'est que depuis
19:442019, aux Etats-Unis, sur les 7 millions d'emplois, il y en a 3,5 millions qui ont
19:48été faits d'emplois publics.
19:50Donc, c'est une économie…
19:52Ils ont mis 7% de PIB dans l'économie, quoi.
19:56Ils ont fait des déficits comme jamais.
19:58Je pense qu'il y a un déséquilibre de la politique du policy mix américain, mais
20:04sous Biden, déjà, qui était aberrant.
20:07On n'aurait jamais dû avoir autant de déficits publics avec une économie au plein
20:11emploi.
20:12Donc, je ne veux pas soulager, je dirais, Trump de sa communication, on peut juger
20:20sa politique, etc., mais dans le « no pain, no gain », il y a aussi l'idée que l'argent
20:25n'est plus gratuit depuis un an, un an et demi, et qu'avec les charges d'intérêts
20:28qui montent, de toute façon, il n'y a plus les marges budgétaires, donc il y a un passage
20:32qui va être rude.
20:33Et peut-être aussi, d'ailleurs, qu'à un moment, ça reviendra en Europe, ça aussi,
20:36parce qu'aujourd'hui, on met de l'argent de partout avec la dette…
20:39On est à fond renversé, là, maintenant.
20:41Donc, en France, d'un seul coup, on n'a plus de problèmes budgétaires.
20:43On était même précurseurs.
20:44Par-dessous, il y a quand même des éléments qui…
20:46Donc, moi, je pense qu'il y a une vraie transition là-dessus, que c'est important.
20:49C'est un projet ambitieux, mais nécessaire, de corriger, quand même, en partie, ce déséquilibre
20:55sorti de Covid de l'économie américaine.
20:59Je me rappelle, c'est une question qu'on se posait l'année dernière sur ce plateau,
21:02c'est « est-ce que vraiment ils veulent faire ? ». Il y a deux niveaux, il y a « est-ce
21:05qu'il veut simplement garder ses marges de manœuvre, garder son déficit comme il
21:08est, c'est déjà pas mal, ou alors, vraiment, faire encore plus d'expansion budgétaire,
21:13ou alors réduire vraiment ? ». Moi, j'ai l'impression que c'est encore un pari, pour
21:17l'instant, de réduire vraiment le déficit public américain.
21:20Je pense qu'un des dangers qu'on a aujourd'hui, c'est que, sans doute, on sait qu'une partie
21:27de la réponse, c'est d'avoir des torelles beaucoup plus bas qu'aujourd'hui.
21:29Il faut que la fête capitule.
21:30Le problème, c'est que la fête, pour capituler, il faut peut-être que l'économie ait bien
21:34mal.
21:35Donc, moi, ce qui me fait un peu peur dans la séquence, pour l'année, je ne prends
21:40pas le ras des marchés du taxi, etc.
21:41Non, mais c'est intéressant.
21:42C'est donc un espèce de chicken game entre Trump et la fête, qui va cligner de l'œil
21:47le premier.
21:48Et Trump espère, avec tout ce qu'il met en place, que c'est la fête qui va capituler
21:53la première, et que lui pourra garder un cap stratégique avec le soutien de torelles
21:58plus bas.
21:59Une des stratégies, c'est de mettre l'économie à mal et expliquer que c'est la faute de
22:02la fête.
22:03La fête, elle a une part de responsabilité, je veux dire, si moi, je suis assez peu inquiet
22:07de la consommation aux Etats-Unis, je pense que d'abord, les récessions, il n'y a jamais
22:10de la consommation, il y a toujours de l'investissement.
22:12Mais par contre, sur l'investissement, c'est rouge de partout.
22:14On a l'investissement immobilier avec les mises en chantier qui ont été faussées,
22:17et ça, c'est à cause de la fête.
22:18Les taux immobiliers sont extrêmement élevés.
22:20On a l'investissement public qui est en train de s'effondrer, ça, c'est de la faute de
22:23Trump.
22:24Et puis, on a l'investissement des entreprises qui subit, en fait, pour moi, un énorme choc
22:28de déglobalisation.
22:29Après, on peut mettre les tarifs dans tous les sens, les contre-tarifs, mais on a bénéficié,
22:35je dirais, dans les années 2000-2010, d'un énorme élan de mondialisation qui a créé
22:38beaucoup de croissance.
22:39Là, on a de la déglobalisation, mais qui arrive très, très vite.
22:41Donc bon, sur l'investissement, c'est très, très rude.
22:44Moi, je pense que quand même, le scénario n'est pas très enthousiasmant sur l'économie
22:48américaine, peut-être même l'économie mondiale cette année.
22:50Dans l'enquête auprès du moral des patrons de PME américains, NFIB hier, c'est quand
22:55même la base électorale de Trump, c'est une enquête très républicaine.
22:59Bon, effectivement, la baisse de la proportion des patrons d'entreprises qui sont prêts
23:05à étendre leur business dans les six prochains mois est violente.
23:08Sur un mois, sur deux mois, c'est quand même assez violent.
23:10Oui, tout à fait.
23:11Et puis, le problème, c'est qu'il va y avoir un décalage entre la perception...
23:16Aujourd'hui, on a beaucoup de peur par rapport à tout ce qu'il a dit, tout ce qu'on voit
23:19les gens...
23:20Enfin, le DOJ, on dit, voilà, c'est catastrophique.
23:23Mais pour l'instant, il n'y a rien dans les données.
23:24De toute façon, la plupart des données ne reflètent pas, ne le reflèteront pas si
23:27facilement.
23:28D'ailleurs, il n'y a pas rempli de données d'emploi dans les claims.
23:30Bon, quand on est fonctionnaire, on ne touche pas les avocats sans chômage comme ça.
23:34À l'ADP, il n'y a pas assez d'emplois privés, etc.
23:36Donc, il y a les payrolls.
23:37Les payrolls, c'est souvent un peu retardé pour des raisons méthodologiques.
23:40Donc, voilà, il y a pas mal d'effets statistiques qui font que tous ces effets, on les verra
23:45peut-être un peu plus tard dans la séquence par rapport à tout ce qu'il dit aujourd'hui.
23:48Mais malgré tout, c'est quand même un bon choc d'offres négatifs.
23:51Et il y a aussi un choc de demandes négatives.
23:53Je pense qu'il y a quand même un désenseignement parce qu'il y avait un gros débat, je me
23:56rappelle, en fin d'année là-dessus.
23:57C'est de se dire, les tarifs, c'est hyper inflationniste.
24:00En fait, finalement, on s'aperçoit que le plus gros risque aujourd'hui est sur la croissance
24:03et pas sur l'inflation.
24:04L'inflation, ça peut rester persistant, mais il n'y a pas de choc inflationniste qui vient.
24:10On ne repart pas à 10% d'inflation ou quoi ?
24:12Et le problème, c'est qu'on a plus peur maintenant que l'économie.
24:15Si l'économie lâche, il y aura de la désinflation.
24:18Donc, ça peut compenser l'effet inflationniste des tarifs.
24:20Sur le court terme, Jérôme Poel s'exprime la semaine prochaine à l'issue du FOMC.
24:24Il a déjà des éléments qui lui permettent d'avancer dans son discours ou d'être toujours
24:31sur l'idée d'une pause sans urgence ?
24:34Je pense que c'est quand même un meeting extrêmement important pour les marchés.
24:38Je le perçois comme ça parce qu'il ne faut pas forcément qu'il pivote, mais il faut
24:44au moins quand même qu'il mette un petit élément d'assurance.
24:48Il ne peut pas tenir le discours qu'il a tenu il y a une semaine ?
24:50Je ne pense pas.
24:51Après, peut-être que je me trompe.
24:53Un point qui peut faire que je me trompe, c'est qu'il y a quand même un antagonisme
24:55politique entre la Fed et l'administration Trump qui peut un peu brouiller le message.
24:59Je n'attends pas à ce qu'il annonce qu'il va couper tôt, tout de suite ou en mai, etc.
25:05Mais ça serait bien quand même qu'il ouvre l'option parce que je pense que sinon les
25:09marcheurs ont un peu quand même du mal.
25:11Si on n'a pas la perception du fait de poudre qui revient, c'est un peu compliqué.
25:14Mais la séquence peut être favorable.
25:16L'indice des prix à la consommation a été plutôt un peu meilleur qu'attendu, même
25:19si malheureusement, c'est surtout les tarifs.
25:22C'est un peu le passé, ça pour le coup.
25:25Non, et surtout qu'il y a quasiment la moitié des composants du CPI qui montaient à plus
25:31de 0,3 en moyenne, en rythme mensuel.
25:33Donc malheureusement, le chiffre sous la surface n'est pas si bon que ça pour la Fed.
25:37Après, il y a le Michigan vendredi, je pense qu'il y a un chiffre important.
25:40Une partie de la correction a commencé aussi sur ce chiffre-là, avec les anticipations
25:43de la FED qui sont commentées.
25:44Ça, ça peut être très volatile, peut-être que c'est un peu rebaissé.
25:46Donc voilà, on a peut-être une séquence qui va peut-être permettre à la FED de moins
25:49de dire « bon ben voilà, moi je suis… » Là, il y a quand même le… s'ils sont
25:55en risque management, ils devraient dire qu'il y a quand même plus de risques sur la croissance
25:59que sur l'inflation qui se sont manifestés récemment.
26:01Après…
26:02– Il y a un sujet politique au milieu de tout ça.
26:04– Voilà, exactement.
26:05– Vincent, c'est quoi… où est-ce que vous voyez effectivement les seuils de douleur
26:10sur le marché qui feraient que quelqu'un interviendrait, ou la FED, ou Trump qui changerait
26:15de stratégie, ou je ne sais pas, des entreprises aussi, qui pourraient peut-être, après avoir
26:23soutenu Trump, monter un peu au créneau, mettre de la pression.
26:27Où est le poutre quoi ?
26:28– En timing, je suis entièrement d'accord, la FED, pour moi, doit commencer à réouvrir
26:33un petit peu la porte à une baisse de taux.
26:35Quand on regarde les anticipations de mouvements de taux cette année, c'est de nouveau trois
26:42baisses de taux aux États-Unis, une fois chaque trimestre, juin, septembre, décembre,
26:48alors qu'il y a un mois c'était zéro.
26:50Donc ça bouge très très vite.
26:53Donc déjà, je pense que la FED peut essayer d'accompagner un petit peu les anticipations
26:58qui sont faites par le marché.
26:59Deuxièmement, les modèles de la FED lui disent récession approche, en tout cas pour
27:04certains de leurs modèles.
27:06– C'est plus impossible ?
27:07– Ça n'est plus impossible.
27:09Donc je pense qu'assez logiquement, une ouverture de Powell sur la possibilité de
27:16rebaisser les taux, pour moi, ça me semble assez logique.
27:19Quand est-ce qu'il faut l'activer ?
27:20Les deux mandats, c'est inflation et chômage.
27:24Inflation, entièrement d'accord, il y a peu de chances que ça soit une catastrophe.
27:29C'est du one-off et puis voilà.
27:33Et de toute façon, les hausses tarifaires, s'il y a un ralentissement économique,
27:37l'un compensera un peu l'autre.
27:39Donc pour moi, c'est l'emploi.
27:41C'est l'emploi qu'il faut regarder et je pense que c'est prématuré pour la FED
27:45de faire quelque chose.
27:46Mais par contre, elle peut dire, il y a quelques indicateurs qui commencent à se dégrader,
27:50on surveille ce point-là beaucoup plus encore que l'inflation
27:53et nos prochaines décisions seraient…
27:56– Il peut nous dire qu'il est d'accord avec le pricing de marché, par exemple ?
27:58– Exactement, exactement.
28:01Pour les entreprises, qu'est-ce que ça implique ?
28:04Alors, on est sortis de la période de publication de résultats,
28:08en attendant la prochaine bien sûr, Nicolas,
28:11mais dans ce monde-là et notamment des tarifs,
28:15j'imagine que ce n'est pas évident du tout.
28:18Quand on lit des commentaires rapportés de CFO, de CEO,
28:23c'est ce qui s'explique, je prends l'ascenseur, je descends de 15 étages,
28:26je ne sais pas combien il va y avoir eu de tweets de Trump entre-temps
28:28et combien de renversements, de contre-pieds, de revirements, etc.
28:34– Oui, c'est difficile de répondre à ça parce que Trump occupe un espace
28:40qui est complètement démesuré, alors s'il renverse les tables
28:44et qu'on est à la veille d'une révolution, c'est normal,
28:47on est à un grand point d'inflexion de quelque chose, social.
28:52Sinon, enfin, on n'a pas acheté l'Amérique de Reagan,
28:55la carter, de toute façon, il suscitait du mépris, surtout vu de chez nous,
29:00mais même parfois là-bas, donc il y a un moment donné,
29:03le président de la République, c'est très bien,
29:05mais moi je vais écouter en tout cas ce que dit Corporate America
29:08et de ce point de vue-là, on sent qu'il y a un début de langue qui se délie
29:16après un moment de sidération qui n'est dépassé que par la sidération
29:21du peuple démocrate qui est sans voix, sans voix, ça c'est exceptionnel,
29:27par Bernie Sanders, personne, personne ne parle,
29:30donc on revient au corporate, pour le marché actions,
29:33d'abord on va regarder ce que disent les entreprises, la séquence des résultats,
29:39si on rentre dans un cycle de révision en baisse des résultats,
29:42enfin un cycle, une première, une première c'est une première,
29:46on en parlera au moins autant que la phrase transition ou…
29:50Mais le moins 10 de marché là, ou quasi, il l'a pris en compte ?
29:54Ou est-ce qu'on est encore au milieu du chemin si on était dans cette…
29:58Je ne sais pas, je ne sais pas où dire, je pense que le moins 10
30:04est l'image miroir de novembre, décembre, mi-janvier, c'est tout, c'est tout.
30:13Ce n'est pas plus que ça ?
30:13N'importe qui qui a investi sur des actifs américains,
30:16j'en ai un à ma gauche qui le fait aussi depuis longtemps,
30:19c'est très bien que ça ne se voit même pas en termes de performance.
30:23C'est l'avis normal du marché ça ?
30:25Ce qui est nouveau, c'est l'effet surprise, tout le monde est surpris,
30:28tout le monde est pris à contre-pied, mais parce que le point de départ récent,
30:33puisqu'on accorde beaucoup d'importance au court terme puis c'est normal,
30:37c'est une arrogance, enfin n'importe quelle, la fille qui fait le porte-parole à Maison Blanche,
30:46elle ne dit pas des bêtises, mais d'une arrogance, tout est arrogant,
30:50tout le monde est extraordinairement arrogant, ça, ça ne marche pas,
30:53et moi je trouve ça génial qu'en deux mois, cette chose-là soit en train de voler en éclat.
30:59Alors de là à basculer dans la récession est à nos portes,
31:03ça on connaît, ça fait quand même 4 ans que le risque de récession,
31:07il y a eu l'été dernier, ça a duré le 2 août, 5 août, jusqu'au peut-être 8,
31:11on était en vacances, mais c'est logique.
31:15Donc cette partie-là, cette lecture-là est positive,
31:23ça veut dire qu'on est dans un territoire où on a envie de chercher des opportunités pour se re-sensibiliser,
31:29c'est peut-être ça, sur un horizon court,
31:34maintenant la réponse vraiment, c'est la saison je pense du premier trimestre,
31:40pour l'instant les dirigeants disent ce qu'ils pensent,
31:43ça n'a pas l'air d'être le cas de tout le monde aux Etats-Unis,
31:46d'ailleurs non plus, parce qu'il y a beaucoup d'hypocrisie dans beaucoup de choses,
31:50mais aux Etats-Unis, les dirigeants, si ça commence à se dégrader, ils le disent.
31:53À partir du moment où ils parlent, ils parlent le vrai, ils le disent.
31:57Donc ça va être, oui oui, on est dans une actualité d'une intensité exceptionnelle.
32:04Avant de parler de l'Europe, juste là,
32:11tactiquement, comment on traite le marché américain, Vincent ?
32:18Pour moi, si vous êtes comme moi, si vous pensez qu'effectivement il va y avoir du meilleur derrière,
32:23c'est-à-dire de nouveau une phase de baisse de fiscalité et des régulations,
32:29ce n'est plus le moment de vendre alors,
32:30et qu'une partie du ralentissement qu'on vient d'avoir, c'est un ralentissement conjoncturel
32:37qui est dû à du restockage, etc.,
32:40vous revenez un petit peu sur les Etats-Unis,
32:43et comme d'habitude, en priorité sur ce qui a le plus baissé, c'est-à-dire la techno.
32:47Sauf à considérer que les bilans des 7 majors sont en réalité du pipeau et qu'elles n'ont pas de cash,
32:59il y a une valeur derrière et des parts de marché, tout ça ne va pas s'arrêter.
33:05Donc pour moi, c'est évident que c'est de ce côté-là qu'il faut revenir.
33:08La vraie question, je pense qu'elle est plus du côté de l'Europe, en fait.
33:10Ok, on y viendra, mais, moins qu'un sur le Nasdaq, vous dites qu'il y a déjà des choses à faire sur ce marché américain,
33:16comme on traite le marché américain, pour vous, Pierre-Olivier ?
33:19Oui, je suis assez aligné. Après, je pense qu'il y a quand même encore un pari.
33:23Ça allait vite, hein ? Non mais enfin, je veux dire,
33:26on retrouve tout de suite déjà des gens qui sont prêts à racheter le marché américain.
33:30Alors que certains n'ont même pas eu le temps de vendre.
33:32Moi, je suis dans un hedge fund, donc je suis toujours un peu edgé, donc moi, je n'étais pas dans ce marché.
33:39Mais je me dis qu'il y a un diagnostic que je partage avec Vincent, c'est que les conditions financières s'améliorent.
33:46Quand vous avez une baisse du dollar, la baisse des taux...
33:48Les frais de crédit ont un peu bougé, quand même ?
33:49Oui, mais je veux dire, franchement, on n'est pas du niveau...
33:53Le psylonesque ?
33:53Oui, enfin, on en revient tellement bas, bien sûr, que ça se tente un peu aussi.
33:57Mais de manière générale, quand même, la baisse du dollar, la baisse des taux, c'est quand même stabilisant à court terme.
34:01Après, ça ne l'est pas si on est vraiment en récession tout de suite, évidemment, ce n'est jamais assez dans ces cas-là.
34:06Mais est-ce qu'on est déjà dans ce scénario-là ?
34:08Moi, je pense qu'il y a encore un peu de temps avant qu'on y arrive.
34:11Pour l'instant, c'est une bonne baisse des taux, une bonne baisse du dollar.
34:14Trump s'est bien couvert politiquement en annonçant qu'il voulait faire baisser les taux.
34:18Donc pour l'instant, tout va bien.
34:20Je te laisse le jugement moral, si c'est bon ou pas bon.
34:23Moi, je ne peux pas m'engager là-dessus.
34:25C'est juste le refroidissement qu'effectivement, on attendait pour rééquilibrer les choses.
34:31Contrairement à il y a deux ans où c'est le marché obligataire qui faisait baisser le marché actions
34:36parce que les taux montaient, ça, c'était vraiment gênant parce qu'il n'y avait pas de...
34:38Là, ça amortit.
34:39Là, il y a un peu d'amortissement.
34:41Donc c'est vrai que ça peut faire sens de commencer à essayer de tenter de jouer au moins un rebond technique,
34:46on va dire ça comme ça.
34:48Moi, je suis un peu plus négatif sur l'économie américaine et mondiale pour cette année.
34:52Donc ce n'est pas forcément pour ça que j'ai envie d'être méga bullish sur les techniques.
34:57Ça veut dire que sur 2025, la probabilité de récession, elle va encore monter un peu plus que ce qu'elle en est déjà ?
35:03Moi, je pense que c'est très compliqué avec les ajustements.
35:07Toutes les bonnes nouvelles qu'on attend ne se matérialiseront pas avant l'année prochaine.
35:11Quand est-ce qu'on va faire passer les budgets, les baisses d'impôts, etc. ?
35:16Ça va arriver vers la fin de l'année, vers l'automne et après le temps qu'on mette tout ça en place.
35:21Il y a aussi une grosse partie des baisses d'impôts qui sont juste des extensions des baisses qu'on a déjà.
35:25En termes d'impulsion, il n'y a rien de neuf.
35:27Pour l'instant, il y a quand même un petit débat sur ce qu'on va vraiment avoir derrière.
35:31Je pense que pour cette année, malheureusement, on a pour l'instant de la rhétorique très négative sur les tarifs et surtout sur l'aspect confiance.
35:41Donc la fête va revenir dans le jeu, mais sur le plan de la macro, on est plutôt sur une série de déceptions à venir pour l'économie américaine.
35:49Peut-être que ça va dans le sens aussi de l'idée qu'on commence un peu à ajuster à la baisse sur les perspectives des entreprises
35:55et que la macro, quelque part, va aussi refléter ça.
35:57Encore une fois, à mon sens, pas tout de suite, tout de suite.
36:00Les gens sont un peu peurs.
36:01Bien sûr, le PIB américain va être négatif au premier trimestre, mais si c'est juste parce qu'on a amendé tarifs,
36:07si le deuxième trimestre, on a une contribution exceptionnelle du commerce extérieur et qu'on a un PIB à 4%, ça ne veut rien dire tout ça.
36:13Il faut regarder par-dessous ce qui se passe, en quelque sorte.
36:15Mais malgré tout, on voit quand même qu'il y a un peu de fébrilité sur la demande domestique américaine.
36:21Là aussi, Kevin Hassett, il a pris les devants, il a dit, oui, le premier trimestre, ce sera quelques blips dans les données.
36:27Il n'a pas pris de risques puisque le T2 va remonter, c'est sûr.
36:31Ils ont toujours un problème avec le calcul du T1, ils ont toujours un problème de calcul du PIB au premier trimestre.
36:37Peut-être un dernier point, un point qui m'inquiète aussi plus sur l'année aux Etats-Unis,
36:42c'est justement aussi que les Etats-Unis sont vraiment trop enrôlibles à ce gouvernement.
36:45Enfin, ce qu'on aime bien, c'est quand, au contraire, il y a un équilibre du pouvoir.
36:48Ils ne sont jamais aussi bons quand on a une Chambre démocrate, un Président républicain,
36:53au contraire, parce qu'on se dit qu'il y a des contre-pouvoirs partout.
36:56Là, ils sont un peu en roue libre et on s'aperçoit qu'ils font des erreurs de communication,
36:59qu'ils font des erreurs aussi peut-être...
37:01Là, je ne sais pas, par exemple, ils ont viré les vétérans qui ont voté pour Trump.
37:04Donc, du coup, les vétérans se disent, mais qu'est-ce que j'ai fait ?
37:06Enfin, il y a pas mal de choses qui arrivent, on se dit, qui ne sont pas naturelles.
37:10Et ça reflète bien aussi, je pense, la grosse surprise du marché,
37:13qui a été le gros consensus quand même des TrumpTrade.
37:16– C'était impressionnant, en novembre-décembre, ils ont tous tout...
37:20– Ah ben, c'est tout revenu à zéro, oui, oui, bien sûr.
37:22– C'est assez impressionnant.
37:23Donc, il y a un contre-pied qui n'était pas si facile à voir.
37:25– D'ailleurs, Trump, il dit à Musk qu'il faut arrêter avec la hache,
37:28il faut y aller au scalpel, maintenant.
37:30Je ne sais pas si ça va être suivi d'EFM.
37:32Bon, sur l'Europe, Nicolas, parce que là aussi, affront renversé,
37:35beaucoup de choses ont bougé quand même depuis une quinzaine de jours,
37:39ou en commentaires libres, je vais dire, sur la situation
37:41et les avancées politiques en Europe.
37:44On en a beaucoup parlé sur ce plateau, on n'a pas été avare d'enthousiasme,
37:49je dois le dire, maintenant la poussière retombe un peu,
37:51les questions d'intendance arrivent, donc, et le marché a beaucoup monté.
37:55– Bon, alors, je suis positif, il faut choisir son camp, je suis positif.
38:03Il faut donner sa chance au produit, ça arrive une fois tous les dix ans,
38:09et ce qui se passe en Europe n'est pas anodin.
38:12Déjà, le point de départ est l'effet, est l'exact inverse des États-Unis.
38:17L'arrogance, l'absence de… on n'a plus confiance en nous,
38:20les Américains ne nous regardent même plus,
38:23les financiers américains n'ont pas rebalancé leur portefeuille vers l'Europe,
38:27et nous, Européens, nous avons perdu confiance en nous.
38:31Ok, ça complique l'histoire structurelle, ça je vous le concède,
38:34ça met du temps à se retourner.
38:36Néanmoins, partant d'un point bas en termes de positionnement financier
38:42et de confiance en soi, il y a des éléments importants.
38:46Ah, zut, on va reparler de Trump, il nous botte les fesses et on bouge.
38:51– C'est bien.
38:52– Les Anglais et les Français se reparlent, les Allemands,
38:55et puis on a un pivot de l'Allemagne, c'est quand même extraordinaire
39:00qu'un pays notoirement laxiste sur le plan budgétaire, les États-Unis d'Amérique,
39:06adopte un espèce de discours de policy mix de rigueur budgétaire,
39:12alors qu'un pays unanimement identifié comme étant rigoriste, l'Allemagne,
39:18s'apprête à enfoncer une énorme brèche là-dedans.
39:22Donc, quand c'est les Allemands, tout le monde les regarde.
39:26Si c'est français, c'est sympa, on parle de Macron,
39:29on fait trois interviews à la télé américaine, mais il n'y a pas de suite.
39:33Ce qui se passe en Allemagne, indiscutablement est intéressant,
39:37et il est intéressant pour notre propre confiance citoyenne, je pense.
39:43Donc, est-ce que ça va avoir un impact sur la confiance des ménages
39:46et la propension à consommer ?
39:48On a quand même dit toute l'année dernière
39:49que les taux d'épargne avaient monté en Europe,
39:52c'est vrai partout, ce n'est pas qu'un phénomène français.
39:54Donc, il y a du pent-up demand.
39:59Sur le plan financier, il y a eu, depuis la guerre en Ukraine,
40:04trois ans, 255 milliards de dollars de sortie de capitaux de l'Europe.
40:12En trois mois d'arrêt de baisse ou de légère montée,
40:16il y a eu 4% de revenus, 10 milliards.
40:21Autant dire que si l'histoire mérite d'être un peu jouée,
40:26pour l'instant, on n'a rien vu.
40:30Du point de vue corporate, le sujet Trump,
40:34toute l'année 24, il était en filigrane,
40:38mais depuis septembre, il était omniprésent.
40:41On n'a posé zéro question de ce qui se passe si Kamala Harris est élue,
40:45alors que Trump, les tarifs, perdre vos talents
40:49et perdre ceux qui allument la lumière dans vos usines,
40:51étaient un sujet posé à tous les dirigeants en Europe.
40:55Ils n'ont pas la réponse.
40:57Ils ne savent pas plus que les Américains et peut-être que nous où le monde va,
41:01mais ils savent où ils ont envie d'aller, de quels moyens ils disposent.
41:04Et moi, j'ai été frappé depuis octobre
41:07d'une gestion saine, lucide de ces sujets-là.
41:12Face à un tarif, on va voir ce qu'on fait.
41:15Aller ouvrir une usine aux Etats-Unis pour 10% de mes ventes aux Etats-Unis,
41:22sachant que je n'aurais aucun avantage compétitif,
41:25peut-être que je vais renoncer à ces ventes, ou je monterais mon prix.
41:28Et quand on pose la question, dans pas mal de cas,
41:31vos concurrents américains vont avoir un avantage compétitif majeur ?
41:36La réponse est souvent, on ne va pas généraliser,
41:38souvent, ah oui, il faut amener 100% en Chine.
41:42Donc je viens à un sujet qui me tient à ta cœur.
41:45Le désarrimage industriel, l'économie de la connaissance, c'est autre chose.
41:51Mais des biens de la Chine, impossible.
41:56Tout ça, ça ne marchera pas.
41:57Ni de la Chine, ni du Mexique, où toutes les entreprises américaines vous disent,
42:01mais j'importe des trucs, et puis je les renvoie au Mexique pour une transformation,
42:06puis ça revient, et il y a je ne sais combien de dizaines, quinzaines de milliers
42:12de camions qui passent tous les jours à chaque point de frontière.
42:16Ça ne marchera pas.
42:17Ce n'est pas pour ça que ça ne va pas se faire.
42:19Donc, sur le plan du Corporate Earnings européen...
42:24On va réviser là ?
42:25Je ne sais pas.
42:27Pour la première fois, on commence une année avec des estimations à laquelle on ne croit pas.
42:34Tu as la synthèse des indices, on ne croit pas.
42:37Et à l'issue de la première période de publication, il n'y a pas de révision à la baisse.
42:41Il y a une petite révision à la hausse, il faut être clair,
42:44on est quand même dans une machine à laver où on retient les cas bons ou les cas mauvais.
42:48Mais en dynamique, dérive seconde, aller s'étirer par les cheveux, d'accord,
42:56on a envie un peu de positiver.
42:59Donc l'Europe a une place dans les portefeuilles et pourrait avoir une place stratégique
43:04un peu plus importante peut-être demain à terme ?
43:07Sachant que 60% des bénéfices de l'Europe sont réalisés en dehors d'Europe,
43:12ce qui se passe aux Etats-Unis, s'il y aura un malentendu, si c'est toujours bon, ce sera bien.
43:16Et si c'est meilleur, ça veut dire moins exécrable en Chine.
43:21D'accord.
43:21On a quand même fini l'année 2024 où il y avait les Etats-Unis et le reste du monde.
43:25C'est intéressant parce que ça veut dire que si c'est les indices large cap qui montent en Europe,
43:29c'est essentiellement parce que la part du chiffre d'affaires réalisé aux Etats-Unis est importante
43:34et que les Etats-Unis continuent d'aller bien.
43:35Si c'est les small et mid cap, comme on a vu avec le MDAX allemand,
43:38qui se mettent à rebondir et à se réveiller,
43:41c'est plus lié à l'Europe qui se muscle elle-même.
43:47Oui, et puis les regards vers la Chine, c'est encore emprunt de beaucoup d'incertitudes,
43:53mais là aussi, en dérivée seconde, ça s'améliore.
43:57Vincent, sur l'Europe.
43:59On relance la défense, mais une bonne partie va partir aux Etats-Unis
44:04parce qu'on ne peut pas monter en cadence immédiatement.
44:07L'effet multiplicateur keynésien est très faible là-dessus.
44:12De toute façon, on aura peu d'impact et ça ne peut arriver qu'à partir de 2026.
44:17Rien pour cette année en termes de hausse de croissance.
44:20Je ne crois pas à ce que cette partie-là nous aide.
44:24Pour la partie infrastructure en Allemagne, c'est étalé sur 10 ans.
44:29Là encore, je pense que le temps que tout soit voté, c'est au mieux en fin d'année, plutôt 2026.
44:36Je ne crois pas à des révisions en hausse par le côté domestique européen.
44:41Ça, je n'y crois absolument pas pour cette année.
44:43Pour les prochaines, oui, mais pas pour cette année.
44:45Ensuite, ça dépend de votre horizon.
44:47Si vous investissez pour 2025, pour moi, ça n'a aucun intérêt.
44:51C'est déjà joué.
44:53Nous, on est plutôt dans l'idée de prendre des bénéfices.
44:55Par contre, si vous êtes en buy and hold, ce que sont un certain nombre d'investisseurs,
45:00le 10 milliards, à ce moment-là, est nettement insuffisant
45:03et il y a des tailles qui doivent encore venir.
45:07Et à ce moment-là, effectivement, vous restez positionnés.
45:10Mais ce n'est peut-être pas pour tout de suite que vous aurez le retour sur investissement.
45:14Pour finir, Pierre Lévié, pour l'Europe.
45:16Oui, rapidement. Je pense que ça faisait deux ans qu'on attendait que les marchés européens surperforment.
45:20Ça arrivait tellement vite.
45:22Je pense qu'il y a pas mal de gens qui ont été surpris.
45:24Bien positivement, quand ça faisait deux ans...
45:26Il y a eu des séquences courtes quand même sur les deux, trois dernières années.
45:28Octobre 22, octobre 23, on a à chaque fois des rebonds importants de l'Europe.
45:33C'est vraiment quelques semaines.
45:35J'ai revu ça depuis deux ans.
45:37Après, il y a quelques éléments, je suis d'accord,
45:39qui font que peut-être qu'une partie, au moins tactiquement, du rallye est un peu plus difficile.
45:43L'euro remonte, donc ça veut dire...
45:45Il y a beaucoup de gens qui disaient que la baisse de l'euro,
45:47c'était génial pour les profits des boîtes, des grosses boîtes notamment,
45:49donc ça sera un peu moins sympathique.
45:51Et puis...
45:53Non, puis les taux remontent aussi.
45:55Ça veut dire qu'il faut faire attention aux multiples.
45:57On n'achète plus un marché qui est haï,
45:59que personne, dont personne ne veut, etc.
46:02Donc ça sera sans doute...
46:04Il y aura peut-être un peu plus de stop-picking,
46:06des choses un peu plus à réfléchir, je dirais, tactiquement à court terme.
46:08Après, structurellement, moi je partage aussi l'idée que quand même,
46:10l'Allemagne, c'est significatif.
46:12Ils mettent presque un point de pipe par an pendant dix ans.
46:14Ça fait quinze ans qu'on en parle,
46:16quinze ans que certains d'entre vous l'attendent.
46:18On ne peut pas abouder son plaisir, j'en sais rien.
46:20En tout cas, c'est...
46:22C'est enclenché.
46:24On va dire ça comme ça.
46:26Le signal est envoyé.
46:28Structurellement, c'est plus bien.
46:31Le signal est envoyé, quand même.
46:33Bon, tout ça à suivre, évidemment, au prochain épisode.
46:35Merci beaucoup, messieurs.
46:37Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
46:39Pierre-Olivier Béfy, Boussard et Gavaudan,
46:41Nicolas Brault, Autungr, Banque privée, Vincent Lecartier.
46:43We save !
46:55Le dernier quart d'heure de Smart, bon, chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
46:57Le thème ce soir, c'est celui des matières premières
47:00et des marchés de matières premières
47:02dans le monde de Trump 2.0.
47:04Nous en parlons avec Benjamin Louvet, directeur de la gestion
47:06matières premières, DOFI, Invest Asset Management.
47:08Bonsoir, Benjamin.
47:10Question très ouverte à travers
47:12la dimension des matières
47:14premières.
47:16Bon, alors, il y a la guerre commerciale,
47:18il y a la guerre contre la drogue.
47:20Je reprends, évidemment,
47:22le récit trumpien.
47:24Il y a surtout...
47:26Il y a surtout la guerre des ressources.
47:29L'OPA sur le Groenland,
47:31sur le Canada, sur les minerais
47:33ukrainiens.
47:35Je caricature, je grossis le trait,
47:37mais il y a quand même une attention particulière
47:39de cette administration sur des enjeux
47:41de long terme, d'ailleurs. Il ne faut pas
47:43le négliger. Que sont les ressources
47:45stratégiques, critiques,
47:47de base, pour faire tourner une
47:49économie et les industries de demain ?
47:51Je me dis que Trump, qui est grand fan de technologie,
47:53a peut-être, dans une de ses
47:55plateformes de musique, redécouvert un Madonna
47:58dans les années 80.
48:00Et en fait, trêve de plaisanterie,
48:02on est rattrapé par
48:04la physique et par le fait que
48:06toute activité économique commence par faire
48:08un trou dans la terre pour prendre des matériaux et les transformer.
48:10Si on part du principe, ce qui n'est pas celui de Trump,
48:12on pourra en dire un mot,
48:14qu'il faut se passer du pétrole,
48:16et quoi qu'il en soit, si on veut faire
48:18la transition vers
48:20l'intelligence artificielle, la transition
48:22digitale, le développement
48:24de tout ce qui est data center
48:27et toutes ces technologies,
48:29on a besoin de métaux, et on a besoin
48:31de métaux en très grande quantité. On a évidemment
48:33besoin pour la transition
48:35énergétique, et que
48:37Trump veuille exploiter le pétrole jusqu'au bout
48:39pour tirer davantage
48:41le
48:43côté positif que ça a pour l'économie
48:45américaine d'avoir une énergie
48:47peu chère,
48:49n'exclut pas le fait qu'on comprenne qu'à terme,
48:51on va devoir se passer
48:53d'une façon ou d'une autre des matières
48:55premières fossiles. Et donc,
48:57il est obligé de prendre en compte cet élément.
48:59Et effectivement, le Groenland
49:01c'est un moyen peut-être
49:03de sécuriser
49:05un accès à des ressources fossiles,
49:07mais aussi des ressources minières.
49:09Evidemment,
49:11le traité qu'il souhaite signer
49:13avec l'Ukraine en est un autre.
49:15Il y a plusieurs éléments qui sont
49:17positifs là-dessus. Mais
49:19pour moi, ce que ça révèle surtout,
49:21c'est le retard des Etats-Unis sur ce sujet.
49:23Les Chinois
49:25ont compris ça bien avant tout le monde.
49:27Je rappelle, 1992,
49:29Deng Xiaoping fait un discours dans lequel il dit
49:31le Moyen-Orient a le pétrole,
49:33nous, nous avons les terres rares. Donc il y a déjà
49:35cette conscience. Puis au début des années 2000, il y a l'émergence
49:37d'une classe moyenne de 350 millions d'habitants en Chine
49:39qui nécessitent des routes, des autoroutes,
49:41des trains, des immeubles
49:43et donc une prise de conscience de l'importance des métaux.
49:45Ça fait donc plus de 25 ans,
49:4730 ans, que les Chinois sécurisent
49:49leurs approvisionnements en métaux en achetant
49:51en Amérique du Sud,
49:53en Afrique, et un peu
49:55partout dans le monde, des participations dans des mines,
49:57même les groupes français. Et Rameth
49:59Christelle Boril expliquait, elle a été
50:01attaquée parce qu'elle travaille avec des Chinois
50:03en Argentine, mais elle dit, mais personne n'a voulu venir avec moi en Europe.
50:05Donc j'ai trouvé des investisseurs
50:07Chinois qui ont bien voulu venir se joindre à nous
50:09et on a fait ça. Et ils ont compris ça
50:11bien avant tout le monde et ils continuent
50:13sur cette lancée. Ils ont mis
50:15des restrictions d'exportation sur certains
50:17des métaux qui sont indispensables aux technologies
50:19de la défense américaine, qui sont
50:21indispensables pour les technologies bas carbone,
50:23indispensables aussi pour les technologies digitales.
50:25Ils ont,
50:27en 2024,
50:29la Chine a
50:31consacré plus de 20 milliards
50:33de dollars à des investissements
50:35hors de ses frontières dans le secteur minier.
50:37La France, qui s'occupe et qui est en avance
50:39en Europe sur ces sujets,
50:41espère pouvoir mobiliser 2 milliards d'euros
50:43à l'échelle de la France. Espérons qu'on arrivera
50:45à emmener avec nous d'autres pays
50:47européens qui sont un peu plus longs
50:49que nous. Nous, on a eu la chance d'avoir Philippe Varin qui a fait un gros
50:51rapport sur ce sujet. Mais la guerre des métaux,
50:53on est en plein dedans.
50:55Et les métaux comme source
50:57comme base de la
50:59construction de notre monde moderne, mais de plus en plus
51:01les métaux comme source d'énergie parce que, encore une fois,
51:03on ne fait pas d'électricité avec du vent ou avec du soleil
51:05mais avec un transformateur qu'il faut fabriquer
51:07et il faut des métaux. Avec l'arrivée de Trump,
51:09avec en plus la politique
51:11tarifaire et, alors là,
51:13le vieux gimmick acier
51:15et l'aluminium et les 25%
51:17de tarifs.
51:19Que disent les prix de marché ?
51:21Comment les marchés de matières premières
51:23réagissent à tout ça aujourd'hui ?
51:25Les marchés de matières premières réagissent en se
51:27disloquant complètement. C'est vraiment
51:29un point qui est important. Pourquoi ? Parce que
51:31ça crée donc un différentiel
51:33de prix
51:35des matières premières entre les Etats-Unis
51:37et le reste du monde. Or, sur un certain nombre de
51:39métaux, notamment, on a
51:41une cotation
51:43à Londres et une cotation aux Etats-Unis.
51:45La conséquence de tout ça,
51:47c'est qu'avec les craintes de tarifs sur d'autres métaux
51:49comme l'or, les Américains
51:51sont en train de rapatrier énormément
51:53de stocks dans leur pays. C'est pareil sur
51:55le cuivre. Pour l'instant, il n'y a pas de taxes
51:57sur le cuivre qui est prévue mais
51:59Donald Trump, on en a parlé, a dit
52:01qu'il soit en place mais il a dit que c'était prévu.
52:03On pensait que ça prendrait du temps. Il a dit
52:05il y a quelques jours que ça serait pour dans les semaines qui viennent.
52:07Et donc, il faut tout de suite
52:09repricer le prix du cuivre aux Etats-Unis.
52:11Et donc, vous avez un différentiel de prix
52:13entre le cuivre à Londres et le cuivre
52:15aux Etats-Unis qui est en train de se créer
52:17et qui pourrait atteindre 25%.
52:19C'est le montant des taxes.
52:21Sur l'or, il y a donc ces mouvements pour
52:23anticiper une éventuelle mise de taxes sur l'or
52:25qui fait que
52:27les banques à Londres sont
52:29débordées. Aujourd'hui, il y a
52:314 à 8 semaines d'attente.
52:33Le prix de la livraison...
52:35En deux jours, on retirait son impôt.
52:37Le prix de la livraison était de 4 euros
52:39je crois pour le kilo d'or.
52:41Aujourd'hui, on est à 100 euros.
52:43Donc, il y a des frais de livraison qui ont explosé.
52:45Il y a des coffres qui sont en train de se vider d'un côté de l'Atlantique
52:47et de se remplir de l'autre.
52:49Et la question, c'est comment ces stocks vont évoluer après.
52:51Parce que la logique voudrait que tant que les prix
52:53n'ont pas monté de 25%
52:55dans le reste du monde,
52:57ces stocks restent aux Etats-Unis.
52:59Donc, ça fait de la marchandise en moins
53:01qui est disponible. Donc, c'est extrêmement compliqué.
53:03Ça va aussi entraîner
53:05des redistributions. Le Canada est en train de réfléchir
53:07à envoyer son acier, son aluminium
53:09ailleurs pour éviter
53:11de payer ses taxes.
53:13Donc, le marché est aujourd'hui
53:15un peu stupéfait.
53:17C'est la stratégie de la stupéfaction de Trump.
53:19Et essaye
53:21d'absorber
53:23toutes ces informations.
53:25Par exemple, sur le cuivre, on a
53:27une prise en compte d'un écart
53:29entre le prix à Londres et le prix aux Etats-Unis
53:31qui s'est écarté, qui n'est pas encore à 25%, mais
53:33qui price grosso modo 10%
53:35à un horizon 3-4 mois.
53:37A la fin de l'année,
53:39c'est un petit peu plus, mais on n'intègre pas encore
53:41les 25%. Donc, c'est peut-être pas fini.
53:43Effectivement,
53:45sortie de l'idée de la
53:47mondialisation heureuse, se dire
53:49qu'on va avoir des prix potentiellement
53:51différents de 25% entre
53:53le même minerai, le même métal,
53:55cuivre,
53:57sur le continent européen à Londres
53:59et sur le continent américain
54:01à Chicago,
54:03ça paraît
54:05délirant.
54:07La stratégie de Trump, c'est de réindustrialiser
54:09les Etats-Unis, donc de redévelopper
54:11une exploitation minière, une exploitation
54:13de raffinage. Je vais prendre un exemple. Ils ont
54:15des mines de palladium, ils sont en train de
54:17redévelopper une mine de terre rare.
54:19Le palladium, aujourd'hui, qui est exploité
54:21aux Etats-Unis, il est envoyé
54:23à l'étranger pour être raffiné.
54:25Et c'est très bien
54:27de vouloir reconstruire une industrie.
54:29Une mine, en moyenne, ça met 17 ans
54:31pour ouvrir. Une mine de cuivre,
54:33une mine de nickel, c'est un peu moins.
54:35Une mine de lithium, c'est beaucoup moins, c'est 5 ans.
54:37Mais une mine de cuivre, une mine de nickel,
54:39c'est 15 à 20 ans.
54:41En moyenne. Donc c'est pas pour tout de suite.
54:43S'il arrive à développer
54:45son contrat avec l'Ukraine,
54:47le temps
54:49de l'exploration, plus de l'obtention des permis,
54:51plus de la construction des infrastructures, plus de la
54:53construction de la mine, c'est 17 ans.
54:55Donc tout ça, c'est des stratégies à long terme.
54:57Trump, il est là 4 ans.
54:59Pour l'instant. Il est là 4 ans.
55:01Pour l'instant. Donc la question, c'est
55:03on est en train de prendre des paris à très long terme.
55:05De mettre en place
55:07des contrats à très long terme. Alors c'est bien de gouverner
55:09ses prévoirs. Mais en attendant,
55:11pour les 4 prochaines années, on aura
55:13des prix des métaux qui seront 25% plus chers
55:15pour les métaux qui sont soumis à des
55:17taxes. Et pas de possibilité de réagir
55:19très rapidement. Alors il y a quelques
55:21exceptions. Il y a une mine qui se développe en Arizona en ce moment
55:23qu'Equivalent Électrique développe
55:25qui a été faite de main de maître par
55:27Robert Friedland et qui va mettre à priori
55:295 ans à arriver sur le marché mais
55:31c'est très rare. Il n'y a pas de
55:33flexibilité à très court terme. Et le temps
55:35minier est un temps long. Et ça,
55:37on ne peut pas y couper.
55:39Dans ce contexte, pourquoi est-ce que le pétrole a perdu
55:4115% depuis janvier,
55:43Benjamin ? Il a perdu 15%
55:45pour plusieurs raisons. D'abord parce qu'on commence à avoir
55:47des inquiétudes sur la santé économique.
55:49Première chose. Deuxième chose, vous avez
55:51un certain nombre de pays qui avaient baissé
55:53volontairement leur production
55:55et qui commencent à trouver le temps long.
55:57Les pays de l'OPEP et de l'OPEP+,
55:59on a certains pays qui commencent à ne plus
56:01vraiment jouer le jeu, comme le Kazakhstan,
56:03et
56:05d'autres pays ont commencé
56:07à annoncer, notamment l'Arabie Saoudite, qu'elle allait remettre
56:09progressivement la production qu'elle avait volontairement
56:11coupée sur le marché. Alors la question
56:13qu'on peut se poser, c'est pourquoi ? Est-ce que
56:15c'est un moyen ?
56:17C'est une
56:19concession faite à Trump ? Oui, parce que
56:21ça va dans son sens aujourd'hui. Qu'il avait demandé
56:23quand il était au Forum de Davos, je vous rappelle,
56:25en vidéo, il avait
56:27dit, j'aimerais que l'Arabie
56:29Saoudite nous aide à faire baisser le prix du pétrole.
56:31Est-ce que c'est une concession ?
56:33Parce que peut-être aussi, on connaît maintenant un peu
56:35Trump, parce qu'il n'y a pas eu des menaces sur la sécurité,
56:37la garantie de sécurité à l'Arabie
56:39Saoudite. Il y a beaucoup de choses qui peuvent se jouer
56:41derrière. Est-ce que ce n'est pas aussi un moyen pour
56:43l'Arabie Saoudite de s'assurer que le prix du pétrole
56:45ne reste pas trop haut pour éviter
56:47que leurs concurrents
56:49dans les pétroles de schiste aux Etats-Unis
56:51aient trop de facilité à augmenter leur production,
56:53puisque Trump va tout faire pour mettre
56:55en place des mesures fiscales, par exemple, pour les aider
56:57pour abaisser le coût de production. Donc c'est peut-être aussi
56:59il y a un jeu qui se joue, mais
57:01clairement, la baisse
57:03du prix du pétrole s'explique par deux choses. Les craintes
57:05de ralentissement économique d'une part,
57:07donc côté baisse de la demande,
57:09et côté offre, le retour
57:11d'une quantité de pétrole qui avait été retirée
57:13du marché depuis plusieurs mois. Un dernier mot, est-ce qu'avec
57:15Trump 2.0, on va retrouver des
57:17perturbations sur les matières premières
57:19agricoles, parce que c'est des
57:21sujets de rétorsion, Première Guerre
57:23commerciale, la Chine avait répondu fortement
57:25sur les exportations américaines,
57:27les importations chinoises de soja américain,
57:29etc. Donald Trump a annoncé
57:31cet après-midi des taxes de 25%
57:33sur le maïs en provenance d'Europe.
57:35Donc il y aura des
57:37perturbations un peu partout.
57:39Il y a une volonté de Trump
57:41de provoquer
57:43une espèce de stupeur
57:45pour arriver à rentrer dans une négociation
57:47pour essayer de rétablir
57:49une situation qu'il juge déséquilibrée.
57:51Il y a
57:53toujours cette histoire derrière
57:55de l'accord de Mar-a-Lago,
57:57comme certains l'appellent, qui consisterait à
57:59trouver un moyen de faire baisser le dollar,
58:01baisser les taux aux Etats-Unis pour rendre de la compétitivité,
58:03et de rembourser
58:05ses créanciers avec de la monnaie de singe,
58:07grâce à l'inflation.
58:09Ça ne va pas être simple. La voie sur laquelle
58:11il s'engage est une voie qui,
58:13économiquement, ne fait pas forcément beaucoup de sens.
58:15Il va falloir voir aussi comment
58:17la population va réagir si l'inflation commence à monter,
58:19et que, comme Trump a pu le laisser
58:21entendre sans le confirmer,
58:23on devait entrer dans une phase un peu récessive
58:25dans l'année 2025
58:27et potentiellement début 2026.
58:29En attendant, ses gains, c'est, pour l'instant,
58:31de voir le pétrole baisser,
58:33les taux longs se détendre
58:35un petit peu, et le dollar, lui aussi,
58:37se détendre un petit peu.
58:39Tout à fait. Et ça, pour l'instant, ça marche bien.
58:41Et pour l'instant, on trouve un équilibre autour de ça,
58:43en attendant de voir la suite.
58:45Merci beaucoup, Benjamin Louvet,
58:47directeur de la gestion matières premières
58:49chez Offi Invest Assets Management,
58:51qui est avec nous l'invité du quart d'heure thématique de SmartBank,
58:53ce soir.