Mercredi 3 juillet 2024, SMART BOURSE reçoit Éric Venet (Directeur de la gestion, Montbleu Finance) , Olivier de Berranger (Directeur Général, La Financière de l'Echiquier) , Benjamin Louvet (Directeur de la Gestion Matières Premières, Ofi Invest Asset Management) et David Kalfon (CEO, Sanso Investment Solutions)
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bismarck pour rester à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez en direct sur Bismarck TV, émission que vous retrouvez chaque soir dans la foulée en replay sur Bismarck.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:23Au sommaire de cette édition ce soir, le CAC 40 qui est ballotté de gap en gap, c'était un gap à la hausse lundi, un gap à la baisse hier, un gap à la hausse à nouveau à l'ouverture ce matin pour un indice parisien finalement qui tourne toujours autour des 7600 points, un peu au-dessus de ce niveau en cette fin de séance dans l'attente bien sûr du résultat du second tour des élections législatives françaises ce dimanche.
00:49La séquence politique va se poursuivre cette semaine avec demain les élections générales au Royaume-Uni mais qui s'annonce beaucoup moins surprenante que la vie politique française à ce stade, c'est un contraste intéressant, huit ans après le Brexit, les investisseurs attendent le retour au pouvoir du Labour emmené par Keir Starmer et ce qui semble être pour l'instant une victoire assez télégraphiée de ce point de vue-là et qui ne devrait pas créer a priori de gros remous sur les marchés tant cette victoire est anticipée depuis quelques temps par les
01:19marchés. La séance du jour en attendant ces rendez-vous politiques aura été marquée par un déluge de statistiques économiques en provenance des Etats-Unis avec des chiffres sur le front de l'emploi, les inscriptions hebdomadaires au chômage, les créations d'emplois dans le secteur privé qui montrent toujours ce
01:34ralentissement, ce rééquilibrage, cet affaiblissement, choisissez votre terme, du marché du travail américain, sans rupture toutefois à ce stade et puis l'ISM Service lui a provoqué un peu de surprise effectivement avec un
01:47affaiblissement assez marqué de l'activité dans les services au mois de juin aux Etats-Unis. Dans ce sillage on a vu une détente obligataire s'opérer avec un disant américain qui retombe entre 4,30% et 4,35% au cours de cette séance.
02:01Vous aurez tous les détails de ces statistiques dans un instant avec Pauline Grattel. Discussion à suivre bien sûr avec nos invités de Planète Marché et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, le quart d'heure thématique, le focus du soir sera celui des matières premières avec notamment un pétrole, un pari de pétrole qui a repris 10$ en un mois. C'est Benjamin Louvel, directeur de gestion des matières premières Dauphine Invest AM qui sera avec nous en plateau à partir de 17h45.
02:31Tendance mon amie, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour avec vous Pauline Grattel. Bonsoir Pauline. Bonsoir. Bon c'est une séquence un peu yo-yo pour les actions européennes ces derniers jours et aujourd'hui l'ensemble des marchés européens évolue en hausse.
02:49Oui et en France plus précisément, le CAC 40 remonte au-dessus des 7600 points au cours d'une séance rythmée par la macro sur le marché obligataire. Le rendement de l'obligation française à 10 ans est stable autour de 3,30%. Le rendement de l'obligation allemande à 10 ans l'est aussi autour de 2,60%. Le spread entre ces deux obligations tourne toujours autour de 70 points de base.
03:13En attendant les prochaines évolutions politiques, les investisseurs se sont focalisés sur de nombreux indicateurs macro qui ont été publiés aujourd'hui.
03:21A commencer par la publication du rapport ADP du mois de juin qui montre que l'économie américaine a créé 150 000 emplois privés en juin, un chiffre inférieur au consensus.
03:32Le chiffre de mai a été révisé à la hausse de 5 000 créations à 157 000. En plus des chiffres de l'emploi qui encouragent les investisseurs à penser que la réserve fédérale pourra entamer une baisse des taux au cours des prochains mois, Jérôme Poel a reconnu que la Fed avait fait beaucoup de progrès dans la gestion de l'inflation.
03:52En plus des données d'emploi, l'enquête ISM Service ressort très nettement sous les 50 à 48,8 alors que le mois précédent l'ISM rebondissait à 53,8. Dans le sillage de ces données, le rendement de l'obligation américaine à 10 ans s'est détendu à moins de 4,35%.
04:11D'autres enquêtes étaient publiées par ailleurs concernant notamment la zone euro.
04:15Commençons avec le PMI composite du mois de juin pour la zone euro. Il est au plus bas depuis 3 mois, à 50,9 après 52,2 en mai. Dans le détail, le PMI Service pour l'ensemble de la zone ressort à 52,8 après 53,2 le mois précédent, là aussi au plus bas depuis 3 mois.
04:35Enfin, les investisseurs ont aussi pris connaissance des prix à la production industrielle pour le mois de mai qui sont en baisse de 0,2% sur un an en mai. Ils reculent à 4,2% après un repli de 5,7% le mois précédent.
04:51Du côté des entreprises américaines en l'occurrence, Tesla est en train de se refaire la cerise avec un bond de plus de 10% hier et ça continue encore aujourd'hui. Le titre Tesla est revenu à l'équilibre par rapport à son niveau du 1er janvier après être passé par un moins 30, moins 40%.
05:05Oui, aujourd'hui le titre gagne encore 4% à l'ouverture de Wall Street. Tesla crée la surprise en livrant plus de 440 000 véhicules au deuxième trimestre et c'est nettement plus important que prévu même si ce nombre reste inférieur aux livraisons de l'année dernière à la même période.
05:23Et puis en France, la situation spéciale du moment ou en tout cas la bataille entre une entreprise et un fonds activiste, c'est celle d'Eurofins face à Muddy Waters. Eurofins qui dément aujourd'hui les accusations portées à son encontre par les analystes de Muddy Waters ces dernières semaines.
05:37Oui, c'est la seconde fois qu'ils démentent. Le groupe avait prévenu qu'il y aurait une réponse détaillée en temps voulu et c'est fait. Pour rappel, Muddy Waters dénonçait des malversations financières chez Eurofins. Le cours de bourse avait alors chuté. Aujourd'hui le titre est dans le peloton de tête du CAC et reprend environ 4%.
05:57Et demain sur le front des marchés, la séance à tout pour être relativement calme.
06:02Oui parce que Wall Street restera fermée toute la journée pour la fête nationale américaine et ne rouvrira que vendredi. Sur le plan macro, les investisseurs prendront connaissance des commandes à l'industrie allemande pour le mois de mai.
06:14Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, le résumé du jour sur les marchés avec Pauline Grattel sur Bsmart.
06:21Générique
06:31Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché. Olivier de Béranger est avec nous, le directeur général de la financière de l'échiquier. Bonsoir Olivier.
06:38Bonsoir Grégoire.
06:39David Calfon nous accompagne également. Bonsoir David.
06:42Bonsoir.
06:43Vous êtes le président de Sanso IS et à nos côtés également Eric Venet. Bonsoir Eric.
06:46Bonsoir Eric.
06:47Ravi de vous retrouver. Vous êtes directeur de la gestion de Montbleu Finance. On suit le spread entre la France et l'Allemagne. On peut regarder le spread entre la France et certains pays périphériques également comme l'Italie.
06:59La situation à ce stade entre deux tours semble se stabiliser de ce point de vue-là. 70 points de base entre la France et l'Allemagne pour le spread dix ans. Olivier, qu'est-ce qui est intégré, qu'est-ce qui ne l'est pas à ce stade par les marchés concernant à la fois la gouvernance politique de la France demain et les scénarios potentiels encore devant nous.
07:19Et puis également en termes de croissance, en termes de trajectoire des finances publiques qui sont aussi des déterminants fondamentaux pour les obligataires.
07:28Pour l'instant effectivement il y a un petit soulagement sur les marchés de taux. On était monté vendredi avant le premier tour jusqu'à 85. On a fait un petit tour à 66, 67 ce matin.
07:39Donc on a quand même enlevé une couche de stress. Et la raison fondamentale c'est qu'il semble exclu qu'il y ait une majorité du RN à l'Assemblée nationale.
07:50Et de toute façon les termes sont un petit peu galvaudés parce que quand on dit majorité RN, c'est majorité des candidats investis par le RN.
07:59Et si on regarde dans le détail les candidats qui ont l'étiquette RN au premier tour, il y avait 63 candidats issus de LR qui étaient investis par Eric Ciotti, qu'on peut appeler les ciotistes.
08:12Sur ces 63 candidats il y en a 60 au deuxième tour, ce qui est quand même pas négligeable. Et sur ces 60 au deuxième tour il y a 38 en tête dont au moins 20-25 semblent pouvoir, si on fait les reports théoriques, l'emporter assez facilement.
08:27Et ce sera important parce que vous savez que pour avoir un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, il faut 15 députés.
08:32Donc si les LR, RN, ciotistes arrivent à avoir plus de 15 députés, la situation est pas du tout la même que même une majorité relative du RN, enfin de seuls candidats RN.
08:45Donc tout ça a détendu un peu le marché depuis les résultats. L'autre possibilité étant une vaste alliance...
08:53Mais point important Olivier, il y avait une vraie prime de risque, j'entends, dans un scénario de majorité absolue RN et associée.
09:03Alors la prime de risque avant le premier tour c'était NFP...
09:07Ça d'accord, évacuée depuis lundi.
09:11On a enlevé on peut dire une quinzaine de BP par l'évacuation de la possibilité que le NFP soit 100% au pouvoir.
09:19Et là il y a une autre partie qui est en train d'être enlevée sur le thème de toute façon il n'y a aucune configuration dans laquelle des candidats RN pur RN puissent avoir la majorité à l'Assemblée nationale.
09:31Donc ça détend un petit peu le marché même si ça ne résout absolument rien.
09:36Parce que les gouvernements techniques ou les absences de majorité dont on parle depuis quelques jours, ça voudrait dire qu'il n'y aura aucun effet sur la résorption des déficits budgétaires et aucune mesure fondamentale pour s'attaquer à la dette.
09:52Donc tôt ou tard il y aura forcément une difficulté.
09:54Mais à court terme ça écarte le résultat de dimanche soir prochain qui soit dramatique.
10:01Et d'ailleurs ça se voit même dans la volatilité.
10:03Si vous regardez là, la volatilité qu'on avait avant le premier tour, elle était assez bien priceée.
10:08Puisque sur le CAC on était autour de 25-30% de volatilité sur le week-end.
10:14Ce qui veut dire qu'on s'attendait à une variation à la hausse ou à la baisse autour de 2-2,5%.
10:18C'est exactement ce qu'on a vu à l'ouverture.
10:20Là si vous regardez ce qu'on a comme volatilité sur le résultat de dimanche, on est entre une variation du marché entre 1 et 1,5%.
10:27Donc ça veut dire que, je ne vais pas dire que la poussière retombe, mais en tout cas l'anxiété est moins paroxysmique qu'elle ne pouvait être il y a 10 jours.
10:36A quelle vitesse est-ce que le marché obligataire va passer à l'étape suivante ?
10:39C'est-à-dire se focaliser sur la question de la croissance, sur la question de la trajectoire des finances publiques françaises
10:45qui était déjà un gros morceau en tant que tel depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois ?
10:49De toute façon on est en procédure d'avertissement, je dirais comme d'habitude ou comme souvent en tout cas.
10:54Donc ça c'était déjà le cas avant.
10:58Et puis ce sera un petit peu qui sera le premier ministre, comment il s'organisera, avec quelle majorité ?
11:05Et là je reviens sur les 60 candidats siotistes du deuxième tour, eux ils ne sont pas pour la retraite à 60 ans.
11:10Ils ne sont pas non plus pour la retraite à 62 ans.
11:12Je vous rappelle qu'ils n'ont pas voté la réforme Macron parce qu'il la trouvait trop light, pas assez dure.
11:19Ils ne sont pas pour l'augmentation du SMIC.
11:21Ils ne sont pas pour tous ces genres de mesures qui sont portant dans le programme commun si je puis dire, RN, LR siotistes.
11:28Donc là c'est comment le gouvernement éventuellement s'organisera qui donnera le ton.
11:34Mais je dirais qu'on a acheté un petit peu de temps, au moins jusqu'à la loi de finances de septembre.
11:40Si jamais il y a un gouvernement qui se forme et qu'on est capable de former une loi de finances.
11:44Bon, vos commentaires, vos réactions sur cette dimension politique, alors là spécifiquement française aujourd'hui.
11:49Et la manière dont les marchés y réagissent aujourd'hui David ?
11:54Ce qui est sûr en tous les cas c'est qu'on ne reviendra pas de sitôt au spread qu'on avait avant.
12:00Il faut garder en tête la séquence.
12:02Historiquement on était plutôt à 20 points de base de spread OAT bount.
12:06Ca c'était quand tout allait bien.
12:08On est passé de 20 à 40 sur la prise en compte de la dégradation des comptes publics.
12:14On a fait la séquence 40-80.
12:16Il est tout à fait probable que quelle que soit l'issue de ces élections,
12:20on rentre dans un régime qui nous maintienne autour de 60 points de base si tout va bien.
12:26Avec possibilité d'exagération.
12:28Il y a quelque chose structurellement qui a changé dans le statut de l'OAT par rapport aux autres dans le marché public.
12:35On est passé, c'était un pays qui était considéré comme stable avec un gouvernement qui avait ses travers etc.
12:44Mais globalement pour l'économie en tous les cas considéré comme pro-business.
12:48Avec une fiscalité qui était, il y avait un semblant de stabilité et d'engagement là-dessus.
12:53Tout cela a volé en éclats.
12:55Puisque de toutes les manières, quelle que soit bien entendu...
12:59Et ça compensait d'ailleurs la faiblesse qu'on pouvait avoir sur l'aspect finance publique stricto sensu.
13:04Tout à fait. Et on voyait bien d'ailleurs récemment dans le phénomène Choose France,
13:10où on avait Jimmy Dimon, le président de Jimmy Dimon, qui avait quand même fait un éloge incroyable du président de la République
13:20en disant c'est merveilleux tout ce que vous avez fait, on est là, on soutient, on investit etc.
13:24Je ne suis pas sûr qu'on refasse l'exercice dans deux semaines.
13:28Je ne suis pas sûr qu'il y ait le même enthousiasme.
13:31Et donc il va y avoir un temps d'arrêt, ne serait-ce que pour voir comment on sort de cette situation-là.
13:37On ne dit pas que ça va être catastrophique, mais on dit juste qu'il faut qu'on y voit plus clair.
13:41Et il y a donc une prime d'incertitude, de manque de visibilité.
13:46Encore une fois sur les marchés, ce qu'on aime c'est la visibilité.
13:49Et là, très clairement, il n'y en a plus.
13:51Donc c'est vraiment ça le sujet.
13:53Le marché aime bien se rassurer avec des parallèles historiques.
13:56C'est vrai que dans l'histoire européenne, des situations politiques compliquées, il y en a eu plusieurs.
14:01On parle de Mélanie en Italie, Orban en Hongrie.
14:07On voit d'ailleurs que peut-être au Parlement européen, Marine Le Pen est en train de basculer d'un groupe à l'autre
14:12pour rejoindre la nouvelle alliance menée par Victor Orban des ultraconservateurs, si je puis dire.
14:18Il y a eu l'épisode Truss évidemment au Royaume-Uni.
14:21Donc c'est 44 jours et une crise de marché quand même assez sévère.
14:25Mélanie, je disais, ça s'est plutôt fait en douceur d'une certaine manière
14:29comparé à ce que l'Italie a pu connaître pendant la crise souveraine.
14:33Il y a un parallèle qui convient à la France où tout est spécifique, tout est sur mesure, entre guillemets, pour chaque pays ?
14:42Il y a eu la Grèce aussi, bien sûr.
14:45Je remonte à la Grèce de Tsipras, c'est des portes qui claquent, des référendums, etc.
14:50Je ne pense pas qu'il y a un parallèle très clair à faire.
14:53Il y a un point commun dans tout ça, c'est qu'à la fin, il y a eu un rappel à l'ordre.
14:59Donc en Grèce, à la fin, ça se termine avec le FMI.
15:02L'Istrus, c'est une augmentation, là on ne parle pas de 40, 60, 80 points, c'était 250 points de base de hausse.
15:10C'est les fonds de pension qui appellent en disant, nous c'est fini, on saute.
15:13Donc il y a toujours un rappel à l'ordre des marchés qui peut servir de toutes les manières de garde-fous.
15:22Et Mélanie, il n'y a pas eu tout ça. Pourquoi ?
15:25Parce qu'elle a totalement dilué son programme économique.
15:30Et elle a tout de suite évalué, je pense que c'est la responsabilité du pouvoir,
15:35quand on prend les clés et qu'on commence à regarder un petit peu ce qu'il y a sous le capot, etc.
15:40On se dit, bon ok, je vais changer mon discours.
15:42Et elle a eu un discours beaucoup plus pro-européen que ce qu'elle avait pu avoir par le passé.
15:47Et c'est ça qui l'a sauvé.
15:50Avec 200 milliards de fonds Next Gen EU qui sont attribués à l'Italie
15:54et qui sont quand même une manne européenne suffisamment intéressante
15:59pour ne pas se couper totalement de Bruxelles et de la Commission.
16:03Non mais ça joue beaucoup.
16:04Ça c'est un levier par exemple que l'Europe n'a pas tellement sur la France.
16:07C'est vrai, c'est vrai.
16:08Mais encore une fois, je pense qu'une situation où à la prochaine émission d'OAT,
16:15il n'y a plus personne qui se présente et puis on se retrouve à devoir payer son point de base de plus.
16:21Je suis sûr que, quel que soit le gouvernement en place,
16:24il y a quelqu'un qui va faire l'addition et qui va vite aller expliquer que ce n'est pas le bon chemin.
16:30Donc, j'ai envie de dire, je ne dis pas que c'est rassurant,
16:34mais en tous les cas, je pense que de toutes les manières,
16:37quels que soient les écarts qui sont faits, à un moment donné,
16:40il y a un rappel à l'ordre parce qu'il y a une réalité économique.
16:43Et cette réalité économique, c'est que quelque part, il faut faire tourner le pays,
16:47il faut payer les fonctionnaires, il faut payer un certain nombre de choses
16:51et on ne peut pas faire n'importe quoi.
16:54Le marché sera sûr avec des garde-fous disciplinaires qui semblent suffisamment solides
17:00pour encadrer, j'allais dire, la France dans sa nouvelle gouvernance politique.
17:05Je pense que les garde-fous sont là.
17:07Après, les 70 points de... Je pense que ce n'est pas très cher payé, en fait, les 70 points de spread.
17:15Le marché va aller plus loin parce que ce qu'on n'a pas bien vu,
17:20c'est que pour moi, le problème n'est pas institutionnel,
17:22il est que dans la trajectoire de croissance, ça change tout.
17:26Parce qu'effectivement, vous disiez, on était dans une business friendly,
17:30il y avait quelque chose, effectivement, on a tiré les capitaux.
17:34Là, on va être à l'arrêt pendant un petit moment quand même, y compris la consommation.
17:41Y compris dans le cadre d'une majorité relative qui ne verrait pas forcément
17:46Jordan Bardella arriver à Matignon et qui donnerait l'idée d'une France ingouvernable.
17:50De toute façon, il faudra du temps pour voir que ça marche.
17:54C'est le bon scénario, c'est le meilleur des scénarios,
17:56mais il faudra au moins trois mois pour attendre que, d'un côté,
18:00M. Mélenchon râle un peu pour que ça ne fasse pas tanguer,
18:03et de l'autre côté, c'est tué.
18:04Donc, pour que ça soit à peu près solide, il faudra un certain temps.
18:07La dynamique de croissance que l'on avait depuis trois mois,
18:11notamment en France, elle s'arrête.
18:13Et du coup, se pose un problème de déficit, en fait.
18:18Et donc, ça peut arriver un peu plus vite.
18:24Maintenant, il faudrait peut-être...
18:27Donc, le premier garde-fou, oui, ça va être le spread, ça va être le marché, effectivement.
18:30Mais pour moi, d'abord, un, c'est le minimum maintenant pour en descendre un peu en dessous,
18:35à moins qu'on trouve la recette miracle d'un accord à l'Assemblée.
18:41Ce qu'on n'a jamais su faire, mais pourquoi pas.
18:44Que l'Allemagne se mette à y mettre massivement de la dette.
18:47Je ne sais pas, pour financer de quelconques projets, j'en sais rien.
18:54Vas-y, fini Eric.
18:57Oui, on ne reviendra pas en dessous, d'accord.
19:00Mais 70, ce n'est pas...
19:01Le risque, c'est plus... D'accord.
19:02C'est clair.
19:03C'est très asymétrique pour vous, de ce point de vue-là.
19:05Et David...
19:06En plus, pardon, je vais terminer.
19:08Mais ce qui m'a frappé avec les Allemands, c'est que tout de suite,
19:11ils sont déjà montés au créneau en disant que la BCE n'avait pas intérêt à acheter des OAT
19:16pour essayer de calmer le jeu tout de suite.
19:18Qu'on n'était pas du tout...
19:20Qu'ils étaient déjà très vigilants sur le côté...
19:23Oui, oui, oui.
19:25C'est une sortie qui a fait réagir, d'ailleurs.
19:27Parce que l'indépendance, ça marche dans les deux sens.
19:30C'est-à-dire que...
19:31Bon, ce n'est pas non plus aux Allemands de dire à la BCE ce qu'elle a à faire,
19:34de ce point de vue-là.
19:36D'ailleurs, quel serait le rôle de la BCE ?
19:38Enfin, quel peut être le rôle de la BCE dans cette affaire ?
19:41Est-ce qu'il y a un rôle pour la BCE, aujourd'hui, vis-à-vis de la France ?
19:45Alors, je ne pense pas qu'elle utilise des outils d'antifragmentation
19:49si on fait n'importe quoi sur le budget français.
19:51Je pense que ce ne sera pas le cas.
19:53Mais je crois quand même que ça renforce le scénario de baisse des taux courts
19:57plus rapide que prévu.
19:59Ah !
20:00Pour deux raisons.
20:01La première raison que vient d'évoquer Éric,
20:03c'est que la deuxième économie de la zone euro,
20:06d'une manière ou d'une autre, ça va freiner.
20:08Plus fort que ce à quoi on s'attendait.
20:11Ça va ralentir plus fort que ce à quoi on s'attendait.
20:14Le président de la fédération des PME, ce matin,
20:16disait qu'on avait perdu un trimestre de croissance.
20:18Oui, il dit un trimestre.
20:19Il exagère sûrement.
20:20On n'a pas perdu un trimestre en 15 jours.
20:22Mais quand même, de manière anecdotique,
20:26si vous regardez tous les chiffres de démarrage des soldes,
20:29c'est catastrophique.
20:30Oui.
20:31Catastrophique.
20:32Alors qu'on a un taux d'épargne en France et en zone euro
20:35qui est largement supérieur au moyen historique.
20:37On regarde souvent le taux d'épargne en fonction des revenus.
20:40Mais c'est plus intéressant de le regarder en stock, en fonction du PIB.
20:42Et en Europe, on a 8% du PIB d'épargne.
20:44Aux États-Unis, c'est à peine 2.
20:46C'est-à-dire qu'à tout moment, si les gens ont confiance,
20:48on peut injecter beaucoup de croissance.
20:50Donc là, ça va s'arrêter.
20:52Ça renforce le scénario de baisse des taux de la BCE.
20:57Et en plus, c'est plus habile, pour revenir à ce que disait David,
21:01c'est plus habile d'aider un gouvernement français
21:03qui est un peu dans la panade en baissant les taux courts
21:06plutôt que d'utiliser des outils anti-fragmentation
21:09pour lesquels la Bundesbank va vous dire tout de suite...
21:12Oui, oui, ça se retrouve à quatre trous à deux mains, ça.
21:14Oui, évidemment.
21:15C'est clair.
21:16Donc pour moi, ça renforce le scénario de baisse des taux en zone euro.
21:20L'inflation le permettrait ? Enfin, je ne sais pas.
21:23Le dernier chiffre d'euro et demi, ça va.
21:26Donc c'est raisonnable.
21:28Et c'est toujours pareil, on est à 4,25.
21:30Donc on a de la poudre pour baisser les taux.
21:34Il ne s'agit pas de les remettre à zéro ou 2% comme avant.
21:37Mais on peut sûrement faire 100 BP de baisse des taux
21:40dans les six mois qui viennent
21:42sans que ça remette en cause la stabilité monétaire de la zone.
21:45Et ça aidera notamment la France.
21:47Au passage, je ne sais pas, sur le Royaume-Uni,
21:50vous avez suivi un peu, ça vous intéresse,
21:52huit ans après le Brexit, de voir le Labour.
21:54Alors, ce n'est plus le Labour de Corbyn.
21:56Ce n'est pas non plus le New Labour de Tony Blair.
21:58C'est le Labour de Kirstenmer.
22:00Voilà, c'est ça.
22:01C'est le Labour 2024.
22:03En tous les cas, c'est plus modéré.
22:04Ah oui !
22:05Je trouve que...
22:06Alors, ça a pris huit ans.
22:07On est passé par Boris Johnson,
22:10Truss, etc.
22:11Enfin, il y a eu un pic populiste au Royaume-Uni,
22:15mais qui semble se détendre un peu aujourd'hui.
22:17D'accord avec ça, David ?
22:19Tout à fait.
22:20Et c'est intéressant parce que j'ai reçu ce matin,
22:23ça m'a fait sourire,
22:24j'ai reçu ce matin de la part d'un intermédiaire de marché,
22:27tout un papier en expliquant que ça y est,
22:29le marché UK, c'était quoi ?
22:31Le marché britannique.
22:32C'est reparti ?
22:33C'était la Nouvelle-Suisse.
22:35C'était le nouvel endroit où on pouvait finalement investir
22:38en étant tranquille.
22:39C'était l'endroit où on était serein
22:42et où il n'y avait plus de problèmes.
22:44En plus, le marché avait sous-performé depuis des années.
22:46Ce n'est pas cher.
22:47Et il y en avait deux pages.
22:49Sur le côté, ça y est, maintenant,
22:51vous pouvez revenir sur le marché anglais.
22:53Mais c'est...
22:54Et on lit ça.
22:55Oui, on lit ça.
22:56Ça ring a belle, justement.
22:58Ça interpelle en se disant, tiens,
23:00il y a peut-être une prime qui va là aussi disparaître.
23:04Ça interroge, encore une fois,
23:06un pays où on sent que c'est à peu près calme
23:09et on ne va pas se réveiller le lendemain
23:12avec une surprise qui vient de nulle part.
23:14Encore une fois, c'est la prime à...
23:19Il y a toujours une prime à la visibilité
23:21et à la clarté des choses.
23:23Les visibilités, dans le pas grand-chose,
23:26ça leur a coûté quand même 170 milliards, leur Brexit.
23:29Ah oui, non, non.
23:31On est bien d'accord.
23:33C'est 8 ans, effectivement.
23:35Ah non, mais bien sûr.
23:37La thèse qu'on soit à un point bas
23:39est quand même crédible au Royaume-Uni.
23:41Les valeaux ont quand même été très décotés.
23:43Les flux internationaux se sont détournés
23:45depuis le Brexit du marché anglais.
23:47Donc, c'est vrai que je pense que
23:49vu d'un fonds de pension californien,
23:51vendre de la France pour acheter du UK,
23:53ça parait complètement idiot.
23:55Dans le concours de beauté des marchés,
23:57la France est un peu moins en beauté,
23:59mais d'autres pays sont en train peut-être
24:01de retrouver un peu plus d'intérêt.
24:03Ça nous amène à dire aussi un mot
24:05de la politique américaine
24:07et de ses conséquences sur le plan de l'investissement,
24:09sur le plan des marchés.
24:11Il semble quand même que là,
24:13le scénario Trump
24:15ait pris au moins un avantage
24:17important, voire peut-être décisif
24:19pour le 5 novembre, Eric.
24:21Oui, ça a l'air, comme dirait l'autre.
24:23Donc, c'est bien sur la base
24:25de cette idée-là qu'il faut réfléchir
24:27aujourd'hui en tant qu'investisseur.
24:29C'est marrant, c'est rassurant.
24:31Donc, c'est bon, parce que Trump
24:33va lâcher les chevaux,
24:35va réinjecter.
24:37C'est bon pour le business.
24:39Les taux longs,
24:41vont remonter, puisque de toute façon.
24:43Et puis, la fête est là
24:45si jamais ça part
24:47un peu en vrille. Donc, c'est le meilleur des scénarios.
24:49Oui.
24:55Oui.
24:57On voit un peu plus clair
24:59qu'il n'y a qu'un jour.
25:01La grande différence avec 2016,
25:03c'est quand même que là, tout le monde regarde
25:05un peu plus le niveau d'endettement des Etats-Unis.
25:07Chaque émission de Treasury
25:09est quand même scrutée d'un peu plus près.
25:11C'était moins le cas en 2016.
25:13Oui.
25:15On est rassuré, parce qu'on a dû
25:17Trump 1, donc on voit à peu près ce que sera
25:19Trump 2. Mais, de côté,
25:21il revient et il a la carte blanche
25:23pour tout faire, y compris
25:25tout ce qu'il veut, puisqu'il est
25:27immunisé.
25:29Il a l'immunité, donc...
25:31Je ne suis pas sûr que...
25:33Oui, le Congrès. Visiblement,
25:35là, il y a quand même un momentum, y compris
25:37pour le renouvellement de la Chambre
25:39et d'un tiers du Sénat, qui vont plutôt en faveur
25:41des Républicains. Ça peut s'annoncer
25:43comme une vague rouge totale
25:45de la présidence
25:47à l'ensemble du Congrès.
25:49Oui, mais ça,
25:51ça me donne quoi
25:53par rapport
25:55au marché financier ?
25:57C'est ma question.
25:59On a la visibilité.
26:01Plus d'inflation. Les taux longs
26:03ne sont pas prêts de redescendre.
26:07Et les baisses du taux pour 2025 ?
26:09On peut les attendre.
26:11Oui, ça auberge le calendrier
26:132025 pour la réserve fédérale américaine.
26:15Olivier, oui, d'accord avec ça.
26:17Pour l'anecdote,
26:19juste avant de venir, je consultais mon site de pari
26:21favori sur les élections.
26:23Ça s'appelle Election Betting Odds.
26:25Et Kamala Harris vient de passer
26:27devant Joe Biden la probabilité d'être
26:29la prochaine présidente
26:31des États-Unis.
26:33On sait que, je ne me rappelle plus
26:35exactement la date, mais c'est dans la deuxième quinzaine d'août
26:37que le Parti démocrate doit
26:39finir de donner l'investiture définitive
26:41à son candidat.
26:43Je pense que jusque-là, ça va être
26:45secoué. Après,
26:47pour les marchés, je suis assez d'accord avec Eric,
26:49il n'y a pas grande conclusion à en tirer
26:51à part les marchés de taux et la remise en cause
26:53des baisses
26:55de la Fed en 2025.
26:57Et qu'est-ce que ça va faire de la concentration ?
26:59C'est quand même ça, plutôt, pour moi,
27:01le vrai sujet. On le sait tous,
27:03on a les dix premières valeurs du S&P 500 qui font
27:0535% de l'indice,
27:07mais qui ne font que 23% des résultats.
27:09C'est quand même un écart qui commence
27:11à être un peu tendu.
27:13Donc, quels vont être
27:15les actes de l'administration
27:17Trump, s'il y a une administration Trump,
27:19contre eux, ces dix grosses valeurs
27:21qui trustent
27:23pas mal de segments de la technologie ?
27:25C'est difficile à dire. Je vous rappelle que
27:27quand il y a eu l'élection de Biden, on s'était dit
27:29il va peut-être s'attaquer au monopole,
27:31il va peut-être être un peu plus dur.
27:33Il ne s'est rien passé.
27:35Je pense que Trump est tellement imprévisible
27:37que, pourquoi pas, quelque chose
27:39qui vienne fissurer
27:41cette dominance
27:43des dix plus grosses valeurs américaines.
27:45Le contre-argument étant toujours de dire que
27:47l'objectif prioritaire des Etats-Unis
27:49est d'empêcher la Chine
27:51d'être la première économie mondiale,
27:53il n'y a aucune justification
27:55à affaiblir trop
27:57ces géants technologiques.
27:59Tout à fait, sauf que l'écart entre
28:01la Chine et les Etats-Unis,
28:03notamment à cause de la baisse de la devine chinoise
28:05et le maintien d'un dollar plutôt fort,
28:07fait que
28:09en quelques années,
28:11alors qu'ils étaient sur le point de se rejoindre,
28:13le spread,
28:15puisqu'on parle de spread aujourd'hui,
28:17il commence à être bien plus large qu'avant.
28:19Donc avec cette longueur d'avance,
28:21les Etats-Unis ont un peu de marge de manoeuvre,
28:23pour régler
28:25la situation et l'environnement
28:27des grands groupes américains.
28:29Ce qui est certain, c'est qu'on aura un peu plus de complications
28:31dans la géopolitique,
28:33parce que ça sera encore un peu plus
28:35contre la Chine, et donc
28:37relocalisation par grands groupes,
28:39grandes masses, Etats-Unis,
28:41Europe, et puis Chine.
28:43Donc du côté du commerce extérieur,
28:45il n'y a pas grand-chose à attendre
28:49sur le mobilité extérieure.
28:51Donc un peu moins de croissance,
28:53un peu plus de recentrage
28:55sur la consommation intérieure.
28:57Donc de toute façon,
28:59c'est inflationniste.
29:01Moins de globalisation.
29:03Et la Chine restera
29:05ininvestissable pour les investisseurs américains,
29:07ce qui est quand même...
29:09Ce qui n'était pas forcément
29:11le scénario central si
29:13Biden était réélu.
29:15Bon.
29:17La Fed va pouvoir baisser ses taux dès le mois de septembre ?
29:19En attendant
29:21de savoir ce qui se passera
29:23le 5 janvier ?
29:25Je veux dire, est-ce qu'ils ont
29:27une fenêtre de tir qui va le permettre
29:29à la lecture, en tout cas,
29:31des dernières années qu'on a pu avoir ?
29:33Oui, je pense que là, et les chiffres d'inflation,
29:35et les chiffres d'emploi, alors il faudrait un dernier...
29:37Si on pouvait avoir un mauvais non-farm payroll
29:39vendredi et des early earnings
29:41qui sont dans ce
29:43à quoi s'attend la Fed,
29:45oui, je pense que septembre,
29:47c'est tout à fait possible. Et puis une deuxième,
29:49en décembre,
29:51c'est le scénario central. C'est plus, comme on disait tout à l'heure,
29:53le chemin 2025
29:55qui, selon les résultats
29:57de l'élection et les majorités
29:59ou non au Congrès et au Sénat,
30:01pourrait
30:03remettre en cause ces
30:05cas de baisse. Mais là, franchement, oui, on voit
30:07que le secteur des services,
30:09qui était un secteur qui maintenait,
30:11notamment dans les prix
30:13et dans les salaires,
30:15des augmentations au-dessus
30:17de ce à quoi veut
30:19la Fed, c'est en train de se calmer.
30:21On a des ISM qui sont moins
30:23fringants qu'avant. On voit
30:25que dans les enquêtes
30:27d'emploi, dans les services,
30:29sur les intentions d'embauche,
30:31c'est quand même en train de ralentir.
30:33C'est pas l'effondrement, mais c'est en train de ralentir.
30:35C'est la même chose en zone euro.
30:37C'est les services qui posent problème.
30:39Les produits manufacturiers, tout ça est revenu...
30:41C'est en déflation.
30:43Donc, oui, il y a un chemin
30:45pour baisser les taux en septembre et en décembre.
30:47Et ce qui empêcherait la Fed de baisser
30:49peut-être autant qu'elle le souhaite ou qu'elle le projette
30:51aujourd'hui, c'est en 2025. C'est parce que
30:53une administration Trump
30:55remettrait de la croissance
30:57et de l'inflation, ou est-ce que ce serait
30:59avant tout de l'inflation
31:01avec un régime de croissance
31:03peut-être un peu plus médiocre ? Enfin, l'idée
31:05d'une stagflation qui serait peut-être bloquant
31:07pour la réserve fédérale américaine.
31:09Peut-être un petit peu des deux, notamment si
31:11à l'épreuve de l'énergie... Là, l'épreuve de l'énergie
31:13en rebondit, quand même, depuis quelques
31:15semaines. Donc, bon...
31:17C'est ça qui ferait que la Fed serait
31:19empêchée de baisser
31:21ses taux. Et n'oublions pas la géopolitique.
31:23C'est-à-dire que si c'est Trump qui
31:25prend les reines
31:27de la Maison Blanche, qu'est-ce qui va se passer en Ukraine ?
31:29Qu'est-ce qui va se passer avec les Russes ?
31:31Qu'est-ce qui va se passer pour le marché de l'énergie
31:33et du gaz, qui est quand même assez
31:35lié à tout ça pour nous, Européens ?
31:37Il y a quand même des questions qui sont posées pour le moment
31:39et donc on n'a vraiment pas le début d'une moindre
31:41réponse.
31:43Que vont nous dire les entreprises, là, dans
31:45une dizaine de jours, avec les publications
31:47qui arrivent ? Eric, bien sûr, et puis...
31:49Je pense qu'elle va baisser ses taux
31:51comme elle a baissé eux. C'est-à-dire que pour acter
31:53la désinflation...
31:55Accompagner la désinflation.
31:57Mais on n'en fera pas plus.
31:59Elle ne peut pas en faire plus, parce que
32:01Trump,
32:03on ne peut pas savoir vraiment, du coup. Donc,
32:05elle va le faire, et puis, elle verra
32:07où soit elle ne peut plus remonter, parce que
32:09effectivement, on part un peu en...
32:11Un peu plus baissé. Un peu plus baissé, oui.
32:13Mais elle va le faire quand même.
32:15Parce que si elle ne le fait pas, alors là, pour le coup...
32:17Oui, et puis c'est
32:19un petit assurant, quand même, aussi, pour la suite, j'imagine.
32:21Donc, là, après, c'était...
32:23Les entreprises, je ne sais pas, on va avoir les publications
32:25qui vont revenir, donc ça m'intéresse.
32:27La fin du deuxième trimestre,
32:29c'est marqué par le choc d'incertitude
32:31autour de la France, et peut-être un peu plus largement
32:33en Europe. Mais au-delà de ça,
32:35le business a pu quand même se dérouler
32:37normalement. Oui, sauf qu'on s'aperçoit
32:39que
32:41la croissance... Le chiffre de croissance
32:43aux Etats-Unis du premier trimestre,
32:45de la consommation, c'était 2,
32:47plus 1,5, et maintenant 1.
32:49Donc, on risque d'être surpris par,
32:51effectivement, l'atomie de la
32:53consommation en général. Quand vous voyez
32:55Nike, moins 20,
32:57ça fait mal,
32:59L'Oréal, ainsi de suite. Donc, je pense qu'on
33:01va être un peu étonnés
33:03du chiffre
33:05d'affaires, en fait.
33:07Et auquel cas, là,
33:09ça risque de faire un peu mal.
33:11Donc, il faudra avoir du cash
33:13pour le ramasser, parce qu'on sera étonnés,
33:15comme on sera tellement étonnés...
33:17Les réactions peuvent être violentes. On l'a déjà vu,
33:19vous avez cité Nike, avec L'Oréal,
33:21sur un propos du boss,
33:23tout de suite,
33:25ça a perdu 5-6% facile.
33:27Donc, je pense qu'on va avoir ça,
33:29c'est-à-dire que,
33:31pendant une quinzaine de jours, 3 semaines,
33:33on va avoir, effectivement, si vous communiquez bien,
33:35bon, c'est juste normal,
33:37par contre, on va avoir un paquet de trucs
33:39à moins 10, moins qu'à 1.
33:41Et pour vous, dans l'idée toujours un peu contrariante
33:43que vous aimez défendre, ça va être...
33:45J'achète. Oui, ce sera déprimanté.
33:47Parce que je pense que... Vous arrivez à vous projeter
33:49au-delà de
33:51l'élection française, au-delà du 5 novembre...
33:53Parce que les taux
33:55rebaisseront, de toute façon.
33:57Alors,
33:59j'achète pas forcément le marché français,
34:01parce que c'est un peu plus compliqué, mais si on prend
34:03L'Oréal, le marché français, on s'en fout.
34:05Enfin, globalement.
34:07Ça joue pas beaucoup, ça joue à la marge.
34:09Par contre,
34:11je pense qu'on n'a pas intégré, vraiment,
34:13le ralentissement
34:15plus fort que prévu.
34:17D'accord.
34:19D'où un excès.
34:21D'où...
34:23Profiter de l'excès, pour moi.
34:25C'est la seule chose qu'on peut faire
34:27qui me paraît pas trop bête.
34:29Qu'est-ce que vous attendez des résultats d'entreprise,
34:31des discours qui vont aller avec,
34:33David ? Jusqu'à présent,
34:35chaque trimestre, ça a été quand même plutôt
34:37un facteur de soutien pour les marchés actions
34:39depuis quelques temps, maintenant.
34:41Est-ce que là, on attend encore
34:43ce genre de soutien, dans le contexte
34:45qu'on a pu décrire ? Macro et politique.
34:47Ce qui va
34:49véritablement être à surveiller,
34:51effectivement, c'est au niveau des marges.
34:53C'est parce qu'il y a effectivement
34:55les entreprises,
34:57mine de rien, on parle, si la Fed
34:59n'a pas baissé ses taux tout de suite,
35:01c'est parce que le marché de l'emploi est encore solide,
35:03c'est parce que les salaires continuent d'augmenter,
35:05et donc
35:07on arrive à un moment où,
35:09normalement, au niveau des
35:11marges, ça pince un peu.
35:13On a arrêté d'augmenter les prix,
35:15qu'on le faisait il y a encore un an ou deux.
35:17Là maintenant, ça y est, les consommateurs
35:19ne peuvent plus suivre au niveau des
35:21hausses de prix, donc l'entreprise sait que
35:23si on augmente le prix de vente, on perd
35:25du client, on perd du chiffre d'affaires.
35:27Donc ça, de ce côté-là, ils sont coincés.
35:29Et de l'autre côté, il y a l'inertie des salaires
35:31qui continuent de monter.
35:33Donc j'ai envie de dire que c'est le trimestre
35:35qui est un petit peu à risque.
35:37Le marché anticipé, ça, pas du tout ?
35:39Quand on regarde les valeaux, c'est...
35:41Non, pour le moment,
35:43j'ai l'impression que c'est plutôt un
35:45environnement...
35:47Ce qui est pricé est plutôt assez...
35:49On a pricé un scénario
35:51qui est plutôt rose.
35:53Donc de ce côté-là, voilà.
35:55Il faut juste être vigilant là-dessus.
35:57Encore une fois, on risque
35:59d'avoir un trimestre avec des dispersions
36:01assez fortes, avec justement
36:03un écart
36:05assez significatif entre
36:07les bonnes annonces et les mauvaises annonces.
36:09Donc ça risque d'être un parcours
36:11un peu miné, où du jour au lendemain,
36:13de temps en temps, on se réveille...
36:15Oui, avec un moins 20.
36:17Des choses qui vont être assez difficiles
36:19à prévoir. Mais
36:21globalement, au niveau des indices, c'est pas forcément
36:23catastrophique.
36:25C'est du titre par titre.
36:27Exactement. Titre par titre,
36:29du conjoncturel, une mauvaise annonce
36:31et des sanctions, effectivement. Quand sanction,
36:33il y aura des sanctions violentes.
36:35Bon. Vos anticipations
36:37sur cette période de publication de résultats
36:39et puis je regardais encore la volatilité
36:41du marché américain, le VIX est à moins de 12.
36:43On est vraiment en haut...
36:45Je parle pas d'euphorie, mais
36:47peut-être début de quelque chose d'un peu complaisant.
36:49Si on regarde les
36:51estimations de croissance des résultats
36:53aux Etats-Unis, c'est plus 9 quand même.
36:55Sur le trimestre.
36:57Deuxième trimestre 2024
36:59comparé à deuxième trimestre 2023.
37:01Et en Europe, pour la première fois depuis 5 trimestres,
37:03c'est plus 3. Donc on a quand même
37:05des anticipations
37:07qui sont pas faibles.
37:09Je rappelle que la séquence en Europe, c'est on avait fait
37:110, moins 10, moins 11,
37:13moins 6, moins 3, et là on fait plus 3.
37:15Donc ça veut dire que
37:17le marché s'attend à des résultats
37:19plutôt corrects.
37:21Il va y avoir à mon avis exactement ce que
37:23disaient David et Eric à l'instant, c'est que
37:25le price action des
37:27titres qui déçoivent, ça va être violent.
37:29Et d'ailleurs on l'avait vu au Q1, c'était pareil.
37:31Au premier trimestre 2024, toutes les boîtes
37:33qui ont déçu, les Philips,
37:35les Stellantis, c'est du
37:37moins 15, moins 20, moins 10,
37:39sur les publications.
37:41On va regarder ça, mais c'est vrai que si on regarde
37:43dans le rétroviseur jusqu'à
37:45la fin du deuxième trimestre, tout allait bien.
37:47C'est-à-dire que le macro s'est amélioré.
37:49On parlait d'un redécollage de l'Europe.
37:51On parlait d'un redécollage de l'Europe.
37:53Les flux commençaient à arriver.
37:55Il y avait des frémissements sur les
37:57mid-cap. Il y avait des choses plutôt
37:59positives. Le tout dans un
38:01environnement où la valo en Europe est pas chère.
38:03On a 13 fois les résultats
38:05attendus. On est plutôt à 22 fois aux Etats-Unis.
38:07Donc il y avait un
38:09cas pour l'Europe de valo relatif
38:11qui était intéressant. C'est sûr
38:13que si la politique française
38:15vient un peu mettre
38:17le bazar dans tout ça, c'est
38:19pas agréable. Mais cela dit,
38:21et on en parlait ce matin en réunion de gestion,
38:23faut pas oublier que la France
38:25c'est moins de 3% du MSCI World.
38:27Donc on parle d'épiphénomène.
38:29Microsoft, Apple,
38:31Samsung, Vinga, c'est 4,5%.
38:35On se regarde le vendredi.
38:37Pour un investisseur internationalisé,
38:39c'est la France,
38:41mais ni plus ni moins que la France.
38:43Mais on a quand même, pour la première fois depuis
38:455 trimestres, des attentes de résultats
38:47en hausse en Europe. Raisonnable,
38:491,3%, mais quand même va falloir
38:51les faire.
38:53Et puis il y a un côté rétroviseur
38:55sur ça allait mieux au 2ème
38:57trimestre. On commençait à anticiper
38:59des baisses des taux. La BCE
39:01avait délivré en juin. Enfin, on avait
39:03une séquence qui était un petit peu plus positive
39:05et qui est quand même un peu en train de s'assombrer.
39:07Et donc, vous citiez à l'instant
39:09le VIX qui est à 12. En Europe,
39:11le Vestox est autour
39:13de 16. Moi, je reste
39:15plutôt optimiste sur les marchés jusqu'à la fin
39:17de l'année, mais acheter des couvertures un peu en dehors
39:19quand c'est vraiment pas cher,
39:21acheter des assurances quand c'est vraiment pas cher
39:23comme aujourd'hui, là franchement, il n'y a pas de
39:25raison de s'en priver.
39:27Dans les marchés,
39:29qu'est-ce qui rend confortable ?
39:31Quel type de secteur, de segment,
39:33de thématique ?
39:35Je ne sais pas, est-ce qu'on est à l'aise avec les thématiques ?
39:37On parlera des matières premières, mais si Trump
39:39revient, est-ce qu'il faut être plus
39:41fossile que green ?
39:43Est-ce que la tech est évidemment toujours valable ?
39:45Mais est-ce que tactiquement, on a
39:47envie d'être un peu plus prudent ?
39:49On a un peu envie d'être un peu plus prudent.
39:51Puis les banques aussi, je veux bien qu'on parle des banques
39:53toujours. Et même si effectivement
39:55la thèse du broadening, de l'élargissement
39:57aux autres secteurs n'a pas très bien marché
39:59depuis un mois, puisqu'on a revu
40:01rebondir la tech,
40:03rebaisser les banques, et ainsi de suite.
40:05Moi je pense qu'il faut continuer
40:07à la jouer. Nvidia,
40:09on a commencé l'année à 25 fois les résultats,
40:11là on est à 40 fois les résultats quand même.
40:13Quand même, il y a eu du chemin
40:15de parcouru. On citait tout à l'heure Tesla
40:17qui a rebondi de 40%, par rapport
40:19à un creux de moins de 40 en year to date.
40:21C'est quand même des performances
40:23qui interrogent.
40:25Et surtout, moi ce qui m'embête
40:27un peu plus,
40:29c'est l'écart entre le poids
40:31de ces valeurs et le poids de leurs résultats
40:33dans les indices. C'est ce que vous disiez.
40:35C'est plus d'un tiers, 30-33% de poids
40:37dans l'indice, et c'est que
40:3923% des résultats.
40:41Une petite déconnexion là.
40:43Pour vous, c'est une petite déconnexion.
40:45Secteur bancaire en Europe ?
40:47Moi je suis toujours acheteur des banques.
40:49Je pense que même si les taux
40:51courts baissent un peu, ce n'est pas le moteur
40:53principal de la profitabilité
40:55des banques. Ce qu'il faut
40:57c'est qu'il n'y ait pas de défaut et pas de crise
40:59bancaire. Il y a
41:01forcément une augmentation.
41:03Et si on distribue un peu de crédit parce qu'il y a de l'investissement et des projets,
41:05c'est bien aussi ?
41:07Oui, mais est-ce que tout ça
41:09n'est pas remis en cause aujourd'hui, Olivier ?
41:11D'un niveau européen, pas encore.
41:13En France, ce sera
41:15un peu remis en cause, mais au niveau
41:17européen, ça ne l'est pas.
41:19David, qu'est-ce qui vous intéresse dans les marchés
41:21actions, mais on n'a pas parlé
41:23de la partie taux crédit.
41:25Là aussi, je ne sais pas, d'ailleurs, est-ce que les émetteurs
41:27français ont été un peu
41:29plus secoués que d'autres
41:31sur le plan du crédit aussi
41:33depuis quelques semaines ?
41:34J'ai envie de dire un peu, mais pas trop.
41:36Il n'y a pas eu de...
41:38Sur le crédit, en fait, finalement,
41:40il n'y a plus eu des émetteurs qui ont été
41:42chahutés sur des nouvelles extrêmement
41:44spécifiques qui ont trait à leur entreprise, comme Eurofins
41:46par exemple, sur lequel
41:48là, le crédit a un peu bougé
41:50sur la publication du rapport Muddy Waters,
41:52mais
41:54globalement, sur les émetteurs
41:56français, il y a eu un peu de mouvement,
41:58mais rien de catastrophique.
42:00Et donc, en fait, nous, là,
42:02on trouve, dans tout ce
42:04magma où on a du mal à y
42:06voir très clair, il y a un segment
42:08où on se sent extrêmement à l'aise,
42:10c'est la partie de la courbe
42:12allemande. Désolé,
42:14on n'est pas très fun.
42:16Mais le 2 ans allemand, nous, ça nous va
42:18très bien comme endroit, et on trouve
42:20qu'on est bien remunéré.
42:22Il y a des perspectives de baisse de taux.
42:24Effectivement, je suis tout à fait d'accord avec Olivier
42:26qu'il y a une chose qui est sûre, c'est que dans tout ça,
42:28la BCE a encore plus de marge
42:30de manœuvre pour baisser ses taux.
42:32Voilà, et
42:34la manière de le jouer le plus efficacement
42:36et de la manière la plus pure, c'est d'être
42:38sur la partie courte, pardon, de la courbe
42:40allemande, où là, on sait en tous les cas
42:42que le mouvement de baisse des taux
42:44ne sera pas pollué par une prime de risque
42:46qui vient se rajouter à la dernière minute ou quoi que ce soit.
42:48Voilà, donc c'est pas très enthousiasmant.
42:50Non, mais on capte du rendement
42:52et en plus, il y aura un peu de performance
42:54à venir demain sur cette position d'attente.
42:56Sur cette partie de la courbe.
42:58Eric, donc ?
43:00Toujours pas d'obligataire.
43:02Ouais, ok. Pas de duration, quoi.
43:04Oui, pas de duration.
43:06Monétaire,
43:08j'ai utilisé un peu de mon cash
43:10pour commencer à mettre
43:12les épuisettes dans les trucs
43:14que je trouvais abéants.
43:16À la fois les mids, je reviens
43:18un peu sur des grosses.
43:20Oui, parce que c'est intéressant, les mids, alors françaises spécifiquement,
43:22ça a été moins 10 quand même là.
43:24Ou moins 20.
43:26Oui, oui, pour certains, j'en sais un.
43:28Non, je dis moins 20 parce que je rachète
43:30à moins 20.
43:32D'accord, ok.
43:34Ça a perdu moins 20, je rachète.
43:36Et puis,
43:38j'attends les résultats, effectivement,
43:40le cash pour rejouer
43:42les grosses du CAC, parce que
43:44il n'y a pas de raison dans l'absolu
43:48qu'on baisse de cette façon-là.
43:50Donc, c'est cash,
43:52action, et point.
43:54Bon, on voit effectivement, c'est ce que je disais,
43:56le marché se stabilise. Il y a eu 2, 3 séances
43:58de baisse un peu appuyées
44:00au lendemain de la dissolution.
44:02Et puis ensuite, on a fait un espèce de yo-yo
44:04autour des 7500, 7600
44:06pour le CAC 40,
44:08encore ce soir en clôture.
44:10Merci à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
44:12Eric Venet, directeur de la gestion
44:14de Montbleu Finance, David Calfon,
44:16président de Centres OAS et Olivier de Béranger,
44:18directeur général de la financière des Chiquiers.
44:30Le dernier quart d'heure de Smart Bourges, chaque soir, c'est le quart d'heure
44:32thématique. Le thème ce soir nous permettra
44:34de faire le point sur le pétrole,
44:36l'or et l'ensemble des matières
44:38premières. On en parle avec Benjamin Louvet, directeur
44:40de la gestion des matières premières chez OFI Invest,
44:42Asset Management. Bonsoir Benjamin.
44:44J'ai toujours le biais de commencer par
44:46le pétrole, ça reste quand même un actif clé
44:48notamment pour les marchés un peu globaux.
44:50Pétrole qui a repris 10 dollars en un mois,
44:52sur le mois de juin. Alors il avait
44:54perdu 10, 15 dollars entre avril
44:56et fin mai, début juin. Là il reprend
44:5810 dollars en ligne assez droite.
45:00Quel est le rationnel de ce mouvement ?
45:02Il y a trois choses
45:04principalement. Une première qui est une raison
45:06conjoncturelle. Le mois de mars, avril,
45:08c'est la période où vous avez des maintenances d'un certain
45:10nombre de raffineries. Parce que c'est une période creuse,
45:12on sort de l'hiver, donc les raffineries
45:14en profitent pour faire un peu de ménage et un peu de nettoyage.
45:16Donc traditionnellement,
45:18quand les raffineries tournent moins, elles consomment
45:20moins de pétrole. Donc on les demande de diminuer un petit peu,
45:22on constitue des stocks et
45:24forcément ça met une pression un peu baissière
45:26sur le cours du pétrole.
45:28La raison de
45:30la reprise d'air, c'est que ces raffineries
45:32sont ouvertes et puis on rentre dans la période
45:34d'estival. Et la période d'estival, c'est une période où
45:36ça peut paraître surprenant, mais où on consomme
45:38plus de pétrole. En moyenne, un million
45:40à un million cinq cent mille barils de plus de pétrole.
45:42Et on attend des chiffres
45:44aujourd'hui de la part de
45:46l'Agence Internationale de l'Énergie, qui ont dû tomber à l'heure
45:48où on se parle. Mais les chiffres de l'API
45:50hier, qui est l'American Petroleum Institute,
45:52faisaient valoir un très fort recul
45:54des stocks aux Etats-Unis, qui laissent penser
45:56effectivement que le marché pourrait être plus tendu. Et on s'attend,
45:58du fait de cette période d'estival où la consommation est plus
46:00forte, à des retraits de stocks
46:02au troisième trimestre, qui pourraient mettre
46:04un peu plus sous pression le marché du pétrole,
46:06ce qui explique aussi cette reprise.
46:08Et puis dans ce contexte-là, c'est vrai qu'on a
46:10aussi un contexte international qui est toujours
46:12compliqué. Il y a encore eu
46:14des bateaux qui ont été attaqués
46:16au large du Yémen
46:18durant le week-end.
46:20Donc ces problèmes-là reviennent sur le devant
46:22de la scène. La situation entre Israël
46:24et
46:26le Hamas reste très compliquée.
46:28Il y a eu des demandes d'évacuation
46:30de villes, avec potentiellement des nouvelles frappes.
46:32Donc tout ça participe
46:34d'un climat un peu anxiogène, qu'on avait un peu oublié
46:36parce que les problématiques conjoncturelles faisaient
46:38qu'il y avait un peu moins de tensions sur le marché du pétrole.
46:40Et donc tout ça, c'est un peu détendu. Il y a aussi eu
46:42des déclarations de l'OPEP, qui a laissé en question
46:44ce qui pourrait mettre fin à ces réductions
46:46de production progressivement.
46:48Et donc tout ça a délivré un bol d'air.
46:50Globalement, ce qu'on peut dire sur le marché du pétrole
46:52aujourd'hui, c'est qu'on a toujours ce coussin
46:54des pays de l'OPEP, qui fait
46:56que si on peut difficilement
46:58s'attendre à une correction forte, en particulier
47:00compte tenu de la conjoncture avec l'entrée
47:02dans cette période de forte consommation,
47:04l'envolée des cours est aussi peu probable, sauf
47:06embrasement de la situation
47:08au Moyen-Orient. D'ailleurs on le voit bien,
47:10quand on regarde les marchés optionnels, on constate
47:12qu'il y a très peu d'intérêt pour les options à 95 dollars,
47:14à 100 dollars sur le pétrole. Ce qui montre bien
47:16qu'on attend toujours une stabilisation,
47:18on va dire entre 75 dollars
47:20et 85, 90 dollars.
47:22Alors c'est une fourchette qui est large,
47:24on est sur un marché qui est assez
47:26mouvant. Le problème des matières premières, c'est que ce sont
47:28des marchés dont la valeur est établie de façon spot
47:30pour un équilibre entre l'offre et la demande à l'instant T,
47:32et donc ça peut bouger
47:34relativement vite. Il y a un dernier point peut-être
47:36à souligner, qui peut être important,
47:38on a depuis quelques jours un
47:40ouragan sur l'Atlantique,
47:42l'ouragan Beryl, qui est
47:44un ouragan de catégorie 5, donc un ouragan
47:46majeur, et il faut savoir
47:48que c'est la première fois qu'au mois de juin,
47:50il s'est formé dans les tout derniers jours du mois de juin,
47:52c'est la première fois en 174 ans
47:54de data, qu'on a un ouragan
47:56majeur, de cette catégorie,
47:58au mois de juin.
48:00Ça n'est jamais arrivé, donc on voit bien
48:02peut-être les effets du changement climatique qui commencent
48:04à s'affirmer, parce que la température
48:06de la mer est très élevée, et donc ça favorise la création
48:08de ce type d'événement, donc on pourrait
48:10peut-être avoir une saison des
48:12ouragans majeurs, et ça
48:14c'est important parce que ces ouragans, je vous rappelle,
48:16ils traversent l'Atlantique, et ils finissent leur
48:18parcours quelque part autour du Golfe du
48:20Mexique. S'ils partent vers la Texas,
48:22la Louisiane, d'abord il y a des plateformes pétrolières
48:24qui peuvent se retrouver interrompues pour des longues périodes,
48:26c'est arrivé par le passé, et puis après,
48:28ils peuvent finir leur course en Louisiane
48:30et au Texas, où il y a une grosse partie de la capacité de raffinage
48:32américaine, et ça, ça peut entraîner
48:34des arrêts assez longs
48:36de ces capacités de raffinage, et donc tendre le marché
48:38des produits raffinés, gazoiles
48:40et essence en tête.
48:42À propos de changement climatique, je voulais avoir
48:44votre vision un peu
48:46longue, peut-être même d'ailleurs,
48:48de la montée des populismes
48:50en Europe à l'issue des élections européennes,
48:52du choc d'incertitude en France
48:54et d'une nouvelle gouvernance politique
48:56qui s'annonce,
48:58du retour probable
49:00de Donald Trump pour un
49:02second mandat, encore plus probable
49:04visiblement chez les bookmakers
49:06après le débat raté de la
49:08semaine dernière.
49:10On a le sentiment que ça peut être perçu
49:12comme étant autant de vents contraires
49:14face aux efforts de transition énergétique
49:16qui commencent
49:18ou qui commençaient à être déployés ces
49:20dernières années. Est-ce que vous partagez
49:22ce regard, et est-ce que c'est
49:24des changements ou des
49:26déviations politiques qui
49:28peuvent avoir un impact sur le thème
49:30de la transition, et donc sur
49:32le sujet des métaux de la
49:34transition, Benjamin ?
49:36Il ne faut jamais ignorer ce genre
49:38de sujet. Néanmoins, j'ai l'audace
49:40de croire que ce sont les
49:42participants à une
49:44économie qui font cette économie,
49:46et aujourd'hui, on l'a bien vu, même en France,
49:48des francs
49:50opposants
49:52à cette transition sur un certain nombre de sujets.
49:54On peut parler de Carlos Tavares, chez Stellantis,
49:56qui était profondément... Il dit ne changer plus les règles.
49:58Et il dit maintenant, stop ! Revenez plus
50:00sur la fin du moteur thermique. C'est mis en place.
50:02Je pense qu'il faut ajouter une autre chose, Grégoire.
50:04Il y a aujourd'hui un élément incontestable,
50:06les études le montrent de plus en plus,
50:08c'est que ne rien faire coûtera plus
50:10cher que de faire
50:12cette transition énergétique. Et donc,
50:14quelles que soient les déclarations des politiques,
50:16à un moment, les politiques, s'ils ont besoin de se faire réélire,
50:18cette question, du coup, va se poser.
50:20Et ils devront agir de façon pragmatique.
50:22Donc, pour moi, on ne reviendra pas en arrière,
50:24et on a même intérêt à accélérer.
50:26Sinon, on va au-devant d'énormes
50:28problèmes. On le voit. La météo déplorable
50:30qu'on a en France, aussi, est liée à ces problèmes
50:32de changement climatique, parce que la température
50:34évolue beaucoup plus vite,
50:36le réchauffement se passe beaucoup plus vite aux pôles
50:38qu'à l'équateur. Le différentiel de température change.
50:40Ça entraîne des ralentissements
50:42dans le jet stream, qui fait qu'on a
50:44ces mouvements, ces anticyclones
50:46ou ces dépressions qui restent bloquées
50:48très longtemps, alors que normalement, elles s'évacuent
50:50rapidement. — Phénomène de dôme, quoi, c'est ça.
50:52— Voilà. Tout ça participe
50:54du fait que, je crois qu'aujourd'hui, il n'y a
50:56plus photo. On peut avoir les déclarations qu'on veut.
50:58On doit faire cette transition.
51:00Et il faut bien avoir conscience des autres.
51:02— Y compris quand on est Donald Trump, Benjamin,
51:04parce que... — Donald Trump, en fait, c'est pas vraiment le sujet.
51:06Aux États-Unis, la transition, elle bat son plein. Regardez
51:08ce qu'il se passe en Californie. Et le point
51:10névralgique de la transition aujourd'hui, si on le regarde,
51:12c'est la Chine. Personne ne regarde
51:14la Chine. Tout le monde dit qu'elle ne fait rien.
51:16La Chine, en 2023, a installé autant
51:18de panneaux solaires que le monde entier en 2022.
51:20— Mais Benjamin, non seulement
51:22on le dit, mais vous nous disiez exactement
51:24la même chose fin 2022,
51:26de ce que la Chine avait installé plus de panneaux
51:28solaires que dans l'ensemble du monde l'année précédente.
51:30Ça fait plusieurs années que
51:32cette statistique... — La Chine a 5 ans d'avance
51:34sur son programme photovoltaïque.
51:36Elle est en avance.
51:38Elle a décidé d'une politique.
51:40Elle a dit qu'elle serait pas prête en 2050,
51:42mais en 2060. Et aujourd'hui,
51:44ils sont dans les clous. Alors c'est vrai qu'ils continuent
51:46à installer des centrales à charbon parce qu'il faut gérer
51:48le court terme. Mais on sait que ces centrales à charbon
51:50iront pas jusqu'à la fin
51:52de leur vie et qu'elles seront remplacées
51:54progressivement. Donc pas de souci de ce côté-là.
51:56Je pense qu'on parle
51:58ici d'épiphénomène et que quand on va
52:00commencer à parler d'argent, tout le monde
52:02va revenir à la raison, va se rendre compte qu'on a beaucoup plus
52:04d'intérêt à faire cette transition qu'à ne pas la faire.
52:06Fort heureusement, d'ailleurs.
52:08— Bien sûr. Non, mais...
52:10Dans un discours trumpiste,
52:12c'est sûr qu'on peut s'attendre
52:14à redonner
52:16des permis pour le fossile, etc.,
52:18et sans aller jusqu'à tout
52:20détricoter de l'IRA,
52:22limiter peut-être...
52:24— On peut faire ça, Grégoire. Mais aujourd'hui, on voit
52:26qu'il y a un énorme problème de compétitivité
52:28industrielle sur toutes ces technologies
52:30qui vont s'imposer, quoi qu'on en pense,
52:32qu'on parle de la voiture électrique,
52:34des panneaux solaires, qu'on parle de l'activité
52:36minière, qu'on parle des éoliennes,
52:38et les Américains vont devoir
52:40à un moment ou un autre embrayer aussi là-dessus.
52:42Sinon, ils vont se retrouver
52:44au banc de toutes ces technologies.
52:46Ça va leur poser un énorme problème industriel.
52:48Ne serait-ce qu'au niveau véhicule,
52:50le marché automobile américain
52:52n'est pas suffisant pour les constructeurs
52:54automobiles américains. Donc il va falloir
52:56pouvoir vendre des voitures ailleurs.
52:58— Un mot déprécieux.
53:00L'or fait plus grand-chose, mais tient bien.
53:04L'argent la prenait 4 %
53:06aujourd'hui, visiblement.
53:08Où est-ce qu'on en est du cas
53:10d'investissement des précieux, or et argent
53:12notamment, Benjamin ?
53:14— Alors ces métaux, on corrigeait un petit peu.
53:16Mais vous le disiez, l'or se tient très bien.
53:18Donc ça, c'est très intéressant de voir que l'or n'a pas baissé.
53:20Donc les gens qui ont acheté de l'or dans la première partie
53:22d'année ne sont pas sortis. C'est intéressant parce que
53:24ceux qui ont acheté de l'or dans la première partie d'année
53:26ne sont pas les gens qui achètent de l'or d'habitude.
53:28Il n'y a pas eu d'achat d'or en Occident.
53:30— C'est pas le retail occidental qui a acheté de l'or.
53:32— En Europe. Vous avez bien vu, quand on regarde les proportions
53:34de TF, elles sont en baisse et elles ne remontent pas.
53:36Donc ce sont les Asiatiques qui ont acheté de l'or et ils gardent
53:38cet or. Donc l'or n'a pas baissé.
53:40Et on rentre dans une période qui va arriver, là,
53:42deuxième partie d'année, où on devrait commencer
53:44à avoir une détente monétaire. Or,
53:46les Occidentaux achètent de l'or
53:48quand les taux rebaissent parce que l'or
53:50n'a pas de rendement. Donc le désavantage diminue.
53:52Et donc ils reviennent sur l'or. Donc on peut
53:54espérer un retour des Occidentaux en deuxième partie d'année.
53:56Et donc l'or devrait connaître des nouveaux plus hauts
53:58dans la deuxième partie d'année.
54:00C'est très probable. Il y a un autre facteur
54:02de soutien très important, depuis maintenant plusieurs années.
54:04On en a parlé déjà. Ce sont les banques centrales.
54:06Et les banques centrales, ce qui est très intéressant,
54:08c'est que le World Gold Council les interroge tous les ans.
54:10C'est un organisme de place.
54:12Pour connaître leur sentiment vis-à-vis de l'or,
54:14il y a un sondage qui est fait tous les ans et qui vient d'être publié.
54:1670 banques centrales interrogées à travers le monde,
54:18essentiellement dans les pays émergents.
54:20Et il y en a à peu près une quinzaine, entre 15 et 20
54:22dans les pays développés. Et il leur pose toujours
54:24les mêmes questions. Et à la question
54:26que comptez-vous faire sur l'or dans les 12 prochains mois
54:28cette année, 29% des banques interrogées
54:30répondent qu'on veut augmenter notre allocation
54:32à l'or dans les 12 prochains mois.
54:34C'est le plus fort taux de réponse
54:36pour l'achat d'or
54:38depuis que le sondage existe en 2018.
54:40Alors ça ne fait pas un gros recul, mais quand on voit
54:42les achats l'année dernière et l'année d'avant, qui sont des achats
54:44records depuis 1967,
54:46on peut se permettre d'être optimiste
54:48sur l'attitude des banques centrales vis-à-vis de l'or.
54:50C'est un peu ralenti à très court terme,
54:52mais le premier trimestre, elles en ont acheté 290 tonnes,
54:54c'était le plus gros premier trimestre
54:56pour les banques centrales de toute l'histoire
54:58depuis que les datas existent.
55:00Donc on a vraiment toujours un soutien
55:02de ces banques centrales qui est extrêmement important.
55:04Et aussi, dans les questions qui sont posées,
55:06il y a une question sur que pensez-vous
55:08que seront les détentions des banques centrales
55:10sur le dollar à horizon 5 ans.
55:12Et à cette question, 62%
55:14des banques répondent
55:16qu'elles pensent qu'elles auront baissé
55:18un peu ou beaucoup à horizon 5 ans.
55:20La banque centrale de Chine a vendu
55:22un record au premier trimestre d'actifs en dollars,
55:2453 milliards. C'est du jamais vu.
55:26Intéressant. Vous disiez
55:28dans ce sondage que c'est 70 banques centrales,
55:30une majorité de banques centrales émergentes
55:32qui sont interrogées par le
55:34World Gold Council.
55:36Pourquoi le retail occidental
55:38n'a pas embrayé sur ce mouvement ?
55:40C'est ça que j'ai du mal à comprendre.
55:42Il y avait mieux à faire ?
55:44Le niveau d'anxiété
55:46de l'opinion publique,
55:48quand on regarde les enquêtes,
55:50il est là. J'ai des gérants privés qui me disent
55:52si j'achète de l'or, j'ai rien. Aujourd'hui, si j'achète
55:54des produits tôt, sans en faire grand-chose,
55:56j'ai 4, 4,5%.
55:58Le différentiel est trop important.
56:00Même si on peut être intéressé
56:02et convaincu par l'or, on y reviendra plus tard
56:04au moment où ce rendement aura un peu baissé
56:06et où l'argent
56:08facile
56:10disparaîtra. Ils reviendront
56:12probablement en deuxième partie d'année
56:14les banques centrales américaines et européennes
56:16auront vraiment embrayé leur baisse de taux.
56:18Historiquement, c'est ce qu'on voit
56:20en Europe. Pimco avait fait
56:22une étude sur le sujet. Il disait qu'il considérait l'or
56:24comme un actif à duration longue de duration
56:2622. Donc, dit autrement,
56:281% de variation sur les taux à la baisse
56:30ou à la hausse entraîne
56:3222% de variation sur l'or dans l'autre sens.
56:34Si on attend une baisse de 1%
56:36des taux réels à horizon 12-18 mois,
56:38on peut s'interroger à une appréciation
56:40de l'or de l'ordre de 20 à 25%.
56:42Donc, il y a un potentiel toujours important
56:44sur ce métal.