SMART BOURSE - Emission du vendredi 4 octobre

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Vendredi 4 octobre 2024, SMART BOURSE reçoit Olivier de Berranger (Directeur Général, La Financière de l'Echiquier) , Arnaud Morel (Gérant de portefeuille et Directeur de la Gestion Sous Mandat, Promepar AM) , Elizabeth de Saint-Léger (Gérante, Clartan) et Olivier Raingeard (Directeur des investissements, Neuflize OBC)

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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour à 17h si vous nous suivez en direct à la télévision
00:16via vos box, émission que vous retrouvez chaque soir en replay sur bsmart.fr ou encore
00:21en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:23Au sommaire de cette édition ce soir, le chiffre le plus regardé de la planète, le
00:28rapport mensuel sur l'emploi américain pour le mois de septembre et on peut le dire,
00:33la machine à créer de l'emploi aux Etats-Unis, non seulement ne s'arrête pas mais semble
00:38repartir à un niveau que le marché et que les économistes en tout cas n'avaient pas
00:42attendu pour ce mois de septembre, 254 000 créations d'emplois sur un mois pour l'économie
00:47américaine, c'est bien au-delà de ce qu'anticipaient les analystes, le taux de chômage même retombe
00:52à 4,1%, une excellente nouvelle donc pour l'économie réelle et le marché du travail
00:58américain.
00:59Comment est-ce que le marché a pris ce rapport sur l'emploi aux Etats-Unis ? Plutôt de
01:03la bonne manière, alors on a vu quand même quelques secousses sur le marché obligataire,
01:07on prend 15 points de base sur le 2 ans américain, 10 points de base sur le 10 ans américain
01:11qui se rapproche à nouveau de 4% mais on voit quand même que la réaction du marché
01:14à actions a plutôt été positive, signe que les bonnes nouvelles sont peut-être des
01:20bonnes nouvelles du point de vue de la perception des investisseurs, nous en parlerons justement
01:24avec nos invités de Planète Marché d'ici quelques instants.
01:27Cette journée positive sur les actions n'enlève rien à la semaine de tension qu'on a vécue,
01:32à commencer par les cours du pétrole, sur fond d'escalade et de risque géopolitique
01:37au Moyen-Orient, les cours du brut ont pris 10% sur l'ensemble de la semaine, avant le
01:41rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis, on avait déjà vu les taulons américains
01:45se tendre d'environ 10 points de base sur l'ensemble des derniers jours et puis petit
01:50retour de volatilité également sur les marchés à actions avec un VIX qui a progressé d'environ
01:5420% sur l'ensemble de la semaine et des actions mondiales qui termineront cette semaine sur
02:00un bilan négatif, on perd un peu moins d'1,5% sur l'indice MSCI World au terme de cette
02:07semaine.
02:08Là aussi discussion de ces sujets de marché avec nos invités dans quelques instants et
02:13puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse comme une fois par mois nous retrouvons
02:16les équipes de clartemps pour détailler un cas d'investissement à travers le prisme
02:21de l'analyse fondamentale, le cas que nous détaillerons aujourd'hui est celui de Ralph
02:25Lorraine et nous en parlerons avec Elisabeth de Saint-Léger, associée et gérante chez
02:30Clartemps qui sera avec nous en plateau à partir de 17h45.
02:43Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse nous retrouvons Pauline Grattel
02:47pour les infos clés du jour sur les marchés.
02:49Bonsoir Pauline.
02:50Le chiffre que la planète finance regarde chaque mois, les chiffres de l'emploi américain
02:54et ce rapport du mois de septembre est assez explosif avec des créations d'emplois au
02:59plus haut depuis le mois de mars.
03:00Oui en septembre l'économie américaine a créé 254 000 emplois, c'est beaucoup plus
03:05que ce qui était attendu puisque les analystes tablaient sur 147 000 créations, le chiffre
03:10des deux mois précédents a par ailleurs été révisé à la hausse de 72 000 au total, le
03:16taux de chômage recule légèrement à 4,1% de la population active, du côté des salaires
03:21ils augmentent de 0,4% sur un mois et de 4% sur un an en septembre.
03:26Après cette publication on a vu le rendement de l'obligation américaine à 10 ans bondir
03:30jusqu'à plus de 3,95%, le dollar bondit également ramenant l'euro dollar sous indice.
03:36Si on regarde la réaction des actifs risqués et des marchés actions, on peut le dire cette
03:41bonne nouvelle concernant l'emploi américain a été perçue comme une bonne nouvelle pour
03:45les investisseurs, on a vu la bourse de Paris accentuer sa hausse après cette publication.
03:50Oui et malgré une semaine compliquée marquée par un retour de la volatilité avec un indice
03:54VIX repassant au-delà du seuil de 20, la bourse de Paris rebondit de plus de 1% ce
03:59vendredi grâce à ce rapport solide et meilleur qu'attendu, plus largement les bourses européennes
04:05sont dans le vert tout comme Wall Street d'ailleurs.
04:07Vous l'avez dit Pauline, tout ça n'enlève rien au fait que la semaine a été compliquée
04:11sur fond notamment de tensions au Moyen-Orient entre Israël et l'Iran et la crainte de
04:17possibles escalades supplémentaires.
04:18Oui et à ce sujet Joe Biden évoque des discussions avec Israël qui envisagent de riposter en
04:23frappant les installations pétrolières iraniennes, la conséquence a été directe après cette
04:28annonce, les prix du pétrole ont bondi pour atteindre un plus haut d'un mois avec un
04:32baril de Brent au-delà des 78 dollars, d'ailleurs ESO continue d'en profiter à Paris et gagne
04:386% en tête du SBF 120.
04:40Un coup d'oeil sur les marchés obligataires en Europe, que peut-on retenir des niveaux
04:44du moment Pauline ?
04:45Les rendements obligataires remontent aujourd'hui en Europe avec un taux allemand à 10 ans
04:49entre 2,20 et 2,25%, le rendement de l'obligation française de même échéance tourne autour
04:54de 3%.
04:55Et puis l'actualité des entreprises avec la française des jeux par exemple qui annonce
05:00aujourd'hui le succès de son OPA sur Kindred.
05:02Oui le lancement de cette offre publique d'achat avait été annoncé en janvier pour une valeur
05:07d'entreprise de 2,6 milliards d'euros et c'est la plus importante opération de l'histoire
05:11de la FDJ.
05:12Ça y est, aujourd'hui la FDJ acquiert ainsi plus de 90% du capital de Kindred, propriétaire
05:18d'Unibet.
05:19Le titre FDJ est en hausse de 2% à Paris.
05:22Et puis un mot d'Emmeis, l'ex-ORPA qui déçoit le marché aujourd'hui avec la publication
05:26de ses résultats.
05:27Oui l'entreprise fait état d'une pertenette de 260 millions d'euros au premier semestre.
05:31Il y a un an la pertenette était supérieure à cette année, 370 millions d'euros.
05:37Emmeis maintient ses objectifs de 2024 mais malgré tout le titre recule de 5%.
05:42Et puis coup d'œil pour finir sur ce qui attend les investisseurs la semaine prochaine.
05:46Quels seront les rendez-vous importants Pauline ?
05:47La semaine prochaine sera rythmée par la publication de plusieurs indicateurs comme
05:51les ventes de détails de la zone euro du mois d'août, la balance commerciale américaine
05:55du même mois mais surtout l'inflation américaine de septembre qui sera publiée jeudi.
06:00Pauline Grattel avec nous chaque soir en ouverture de Smart Bourse.
06:03Tendance mon ami, les infos clés du jour sur les marchés.
06:16Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:20Olivier de Béranger est à nos côtés, le directeur général de la financière de l'échiquier.
06:23Bonsoir Olivier.
06:24Bonsoir Grégoire.
06:25Arnaud Morel nous accompagne également, le directeur de la gestion sous-mandat de
06:27Promépar Asset Management.
06:29Bonsoir Arnaud.
06:30Bonsoir Grégoire.
06:31Et Olivier Ringard, le directeur des investissements de Neuflys OBC.
06:33Bonsoir Olivier.
06:34Bonsoir Grégoire.
06:35Olivier Ringard, je commence par vous.
06:38Jérôme Pouel ne voulait pas voir le marché du travail américain refroidir au-delà
06:44des niveaux qui avaient été atteints précédemment.
06:47Son vœu semble-t-il a déjà été exaucé.
06:49Il est effectivement servi puisque les chiffres de l'emploi sont très très forts et traduisent
06:57même potentiellement un marché de l'emploi américain qui est en train de réaccélérer,
07:01ce qui est contraire à ce que l'on observe quand on regarde les enquêtes menées auprès
07:07des chefs d'entreprise qui nous indiquent dans le secteur manufacturier un niveau très
07:11détérioré, dans le secteur des services un niveau qui était plutôt en train de se
07:15détériorer et du côté des petites et moyennes entreprises, une volonté de celles-ci de réduire
07:21leurs embauches.
07:22Résultat, un chiffre de l'emploi somme toute assez spectaculaire.
07:27Qui souffrira des révisions.
07:29D'ailleurs je note au passage que les chiffres des deux mois précédents ont été révisés
07:32à la hausse.
07:33Pour une fois.
07:3472 000 cumulés en plus création d'emploi sur les deux mois précédents.
07:36Alors pas pour une fois mais généralement on a eu plutôt tendance à avoir des révisions
07:40à la baisse au cours de ces derniers trimestres et cette fois-ci on a une révision à la
07:45hausse.
07:46Ça trouble un peu de nouveau la lecture de l'état de cette économie américaine et
07:55potentiellement la lecture de la trajectoire de l'assouplissement monétaire que la banque
08:01centrale américaine va opérer au cours de ces prochains mois.
08:05On pourrait même se demander si la semaine prochaine on ne se retrouve pas avec un chiffre
08:09de l'emploi un peu trop solide, on ne relance pas le débat autour du no lending.
08:15On n'en est pas là.
08:16Le marché aujourd'hui réagit en se disant que la banque centrale américaine va tout
08:20de même baisser ses taux directeurs de l'ordre de 25 points de base sur les deux prochaines
08:26séances.
08:27On abandonne définitivement la possibilité d'avoir une baisse de 50 points de base supplémentaires
08:33en une fois et évidemment ça rassure également les investisseurs sur les actifs risqués.
08:42En particulier les marchés européens qui faisaient un peu mieux tout à l'heure que
08:47les marchés américains.
08:49L'Europe a plus à gagner d'une économie américaine qui attirerait vraiment très
08:55doucement voire qui n'attirerait pas.
08:57Très probablement.
08:58Et compte tenu du fait qu'il y a un différentiel de valorisation assez important entre les
09:04deux marchés, l'Europe pourrait être le bénéficiaire de cette situation.
09:10Attention, c'est un point effectivement de donnée dans la tendance sur l'emploi.
09:15Mais vous dites oui, on n'en est pas encore à se dire que la Fed a fait une erreur en
09:20septembre en entamant son cycle de baisse de taux.
09:22Non, il est trop tôt pour ouvrir ce débat.
09:24On en reparlera au début de l'année prochaine mais pour l'instant il est beaucoup trop tôt.
09:28Bon, je crois que d'ailleurs la Fed projette 4,5% de taux de chômage à la fin de l'année.
09:33Bon, là on est à 4,1%.
09:35Je ne dis pas que c'est inatteignable, enfin inatteignable en tout cas je ne dis pas qu'on
09:38ne sera pas à 4,5% de taux de chômage à un moment aux Etats-Unis mais en tout cas
09:42cet horizon semble peut-être décalé dans le temps par rapport à ce que la Fed projetait
09:46même encore en septembre dernier Olivier.
09:48Je crois que ce que vous venez de dire tous les deux est absolument exact, le chiffre
09:51du chômage américain c'est le chiffre le plus regardé de la planète marché mais
09:55c'est aussi le chiffre le plus révisé de l'économie américaine donc il est encore
09:58un peu tôt pour en tirer de grandes leçons.
10:02Moi ça me fait plutôt penser que vous savez il y avait eu un gros débat sur cette baisse
10:05de 50 BP sur le fameux la Fed doit connaître quelque chose que nous ne connaissons pas,
10:10la Fed doit avoir des indicateurs propriétaires qui se dégradent que nous ne voyons pas.
10:15Je reste toujours dans ma conviction de la baisse de 50 BP, c'est que le prochain meeting
10:21de la Fed c'est le 6 novembre, autre dire c'est le lendemain des élections américaines
10:26et le chômage c'est le lendemain donc bon il n'y avait pas un boulevard pour rebaisser
10:32les taux à nouveau cette semaine-là sauf catastrophes économiques donc je crois qu'ils
10:37ont bien fait de baisser de 50 BP, ils vont faire comme nous et comme le suggérait Olivier
10:40on va attendre de voir une série au moins de trois chiffres consécutifs avec les révisions
10:45qui vont avec.
10:46C'est sûr que l'atterrissage à 4,5 quand on est à 4,1 en septembre il faudrait quand
10:52même qu'il se passe quelque chose de...
10:54D'extrêmement mauvais oui.
10:56Mais vous savez que le taux de chômage et les non-farm payrolls ne viennent pas des
11:00mêmes enquêtes donc ce n'est pas les mêmes sources, ce n'est pas les mêmes datas, ce
11:05n'est pas croisé donc je pense qu'il faut être comme tout le monde on va un petit peu
11:09attendre mais c'est vrai que nous on est plutôt dans un scénario de soft lending toujours
11:13pour les US et ça nous renforce dans cette idée qu'il n'y a pas eu une dégradation
11:18brutale de l'activité américaine au Q3, ce ne sera pas spectaculaire mais ce ne sera
11:24pas non plus dramatique et qu'on est toujours vers une croissance qui se dirige vers le
11:30potentiel.
11:31Là où je rejoins Olivier c'est qu'il ne faudrait pas qu'il y ait un mauvais chiffre
11:34du CPI la semaine prochaine ça c'est sûr.
11:36Trop élevé ?
11:37Oui trop élevé.
11:38Oui oui j'entends.
11:39Et partant de l'idée que le scénario de soft lending peut-être se consolide encore
11:45un peu plus aujourd'hui avec ces chiffres, est-ce que ça veut dire que le marché jusqu'à
11:49aujourd'hui attendait quand même trop de baisse de taux de la part de la réserve
11:53fédérale américaine ? On est toujours dans ce débat entre ce qu'on peut attendre de
11:56la Fed, est-ce que la Fed finira par délivrer réellement ?
11:59On a un marché qui est toujours un peu hystérique sur les prévisions des banques centrales.
12:04Rappelez-vous qu'en début d'année on attendait 7 baisses de taux entre la semaine de Noël
12:08et le 1er de l'an puis 0 à peu près fin mai début juin et puis finalement moi je
12:15pense qu'on va avoir 3 à 4 baisses de taux donc 75 à 100 points de base ce qui était
12:19exactement la prévision des dots de la Fed au début de l'année 2024 donc je pense qu'ils
12:24ont plutôt des bons outils à leur disposition.
12:27Après il ne faut pas exclure non plus un choc exogène évidemment soit de la géopolitique
12:32soit quelque chose d'autre qui ferait que l'économie américaine dérape mais pour
12:37l'instant franchement il n'y a pas de quoi trop s'inquiéter.
12:39Les bonnes nouvelles sont des bonnes nouvelles, est-ce que c'est comme ça qu'il faut le
12:43prendre Arnaud ? Je regarde encore au moment où on se parle parce que oui les cours, les
12:49indices américains peuvent voir la deuxième partie de séance être différente mais pour
12:54l'instant c'est encore du vert sur le S&P 500 à la suite de ce rapport qui a recalibré
13:01un peu la pente de la courbe de taux américaine, il disait plus 15 points de base sur le 2
13:05ans, plus 10 points de base sur le 10 ans alors on s'habitue à ces mouvements mais
13:08là il y a eu un petit choc quand même sur le marché obligataire pour les marchés actions
13:12c'est un choc positif.
13:13Exactement, comme on l'a dit tout à l'heure c'est vraiment la reprise du marché européen
13:19sur la séance, sur la publication des chiffres cet après-midi ce que disait Olivier tout
13:22à l'heure.
13:23C'est nous qui en profitons plus.
13:24C'est très important, on a une économie qui est quand même très internationale et
13:27surtout c'est quand on regarde un petit peu aussi le plan de relance qui a été mis
13:31par la Chine aujourd'hui, la partie américaine une économie qui semble atterrir sur un scénario
13:36de soft landing et des valorisations qui sont plus qu'attractives en zone économique européenne
13:41et surtout ce gros mouvement de rotation sectorielle qui a été mis en place avec
13:44des cycliques qui ont pêché sur la séquence on va dire juin, mi-septembre et voilà on
13:49pourra avoir un relais de croissance avec des niveaux de valorisation sur les cycliques
13:52et des révisions de BPA qui ont été faites quand même assez drastiques au cours de cette
13:55période qui pourraient redonner le là et repartir en avance sur la zone économique
14:00européenne en termes de performances.
14:01On a purgé un peu les attentes là vous dites sur les croissances bénéficiaires ?
14:05Il y a eu quand même un gros travail qui a été fait quand on regarde un petit peu toutes
14:09les avancées qui ont été dites sur la partie économique avec des PMI manufacturés qui
14:14sont quand même fortement contractées sur la période, on a eu des révisions de bénéfices
14:18par actions européennes, on est passé en début d'année on attendait 8% de croissance
14:21de BPA, là on est aujourd'hui à 0 voire moins 1 sur le stock 600.
14:25On finira l'année à moins 0,5, enfin 0,0 quoi.
14:29Et après on a les projections sur l'année 2025, on y reviendra après mais c'est vraiment
14:33le travail qui a été fait sur la partie cyclique, on a le secteur automobiles qui
14:36a fortement révisé, moins 14 sur la séquence quand même des trois derniers mois, le secteur
14:40discrétionnaire également qui a fortement révisé à la baisse, les anticipations on
14:44va dire de baisse de taux ont été profitables pour les secteurs défensifs qui ont performé
14:47et ont pris le las sur la période estivale, quand on regarde un petit peu, projections
14:51sur 25, c'est plus 10 en termes de bénéfices actions en zone économique européenne, après
14:55attention quand même sur 2025, vous avez SML et SAP qui révisent pratiquement 80% des
15:00bénéfices par actions, donc il faut faire aussi attention, c'est peut-être l'arbre
15:03qui cache la courrée sur les révisions et les projections et les reports d'estimation
15:07de bénéfices par actions pour la zone Europe.
15:09Mais ce qui est intéressant c'est que vous dites, on commençait du point de vue des
15:12attentes du marché pour les bénéfices des entreprises en Europe, on commençait l'année
15:17à plus 8, on va arriver au final à zéro, pas de croissance bénéficiaire sur 12 mois,
15:22mais un marché actions qui aura pris quand même 15%.
15:24Exactement, c'est ça vraiment les anticipations sur la partie 25 et surtout après la poursuite
15:30aussi des marchés américains, une corrélation, des écarts de valorisation, de performance
15:35qui sont on va dire quand même importantes.
15:37Tiens, parlons un peu de la micro, ça va revenir mais terminant l'année à zéro croissance
15:41de bénéfices en Europe, on peut légitimement se dire qu'en 2025 on aura plus 10.
15:47Moi ça me paraît un peu ambitieux, ça me paraît un petit peu ambitieux à la fois
15:49en Europe et aux Etats-Unis, aux Etats-Unis on est à plus 15 sur la croissance des bénéfices
15:542025, plus 10 en Europe, si on s'attend comme la Banque Centrale Européenne à une croissance
16:01autour de 0,8% cette année et à peine 1% l'année prochaine, avec une inflation qui
16:07baisse plus vite que prévu, et ça je vous rappelle quand même toujours la même chose,
16:10c'est que la croissance nominale, donc croissance réelle plus inflation, c'est le meilleur
16:15explicatif des BPA sur long terme, ça va être difficile de faire plus 10 en Europe
16:19et plus 15 aux Etats-Unis, donc on attend les publications du Q3 avec assez de prudence,
16:28essentiellement parce qu'en fait on est dans la queue de comète si je puis dire de l'effet
16:33de ciseau, du hausse des coûts des matières premières et des salaires, et que le pricing
16:38power c'est fini, plus personne ne peut monter ses prix de manière forte et nette pour récupérer
16:45les coûts, donc vous avez quand même embarqué un stock de salaire qui est plus élevé,
16:49vous avez une base de coûts même si ça commence à rebaisser, mais c'est toujours des contrats
16:52à long terme, il y a quand même une incertitude sur le prix de l'énergie avec ce qui se
16:56passe au Moyen-Orient, donc je crois que moi je serais un peu plus prudent que ce qu'attendent
17:01les marchés, je ne suis pas catastrophiste, loin de là, mais plus 10 en Europe, plus
17:0615 aux Etats-Unis, ça me paraît ambitieux.
17:09Et dans le plus 10, vous me corrigez si je me trompe, plus 10 moyens en Europe, on attend
17:14plus 10 pour les défensives mais plus 15 pour les cycliques, c'est-à-dire que l'idée
17:19c'est assez cohérent d'ailleurs, si l'idée d'une reprise européenne, en tout cas d'une
17:24croissance aussi médiocre que ce soit-elle, c'est quand même sur les cycliques qu'on
17:28a le plus d'attentes aujourd'hui.
17:29Donc ça me paraît un peu optimiste, bon après c'est toujours les attentes de début
17:32d'année qui sont toujours corrigées au mois de juin, c'est généralement le creux du
17:36pessimisme et puis après on remonte gentiment en fin d'année sur l'efficacité opérationnelle
17:41des entreprises qui finalement arrivent toujours à se débrouiller un peu mieux que ceux à
17:45quoi on s'entendait, elles ont vécu tellement de bouleversements et tellement de changements
17:50dans leur structure de coûts et dans leur structure de profitabilité qu'elles résistent
17:54plutôt bien.
17:55N'oubliez pas aussi que les hausses d'impôts prévues en France auront un impact non négligeable
18:02sur les BPA quand même, si vous avez fait de l'équité 100% en France, c'est 11% de
18:07moins de BPA.
18:08Si vous êtes par exemple comme Carrefour qui est essentiellement français, avec une
18:12main d'oeuvre abondante et qu'on commence à toucher sur les seuils de réduction de
18:17charges, ça va être un peu plus compliqué, donc attendons de voir les mesures exactes
18:22que vont délivrer le gouvernement français, mais même si le CAC 40 est un indice régional
18:28comme on a l'habitude de le dire, c'est quand même pas neutre dans l'euro stock
18:3250 ou stock 600.
18:33Oui, puis cette tentation fiscale elle existe en France, mais pas qu'en France, au Royaume-Uni,
18:39peut-être même pourquoi pas aux Etats-Unis si c'est une mandature Kamala Harris là aussi,
18:43il pourrait y avoir aussi peut-être un peu de tentation de seconde guerre.
18:46Il y a une énorme différence aux Etats-Unis, c'est qu'on part d'une base d'impôts
18:49qui est beaucoup plus faible.
18:50C'est bien sûr.
18:51C'est beaucoup plus faible.
18:52Comment vous voyez l'équilibre entre, alors l'idée quand même de quelques baisses de
18:55taux qui doivent permettre peut-être de soutenir les valorisations d'actifs risqués,
19:00est-ce qu'on est dans ce schéma où ce sont de bonnes baisses de taux pour les actifs
19:03risqués, si on regarde un peu devant nous Olivier Ringard ? Et puis l'idée que peut-être
19:08sur les bénéfices par action, il y en aura peut-être un peu moins que ce qu'on anticipe
19:12ou ce que les analystes anticipent aujourd'hui pour 2025 ?
19:15Je pense que quand on regarde l'histoire financière, ce qu'on peut retenir c'est
19:22que les baisses de taux sur un horizon moyen terme, deux ans, sont généralement positives
19:30pour la majorité des classes d'actifs.
19:31Un an par contre, c'est plus discutable.
19:36Prenons le cas du marché américain, 12 mois après la première baisse des taux de la
19:42Banque centrale américaine, en milieu de cycle 1995, on avait eu une progression du
19:47marché américain qui approchait les 20 %. 2001, 12 mois après cette première baisse
19:53de taux, on avait une performance du marché américain qui était plutôt autour de moins
19:56de 15 %. Donc ce qui dicte la dynamique des marchés à court terme, ce n'est pas que
20:04la dynamique de ton intérêt, c'est évidemment la dynamique du cycle économique.
20:08Donc ça c'est le premier élément, dès lors qu'on est dans un scénario de soft
20:13lending que nous proposons également, on se dit que le cycle va être porteur pour
20:18les actifs, pour un très grand nombre de classes d'actifs et en particulier pour la
20:23classe d'actifs actions, même si les croissances bénéficiaires sont révisées à la baisse
20:29au cours des prochains mois, ce qui est effectivement probable puisque les anticipations sont sans
20:33doute trop élevées par rapport aux croissances nominales que nous aurons.
20:38Pour notre part, par exemple, on est en train de réviser à la baisse les attentes de croissance
20:42sur l'économie européenne, on était plutôt sur l'idée que l'année prochaine on serait
20:46autour de 1,5, maintenant on est plutôt sur l'idée qu'on va être légèrement au-dessus
20:50de 1, ce qui justifie qu'on va revoir à la baisse nos anticipations de croissance bénéficiaires
20:56sur cette économie européenne.
20:58Mais tant qu'on ne se retrouve pas dans la situation où on a un environnement récessif
21:04qui génère une contraction des bénéfices, on est dans un environnement qui reste positif
21:09pour les actifs risqués et pour les actions en particulier.
21:11Et dans cet environnement, est-ce qu'il y a des choix de style à faire ?
21:15C'est vrai qu'Arnaud le disait, on a vu quand même des changements de hiérarchie
21:22sectorielle au cours de l'été avec des défensives revenues sur le devant de la scène
21:26et des cycliques qui ont rendu quand même pas mal de performances.
21:29C'est une tendance qui est en train de se mettre en place ?
21:32Déjà, ce n'est pas la première fois qu'on a des rotations sectorielles.
21:37Pour notre part, la manière dont on envisage les choses, c'est que quand on regarde ce
21:42qui s'est passé cet été, la rotation sectorielle s'est faite tout de même sur
21:46l'idée qu'on avait potentiellement une récession qui était en train d'arriver
21:51en particulier aux Etats-Unis.
21:53Les mauvais chiffres au cœur de l'été, fin juillet, début août, c'est ça, des
22:00petites alertes sur les chiffres américains, des statistiques de révision à la baisse
22:06sur le marché de l'emploi américain.
22:08On a basculé dans un narratif où le risque de récession revenait sur le devant de la
22:14scène et dans une situation où ce risque de récession qui était pressé à 0% tout
22:19d'un coup était repressé autour de 20-30%.
22:24Si les statistiques que nous avons au cours des prochains mois aux Etats-Unis confirment
22:30cette stabilisation sur un rythme assez soutenu dans l'emploi américain, il est très probable
22:34que de nouveau on assiste à une rotation sectorielle.
22:37Le marché reviendra vite au cyclique ?
22:38Il reviendra vite selon nous au cyclique, encore plus dans un mouvement où les taux
22:43s'ajustent gratuellement à la baisse.
22:46C'est la raison pour laquelle, pour notre part, on essaie d'avoir notre scénario central
22:50qui est celui du soft lending.
22:51On essaie de ne pas avoir trop de pari sectoriel pour l'instant, puisque l'on considère
22:55que les marchés sont susceptibles de basculer très rapidement d'un scénario à un autre.
23:02L'indice de surprise économique aux Etats-Unis revient là en territoire positif aujourd'hui.
23:06Arnaud ?
23:07Exactement, c'est un contrario de la zone économique européenne.
23:09Oui, parlons de l'Europe, mais parlons des bons élèves, parlons de l'Espagne !
23:14Oui !
23:15On parlera des autres après, mais vous aimez bien l'Espagne ?
23:20On aime bien parce que c'est un ovni quand même.
23:23Racontez-moi l'Espagne.
23:24Il y a une zone qui s'est reprise sur les deux dernières années, c'est sa meilleure
23:27séquence boursière depuis 2004-2006, après il y avait eu la bulle immobilière qui avait
23:31entraîné tout cela, mais c'est aujourd'hui la composition de l'indice qui aide aussi
23:35à avoir cette très bonne performance, pratiquement un tiers de l'indice c'est des banques à
23:38l'intérieur qui ont profité des taux variables.
23:41Vous avez un momentum économique aussi qui est très bon, avec un manufacturier pour
23:44le coup, il y a un PMI composite qui est en territoire positif, à contrario de l'ensemble
23:49des autres zones de la géographique européenne.
23:51L'écart entre le PMI espagnol et allemand n'a jamais été aussi large qu'aujourd'hui.
23:56Tout à fait, et vous avez des bénéfices pour l'action qui sont au rendez-vous pour
24:01le coup, on est pratiquement à 14% de croissance de BPA, 4% l'année prochaine, driver principalement
24:06par les banques, bien sûr il y a également Inditex qui participe amplement à ces 30%
24:11de la performance, 30% des bénéfices par action.
24:14Une régularité de métronome le cours de bourse d'Inditex.
24:17Et on le voit aussi auprès des investisseurs, notamment obligataires, on le voit aujourd'hui,
24:21ça fait depuis 2007, on a une dette espagnole qui est passée en rendement supérieur à
24:28la dette française.
24:29C'est un gage de sécurité, tout ça a été fait par le travail des dix dernières années
24:33en termes d'économie.
24:34On voit le tourisme qui marche très bien, on voit une société comme AENA qui fait
24:37un parcours boursier quand on fait le comparable par rapport à ADP, c'est totalement impressionnant.
24:41Vous avez un rattrapage aussi en termes de valorisation, toujours on est marché européen
24:47à 13,5%, la valorisation de l'IBEX on est à 11,5%, donc on a eu des codes de quasi
24:5120%, et c'est le seul indice européen qui n'est pas repassé sur ses plus hauts qu'il
24:55avait connus en 2007.
24:57Donc il y a toujours cette histoire de rattrapage, la valorisation qui est en tard, le momentum
25:00économique et le momentum de bénéfice par action.
25:03Le risque peut être aujourd'hui avec la baisse des taux directeurs et la partie taux
25:08variable, je rappelle qu'à l'intérieur, et au contraire de ce qui est dit, on a 20%
25:11des services en collectivité qui est présent, représenté par Ibard Roland.
25:14C'est de se dire à l'intérieur que ça peut être la force de rappel pour les prochaines
25:19années qui peut permettre ce rattrapage et la poursuite de cette surperformance, ce
25:22pourquoi on aime beaucoup et on est exposé à cette zone géographique européenne.
25:26C'est même une alternative par exemple à des investisseurs qui auraient pu être
25:31investis sur des actions françaises par exemple.
25:33Est-ce que dans le jeu un peu de beauty contest, concours de beauté des marchés, est-ce qu'on
25:39peut voir que l'Espagne profite peut-être ?
25:41C'est exactement ce que je voulais dire, c'est l'effet miroir, et donc vous avez
25:45des flux.
25:46Vous comparez deux sociétés, que ce soit en termes de valeurs, en termes de perspectives,
25:50ADP et ANA, vous les mettez en face, vous mettez Ibard Roland, vous mettez Engie, c'est
25:54pas totalement le même métier mais on appartient aux services de la collectivité, enfin clairement
25:57vous n'avez plus envie d'aller mettre cette partie-là sur la partie espagnole aujourd'hui.
26:01Vous avez eu des flux en France certainement, potentiellement suite à la dissolution de
26:04l'Assemblée nationale.
26:05C'est un peu le même effet que ce qu'on voit actuellement à un degré certes moindre
26:08mais où vous avez des sorties, une contre-performance du marché indien, il n'y a pas non plus une
26:13baisse très importante mais un retour de flux sur la Chine engendrant des baisses et
26:19de momentum moins important sur ces zones-là.
26:21Olivier de Bérenger, on a toujours beaucoup parlé des banques, tous les deux, alors je
26:24ne sais pas, est-ce que l'environnement en zone euro reste favorable au secteur bancaire
26:29sur le plan boursier ? Il y a en plus l'idée de grandes manœuvres aujourd'hui, ça m'intéressait
26:35d'avoir votre avis là-dessus.
26:36Oui, c'est un secteur qui est intéressant mais c'est surtout un secteur de rendement
26:40donc effectivement la nouveauté c'est est-ce qu'il y a des primes de changement de contrôle
26:43ce qui serait vraiment une nouveauté importante.
26:48On voit la tentative d'unicredit sur Commerzbank, pour l'instant c'est la seule chose dont
26:54on entend parler, le serpent de mer de consolidation en France ou européenne, il n'est pas encore
27:00tout à fait sur le plan.
27:02Non mais j'imagine qu'une grande opération emblématique peut tout de suite catalyser
27:07d'autres mouvements.
27:08Il faudrait qu'elle aille jusqu'au bout, peut-être mais je pense que c'est du 50-50,
27:14je pense que le veto a priori des Allemands n'est pas aussi solide que ça.
27:18Non, je ne crois pas, tout le monde leur dit qu'ils ont tort de s'y opposer.
27:22On va pouvoir le contourner, tout le monde sait qu'unicredit a déjà une expérience
27:26en Allemagne avec le rachat d'HVB il y a quelques années et que donc c'est possible.
27:33Après est-ce que ça peut provoquer un re-rating long du secteur ? Je pense que ce qu'il faudrait
27:39quand même c'est qu'on ait une apparence ou un arrêt de la surréglementation du secteur
27:47en Europe.
27:48Alors on entend, il y a des petites musiques tout à l'heure.
27:50Mais c'est fini, les spécialistes d'Axiom m'ont dit le choc réglementaire, la Balcats
27:54a été votée au Parlement, ça y est, enfin pour une fois il y a d'accusés.
27:57Je suis assez d'accord, il y a d'autres secteurs qui sont en train d'être plus régulés mais
28:01qui ne sont pas forcément bancaires et donc je pense que si on avait la conviction que
28:06le choc réglementaire était vraiment derrière nous, là il y a des upsides de 30 ou 40%
28:11puisque la moyenne du secteur bancaire, ça dépend des pays, mais tourne entre 0,8 et
28:17une fois la boucle en Europe alors qu'aux Etats-Unis on est autour de 1,5 ou 2 selon
28:22les secteurs.
28:23Il y a plus de croissance aux Etats-Unis, les taux sont plus élevés, c'est normal
28:28que les banques soient mieux valorisées.
28:30Mais pour revenir sur les régions européennes, moi je suis plus inquiet sur l'Europe en général
28:36que sur certains pays qui peuvent faire un peu mieux, mais c'est un peu mieux dans un
28:40environnement qui est quand même assez terne.
28:42Moi ce qui m'inquiète plus sur le soft landing ou le no landing américain, c'est que ça
28:47pourrait freiner la BCE dans ses baisses de taux, alors que s'il y a bien une zone économique
28:51qui a des taux astronomiques, des taux réels astronomiques, c'est bien l'Europe.
28:55Donc on a vraiment tout ce qu'il ne faut pas, on a aîné.
28:57Je vous rappelle que le prix de l'électricité en Europe est environ 2,4 fois plus cher qu'aux
29:01Etats-Unis.
29:02Je vous rappelle que notre premier partenaire commercial, la Chine, alors je suis plutôt
29:06positif pour la Chine pour une fois Grégoire, donc peut-être qu'il y a un coup de trailing
29:10à faire, mais épargne bonne santé.
29:12Le coffier au Moyen-Orient, s'il y a un problème sur le prix du pétrole, les Etats-Unis ils
29:16s'en moquent puisqu'ils sont exportateurs nets, donc les premiers exportateurs mondiaux
29:21de LNG.
29:22Je vous rappelle que dans le détroit d'Ormuz il y a le pétrole qui passe, mais aussi 20%
29:25de la production mondiale de LNG.
29:27Tout ça fait qu'une fois de plus on a l'impression qu'on est le continent et la zone géographique
29:32qui de toute façon subit le plus de chocs exogènes.
29:36Il ne peut pas y avoir trop de baisse de taux d'écart entre la Fed et la BCE ?
29:39Alors moi j'ai pris comme un signal ultra positif que Mme Lagarde se permette de baisser
29:45les taux avant la Fed.
29:47C'était incroyable, je crois que j'avais cité cette phrase du président de la banque
29:51centrale hollandaise qui avait dit ça ne se fait pas de baisser les taux avant la Fed.
29:56C'est une espèce de politesse, d'habitude qui n'a pas de sens.
30:00Un peu désuète ?
30:01Un peu désuète qui n'a pas de sens.
30:04Le risque le plus grand pour moi c'est ça, c'est que ça freine la BCE dans sa baisse
30:08de taux.
30:09On a une inflation qui va être à 1,5% très vite, on a une croissance comme le disait
30:13Olivier qui est à 1% au mieux, donc ça nous fait une croissance nominale à 2,5%, mais
30:19qu'est-ce qu'on fait avec des taux à 3,65% au moment où notre zone économique n'a
30:23jamais été aussi endettée ?
30:24C'est-à-dire que c'est vraiment une aberration économique d'avoir des taux réels aussi
30:29positifs alors que nous sommes l'un des continents les plus endettés.
30:34On verra, déjà la BCE avait baissé ses taux le 17 octobre, ce qui n'était pas gagné
30:41il y a encore 2 ou 3 semaines et c'est vrai que le dernier rapport sur l'inflation va
30:45quand même dans le sens d'une amélioration de l'équilibre des risques pour ceux qui
30:51pensent que le risque inflationniste à travers les salaires est encore important en Europe.
30:54Donc on verra les résultats le 17 octobre prochain, pourquoi pas un pas de 50 ? On a
31:01vu tellement de choses dans la comptée des taux que je me dis que tout peut être possible
31:06de ce point de vue-là.
31:07Sur l'Europe, oui, la BCE et puis un mot quand même de la position de la France dans
31:14tout ça ou plutôt, je me place à nouveau du point de vue des marchés et des créanciers,
31:19est-ce que la France parle correctement à ses créanciers aujourd'hui par exemple ?
31:23Olivier Ringer.
31:24Alors sur la BCE, je rejoins ce qui a été dit, elle est hors tarif, elle est au calvaise,
31:30mais elle ne baissera pas de 50 points de base, je serais très surpris qu'elle baisse
31:33de 50 points de base, mais à suivre.
31:35Sur la situation de la France, une situation somme toute assez complexe, mais une situation
31:44qui devrait se gérer.
31:46Ça peut passer ?
31:47Ça devrait passer.
31:49Ça devrait passer ?
31:50Ça devrait passer, c'est-à-dire ?
31:52Ça devrait passer puisque aujourd'hui, le nouveau gouvernement est en train de travailler
31:58sur un scénario de consolidation budgétaire, donc on n'est pas dans l'idée aujourd'hui
32:05de vouloir creuser davantage le déficit, contrairement par exemple à ce qu'avait
32:11fait l'Angleterre il y a quelques trimestres.
32:15Donc ça, c'est une première idée, c'est qu'on ne dit pas au marché que l'on va creuser
32:19nos déficits, on dit au marché que l'on va essayer de stabiliser et de réduire notre
32:26déficit pour les prochains mois.
32:28Alors évidemment, on va sans doute avoir deux débats, d'abord le débat sur la faisabilité
32:36de ce budget, donc sa capacité à être validée par le Parlement, et le deuxième débat sera
32:44sur les conséquences sur la croissance économique française.
32:48Mais on n'est pas particulièrement impliqués pour notre part sur ces débats-là, d'abord
32:55parce qu'il n'est pas dans l'intérêt de l'Assemblée probablement de créer une crise
33:03politique importante, je pense que tout le monde a à l'esprit ce qui s'est passé par
33:08exemple au Royaume-Uni, et l'impact sur la croissance, il va falloir bien apprécier
33:13ce que seront les mesures in fine décidées par le gouvernement et par l'Assemblée pour
33:20avoir une idée assez précise de cette croissance française.
33:23Mais quand on regarde la croissance française, on est dans le scénario où cette croissance
33:28française est entre l'Espagne qui se porte très bien et l'Allemagne qui se porte très
33:33mal.
33:34Donc on est entre les deux, on est dans la moyenne européenne.
33:36Oui, finalement on reste à peu près à notre place de ce point de vue-là quoi.
33:39Oui, ça a toujours été la moyenne, le pays moyen.
33:45Oui, je rebondis là-dessus aussi, vous parliez de l'Espagne tout à l'heure Arnaud, mais
33:50en miroir, en creux, ça veut dire que quand on gère des actions françaises, forcément,
33:56quand on est une société de gestion en France, on a forcément des actions françaises pour
33:59le compte des clients.
34:01Il y a beaucoup plus de prudence, beaucoup plus de sélectivité, enfin dans quelle mesure
34:05on prend en compte la situation politique, la tentation fiscale, quand on fait de l'investissement
34:13et de la gestion de valeurs mobilières françaises ?
34:16Clairement, c'est un exercice plus délicat puisqu'on a une empreinte plus marquée dans
34:21les portefeuilles sociétalistes françaises, donc ce qu'on a commencé à faire c'est
34:24de désensibiliser cette partie-là et de la reporter, et c'est pourquoi le travail
34:27est intéressant sur d'autres pays.
34:29Mais donc aujourd'hui, aller sur tout ce qui est réglementé est quand même très
34:34difficile.
34:35D'aller sur les banques françaises, ça paraît également délicat.
34:38On rappelle que vous avez une société de rating qui va faire le travail la dernière
34:41semaine d'octobre, donc ça aussi, ça peut être difficile en termes d'allocation.
34:46Donc ça, c'est les points importants.
34:47Aujourd'hui, il n'y a pas de très bon investissement à faire sur la zone française,
34:54même s'il y a beaucoup d'opportunités.
34:56On a un secteur du luxe qui est quand même en délicatesse avec des croissances organisées,
34:59des top lines qui vont continuer encore à contracter, malgré le stimulus et même si
35:03on a quand même du mal.
35:04Le rebond de la semaine dernière, enfin qu'on a vu chez les luxes, c'est d'accord, c'est
35:08passé.
35:09Quand on voit la croissance de BPA de l'année prochaine de 5-6%, et on a du mal à voir
35:14aussi en quoi ça va stimuler la consommation, même si les 50 BP sur les crédits acquis
35:20aujourd'hui pour le consommateur chinois, mais aujourd'hui, la France, ce n'est pas
35:25la zone à privilégier en zone économique européenne.
35:27Donc le premier travail, c'est de regarder un petit peu les attraits et les points faibles,
35:31d'avoir des sociétés qui sont présentes en portefeuille, de faire les arbitrages et
35:34de les reporter, maintenir une exposition à action comme nous le souhaitons, d'arbitre
35:39au sein de cette zone.
35:40Qu'est-ce qui fait que vous êtes positif sur la Chine du coup aujourd'hui, Olivier ?
35:43Je rebondis.
35:44Oui, c'est vrai que ça fait 4 ans que je viens ici.
35:46Parce que des paquets, le relance, il y en a eu d'autres, mais visiblement, il y a quelque
35:49chose de nouveau là.
35:50Je pense que, je n'irai pas jusqu'à dire que la Chine est investissable, mais en tout
35:55cas, je pense qu'on peut faire un coup de trading sur les actions chinoises parce que
36:00quand même, le plan, il est sérieux là.
36:02Ce n'est pas 2008-2009, ce n'est pas un plan aussi violent que la sortie de crise financière,
36:08mais ce n'est pas les mesurettes auxquelles on a assisté depuis la crise Covid.
36:14Il y a un volant monétaire avec des baisses des taux, surtout les taux chinois, vous pouvez
36:20imaginer.
36:21Il y a une aide au système bancaire, il y a une recapitalisation de l'ordre de 150 milliards
36:26de dollars.
36:27Si vous faites un multiple de 3-4 pour une banque commerciale, c'est quasiment 500 milliards
36:32de crédits qui peuvent arriver dans le système.
36:35Il y a des aides sur l'immobilier, diverses et variées.
36:40Il y a un soutien budgétaire, il y a des versements qui vont être faits aux plus démunis
36:45avec en plus un encouragement pour les villes et aussi pour les collectivités locales à
36:52faire la même chose.
36:53Il y a même une aide sur les marchés actions avec des lignes de swap et la possibilité
37:01de trouver de la liquidité.
37:02J'ai la chance d'avoir un partenariat avec une société de gestion chinoise.
37:11J'étais à Shanghai il y a trois semaines et nous sommes revenus avec le gérant qui
37:16gère une de nos stratégies sur la Chine en disant qu'on n'a jamais vu des gens aussi
37:21dépressifs.
37:22Jamais.
37:23Les Européens, à un côté, sont plus joyeux.
37:26Les investisseurs chinois, même devant des membres du Parti communiste, disaient que
37:32la croissance n'était pas 5%, mais au maximum 2%.
37:36Ils disaient tous qu'ils connaissaient au moins deux ou trois amis qui étaient au chômage.
37:40Ils disaient tous que les prix de l'alimentation baissent, je crois que c'était pour le 18ème
37:44mois consécutif.
37:45Quand les prix de l'alimentation baissent consécutivement, c'est qu'il y a un vrai
37:48sujet.
37:49Ils disaient tous que toute leur famille était collée sur l'immobilier sur plusieurs générations
37:55puisqu'il y a des familles qui ont acheté des appartements sur l'immobilier.
37:58C'est 70% de leur patrimoine.
37:59C'est 70% de l'épargne.
38:00Il y a un taux d'épargne qui est énorme et donc tout l'enjeu de ces cinq flèches pour
38:08reprendre les Abenomics, c'est de redonner du pouvoir d'achat aux Chinois et surtout
38:13qu'ils aient confiance dans l'avenir.
38:16C'est anecdotique mais depuis ce plan, les ventes d'appartements de luxe à Shanghai
38:21ont explosé.
38:22C'était à l'arrêt, ça a explosé.
38:23Je pense que ça peut durer un peu plus longtemps que les précédentes mesurettes.
38:28Est-ce qu'à moyen terme, on peut toujours décemment investir en Chine ? C'est encore
38:33trop tôt pour le dire puisqu'il ne faudrait pas que ce soit un coup d'une fois et qu'après
38:38ça retombe.
38:39Mais je crois qu'il y a vraiment eu une prise de conscience du gouvernement et de l'état
38:44central qu'ils étaient allés trop loin dans beaucoup de choses et que si ça continuait
38:48avec une démographie déclinante, ils allaient mourir riches mais plus vite que prévu et
38:54avec un taux d'épargne au plafond.
38:56Le timing des annonces, comment vous le comprenez ? À un mois de l'élection présidentielle
39:03américaine ? Parce qu'évidemment, ils ont réfléchi aussi à ce timing-là.
39:07Où est-ce qu'il y avait une urgence telle qu'il fallait presque en mode panique délivrer
39:13un package crédible comme vous dites ?
39:15Je pense que c'est un peu de tout.
39:16Il y a les 75 ans, je ne sais plus si c'était la fondation du Parti Communiste ou autre,
39:21c'était l'anniversaire.
39:22Je pense que l'urgence était quand même réelle.
39:26C'est frappant les tours qui se sont arrêtées même dans le centre-ville.
39:31Et puis c'est sûr que c'est pour montrer aux Américains qu'il y a de la dry power.
39:38S'il faut soutenir et qu'il y a une bataille commerciale, on sait et on peut faire des choses.
39:43C'est une bonne nouvelle pour la Chine, mais pour nous aussi, le soutien qui est apporté
39:50et les promesses de soutien qui sont apportées, avec peut-être d'ailleurs une porte ouverte
39:53pour en remettre plus dans les prochains mois ou trimestres.
39:57Pour la Chine, c'est une bonne nouvelle, mais je rejoins ce que disait Olivier, on ne résout
40:02pas nécessairement les difficultés structurelles.
40:04On en voit pour notre part trois.
40:06La première, c'est le fait qu'on a une économie qui repose encore trop sur l'investissement
40:10et pas suffisamment sur la consommation.
40:11La deuxième difficulté, c'est la décroissance de sa population active qui pèse sur la croissance
40:16potentielle.
40:17Et la dernière difficulté, c'est l'excès d'endettement accumulé au cours de ces dernières
40:21années, qui est matérialisé par exemple par une dette des entreprises en pourcentage
40:25du PIB autour de 220% et qui nécessiterait d'être restructuré.
40:29Le sujet à moyen terme, la discussion sur la Chine reste selon nous ouverte sur un horizon
40:38à cinq ans.
40:39C'est une bonne nouvelle pour l'économie mondiale parce que ça empêche cette économie
40:45chinoise de dériver vers la récession, voire la déflation.
40:50Mais ce n'est pas nécessairement un facteur de soutien très fort pour le reste du monde
40:57et en particulier pour l'économie européenne parce que ce boost potentiel de la consommation
41:07va principalement rester de la consommation intérieure, de la consommation chinoise et
41:14pas nécessairement se déverser sur les produits occidentaux, premier élément.
41:20Et deuxième élément, on sait qu'aujourd'hui, l'économie chinoise, si elle a besoin de
41:25croître, a besoin également de concurrencer les produits occidentaux et la compétition
41:32auxquelles se livre l'économie chinoise avec le reste du monde va rester là et va continuer
41:37de peser sur un certain nombre de secteurs européens en particulier.
41:40Donc ce n'est pas nécessairement une très bonne nouvelle pour l'économie mondiale,
41:45c'est une bonne nouvelle au sens où on met de côté le risque récessif chinois.
41:50Un mot de la logique d'investissement, petit tour de table pour finir en commençant par vous Olivier Ringard,
41:56dans un portefeuille un peu global, multi-actifs, qu'est-ce qui prévaut chez vous ?
42:03Scénario de self-lending, on aime à la fois les actions et les obligations et on privilégie
42:09toujours légèrement les Etats-Unis qui restent le marché le plus résilient dans ce cycle
42:18et on n'a pas envie aujourd'hui de faire de mouvements spectaculaires dans notre allocation d'actifs
42:23ce qui nous inciterait à faire évoluer notre allocation d'actifs, c'est soit le scénario de no lending qui ressort
42:31et qui pourrait nous pousser à réduire la partie obligataire.
42:37Et pour les actions ce serait quoi ? Ce serait très bon ?
42:39Et ce serait plutôt bon pour les actions, on considérerait que good news is good news
42:45même s'il y aurait probablement au niveau sectoriel des différences assez spectaculaires
42:52et a contrario si le scénario de récession revenait sur le devant de la scène
42:55on aurait plutôt tendance à réduire la partie actions donc pour l'instant, self-lending, on se tient au scénario...
43:00Central, scénario central, on reste au centre.
43:03Et on surplendère les deux principales classes d'actifs que sont les actions et les obligations.
43:07Les chiffres de l'emploi du jour en tout cas donnent l'idée, une sémantation encore un peu plus forte de ce scénario
43:13de cette perception, de cette idée de scénario de self-lending.
43:17Qu'est-ce qui vous intéresse effectivement chez les premiers par Asset Management pour le compte des clients aujourd'hui Arnaud ?
43:22C'est-à-dire que dans ce cycle de baisse de taux directeur, de self-lending, on le reprend tous.
43:27Un niveau de neutralité sur la partie actions parce qu'on a quand même des niveaux de valorisation qui sont assez excessifs,
43:36assez élevés pardon, sur la partie américaine et abordables en zone économique européenne.
43:40Donc il faut naviguer entre ces deux mondes.
43:41C'est d'en mettre un petit peu partout sur la partie américaine et sur la partie européenne et de le diversifier dans ce sens-là.
43:47Sur la partie Chine, au sein des gestions sous mandat en tout cas, on n'investisse pas, on considère que c'est non-investissable aujourd'hui à l'heure actuelle.
43:53Après dans la partie gestion collective, comme ce qui a été dit précédemment, c'est quelque chose peut-être à jouer sur du court terme.
43:59Sur la partie obligataire, on maintient un biais de surpondération sur l'investissement de grade.
44:04Et on a réduit la voilure sur la partie haut rendement et en armée, on a toujours une pondération, une diversification.
44:09C'est un portefeuille équilibré de l'ordre de 5% sur la dette émergente, notamment en devise locale.
44:14Donc on maintient, donc on n'a pas de signe d'alerte sur la partie américaine.
44:18Voilà un taux d'investissement important au sein des portefeuilles.
44:21Olivier de Béranger ?
44:23J'ai bien envie de continuer ce qui s'est passé au mois de septembre où en gros on a un Nasdaq qui est négatif,
44:28on a un S&P qui est légèrement positif et on a Russell 2000 qui est quasiment 5%.
44:33Donc l'élargissement, je pense que c'est quelque chose qui est intéressant, c'est fondamental.
44:38Plus de spolémie de cas, plus de valeurs décotées, probablement un peu plus de défensifs malgré les doutes avec ce chiffre de l'emploi sur le landing américain.
44:51Et puis je pense que ça remarche enfin le 60-40 et le 40-60.
44:56Pourquoi je dis 60-40 ? Le 60-40 c'est à l'américaine, c'est 60% d'action, 40% d'obligation.
45:02Et le 40-60 c'est à l'européenne, c'est 40% d'action et 60% d'obligation.
45:06Mais on retrouve une bonne balance avec ces portefeuilles historiques traditionnels.
45:11Avec ces portefeuilles historiques, on a un accident industriel en 2022 mais qui depuis retrouve du poil de la bête.
45:18Merci beaucoup messieurs, merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
45:21Olivier de Bérenger, le directeur général de la financière de l'échiquier, Arnaud Morel, directeur de la gestion sous mandat de Promépar Asset Management
45:28et Olivier Ringard, directeur des investissements de Neuflis OBC.
45:36Le dernier quart d'heure de Smart Bourges chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
45:45Une fois par mois, nous avons rendez-vous avec les équipes de Clartan Associés pour détailler un cas d'investissement à travers le prisme de l'analyse fondamentale.
45:52Nous parlons ce soir du dossier Ralph Lauren avec Elisabeth de Saint-Léger à mes côtés qui est associée et gérante chez Clartan.
45:59Bonsoir Elisabeth.
46:00Bonsoir Grégoire.
46:00Merci beaucoup d'être avec nous.
46:03On va présenter Ralph Lauren, c'est une marque iconique, mondiale, que tout le monde connaît depuis des années maintenant.
46:13Mais c'est aussi depuis 50 ou 60 ans, je n'ai pas la date précise, vous allez nous le dire, c'est aussi l'histoire d'un homme et d'une famille encore aujourd'hui.
46:22C'est vraiment le rêve américain comme on l'imagine parce que Ralph Lauren est vraiment un self-made man.
46:32Il est né aux Etats-Unis dans une famille d'immigrés biélorusses, il a grandi dans le Bronx et il a très tôt lancé son affaire en vendant des cravates porte-à-porte.
46:50Au début, c'était voilà, et puis en fait on l'a rappelé, il a commencé à se faire connaître, il a lancé son label en 67.
47:00Donc lui il avait 28 ans à peu près, donc très jeune quand même.
47:04Il a lancé son label en empruntant 50 000 dollars et dans les années qui ont suivi, alors il a déjà lancé le célèbre Polo en 72.
47:18Et puis après il s'est emparé de la garde-robe des Wasp, il a été le pionnier du style Ivy League et il est parti à la conquête du monde.
47:31Et c'est pas seulement en fait le rival de Lacoste, parce qu'on pense Polo, on pense Lacoste, parce que c'est aussi tout un vestiaire haut de gamme,
47:43très haut de gamme, même glamour, quand on pense qu'il a habillé des stars, on pense à Robert Redford dans Gatsby le Magnifique,
47:52mais même jusqu'à plus récemment Taylor Swift qui était en couverture de Time Magazine.
47:59Incroyable !
48:00Tout à fait. Et puis bien sûr il a aussi toujours cultivé les partenariats avec les sports chic.
48:10Ah oui.
48:10Donc par exemple...
48:12Le Polo, on va dire assez basiquement.
48:16Mais c'est par exemple Wimbledon, l'US Open, la Ryder Cup et puis les JO.
48:26Pour la neuvième fois, le comité des Jeux Olympiques américain l'a désigné pour habiller toutes les athlètes de l'équipe américaine.
48:36Pour Los Angeles 2018, euh 2028 c'est ça ?
48:39Ah non, c'est pas pour le prochain, d'accord.
48:41C'était pour l'exemple Paris et c'était la neuvième fois.
48:44Et il est encore en contrôle ? La famille est encore présente au capital, dans le management ?
48:53On vit encore au rythme de Ralph Lauren, parce qu'il a plus de 80 ans aujourd'hui quand même.
48:57Oui, il a plus de 80 ans, il est moins en forme qu'il n'a été, il a encore toute sa prestance et puis l'inspiration.
49:08La famille a encore 35% du capital et beaucoup plus que ça des droits de vote.
49:14Ah oui, donc c'est complètement verrouillé, contrôlé encore par la famille ?
49:18C'est très très famille, cela dit il y a un seul des trois enfants qui est impliqué dans l'affaire à l'innovation.
49:25L'histoire de la marque, parce que vous l'avez raconté d'un mot Elisabeth, mais c'est vrai que créée en 67,
49:32il y a eu dans le passé récent quand même un risque ou un moment où la marque a peut-être failli s'abîmer.
49:40Mais c'est l'histoire de plein de marques j'imagine.
49:43Donc au tournant des années 2010, il y a quand même cette tentation de la massification du mass market qui ne se passe pas très bien.
49:50Et donc il faut reprendre les choses en main.
49:52Il y a une crise de la quarantaine parce que les ventes ont en effet triplé en un peu plus de dix ans.
50:02Et au passage le lustre de la marque s'est un peu terni, le contrôle des prix s'est un peu dilué, les marges avec.
50:11Et puis le cours a dévissé entre 2015 et 2017 de plus de moitié.
50:16Donc c'est là en effet qu'est intervenu un grand plan de redressement avec deux personnes qui ont été vraiment tout à fait clés dans la mise en œuvre et la réussite du plan.
50:31C'était en 2016 la nomination de la CFO Jane Nielsen qui vient de passer la main à son successeur.
50:41Et puis l'arrivée aux commandes d'un nouveau CEO, Patrice Louvet, un franco-américain venu du monde de la grande consommation puisqu'il avait fait carrière chez Procter & Gamble.
50:52Le roi du marketing quoi.
50:54Et là cet attelage nouveau a été extrêmement déterminé pour mener un plan qui consistait d'abord à recentrer et élever la marque.
51:10Donc par là il faut entendre, se concentrer sur les quelques marques iconiques qui font le succès et qui portent l'image de Ralph Lauren.
51:26Et puis mieux contrôler les prix, ça ça passe par une réduction de la partie qui est vendue en grand magasin.
51:34Donc ça a été massif, deux tiers de réduction.
51:38On s'est coupé de certains réseaux, on a recréé un peu de rareté pour dire les choses, de désirabilité et on a gardé les premiums bien sûr.
51:49Et puis c'est aussi un recrutement de nouveaux clients qui sont prêts à payer, notamment les jeunes, donc savoir attirer les jeunes.
52:02Et puis il y a eu aussi un plan d'économie, donc des mesures de productivité, c'est assez classique.
52:09Et puis la fermeture de points de vente qui était moins rentable.
52:14Mais tout en continuant à investir, dans l'expansion à l'international et dans le digital.
52:23Intéressant, comment est-ce qu'on fait en sorte que la marque ne s'abîme pas, qu'elle ne vieillisse pas aussi,
52:31avec les ressorts de nouvelles générations, milléniaux ou générations Z qui sont très différentes ?
52:37Quelle a été la clé, la recette du succès de ce point de vue là pour Ralph Lauren ?
52:42Puisque vous dites que c'est une marque qui est appréciée des jeunes générations ici, ce n'est pas évident.
52:48De façon peut-être pas intuitive, ce chemin d'élévation de la marque, ils ont commencé par le faire en Chine,
52:57où ils étaient en avance sur le digital et où ils avaient déjà fait tout un travail sur l'empreinte de magasins.
53:07Et ils ont utilisé les mêmes ressorts pour recruter des clients plus jeunes qui sont prêts à mettre le prix.
53:16Et surtout, cultiver tout ce qui fait à la fois l'exclusivité, la relation de confiance que les jeunes apprécient,
53:26notamment à travers des outils digitaux, la présence dans des jeux vidéo, sur des plateformes comme Roblox par exemple.
53:35C'est ça qui n'est pas évident, je trouve, d'être transgénérationnel comme ça.
53:39Parce que quand on a vu une marque portée par ses parents, ses grands-parents, parfois on se dit,
53:43c'est peut-être pas le truc que j'ai envie de porter, et en fait, là, si.
53:46Et en fait, si, parce que dès lors qu'il y a un côté exclusif, qu'ils arrivent à garder cette expérience client,
53:54et à contrôler le prix, c'est en phase avec l'image de luxe qu'ils veulent garder.
54:02Le client type, c'est encore un homme. Vous disiez, il a habillé Taylor Swift.
54:08Est-ce que c'est aussi, pour Ralph Lauren, un univers féminin, j'entends, de développement ?
54:15Alors, il y a des catégories dans lesquelles il y a encore pas mal de potentiel de transférence,
54:22et notamment la garde-robe féminine.
54:24Mais c'est un axe stratégique pour eux ?
54:26Oui, oui, oui, tout à fait. Les accessoires aussi, donc la maroquinerie, qui sont des articles bien margés aussi.
54:33Et donc ça aussi, ça participe à l'élévation de la marque.
54:38Bon, qu'est-ce que ça donne en P&L, en chiffres et trébuchants ?
54:45En fait, surtout, nous, ce dossier, on le suit depuis très longtemps,
54:52parce qu'en fondamentale, ce qu'on aime, c'est une marque qui a été construite,
54:57un style, une image qui a été construite sur des décennies.
55:01Et ça, c'est pas reproductible comme ça, du jour au lendemain.
55:06Et qui est, comme on le voit, tout le temps travaillé.
55:08Et la dimension de rêve est toujours travaillée.
55:12Vous voyez les défilés, on dirait des films.
55:14Voilà, donc il y a cet univers qui est...
55:19Assez unique, on peut le dire.
55:20Oui, oui, dans le textile, l'habillement, oui, oui.
55:22Il y a du pricing power, et ils en ont fait la preuve.
55:27Et puis, il y a une situation bilancielle qui est saine.
55:31Et donc ça, en fondamentale, ça donne les moyens d'agir,
55:34d'appliquer une stratégie pertinente.
55:36Donc ça, c'est, je dirais, c'est des attributs qu'on aime beaucoup,
55:41et qui font qu'on en a une position depuis très longtemps,
55:44dans un grand mandat avec une vision très long terme.
55:48Mais on s'y est réintéressé de plus près
55:52quand on a vu les premiers fruits du plan.
55:56Oui, de cette élévation de la marque, de cette stratégie d'élévation de la marque.
56:00Parce que c'est quand même très, très spectaculaire.
56:06Donc l'élévation de la marque, donc les prix,
56:10c'est quelque chose de l'ordre de 60%
56:14par ces actions qui ont été menées de sélectivité de la distribution,
56:18d'expansion dans les bonnes catégories,
56:20d'extension de l'offre sur les marques haut de gamme.
56:26Donc ça, c'est quand même assez spectaculaire.
56:28Et donc, en 2022, on a eu les premiers fruits,
56:36et on a eu confiance pour la suite,
56:39et on a renforcé dans notre grand mandat,
56:41et on a initié une position dans un fonds,
56:45Clartemps Flexible.
56:47J'ai vérifié, effectivement, on a commencé la position à 92 dollars.
56:54Aujourd'hui, on est à 190.
56:56C'est au plus haut, quasiment.
56:58Oui, c'est ça.
57:00Donc il y a vraiment eu un chemin qui a été parcouru
57:03et qui est reconnu en bourse.
57:06C'est une histoire stand-alone pour Ralph Lauren, l'avenir,
57:10ou est-ce que ce sera compliqué ?
57:12Alors, on peut toujours se poser cette question,
57:15effectivement, quand il y a un tel attachement à un dirigeant vieillissant,
57:21même s'il reste très, très à l'alerte.
57:25Alors, déjà, nous, pourquoi est-ce qu'on garde la position aujourd'hui ?
57:29C'est qu'on voit que, certes, il y a eu un gros chemin qui a été fait,
57:34un re-rating qui a commencé,
57:37un élargissement des marges,
57:42mais il y en a encore sous le pied.
57:44D'accord. Ce vent-là, il est toujours porteur.
57:46Ce vent-là, il est toujours porteur.
57:48Il nous reste 30 secondes.
57:51Dans un univers où le luxe a de mal,
57:55en Europe et en Chine, Ralph Lauren est en croissance.
57:59Donc, on pense qu'ils ont vraiment trouvé leur position.
58:04Après, on voit aujourd'hui d'autres sociétés du luxe
58:10dans lesquelles des grands groupes prennent des participations.
58:12Bon, ce n'est pas exclu,
58:14mais en tout cas, ils peuvent continuer un chemin en stand-alone.
58:17Même sans être adossés à un grand groupe,
58:19il y a du vent dans les voiles encore aujourd'hui dans ce secteur-là.
58:21Merci beaucoup Elisabeth.
58:23Elisabeth de Saint-Léger qui était avec nous,
58:25associée et gérante financière chez Clartent,
58:27pour évoquer ce dossier.
58:29Ralph Lauren, voilà donc pour Smart Bourse ce soir.
58:31Bon week-end. On se retrouve lundi sur Be Smart For Change à 17h en direct.

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