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Mardi 19 décembre 2023, SMART BOURSE reçoit Arnaud Morel (Directeur de la Gestion Sous Mandat, Promepar AM) , Jeanne Asseraf-Bitton (Directeur de la Recherche et Stratégie, BFT-IM) et Olivier Raingeard (Directeur des investissements, Neuflize OBC)

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00:00 *Musique*
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Jeanne Asraf Bitton est à nos côtés, directeur de la recherche et de la stratégie de BFT-IM.
00:17 Bonsoir Jeanne.
00:18 Bonsoir Grégoire.
00:19 Olivier Ringard nous accompagne. Bonsoir Olivier.
00:21 Bonsoir.
00:21 Vous êtes directeur des investissements de Neuflys, OBC et avec nous également Arnaud Morel.
00:26 Bonsoir Arnaud.
00:26 Merci d'être là. Vous êtes directeur de la gestion sous mandat de Prometpar Asset Management.
00:32 Jeanne, vos commentaires évidemment sur la séquence Banque Centrale que je résume ainsi.
00:36 Jérôme Poel a confirmé ce que le marché avait déjà commencé largement à anticiper.
00:40 Le prochain mouvement de la réserve fédérale américaine sera selon toute probabilité un mouvement de baisse de taux.
00:47 Ces baisses de taux de 2024 doivent être vues comme un ajustement conjoncturel
00:53 ou en tout cas l'accompagnement de la poursuite de la désinflation aux Etats-Unis
00:58 plus que des baisses de taux en urgence qui viendraient en soutien d'une économie en péril ou en récession.
01:04 La Fed ne projette plus de récession désormais pour l'économie américaine et ça fait déjà quelques mois.
01:10 Pour les investisseurs, j'imagine que se pose donc assez concrètement la question du timing et de l'ampleur des baisses de taux
01:17 qu'on peut anticiper effectivement pour 2024.
01:20 Comment est-ce qu'on réfléchit à ces questions avec les éléments qui ont été apportés jusqu'à aujourd'hui par les banquiers centraux ?
01:27 Pour l'instant, les marchés se tablent plutôt sur des baisses de taux qui commenceraient probablement en mars.
01:35 De notre côté, ça nous semble un peu tôt.
01:39 C'est vrai que le message de Jérôme Poel incitait quand même les marchés à valider ce scénario très doviche.
01:46 Le facteur pour nous le plus important, c'est le facteur qui a été très mal vu en 2023.
01:55 C'est-à-dire qu'en 2023, quasiment tous les analystes attendaient une récession.
02:01 Elle n'a pas eu lieu.
02:03 Et la Fed aujourd'hui dit pareil, pas de récession.
02:07 Alors si on considère qu'il n'y a pas de récession et que l'activité tient un rythme ralenti, certes,
02:14 bon, eux, ils tablent sur 1,5, alors on peut tabler sur 1,5, en dessous de 2, on va dire,
02:20 ça veut dire qu'il n'y a pas de nécessité à aller très vite, puisque ça veut dire du plein emploi.
02:26 D'ailleurs, quand on regarde les prévisions de chômage de la Fed, c'est encore du plein emploi qui est prévu pour 2024, pour 2025.
02:34 La Fed a un double objectif.
02:36 Donc ce qui va jouer, c'est à quelle rapidité l'ajustement du marché de l'emploi, qui ne s'est pas fait,
02:44 ou s'est à peine fait en 2023, parce qu'il y avait encore des distorsions Covid à absorber,
02:50 à quelle vitesse il va se faire et quelle répercussion sur la création d'emplois et les salaires.
02:57 À l'heure d'aujourd'hui, malgré un resserrement monétaire quand même conséquent,
03:01 les États-Unis continuent de créer des emplois.
03:03 Alors on peut discuter si c'est 100 000 par mois, 150 000, mais ça reste de la création d'emplois.
03:09 Et les salaires, les dernières indications qu'on a, selon les méthodes de mesure, on est entre 4 et 5 %.
03:17 Donc avec une inflation qui décélère, ça veut dire qu'on redonne du pouvoir d'achat.
03:22 Donc tant que la consommation tient, il n'y a pas de récession.
03:26 Mais s'il n'y a pas de récession, il n'y a peut-être pas d'urgence pour la Fed à aller très vite dans la buse de tout.
03:33 Donc c'est au moment où elle va, à mon sens, c'est pour ça qu'ils insistent beaucoup,
03:38 et Mme Lagarde aussi d'ailleurs, sur le côté data-dependence.
03:41 C'est parce que dans ce cycle de resserrement, il y avait beaucoup de distorsions Covid présentes.
03:47 Et donc l'impact du resserrement a été très difficile à évaluer sur l'économie.
03:53 Je pense que les entreprises maintiennent des marges d'une façon remarquable.
04:00 Il y a quand même tout un certain nombre de phénomènes qui arrivent très lentement, c'est progressif.
04:08 Alors le marché se compte, quelque chose d'assez rapide.
04:11 Aujourd'hui on est sur des taux réels qui vont à priori, qui sont un peu en deçà de 2 %.
04:18 Si on est sur une économie qui tourne à peu près en deçà de 2 % en termes réels,
04:23 ce n'est pas extrêmement restrictif.
04:25 Non, c'est plutôt neutre.
04:27 Mais vous dites, dans la fonction de réaction de la FED, ce qui va la faire bouger aujourd'hui, c'est le marché du travail ?
04:32 Plus finalement que les indices d'inflation, la FED s'est montrée désormais assez confiante
04:37 dans l'idée qu'on était sur la bonne voie et sur la bonne trajectoire pour revenir au 2 %.
04:43 Oui, parce que dans la partie de la désinflation, il y a un aspect qui est un aspect effet de base, strictement.
04:51 C'est la partie logement.
04:53 Donc celui-là, il va se faire relativement lentement, mais il va se faire et il est enclenché.
05:00 Ce qui est plus compliqué à mon sens pour la FED, d'ailleurs comme pour la BCE, c'est les salaires.
05:05 Parce qu'aujourd'hui aux Etats-Unis, ça a ralenti, ça reste quand même un peu au-dessus de ce que la FED voudrait.
05:12 Et on a vu qu'en novembre...
05:14 Le taux de 4 %, c'est ça ?
05:16 4, quand vous êtes en salaire moyen, quand vous êtes en salaire médian, la FED l'a dit, on est à plus que 5 encore.
05:23 C'est encore un peu élevé.
05:25 Donc je pense que c'est l'élément, parce que c'est celui-là, et c'est pareil avec Mme Lagarde, avec la BCE.
05:31 La BCE est ennuyée. D'ailleurs, quand vous regardez leurs prévisions, ce qui m'a frappée dans les prévisions de décembre, c'est ça.
05:37 C'est-à-dire que ce qu'ils ont révisé en hausse, c'est la progression des salaires.
05:43 Oui.
05:43 Voilà. Donc avec en plus une révision en baisse de la productivité.
05:47 Mais oui, c'est ça.
05:47 Coup unitaire du travail qui explose. Enfin, qui explose, qui monte fortement.
05:51 C'est très compliqué pour les banquiers centraux d'être agressifs.
05:54 Et puis les taux réels, encore une fois, ne sont pas à des niveaux extrêmement...
06:00 Délirants.
06:01 Ben non.
06:01 Non.
06:02 Non.
06:02 Comment vous voyez cette histoire du... Alors, ce dernier kilomètre, Olivier, comme on l'appelle.
06:07 Est-ce que, parce qu'on a vu jusqu'à présent, effectivement, ce phénomène de désinflation immaculée,
06:13 avec encore un T3 en termes de croissance aux Etats-Unis qui a été spectaculaire,
06:18 sans doute unique dans sa dimension croissance.
06:22 Mais, est-ce qu'on peut imaginer que le dernier kilomètre qui doit ramener l'inflation à 2%
06:27 sera un kilomètre plus compliqué, plus difficile, notamment pour le marché du travail ?
06:32 Et que c'est dans ce dernier kilomètre-là que la Fed va devoir agir ou réagir à un certain moment en 2024 ?
06:38 Non, on ne pense pas... On ne voit pas les choses de cette manière.
06:43 En fait, on n'est pas surpris de ce qui se passe du côté de la Banque Centrale Américaine,
06:46 puisque la direction de baisse de taux devenait le scénario central pour un grand nombre d'observateurs sur l'année 2024.
06:53 Donc, stratégiquement, il n'y a pas de surprise.
06:55 C'est tactiquement qu'il y a peut-être une surprise, puisque cette annonce se fait un peu plus tôt que prévu.
07:01 Et là, se pose vraisemblablement la question suivante.
07:04 Pourquoi la Banque Centrale Américaine est en train d'avancer le calendrier ?
07:07 Et à cette question, on répond de la manière suivante.
07:11 Ce que l'on observe, c'est que, certes, du côté des salaires, ça ne ralentit pas très rapidement.
07:17 Par contre, du côté de l'inflation, quand vous regardez l'inflation en rythme trimestriel analysé,
07:22 on voit que cette inflation américaine, elle est en train de décélérer très sérieusement.
07:27 Sur le marché de l'emploi, effectivement, le marché de l'emploi reste relativement robuste.
07:31 Mais si on regarde le marché de l'emploi temporaire, on voit que là, c'est en train de se détériorer également très sensiblement,
07:37 ce qui est plutôt un signe annonçateur d'une dégradation plus large du marché de l'emploi.
07:42 Donc, on a le sentiment que la Banque Centrale Américaine accélère son calendrier,
07:46 puisque elle veut absolument assurer ce scénario de self-lending
07:51 et garantir que les conditions de financement ne sont pas trop dures
07:57 au regard de la décélération de l'inflation à laquelle on est confronté.
08:02 Donc, en fait, la priorité est en train de se renverser.
08:07 Et la priorité désormais est d'assurer absolument ce self-lending.
08:10 Et pour assurer absolument ce self-lending, il va falloir être capable, si quelqu'un en est capable,
08:17 de faire en sorte que les conditions financières restent neutres,
08:21 voire redeviennent accommodantes face à la détérioration du momentum économique à laquelle on est confronté aux États-Unis.
08:28 La Fed est devenue beaucoup plus forward-looking désormais.
08:32 C'est vrai que la conférence de presse de Jérôme Poel a surpris, y compris des économistes,
08:37 pour qui il était tout à fait naturel d'anticiper et de voir des baisses de taux en 2024.
08:42 Mais comme vous l'avez dit, le calendrier a peut-être été un peu avancé.
08:46 Et Jérôme Poel nous dit même, après, c'est un sujet de discussion,
08:51 est-ce qu'on attendra de voir 2% d'inflation stricte, les yeux dans les yeux,
08:57 le smoking gun de la cible atteinte ?
09:00 Aujourd'hui, il nous dit non, plus forcément.
09:02 On n'a pas besoin d'attendre.
09:04 Si on est confiant dans la trajectoire, on pourra très bien entamer des baisses de taux
09:09 presque préemptives d'une certaine manière.
09:11 C'est une version un peu rose que je déroule là.
09:15 Je ne sais pas si on peut encore parler de forward-looking quand on parle des banques centrales,
09:19 quand on regarde ce qui s'est passé au cours de ces 36 derniers mois.
09:22 Donc ça c'est ce premier élément, mais ce n'est pas vrai que pour les banques centrales,
09:26 c'est vrai également pour les observateurs, les investisseurs, les stratégistes.
09:30 On a eu quand même la capacité à se tromper au cours de ces 36 derniers mois,
09:34 assez élevé, voire très élevé.
09:38 Donc ça c'est le premier élément.
09:39 Deuxième élément, est-ce que la banque centrale américaine peut abaisser ses conditions,
09:46 abaisser son taux directeur alors que l'inflation n'est pas encore à 2% ?
09:49 Oui, très probablement, puisqu'on sait que l'inflation de toute façon est un indicateur retardé
09:54 de l'activité économique.
09:56 Il est certain que la banque centrale américaine n'hésitera pas à baisser ses taux directeurs
10:00 s'il y a la conviction que l'inflation est vraiment en train de ralentir
10:05 et qu'en plus le momentum économique aux Etats-Unis est en train de se détériorer.
10:09 Et de ce point de vue-là, il faut attendre une fonction de réaction différente du côté de la BCE,
10:16 qui n'a pas ce mandat dual d'emploi maximum et de stabilité financière,
10:21 qui n'a que le mandat de la stabilité financière.
10:23 C'est ce qui empêchera la BCE de regarder un peu plus devant ?
10:28 Je peux faire une réponse assez simple, qui est la suivante.
10:31 Si la banque centrale européenne avait aujourd'hui le mandat de la banque centrale américaine,
10:36 il est probable qu'on envisagerait déjà de baisser les taux ou que l'on baisserait déjà les taux,
10:42 puisqu'on a quand même une dynamique économique qui est beaucoup plus faible en Europe qu'aux Etats-Unis,
10:49 avec un bémol à apporter à ce que je viens de dire qui est le suivant,
10:54 c'est qu'on a des rigidités au sein du système économique européen qui sont beaucoup plus élevées,
10:59 importantes que ce que l'on observe aux Etats-Unis,
11:02 et donc probablement un mécanisme d'ajustement des prix qui est plus lent également à délivrer cette désinflation,
11:10 qui sera néanmoins inéluctable compte tenu du ralentissement de la demande auquel on est confronté.
11:16 Et puis peut-être aussi moins de données, moins de données rapides sur les salaires,
11:22 il y a toujours des indicateurs privés qui permettent de le mesurer,
11:26 mais aux Etats-Unis, la Fed a quand même une profondeur d'indicateurs, d'analyses.
11:31 Mais là aussi, quand on regarde la situation européenne,
11:33 on voit tout de même que les indicateurs de confiance des entreprises,
11:37 aussi bien du côté manufacturier que du côté des services, sont fortement détériorés.
11:42 On voit que l'emploi temporaire en Europe est en train de se détériorer,
11:47 on voit que dans un certain nombre de pays, le taux de chômage est en train de remonter.
11:52 - Et oui, ils veulent voir la série des salaires négociés.
11:54 - Donc la trajectoire est bien enclenchée.
11:58 On est en train de rentrer dans un épisode au mieux de stagnation prolongée,
12:03 au pire de récession prononcée.
12:08 - Et la différence, ce sera le timing d'intervention de la BCE, entre ces deux scénarios.
12:13 - Comme souvent.
12:14 - Jeanne, là-dessus, sur la BCE ?
12:17 - Je pense que la BCE est confrontée effectivement à une moindre profondeur d'indicateurs.
12:23 C'est sûr que ça brouille, et au fait qu'aujourd'hui l'activité est en stagnation.
12:29 En fait, et quand vous regardez les prévisions de la BCE,
12:32 c'est 0,6 et 0,8 je crois, l'an prochain.
12:36 Ça c'est ce qu'on appelle, c'est même plus de la croissance molle.
12:40 C'est de la stagnation, surtout quand vous n'avez pas de gain de productivité.
12:44 Donc c'est vraiment une situation très compliquée.
12:47 En revanche, quand on garde des indicateurs très rapides,
12:51 les indicateurs, si vous prenez les indicateurs à trois mois annualisés de l'inflation,
12:57 la désinflation, elle me semble beaucoup plus évidente en zone euro qu'aux Etats-Unis.
13:03 Quand on prend le fameux core core américain, le super core,
13:08 sur trois mois annualisés, il est à 5%.
13:11 Donc c'est en fait beaucoup plus évident aujourd'hui en eurozone,
13:15 mais facialement c'est plus compliqué.
13:18 Je pense que la BCE veut se garder un peu plus de marge de manœuvre pour les mois qui viennent.
13:24 Il n'y a pas forcément besoin d'annoncer trop longtemps à l'avance
13:28 quand on répète en permanence qu'on est data-dependent.
13:31 Oui, on a senti que Christine Lagarde ne se mettait pas dans la route Jérôme Powell
13:34 tout de suite dans la dernière série de Réunions qu'on a pu avoir.
13:38 Arnaud, vos commentaires sur cette séquence Banque Centrale,
13:41 ce que ça change pour les investisseurs, notamment le message d'un Jérôme Powell ?
13:46 Est-ce qu'on irait jusqu'à dire que c'est un game changer,
13:48 ou en tout cas que c'est un pilier de la stratégie d'investissement qu'on a en tête pour 2024 ?
13:55 Clairement, ça paraît être un game changer,
13:57 en tout cas c'est comme ça que c'est acheté sur les marchés financiers.
14:01 La question c'est, est-ce que Powell et la Fed ne se donnent pas les moyens
14:04 de réussir leur atterrissage en douceur ?
14:05 C'est clairement identifié comme cela.
14:07 On le voit aujourd'hui sur les performances,
14:09 on le voit avec les petites et moyennes capitalisations qui s'envolent.
14:13 Ça, c'est des points importants aujourd'hui.
14:14 Donc la communication faite par Powell aujourd'hui est quand même salvatrice.
14:18 Après, il ne faut pas oublier qu'il est peut-être pris aussi dans son agenda 2024,
14:22 pris en étau avec les élections de fin d'année présidentielles.
14:25 Si on remontait les taux, enfin baissait les taux, pardon,
14:28 sur la seconde partie de l'année,
14:29 ça pourrait être donné comme une incitation aux partis, aux pouvoirs.
14:34 Donc on peut comprendre cette avancée-là,
14:36 on l'a entendu aussi, les données quand même de désinflation
14:38 ont été divisées par trois aux États-Unis.
14:40 On a un marché de l'emploi qui se tient bien.
14:43 On dit que si on n'est pas en dessous de 130 000 sur NFP,
14:46 on n'est pas en période de hard landing ou d'atterrissage plus dur de l'économie.
14:50 On n'y est pas du tout, on est à 199 si on retraite les 30 000 de l'industrie automobile.
14:54 - On a une agrève automobile.
14:55 - Voilà, on est bien, donc on a les ESM services qui tiennent bien.
14:58 Donc on va dire que tous les voyants sont ouverts.
15:00 Après c'est une très bonne surprise.
15:01 Pour nous c'est constructif pour le début de l'année 2024,
15:05 pour les actifs risqués, clairement aujourd'hui.
15:07 Et on voit les conditions financières qui sont quand même bien améliorées.
15:09 On est revenu sur le niveau de juin 2022,
15:11 en perdant 100 points de base sur le disant américain.
15:14 Après c'est plein de bonnes choses.
15:16 Après ça nous enlève peut-être un peu de carburant pour 2024.
15:18 - Alors c'est la question, un peu, un peu, beaucoup ou tout le carburant 2024 ?
15:23 Parce qu'à force de rester sur ce chemin de crête du soft landing,
15:26 mais qui est peut-être d'ailleurs en train de s'élargir,
15:28 on reste "pricé" comme on dit pour la perfection.
15:31 - Tout à fait.
15:33 - Alors après le chemin peut être parfait, pas à pas, jusqu'au bout.
15:37 Mais c'est rare que ça se passe toujours comme ça.
15:41 - Exactement, donc on va voir un petit peu sur les chiffres qui vont être donnés.
15:43 Toujours cet esprit de data dépendance,
15:45 mais en tout cas la communication est claire, me semble-t-il.
15:47 Après le marché reste optimiste, voilà clairement.
15:49 75 points de base, ça va pas changer la donne.
15:51 Après c'est une communication dans l'esprit,
15:53 c'est quelque chose de sympa en tout cas pour nous investisseurs.
15:55 Après le marché est peut-être un peu optimiste,
15:57 mais on le verra en fonction.
15:59 Enfin c'est ce qu'on fait depuis maintenant 18 mois sur les marchés,
16:01 de voir un petit peu l'évolution de l'inflation,
16:03 des taux d'intérêt, comment ça se passe sur les actifs risqués,
16:05 les classes d'actifs à privilégier.
16:07 Enfin c'est un jeu à suivre sur les prochains mois.
16:11 - Et sur le rallye qui a été déclenché effectivement,
16:13 alors par toute la séquence,
16:15 mais depuis, j'allais dire, le 10 ans américain à 5%,
16:19 qu'est-ce que vous retenez justement de la manière dont la hausse et le rallye s'est fait ?
16:25 Est-ce que c'est un rallye qui a quand même de la qualité dans ce rallye ?
16:29 Parce qu'on a tous l'œil à tirer effectivement sur des segments de marché
16:33 qui étaient considérés comme "morts".
16:35 Les small cap, la tech non rentable, etc.
16:39 Tout ça a été reboosté.
16:41 Est-ce que Poel a rouvert la boîte à bulles quelque part ?
16:43 - Sur la première partie de rebond au mois de novembre,
16:45 c'est l'élastique aussi.
16:47 On le voit, ça a été le rallye sur tout les bords.
16:49 - Beaucoup de shorts, etc.
16:51 - Les Bordaille, les Alstom qui ont eu des mauvais parcours boursiers,
16:53 qui ont été quand même bien repris.
16:55 On voit que la construction, le taux de participation
16:57 est bien plus important que ce soit sur le S&P ou le Rostock 50.
16:59 On voit que les grosses ne suivent pas,
17:01 en tout cas les 7 magnifiques suivent moins le rebond,
17:03 même si c'est moins le cas sur les deux dernières séances,
17:05 mais suivent moins le rebond.
17:07 Et vraiment, aujourd'hui, on voit qu'au sein du S&P,
17:09 j'ai 45% des valeurs qui ont repassé la moyenne mobile 200 jours.
17:13 Ce qui était le 31 octobre,
17:15 où j'étais aux alentours de 12-13%.
17:17 Ce sont des éléments qui sont notables.
17:19 On voit aussi le Russell aujourd'hui,
17:21 qui continue à repartir.
17:23 La petite capitalisation dans les zones économiques européennes.
17:25 Les émergents, j'enlève la Chine pour l'instant,
17:27 qui ne participe pas au repond, clairement.
17:29 Les points notables aussi, c'est les commodities,
17:31 qui ne prennent pas forcément ce rebond.
17:33 Donc ça aussi, c'est quelque chose de sympa,
17:35 on va dire, sur la partie atterrissage en dessert,
17:37 l'économie, maintien de l'inflation,
17:39 les "red lines".
17:41 Voilà des choses constructives, en tout cas, à ce stade.
17:43 Et n'oublions pas qu'on a toute l'arme
17:45 pour prendre la cote en zone économique européenne,
17:47 notamment tout ce qui était cyclique,
17:49 qui avait été fortement attaqué,
17:51 mais très fortement révisé, sur les croissances bénéficiaires
17:53 2023 et 2024.
17:55 Et là, on le voit que le rebond, quand même,
17:57 il est assez sympa sur ces valeurs-là.
17:59 Nous, on est constructif, on voit aussi que les révisions de bénéfices
18:01 sont intéressantes sur cette partie-là.
18:03 On pense que le travail a été fait en grande partie,
18:05 en tout cas sur les révisions de bénéfices,
18:07 aujourd'hui, en zone économique européenne.
18:09 C'est moins le cas aux Etats-Unis.
18:11 On prend les croissances des BPA, d'accord ?
18:13 On prend les financières, je les retraite, j'ai 7%.
18:15 Donc je suis quand même à -1, -1,5%
18:17 de croissance des BPA. Donc on a eu ce travail
18:19 qui a été fait, on l'a vu sur le T3 2023.
18:21 On a eu quand même, sur une croissance des BPA,
18:23 on était à -11,5% sur la publication du T3.
18:25 Il y a plein de choses qui ont été faites.
18:27 Après, je ne dis pas qu'on est bottom,
18:29 aujourd'hui, sur la révision des BPA,
18:31 clairement, en zone économique européenne,
18:33 mais aujourd'hui, il y a un grand travail qui a été effectué.
18:35 En tout cas, c'est à notre sens, c'est ce qu'on prend,
18:37 aujourd'hui, et dans nos allocations, et comment on le manifeste.
18:39 - C'est intéressant, parce que ça permet aussi
18:41 de comprendre un peu ces records,
18:43 je dis "records boursiers",
18:45 des indices boursiers, avec, effectivement,
18:47 les biais de construction de ces indices.
18:49 Mais, d'une certaine manière,
18:51 ces records
18:53 ne sont pas forcément le signal
18:55 d'une euphorie généralisée
18:57 dans les marchés. Clairement pas.
18:59 - Non, clairement pas.
19:01 Quand on le voit et on regarde sur le CAC 40,
19:03 le luxe a perdu
19:05 30% entre
19:07 mi-juillet et septembre.
19:09 Il a un peu rebondi. Donc, vraiment, c'était des jeux
19:11 de vases communicants, avec les financières
19:13 qui ont repris le relais. L'énergie,
19:15 qui reste quand même en retrait,
19:17 fortement sur les six derniers mois, en termes de performance.
19:19 Les industriels qui reprennent le relais
19:21 de façon importante, et les capital goods,
19:23 qui sont indéniables en zone économique
19:25 européenne, aussi, qui reprennent le la. Donc ça,
19:27 c'est des choses à suivre, voire sur les publications
19:29 qui vont être faites sur la fin
19:31 du mois de janvier, voire où en est,
19:33 on va dire, la communication des sociétés.
19:35 Clairement, ça va être là, le jeu.
19:37 - Oui, mais très intéressant.
19:39 Il y a toute
19:41 une nouvelle partie de l'univers action
19:43 qui redevient peut-être sur lequel vous êtes
19:45 devenu investissable,
19:47 et sur lequel vous êtes revenu
19:49 constructif.
19:51 L'idée de la boîte à bulles,
19:53 Olivier, c'est vrai que le mouvement
19:55 quand même est tellement impressionnant
19:57 qu'on se pose la question de
19:59 l'upside pour 2024.
20:01 Et ce n'est pas moi qui me la pose.
20:03 Goldman Sachs a déjà révisé sa perspective
20:05 pour le niveau du S&P 500
20:07 fin 2024, pris de court
20:09 par le mouvement de marché
20:11 auquel on assiste depuis quelques semaines.
20:13 Est-ce que c'est un mouvement qui va venir
20:15 en conclusion, un peu,
20:17 avec l'exubérance peut-être de la conclusion
20:19 d'un mouvement de marché
20:21 important, ou est-ce que c'est le début
20:23 de quelque chose de nouveau dans les marchés
20:25 avec ce pivot de la Fed
20:27 et ce put, cette protection
20:29 apportée par Powell,
20:31 à un certain point, qui revient
20:33 dans le radar des investisseurs ?
20:35 J'ai envie de vous dire réponse en 2024.
20:37 Réponse dans un an.
20:39 Voilà, réponse dans un an.
20:41 Mais si...
20:43 Ce que je dis là, on ne peut pas fonder une stratégie
20:45 d'investissement sur des espoirs
20:47 de poutre, de la Fed, ou de...
20:49 Je pense qu'il y a plusieurs
20:51 éléments, certains ont déjà été
20:53 développés par Arnaud,
20:55 mais ce que l'on observe,
20:57 c'est que, en fait,
20:59 le marché a, in fine,
21:01 pas réagi si fortement que ça,
21:03 aux annonces de la Banque Centrale Américaine
21:05 et de Powell la semaine dernière,
21:07 puisque le marché américain progresse de 2%,
21:09 le marché européen est quasiment flat
21:11 par rapport à la semaine dernière,
21:13 et sur les marchés de taux,
21:15 on a baissé de 30 points de base supplémentaires.
21:17 En fait, le mouvement qui est assez
21:19 spectaculaire, c'est celui qu'on observe depuis le
21:21 27 octobre.
21:23 Oui, octobre, c'est ça, oui, oui, oui.
21:25 5% sur le budget américain, c'est ça,
21:27 ma référence.
21:29 On a eu une très forte anticipation de ce que,
21:31 in fine, Powell
21:33 n'a fait que valider. Il a validé la
21:35 vision des investisseurs selon laquelle le scénario
21:37 de soft lending allait devenir central pour la Banque
21:39 Centrale l'année prochaine,
21:41 et que la Banque Centrale, faisant cela,
21:43 elle rendait plus
21:45 plausible la réaction,
21:47 la réalisation, pardon, de ce
21:49 scénario de soft lending.
21:51 Là, c'est ce qui vient de se passer sur les
21:53 4 dernières semaines. C'est toujours très simple
21:55 de raconter à postériorité.
21:57 Oui, mais ça aide, ça éclaire.
21:59 Ça peut éclairer. Après,
22:01 si on essaie de se projeter, et c'est là
22:03 que ça devient plus compliqué.
22:05 Regardons
22:07 les valorisations. Aujourd'hui,
22:09 on est sur des valorisations qui sont
22:11 pas si tendues
22:13 que cela, si on regarde les marchés
22:15 européens et les marchés émergents. Sur les
22:17 marchés émergents, on va dire qu'on est autour de la moyenne
22:19 de long terme. Sur les marchés
22:21 européens, on est en dessous de la moyenne
22:23 de long terme. Sur le marché américain, on est
22:25 au-dessus de la moyenne de long terme. Et si vous
22:27 retirez les 7 magnifiques, on serait plutôt
22:29 autour de la moyenne de long terme.
22:31 Donc, on ne peut pas dire qu'on
22:33 price
22:35 la poursuite
22:37 d'un scénario de croissance
22:39 modéré sur les années à venir,
22:41 avec une inflation qui reste sous contrôle, et des taux
22:43 qui vont plutôt s'ajuster
22:45 à la baisse. On peut même considérer que si
22:47 ce scénario de soft lending se confirme
22:49 tout au long de l'année 2024 et au-delà,
22:51 on a un potentiel d'hausse qui peut être encore
22:53 très important sur les prochains
22:55 trimestres. A l'image de ce qu'on
22:57 a vécu, par exemple, en
22:59 1995, 1996, 1997,
23:01 où on avait réussi
23:03 à faire ce soft lending, et ce
23:05 soft lending s'était accompagné par une banque centrale
23:07 américaine qui avait baissé
23:09 ses taux directeurs, et les marchés qui avaient
23:11 fortement progressé. Donc, si on
23:13 est dans ce scénario de soft lending, on a
23:15 encore un potentiel assez significatif
23:17 à la hausse, probablement.
23:19 - Avec le moteur de baisse des taux et le moteur bénéficiaire
23:21 pour les acteurs, les deux moteurs qui
23:23 pourraient... - Avec le moteur de baisse
23:25 de taux, dans un premier
23:27 temps, avec le moteur des bénéfices
23:29 dans un second temps, puisqu'on sait
23:31 quand même que le premier semestre, normalement, en termes de
23:33 croissance bénéficiaire,
23:35 devrait être un premier semestre
23:37 de pression sur les bénéfices
23:39 compte tenu d'un environnement économique
23:41 qui est plutôt... - En ralentissement.
23:43 - En ralentissement. Mais derrière, on aurait une
23:45 accélération de la croissance bénéficiaire.
23:47 Donc, dans le scénario de soft lending, on a
23:49 encore du potentiel sur la classe
23:51 d'actifs actions.
23:53 - Malgré l'anticipation
23:55 des dernières semaines. - Espérons maintenant
23:57 qu'on reste dans ce scénario pendant l'année
23:59 2024, qui est un autre sujet.
24:01 - Oui, mais si...
24:03 Tellement pricé pour la perfection
24:05 qu'il y aura de la place pour se faire peur
24:07 à un moment. Alors, je vous amène, c'est un peu
24:09 spéculatif comme réflexion, mais...
24:11 Quand on a
24:13 intégré autant de bonnes choses
24:15 et le scénario
24:17 d'un soft lending, vous l'avez cité, vous citez celui
24:19 des années 90, qui est la seule occurrence
24:21 historique d'un soft lending
24:23 dans l'histoire de la Réserve fédérale américaine.
24:25 A peu près, à peu de choses près. - Il y a peut-être eu
24:27 un autre pour des années 60.
24:29 C'est vrai que généralement,
24:31 après un tel d'exorcisme monétaire,
24:33 on a tous à l'esprit qu'il y a
24:35 une récession derrière. - Avec quoi
24:37 est-ce qu'on va se faire peur ? Moi, je sais pas.
24:39 - Là, Guiz peut être très bon, Guiz. - Oui, non, mais
24:41 je sais, mais le premier truc, c'est quand même
24:43 Jérôme Powell, moi, qui m'a appris qu'il était
24:45 Arthur Burns, et qui
24:47 depuis un an, ou en tout cas, il y a encore
24:49 un an, nous bassinait avec l'erreur d'Arthur
24:51 Burns, dans les années 70,
24:53 avant Volcker, d'avoir relâché trop tôt
24:55 les efforts de lutte contre l'inflation,
24:57 ce qui avait obligé Volcker, par la suite,
24:59 à mettre les taux, alors je sais plus,
25:01 à double chiffre, bien sûr,
25:03 jusqu'à plus de 10 ou 14%.
25:05 Et donc, c'était le traumatisme Burns.
25:07 Il nous en parlait à chaque fois, Jérôme Powell.
25:09 Là, par exemple, cette idée a complètement disparu,
25:11 alors qu'on a, vous l'avez décrit,
25:13 une économie américaine
25:15 qui est quand même encore en état de marche,
25:17 de fonctionner,
25:19 et des conditions financières
25:21 qui jouent plus dans le sens de Powell
25:23 aujourd'hui. Le marché n'est plus
25:25 l'allié de Powell dans la lutte contre
25:27 l'inflation. Est-ce qu'il prend un risque, de ce point de vue-là ?
25:29 - Oui, c'est son métier,
25:33 de gérer des risques, mais... - C'est son métier
25:35 de gérer une balance
25:37 entre les dictateurs en risque. - Il a tellement insisté sur ce risque-là !
25:39 - Mais c'est vrai qu'ils ont...
25:41 Oui, la question pour les investisseurs,
25:43 vraisemblablement, pour les investisseurs
25:45 à 18 mois, est de savoir si
25:47 entre le soft-lending,
25:49 le scénario où l'inflation
25:51 réaccélère, donc ça c'est les années 70,
25:53 le soft-lending, on va dire, les années
25:55 95, et
25:57 la récession, on va dire,
25:59 2000, 2001, ou 2007, 2008.
26:01 - On a toujours ce panel de scénarios.
26:03 - Je pense que ce panel, il reste encore aujourd'hui.
26:05 Il reste aujourd'hui
26:07 sur la table, mais
26:09 notre lecture, c'est que le scénario de soft-lending
26:11 prend encore,
26:13 prend forme, parce que
26:15 la banque centrale américaine
26:17 est en train de mettre en place son
26:19 "fait de poutre", donc ça écarte.
26:21 Ça réduit la probabilité de réalisation
26:23 du scénario de récession.
26:25 Ça pose la question
26:27 de son impact
26:29 pour l'autre scénario
26:31 du no-lending et d'une
26:33 réaccélération potentielle de l'inflation.
26:35 - Jeanne, sur les risques que
26:37 prend Jérôme Paul, avec ce
26:39 coup de poker, quand même.
26:41 - Je pense qu'effectivement qu'un des points
26:43 très intéressants dans ce rallye, c'est que
26:45 c'est un rallye qui est largement,
26:47 auquel participent largement les cycliques.
26:49 Donc c'est un rallye qui effectivement
26:51 valide le fait que probabilité
26:53 de récession a été
26:55 littéralement écrasée par ce que
26:57 Powell a dit. Bon. Après,
26:59 ça pose,
27:01 en termes de valorisation, la question
27:03 de où seront les taux.
27:05 Si effectivement on est sur
27:07 une économie, certes ralentie,
27:09 mais soft lending,
27:11 c'est un concept que je trouve...
27:13 On préfère le concept de croissance ralentie.
27:15 Mais vous mettez une croissance ralentie,
27:17 même si c'est à un
27:19 et demi, une inflation ralentie
27:21 à deux et demi, c'est pas
27:23 complètement absurde d'avoir des taux à 4%.
27:25 Ce qui veut dire qu'en termes de valorisation,
27:27 la partie
27:29 valorisation côté
27:31 des taux, pour nous, elle est quand même
27:33 bien entamée, peut-être pas
27:35 énormément. En revanche, ce qui
27:37 va probablement beaucoup plus jouer,
27:39 c'est ce qu'on peut attendre sur les bénéfices.
27:41 Et là, on peut penser que l'année sera
27:43 très intéressante et très
27:45 discriminante
27:47 selon les secteurs,
27:49 selon les valeurs, etc.
27:51 Beaucoup d'alpha, parce qu'il y a des titres
27:53 effectivement qui vont subir
27:55 la pression sur les marges. On a
27:57 l'impression que c'est moins facile
27:59 pour les entreprises de répercuter
28:01 les hausses de coût, comme elles l'ont fait
28:03 cette année d'une façon remarquable.
28:05 Alors selon les segments
28:07 sur les entreprises.
28:09 - C'est quoi la règle ? Plus on est proche du consommateur,
28:11 plus on sera amené à baisser ses prix ?
28:13 Pas forcément ? - C'est pas forcément.
28:15 C'est vraiment très spécifique aux secteurs
28:17 où on représente, positions concurrentielles,
28:19 etc. Mais du coup,
28:21 je pense que
28:23 ça veut dire qu'au global, pour le marché,
28:25 c'est un marché
28:27 qui peut parfaitement être haussier.
28:29 Mais si vous regardez
28:31 le potentiel
28:33 de croissance nominale des ventes,
28:35 et si vous ne mettez pas
28:37 d'augmentation des marges, ça ne fait pas
28:39 une hausse très importante sur le marché actuel.
28:41 - On comprend. - Donc ça veut dire
28:43 un marché qui est quand même plus compliqué.
28:45 C'est pas...
28:47 - Oui.
28:49 Moins tendanciel.
28:51 - Moins tendanciel. Absolument.
28:53 - Mais quand vous dites
28:55 "c'est l'alpha", c'est donc le moment
28:57 des stockpickers ? - Normalement, oui.
28:59 Normalement, oui.
29:01 Et les stockpickers, il faut bien
29:03 qu'ils aient des moments de temps à autre.
29:05 - Oui, mais attendez, on a ressorti les gérants obligataires, déjà.
29:07 Non mais c'est bien !
29:09 Demain, les stockpickers !
29:11 - D'ailleurs, on n'a pas
29:13 forcément beaucoup regardé ça sous cet angle-là.
29:15 Moi, je trouvais que le mouvement
29:17 qui avait fait passer les taux
29:19 à 5%, puis brutalement à 4%,
29:21 quand on était
29:23 à 5%, on était en même temps
29:25 sur des positions short.
29:27 - Maximum. - Tout exceptionnel.
29:29 Jamais vu sur les 30 dernières années.
29:31 Donc là, on est revenu un peu.
29:33 Donc il y a quand même des mouvements
29:35 de flux extrêmement importants
29:37 qui viennent driver des mouvements forts.
29:39 - Les facteurs techniques, pour l'instant, empêchent
29:41 peut-être de la révélation du vrai
29:43 prix du 10 ans américain, quoi.
29:45 - Alors, ça, c'est tant que la Fed a pas fini
29:47 son QUT, de toute façon, on sait pas
29:49 très bien. Mais si on imagine
29:51 revenir sur une économie
29:53 "dite" "normale"
29:55 et qu'on est sur une
29:57 croissance modeste, inflation modeste,
29:59 on va être entre 3,5 et 4%
30:01 sur les taux longs américains.
30:03 C'est pas absurde.
30:05 - Mais ça veut dire qu'à 3,90, comme vous dites,
30:07 on a déjà bien entamé le
30:09 potentiel. - Le potentiel de revalorisation
30:11 qui viendrait du côté des taux.
30:13 - Le cas des small cap,
30:15 oui, je veux bien qu'on en dise un mot
30:17 un peu plus spécifique. Et concrètement,
30:19 qu'est-ce que ça veut dire pour vous, chez Premier ParaM ?
30:21 Arnaud, comment
30:23 on s'expose à ce compartiment small cap ?
30:25 Est-ce qu'on achète des fonds, des indices
30:27 small cap ? Ou est-ce qu'on a envie,
30:29 justement, d'aller un peu dans le détail
30:31 entre l'Europe, les Etats-Unis,
30:33 et les différents
30:35 secteurs, aussi, qui peuvent être intéressants ?
30:37 - Le point intéressant, donc, sur les small mid,
30:39 c'est de dire, donc, on a une reprise,
30:41 enfin, on a un maintien d'une croissance small en zone économique
30:43 européenne aux Etats-Unis. Donc ça,
30:45 c'est le bon scénario. Mais surtout, aujourd'hui,
30:47 cette décote, aujourd'hui, entre les petites et les grandes capitalisations,
30:49 enfin, c'est clair, aujourd'hui, aux Etats-Unis,
30:51 entre le Russell et le S&P, vous avez
30:53 30% de décote. On revient
30:55 avant le Covid, donc 2019, on avait
30:57 des niveaux, voilà, qui étaient à zéro, en termes
30:59 de décote
31:01 sur cette partie-là. La même chose,
31:03 dans une proportion encore plus importante sur la zone économique
31:05 européenne, j'ai des niveaux de valorisation en zone économique
31:07 européenne qui sont revenus sur les niveaux de
31:09 2011, au moment de la crise de la
31:11 zone économique européenne. Donc ça, c'est le point important.
31:13 On voit aussi pas mal de warnings qui ont été faits
31:15 sur le T3, sur les pubis. Donc ça aussi,
31:17 on se dit peut-être que le travail est
31:19 en grande partie fait également sur cette partie-là.
31:21 Comment on réinvestit chez Promepart ?
31:23 On était déjà investi sur cet univers-là.
31:25 On en remet un petit peu sur la partie américaine,
31:27 où on se réexposait sur la partie Russell
31:29 suite à la communication faite par M. Powell.
31:31 Et ensuite, sur la zone économique
31:33 européenne, donc comment on fait chez Promepart ? On travaille
31:35 en architecture ouverte, donc on sélectionne des talents
31:37 de gestion sur l'univers des petites et moyennes
31:39 capitalisations. Et en plus, on a la chance d'avoir
31:41 l'expertise d'avoir un gérant
31:43 en France, petite et moyenne capitalisation,
31:45 et les JIB au PEE, APME, donc on l'implique
31:47 également. - Et c'est l'expertise, on va chercher l'expertise
31:49 des gérants dédiés à ces marchés.
31:51 - Exactement, notamment sur la zone économique européenne.
31:53 Le vivier aussi sur la partie nordique
31:55 est très important, et surtout,
31:57 les compétences sont moins exploitées. Donc on va rechercher
31:59 ces talents de gestion sur cette partie-là.
32:01 Voilà comment on construit aujourd'hui nos allocations,
32:03 en tout cas, dans la sélection des émetteurs.
32:05 Donc on va pas le faire en titre vif, en direct,
32:07 pour nos clients gérants sous-mandats, parce qu'on n'investit pas sous des
32:09 capi inférieurs à 500 millions, ce qui est logique
32:11 pour des gérants privés.
32:13 - Non mais ça, après, c'est de la cuisine,
32:15 effectivement, mais est-ce qu'il faut
32:17 imaginer aussi un moteur
32:19 d'opération sur capital, d'OPA,
32:21 on va parler de private equity
32:23 dans le dernier quart d'heure, mais on sait que le capital
32:25 d'investissement va regarder et regarde déjà
32:27 la situation de ces entreprises de taille
32:29 intermédiaire de très près.
32:31 Ce sont aussi des investisseurs
32:33 de capital
32:35 patient qui sont capables d'aller
32:37 chercher ces entreprises sur des marchés cotés.
32:39 - Ce qu'on voit surtout aujourd'hui, c'est des sorties de cotes.
32:41 - Oui, ben voilà, c'est ça.
32:43 - On l'a vu avec les S2I avant-hier.
32:45 Donc ça, c'est plein de choses.
32:47 C'est pas le biais, le catalyseur
32:49 principal sur la partie M&A, clairement.
32:51 - Non, je comprends, c'est pas ce que vous cherchez.
32:53 - Non, clairement, aujourd'hui, c'est un re-rating, une décote de valorisation
32:55 et de jouer un apaisement
32:57 sur la croissance économique aujourd'hui.
32:59 Donc on va sur cet univers-là, qui traîne
33:01 depuis deux ans, parce qu'il a souffert de l'inflation,
33:03 la remontée des taux directeurs. Aujourd'hui,
33:05 les coûts de financement, et ils en auront besoin pour financer
33:07 leur croissance, vont être moins importants.
33:09 C'est ce qu'anticipent les marchés financiers,
33:11 ce que nous a dit la plus grande banque centrale
33:13 mondiale, il y a une semaine. Donc ça, c'est pas important.
33:15 Normalement, tout ce qui a été négatif
33:17 pour cette classe d'actifs devrait
33:19 redevenir positif, ou en tout cas, redonner de l'allant
33:21 pour attirer des flux, qui ont été
33:23 quand même animiques sur les deux
33:25 dernières années, clairement. Donc ça, aujourd'hui,
33:27 c'est une classe d'actifs à retravailler.
33:29 - L'optionalité small cap, c'est intéressant
33:31 pour 2024, dans les stratégies,
33:33 les allocations d'actifs, Olivier.
33:35 Vous évoquez les émergents aussi.
33:37 C'est pas la même chose, mais en termes
33:39 de value, de décote, on est peut-être
33:41 effectivement sur des idées un peu
33:43 similaires. - Oui, quand on regarde
33:45 ce qui s'est passé cette année,
33:49 on voit un certain nombre de
33:51 styles, ou de secteurs,
33:53 ou de capitalisations
33:55 qui sont en retrait. Donc,
33:57 les émergents, la value,
33:59 en particulier aux Etats-Unis,
34:01 et les midi-small cap,
34:03 aux Etats-Unis et
34:05 en Europe, et en particulier
34:07 également en France, où elles sont
34:09 très en retard. Donc,
34:11 dans le scénario de
34:13 soft lending, les small cap sont à
34:15 regarder de près, voire
34:17 à reprivilégier dans une allocation
34:19 d'actifs. La baisse
34:21 des taux, de la part de la
34:23 Banque Centrale Américaine,
34:25 doit normalement être
34:27 plutôt bénéfique aux marchés
34:29 émergents. Si vous avez un dollar
34:31 qui s'affaiblit, c'est historiquement
34:33 la manière dont ça a fonctionné.
34:35 Donc, ça pourrait de nouveau
34:37 fonctionner comme cela, modulo
34:39 la situation chinoise, qui
34:41 pose quand même question,
34:43 puisque certains estiment que l'économie chinoise
34:45 est plutôt sous
34:47 le risque
34:49 d'une déflation.
34:51 Donc, voilà, il y a un certain
34:53 nombre de classes d'actifs qui semblent attrayantes
34:55 dans ce scénario de soft lending,
34:57 et on sait que ces classes d'actifs, également,
34:59 sont exposées à des risques.
35:01 Donc, les émergents, c'est le
35:03 risque chinois, les small cap,
35:05 c'est le risque de récession,
35:07 la value, c'est également le risque de récession.
35:09 Donc, il faut toujours
35:11 conserver un bon
35:13 principe de diversification
35:15 dans ces allocations
35:17 et ne pas trop sur-représenter
35:19 des classes d'actifs ou des parties
35:21 de marchés qui
35:23 restent tout de même exposées
35:25 à un certain nombre de risques pour les trimestres à venir.
35:27 - Mais en termes d'expected returns,
35:29 oui, il y a quand même un potentiel
35:31 sur ces marchés-là.
35:33 - Oui, dans le scénario de soft lending,
35:35 il y a clairement un expected return qui est supérieur
35:37 aux grandes capitalisations.
35:39 - Oui, tout à fait.
35:41 - Jeanne, sur...
35:43 la Chine, je ne sais pas, est-ce que...
35:45 - Non, je préfère le small cap.
35:47 - Non, mais...
35:49 - Les autres, par exemple.
35:51 - Non, mais c'est un point.
35:53 Si on parle value,
35:55 clairement, la Chine est décotée
35:57 avec une désaffection
35:59 des investisseurs, mais qui est un peu
36:01 plus... Alors, normalement, si on
36:03 devait oublier que ça s'appelle la Chine...
36:05 Non, mais... - Oui, oui, j'entends.
36:07 - On regarde... - Oui, oui, oui.
36:09 On anonymise
36:11 les valeurs chinoises. - Voilà.
36:13 Et on regarde quelques grands agrégats.
36:15 Eh bien, on se trouve
36:17 sur une économie dans laquelle la Banque
36:19 centrale est en train de devenir
36:21 plus accommodante.
36:23 Les croissances attendues de bénéfices
36:25 sont de l'ordre de 15%.
36:27 La valorisation est
36:29 extrêmement décotée. Donc, normalement,
36:31 c'est bargain.
36:33 Alors, la grande difficulté,
36:35 c'est que, pour beaucoup d'investisseurs,
36:37 la question, c'est est-ce que c'est encore investissable
36:39 ou pas ? Et à cette réponse,
36:41 c'est vraiment compliqué.
36:43 Ce que je trouve peut-être plus
36:45 intéressant en Asie, parce que
36:47 pour le coup, ça n'a pas
36:49 l'étiquette de potentiellement
36:51 non-investissable, c'est le Japon.
36:53 Et le Japon est vraiment
36:55 une économie sur laquelle il y a des incertitudes
36:57 d'une nature très différente à celles
36:59 qu'on a pu voir et qu'on
37:01 verra. - Précédemment, par rapport aux risques
37:03 traditionnels, historiques, vous voulez dire, pour l'économie japonaise ?
37:05 - Oui, et par rapport au reste du monde. - Ah bah oui.
37:07 - Puisque... Alors, c'est
37:09 une grande question. On n'a pas de certitude
37:11 derrière la Banque du Japon non plus. C'est pour ça qu'elle
37:13 hésite. Bon, à notre avis, elle sortira quand même
37:15 des taux négatifs en janvier. - Des taux négatifs.
37:17 C'est pas un pas non plus de géant. - C'est pas un pas
37:19 de géant, mais ça prouvera qu'elle est
37:21 convaincue que la sortie
37:23 de déflation après 30 ans de déflation
37:25 est acquise. Donc, ça peut avoir
37:27 des répercussions très importantes. - Ah mais, c'est majeur.
37:29 C'est historique. - Voilà.
37:31 - Et dans les répercussions très importantes, c'est des
37:33 répercussions positives qu'on peut voir ?
37:35 - Bien sûr, en termes de valorisation. - D'accord.
37:37 Je sais pas sortir de 30 ans de déflation
37:39 avec des positions de marché
37:41 qui se sont accumulées sur l'idée que le Japon
37:43 sortirait pas de la déflation. - Justement.
37:45 C'est-à-dire que c'est pas simple.
37:47 En même temps, ils ont des réformes structurelles pour
37:49 booster le return on equity.
37:51 Et quand vous regardez les
37:53 décodes de valorisation du Japon par rapport
37:55 au reste du monde, ou les décodes
37:57 historiques, elles sont phénoménales.
37:59 Donc, c'est en tout cas une zone
38:01 sur laquelle on regarde de très près,
38:03 comme d'ailleurs les petites valeurs
38:05 qui ont été évoquées plus tôt, on les regarde de très
38:07 près, mais on pense que le chemin sera pas
38:09 forcément de toute
38:11 tranquillité. - Oui, oui. Non, non.
38:13 - Ça peut être un peu chaotique. Non mais sur le Japon...
38:15 - Le Japon, je trouve vraiment intéressant.
38:17 - Et toujours ! Parce que déjà...
38:19 - Ah, pourquoi toujours ? - Non, mais parce que ça...
38:21 Ah bah non, bah on est revenu
38:23 oui, sur les niveaux du Topix
38:25 ou du Nikkei qu'on avait au moment du
38:27 Walkman, quoi. - Oui, mais enfin...
38:29 - Mais on est loin de... Oui, oui, oui. - On est très, très
38:31 loin avec le
38:33 risque qu'on connaît sur le Yen,
38:35 mais en même temps, le marché
38:37 et le Yen n'ont pas toujours été corrélés
38:39 comme ils le sont là. Et si c'est la
38:41 demande interne qui, tout d'un coup, se réveille,
38:43 la corrélation avec le Yen peut tomber.
38:45 Donc, c'est vraiment
38:47 une des zones qui peut
38:49 nous réserver beaucoup de surprises. - Oui, oui. Et qui
38:51 attirent structurellement de plus en plus d'investisseurs.
38:53 - Bah, parce que... - J'ai l'impression, en tout cas, gros noms
38:55 qui reviennent ouvrir des bureaux
38:57 effectivement au Japon. - Il y a un pivot potentiel.
38:59 Voilà. Un pivot structurel.
39:01 - Japon ? - Pareil, sur la partie micro
39:03 rapidement, les "return on equity" sur le marché,
39:05 enfin, c'est les actions japonaises,
39:07 on est quasi revenu... Enfin, on est quasi au plus haut.
39:09 On regarde aussi les programmes de rachat d'actions.
39:11 Donc, en gros, qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils ont fait un travail depuis
39:13 6-7 ans de remettre un petit peu
39:15 la pyramide de transformation de
39:17 rentabilité sur le modèle américain.
39:19 Et ça porte ses fruits, enfin, c'est ce qu'il y a dit.
39:21 - Ah oui, et puis il y a un push énorme de la réglementation
39:23 des autorités pour que les entreprises
39:25 soient effectivement... - Les valos, maintenant,
39:27 sont revenus quand même, voilà, sur la moyenne historique
39:29 long terme. On est dessus, on est à 18 fois
39:31 sur le Nikkei. Donc, voilà, c'est des choses à surveiller.
39:33 - Et puis, dans les petites histoires qui
39:35 viennent consacrer l'année du Japon, c'est Nippon Steel
39:37 qui fait une offre sur US Steel, quand même.
39:39 Non mais, enfin, plus grosse acquisition
39:41 potentielle d'une boîte américaine par
39:43 une boîte japonaise. Et on parle de...
39:45 Alors, c'est des boîtes historiques, mais
39:47 US Steel, effectivement, c'était...
39:49 ce fut un emblème, quand même,
39:51 de l'industrie américaine
39:53 à une certaine époque. Merci à vous trois
39:55 d'avoir été les invités de Planète Marché.
39:57 Ce soir, Olivier Ringard, Neufly, Isobc,
39:59 Jeanne Asraf, Biton, BFTIM,
40:01 et Arnaud Morel, premier pas à cette Management.

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