Vendredi 5 juillet 2024, SMART BOURSE reçoit Enguerrand Artaz (Gérant, La Financière de l'Echiquier) , Patrice Gautry (Chef économiste, Union Bancaire Privée) , Régis Bégué (Associé, coresponsable de la stratégie Memnon European, Zadig Asset Management) et Olivier Delooz (Associé gérant, Clartan Associés)
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne pour rester à l'écoute des
00:11marchés chaque jour sur Bsmart du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez en direct
00:15sur Bsmart TV, émission que vous retrouvez dans la foulée en replay sur bsmart.fr ou
00:20encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:23Au sommaire de cette édition ce soir, la partie macroéconomique qui revient sur le
00:27devant de la scène avant un week-end électoral français qui sera évidemment particulièrement
00:31suivi notamment en Europe mais en attendant c'est l'emploi américain qui a fait la séance
00:38avec une légère remontée du taux de chômage à un peu plus de 4%, 4,1%, des créations
00:44d'emplois qui restent somme toute confortables, plus de 200 000 emplois créés au mois de
00:48juin aux Etats-Unis, les chiffres d'avril et mai sont révisés à la baisse, le marché
00:54a pris en compte ce nouveau rapport comme étant plutôt l'idée d'un renforcement
00:58de la probabilité de futures baisses de taux pour la réserve fédérale américaine à
01:02compter du mois de septembre, on a vu les taux se détendre encore un petit peu sur
01:08la partie courte et longue de la courbe aux Etats-Unis, vous aurez le détail des chiffres
01:12dans un instant avec Pauline Grattel et puis bien sûr commentaire et analyse de nos invités
01:16dans quelques minutes, la dimension politique n'a pour autant pas totalement disparu c'est
01:22le moins qu'on puisse dire puisque aujourd'hui le Royaume-Uni voit revenir au pouvoir après
01:2614 ans le parti travailliste emmené par Keir Starmer, on a vu d'ailleurs le Sterling continuer
01:32de se renforcer sur les résultats des élections générales au Royaume-Uni, victoire historique
01:37pour le parti travailliste au moins aussi importante que celle de Tony Blair en 1997
01:42et à l'inverse des fêtes historiques pour le parti conservateur de Richie Senac, là
01:48aussi commentaire, analyse des situations politiques en général avec nos invités
01:53de Planète Marché dans un instant et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse
01:56comme une fois par mois, nous décryptons un cas d'investissement avec le prisme de
02:01l'analyse fondamentale, nous sommes accompagnés pour cela par les équipes de Clartan Associé
02:06et Olivier Deleuze, associé et gérant de Clartan qui sera avec nous en plateau à partir
02:10de 17h45, reviendra sur le dossier Accenture tout à l'heure.
02:18Mais d'abord, les infos clés du jour sur les marchés, chaque soir en ouverture de
02:27Smart Bourse, Tendance mon ami, présentée par Pauline Grattel.
02:30Bonsoir Pauline.
02:31Bonsoir.
02:32Merci d'être avec nous.
02:33Bon, la tendance de fin de séance en Europe est plutôt en berne même si les indices
02:37actions européens ont passé une majorité de cette séance et de la semaine dans le
02:41vert, on a vu quand même en fin de séance plutôt une forme d'allègement du risque
02:46chez les opérateurs boursiers en Europe.
02:49Oui c'est ça, les positions se sont allégées en fin de journée à la veille d'un week-end
02:53électoral en France.
02:55Sur le marché obligataire, le rendement de l'obligation française à 10 ans tourne
02:59autour de 3,25%, le rendement de l'obligation allemande à 10 ans tourne autour de 2,55%,
03:07le spread reste stable à environ 70 points de base.
03:10Un mot aussi du Royaume-Uni où le Labour l'emporte avec plus de 400 députés élus
03:16lors des élections anticipées après 14 ans où le Parti conservateur était à la
03:21tête de la Chambre des communes.
03:22Le footy est à l'équilibre aujourd'hui tandis que le sterling a continué de s'apprécier
03:27légèrement.
03:28Du côté de la macroéconomie, je le disais, c'était le jour de publication du rapport
03:33mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis pour le mois de juin.
03:36Oui, un rapport du département du travail qui montre que le chômage au mois de juin
03:40progresse légèrement à 4,1%, les analystes tablaient sur un taux stable à 4%.
03:47Du côté des créations d'emplois, le consensus en attendait 190 000 mais l'économie américaine
03:52en a créé 206 000.
03:54Le nombre de créations de mai et avril a été révisé à la baisse de plus de 100 000
03:59postes.
04:00Enfin, le salaire horaire est en hausse de 0,3% sur un mois en juin conformément aux
04:05estimations.
04:06Sur un an, le salaire horaire augmente de 3,9%.
04:10Ce rapport du département du travail encourage les investisseurs à penser que la réserve
04:15fédérale pourra entamer une baisse des taux au cours des prochains mois.
04:19Après cette publication, on a vu le rendement de l'obligation à 10 ans américaine se
04:24détendre autour de 4,30%.
04:27Quels ont été les effets marquants du côté de l'actualité entreprise aujourd'hui sur
04:31les marchés Pauline ?
04:32Au sein du CAC 40, Eurofince réfute pour la troisième fois les accusations de Muddy
04:37Waters et choisit EY pour faire un audit sur sa trésorerie d'entreprise.
04:41Le titre est en tête du CAC 40 et gagne un peu plus de 4%.
04:45Dans les fortes hausses en Europe, Varta, le fabricant de batteries et de piles pour
04:50des véhicules, gagne jusqu'à 30% au cours de la séance.
04:53Le groupe ouvre des discussions avec Porsche qui pourrait devenir un investisseur potentiel.
04:59Et puis l'effet IA qui reste toujours bien en place et qui a profité notamment à Samsung
05:05aujourd'hui.
05:06La société déclare dans un communiqué que son bénéfice d'exploitation devrait être
05:10multiplié par 15 au deuxième trimestre grâce à la montée des prix des semi-conducteurs
05:16portés par l'engouement autour de l'IA.
05:18Dans son sillage, Soitech est en tête du SBF 120 et gagne 6%.
05:22Et ST Microelectronics figure parmi les plus fortes hausses du CAC 40, plus 3% au cours
05:28de la séance.
05:29Enfin, un mot du Bitcoin qui est au plus bas depuis février et d'ailleurs depuis son
05:34record de mars à plus de 73 000 dollars, la crypto lâche 26%.
05:39Elle repasse aujourd'hui sous le seuil des 54 000 dollars.
05:42Un coup d'oeil sur l'agenda de la semaine prochaine, qu'est-ce qui retiendra l'attention
05:46des investisseurs Pauline ?
05:47La semaine prochaine sera marquée par la publication de l'inflation américaine pour
05:51le mois de juin ainsi que du témoignage semi-annuel de Jerome Powell devant le congrès américain.
05:57Enfin, les premières banques américaines ouvriront la saison des résultats trimestriels
06:00en fin de semaine.
06:01Tendance mon ami ! Chaque soir en ouverture de Smartbourse, les infos clés du jour sur
06:05les marchés avec Pauline Grattel sur Bsmart.
06:18Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:21Angueran Arthas nous accompagne ce soir, gérant à la financière de l'échiquier.
06:25Bonsoir Angueran.
06:26Ravi de vous accueillir ce soir, ravi de retrouver Régis Béguet également.
06:29Bonsoir Régis.
06:30Bonsoir Grégoire.
06:31Désormais associé chez Zadig Asset Management et gérant chez Zadig bien sûr.
06:35Et Patrice Gautry nous accompagne également.
06:37Bonsoir Patrice.
06:38Bonsoir.
06:39Merci beaucoup d'être là.
06:40Vous êtes chef économiste de l'union bancaire privée, je me tourne vers vous pour commencer.
06:43Patrice, habituellement c'est vrai que l'histoire montre même qu'il est souvent judicieux
06:48pour un investisseur de ne pas trop prendre en compte le bruit politique dans ses décisions
06:53d'investissement.
06:55Est-ce que c'est un playbook qui fonctionne dans l'environnement actuel ou est-ce que
06:59le ou les situations politiques du moment, je parle de la France mais pas uniquement,
07:04sont des situations à prendre en compte plus sérieusement que d'habitude pour un investisseur?
07:09Oui, là ça fait quand même pas mal de bruit et puis il y a pas mal d'élections parce
07:12que l'année 2024 on connaît les pays développés, on a laissé un peu de côté les pays émergents
07:17mais il y a aussi beaucoup, il y a eu déjà beaucoup d'élections avec des surprises.
07:21En fait si on dresse le panorama de toutes les élections que l'on a eues depuis le
07:24début de l'année, les surprises étaient effectivement des fois un petit peu difficiles
07:29pour les marchés puisque soit les majorités n'étaient pas là ou soit les candidats
07:33n'étaient pas là.
07:34Donc grosso modo on est obligé pour simplement, pas en termes de spéculation mais simplement
07:38pour dessiner une trajectoire et là c'est bien au centre du sujet où il y a deux trajectoires
07:44qui vont certainement se mettre en place qui peuvent être assez différentes entre d'une
07:48part cette économie anglaise qui avait dérivé par rapport à l'Europe continentale et
07:54puis une Europe continentale qui est un petit peu sur la sellette par rapport aux défis
07:59qu'il y a en France mais aussi dans les autres pays, la coalition espagnole n'est pas au
08:03milieu de sa forme, la coalition allemande a un peu de mal avec le tricolore où ça
08:08commence à tourner au vinaigre.
08:10Donc on voit bien que la copie politique, pour résumer effectivement, est malheureusement
08:14à tenir compte ou à considérer pour un investisseur.
08:17Dans le cas français par exemple, on parle là d'une simple incertitude électorale
08:22qui sera résolue dimanche soir à la faveur des résultats du second tour ou est-ce que
08:27c'est plus qu'une incertitude voire demain un risque matériel ? Encore une fois je parle
08:33de la perspective, de l'investissement et de l'économie en l'occurrence également.
08:37Alors, je ne connais pas les résultats de l'élection, ce qu'on peut dire néanmoins
08:41est...
08:42Non mais les sondeurs français sont assez fiables par rapport à d'autres sondeurs ailleurs
08:46dans le monde.
08:47Il y a quand même une prédictibilité peut-être plus importante en France qu'ailleurs.
08:51Ce qu'on peut dire c'est que la trajectoire qu'a connue la France sur les 5, 7 ou 10
08:56dernières années risque effectivement d'être assez différente, quel que soit en fait le
09:01type de gouvernement que l'on ait pour les deux prochaines années, puisqu'il y a les
09:05élections présidentielles après, qui peuvent redistribuer dans un cadre normal, d'élections
09:10prévues qui tombent au moment où elles sont prévues, qui peuvent redistribuer les cartes.
09:14Donc là, la trajectoire, l'économie française est un peu à un tournant aussi avec l'économie
09:19européenne, puisqu'on a vu que, alors même s'il y a une relative stabilité partis centristes
09:24et conservateurs au sein du Parlement européen, il y a quand même peut-être une redéfinition
09:29des postes des commissaires européens, donc ça c'est important, et puis aussi des priorités.
09:35Et derrière ces distributions politiques, il y a des fonds et des fonds européens qui
09:41sont alloués, et là on peut avoir des priorités qui vont changer.
09:45Elles étaient déjà en train de bouger, notamment le critère de la défense, qui
09:49avait été mis un petit peu de côté, maintenant revient au niveau du Parlement européen,
09:52et donc la cohésion européenne, l'intégration européenne, l'homogénéité de la zone euro,
09:58c'est effectivement un débat qui est important, compte tenu de ce qui se passe en Ukraine,
10:02compte tenu de ce qui se passe aux Etats-Unis et en Chine, et compte tenu de ce qui va se
10:06passer en France.
10:07Ça veut dire que cette situation, oui, in fine, peut ou pourrait avoir des impacts
10:12profonds sur de grandes thématiques d'investissement de fonds qu'on peut associer à l'Europe,
10:18par exemple ?
10:19Alors oui, d'ores et déjà, pour moi, en dehors des élections, quel que soit le parti
10:23ou la coalition au pouvoir, on a déjà, on est de toute façon dans une situation mondiale
10:29qui est challenging, en quelque sorte, avec des défis importants.
10:33Les Etats-Unis et la Chine ne se supportent pas, l'entrée en campagne électorale américaine
10:38ne va pas du tout arranger les choses, et l'Europe est entrée également en guerre
10:43terrifaire.
10:44Alors là, c'est nouveau par rapport à 2016, où M. Trump était effectivement le porte-drapeau,
10:49je dirais, de l'action sur les tarifs, les tarifs douaniers, mais là, en fait, on a
10:53des Etats-Unis, une Europe et une Chine qui sont en train de jouer avec ça.
10:56Donc là, d'ores et déjà, au niveau du commerce mondial, on est en train de redéfinir
11:00une thématique.
11:01Sans parler de déglobalisation, qui a déjà en partie peut-être eu lieu, là, on va cimenter
11:06sur des trajectoires sur les 5-7 prochaines années, en dehors, effectivement, de toute
11:11variation politique.
11:12Ce qui veut dire que si l'Europe, par exemple, doit réagir à Titre Auta, c'est-à-dire
11:18on joue à la main chaude sur les tarifs, et alors, bien entendu, on a parlé du porc,
11:22on a parlé du cognac pour, effectivement, les exportations européennes, mais ça peut
11:27aller aussi beaucoup plus loin, puisque le problème derrière, c'est l'accès à la
11:32technologie, et c'est, bien entendu, je dirais, la définition d'une sécurité, le terme
11:36de sécurité économique, de sécurité énergétique, est un petit peu au centre des débats derrière
11:43cette acquisition de technologie.
11:44Donc, on voit bien qu'en fait, on est en train d'ouvrir une porte sur les 5 prochaines années
11:48qui est complètement différente de celle qu'on a vécue, puisque là, on sortait, en fait,
11:52de l'époque Covid, et même encore très différente de l'époque où Monsieur Trump était aux
11:57manettes aux Etats-Unis.
11:58Sécurité, d'ailleurs, c'était un peu le concept économique de la plateforme travailliste
12:03au Royaume-Uni, ils appellent ça les Securonomics.
12:05Alors, Securonomics, là, c'est un peu différent, en fait, c'est pour justifier de l'interventionnisme
12:09de l'État, c'est-à-dire que l'État va construire, en fait, justement, l'indépendance
12:14énergétique, mais aussi d'autres éléments de sécurité, sécurité de l'emploi, sécurité
12:18pour accès à la santé, là, c'est des thématiques au Royaume-Uni qui sont importantes.
12:22Donc, en fait, c'est une façon de justifier un interventionnisme et une certaine fin de
12:28l'État libéral au Royaume-Uni.
12:30Bon, cette dimension politique, comment vous la regardez, Régis ? Encore une fois, il
12:34y a le cas français brûlant, d'autant plus pour nous qui sommes en plein dedans, mais
12:39il n'y a pas que ça.
12:40Et est-ce que c'est un facteur, effectivement, qui a un impact de court terme sur la course
12:44des marchés ? Sans doute, mais qui pourrait avoir peut-être une empreinte un peu plus
12:49longue que d'habitude ?
12:50Alors, en Europe, le cas français est quand même le cas central aujourd'hui, dans la
12:54mesure où ce qui se passe au Royaume-Uni, on a au Royaume-Uni un gouvernement, effectivement,
13:01de gauche, mais plutôt business-friendly, pardonnez-moi l'expression, mais je ne trouve
13:06pas le mot en français.
13:07Sacrément pro-business par rapport à des partis de gauche qu'on peut observer ailleurs
13:12en Europe, pour dire les choses, Régis.
13:15Plutôt un esprit de relance économique par la consommation, une politique plutôt
13:20keynésienne, effectivement, dépenses d'infrastructures, etc., mais avec une attention sur les déficits
13:27et donc, globalement, un programme qui peut éloigner quand même la partie la plus aisée
13:36du Royaume-Uni.
13:37Donc, il faut voir s'il y a quand même des fuites de capitaux aux Royaume-Uni, pardonnez-moi,
13:42ça peut quand même mettre un petit peu de pression sur ces promesses politiques,
13:47mais en tout état de cause, au départ, on n'a pas un programme qui est extravagant.
13:51Il n'y a pas de rupture.
13:52On cherche à offrir de la visibilité, j'ai l'impression.
13:54Les marchés, par anticipation, n'étaient pas particulièrement nerveux, et sur la nouvelle,
14:00sont plutôt détendus, le disant anglais se détend de 4-5 BP à l'heure où nous nous
14:07parlons.
14:08– Sur la défaite que vous avez mentionnée du Parti conservateur, le score historiquement
14:13bas du Parti conservateur cache le fait qu'il s'est fait prendre aussi beaucoup de voix
14:18par Nigel Farage, donc avec un esprit très nationaliste d'un côté, mais très très
14:25libéral de l'autre, donc la tendance n'est pas non plus si claire que ça.
14:30Il y a eu un rejet du Parti traditionnel conservateur qui peut nous rappeler peut-être ce qu'il
14:34s'est passé en France il y a quelques années, ou même il y a quelques semaines, et voilà.
14:40Mais le résultat est un peu différent, il faut avoir en tête que les travaillistes
14:45n'ont fait qu'un tiers des voix, deux tiers des sièges.
14:48– La loi électorale fait qu'effectivement, pour un tiers des voix, vous bénéficiez
14:54des deux tiers des sièges.
14:55– Sur le Royaume-Uni, on a plutôt maintenant une certaine visibilité, une consommation
15:00qui devrait plutôt reprendre, et là où on a le moins de visibilité…
15:03– C'est le temps après le Brexit que le Royaume-Uni sort à passer son pic populisme.
15:07– C'est exactement, en tout cas son pic d'inquiétude, et on est vraiment les yeux
15:12là un peu plus sur la France, où il faut rappeler quand même que depuis quelques semaines
15:18le 10 ans portugais, le rendement du 10 ans français, pardon, est supérieur au rendement
15:23du 10 ans portugais, rappelons-nous des GIFs, les pics ce n'était pas une expression
15:27qui était très sympathique, mais les GIFs de 2011, maintenant sont devenus les GIFs
15:33avec la France à la place du P.
15:35– Et rappelons aussi tous les efforts qui ont été faits par le Portugal, qui ont permis
15:38aussi intrinsèquement aux taux portugais de se détendre considérablement.
15:42– Juste en dessous de la Grèce, entre le Portugal et la Grèce, on est à 10 Bp au-dessus
15:49du Portugal, 10 Bp en dessous de la Grèce, donc on est au même niveau de la situation.
15:54– Et ça c'est quoi, c'est faire ? C'est correctement payé ou pas ça ?
15:57– C'est vrai que le secrète avec l'Allemagne, si vous regardez la trajectoire de la dette
16:00française, effectivement, il n'y a jamais d'arrêt, vous regardez, il y a eu un pic
16:05de dette pour tout le monde au moment du Covid, vous regardez la dette allemande est redescendue
16:10maintenant par rapport au pic du Covid en % des pays périphériques également et pas
16:16du tout celle de la dette française qui continue sa trajectoire haussière dont on ne voit
16:21pas du tout d'inversion, on voit encore moins d'inversion possible après ces élections
16:27puisque aujourd'hui vous avez deux possibilités, une possibilité c'est de n'avoir pas de majorité,
16:32c'est une possibilité qui donne quand même une grande inconnue puisqu'on n'a jamais
16:36vraiment eu ça, une absence totale de majorité, on avait une majorité relative en 2022
16:41mais là on n'aurait pas de majorité du tout, c'est-à-dire que où on fait une espèce
16:45de gouvernement de coalition qui en France ne se fait quand même pas tellement,
16:48ce n'est pas l'Allemagne, ni l'Italie, ni la Suisse, la France on n'a jamais très bien fait,
16:54Mitterrand l'avait fait à la fin des années 80, c'est quand même un peu compliqué et les
17:01institutions ne sont pas faites pour ça, ou alors un gouvernement technocratique un peu
17:07à la manière de Mario Monti ou Draghi, ce qui s'est fait en Italie, ce qui serait peut-être
17:12une hypothèse plausible mais pas très durable, on ne peut pas imaginer que ça durerait encore
17:17les trois prochaines années, ou alors, troisième hypothèse, donc une majorité au Rassemblement
17:22National qui semble s'être beaucoup recentrée par rapport à son programme de 2022, un programme
17:28économique qui est alors aujourd'hui plus raisonnable, mais encore assez dépensier quand
17:33même, donc dans les trois hypothèses, on n'a pas... Il n'y a rien qui améliore la trajectoire des
17:37finances publiques qu'en France, d'accord, d'accord, c'est pourquoi le spread effectivement de dette
17:43avec l'Allemagne, de taux de rendement avec l'Allemagne se resserre, mais n'est encore
17:50relativement élevé, on était à 40-50 BP avant les élections européennes, on est monté jusqu'à
17:5880-90, là ça se tendait vraiment, on est redescendu à 60 en éliminant, je dirais, les hypothèses les
18:04plus catastrophistes sur le résultat de ces élections, mais ça reste un moment d'assez
18:10grande tension, le débat effectivement, il va y avoir le débat de savoir si, dans le cas d'un
18:15résultat très défavorable ou d'une politique très, très dangereuse, l'ABCE interviendrait,
18:21l'Allemagne n'a pas l'air d'être tellement de cet avis, ce qui peut se prendre, on a eu un silence
18:30assourdissant de Mme Lagarde depuis les premiers résultats des élections, ce qui est normal,
18:37ce qui paraît être une position tout à fait appropriée à ce stade.
18:40Oui, oui, oui, tout à fait, tout à fait.
18:42On peut avoir beaucoup de critiques vis-à-vis de l'ABCE, que l'ABCE n'intervienne pas dans la
18:48séquence électorale française, ça me paraît la moindre des choses.
18:51Pour l'instant, au cœur du sujet, et puis bien sûr à suivre, plus important encore, les Etats-Unis,
18:56parce que si Biden devait être remplacé aux Etats-Unis par un autre candidat démocrate, il y a
19:04beaucoup de candidats démocrates relativement farfelus.
19:06Donc Biden, c'était celui qui était le plus, il est ce qu'il est, mais c'était celui qui était le plus
19:13raisonnable économiquement.
19:15Et donc, vous pouvez aussi avoir un peu de folklore.
19:18Oui, on n'est peut-être pas au bout de nos surprises politiques, amis, par contre, cette année 2024.
19:23Sur cette dimension politique, et encore une fois, du point de vue de l'investisseur en guérant,
19:27je le disais, l'histoire nous montre qu'il ne faut pas trop accorder de considération au bruit politique
19:34quand on investit pragmatiquement, rationnellement sur les marchés.
19:38Est-ce que là, quand même, il y a des incertitudes, des risques qui font dire que ça peut remettre en
19:41cause des choses importantes pour l'investisseur ?
19:44En fait, je pense que tout dépend de l'horizon dans lequel on se place.
19:47C'est-à-dire qu'à court terme, on va certainement évacuer un petit peu le sujet, notamment le sujet
19:52français d'ici quelques jours, quand on va avoir le résultat des élections, avec une réaction de
19:57marché qui sera court-termiste et qui sera ce qu'elle sera.
19:59Après un peu plus long terme, comme l'a bien expliqué Patrice, tout ça s'inscrit quand même dans un
20:04changement dynamique mondial où là, on est obligé quand même d'en tenir compte d'un point de vue
20:10d'investisseur, ne serait-ce que sur des histoires, notamment d'inflation, puisqu'on sait très bien que
20:16si on a une déglobalisation qui accélère à cause de ces phénomènes-là, on aura structurellement des
20:21cycles un petit peu plus inflationnistes qu'avant.
20:24Donc on est forcément obligé d'en tenir compte, soit sur un horizon de très court terme, soit sur un
20:28horizon de plutôt long terme. Après la réalité, c'est qu'entre les deux, il y a beaucoup de sujets
20:32de moyen terme qui paraissent quand même peut-être plus marquants pour les marchés que le sujet
20:40politique. Évidemment, c'est ce qui se passe notamment aux États-Unis sur le marché de l'emploi
20:45et même globalement toutes les dynamiques macroéconomiques, puisque la zone euro, ça redessoie
20:51un petit peu à nouveau dernièrement. Et je pense que ça, sur un horizon plutôt de moyen terme,
20:55c'est peut-être plus important pour l'investisseur que le bruit politique, qui évidemment à court
21:00terme a un énorme impact. C'est pour ça qu'on en parle autant. Évidemment, ça nous touche tous en
21:04plus, nous, dans notre vie personnelle. Mais sur un horizon de trois mois, six mois, un an...
21:10Ce n'est pas forcément ce qui va façonner la course, la dynamique des marchés.
21:14Je pense pas, effectivement. Je pense que c'est à toutes les... Ce qu'a décrit Patrice sur les
21:19changements du monde, c'est des choses... Alors, il y a des phases où ça peut accélérer et créer des
21:24phénomènes qui impactent les marchés très durement sur un coup. On l'avait vu en 2018 avec la guerre
21:29commerciale, etc. Mais c'est quand même plutôt des tendances d'assez long terme. Et donc, l'impact
21:35direct, en termes de stratégie de marché, il n'est pas forcément facilement perceptible.
21:41J'entends.
21:42Et donc, c'est peut-être plus sur des questions macroéconomiques qu'il faut, à mon avis, se recentrer,
21:46une fois qu'on aura évacué le bruit politique, là, de court terme, notamment avec la France.
21:50Allons-y sur la macroéconomie. Le marché américain nous offre aujourd'hui la publication du rapport
21:55mensuel sur l'emploi. On reste 200 000 créations. Ça reste bien. 4,1% de taux de chômage.
22:02Ça reste compatible avec l'idée d'un quasi plein emploi aux États-Unis. Néanmoins, en dynamique,
22:09tout le monde constate, avec des moyennes trois mois, etc., une forme de ralentissement.
22:14Est-ce qu'on est encore dans un refroidissement de l'activité économique américaine conforme
22:21à ce qu'on peut attendre après l'épisode de surchauffe post-Covid, notamment ?
22:25Ou est-ce qu'on est proche de déborder vers quelque chose qui serait moins attendu ou moins souhaité,
22:31notamment par la réserve fédérale américaine ?
22:33Je pense qu'il y a deux choses à préciser sur ce sujet-là. On évoquait les créations d'emplois,
22:39un nom de farm payrolls, qui sont le chiffre peut-être le plus regardé par les marchés,
22:43même un peu par la Fed. Le problème avec ce chiffre, c'est qu'il est constamment révisé
22:47d'un mois sur l'autre et quasi systématiquement vers le bas. Le cumul depuis le début de l'année
22:51des révisions, c'est 250 000 créations d'emplois en moins par rapport aux premières estimations.
22:56Si on cumule depuis début 2023, c'est quasiment 600 000.
23:02Le problème, c'est qu'en plus, elles sont révisées de manière annuelle derrière,
23:08avec les ajustements liés notamment aux calculs d'ajustement de la démographie du bureau du
23:14recensement américain. La Fed de Philadelphie a beaucoup travaillé sur ce sujet-là. Quand on
23:19prend les calculs de la Fed de Philadelphie et qu'on les cumule avec ces révisions mensuelles,
23:24depuis début 2023, c'est 1,5 million de créations d'emplois de moins par rapport
23:29aux chiffres préliminaires, c'est-à-dire 100 000 créations d'emplois en moins par mois.
23:33En fait, ce chiffre, quelque part, il est difficilement fiable dans la mesure où il
23:38semble quand même un petit peu structurellement surévalué. Ça, c'est la première chose,
23:41c'est qu'en fait, le marché de l'emploi américain est certainement en moins bonne santé que ne le
23:45laissent supposer les chiffres de Non Farm Parole. La deuxième chose, c'est que, je pense que ça
23:51commence à devenir assez clair, on a passé une phase de normalisation qui était plutôt positive
23:56par rapport aux excès qu'on avait post-Covid. Rappelez-vous, on avait un ratio entre le nombre
24:01de postes à pourvoir et le nombre de demandeurs d'emploi qui était passé au-dessus de 2. C'est-à-dire
24:05que face à deux offres d'emploi, on n'avait qu'un seul demandeur d'emploi disponible, donc forcément,
24:09ça créait des très grosses tensions. Là, on est redescendu autour de 1,2, ce que sont les niveaux
24:15à peu près d'avant Covid. C'est même encore un peu en dessous si on regarde que l'emploi privé.
24:19Donc, on a eu toute cette phase de normalisation qui était bénéfique parce qu'elle rééquilibrait
24:22l'offre-demande et elle faisait baisser un peu la tension sur l'inflation salariale. Donc ça,
24:27c'était positif. Là, le problème, c'est qu'on commence vraiment à rentrer maintenant dans une
24:31phase un peu de dégradation. On n'est plus, à mon avis, dans une phase de normalisation,
24:35on compte dans une phase de dégradation. Et quand on regarde le détail du rapport emploi,
24:40il y a beaucoup de chiffres quand même qui sont assez mauvais. L'emploi à temps plein par rapport
24:44à l'emploi à temps partiel chute énormément. Le recours à l'intérim chute également beaucoup.
24:49Là, sur le mois, c'est le pire mois hors Covid depuis la crise de 2008, la baisse du recours
24:55à l'intérim. Emploi privé versus emploi public, on a la même chose. On a la même chose aussi
25:01si on regarde seulement l'enquête auprès des ménages. Oui, oui, oui, qui a un peu corrigé
25:05ce mois-ci, mais qui a été catastrophique le mois dernier. Oui, oui, bien sûr. Et quand même
25:09très mauvaise. Les ménages américains voient des destructions d'emploi quand l'enquête auprès
25:16des entreprises continue de voir des créations d'emploi. Pas ce mois-ci, mais sur les mois
25:20précédents, c'était le cas. Là, l'inverse, c'est que ce chiffre-là est peut-être un tout
25:23petit peu sous-estimé dans la mesure où il ne prend peut-être pas totalement en compte l'impact
25:27de l'immigration de travail qu'il y a eu aux Etats-Unis ces derniers mois. Mais si on fait
25:32la moyenne entre ce chiffre-là et les chiffres de l'NFP, en fait, la tendance, elle est quand même...
25:36Et donc, il est temps pour la réserve fédérale américaine de se mettre en action, c'est ça ?
25:39Ce qui est quand même un peu surprenant, c'est qu'aujourd'hui, on a un taux de chômage qui
25:43ressort à 4,1. On a une réserve fédérale qui, dans ses dernières projections, nous donne un
25:48objectif de taux de chômage à 4 pour fin 2024. Donc, on est déjà au-dessus. Et en plus, on a
25:54des tendances sous-jacentes qui ne sont pas très bien orientées. C'est-à-dire que si c'était
25:58simplement une histoire de composition, de taux de participation, de choses comme ça,
26:02ça ne serait pas très inquiétant. Là, toutes les tendances sous-jacentes se dégradent. Donc,
26:06il semble quand même qu'il y a un petit risque que la réserve fédérale soit un petit peu,
26:11comme on dit bien de cœur, c'est-à-dire un petit peu en retard sur l'évolution du cycle
26:15économique, soit trop focalisée sur l'inflation, pas assez sur l'emploi. Et ça, pour les marchés,
26:20ça me semble être quand même un point d'attente...
26:21Oui, oui, j'entends.
26:22Qui doit être très entendu, plus presque que le bruit de court terme électoral.
26:27Et d'autant plus important dans un contexte de bruit et d'agitation politique,
26:31j'imagine, effectivement.
26:32Oui, et puis en plus, on pourrait très bien, on en dit ce qu'on a avant l'émission, on pourrait
26:36très bien avoir un cas où ces chiffres commencent vraiment à se dégrader encore un peu plus au
26:39moment de l'élection américaine. Je vous laisse supposer le coup que ça pourrait donner.
26:43Bon, Patrice, est-ce que la Fed est bientôt mûre pour signaler explicitement une première
26:49baisse de taux qui rejoindrait celles qui ont déjà été accomplies d'ailleurs par plusieurs
26:54grandes banques centrales, y compris en Europe ? Est-ce qu'un CPI, un chiffre d'inflation américain
27:00qui sera publié la semaine prochaine, en ligne ou en dessous des attentes, est-ce que ça nous
27:04envoie le signal d'une première baisse de taux garantie ou en tout cas très probable en septembre ?
27:11Je rebondirais sur deux points. Le premier point, c'est que les marchés et les marchés monétaires
27:15ont passé leur temps à anticiper des baisses de taux qui ont dû être reportées. Donc, je me
27:20méfie, même si le chiffre, effectivement, je partage tout à fait l'analyse qui vient d'être
27:24faite sur le marché de l'emploi, même si je souscris à cette analyse, c'est-à-dire attention
27:28de ne pas attendre trop tôt. Et le discours de la Fed, c'est trop tôt. Et le discours de la Fed,
27:35c'est bien ni trop tôt ni trop tard. Parce que derrière, on peut avoir deux erreurs. Et l'erreur
27:41de faire, de baisser les taux trop tôt, c'est effectivement de ne pas avoir la détente dans
27:47les services. Les services, ça bloque. Et il y a quelque chose qui bloque encore plus, ce sont
27:53les loyers. Et là, effectivement, donc il faut avoir les services. C'est une action qui est longue
27:58par rapport à la politique monétaire. Il faut du temps. Et effectivement, pour l'instant, même si
28:05la Fed, on se rappelle qu'il y a un moment au printemps, on parlait de hausse de taux de la Fed,
28:11puisqu'on dit, mais attendez, vous ne contrôlez rien. Là, on dit, mais attendez, vous ne contrôlez
28:15rien parce que ça va se casser la figure. Donc, l'action, effectivement, de la Fed met du temps,
28:21et l'action de la politique monétaire met du temps, on le voit sur le crédit, ça mord sur le crédit.
28:25Mais ça ne mord pas dans les conditions financières, ça mord sur le crédit, au loctroi de crédit,
28:29la demande de crédit et l'offre de crédit. Donc, il y a une action, ce qui veut dire que la Fed
28:34est plutôt rentrée dans, je dirais, une opération de gestion des risques, risque de baisser de taux,
28:40ou risque de ne pas baisser assez vite. Et ces deux risques sont équivalents encore aujourd'hui ?
28:44Les deux risques, pour moi, sont équivalents. Il faudra, ce qui, et c'est le deuxième élément sur
28:48lequel je rebondirais, oui, les créations d'emplois ont révisé, donc là, la Fed se sent beaucoup plus
28:54à l'aise, le taux de chômage monte. Bon, les prévisions qui sont données par la Fed ne sont
28:59pas des prévisions, c'est un environnement, donc ce n'est pas une prévision au sens du FMI ou de
29:03l'OCDE. Donc, ça traduit, effectivement, que le marché du travail est en train de rentrer dans
29:09l'environnement, en fait, auquel s'attend, auquel désire la Fed. Il y a un élément, quand même, qui
29:13n'est pas tout à fait au rendez-vous, c'est l'évolution des salaires. Ça ne ralentit pas assez, on est
29:17encore au-dessus des 4 %, il faudrait revenir dans cette configuration-là, plutôt vers 3, 3,5 %.
29:23Alors, d'ici le mois de septembre, on peut le faire. Sur trois mois, on est à 2, 9, 3, quoi.
29:27Bon, ça peut, on peut venir, on peut s'approcher. Et, effectivement, en termes de gestion de risques,
29:32s'il y a un risque de rupture de l'activité, là, la Fed, effectivement, s'octroiera ou prendra le
29:37risque de baisser au mois de septembre. C'est tout là.
29:40Mais on n'a pas ce point d'accélération de la fonction de réaction de la Fed encore aujourd'hui ?
29:44Pour l'instant, non. Regardez dans les indicateurs. On a eu des indicateurs dans l'industrie des services.
29:48L'ISM s'est cassé la figure, passé en dessous des 50, les manufacturiers services, alors que les PMA,
29:53ils sont au-dessus des 50. Ils disent, bon, en fait, tout va bien. Donc, les relevés de température
29:56que l'on peut faire sur l'économie américaine, si vous faites grande, petite entreprise, consommation,
30:01service, automobile, eh bien, vous avez, en fait, 4 ou 5 états différents. Donc, pour l'instant, en fait,
30:06il n'y a pas de gaudilloc. C'est-à-dire que tout ne ralentit pas de façon harmonieuse.
30:10On a encore beaucoup de disparités. Et la Fed attend, justement, peut-être... Alors là, c'est une convergence,
30:15une convergence par le bas. C'est-à-dire, en fait, qu'il y ait une vraie décélération pour être sûr
30:20d'éviter ce qu'est en train de faire la banque d'Australie. C'est-à-dire qu'une fois qu'elle a baissé ses taux,
30:26eh bien, en fait, l'inflation est repartie. Et là, elle parle de remonter ses taux.
30:29Ça, la Fed ne supporterait pas. La BCE non plus. D'où les discours très, très prudents
30:34et les approches extrêmement pragmatiques que l'on aura aux banques centrales.
30:37Oui, mais c'est un jeu d'équilibre compliqué. On sait que quand le taux de chômage commence à remonter un peu,
30:43souvent, il peut remonter aussi assez fort derrière.
30:45Pour casser la dynamique dans les prix des services, il faut un vrai ralentissement de la demande.
30:50Et ça, c'est le problème.
30:52Donc, on va reparler d'une petite récession américaine à un moment, là ?
30:55C'est quoi, une récession aux États-Unis ? Parce qu'il n'y en a pratiquement pas eu dans l'histoire, en définitive.
31:00Il y en a très, très peu. Le nombre de trimestres négatifs...
31:03Au sens du NBER, il y a eu très peu de récessions aux États-Unis.
31:06Une récession américaine, les marchés auraient peur si on avait une croissance trimestrielle annualisée qui passe en dessous de 1%.
31:12Là, on parlera d'un ralentissement. Et là, la Fed serait sensible à ça.
31:17Si jamais le troisième trimestre pourrait être un trimestre de trou d'air de l'activité,
31:21la Fed va baisser ses taux au mois de septembre.
31:23Vos commentaires, Régis, est-ce que vous sentez que les banques centrales sont pas loin d'être un peu plus forward-looking ?
31:30Peut-être regarder un peu plus devant, relever un peu la tête du guidon et offrir quelques baisses de taux supplémentaires ?
31:36Est-ce que c'est un soutien pour le marché ?
31:37Et puis, ce qu'on décrit sur l'économie, le craquement de l'économie américaine
31:43et peut-être le risque d'une économie européenne en phase de décollage,
31:47mais qui se retrouverait un peu sapée, j'allais dire, par le choc d'incertitude,
31:52est-ce que ça va se retrouver dans les résultats et les discours des entreprises qui vont vite revenir sur le devant de la scène ?
31:58D'abord, sur l'économie américaine, effectivement, je souscris à ce qui vient d'être dit,
32:03c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de signaux qui sont en réalité assez contradictoires les uns avec les autres.
32:08Il n'y a pas une clarté quand même absolue du fait que ça a ralenti.
32:11C'est surtout des rythmes de ralentissement.
32:13Sur l'inflation également, il faut se souvenir qu'on a eu des chiffres extrêmement bas.
32:17On avait une très forte chute de l'inflation l'été dernier sur le Core CPI
32:21et par conséquent qu'on a un effet de base qui est extrêmement faible
32:24et que les chiffres assez faibles, les derniers chiffres, les chiffres que nous allons connaître,
32:29assez faibles d'inflation au moment de l'été peuvent être tout à fait contredits au moment de l'automne,
32:35au moment où on va perdre cet effet de base extrêmement bas de l'été dernier.
32:40Donc pour ça, je pense que la Fed n'est pas spécialement pressée de baisser ses taux
32:46et du coup la BCE non plus, d'ailleurs ça a été redit récemment par plusieurs voix de la BCE
32:54qu'il n'y avait pas non plus une très grande urgence, que l'inflation n'était pas encore à l'objectif.
32:59Enfin, on est à demi.
33:00Et c'est assez naturel parce que malheureusement pour elle, la BCE est quand même dépendante de la Fed.
33:07La BCE ne peut pas faire cavalier seule sur les taux,
33:10quand bien même l'inflation ralentirait en dessous de son objectif
33:13parce que ça aurait des effets sur l'écartement des devises qui seraient...
33:17Donc là, la BCE est quand même un petit peu dépendante de la Fed.
33:20La Fed aussi est partiellement dépendante de la BCE mais sans doute un petit peu moins.
33:23Et donc, vous dites miser sur une accélération du calendrier des baisses de taux à ce stade,
33:27c'est une hypothèse un peu risquée quoi.
33:30Ça me paraît un peu risquée à ce stade.
33:32Je ne pense pas qu'on soit entré dans cette phase-là,
33:36d'autant qu'on a une Chine qui est très faible depuis un petit moment
33:41mais qui pourra à un moment donné repartir.
33:43Si la Chine repart, ça fera repartir l'Allemagne.
33:46Si la Menge repart, l'économie européenne ne sera pas en si mauvaise santé que ça
33:49et il n'y aura pas non plus une si grande urgence à baisser les taux en Europe.
33:52Donc, je ne pense pas que ce soit une configuration dans laquelle il faille se placer.
33:55D'ailleurs, le marché ne s'y place pas pour l'instant particulièrement
33:58puisque malgré toutes les incertitudes depuis le début de l'année,
34:01on a quand même un secteur bancaire qui a repris des couleurs.
34:05Alors, les banques françaises sont beaucoup moins sensibles à la baisse des taux
34:07que les autres banques européennes à la baisse ou à la hausse des taux.
34:12Elles sont moins sensibles aux taux à cause du VRA,
34:15à cause de l'épargne réglementée en France qui fait que les banques françaises sont moins sensibles aux taux.
34:19Mais on a un secteur bancaire qui, en Europe, en Allemagne, en Italie en particulier,
34:23a été très largement surperformé depuis le début de l'année
34:27et effectivement qui ne montre pas de signes d'inquiétude de ce point de vue-là.
34:31Ça prouve qu'implicitement, le marché ne valorise pas encore cette baisse des taux.
34:36Et puis, par contre, sur les valeurs d'hypercroissance,
34:40donc tout ce qui est lié à l'intelligence artificielle d'un côté et l'obédité de l'autre,
34:44principalement pour faire ces deux grands thèmes-là, qui sont les thèmes d'hypercroissance du moment,
34:48on a des valeurs qui, à l'inverse, ont connu une très forte inflation de multiples
34:53et comme si, je dirais, les taux avaient déjà baissé.
34:56Donc on ne va pas dire qu'on s'attende, enfin qu'on ait besoin, je dirais...
35:01Donc si on se place dans votre camp avec l'idée qu'il faut être prudent sur une accélération des baisses de taux,
35:06vous dites attention à ces segments d'hypercroissance qui ont peut-être un peu anticipé trop vite ?
35:12Oui, qui ont été déjà très très loin et c'est aussi quelque chose,
35:15il faut aussi avoir en tête que la Fed regarde les marchés financiers
35:19et que les plus hauts des marchés américains, qui certes sont concentrés sur un tout petit nombre de valeurs,
35:27un peu comme en Europe d'ailleurs, mais encore plus aux États-Unis,
35:30ont créé un effet richesse quand même, dont la Fed tient compte aussi dans sa perspective.
35:35Elle ne voudrait pas, la Fed, relancer une bulle spéculative
35:40qui est déjà quand même pas mal installée pour certains segments de la cote.
35:44Qu'est-ce que les résultats d'entreprises agrégées, j'entends en guérant,
35:48vont apporter à l'analyse des investisseurs et des marchés ?
35:52Et c'est vrai qu'un mot quand même du marché américain,
35:55cette semaine on a vu le VIX retomber à 12 et même en dessous,
35:59de nouveaux raccords sur le Nasdaq et le S&P 500 avec toujours les mêmes 5-6 plus grosses valeurs,
36:05et puis même on voit un Tesla qui est passé par moins 40 cette année qui se refait la cerise
36:10et qui revient apporter de la contribution positive à la performance des indices.
36:14En fait, ce qui est assez intéressant avec ça, c'est qu'à quelques exceptions près,
36:19on observe en termes de performance de marché un peu ce qu'on observe sur les BPA.
36:22C'est-à-dire que les BPA du S&P, en fait, ils ne sont tirés quasiment que par les BPA de la tech.
36:27Le reste du S&P, les BPA sont plutôt légèrement orientés à la baisse.
36:30Il y a une bulle de profit là déjà, de ce point de vue-là.
36:33Il y a une bulle de profit et il y a une bulle de valorisation
36:35qui est encore plus élevée que la bulle de profit.
36:38Les 10 premières valeurs du S&P, c'est environ 35% du S&P, c'est 23% des profits.
36:44Donc, il y a en plus une dissymétrie de ce point de vue-là.
36:46Mais ce qui du coup va être important à regarder,
36:48alors évidemment, le résultat de ces valeurs-là va avoir un énorme pouvoir déterminant sur les marchés
36:53et même globalement sur les marchés mondiaux presque plus que la politique.
36:57Nvidia, c'est 4,5% du MSCI World, la France c'est 2,7%.
37:00Donc, ça donne à quel point ces résultats-là sont importants.
37:04Mais aussi, derrière ça, ce sera intéressant de voir les résultats du reste de la cote
37:08et de voir si le reste des entreprises voit ces BPA s'améliorer ou pas du tout.
37:16Et la deuxième chose qui sera importante à regarder aux Etats-Unis,
37:19mais là aussi pas mal en Europe, c'est les guidance, c'est le message des entreprises.
37:25Où justement, notamment en Europe, on pourrait peut-être avoir quelques petites déceptions
37:31parce qu'on commençait à avoir une amélioration des perspectives sur l'Europe.
37:34On se disait notamment avec les indices SIFO, les PMI, etc. qui repartaient à la hausse.
37:39Et puis là, on a un petit trou d'air en juin qui peut-être n'est dû qu'à la politique.
37:44Le problème, c'est qu'en parallèle, ce qu'on appelle les hard data, les données dures,
37:48ne s'améliorent pas non plus.
37:49On a eu aujourd'hui les chiffres industriels en France et en Allemagne.
37:53Ce n'est pas bien orienté du tout quand même.
37:55Et donc, si les perspectives s'améliorent dans les enquêtes d'opinion,
37:59mais qu'à un moment, ça ne se transcrit pas dans les hard data,
38:01c'est que peut-être ce rebond n'est pas si fort que ça.
38:03Et dans cet environnement-là, si on a un discours des entreprises
38:07sur les objectifs à 6, 12 mois qui devient plus prudent,
38:13ça va être un petit peu embêtant.
38:15À l'inverse, si au contraire, les entreprises nous disent
38:17« Bon, finalement, le contexte électoral, au-delà de ce bruit-là,
38:20le reste, les perspectives, ça va, la demande repart »,
38:23on aura plutôt des bonnes surprises.
38:25Mais à mon avis, il faudra beaucoup surveiller ça.
38:27Après, le price action, un peu comme au premier trimestre,
38:30risque d'être un petit peu compliqué.
38:33On ne sent pas intuitivement qu'on évolue dans un environnement
38:36d'hyper-confiance des agents économiques, consommateurs ou entreprises,
38:40pour le dire très bien.
38:41Et puis, ce comportement de marché de concentration
38:44sur les grands noms de la tech,
38:45il ne traduit pas une confiance très forte des investisseurs.
38:48Autrement, on aurait un spreading, un monogamy du marché.
38:52Là, on ne l'a pas du tout.
38:53Donc, c'est qu'il y a un vrai sentiment un peu négatif
38:56qui reste dans ce marché.
38:57Comment vous regardez cette logique de marché sur la partie action,
39:00notamment, Patrice ?
39:02Et puis, effectivement, le lien entre la macro et la micro,
39:06dans un contexte macro de ralentissement,
39:09peut-être chancelant en Europe, d'un décollage un peu avorté.
39:13Est-ce qu'on peut imaginer toujours
39:16que les entreprises viennent à la rescousse avec leurs résultats ?
39:19Ou est-ce qu'à un moment, il y a une convergence des deux qui s'opère ?
39:22Je pense qu'on est encore dans une situation
39:25où le momentum reste positif.
39:27Ma crainte, ce sera peut-être plus pour 2025,
39:31parce qu'on a l'impression que la bonne année action,
39:32c'est cette année en définitive,
39:34parce qu'on avait des comparaisons qui étaient difficiles,
39:36des progressions bénéficiaires, vous l'avez rappelé,
39:38en 2023, qui étaient très difficiles.
39:40Donc là, on est dans une dynamique qui est avec des comparaisons,
39:42des variations trimestrielles,
39:44des variations sur un an qui sont plutôt positives.
39:46On cherche du momentum d'un secteur par rapport à l'autre
39:48ou d'un pays par rapport à l'autre.
39:49Et pour l'instant, si effectivement,
39:51la diversification n'a pas bien fonctionné,
39:54de sortir de la technologie,
39:55si vous aviez du Japon couvert ou de l'Inde,
39:58par exemple, alors on va chercher très loin,
40:00peut-être un peu à un moment du Royaume-Uni,
40:02petites valeurs, des choses comme ça.
40:04Donc on va trouver effectivement des pôles de croissance
40:07ou de diversification,
40:08ce qui n'a pas bien fonctionné dans les marchés développés.
40:10On peut le trouver avec quelques apports des marchés émergents
40:13ou de marchés périphériques, en quelque sorte.
40:16Pour l'instant, je trouve que le momentum des entreprises
40:18est plutôt bon, c'est-à-dire même si effectivement,
40:20il y a une inquiétude du côté des PMI.
40:22En fait, même dans les enquêtes de PMI,
40:24on voit que les entreprises gèrent les coûts,
40:26c'est-à-dire qu'elles réduisent la voilure
40:28quand leur carnet de commandes diminue.
40:30Donc, grosso modo, ça veut dire que leurs marges,
40:33qui avaient monté à des niveaux historiques
40:35aussi bien en Europe qu'aux États-Unis,
40:38ça, c'est intéressant puisqu'on n'a pas même en Europe
40:40de secteur, on n'a pas les M7,
40:42alors on a du L7, du 8807.
40:46Si on veut faire une comparaison,
40:50voilà exactement, les granolas de M. Goldman Sachs.
40:53C'est des tout petits granolas.
40:55Ce qui est intéressant, c'est que ces entreprises-là
40:58sont capables de capturer effectivement,
41:02je dirais, un momentum sur l'économie mondiale
41:04et de faire face à des augmentations de coûts
41:07ou des difficultés passagères sur un pays ou un autre.
41:10Mais l'effet inflationniste, illusion nominale,
41:13ça, c'est fini, ça.
41:14L'effet prix...
41:16Parce que ça joue encore et encore dans les enquêtes de PMI
41:18où effectivement, d'abord les entreprises,
41:20elles ont d'abord fait des économies de coûts
41:23parce qu'il y a eu quand même des baisses de prix de l'énergie.
41:25Là, le problème essentiel qu'on retrouve
41:27aussi bien dans le secteur des manufacturiers
41:29que dans le secteur des services, c'est l'évolution des salaires.
41:31Et là, effectivement, sans remettre en cause l'emploi,
41:34c'est ce qui vient d'être fait justement
41:36dans la statistique publiée cet après-midi avec les services,
41:38où là, il y a moins de création.
41:40Donc, à défaut de remettre en quelque sorte
41:42la situation sur l'emploi, de couper dans leurs coûts,
41:45et là, cette fois-ci, au niveau de la main d'oeuvre,
41:47pour l'instant, les marges sont plutôt protégées.
41:49Donc, je m'attendrais à ce que 2e et 3e trimestre
41:52sont encore avec une queue de la comète
41:54qui est plutôt bien orientée.
41:56Le problème, c'est quand la Fed va baisser ses taux,
41:58quand la BCE va vraiment baisser ses taux,
42:00d'abord, on va s'apercevoir qu'elles ne vont pas
42:02baisser les taux très très loin,
42:04on va s'arrêter avant,
42:06et là, derrière, en fait, la conjoncture
42:08dans les pays développés sera un peu moins bonne
42:10et tous les momentum que l'on a eu en termes
42:12de volume, de reprise, de Covid,
42:14d'épargne accumulée excédentaire,
42:16de pression sur les marges ou d'augmentation des marges,
42:18ces phénomènes-là peuvent un peu
42:20disparaître les uns avec les autres.
42:22Donc, la première année à client, c'est pour moi en ce moment.
42:24Il n'y aurait peut-être pas suffisamment
42:26de baisse de taux pour venir
42:28limiter peut-être
42:30un drawdown de marché à un moment.
42:32Si il y a des fortes baisses de taux, ça veut dire que ça va mal.
42:34Oui, ce ne sera pas une bonne nouvelle non plus, on est d'accord.
42:36Dans l'univers stock 600 qui est le vôtre
42:38chez Zadig Asset Management,
42:40Régis,
42:42je ne sais pas, qu'est-ce que vous avez envie de privilégier
42:44comme secteur ? Qu'est-ce qui ressort aussi
42:46de la composition géographique de vos stratégies ?
42:48Est-ce qu'il y a eu,
42:50est-ce que vous avez appliqué
42:52une stratégie particulière
42:54aux actifs français, par exemple,
42:56ces derniers temps ?
42:58Non, alors nous, on essaye d'être neutre de ce point de vue
43:00de ces risques qui sont des risques de court terme.
43:02Effectivement, il ne faut jamais
43:04surestimer l'impact politique
43:06sauf à ce qu'il y ait une dérive
43:08vénézuélienne de la France.
43:10Sinon, en général,
43:12tout ça se corrige. Mais on essaye d'éviter
43:14d'avoir une trop grande sensibilité à court terme,
43:16positive ou négative, à ce genre d'événements.
43:18En revanche, ce qui se passe sur les
43:20marchés européens ressemble
43:22un peu à ce qui se passe sur les marchés américains,
43:24dans une moindre mesure,
43:26mais quand même, c'est assez
43:28une singularité. C'est-à-dire que si vous prenez
43:30la performance de l'indice
43:32écoupondéré, c'est-à-dire que vous faites
43:34la moyenne des performances de l'ensemble
43:36des valeurs qui composent l'indice au lieu
43:38d'en faire la moyenne pondérée par leur taille,
43:40vous avez une performance qui est
43:42sur le seul mois de juin,
43:442% inférieure à celle
43:46de la performance réelle de l'indice.
43:48Ça veut dire qu'en pourcentage de
43:50noms qui montent, il y en a
43:52beaucoup moins que...
43:54en pourcentage de noms qui montent, pardon,
43:56il y en a beaucoup moins que la taille
43:58de l'indice en général.
44:00Et il faut avoir en tête, parce qu'effectivement,
44:02le marché est très
44:04concentré sur ces valeurs qui ont du
44:06momentum, c'est-à-dire de la révision hausse,
44:08mais il faut avoir en tête que la théorie financière
44:10vous dit qu'une action ne monte pas
44:12particulièrement parce que ces profits progressent.
44:14Les profits n'ont pas besoin de progresser
44:16pour qu'une action monte. Parce que
44:18quand une action, une entreprise,
44:20elle génère de la richesse,
44:22cette richesse, elle vient
44:24se porter sur l'actionnaire.
44:26Donc une entreprise qui aujourd'hui génère
44:2810% par exemple de sa capitalisation
44:30en trésorerie, l'actionnaire
44:32s'enrichit de 10%.
44:34Vous n'avez pas besoin d'avoir de la hausse
44:36de cette rentabilité
44:38pour que ça fasse une action en théorie.
44:40J'entends. Mais effectivement,
44:42le marché reste dans une myopie
44:44très forte sur les actions
44:46d'hypercroissance. Et comme ça a été dit,
44:48on a non seulement une dynamique de profit
44:50particulière sur ce très petit nombre d'entreprises,
44:52mais une dynamique
44:54multiple
44:56sur cette
44:58rentabilité qui est très élevée. Et par conséquent,
45:00je pense que c'est dans le reste, dans tout le reste
45:02de la cote qui est immense, qu'il y a
45:04plein de choses à faire.
45:06Un mot de la philosophie
45:08d'investissement, alors pour une
45:10stratégie diversifiée ou un peu global macro
45:12en guérant à la financière
45:14des chiquiers, l'appétit pour
45:16le risque qu'on peut encore avoir aujourd'hui
45:18ou pas ? Non, moi je rejoins totalement
45:20ce qui vient d'être dit par Régis, c'est-à-dire qu'il y a
45:22vraiment aujourd'hui, notamment en zone euro,
45:24des très belles valeurs dans le reste de la
45:26cote, notamment dans les segments small-mid
45:28qui ont été quand même massacrés, qui
45:30commençaient à repartir un petit peu avant les élections,
45:32qui ont repris un coup de bambou. Il y a de très belles
45:34valeurs, notamment des valeurs défensives
45:36qui peuvent être intéressantes, même dans un cas
45:38où la macro irait moins bien, c'est ça qui est important
45:40à dire, parce qu'a priori on se dit, bon,
45:42petite moyenne valeur, si au niveau de la macro
45:44ça va pas très bien, ça semble pas
45:46évident, mais il y a des valeurs de qualité
45:48défensives et tellement décotées dans ce segment-là,
45:50que ça semble quand même intéressant
45:52de revenir dessus. Et la deuxième
45:54chose d'une perspective d'un fonds diversifié,
45:56c'est que je pense qu'on a
45:58encore aujourd'hui
46:00une très forte attractivité des actifs obligataires
46:02en général. Et ça, ça change
46:04quand même pas mal de choses pour des fonds diversifiés,
46:06avec quand même dans les perspectives de baisse
46:08de taux, même si elles sont plus ou moins
46:10graduelles,
46:12on va quand même vers des baisses de taux. Donc renforcer
46:14petit à petit aussi la duration des portefeuilles,
46:16ça semble quand même être une stratégie
46:18qui est un peu asymétrique
46:20positivement aujourd'hui.
46:22Merci beaucoup messieurs d'avoir été les invités de Manette Marché ce soir.
46:24Angueran Arthas, gérant la financière de l'échiquier,
46:26Régis Beguet, associé et gérant chez
46:28Zadig Asset Management, et Patrice Gautry,
46:30chef économiste de l'Union Bancaire
46:32privée, étaient avec nous en plateau.
46:44Le dernier quart d'heure de Smartbourg, chaque soir c'est
46:46le quart d'heure thématique, et une fois par mois
46:48nous décryptons un cas
46:50d'investissement à travers le prisme
46:52de l'analyse fondamentale avec les équipes
46:54de Clartan Associés, et l'un des associés
46:56gérants de Clartan est à mes côtés ce soir en plateau,
46:58Olivier Delos. Bonsoir Olivier.
47:00Bonsoir Grégoire. Vous venez avec le dossier
47:02Accenture sur la table,
47:04alors évidemment tout le monde connaît Accenture,
47:06sans forcément d'ailleurs
47:08comprendre toutes les finesses
47:10du business d'un grand cabinet
47:12de consulting mondial.
47:14Accenture, et c'est d'ailleurs
47:16vous qui me l'avez appris, est né
47:18de la contraction de l'expression
47:20Accent on the future, c'est-à-dire
47:22que le métier d'Accenture,
47:24si je le résume simplement, et vous allez le détailler
47:26Olivier, c'est de permettre
47:28à ses clients d'être à la
47:30pointe de l'innovation et du
47:32futur et de ce qui se fera demain.
47:34Exactement, Accenture c'est une société
47:36qu'on aime beaucoup chez Clartan Associés,
47:38c'est une société qu'on appelle une must have
47:40dans notre jargon, c'est-à-dire vraiment ces sociétés
47:42d'excellence qui ont de très forts
47:44avantages concurrentiels, qui ont un ADN
47:46très fort, une très forte culture
47:48et qui sont des sociétés
47:50très rentables, et Accenture
47:52c'est effectivement l'une de ces sociétés
47:54d'excellence au niveau mondial, il n'y en a pas beaucoup
47:56et c'est vrai qu'elle est assez
47:58peu connue, très bien connue dans
48:00le milieu des affaires, mais moins du grand public
48:02et l'origine d'Accenture
48:04c'est Arthur Andersen, vous vous souvenez
48:06de ce très grand cabinet d'audit
48:08qui était à l'époque
48:10vraiment la Rolls des cabinets
48:12extrêmement sélectif et qui
48:14avait une branche de conseil
48:16qui a fait sécession
48:18au tout début des années 2000
48:20donc c'est devenu Accenture
48:22Accenture qui était spécialisée sur le
48:24conseil en stratégie mais même plus
48:26largement sur le conseil
48:28en haute technologie et
48:30cette société qui est cotée depuis
48:32maintenant bientôt 25 ans
48:34exactement 24 ans en ce
48:36moment même, a développé
48:38une spécificité qui est d'être à la pointe
48:40en permanence
48:42de la technologie et
48:44d'une certaine façon de la science même
48:46Bon
48:48Quelles sont les caractéristiques
48:50du modèle Accenture
48:52dans cet univers du
48:54conseil au sens large, du conseil stratégique
48:56du conseil en haute technologie
48:58qu'est-ce qui caractérise
49:00Accenture et son ADN j'ai envie de dire
49:02Alors il y a plusieurs éléments, la première chose c'est que
49:04Accenture offre des solutions
49:06à ses clients, des solutions qui sont toujours
49:08technologiques et digitales
49:10et sa mission
49:12c'est vraiment d'apporter en fait la
49:14technologie au service des hommes dans
49:16une entreprise, alors
49:18on peut voir assez facilement l'évolution
49:20de la technologie dans les grandes entreprises
49:22au cours des années 2000 ça a été internet
49:24indiscutablement et avec cette
49:26grande accélération qui a été due à
49:28Pierre Nantherme qui a été un patron emblématique
49:30d'Accenture pendant une dizaine
49:32d'années, patron français dans une entreprise
49:34anglo-saxonne
49:36et c'est de pouvoir en permanence
49:38rechercher les tendances
49:40dès les 20 prochaines années
49:42pour pouvoir les diffuser dans les entreprises
49:44donc ça a été bien sûr le digital
49:46internet, ça a été le
49:48big data, ça a été le cloud
49:50c'est la cybersécurité bien évidemment
49:52et aujourd'hui c'est
49:54l'intelligence artificielle de manière très très claire
49:56donc ça c'est la première chose
49:58c'est être très très pointu finalement sur ce que peut
50:00offrir Accenture, la deuxième chose
50:02c'est que c'est une entreprise qui est
50:04assez aristocratique dans le sens où
50:06elle recherche toujours à attirer
50:08des talents, elle a les capacités
50:10financières d'attirer des talents
50:12et de sélectionner toujours des
50:14ingénieurs extrêmement pointus
50:16avec une démarche
50:18un peu darwinienne mais qui
50:20est très efficace
50:22qui est éprouvée
50:24qui est
50:26up or out
50:28donc on monte, on a la capacité
50:30de progresser, donc on est embauché juste après
50:32les écoles d'ingénieurs en général
50:34ou de commerce et puis
50:36on gravit les échelons jusqu'à devenir
50:38partenaire voire comme
50:40Pierre Nanterme, le patron monde
50:42alors que lui-même pensait au bout de 20 ans que finalement
50:44c'était la fin
50:46pour lui, ben non, il a resté 10 ans de plus
50:48en étant patron d'Accenture
50:50et donc cette capacité à avoir des gens qui sont extrêmement
50:52techniques et en plus très commerciaux
50:54et puis l'autre force d'Accenture
50:56c'est d'être une entreprise qui est totalement globalisée
50:58aujourd'hui c'est quand même 750 000
51:00personnes présentes
51:02dans 120 pays
51:04et donc une capacité à parler
51:06avec les CEOs
51:08des grandes multinationales
51:10et aujourd'hui ils ont
51:12parmi les 100 plus grandes sociétés mondiales
51:1489 sont des clients
51:16d'Accenture, donc ça c'est quelque chose qui est
51:18une immense force finalement par rapport
51:20à la concurrence. Pour des contrats j'imagine à
51:22plusieurs dizaines ou centaines peut-être même
51:24de millions de dollars ou d'euros, c'est ça
51:26vis-à-vis des 100 grandes entreprises
51:28mondiales. Oui, ils ont plusieurs
51:30clients dont le chiffre d'affaires
51:32trimestriel est de plus de 100 millions d'euros
51:34et donc quand on a mis en fait
51:36les mains dans l'architecture
51:38technologique d'une firme multinationale
51:40c'est très difficile finalement de débrancher
51:42cette relation avec Accenture
51:44d'autant plus que ce qui fait la spécificité
51:46du groupe c'est que 1
51:48ils mettent le digital et donc des offres
51:50digitales pour l'entreprise
51:522 ils cherchent toujours des gains de productivité
51:54et l'efficacité de l'entreprise
51:56donc ça se voit en termes de rentabilité
51:58mais surtout, et c'est ça qui fait la différence
52:00c'est qu'ils vont toujours
52:02chercher la croissance et donc ils offrent
52:04des solutions qui permettent à une entreprise
52:06d'aller conquérir des nouveaux marchés
52:08des nouveaux segments et donc
52:10en permanence aller chercher
52:12la croissance. C'est pas juste le cost-cutting
52:14l'efficience, l'efficience de
52:16il y a un levier de croissance
52:18il y a un fort levier de croissance et par exemple
52:20tout ce qui est également ESG aujourd'hui
52:22et toutes les entreprises qui doivent se conformer
52:24à toute cette thématique
52:26d'efficacité énergétique
52:28de moindre émission CO2
52:30etc. et bien c'est typiquement
52:32un savoir-faire d'Accenture qui se sont imposés
52:34à eux-mêmes et qu'ils peuvent après aller
52:36les déployer au sein de
52:38leur porte clientèle. J'imagine que ce serait
52:40désastreux si une entreprise
52:42venait donner des conseils
52:44à une autre sans les être appliqués
52:46à soi-même auparavant. J'imagine qu'ils sont
52:48leurs meilleurs ambassadeurs de ce point de vue-là
52:50enfin j'espère en tout cas. Ils sont neutres aujourd'hui
52:52en termes d'émission CO2, alors c'est pas
52:54extrêmement compliqué. Non, pour une boîte de service
52:56et de conseil, oui. Il suffit effectivement
52:58d'avoir une bonne efficacité dans les
53:00transports et autres, mais ils sont déjà
53:02très efficaces sur les campus Accenture
53:04etc. avec l'énergie
53:06renouvelable et autres.
53:08Vous le disiez, si je reviens sur la
53:10brique innovation qu'apporte Accenture
53:12à ses clients, alors il y a eu l'ère internet
53:14et celle du regretté Pierre Nanterre
53:16on l'a bien connu effectivement
53:18dans le milieu du journalisme
53:20économique. Aujourd'hui c'est
53:22l'IA. J'imagine que
53:24Accenture, comment est-ce qu'Accenture
53:26communique d'ailleurs sur
53:28le levier que l'IA
53:30apporte en termes de business pour une entreprise
53:32comme celle-là ? Alors l'IA c'est clairement
53:34aujourd'hui un nouveau souffle pour le groupe.
53:36C'est encore embryonnaire
53:38même si c'est des montants importants
53:40mais il y a d'autres aspects.
53:42C'est-à-dire que par exemple, ils estiment que
53:4440% des entreprises mondiales n'ont pas encore
53:46fait leur migration dans le cloud par exemple.
53:48Donc ça, il y a encore énormément de croissance à aller chercher là.
53:50Un tiers des grandes entreprises
53:52seulement ont commencé à structurer
53:54tout ce qui est data. Donc il y a
53:56un potentiel de croissance qui est très important.
53:58Et puis l'IA, c'est bien sûr
54:00maintenant je dirais le troisième étage
54:02de la fusée.
54:04C'est aujourd'hui à peu près, si on regarde l'ensemble
54:06de l'exercice 2024 qui sera clôturé
54:08fin août, c'est 2 milliards
54:10de revenus sur
54:12une société qui va faire cette année 65
54:14milliards de chiffre d'affaires. Donc c'est encore
54:16petit mais en ce moment
54:18les commandes doublent tous les trimestres.
54:20Donc ça va assez vite et
54:22ce qu'on peut penser même c'est que c'est quelque chose qui va être
54:24exponentiel. Donc c'est
54:26un élément important
54:28de croissance organique.
54:30Et c'est aussi un autre élément important, c'est un élément
54:32de gain de productivité pour Accenture même.
54:34Parce que
54:36c'est un groupe qui a beaucoup de codeurs,
54:38forcément. Grosse présence
54:40offshore, notamment
54:42en Inde par exemple.
54:44Et on pense,
54:46et c'est très vraisemblable, que
54:48on va gagner beaucoup de temps finalement
54:50et d'efficacité grâce à l'intelligence artificielle
54:52au sein même d'Accenture.
54:54Les métiers d'Accenture
54:56ont des passerelles évidentes
54:58ou des convergences avec d'autres
55:00entreprises qui ne seraient pas forcément
55:02issues du même monde. Je parle
55:04sous votre contrôle Olivier mais j'ai souvenir
55:06alors c'était Publicis à l'époque, Maurice Lévy
55:08qui avait pris une grande avance sur
55:10le digital. Derrière
55:12la valeur ajoutée d'Accenture
55:14et de Publicis, il y a les données.
55:16Est-ce que sur le plan
55:18justement de l'importance
55:20aux données, il y a des convergences
55:22et pourquoi pas des synergies capitalistiques
55:24possibles entre ces deux mondes ?
55:26A un moment c'était des rumeurs et c'était même
55:28peut-être des plans possibles
55:30pour ces entreprises. C'est sûr qu'il y a
55:32beaucoup d'éléments qui sont possibles
55:34pour comparer les deux
55:36sociétés. Il y a eu beaucoup de spéculations
55:38c'est sûr sur les deux entreprises.
55:40On n'a pas vu de concrétisation encore entre ce monde
55:42du conseil et ce monde qu'on appelle de la publicité
55:44mais qui va bien au-delà du conseil en général.
55:46Aujourd'hui Publicis
55:48qui est aussi une société qu'on a en portefeuille
55:50Publicis et Accenture ce sont
55:52des concurrents frontaux maintenant.
55:54Ils se voient comme concurrents ?
55:56Sur toute une partie de l'activité c'est clair.
55:58Et d'ailleurs dans sa communication Publicis parle
56:00beaucoup d'Accenture.
56:02Mais en termes de marge, les deux
56:04groupes sont très proches. On est aux alentours de
56:0616-17% de marge d'exploitation.
56:08L'une a des returns equity
56:10bien supérieurs c'est Accenture par rapport
56:12à Publicis parce qu'il y a eu moins
56:14d'acquisitions transformantes que Publicis.
56:16Mais on est tout à fait
56:18clairement dans des activités maintenant
56:20où sur des appels d'offres ils sont en concurrence
56:22et ça montre d'ailleurs la force
56:24de Publicis qui est aussi une
56:26très belle entreprise.
56:28Qu'est-ce qu'on attend d'une entreprise
56:30comme Accenture dans un portefeuille boursier ?
56:32Vous parliez d'une entreprise
56:34aristocratique.
56:36Est-ce qu'on parle là aussi d'une valeur aristocratique
56:38sur le plan
56:40de la gestion de portefeuille ?
56:42D'abord c'est magnifique.
56:44Si on regarde le track record d'Accenture
56:46ça a été introduit à 14,50$
56:48il y a 24 ans.
56:50On est à 300$ aujourd'hui.
56:52Quelqu'un qui aurait senti ça
56:54dès le début et qui aurait vraiment gardé en fonds
56:56de portefeuille Accenture
56:58la performance dividende réinvesti
57:00c'est une multiplication par
57:0227 de la valorisation.
57:04C'est très impressionnant
57:06et ça fait réfléchir d'ailleurs sur l'investissement à long terme
57:08puisque le plus important au-delà
57:10des aléas de marché et de la volatilité
57:12c'est bien d'identifier ces pépites très très tôt.
57:14C'est une valeur de fonds
57:16de portefeuille c'est vraiment une valeur de croissance
57:18les ratios de valorisation aujourd'hui
57:20sont tout à fait confortables
57:22puisqu'on est à peu près à 25 fois les résultats attendus
57:24pour l'année prochaine.
57:26Mais pour une valeur de technologie
57:28on ne peut pas en attendre
57:30une forte revalorisation
57:32des multiples
57:34mais on peut en attendre une forte accélération des résultats.
57:36Et donc on accompagnera
57:38finalement cette croissance des résultats
57:40le modèle d'Accenture c'est une croissance
57:42des résultats par action de 10% par an.
57:44Pourquoi ? Parce qu'ils génèrent beaucoup de free cash flow
57:46donc ils rachètent beaucoup de titres
57:48ils versent
57:50sur 9 milliards de free cash flow
57:52annuel, c'est l'objectif de l'année prochaine
57:54ils vont reverser
57:56quasiment 7 milliards et demi à l'actionnaire
57:58en forme de dividende et de rachat de titres.
58:00Donc c'est quelque chose qui est très puissant
58:02après ils font des petites acquisitions
58:04ciblées qui vont permettre
58:06à ce modèle de continuer à peu près
58:08à 10% de croissance des résultats.
58:10Et ce que disait Pierre Danterme c'est assez intéressant
58:12c'est qu'il disait notre modèle
58:14moi je l'ai pensé pour qu'on puisse être
58:161 million de personnes dans l'entreprise.
58:18Ils sont 750 000.
58:20On est pas si loin mais il y a encore de la marge
58:22mais ce qu'il avait peut-être pas vu
58:24c'est que l'intelligence artificielle
58:26leur permettrait de faire des gains de productivité important
58:28et donc peut-être que ça repousse encore
58:30cette limite du modèle.
58:32Regrettez Pierre Danterme qui a été une personnalité
58:34importante pour le business
58:36mondial à la tête d'Accenture
58:38mais particulièrement également pour l'écosystème français.
58:40Merci beaucoup Olivier.
58:42Olivier Delose associé et gérant
58:44et associé gérant chez Clartemps
58:46associé sur le dossier Accenture
58:48dans ce dernier quart d'heure de Smartboard
58:50ce soir sur Vismart.