• il y a 3 mois
Vendredi 5 juillet 2024, SMART BOURSE reçoit Enguerrand Artaz (Gérant, La Financière de l'Echiquier) , Patrice Gautry (Chef économiste, Union Bancaire Privée) et Régis Bégué (Associé, coresponsable de la stratégie Memnon European, Zadig Asset Management)

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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:14Angueran Arthas nous accompagne ce soir, gérant à la financière de l'échiquier.
00:17Bonsoir Angueran.
00:18Bonsoir Grégoire.
00:19Ravi de vous accueillir ce soir, ravi de retrouver Régis Béguier également.
00:21Bonsoir Régis.
00:22Bonsoir Grégoire.
00:23Désormais associé chez Zadig Asset Management et gérant chez Zadig bien sûr.
00:27Et Patrice Gauthry nous accompagne également.
00:29Bonsoir Patrice.
00:30Bonsoir.
00:31Merci beaucoup d'être là.
00:32Vous êtes chef économiste de l'union bancaire privée.
00:34Je me tente vers vous pour commencer.
00:36Patrice, habituellement c'est vrai que l'histoire montre même qu'il est souvent judicieux
00:40pour un investisseur de ne pas trop prendre en compte le bruit politique dans ses décisions
00:45d'investissement.
00:46Est-ce que c'est un playbook qui fonctionne dans l'environnement actuel ou est-ce que
00:51le ou les situations politiques du moment, je parle de la France mais pas uniquement,
00:56sont des situations à prendre en compte plus sérieusement que d'habitude pour un investisseur ?
01:01Oui, là ça fait quand même pas mal de bruit.
01:03Il y a pas mal d'élections parce que l'année 2024, on connaît les pays développés,
01:07on a laissé un peu de côté les pays émergents mais il y a eu déjà beaucoup d'élections
01:12avec des surprises.
01:13En fait, si on dresse le panorama de toutes les élections que l'on a eues depuis le
01:17début de l'année, les surprises étaient effectivement des fois un petit peu difficiles
01:22pour les marchés puisque soit les majorités n'étaient pas là ou soit les candidats
01:25n'étaient pas là.
01:26Grosso modo, on est obligé pour simplement, pas en termes de spéculation mais simplement
01:30pour dessiner une trajectoire et là, c'est bien au centre du sujet où il y a deux trajectoires
01:36qui vont certainement se mettre en place, qui peuvent être assez différentes entre
01:40d'une part cette économie anglaise qui avait dérivé par rapport à l'Europe continentale
01:46et puis une Europe continentale qui est un petit peu sur la sellette par rapport aux
01:50défis qu'il y a en France mais aussi dans les autres pays.
01:54La coalition espagnole n'est pas au milieu de sa forme, la coalition allemande a un peu
01:58de mal avec les feux tricolores où ça commence à tourner au vinaigre.
02:02Donc, on voit bien que la copie politique, pour résumer effectivement, est malheureusement
02:07à tenir compte ou à considérer pour un investissement.
02:09Dans le cas français par exemple, on parle là d'une simple incertitude électorale
02:14qui sera résolue dimanche soir à la faveur des résultats du second tour ou est-ce que
02:20c'est plus qu'une incertitude voire demain un risque matériel ?
02:25Encore une fois, je parle de la perspective, de l'investissement et de l'économie en l'occurrence également.
02:30Je ne connais pas les résultats de l'élection, ce qu'on peut dire néanmoins...
02:34Non mais les sondeurs français sont assez fiables par rapport à d'autres sondeurs ailleurs dans le monde.
02:39Il y a quand même une prédictibilité peut-être plus importante en France qu'ailleurs.
02:43Ce qu'on peut dire c'est que la trajectoire qu'a connue la France sur les 5, 7 ou 10 dernières années
02:49risque effectivement d'être assez différente, quel que soit en fait le type de gouvernement
02:54que l'on ait pour les deux prochaines années, puisqu'il y a les élections présidentielles après,
02:59qui peuvent redistribuer dans un cadre normal,
03:02d'élections prévues qui tombent au moment où elles sont prévues,
03:05qui peuvent redistribuer les cartes. Donc là la trajectoire,
03:07l'économie française est un peu à un tournant, aussi avec l'économie européenne,
03:12puisqu'on a vu que, alors même s'il y a une relative stabilité
03:16des partis centristes et conservateurs au sein du Parlement européen,
03:19il y a quand même peut-être une redéfinition des postes des commissaires européens,
03:24donc ça c'est important, et puis aussi des priorités.
03:27Et derrière ces distributions politiques, il y a des fonds,
03:31et des fonds européens qui sont alloués, et là on peut avoir des priorités qui vont changer.
03:37Elles étaient déjà en train de bouger, notamment le critère de la défense,
03:41qui avait été mis un petit peu de côté, maintenant revient au niveau du Parlement européen,
03:44et donc la cohésion européenne, l'intégration européenne,
03:48l'homogénéité de la zone euro, c'est effectivement un débat qui est important,
03:52compte tenu de ce qui se passe en Ukraine,
03:54compte tenu de ce qui se passe aux Etats-Unis et en Chine,
03:57et compte tenu de ce qui va se passer en France.
03:59Mais ça veut dire que cette situation, oui, in fine,
04:02peut ou pourrait avoir des impacts profonds sur de grandes thématiques d'investissement,
04:08de fonds qu'on peut associer à l'Europe, par exemple.
04:11Alors oui, d'ores et déjà, pour moi, en dehors des élections,
04:14quel que soit le parti ou la coalition au pouvoir,
04:17on a déjà, on est de toute façon dans une situation mondiale
04:22qui est challenging en quelque sorte, avec des défis importants.
04:25Les Etats-Unis et la Chine ne se supportent pas,
04:28l'entrée en campagne électorale américaine ne va pas du tout arranger les choses,
04:32et l'Europe est entrée également en guerre terrifaire.
04:35Alors là c'est nouveau par rapport à 2016,
04:38où M. Trump était effectivement le porte-drapeau, je dirais,
04:41de l'action sur les tarifs, les tarifs douaniers.
04:44Mais là, en fait, on a des Etats-Unis, une Europe et une Chine
04:47qui sont en train de jouer avec ça.
04:48Donc là, d'ores et déjà, au niveau du commerce mondial,
04:51on est en train de redéfinir une thématique,
04:53sans parler de déglobalisation, qui a déjà en partie peut-être eu lieu.
04:57Là, on va cimenter sur des trajectoires sur les 5-7 prochaines années.
05:02En dehors, effectivement, de toute variation politique.
05:05Ce qui veut dire que si l'Europe, par exemple, doit réagir à Titre Auta,
05:10c'est-à-dire qu'on joue à la main chaude sur les tarifs,
05:12et bien entendu, on a parlé du port, on a parlé du cognac
05:16pour, effectivement, les exportations européennes,
05:19mais ça peut aller aussi beaucoup plus loin,
05:21puisque le problème derrière, c'est l'accès à la technologie,
05:24et c'est, bien entendu, je dirais, la définition d'une sécurité.
05:28Le terme de sécurité économique, de sécurité énergétique,
05:32est un petit peu au centre des débats.
05:34Derrière cette acquisition de technologie.
05:36Donc, on voit bien qu'en fait, on est en train d'ouvrir une porte
05:38sur les 5 prochaines années, qui est complètement différente
05:41de celle qu'on a vécue, puisque là, on sortait de l'époque Covid,
05:45et même encore très différente de l'époque où M. Trump
05:48était aux manettes aux Etats-Unis.
05:50Sécurité, d'ailleurs, c'était un peu le concept économique
05:53de la plateforme travailliste au Royaume-Uni.
05:56Ils appellent ça les Securonomics.
05:57Alors Securonomics, là, c'est un peu différent.
06:00En fait, c'est pour justifier de l'interventionnisme de l'État.
06:02C'est-à-dire que l'État va construire, en fait,
06:05justement, l'indépendance énergétique,
06:07mais aussi d'autres éléments de sécurité.
06:09Sécurité de l'emploi, sécurité pour accès à la santé.
06:11Là, c'est des thématiques au Royaume-Uni qui sont importantes.
06:15Donc, en fait, c'est une façon de justifier un interventionnisme
06:18et certaines fins de l'État libéral au Royaume-Uni.
06:23Bon, cette dimension politique, comment vous la regardez, Régis ?
06:26Encore une fois, il y a le cas français brûlant,
06:28d'autant plus pour nous qui sommes en plein dedans.
06:30Mais il n'y a pas que ça.
06:32Et est-ce que c'est un facteur, effectivement, qui a un impact
06:35de court terme sur la course des marchés ?
06:37Sans doute, mais qui pourrait avoir peut-être une empreinte
06:40un peu plus longue que d'habitude.
06:42Alors, en Europe, le cas français est quand même le cas central aujourd'hui,
06:46dans la mesure où ce qui se passe au Royaume-Uni.
06:50On a au Royaume-Uni un gouvernement, effectivement, de gauche,
06:54mais plutôt business friendly.
06:56Pardonnez-moi l'expression, mais je ne trouve pas le mot en français.
06:59Sacrément pro-business par rapport à des parties de gauche
07:03qu'on peut observer ailleurs en Europe, pour dire les choses.
07:06Plutôt un esprit de relance économique par la consommation,
07:11une politique plutôt keynésienne, effectivement,
07:13dépenses d'infrastructures, etc.
07:16Mais avec une attention sur les déficits.
07:20Et donc, globalement, un programme qui peut éloigner quand même
07:26une partie de la partie la plus aisée du Royaume-Uni.
07:29Donc, il faut voir s'il y a quand même des fuites de capitaux
07:31aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, pardonnez-moi.
07:33Ça peut quand même mettre un petit peu de pression
07:37sur ces promesses politiques.
07:39Mais, en tout état de cause, au départ,
07:41on n'a pas un programme qui est extravagant.
07:43Il n'y a pas de rupture.
07:44On cherche à offrir de la visibilité, j'ai l'impression.
07:46Les marchés, par anticipation, n'étaient pas particulièrement nerveux.
07:50Et sur la nouvelle, sont plutôt détendus.
07:54Le disant anglais se détend de 4-5 BP
07:58à l'heure où nous nous parlons.
08:00Sur la défaite que vous avez mentionnée du Parti conservateur,
08:03elle cache quand même, enfin, le score historiquement bas
08:06du Parti conservateur cache le fait qu'il s'est pris,
08:09il s'est fait prendre aussi beaucoup de voix par Nigel Farage.
08:12Donc, avec un esprit très nationaliste d'un côté,
08:16mais très, très libéral de l'autre.
08:19Donc, la tendance n'est pas non plus si claire que ça.
08:22Il y a eu un rejet du Parti traditionnel conservateur
08:25qui peut nous rappeler peut-être ce qu'il s'est passé
08:27en France il y a quelques années
08:29ou même il y a quelques semaines.
08:31Et voilà. Mais le résultat est un peu différent.
08:34Il faut avoir en tête que les travaillistes
08:38n'ont fait qu'un tiers des voix, deux tiers des sièges.
08:40– La loi électorale fait que, effectivement,
08:42un tiers des voix vous bénéficient des deux tiers des sièges.
08:47– Sur le Royaume-Uni, on a plutôt maintenant une certaine visibilité.
08:52Une consommation qui devrait plutôt reprendre.
08:54Et là où on a le moins de difficultés…
08:56– Donc, huit ans après le Brexit, le Royaume-Uni sort,
08:58a passé son pic populisme.
09:00– C'est exactement. En tout cas, son pic d'inquiétude.
09:02– Son pic d'inquiétude.
09:04– Et on est vraiment les yeux arrivés un peu plus sur la France.
09:06– Et de l'autre côté de la manche, alors ?
09:08– Il faut rappeler quand même que depuis quelques semaines,
09:10le rendement du 10 ans français est supérieur au rendement du 10 ans portugais.
09:16Rappelons-nous des gypses.
09:18C'était pas une expression qui était très sympathique,
09:20mais les gypses de 2011,
09:22maintenant sont devenus les GIF,
09:24avec la France à la place du P.
09:26– Et rappelons aussi tous les efforts
09:28qui ont été faits par le Portugal,
09:30qui ont permis aussi intrinsèquement aux taux portugais
09:32de se détendre considérablement.
09:34– Juste en dessous de la Grèce.
09:36Entre le Portugal et la Grèce,
09:38on est à 10BP au-dessus du Portugal,
09:4010BP au-dessus de la Grèce.
09:42En dessous de la Grèce, pardon.
09:44– Et ça c'est quoi ?
09:46C'est fair ? C'est correctement payé ou pas ?
09:48– Le spread avec l'Allemagne,
09:50si vous regardez la trajectoire de la dette française,
09:52effectivement, il n'y a jamais d'arrêt.
09:54Vous regardez,
09:56il y a eu un pic de dette pour tout le monde
09:58au moment du Covid,
10:00vous regardez la dette allemande est redescendue
10:02maintenant par rapport au pic du Covid
10:04– Et celle des pays périphériques également.
10:06– Et celle des pays périphériques également,
10:08et pas du tout celle de la dette française
10:10qui continue sa trajectoire haussière
10:12dont on ne voit pas du tout d'inversion.
10:14On voit encore moins d'inversion possible
10:16après ces élections,
10:18puisque aujourd'hui,
10:20vous avez deux possibilités.
10:22Une possibilité, c'est de n'avoir pas de majorité.
10:24C'est une possibilité qui donne quand même
10:26une grande inconnue,
10:28puisqu'on n'a jamais vraiment eu ça,
10:30une absence totale de majorité.
10:32On avait une majorité relative en 2022,
10:34mais là on n'aurait pas de majorité du tout.
10:36C'est-à-dire qu'on fait une espèce de gouvernement
10:38de coalition, qui en France ne se fait quand même
10:40pas tellement, ce n'est pas l'Allemagne,
10:42ni l'Italie, ni la Suisse.
10:44La France, on n'a jamais très bien fait,
10:46enfin Mitterrand l'avait fait
10:48à la fin des années 80, mais...
10:50– C'est le pari, de savoir si on peut apprendre.
10:52– C'est quand même un peu compliqué,
10:54et les institutions ne sont pas faites pour ça.
10:56Ou alors, un gouvernement technocratique,
10:58un peu à la manière de Mario Monti
11:00ou Draghi,
11:02ce qui s'est fait en Italie,
11:04ce qui serait peut-être une hypothèse plausible
11:06mais pas très durable,
11:08on ne peut pas imaginer que ça durerait encore
11:1015 années. Ou alors, troisième hypothèse,
11:12donc une majorité au Rassemblement national,
11:14qui semble s'être beaucoup recentré
11:16par rapport à son programme
11:18de 2022, un programme économique
11:20qui est alors aujourd'hui plus
11:22raisonnable, mais encore
11:24assez dépensier quand même. Donc dans les trois
11:26hypothèses, on n'a pas...
11:28– Il n'y a rien qui améliore la trajectoire des finances publiques en France.
11:30– Il n'y a pas d'enthousiasme sur le plan des finances publiques.
11:32C'est pourquoi le spread, effectivement,
11:34de dette avec l'Allemagne,
11:36de taux de rendement avec l'Allemagne
11:38se resserre,
11:40mais est encore relativement
11:42élevé.
11:44On était à 40-50 BP
11:46avant les élections
11:48européennes. On est monté jusqu'à
11:5080-90, là ça se tendait vraiment.
11:52On est redescendu à 60
11:54en éliminant, je dirais,
11:56les hypothèses les plus catastrophistes
11:58sur le résultat de ces élections.
12:00Mais ça reste un moment
12:02d'assez grande tension.
12:04Effectivement, il va y avoir le débat de savoir si
12:06dans le cas d'un résultat très défavorable
12:08ou d'une politique
12:10très, très dangereuse,
12:12l'ABCE interviendrait.
12:14L'Allemagne n'a pas l'air d'être tellement
12:16de cet avis, ce qui peut se surprendre.
12:18– On n'en est pas là. Question qu'on peut se poser.
12:20– Oui, question. On a eu
12:22un silence assourdissant
12:24de Mme Lagarde depuis
12:26les premiers résultats des élections,
12:28ce qui est normal. – Ce qui paraît être
12:30une position tout à fait appropriée à ce stade.
12:32– Oui, oui, oui, tout à fait.
12:34– On peut avoir beaucoup de critiques
12:36vis-à-vis de l'ABCE, que l'ABCE
12:38n'intervienne pas dans la séquence
12:40électorale française, ça me paraît la moindre des choses.
12:42– Pour l'instant,
12:44au cœur du sujet, et puis bien sûr à suivre,
12:46plus important encore, les États-Unis.
12:48– Oui, oui.
12:50– Parce que si Biden devait être
12:52remplacé aux États-Unis
12:54par un autre candidat démocrate, il y a beaucoup
12:56de candidats démocrates relativement farfelus.
12:58Donc Biden,
13:00c'était celui qui était le plus…
13:02Il est ce qu'il est, mais c'était celui
13:04qui était le plus raisonnable économiquement.
13:06Et donc, vous pouvez
13:08aussi avoir… – Oui, oui, peut-être pas
13:10au bout de nos surprises politiques
13:12amis, par contre, cette année 2024.
13:14Sur cette dimension politique
13:16et, encore une fois, du point de vue de l'investisseur
13:18en guérant, je le disais,
13:20l'histoire nous montre
13:22qu'il ne faut pas trop accorder
13:24de considération au bruit politique
13:26quand on investit pragmatiquement,
13:28rationnellement sur les marchés.
13:30Parce que là, quand même, il y a des incertitudes, des risques
13:32qui font dire que ça peut remettre en cause
13:34des choses importantes pour l'investisseur.
13:36– En fait, je pense que tout dépend
13:38de l'horizon dans lequel on se place.
13:40À court terme, on va certainement
13:42évacuer un petit peu le sujet, notamment le sujet français
13:44d'ici quelques jours, quand on va
13:46avoir le résultat des élections
13:48avec une réaction de marché qui sera
13:50court-termiste et qui sera ce qu'elle sera.
13:52Après, un peu plus long terme, comme l'a bien expliqué Patrice,
13:54tout ça s'inscrit quand même
13:56dans un changement dynamique mondial
13:58où là, on est obligé quand même
14:00d'en tenir compte
14:02d'un point de vue d'investisseur, ne serait-ce que sur
14:04des histoires, notamment
14:06d'inflation, puisqu'on sait très bien
14:08que si on a une déglobalisation
14:10qui accélère à cause de ces phénomènes-là,
14:12on aura structurellement des cycles
14:14un petit peu plus inflationnistes qu'avant.
14:16Donc, on est forcément obligé d'en tenir compte
14:18soit sur un horizon de très court terme
14:20soit sur un horizon de plutôt long terme.
14:22Après, la réalité, c'est qu'entre les deux,
14:24il y a beaucoup de sujets de moyen terme
14:26qui paraissent quand même
14:28peut-être plus
14:30marquants pour les marchés
14:32que le sujet politique. Évidemment, c'est
14:34ce qui se passe notamment aux Etats-Unis
14:36sur le marché de l'emploi et même globalement
14:38toutes les
14:40dynamiques macro-économiques, puisque la zone euro
14:42ça redessoit un petit peu à nouveau
14:44dernièrement. Et je pense que ça, sur un horizon
14:46plutôt de moyen terme, c'est peut-être
14:48plus important pour l'investisseur
14:50que le bruit politique qui, évidemment
14:52à court terme, a un énorme impact.
14:54C'est pour ça qu'on en parle autant. Évidemment, ça nous touche
14:56tous, en plus, nous, dans notre vie personnelle.
14:58Mais sur un horizon de
15:00trois mois, six mois, un an...
15:02Ce n'est pas forcément ce qui va façonner
15:04la course, la dynamique des marchés.
15:06Je pense pas, effectivement.
15:08Je pense que c'est à...
15:10Ce qu'a décrit Patrice sur les changements
15:12du monde, c'est des choses...
15:14Alors, il y a des phases où ça peut accélérer et créer
15:16des phénomènes qui impactent les marchés
15:18très durement sur, à coup, on l'avait vu en 2018
15:20avec la guerre commerciale, etc.
15:22C'est quand même plutôt des tendances
15:24d'assez long terme. Et donc,
15:26l'impact direct
15:28sur le terme de stratégie de marché,
15:30il n'est pas forcément
15:32facilement perceptible.
15:34Et donc, c'est peut-être plus sur des questions
15:36macroéconomiques qu'il faut, à mon avis, se recentrer
15:38une fois qu'on aura évacué le bruit
15:40politique, de court terme, notamment avec la France.
15:42Allons-y sur la macroéconomie.
15:44Le marché américain nous offre
15:46aujourd'hui la publication du rapport mensuel sur l'emploi.
15:48On reste
15:50200 000 créations. Ça reste bien.
15:524,1% de taux de chômage.
15:54Ça reste compatible avec
15:56l'idée d'un quasi plein emploi
15:58aux Etats-Unis. Néanmoins,
16:00en dynamique, tout le monde constate,
16:02avec des moyennes 3 mois, etc.,
16:04une forme de ralentissement.
16:06Est-ce qu'on est encore dans un refroidissement
16:08de l'activité économique
16:10américaine conforme
16:12à ce qu'on peut attendre
16:14après l'épisode de surchauffe
16:16post-Covid, notamment ? Ou est-ce qu'on est
16:18proche de déborder vers quelque chose
16:20qui serait moins attendu
16:22ou moins souhaité, notamment, par la
16:24réserve fédérale américaine ? Je pense qu'il y a
16:26deux choses à préciser sur ce sujet-là.
16:28On évoquait
16:30les créations d'emplois, un nombre de farm payrolls qui sont
16:32le chiffre peut-être le plus
16:34regardé par les marchés et même un peu par la Fed.
16:36Le problème avec ce chiffre, c'est
16:38qu'il est constamment révisé d'un mois sur l'autre
16:40et quasi systématiquement vers le bas.
16:42Le cumul depuis le début de l'année des révisions,
16:44c'est 250 000 créations d'emplois en moins
16:46par rapport aux premières estimations.
16:48Si on cumule depuis
16:50début 2023, c'est
16:52quasiment 600 000.
16:54Et
16:56le problème, c'est qu'en plus, elles sont
16:58révisées de manière annuelle derrière
17:00avec les ajustements liés
17:02notamment au calcul d'ajustement de la
17:04démographie du bureau du recensement
17:06américain et la Fed
17:08de Philadelphie a beaucoup travaillé sur ce sujet-là
17:10et en fait, quand on prend les
17:12calculs de la Fed de Philadelphie et qu'on les
17:14cumule avec ces révisions mensuelles,
17:16depuis début 2023, c'est 1,5 million
17:18de créations d'emplois
17:20de moins par rapport aux chiffres préliminaires.
17:22C'est-à-dire 100 000 créations d'emplois en moins
17:24par mois.
17:26En fait, ce chiffre, quelque part,
17:28il est difficilement fiable dans la mesure où il
17:30semble quand même un petit peu structurellement surévalué.
17:32Donc ça, c'est la première chose. Parce qu'en fait, le marché
17:34de l'emploi américain est certainement
17:36en moins bonne santé que ne le laissent supposer
17:38les chiffres de
17:40Non Farm Perl. La deuxième chose,
17:42c'est que, je pense que ça commence à
17:44devenir assez clair, on a passé une phase
17:46de normalisation qui était plutôt
17:48positive par rapport aux excès qu'on avait
17:50post-Covid. Rappelez-vous,
17:52on avait un ratio entre le nombre de postes
17:54à pourvoir et le nombre de demandeurs d'emploi
17:56qui était passé au-dessus de 2. C'est-à-dire que
17:58face à deux offres d'emploi, on n'avait qu'un seul
18:00demandeur d'emploi disponible. Donc forcément, ça crée des
18:02très grosses tensions. Là, on est redescendu
18:04autour de 1,2,
18:06ce que sont les niveaux à peu près d'avant
18:08Covid. C'est même encore un peu en dessous si on regarde que
18:10l'emploi privé. Donc on a eu toute cette phase de
18:12normalisation qui était bénéfique parce qu'elle
18:14rééquilibrait l'offre-demande et elle faisait
18:16baisser un peu la tension sur
18:18l'inflation salariale. Donc ça, c'était positif.
18:20Là, le problème, c'est qu'on commence
18:22vraiment à rentrer maintenant dans une phase un peu
18:24de dégradation. On n'est plus, à mon avis, dans
18:26une phase de normalisation, on rentre dans une phase de dégradation.
18:28Et quand on regarde
18:30le détail du rapport emploi,
18:32il y a beaucoup de chiffres quand même qui sont assez mauvais.
18:34L'emploi à temps plein
18:36par rapport à l'emploi à temps partiel chute
18:38énormément. Le recours à l'intérim
18:40chute également beaucoup. Là, sur le mois,
18:42c'est le pire mois
18:44hors Covid depuis la crise
18:46de 2008, la baisse du recours à l'intérim.
18:48Emploi privé
18:50versus emploi public, on a la même chose.
18:52On a la même chose aussi si on regarde
18:54l'enquête auprès des ménages.
18:56Qui a un peu corrigé ce mois-ci mais qui était
18:58catastrophique le mois dernier.
19:00Et quand même très mauvaise.
19:02Les ménages américains
19:04voient des destructions d'emploi quand
19:06l'enquête auprès
19:08des entreprises continue de voir des créations
19:10d'emploi. Pas ce mois-ci mais
19:12sur les mois précédents, c'était le cas.
19:14Là, l'inverse, c'est que ce chiffre-là est peut-être un tout petit peu sous-estimé
19:16dans la mesure où il ne prend peut-être pas totalement
19:18en compte l'impact de la
19:20migration de travail qu'il y a eu aux Etats-Unis
19:22ces derniers mois. Mais si on fait
19:24la moyenne entre ce chiffre-là et les chiffres
19:26de l'NFP, en fait, la tendance est quand même...
19:28Et donc, il est temps pour la réserve fédérale américaine de se
19:30mettre en action ? C'est ça le message ?
19:32Ce qui est quand même un peu surprenant, c'est que
19:34aujourd'hui, on a un taux de chômage qui ressort à
19:364,1. On a une réserve fédérale
19:38qui, dans ses dernières projections, nous donne
19:40un objectif de taux de chômage à
19:424 pour fin 2024.
19:44Donc, on est déjà au-dessus. Et en plus, on a des
19:46tendances sous-jacentes qui
19:48ne sont pas très bien orientées. C'est-à-dire que si c'était
19:50simplement une histoire de composition,
19:52de taux de participation, de choses comme ça,
19:54ça ne serait pas très inquiétant. Là, toutes les tendances
19:56sous-jacentes se dégradent. Donc,
19:58il semble quand même qu'il y a un petit risque
20:00que la réserve fédérale
20:02soit un petit peu, comme on dit, behind the curve,
20:04c'est-à-dire un petit peu en retard sur l'évolution
20:06du cycle économique, soit trop focalisée
20:08sur l'inflation, pas assez sur l'emploi.
20:10Et ça, pour les marchés,
20:12ça me semble être quand même un point d'attente.
20:14Qui doit être très intense.
20:16Plus presque que le bruit de court terme
20:18de l'électorat. Et d'autant plus important
20:20dans un contexte de bruit et d'agitation
20:22politique, j'imagine, effectivement.
20:24Oui, et puis en plus, on pourrait très bien,
20:26on en disque avant l'émission, on pourrait très bien
20:28avoir un cas où ces chiffres commencent vraiment
20:30à se dégrader encore un peu plus au moment
20:32de l'élection américaine. Je vous laisse supposer
20:34le coup que ça pourrait donner.
20:36Bon, Patrice, est-ce que la Fed est bientôt
20:38mûre pour signaler explicitement
20:40une première baisse de taux qui rejoindrait
20:42celles qui ont déjà été
20:44accomplies d'ailleurs par
20:46plusieurs grandes banques centrales, y compris
20:48en Europe ? Est-ce qu'un
20:50CPI, un chiffre d'inflation américain
20:52qui sera publié la semaine prochaine,
20:54en ligne ou en dessous des attentes,
20:56est-ce que ça nous envoie le signal
20:58d'une première baisse de taux
21:00garantie ou en tout cas
21:02très probable en septembre ? Je rebondirais
21:04sur deux points. Le premier point, c'est
21:06les marchés et les marchés monétaires
21:08ont passé leur temps à anticiper des baisses de taux
21:10qui ont dû être reportées. Donc,
21:12je me méfie, même si le
21:14chiffre, effectivement, je partage tout à fait l'analyse
21:16qui vient d'être faite sur le marché de l'emploi,
21:18même si je souscris à cette analyse,
21:20c'est-à-dire, attention de ne pas attendre
21:22trop tôt. Et le discours de la Fed,
21:24c'est trop tôt.
21:26Et le discours de la Fed, c'est bien
21:28ni trop tôt, ni trop tard.
21:30Parce que derrière, on peut avoir
21:32deux erreurs. Et l'erreur de faire
21:34de baisser les taux trop tôt,
21:36c'est effectivement de ne pas avoir
21:38la détente dans les services.
21:40Les services, ça bloque
21:42et il y a quelque chose qui bloque encore plus,
21:44ce sont les loyers.
21:46Et là, effectivement, il faut avoir
21:48les services, c'est une action
21:50qui est longue
21:52par rapport à la politique monétaire.
21:54Il faut du temps. Et effectivement,
21:56pour l'instant, même si la Fed,
21:58on se rappelle qu'il y a un moment
22:00au printemps, on parlait de hausse
22:02de taux de la Fed. Parce qu'on disait, mais attendez,
22:04vous ne contrôlez rien. Là, on dit,
22:06mais attendez, vous ne contrôlez rien, parce que ça va se casser la figure.
22:08Donc, l'action
22:10effectivement de la Fed
22:12met du temps, et l'action de la politique
22:14monétaire met du temps, on le voit sur le crédit,
22:16ça mord sur le crédit. Mais,
22:18ça ne mord pas dans les conditions financières,
22:20ça mord sur le crédit, l'octroi de crédit,
22:22la demande de crédit et l'offre de crédit.
22:24Donc, il y a une action, ce qui veut dire que la Fed
22:26est plutôt rentrée dans, je dirais,
22:28une opération de gestion des risques,
22:30risque de baisser trop tôt,
22:32ou risque de ne pas baisser assez vite.
22:34Et ces deux risques sont équivalents encore aujourd'hui ?
22:36Les deux risques, pour moi, sont équivalents.
22:38Il faudra, ce qui, et c'est le deuxième
22:40élément sur lequel je rebondirais,
22:42oui, les créations d'emplois ont révisé,
22:44donc là, la Fed se sent beaucoup plus à l'aise,
22:46le taux de chômage monte,
22:48bon, les prévisions qui sont données
22:50par la Fed ne sont pas des prévisions,
22:52c'est un environnement, donc ce n'est pas une prévision
22:54au sens du FMI ou de l'OCDE.
22:56Donc, ça traduit effectivement que le marché
22:58du travail est en train
23:00de rentrer dans l'environnement, en fait,
23:02auquel s'attend, auquel désire la Fed.
23:04Il y a un élément, quand même, qui n'est pas tout à fait
23:06au rendez-vous, c'est l'évolution des salaires.
23:08Ça ne ralentit pas assez, on est encore
23:10au-dessus des 4%, il faudrait
23:12revenir dans cette configuration-là, plutôt
23:14vers 3, 3,5. Alors, d'ici le mois de septembre,
23:16on peut le faire. Sur trois mois, on est à
23:182, 9, 3, quoi.
23:20On peut venir, on peut s'approcher,
23:22et effectivement, en termes de gestion de risques,
23:24s'il y a un risque de rupture de l'activité,
23:26là, la Fed, effectivement,
23:28s'octroiera ou prendra le risque
23:30de baisser au mois de septembre.
23:32Mais on n'a pas ce point
23:34d'accélération de la fonction de réaction de la Fed encore aujourd'hui ?
23:36Pour l'instant, non. Regardez dans les indicateurs,
23:38on a eu des indicateurs dans l'industrie des services,
23:40l'ISM s'est cassé la figure, passant en dessous
23:42des 50, les manufacturiers services,
23:44alors que les PMI sont au-dessus des 50, ils disent
23:46qu'en fait, tout va bien. Donc, les relevés de température
23:48que l'on peut faire sur l'économie américaine,
23:50si vous faites grandes, petites entreprises,
23:52consommation, services,
23:54automobiles, eh bien, vous avez, en fait,
23:56quatre ou cinq états différents.
23:58Donc, pour l'instant, en fait, il n'y a pas de gaudilloc,
24:00c'est-à-dire que tout ne ralentit pas de façon harmonieuse,
24:02on a encore beaucoup de disparités, et la Fed
24:04attend, justement, peut-être, alors là,
24:06c'est une convergence par le bas,
24:08c'est-à-dire, en fait, qu'il y ait
24:10une vraie décélération, pour être sûr
24:12que, d'éviter ce qu'est en train
24:14de faire la banque d'Australie,
24:16c'est-à-dire qu'une fois qu'elle a baissé ses taux,
24:18l'inflation est repartie, et là, elle parle
24:20de remonter ses taux.
24:22Ça, la Fed ne supporterait pas, la BCE
24:24non plus, d'où les discours très prudents
24:26et les approches extrêmement pragmatiques
24:28que l'on aura.
24:30C'est un jeu d'équilibre compliqué,
24:32on sait que quand le taux de chômage commence à remonter un peu,
24:34souvent, il peut remonter aussi
24:36assez fort derrière.
24:38Pour casser la dynamique dans les prix des services,
24:40il faut un vrai ralentissement de la demande.
24:42C'est ça, et c'est le problème.
24:44Donc, on va reparler d'une petite récession américaine
24:46à un moment, là ?
24:48C'est quoi, une récession aux Etats-Unis ? Parce qu'il n'y en a pratiquement pas eu
24:50dans l'histoire, en définitive.
24:52Il y en a très, très peu. Le nombre de trimestres
24:54négatifs...
24:56Au sens du NBER, il y a eu très peu de récessions aux Etats-Unis.
24:58Récession américaine, les marchés auraient peur
25:00si on avait une croissance
25:02trimestrielle annualisée qui passe en dessous de 1%.
25:04Là, on parlera, effectivement,
25:06d'un ralentissement, et là, la Fed, effectivement,
25:08serait sensible à ça. Si jamais
25:10le troisième trimestre pourrait être un trimestre de
25:12trou d'air de l'activité, effectivement,
25:14la Fed va baisser ses taux au mois de septembre.
25:16Vos commentaires, Régis. Est-ce que vous sentez, quand même,
25:18que les banques centrales sont pas loin
25:20d'être un peu plus forward-looking ?
25:22Peut-être regarder un peu plus devant,
25:24relever un peu la tête du guidon, et offrir
25:26quelques baisses de taux supplémentaires ?
25:28Est-ce que c'est un soutien pour le marché ?
25:30Ce qu'on décrit sur l'économie,
25:32le krach allemand,
25:34l'économie américaine, et peut-être le risque
25:36d'une économie européenne
25:38en phase de décollage, mais qui se retrouverait
25:40un peu
25:42sapée, j'allais dire, par le choc
25:44d'incertitude. Est-ce que ça va se retrouver dans les
25:46résultats et les discours des entreprises
25:48qui vont vite revenir sur le devant de la scène ?
25:50D'abord, sur
25:52l'économie américaine,
25:54effectivement, je souscris à ce qui vient d'être dit, c'est-à-dire
25:56qu'il y a beaucoup de signaux qui sont, en réalité,
25:58assez contradictoires les uns avec les autres.
26:00Il n'y a pas de clarté, quand même, absolue
26:02du fait que ça a ralenti. C'est surtout
26:04le rythme de ralentissement. Sur l'inflation,
26:06également, il faut se souvenir qu'on a eu
26:08des chiffres extrêmement bas. On avait une très
26:10forte chute de l'inflation l'été dernier
26:12sur le Core CPI, et par conséquent
26:14qu'on a un effet de base qui est extrêmement
26:16faible, et que les chiffres assez faibles
26:18les derniers chiffres,
26:20les chiffres que nous allons connaître, assez faibles
26:22d'inflation au moment de l'été, peuvent être
26:24tout à fait contredits
26:26au moment de l'automne, au moment où on va perdre
26:28cet effet de base extrêmement bas
26:30de l'été dernier.
26:32Donc, pour ça, je pense que la Fed va,
26:34effectivement, n'être pas spécialement
26:36pressée de baisser ses taux.
26:38Et du coup,
26:40la BCE non plus, d'ailleurs,
26:42ça a été redit récemment
26:44par plusieurs voix de la BCE,
26:46qu'il n'y avait pas non plus une très grande urgence,
26:48que l'inflation n'était pas encore
26:50à l'objectif.
26:52Et c'est assez naturel,
26:54parce que,
26:56malheureusement pour elle, la BCE
26:58est quand même dépendante de la Fed.
27:00La BCE ne peut pas faire cavalier seule
27:02sur les taux, quand bien même l'inflation ralentirait
27:04en dessous de son objectif, parce que ça aurait
27:06des effets sur l'écartement des devises,
27:08qui serait, donc là, la BCE, elle est quand même
27:10un petit peu dépendante de la Fed.
27:12La Fed aussi, partiellement dépendante de la BCE,
27:14mais sans doute un petit peu moins dans ce sens-là.
27:16Et donc, vous dites miser sur une accélération du calendrier
27:18des baisses de taux à ce stade, c'est une hypothèse
27:20un peu risquée, quoi ?
27:22Ça me paraît un peu risquée à ce stade.
27:24Je ne pense pas que
27:26l'on soit entré dans cette phase-là,
27:28d'autant qu'on a
27:30une Chine qui est très faible
27:32depuis un petit moment, mais qui pourra, à un moment donné,
27:34repartir. Si la Chine repart,
27:36ça fera repartir l'Allemagne.
27:38Si la Banque repart, l'économie européenne ne sera pas
27:40en si mauvaise santé que ça. Il n'y aura pas non plus une si grande urgence
27:42à baisser les taux en Europe.
27:44Donc, je ne pense pas que ce soit une configuration
27:46dans laquelle il faille se placer.
27:48D'ailleurs, le marché ne s'y place pas pour l'instant
27:50particulièrement, parce que malgré
27:52toutes les incertitudes depuis le début de l'année,
27:54on a quand même un secteur bancaire qui a repris
27:56des couleurs. Alors, les banques françaises sont
27:58moins sensibles à la baisse des taux que les autres
28:00banques européennes,
28:02à la basse ou à la hausse des taux.
28:04Ils sont moins sensibles aux taux à cause du
28:06livret R, à cause de l'épargne
28:08réglementée en France, qui fait que les banques françaises
28:10sont moins sensibles aux taux. Mais on a
28:12un secteur bancaire qui, en Europe, en Allemagne, en Italie
28:14en particulier, a été très largement
28:16surperformé depuis le début
28:18de l'année, et effectivement
28:20qui ne montre pas de signes d'inquiétude
28:22de ce point de vue-là. Ça prouve que, implicitement,
28:24le marché ne valorise pas encore
28:26cette baisse des taux.
28:28Et puis, par contre, sur
28:30les valeurs d'hypercroissance,
28:32donc tout ce qui est lié à l'intelligence artificielle
28:34d'un côté et l'obédité de l'autre,
28:36principalement, pour faire ces deux grands thèmes-là,
28:38qui sont les thèmes d'hypercroissance du moment,
28:40on a des valeurs qui, à l'inverse,
28:42ont connu une très forte inflation
28:44de multiples, et comme si,
28:46je dirais, les taux avaient déjà
28:48baissé. Donc on ne va pas dire que
28:50on s'attende, enfin qu'on ait
28:52besoin, je dirais...
28:54Dans votre camp, avec l'idée qu'il faut être prudent
28:56sur une accélération des baisses de taux,
28:58vous dites, attention à ces segments d'hypercroissance
29:00qui ont peut-être un peu
29:02anticipé trop vite...
29:04...qui ont été très très loin,
29:06et c'est aussi quelque chose, il faut aussi avoir en tête
29:08que la Fed regarde les marchés
29:10financiers, et que
29:12les plus hauts des marchés américains
29:14qui, certes, sont concentrés sur un
29:16tout petit nombre de
29:18valeurs, un peu comme en Europe d'ailleurs,
29:20mais encore plus aux Etats-Unis,
29:22vont créer un effet richesse
29:24quand même, dont la Fed tient compte aussi
29:26dans sa perspective. Elle ne voudrait pas
29:28la Fed relancer
29:30une bulle spéculative
29:32qui est déjà quand même pas mal
29:34installée pour certains segments de la cote.
29:36Qu'est-ce que les résultats d'entreprises
29:38agrégées, j'entends, en guérant,
29:40vont apporter à l'analyse
29:42des investisseurs et des marchés ?
29:44Et c'est vrai qu'un mot quand même du marché américain,
29:46cette semaine
29:48on a vu le VIX retomber à 12
29:50et même en dessous.
29:52De nouveaux raccords sur le Nasdaq et le S&P
29:54500, avec toujours les mêmes
29:565, 6 plus grosses valeurs. Et puis même,
29:58on voit un Tesla qui est passé par
30:00moins 40 cette année, qui se refait la cerise
30:02et qui revient apporter de la contribution
30:04positive à la performance des indices.
30:06En fait, ce qui est assez
30:08intéressant avec ça, c'est qu'à quelques exceptions
30:10près, on observe en termes de
30:12performance de marché un peu ce qu'on observe sur les BPA.
30:14C'est-à-dire que les BPA du S&P,
30:16en fait, ils ne sont tirés quasiment que par les BPA
30:18de la PEC. Le reste du
30:20S&P, les BPA sont plutôt légèrement orientés
30:22à la baisse. Il y a une bulle de profit là déjà
30:24de ce point de vue-là. Il y a une bulle de
30:26profit et il y a une bulle de valorisation qui est encore plus
30:28élevée que la bulle de profit. D'accord.
30:30Les 10 premières valeurs du S&P, c'est environ
30:3235% du S&P, c'est
30:3423% des profits.
30:36Donc il y a en plus une dissymétrie de ce point de vue-là.
30:38Mais ce qui du coup va être important
30:40à regarder, alors évidemment le résultat de ces valeurs-là
30:42va avoir un énorme pouvoir déterminant
30:44sur les marchés, et même globalement
30:46sur les marchés mondiaux presque plus que la politique.
30:48Nvidia c'est 4,5% du MSCI World,
30:50la France c'est 2,7%.
30:52Donc ça donne à quel point
30:54ces résultats-là sont importants. Mais aussi
30:56derrière ça, ce sera intéressant
30:58de voir les résultats du reste de la cote
31:00et de voir si le reste
31:02des entreprises
31:04voient ces BPA
31:06s'améliorer ou pas du tout.
31:08Et la deuxième chose qui sera importante
31:10à regarder, aux Etats-Unis mais là aussi
31:12pas mal en Europe, c'est
31:14le message des entreprises.
31:16Où justement,
31:18notamment en Europe, on pourrait
31:20peut-être avoir quelques petites déceptions.
31:22Parce qu'on commençait à avoir
31:24une amélioration des perspectives
31:26sur l'Europe, on se disait notamment avec les indices
31:28SIFO, les PMI etc.
31:30qui repartaient à la hausse.
31:32Et puis là on a un petit trou d'air en juin
31:34qui peut-être n'est dû qu'à la politique.
31:36Le problème c'est qu'en parallèle
31:38ce qu'on appelle les hard data, les données dures
31:40ne s'améliorent pas non plus. On a eu aujourd'hui
31:42un chiffre industriel
31:44en France et en Allemagne.
31:46C'est pas bien orienté du tout quand même.
31:48Et donc, si les perspectives s'améliorent
31:50dans les enquêtes d'opinion mais qu'à un moment ça ne se transcrit
31:52pas dans les hard data, c'est que peut-être
31:54ce rebond n'est pas si fort que ça. Et dans cet environnement
31:56là, si on a
31:58un discours des entreprises sur les objectifs
32:00à 6, 12 mois
32:02qui devient plus prudent,
32:04ça va être
32:06un petit peu embêtant. A l'inverse,
32:08si au contraire les entreprises nous disent bon, finalement
32:10cette électorale, au-delà de ce bruit-là,
32:12le reste, les perspectives, ça va, la demande repart.
32:14On aura plutôt
32:16des bonnes surprises mais, à mon avis,
32:18il faudra beaucoup surveiller ça et le price action
32:20un peu comme au premier trimestre
32:22risque d'être un petit peu compliqué.
32:24On ne sent pas intuitivement
32:26qu'on évolue dans un environnement d'hyper
32:28confiance des agents économiques,
32:30consommateurs ou entreprises.
32:32Et puis, ce comportement
32:34de marché, de concentration sur les grands
32:36noms de la tech, il ne traduit pas une
32:38confiance très forte des investisseurs.
32:40Autrement, on aura un spreading,
32:42une diffusion du marché.
32:44Là, on ne l'a pas du tout. Donc, c'est un vrai
32:46sentiment un peu négatif
32:48qui reste dans ce marché.
32:49Comment vous regardez cette logique
32:51de marché sur la partie action, notamment,
32:53Patrice ? Et puis, effectivement,
32:55le lien entre la macro et la micro,
32:57dans un contexte
32:59macro de ralentissement,
33:01peut-être chancelant en Europe, d'un décollage
33:03un peu avorté,
33:05est-ce qu'on peut imaginer
33:07toujours que les entreprises
33:09viennent à la rescousse avec leurs résultats ?
33:11Ou est-ce qu'à un moment, il y a une convergence
33:13des deux qui s'opère ?
33:14Je pense qu'on est encore
33:16dans une situation où le momentum
33:18reste positif.
33:20Ma crainte, ce sera peut-être plus pour 2025,
33:22parce qu'on a l'impression que la bonne année
33:24action, c'est cette année, en définitive,
33:26parce qu'on avait des comparaisons qui étaient difficiles,
33:28des progressions bénéficiaires, vous l'avez rappelé,
33:30en 2023, qui étaient très difficiles.
33:32Donc, là, on est dans une dynamique qui est avec
33:34des comparaisons, des variations trimestrielles,
33:36qui sont plutôt positives.
33:38On cherche du momentum d'un secteur par rapport à l'autre,
33:40ou d'un pays par rapport à l'autre.
33:42Et pour l'instant, si effectivement la diversification
33:44n'a pas bien fonctionné,
33:46de sortir de la technologie, si vous aviez
33:48du Japon couvert, ou de l'Inde,
33:50par exemple, alors on va chercher très loin,
33:52peut-être un peu à un moment du Royaume-Uni,
33:54petites valeurs, des choses comme ça,
33:56donc on va trouver effectivement des pôles
33:58de croissance ou de diversification,
34:00ce qui n'a pas bien fonctionné dans les marchés développés.
34:02On peut le trouver avec quelques apports
34:04de marchés émergents ou de marchés
34:06périphériques, en quelque sorte.
34:08Pour l'instant, je trouve que le momentum des entreprises
34:10est plutôt bon, c'est-à-dire que même si, effectivement,
34:12il y a une inquiétude du côté des PMI,
34:14en fait, même dans les enquêtes de PMI,
34:16on voit que les entreprises gèrent les coûts,
34:18c'est-à-dire qu'elles réduisent la voilure
34:20quand leur carnet de commandes diminue.
34:22Donc, grosso modo, ça veut dire
34:24que leur marge, qui avait monté
34:26à des niveaux historiques, aussi bien en Europe
34:28que aux États-Unis,
34:30ça c'est intéressant, puisqu'on n'a pas, même en Europe,
34:32de secteur, on n'a pas les M7,
34:34alors qu'on a du L7,
34:36du 8807,
34:38si on veut faire
34:40une comparaison,
34:42les granolats
34:44de M. Goldman Sachs.
34:46Ce qui est intéressant,
34:48c'est que ces entreprises-là
34:50sont capables
34:52de capturer, effectivement,
34:54un momentum sur l'économie mondiale
34:56et de faire face à des
34:58augmentations de coûts ou des difficultés
35:00passagères sur un pays ou un autre.
35:02Mais l'effet inflationniste,
35:04l'illusion nominale, ça c'est fini, ça.
35:06L'effet prix...
35:08Ça joue encore, et on le voit dans les enquêtes de PMI,
35:10où, effectivement, d'abord les entreprises
35:12ont d'abord fait des économies
35:14de coûts, parce qu'il y a eu quand même des baisses de prix
35:16de l'énergie. Là, le problème essentiel
35:18qu'on retrouve aussi bien dans le secteur des
35:20manufacturiers que dans le secteur des services, c'est
35:22l'évolution des salaires. Et là, effectivement,
35:24sans remettre en cause l'emploi,
35:26c'est ce qui vient d'être fait, justement,
35:28dans les statistiques publiées cet après-midi avec les services,
35:30où là, il y a moins de création.
35:32Donc, à défaut de remettre, en quelque sorte,
35:34la situation sur l'emploi,
35:36de couper dans leurs coûts, et là, cette fois-ci,
35:38au niveau de la main-d'oeuvre, pour l'instant, les marges sont
35:40plutôt protégées. Donc, je m'attendrais
35:42à ce que deuxième et troisième trimestre
35:44soient encore avec une queue de la comète
35:46qui est plutôt bien orientée.
35:48Le problème, c'est, quand la Fed
35:50va baisser ses taux, quand la BCE va vraiment
35:52baisser ses taux, d'abord, on va s'apercevoir qu'elles
35:54ne vont pas baisser les taux très, très loin.
35:56On va s'arrêter avant.
35:58Et là, derrière, en fait, la conjoncture dans les pays
36:00développés sera un peu moins bonne.
36:02Et tous les momentum que l'on a eu en termes
36:04de volume, de reprise, de Covid,
36:06d'épargne accumulée excédentaire,
36:08de pression sur les marges ou d'augmentation
36:10des marges, ces phénomènes-là peuvent
36:12un peu disparaître les uns avec les autres.
36:14Donc, la première année à action, c'est pour moi en ce moment.
36:16C'est maintenant. Il n'y aurait peut-être pas suffisamment
36:18de baisse de taux pour venir
36:20limiter, peut-être,
36:22un draw-down de marché à un moment.
36:24Oui, ce ne sera pas une bonne nouvelle
36:26non plus. On est d'accord.
36:28Dans l'univers stock-600 qui est le vôtre
36:30chez Zadig Asset Management,
36:32Régis,
36:34je ne sais pas, qu'est-ce que vous avez envie de privilégier
36:36comme secteur ? Qu'est-ce qui ressort aussi
36:38de la composition géographique
36:40de vos stratégies ? Est-ce qu'il y a eu
36:42est-ce que vous avez appliqué
36:44une stratégie particulière
36:46aux actifs français,
36:48par exemple, ces derniers temps ?
36:50Non. Alors, nous, on essaye d'être neutre de ce point
36:52de vue de ces risques qui sont des risques de
36:54court terme, effectivement.
36:56Il ne faut jamais surestimer l'impact
36:58politique, sauf à ce qu'il y ait une dérive
37:00vénézuélienne de la France.
37:02Mais sinon, en général,
37:04tout ça se corrige. Mais on essaye d'éviter
37:06d'avoir une trop grande sensibilité à court terme,
37:08positive ou négative, à ce genre d'événements.
37:10En revanche, ce qui se passe sur les
37:12marchés européens ressemble
37:14un peu à ce qui se passe sur les marchés américains,
37:16dans une moindre mesure,
37:18mais quand même, c'est assez
37:20négatif. C'est-à-dire que si vous prenez
37:22la performance de l'indice
37:24écoupondéré, c'est-à-dire que vous faites la
37:26moyenne des performances de l'ensemble
37:28des valeurs qui composent l'indice, au lieu
37:30d'en faire la moyenne pondérée par leur taille,
37:32vous avez une performance qui est,
37:34sur le seul mois de juin,
37:362% inférieure
37:38à celle de la performance réelle de l'indice.
37:40Ça veut dire qu'en pourcentage de
37:42noms qui montent, il y en a
37:44beaucoup moins que...
37:46en pourcentage de noms qui montent, pardon, il y en a
37:48oui, beaucoup moins que la taille
37:50de l'indice en général.
37:52Et il faut avoir en tête, parce qu'effectivement,
37:54le marché est très
37:56concentré sur ces valeurs qui ont du
37:58momentum, c'est-à-dire de la révision hausse,
38:00mais il faut avoir en tête que la théorie financière
38:02vous dit qu'une action, elle ne monte pas
38:04particulièrement parce que ses profits
38:06progressent. Les profits n'ont pas besoin de progresser
38:08pour qu'une action monte, parce que
38:10quand une action, une entreprise,
38:12elle génère de la richesse,
38:14cette richesse, elle vient
38:16se porter sur l'actionnaire.
38:18Donc une entreprise qui aujourd'hui génère
38:2010% par exemple de sa capitalisation
38:22en trésorerie, l'actionnaire
38:24s'enrichit de 10%.
38:26Vous n'avez pas besoin d'avoir de la hausse
38:28de cette rentabilité
38:30pour que ça fasse... C'est pas la seule mécanique.
38:32J'entends, j'entends. Mais effectivement, le marché
38:34reste dans une myopie
38:36très forte sur les actions
38:38d'hypercroissance, et comme ça a été dit,
38:40on a non seulement une dynamique de profit
38:42particulière sur ce très petit nombre d'entreprises,
38:44mais une dynamique
38:46multiple sur
38:48cette rentabilité
38:50qui est très élevée, et par conséquent
38:52je pense que c'est dans le reste, dans tout le reste
38:54de la cote qui est immense, qu'il y a
38:56plein de choses à faire.
38:58Un mot de la philosophie
39:00d'investissement, alors pour une
39:02stratégie diversifiée ou un peu globale macro
39:04en guérant à la financière
39:06de l'échiquier, l'appétit
39:08pour le risque qu'on peut encore avoir aujourd'hui
39:10ou pas ? Non, moi je rejoins totalement
39:12ce qui vient d'être dit par Agis, c'est-à-dire qu'il y a
39:14vraiment aujourd'hui, notamment en zone euro,
39:16des très belles valeurs dans le reste de la
39:18cote, notamment dans les segments small
39:20mid qui ont été quand même massacrés, qui
39:22commençaient à repartir un petit peu avant les élections,
39:24qui ont repris un coup de bambou, il y a de très
39:26belles valeurs, notamment des valeurs défensives
39:28qui peuvent être intéressantes, même dans un cas
39:30où la macro irait moins bien, c'est ça qui est
39:32important à dire, parce qu'a priori on se dit, bon
39:34petite moyenne valeur, si niveau la macro
39:36ça va pas très bien, ça semble
39:38pas évident, mais il y a des valeurs de qualité
39:40défensives et tellement décotées dans ce segment
39:42là, que ça semble quand même intéressant
39:44de revenir dessus. Et la deuxième
39:46chose d'une perspective d'un fonds diversifié, c'est
39:48que je pense qu'on a
39:50encore aujourd'hui
39:52une très forte attractivité des actifs obligataires
39:54en général, et ça ça change
39:56quand même pas mal de choses pour des fonds diversifiés
39:58avec quand même dans les perspectives de baisse
40:00de taux, même si elles sont plus ou moins
40:02graduelles,
40:04on va quand même vers des baisses de taux, donc renforcer
40:06petit à petit aussi la duration des portefeuilles,
40:08ça semble quand même être une stratégie
40:10qui est un peu asymétrique
40:12positivement aujourd'hui.

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