Vendredi 22 novembre 2024, SMART BOURSE reçoit Cyriaque Dailland (Gérant diversifié, Sanso Longchamp AM) , Axel Botte (Directeur de la stratégie marchés, Ostrum AM) et Régis Bégué (Partner and Co-Head of Memnon European, Zadig Asset Management)
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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète.
00:13Marché, Régis Béguet est avec nous, associé et gérant chez Zadig Asset Management.
00:18Bonsoir Régis.
00:19Bonsoir Grégoire.
00:20Cyriac d'ailleurs nous accompagne également, gérant diversifié chez Sanso Longchamp Asset Management.
00:24Bonsoir Cyriac.
00:25Bonsoir.
00:26Et Axel Bott est avec nous également, le directeur de la stratégie de marché d'Ostrom Asset Management.
00:29Bonsoir Axel.
00:30Bonsoir Grégoire.
00:31Parlons de l'euro, du décrochage qu'on a pu observer là sur la séance.
00:35C'est vrai que c'est en intraday un mouvement quand même assez violent.
00:38Le marché visiblement a vu dans la livraison des enquêtes PMI du jour pour le mois de novembre,
00:45un signal d'alerte majeur.
00:48Encore une fois, un 150 pips de baisse sur une publication de PMI, ça n'arrive pas tous les jours.
00:53Alors les enquêtes sont très mauvaises.
00:55C'est vrai qu'on a longtemps expliqué dans cette émission qu'il y avait sans doute un problème de fiabilité
01:01peut-être dans ces enquêtes PMI par rapport à d'autres enquêtes et par rapport à la réalité des chiffres durs
01:07qu'on pouvait observer après coup.
01:09Axel, néanmoins, la réaction de marché reste violente sur des publications et des enquêtes qui sont particulièrement mauvaises.
01:18Qu'est-ce que ça signifie pour la suite ?
01:20Ça signifie qu'on fait un peu le lien entre la réaction probable de la Banque centrale
01:24qui était déjà quelque part dans un biais assez accommodant puisqu'ils ont baissé les taux déjà trois fois cette année
01:32en accélérant plutôt la cadence en baissant même au mois d'octobre.
01:37On sait que c'est un peu le seul instrument sur lequel ils peuvent jouer
01:40étant donné qu'ils ne veulent pas revenir sur la politique quantitative
01:43qui continue d'avoir l'effet inverse, c'est-à-dire d'avoir un effet de restriction monétaire.
01:48Donc les taux, le 2 ans qui passe en dessous de 2%, l'euro qui plonge instantanément avant à peu près de se stabiliser vers un 0,4
02:00mais tout le monde, on voit aussi dans les commentaires, a un peu en ligne de mire la parité éventuellement
02:06qui pourrait être la réaction naturelle aussi du marché des changes
02:10en cas de politique tarifaire très agressive de la part de Donald Trump.
02:13Normalement le change doit s'ajuster.
02:15Donc quelque part c'était le chemin le moins résistible en quelque sorte
02:21et donc tout le monde dans ce sens là à la baisse de l'euro
02:25et puis quelque part on met une certaine pression sur la Banque Centrale aussi
02:28pour savoir quelle peut être la fonction de réaction de la BCE.
02:31Et c'est une pression qui conduit à quoi du point de vue de la Banque Centrale Européenne ?
02:35Prochaine réunion c'est le 12 décembre avec mise à jour des projections du staff de la BCE.
02:41On en est encore à attendre 25, c'est un minimum.
02:45Est-ce que ça peut être plus ? Est-ce que le discours de la BCE peut changer, pivoter ?
02:51Alors ils vont être effectivement confrontés au pas.
02:58Je pense que c'est un peu se griller une option que de faire 50 maintenant
03:02avant de savoir ce que Trump va faire ensuite.
03:04Donc il y a cet aspect de temporalité qu'il faut prendre en compte.
03:07Les marchés se font partager entre 25 et 50.
03:10De plus en plus on voit éventuellement un mouvement de 50 points de base.
03:15On aura la révision du cadre économique et financier avec une certaine fragilité dans le scénario de la BCE
03:24qui nous dit que la productivité va remonter, que les salaires vont spontanément baisser
03:28et les dernières données de salaire ne vont pas dans ce sens là du tout.
03:32Donc ils ont un scénario un petit peu fragile de ce point de vue là.
03:37On viendra probablement matérialiser les risques baissiers qui avaient été déjà pointés du doigt par Christine Lagarde
03:48dans des révisions qui vont être un petit peu à la baisse probablement.
03:50On a eu la révision du pivallement, déjà mécaniquement ça induira peut-être un peu de modération dans les projections de croissance.
03:57Le billet accommodant sera communiqué, ça c'est sûr.
04:01Cyriac, sur la réaction de l'euro, sur une publication de PMI, on a des PMI tous les mois.
04:07C'est déjà pas bon le mois précédent, ils sont encore moins bons ce mois-ci certes.
04:12Mais on sent quand même que le marché, il y a des attentes qui se créent, qui deviennent quand même très fortes sur l'Europe.
04:20Une réaction à attendre que ce soit de la part de la Banque Centrale Européenne ou peut-être plus généralement du politique.
04:27Mais les marchés ont plutôt tendance à se tourner assez immédiatement vers la baisse dans ce genre de configuration.
04:32Oui, je pense que le politique c'est quand même une vision très longue pour les investisseurs, en tout cas sur le change en particulier.
04:38La réaction elle est assez logique parce qu'on nous a vendu une petite histoire en disant que la zone euro avait touché le fond de la piscine
04:44et qu'on allait rebondir et que la croissance 2025 serait supérieure à 2024.
04:49Globalement cet indicateur avancé, il indique tout sauf ça en fait.
04:53Il continue à se détériorer et ça se détériore en France et en Allemagne.
04:57Le global de la zone euro, il se détériore aussi.
05:00Donc on n'a pas encore le détail Italie, Espagne, etc.
05:03Mais on peut s'attendre à ce que ça ne soit pas bon non plus.
05:05Donc globalement le marché n'était déjà pas très positif, c'est le moins qu'on puisse dire.
05:09On a pris quand même six figures entre le 1,11 et le 1,05 pour des raisons un peu pour le coup liées à Trump
05:15et puis il y a une économie américaine qui à l'inverse nous sort un PMI en particulier sur les services à 57.
05:20On a un spread qui est gigantesque.
05:22Donc la réaction des marchés elle est violente mais d'une certaine manière elle est justifiée.
05:26Alors le 1,03, 30 ou 35 était certainement too much, un peu exagéré.
05:31Mais le 1,04 il me paraît logique.
05:33Et dans cette dynamique là, vous avez d'un côté une banque centrale américaine.
05:36On est en train de se réfléchir s'il va y avoir une, deux ou trois baisses de taux.
05:40C'est plutôt une ou deux jusqu'à juin 2025.
05:43En zone euro, quand on cumule, on est plutôt à cinq ou six baisses de taux.
05:46Donc le carry trade, le différentiel de taux, il est déjà défavorable à l'euro à l'instant T
05:51et il va l'être d'autant plus dans six mois.
05:53Et les gambistes, les spécialistes du change, ils savent ça.
05:56Et donc la réaction marché elle est finalement assez logique.
05:59Le seul élément qui est un peu étonnant c'est peut-être la violence
06:02parce que tout le monde est long dollar aujourd'hui, c'est très consensuel.
06:04Mais ça veut juste dire que malgré cette position, il y a encore de la place.
06:09Du point de vue de la BCE, est-ce que ça peut...
06:13Là aussi, on a des discours, des colombes comme on dit,
06:18qui commencent à être un peu plus vocales quand même.
06:21Je ne pense pas que la BCE soit particulièrement sensible à une baisse de l'euro contre dollar
06:27à court ou moyen terme, en tout cas de mon point de vue.
06:30Non mais au PMI, je ne sais pas.
06:32Le fait qu'elle ait baissé back to back en octobre,
06:35c'est aussi dans le sillage d'enquêtes, de conjonctures qui commençaient à se dégrader.
06:39Oui mais là, je rejoins ce qui a été dit.
06:42Je pense que les 50 BP, encore une fois, la Fed a mieux géré que la BCE.
06:47Les 50 BP, il fallait les faire au début pour marquer l'esprit.
06:49À le faire maintenant, je trouve que c'est tirer une cartouche pour pas grand-chose.
06:53On sait que la dynamique n'est pas terrible.
06:54Ils vont baisser de 25 BP, ils vont certainement le faire à chaque fois.
06:57Mais de mon point de vue, on n'est pas encore dans une situation assez catastrophique.
07:02En tout cas, dans le discours de la BCE, on n'est pas non plus dans cette situation-là pour taper de 25 BP.
07:07Maintenant, on parle de l'IFO la semaine prochaine, il y a les chiffres d'inflation.
07:12L'inflation en zone euro, pour l'instant, elle ne monte pas ce choc aussi violent que sur les indicateurs avancés.
07:20Donc moi, je considère que la BCE, je la vois plutôt à baisser de 25 BP,
07:24mais par contre à nous faire des baisses de 25 BP systématiquement à chaque réunion.
07:28Est-ce qu'on est déjà dans un cas où une BCE qui resterait sur la retenue avec un biais accommodant
07:36prendrait le risque de devoir aller peut-être plus bas en termes de taux terminal que ce qu'elle imagine aujourd'hui ?
07:43Est-ce que c'est ça la manière dont les risques s'équilibrent aujourd'hui ?
07:47Oui.
07:48Est-ce qu'on en est là ? Oui ? D'accord.
07:50Je pense que la BCE, potentiellement, par rapport à sa projection,
07:54on verra comment c'est révisé en décembre,
07:56mais par rapport à ses projections, je pense que la BCE va potentiellement aller plus bas
08:01parce que ce qu'elle n'a pas anticipé, c'est la dégradation de la croissance.
08:04Maintenant, est-ce que ça serait une bonne stratégie de baisser de 50 BP en décembre ?
08:08On peut être surpris, la Fed quand elle a baissé de 50 BP, le consensus n'était pas à 50 BP.
08:14Mais la BCE n'est pas la Fed et les membres ne sont pas les mêmes.
08:19Donc globalement, je pense qu'elle est plus à l'aise d'aller baisser un peu plus bas.
08:23A coup de 25, que d'aller à 50 BP.
08:26Et finalement, d'avoir aujourd'hui une visibilité qui n'est pas énorme.
08:29C'est ça l'équation pour la BCE.
08:33Se dire à un moment qu'il faut peut-être passer à 50 BP,
08:36si on veut éviter d'avoir un taux de dépôt terminal à l'arrivée qui ne soit pas à 2, mais à 1,5, voire en dessous.
08:45Axel ?
08:46De réagir trop tardivement et de devoir sur-réagir et maintenir des taux très très longtemps, très très bas.
08:53Je ne sais pas.
08:56Si on n'avait pas l'expérience des taux négatifs et de la période de taux très bas,
09:00et de la réaction de l'épargnant, je ne suis pas sûr qu'on aurait la même vue.
09:09Dernièrement, Vunch avait dit qu'il ne voulait pas revenir à des taux très très faibles.
09:15Effectivement.
09:17Pour des raisons de reversal rate, c'est-à-dire qu'à un moment les taux trop bas ont l'effet contre-intuitif,
09:25non pas de stimuler la demande, mais de forcer une sur-épargne,
09:30parce que les gens se disent qu'il y a toujours des dépenses à approvisionner.
09:34On avait vu, à moins 0,50 sur le taux de dépôt, les Allemands épargnaient le double.
09:40On épargnait 1 euro et là on se mettait à épargner 2 euros.
09:43Si vous voulez maintenir votre revenu dans 30 ans avec des taux négatifs, il faut épargner davantage.
09:47Il y a cet effet-là qui a été délétère, et ils ne veulent pas tomber dans cette trappe non plus.
09:53On résiste sur l'état des lieux de la zone euro, et puis après je veux bien qu'on parle des autres marchés.
10:00On parle de l'euro-dollar, mais 2024 va être une très mauvaise année en relatif pour les actions européennes
10:06par rapport aux actions américaines.
10:08Avec Trump, bien sûr, mais avant Trump, il y avait déjà une tendance.
10:12Une année qui est encore positive, touchons Dubois, alors nous nous parlons,
10:17mais qui est une année de forte sous-performance par rapport aux marchés américains en particulier,
10:23avec toujours les mêmes travers des marchés européens,
10:27qui est un marché un peu plus value, moins sur l'innovation, moins novateur,
10:31et un marché américain qui est toujours porté par l'innovation technologique.
10:36Spécifiquement sur les chiffres d'aujourd'hui et l'impact que ça a sur les devises et sur les marchés,
10:43ça n'empêche pas les marchés de remonter, même ça aide probablement un peu les marchés à remonter,
10:47puisque finalement la hausse du dollar, net, net, c'est plutôt favorable pour le résultat des entreprises européennes.
10:52Il y a deux situations qui tirent l'Europe vers le bas,
10:56qui sont la situation française et la situation allemande.
10:59Pas du tout pour les mêmes raisons.
11:00La situation allemande, essentiellement, et je voulais en dire un mot quand même,
11:04est liée à la situation chinoise, qui est particulièrement pénible,
11:10et tous les échos que nous avons des entreprises en Chine sont véritablement très noirs,
11:19dans tous les domaines d'activité, bien entendu ce qui est lié à la construction,
11:24bien entendu ce qui est lié à l'automobile,
11:27par voie de conséquence, bien entendu, le luxe, c'est très connu,
11:33mais aussi dans le domaine des semi-conducteurs,
11:36où on a vraiment une absence totale de redémarrage, malgré le plan de relance qui a été annoncé.
11:43Alors peut-être qu'il aura des effets dans quelques mois, le plan de relance.
11:47Mais pour l'instant, il n'y a pas la vibe chinoise.
11:49Mais on ne sent aucune étincelle, pour l'instant, d'aucun ordre en provenance de Chine,
11:54ce qui impacte l'Allemagne.
11:56La France, c'est un problème beaucoup plus franco-français, lié au déficit,
12:02et lié à la perspective, à la menace fiscale,
12:05qui a vraiment dégradé très fortement le sentiment à la fois des chefs d'entreprise et des consommateurs,
12:13et donc on est quelque chose de beaucoup plus endogène.
12:16Je crois que les PMI françaises sont pires que les PMI allemands.
12:18Oui, les PMI françaises sont très très très mauvais,
12:22et sont très très très mauvais à cause de la France elle-même.
12:25La France ne peut pas, à la différence de l'Allemagne,
12:29qui peut dire que c'est quand même lié à la Chine,
12:32peut-être qu'un jour la Chine va redémarrer,
12:34peut-être pas demain d'ailleurs,
12:36mais il y a cet espère d'espoir exogène.
12:39En France, c'est vraiment la France avec elle-même.
12:42Donc c'est un peu triste, mais en dehors du fait que ce soit triste,
12:47ça n'a pas que des effets, encore une fois, totalement négatifs sur les marchés, paradoxalement,
12:54puisque la hausse du dollar est quelque chose qui est plutôt favorable,
12:57et c'est pour ça que le marché européen tient,
13:02et même monte, et même surperforme le marché américain aujourd'hui.
13:05Donc c'est quelque chose de tout à fait paradoxal.
13:09Oui, c'est ça, à contre-tendance du reste de l'année.
13:12À contre-tendance du reste de l'année,
13:14et à contre-tendance de l'intuition qu'on pourrait en avoir aussi,
13:17au vu des résultats.
13:19Après, spécifiquement sur le marché américain,
13:21c'est vrai qu'il y a eu un enthousiasme assez extraordinaire autour de Trump.
13:26Il faut quand même se dire qu'aux États-Unis aussi,
13:28on a d'énormes problèmes de déficit budgétaire.
13:31Alors évidemment, on est dans le super too big to fail,
13:34et bon, en relatif, tout le monde ayant un peu le même problème,
13:38on peut se dire que ça n'en est plus un, puisque tout le monde l'a.
13:41Mais la politique extrêmement incitative de l'administration à venir
13:48peut quand même aussi poser des problèmes budgétaires.
13:53Donc l'enthousiasme sur cette relance américaine
13:58pourrait aussi retomber quelque peu dans les semaines qui viennent.
14:01D'ailleurs, intéressant de voir que, je le répète depuis plusieurs jours,
14:04mais autant Donald Trump a très vite trouvé son secrétaire d'État,
14:08son secrétaire à la Défense, tout un nombre de secrétaires,
14:13autant le secrétaire du Trésor se fait attendre.
14:16Et bon, on a à priori deux noms en lice pour l'instant,
14:19Kevin Walsh qui est un ancien de la Fed,
14:21gouverneur de la Réserve fédérale américaine,
14:24et Scott Besant qui reste visiblement en lice,
14:27qui est un ancien gérant de Hedge Funds.
14:30On avait Mark Rowan aussi, qui fait partie peut-être des personnalités
14:34qui pourraient accéder au Trésor, qui lui est plus côté private equity.
14:38Bref, plutôt des gens de marché, enfin Walsh étant économiste,
14:41mais les autres sont plutôt quand même des gens de marché.
14:44C'est intéressant quand même de voir le profil,
14:47ou les profils que Trump interview aujourd'hui pour ce genre de poste.
14:52Vous, vous connaissez le futur secrétaire du Trésor, peut-être, Régis ?
14:57Scott Besant, j'ai connu par le passé, effectivement,
15:01lorsqu'il était chez Soros, puisque Besant a fait une grande partie
15:05de sa carrière chez Soros avant lui-même de monter des Hedge Funds à titre personnel.
15:10Et c'est des bons profils pour le Trésor américain, ça, alors ?
15:13Écoutez, déjà, c'est quand même fascinant, c'est-à-dire qu'imaginer en France
15:18et même en Europe, au sens plus large, d'avoir un ancien gérant de Hedge Funds
15:22comme ministre de l'Économie et secrétaire au Trésor,
15:25il y a quand même un écart culturel, si vous voulez, qui est assez étonnant.
15:30Et puis ce qui est aussi amusant, c'est que Soros est quand même quelqu'un
15:35qui était plutôt côté démocrate, grand opposant des Républicains,
15:40et donc on voit qu'il y a quand même aussi une certaine porosité, finalement,
15:44entre les deux parties de l'échiquier politique.
15:48Après, est-ce qu'il fera un très bon secrétaire au Trésor ?
15:51Je ne peux pas le dire, mais en tout cas, encore une fois, l'image est assez forte.
15:56L'attention, le temps qui est pris pour nommer ce secrétaire du Trésor américain,
16:02qu'est-ce que ça nous dit, Axel, de l'enjeu fiscal, budgétaire,
16:06derrière la doctrine Trump, derrière l'agenda qui a été réfléchi, pensé,
16:12et derrière la séquence qu'on peut imaginer de mise en place du programme Trump ?
16:17Effectivement, la séquence paraît assez compliquée et difficile à mettre en œuvre,
16:22puisque le pouvoir de l'administration en matière budgétaire aux États-Unis,
16:25il n'est pas si important que ça, il faut que ça passe par le Congrès,
16:28il faut que ce soit visé par le Ways and Means,
16:31et donc il y a beaucoup de phases de contrôle,
16:34il ne serait-ce que la prorogation des baisses d'impôts de 2017, qui expire cette année,
16:40il avait prévu pour 8 ans, avec le deuxième mandat qui s'imposait,
16:46et donc il va falloir les proroger,
16:50ça requiert de trouver en face, pour ne pas avoir un impact budgétaire,
16:55un certain nombre de baisses de dépenses, un mode de financement.
16:58Aujourd'hui, le déficit public se balade entre 6 et 7 points de PIB,
17:02on parle d'une situation qui est sensiblement plus dégradée que celle qui prévalait en 2017,
17:07l'économie avait un déficit d'à peu près 3,5,
17:10donc déjà un peu significatif, mais gérable,
17:14là c'est le double, grosso modo,
17:17et on le voit, dans un certain nombre d'adjudications du Trésor, ça ne se passe pas très bien.
17:22Le 20 ans ne s'est pas très bien passé cette semaine,
17:25donc il y a ce moment où la demande des étrangers notamment,
17:34en particulier des comptes officiels, peut disparaître,
17:38surtout dans le cadre d'une accentuation du conflit commercial,
17:42qui impacterait probablement l'hypothèque de gestion des réserves de change dans certains pays.
17:47Je ne sais pas s'il y aura un moment Least Trust aux Etats-Unis,
17:52mais c'est quelque chose qui, d'une probabilité nulle,
17:55est passé à une probabilité qui ne l'est plus totalement.
17:59On a des tensions récurrentes sur le marché du repos,
18:01on les a vues 15 jours à peine après la baisse de 50 BP de la Fed en septembre.
18:06Le passage de fin de trimestre, mais aussi quelques jours après,
18:09on a vu des tensions importantes.
18:12Et puis on sait que ces rouages, avec le rôle d'Edge Fund justement,
18:16qui joue le lien entre les dérivés et le cash,
18:20et arbitre ces marchés, si ces rouages se grippent un peu,
18:24on peut imaginer que la capacité du Trésor à rallonger sa date,
18:28ce qui normalement est une priorité, va être compliqué.
18:33Et il n'est pas certain d'ailleurs qu'on puisse,
18:37et c'est la même chose sur l'impôt sur les sociétés,
18:39il n'est pas certain qu'on puisse rapidement la baisser à 15 %,
18:42parce que c'est un des vecteurs principaux de financement de l'Inflation Reduction Act,
18:49dont Musk veut probablement un petit peu réduire l'ampleur.
18:52On va essayer de faire les fonds de tiroirs pour réduire les crédits qui n'ont pas été dépensés.
18:57Mais si ne serait-ce que ne pas les monter à 28 %,
19:02on crée déjà un trou budgétaire en fait.
19:04Donc la trajectoire n'est plus celle du CBO à 6 points de PIB jusqu'à ce que Morse en suive.
19:09On s'écarte déjà.
19:10Probablement 8, 9 à court terme.
19:13Ça veut dire que malgré les marges de manœuvre politique,
19:17et d'ailleurs je crois au passage,
19:19on est en train de voir qu'il n'a peut-être pas totalement remporté le vote populaire Trump.
19:23Tous les derniers décomptes montrent qu'il n'est peut-être pas à 50 % du vote populaire.
19:27En revanche, sur le vote des grands électeurs, évidemment il n'y a pas de doute là-dessus.
19:31Mais malgré ces marges de manœuvre politique,
19:34qui pouvaient laisser suggérer un Trump un peu en mode fast and furious,
19:39cette fois bien préparé, je ne me ferai pas avoir, le spoil system, tout ça j'ai bien compris.
19:44J'ai deux ans jusqu'au mi-mandat pour faire tout ce à quoi j'ai réfléchi,
19:48ou mes équipes ont réfléchi depuis quelques temps.
19:51Vous dites que ce n'est pas si évident que ça en fait.
19:53Ce n'est pas si évident que ça.
19:54Le vote populaire est une chose, mais ça traite bien l'étroitesse de la majorité à la Chambre des représentants.
20:01Vous retournez trois républicains,
20:03qui eux vont par exemple être confrontés à l'impact des tarifs dans leur propre circonscription.
20:08Ça va être très compliqué en fait.
20:11Il aura des résistances même au sein du parti républicain ?
20:15Il n'y a pas que des Trumpistes fanatiques au sein du parti républicain.
20:21Il y a des intérêts particuliers.
20:23Ce n'est pas MAGA partout alors ?
20:25Ils peuvent être amenés, comme on l'a dit, à se retourner
20:29si leurs propres électeurs sont défavorablement impactés par la mesure.
20:33Donc un Trump plus raisonnable.
20:35Vous êtes d'accord avec cette idée ? Enfin raisonnable en tout cas.
20:38C'est la politique d'une manière générale.
20:43Sur les marchés financiers et en économie,
20:45on surestime quand même la plupart du temps l'impact de la politique.
20:50D'abord parce qu'il y a une capacité des politiques à agir qui, on le sait...
20:54Tout dépend de la disruptivité de la politique que vous mettez en place.
20:58Oui, mais dans les démocraties, quand il y a des contre-pouvoirs,
21:00les contre-pouvoirs se mettent en place.
21:02Dans les pays qui ne sont pas démocratiques, c'est un peu différent sans doute.
21:05Mais dans les démocraties, il y a beaucoup de contre-pouvoirs
21:07qui font que votre marge de manœuvre par rapport à votre campagne est toujours limitée.
21:12En outre, la dynamique macro-économique est elle-même bien plus forte que la politique.
21:20Donc si vous avez une récession, vous êtes obligé de mettre du nus de l'eau dans votre vin, etc.
21:25Bien sûr, mais ça veut dire quoi du point de vue du marché ?
21:27Parce qu'en deux semaines de Trump Trades, vous dites que le marché est déjà allé très loin,
21:32trop loin au bout de ce qu'on pouvait anticiper en matière d'effet Trump sur les actifs.
21:38Oui, c'est ma conviction. Je pense que le marché a surjoué l'impact éventuel de l'élection de Trump
21:47qui, encore une fois, aura sans doute des conséquences,
21:50mais sans doute bien moins spectaculaires que ce que le marché a joué...
21:54Donc deux semaines après, on se dit quasiment que c'est un événement.
21:59C'est la politique. La politique, ce n'est pas les marchés, ce n'est pas l'économie.
22:03C'est rien sur Trump, l'effet Trump sur les marchés.
22:06Évidemment, la question impossible, c'est la séquence.
22:10Est-ce qu'il y a quand même l'idée que ça peut être fast and furious
22:13et qu'on va essayer de pousser tout ce qu'on peut faire le plus vite possible
22:18avant les prochaines élections de mi-mandat,
22:20ou est-ce qu'il va y avoir tout de suite des limites,
22:23que ce soit côté politique ou que ce soit du côté des marchés ?
22:27Je rappelle, et je ne suis pas sûr que ça ait beaucoup changé de ce point de vue-là,
22:30un des indicateurs simples préférés de Donald Trump
22:33pour mesurer son succès permanent, c'est le Dow Jones.
22:36Entre renverser les flux migratoires, mettre des tarifs pour tout le monde,
22:40mettre le déficit à deux points supplémentaires,
22:44et le Dow Jones, il faudra peut-être faire des choix à un moment quand même.
22:48La cohérence du problème...
22:50On est d'accord qu'il y a une forme d'incompatibilité derrière tout ça ?
22:53Exactement. Il y a beaucoup de choses dans votre question.
22:55Globalement, la réaction des actions américaines post-Trump...
23:00Déjà, le premier point, c'est que le marché, encore une fois,
23:03a bien anticipé ce qui allait se passer.
23:05Si vous regardez le rallye, il ne commence pas du tout le 4 novembre,
23:08il commence mi-septembre, même un peu avant.
23:11Ça commence à surperformer assez nettement.
23:14Ça, c'est le premier élément.
23:16Après, la surperformance des actions américaines,
23:18si vous regardez sur les dix dernières années,
23:20c'est huit années où ça surperforme l'Europe sur les dix dernières années.
23:24Si vous regardez les actions américaines sur MSCI World,
23:28à l'instant T, c'est 77%.
23:30En début d'année, c'était 73%.
23:33En clair, aujourd'hui, l'Europe est minuscule.
23:38Il faut juste avoir en tête que le Japon, aujourd'hui, c'est 5% sur MSCI World.
23:42Dans les années 80, c'était 40%.
23:44Donc il y a des dynamiques quand même vraiment de fond.
23:46Et à mon avis, Trump appuie,
23:48il peut mettre un peu de nitro dans un moteur,
23:51mais sur le fond, la dynamique est déjà très favorable aux actifs américains,
23:56qu'on le recrète ou pas, on est en Europe, mais dans les faits.
23:59Je pense que Trump va juste rajouter un petit peu de force sur cette dynamique-là.
24:05Ce qu'il faudrait, ce serait que l'Europe, la zone euro, en tout cas, réponde.
24:10On voit que les Chinois essayent de répondre, mais même eux ont beaucoup de mal.
24:12Mais la zone euro n'étant pas unie, c'est très compliqué.
24:15Après, pour répondre vraiment sur l'impact de Trump,
24:17c'est quand même intéressant de voir qu'il y a eu, en particulier,
24:20les small cap américaines ont bien performé.
24:22Ils ont monté de 6% sur la journée post-élection,
24:25mais derrière, en relatif, ça commence déjà à faire pchit.
24:29Personnellement, je pense néanmoins que, par exemple, sur les small cap,
24:33il peut y avoir un rattrapage pour des questions de valorisation,
24:35parce que le programme de Trump, qu'on le veuille ou non,
24:37il est plutôt favorable aux petites entreprises américaines.
24:41Et donc globalement, il peut y avoir des choses à jouer.
24:43On voit que le secteur bancaire a aussi extrêmement bien performé.
24:46Il faut se rappeler que c'est un secteur qui avait très bien performé en 2016-2020,
24:49parce que ce qu'annonce Trump,
24:51et je pense qu'il y a des éléments qui sont un peu des effets d'annonce,
24:54sur la politique migratoire, si vraiment il applique ce qu'il dit,
24:57les Etats-Unis auront un problème, et la Fed en particulier,
25:00sur la question d'inflation.
25:02Si vous enlevez 2 à 3 millions de travailleurs sur des salaires faibles,
25:05où les américains ne veulent pas aller, il va falloir monter les salaires,
25:08et ça va créer de l'inflation.
25:09Donc, à un moment donné, ça ne marchera pas.
25:11Mais, par exemple, sur les banques, je pense qu'il va être capable de le faire.
25:13Et là, il y aura un impact qui sera assez simple.
25:15C'est-à-dire que la dérégulation, à moyen terme, on l'a déjà vu.
25:18Ça peut être un problème ?
25:19Ça peut être un problème, mais à court terme,
25:21les banques américaines vont être capables de crasher.
25:23Et ce qui va encore par rapport à la problématique qu'on disait,
25:26les banques européennes ne vont pas être dans le même combat
25:28que les banques américaines, et donc ça ne va pas forcément nous aider.
25:31Mais sur cette idée du rouleau compresseur,
25:34que sont les actions américaines,
25:36amplifiées aussi peut-être, magnifiées par un peu d'effets Trump supplémentaires,
25:42ça donne encore envie d'essayer de se diversifier un peu ?
25:48Ou de moins en moins ?
25:50De moins en moins, c'est aussi simple que ça.
25:53On imagine encore que 2025, que tous les ingrédients soient en place
25:57pour une nouvelle année de surperformance des actions américaines
25:59par rapport au reste du monde.
26:01Ou est-ce qu'il peut y avoir des idées de retour à des écarts moins larges ?
26:06L'élément qui permettrait un retour à ça, c'est les niveaux de valorisation.
26:11Vous achetez des actions, le Nasdaq est à 27, l'Europe est à 12,
26:15la Chine est à 10 en PE.
26:17Globalement, il y a un moment donné, l'élastique se tend,
26:19mais il ne peut pas non plus se tendre, je ne pense pas qu'on ira.
26:22Mais il y a une réalité qu'on oublie un peu trop souvent,
26:25c'est quand vous regardez les dynamiques bénéficiaires sur le PE,
26:27il y a le price et il y a le earning.
26:29Le prix, certes, il monte aux Etats-Unis, il monte beaucoup plus vite,
26:32mais les earnings, quand vous regardez sur les 5 dernières années,
26:34ou même sur les 10 dernières années, il n'y a pas photo.
26:36On est incapable de sortir des résultats aussi bons qu'aux Etats-Unis.
26:40Malheureusement, il peut y avoir des excès à certains moments,
26:44mais sur le fond, de manière fondamentale,
26:47les actions américaines prennent des parts de marché et c'est assez logique.
26:51On prenait l'exemple de Nvidia hier, et un analyse me racontait
26:55qu'à la veille de chaque publication,
26:58le PE d'Nvidia revenait sur sa moyenne long terme de 10 ans,
27:01en tout cas qui est autour de 35.
27:04C'est-à-dire qu'avec les ajustements des analyses juste avant la publication,
27:08le PE se retrouve toujours autour de 35
27:11à la veille d'une publication trimestrielle de Nvidia.
27:14Il y a un petit chiffre amusant là-dessus.
27:16Le résultat d'Nvidia du troisième trimestre 2024
27:20correspond au chiffre d'affaires d'Nvidia du troisième trimestre 2023.
27:24C'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup d'entreprises...
27:30En un an, c'est spectaculaire.
27:37Sur l'exceptionalisme américain, du point de vue des marchés,
27:41Axel, qu'est-ce que ça vous inspire en tant que stratégiste ?
27:44Ce qu'on a vu en deux semaines,
27:47on a même l'impression que Trump a détruit ou accéléré des choses,
27:51mais les corrélations ont été complètement détruites.
27:53On a vu des séances où l'Europe pouvait faire plus de moins 3
27:57et puis les US à plus 1 ou plus 2.
28:01Il y a un découplage qui est spectaculaire depuis mars-avril.
28:05Si vous regardez l'Eurostox 50 et le S&P,
28:08vous avez une corrélation très proche pendant les deux années précédentes.
28:12En gros, on était à peu près à 5 000 en avril.
28:17En mars-avril, sur l'Eurostox, on y est aujourd'hui.
28:21Le S&P est à 6 000.
28:23Je nuancerais sur la dynamique d'une bénéficiaire.
28:27Quand on regarde les bénéfices des 7 magnifiques,
28:32on a une croissance de 25 % sur l'année.
28:37Le reste des 493 stocks du S&P,
28:41les earnings sont flappes depuis deux ans.
28:44Il n'y a pas de croissance bénéficiaire au sein de ce groupe.
28:47Oui, mais en agrégé, il n'y a pas.
28:49Il n'y a pas de croissance bénéficiaire dans une grosse partie de la cote.
28:52Et plus on descend dans la cote, il n'y a pas de croissance bénéficiaire.
28:57C'est quand même un problème.
28:59Ce qui peut casser le bull market,
29:01c'est une politique migratoire extrêmement dure
29:06qui a induit un choc de confiance et un choc d'offres
29:09qui, combinés aux tarifs, recréent des problèmes de supply chain,
29:13de tensions salariales, etc.
29:16qui, in fine, viendront aggréver les marches d'NVIDIA.
29:20C'est probablement l'arbre qui continuera de cacher la forêt.
29:25Mais pour une grosse partie de la cote américaine,
29:28on verra ce qu'on voit en réalité déjà.
29:31C'est-à-dire une capacité à dégager les profits
29:33qui n'est pas si exceptionnelle que ça, à le moins 100 francs.
29:35Et dans un marché qui, de toute façon,
29:37est un petit peu artificiel, mais un peu depuis toujours,
29:40où les rachats d'actions sont tels
29:42que, finalement, c'est un marché aussi d'attrition.
29:45Et donc, on a eu...
29:47C'est spectaculaire.
29:49Vous regardez sur des séries assez longues,
29:51une dizaine, une quinzaine d'années,
29:52vous avez un acheteur systématique d'actions,
29:54c'est les boîtes elles-mêmes.
29:55Les entreprises.
29:56Alors qu'il y a beaucoup de gens qui vendent,
29:59pour des raisons structurelles, en fait.
30:01Donc, effectivement, est-ce qu'on est aujourd'hui
30:05avec des niveaux de valorisation globaux
30:07dans une dynamique où, certes,
30:10la productivité a augmenté,
30:12mais on sait qu'on y a été avant.
30:15C'est-à-dire entre 1996 et 1999.
30:17Entre 1996, où Greenspan parle d'exubérance irrationnelle,
30:21on a eu 4 ans de marquage des 7 boules.
30:24Ça peut durer.
30:25On doit être dans ce schéma-là un petit moment.
30:28Il y a des valorisations qui sont beaucoup écartées.
30:31Jusqu'à quel niveau ?
30:33Je pense que, clairement,
30:35un retournement cyclique aux Etats-Unis
30:37nous ramènerait sur Terre assez vite.
30:39Et on occasionnerait des pertes,
30:41un credit crunch important.
30:43On verra.
30:44Trump très attentif au marché.
30:46Ça fait partie de sa mission
30:48de maximiser le portefeuille actions des Américains.
30:52Ça fait peut-être partie de sa mission.
30:54Est-ce qu'il peut supporter 20% de baisse du Dow Jones ?
30:57Ce n'est pas forcément partie de son pouvoir.
30:59Encore une fois, les flux financiers
31:02et la dynamique macroéconomique
31:04ne reposent pas ni dans la main des politiques du maire général
31:07et encore moins dans la main d'un seul homme.
31:10Sinon, ce serait vraiment extraordinaire.
31:14Dans les sujets qui vous intéressent,
31:16la pharma, la santé,
31:17Trump et la pharma.
31:18Hier, on a fait Trump et la tech avec Nvidia.
31:21Mais Trump et la pharma ?
31:23Trump et Robert Kennedy Junior, c'est ça ?
31:27Robert Kennedy, RFK.
31:29On verra.
31:30J'ai déjà vu que Matt Gaetz s'était retiré de lui-même
31:33avant de se faire censurer par le Sénat.
31:35On verra ce qu'il en est des autres.
31:37Mais pour l'instant, il est pressenti
31:40et nommé pour être ministre de la Santé.
31:42Robert Kennedy, c'est quelqu'un
31:46qui était candidat indépendant à la présidence
31:50et que Trump a convaincu de rejoindre
31:55et d'abandonner sa candidature
31:57en lui disant qu'il allait appliquer son programme.
31:59Ce qui est assez surprenant
32:01parce que le discours assez anti-pharma de RFK
32:07est plutôt à tonalité démocrate
32:10qu'à tonalité républicaine traditionnellement.
32:13On en revient à ce qu'on disait tout à l'heure.
32:15Encore faut-il que le Sénat approuve
32:18l'administration de RFK.
32:20Les intérêts de l'industrie pharmaceutique
32:23se trouvent beaucoup plus dans les mains
32:25des sénateurs républicains
32:27que dans les mains des sénateurs démocrates.
32:29La probabilité n'est pas nulle,
32:32mais elle n'est sans doute pas supérieure à 50%.
32:35C'était Hillary Clinton et quelques tweets
32:37qui faisaient trembler la pharma
32:39pour la présidentielle de 2016.
32:41C'est une sorte de tradition.
32:44Concrètement, de la même manière
32:47que sur beaucoup d'autres sujets,
32:49on a eu Obama, Bush avant lui, Trump, etc.
32:53Tout ça ne change pas grand-chose à la fin de l'histoire.
32:56Le système de santé américain
32:59est un système extrêmement complexe.
33:02Il y a trois systèmes.
33:03Il y a le système privé qui fait l'essentiel
33:05de la rentabilité.
33:06Vous avez Medicare et Medicaid.
33:08Ensuite, vous avez les PBM, etc.
33:10Vous avez les rebates.
33:12C'est un système extrêmement complexe
33:14qu'on ne peut pas réformer
33:16en un claquement de doigts.
33:18Ce qui fait très peur...
33:20Obamacare a survécu à Trump.
33:22Oui, bien sûr.
33:24Ce qui fait très peur chez RFK,
33:26c'est son discours anti-vaccin
33:30qu'il a développé pendant le Covid.
33:34Ça fait peur parce que c'est un discours générique.
33:37C'est l'ensemble des vaccins
33:39ou ça reste très circonscrit
33:41à la période Covid qui a été particulière.
33:44Je pense qu'il y a une petite confusion
33:46de ce point de vue-là.
33:47C'est-à-dire que c'est quelqu'un
33:48qui était très porté sur le vaccin Covid.
33:51Peut-être qu'il ne faut pas généraliser
33:53son mode de pensée
33:54à l'ensemble de la vaccination.
33:56Par ailleurs, il y a quand même
33:57des autorités sanitaires aux Etats-Unis
34:00indépendantes.
34:01Certes, on peut changer les gens
34:03qui sont à la tête de ces autorités sanitaires.
34:05Enfin, il y a des preuves scientifiques
34:07sur l'impact des vaccins
34:09sur la santé publique
34:10et sur le nombre de morts
34:12qu'une personnalité politique à lui seule
34:15ne peut pas complètement balayer
34:19d'un revers de main.
34:20Ce qu'il peut faire,
34:21c'est marginalement rendre facultatif
34:24des vaccins qui étaient obligatoires.
34:25Des choses comme ça.
34:26Mais il ne peut pas effacer non plus
34:27du territoire américain la vaccination.
34:30Après, il n'est pas totalement irrationnel.
34:33Il y a des choses qu'il dit
34:34qui paraissent assez sensées.
34:37Par exemple, il veut séparer
34:39la Food and Drug Administration
34:41en la Food Administration
34:43et la Drug Administration.
34:44Ce qui, par exemple, en Europe,
34:46est tout à fait le cas.
34:47Vous avez une administration
34:48pour les médicaments,
34:49une autre administration pour...
34:51Ce n'est pas très disruptif, ça.
34:52Ce n'est pas complètement disruptif.
34:53Non, je n'en sais rien.
34:54Je ne sais pas.
34:55On en appelle un épouvantail.
34:57Mais dans son discours très...
35:01Poisonnant.
35:03Exactement.
35:04Il y a aussi des choses
35:05qui peuvent être rationnelles
35:06et qui peuvent être discutées
35:07et qui ne peuvent pas être
35:08si disruptives que ça
35:09pour l'industrie pharmaceutique.
35:12Il veut interdire...
35:13Mais ça, pour nous, Européens,
35:15encore une fois,
35:16c'est quelque chose
35:17qui n'est pas si surprenant que ça.
35:18Il veut interdire la publicité
35:20pour les médicaments à la télévision.
35:23Et il faut avoir en tête
35:24qu'aux Etats-Unis,
35:25on fait de la publicité
35:26pour des traitements,
35:27mais des traitements
35:28dans des maladies très graves.
35:29Donc, vous voyez,
35:30si vous avez tel cancer du poumon
35:32avec une mutation EGFR,
35:34prenez tel produit.
35:35C'est vrai que nous,
35:36de toute façon,
35:37on n'est pas très habitués à ça.
35:39Donc, le fait...
35:40S'il s'attaquait à ce point-là,
35:42ce ne serait pas non plus
35:43quelque chose
35:44d'extraordinairement disruptif
35:46pour l'industrie.
35:47Oui.
35:48Après, ce n'est pas
35:49l'avis des Européens
35:50qui compte sur ce que va faire RFK.
35:51Non, non, non.
35:52Il n'y a pas de problème
35:53des prix, évidemment.
35:54C'est un sujet.
35:55Qu'est-ce qu'on fait
35:56sur les marchés,
35:57notamment quand on gère
35:58une stratégie européenne
35:59?
36:00Regis, c'est quoi
36:01une bonne stratégie
36:02sur les actions européennes
36:03aujourd'hui ?
36:04Il faut quand même
36:05profiter de la dynamique
36:06de l'économie américaine.
36:07Donc, chercher les boîtes
36:08qui sont plugées
36:09sur America First.
36:10Oui, oui, bien sûr.
36:11C'est le paradoxe,
36:12d'ailleurs,
36:13de l'industrie pharmaceutique
36:14qu'on vient d'évoquer
36:15puisqu'il y a
36:16des menaces internes,
36:17mais il y a aussi
36:18des opportunités
36:19sur ce même
36:20territoire américain.
36:21La hausse du dollar,
36:22c'est quelque chose
36:23qui leur est très favorable
36:24par définition
36:25puisqu'il y a
36:26une hausse
36:27de la fiscalité,
36:28potentiellement quelque chose
36:29qui leur est aussi favorable.
36:30Vous avez l'industrie
36:31de la construction
36:32qui est très exposée
36:33aux Etats-Unis,
36:34l'industrie de la publicité.
36:35Et puis, ensuite,
36:36à un moment donné,
36:37en Europe,
36:38on aura le déclic
36:39du réveil de la Chine
36:40s'il doit se produire
36:41et ça, ça aura
36:42une grande influence
36:43sur nos investissements
36:44aussi.
36:45Et puis,
36:46ensuite,
36:47à un moment donné,
36:48en Europe,
36:49on aura le déclic
36:50du réveil de la Chine
36:51s'il doit se produire
36:52et ça, ça aura
36:53une grande influence
36:54sur nos investissements
36:55aussi.
36:56Pour l'instant,
36:57encore une fois,
36:58on n'en voit pas du tout
36:59le signe.
37:00Mais c'est clair
37:01que ce sera un élément
37:02peut-être majeur
37:03pour 2025.
37:04Ça peut être,
37:05effectivement,
37:06un tournant et un pivot
37:07pour 2025.
37:08Dans une gestion diversifiée,
37:09Cyriac,
37:10qu'est-ce qui vous intéresse ?
37:11On n'a pas beaucoup parlé
37:12du crédit,
37:13mais je crois comprendre
37:14que le crédit
37:15tient de manière
37:16spectaculaire encore.
37:17Assez impressionnant,
37:18en effet.
37:19Surtout en zone euro,
37:20finalement,
37:21parce qu'aux Etats-Unis,
37:22en particulier,
37:23l'investissement de Gred
37:24a quand même une sensibilité
37:25sans BP sur le 10 ans.
37:26Ça l'a un peu chalqué.
37:27Depuis que la fête
37:28baisse les taux,
37:29les taux longs montent.
37:30C'est bien ce qu'il faut comprendre.
37:31C'est assez étonnant.
37:32Mais oui,
37:33pour répondre à votre question,
37:34le crédit zone euro
37:35est assez sympathique aujourd'hui.
37:36Alors nous,
37:37on a plutôt une préférence
37:38pour tout ce qui est crédit
37:39high yield,
37:40donc les entreprises
37:41avec un niveau d'endettement
37:42un peu plus mauvais
37:43que la moyenne,
37:44mais par contre,
37:45avec un rendement
37:46beaucoup plus attractif.
37:47Et comme,
37:48malgré tout ce que j'ai dit
37:49précédemment sur la zone euro,
37:50on n'est pas dans le scénario
37:51de mon point de vue
37:53ou en tout cas une forte récession
37:54dans la zone euro
37:55dans les 12 prochains mois,
37:56je pense que les entreprises
37:57vont vivre avec une croissance
37:58entre 0 et 1
37:59comme elles ont pris
38:00finalement l'habitude.
38:01Continuer à payer
38:02finalement leurs coupons
38:03tous les trimestres
38:04ou tous les semestres.
38:05Donc je trouve que
38:06le crédit high yield
38:07européen garde de la valeur
38:08et les subordonnés,
38:09les banques,
38:10alors là aussi,
38:11les actions bancaires
38:12sont assez volatiles,
38:13mais les subordonnés
38:14bancaires,
38:15après ce qui s'est passé
38:16sur Credit Suisse,
38:17il y a eu un spread
38:18très important.
38:19C'est bien revenu.
38:20C'est bien revenu,
38:21mais en relatif,
38:22il reste un petit peu de valeur.
38:23Donc voilà,
38:24sur le crédit,
38:25je trouve qu'il y a
38:26de l'intérêt aujourd'hui.
38:27Pour une croissance médiocre,
38:28ça paye bien quoi.
38:29C'est exactement.
38:30Le pire du crédit,
38:31enfin le crédit,
38:32c'est un peu un profil
38:33à 90% du temps,
38:34ça marche
38:35et puis les 10%,
38:36par contre,
38:37ça marche pas,
38:38ça marche pas,
38:39ça va mal.
38:40Là, je pense qu'on est
38:41encore dans les 90%
38:42où on se rapproche
38:43un peu de ce moment
38:44qui sera peut-être plus critique,
38:45mais sur les 6 prochains mois,
38:46on va avoir une position crédit
38:47qui va vous apporter un rendement
38:48surtout avec des taux monétaires
38:51de 4 ou 5%.
38:52Écoutez,
38:53sur les 3 ou 4 prochaines années,
38:54je pense que c'est
38:55un bon investissement.
38:56Axel,
38:57qu'est-ce qui vous paraît intéressant
38:58dans ces marchés un peu globaux
38:59là aujourd'hui ?
39:00On se crie très souvent au crédit
39:02puisqu'il y a une particularité
39:04aussi financière,
39:05c'est que le spread en lui-même
39:06est très peu volatil
39:07finalement cette année,
39:08que ce soit contre Bound
39:10ou contre Swap.
39:11Ça a un peu bougé
39:12ces derniers temps
39:13avec les mouvements
39:14du Swap,
39:15mais c'est un surrendement
39:16qui est assez récurrent.
39:18Effectivement,
39:19on va éviter la récession
39:20malgré l'incertitude accrue,
39:21a priori.
39:22Donc,
39:23le coupon continue de rentrer
39:24et même sur le high yield,
39:25on ne projette pas
39:26de hausse de défauts
39:27au-delà de 4%,
39:28ce qui est la moyenne historique.
39:29On voit même peut-être
39:30ce taux de défauts
39:31finalement baisser
39:32et le refinancement s'opérer
39:33à des taux l'année prochaine
39:34qui seront plus bas.
39:35A priori,
39:36c'est assez confortable
39:37comme situation
39:38pour le crédit.
39:39L'inflation,
39:40c'est un peu renchéri.
39:41C'est peut-être
39:42un petit peu plus
39:43élevé,
39:44mais c'est un peu plus
39:45élevé
39:46pour le crédit.
39:47Donc,
39:49c'est peut-être
39:50un petit peu moins
39:51le trade
39:52que ça pouvait l'être
39:53il y a quelques mois
39:54en arrière encore
39:55quand le marché
39:56avait un petit peu
39:57naïvement projeté
39:58la baisse du prix du pétrole
39:59même s'il y a toujours
40:00un peu, je pense,
40:01d'inertie d'inflation
40:02qui peut rendre
40:03cette classe d'actifs
40:04disons attrayante
40:05pour couvrir
40:06l'hypothèse
40:07d'une hausse
40:08des taux d'intérêt
40:09et puis,
40:10je dirais,
40:11les actions
40:12avec des profits
40:13qui sont
40:14peut-être
40:15un petit peu plus
40:16élevés
40:18ça reste
40:19difficile à jouer
40:20moi, j'ai du mal
40:21à croire
40:22à une reprise bénéficiaire
40:23en Europe
40:24donc ça va un peu caper
40:25toute...
40:26j'imagine
40:27qu'on continuera
40:28on aura du mal
40:29à être tiré
40:30par le marché américain
40:31encore
40:32pendant quelque temps
40:33comme ça a été le cas
40:34donc l'euro
40:35est une bonne chose
40:36la baisse des taux
40:37qui se profilent en Europe
40:38aussi
40:39maintenant il faut aussi
40:40un peu de
40:41demande
40:42agagée
40:43intrinsèque
40:44domestique
40:45politique
40:46mais peut-être que
40:47par exemple
40:48la construction
40:49a touché son point bas
40:50parce qu'on a vu
40:51le pire
40:52dans un certain nombre
40:53de secteurs
40:54donc au moins
40:55on peut être
40:56à peu près sûr
40:57que ce secteur-là
40:58va pas continuer
40:59de plomber autant
41:00les comptes publics
41:01peut-être qu'il y a
41:02des planchers
41:03qui sont en train
41:04de se mettre en place
41:05donc voilà
41:06il y a des choses
41:07qu'on a beaucoup
41:08corrigées
41:09Bon,
41:10on suivra ça
41:11effectivement
41:12avec une politique
41:13européenne
41:14qui va continuer
41:15et qui est derrière nous
41:16maintenant
41:17Merci beaucoup messieurs
41:18d'avoir été des invités
41:19de Planète Marché
41:20ce soir
41:21Axel Bott,
41:22Ostrom Asset Management
41:23Cyriac Daian,
41:24Samson Lanchand
41:25Asset Management
41:26et Régis Béguet
41:27Zadig A.M.