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Lundi 8 juillet 2024, SMART BOURSE reçoit Alexandre Tavazzi (Responsable CIO office et recherche macroéconomique, Pictet Wealth Management)

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00:00Mais d'abord, quelques commentaires et analyses sur la situation des marchés au lendemain
00:14du second tour des élections législatives en France et plus généralement, que dire
00:18de cette dimension politique qui prend de l'importance face aux fondamentaux économiques.
00:24Alexandre Tavadzi est avec nous par téléphone, responsable CIO Office et Recherche Macro
00:28chez Pictet Wealth Management. Bonjour et bienvenue Alexandre. Merci beaucoup d'être
00:33avec nous au bout de la ligne. Habituellement, c'est vrai qu'il est plutôt judicieux et
00:37avisé pour un investisseur de ne pas trop tenir compte des considérations et du bruit
00:42politique dans sa prise de décision. Que dire de la situation actuelle quand on se
00:47réfère évidemment à la situation française mais qui n'est pas une situation politique
00:50unique puisqu'on a des enjeux politiques, c'est-à-dire de part et d'autre aussi bien
00:55en Europe que côté américain pour les prochains mois. Mais sur la situation de
01:00la France, comment est-ce que vous comprenez la manière dont les marchés notamment réagissent
01:03ce matin Alexandre ? Bonjour. En fait, on a invité un scénario
01:07des extrêmes, que ce soit l'extrême gauche ou que ce soit l'extrême droite et c'est
01:11la raison pour laquelle les marchés se comportent de façon plutôt calme aujourd'hui. Il n'en
01:15demeure pas moins qu'on n'a pas refait la baisse du CAC 40 que nous avions eue dans
01:19le courant des semaines précédentes à la suite du premier tour. Donc pour l'instant,
01:22les marchés sont en train de regarder, même si on a évité les scénarios les plus dommageables
01:27je dirais pour les marchés financiers, il n'en demeure pas moins qu'il va falloir regarder
01:32les jours prochains qui va être nommé Premier ministre, quel sera le type de coalition qui
01:36va se mettre en route et ça déterminera certainement l'évolution des marchés. Mais
01:40la toile de fond, et la toile de fond la plus importante que ce soit vis-à-vis de ces élections-ci
01:44ou vis-à-vis éventuellement des élections aux Etats-Unis, ce sera bien évidemment la
01:48situation fiscale puisque c'est ce qui détermine en tout cas sur un plus long terme la situation
01:52des marchés. Et de ce point de vue-là, oui, situation fiscale qui veut bien dire trajectoire
01:56de finances publiques, situation budgétaire et fiscale sur le plan de l'imposition également
02:03si je puis dire Alexandre. Est-ce à dire que le marché va être particulièrement
02:08attentif dans le cas français par exemple ou dans le cas américain demain à la capacité
02:13de la nouvelle gouvernance politique qui sera établie de prendre des décisions pour corriger
02:20ou j'allais dire contenir la trajectoire des finances publiques ? On parle en France
02:26d'une trajectoire de déficit public qui s'aggrave encore sur les cinq premiers mois de l'année
02:31à fin mai par rapport à ce qu'on pouvait observer sur les cinq premiers mois de l'année
02:352023 Alexandre. Oui, alors la situation de la France est
02:40complètement différente de celle des Etats-Unis dans la mesure où il y a une situation qui
02:43est contrainte par la Commission européenne et notamment les sanctions qui peuvent être
02:48mises en place donc ça veut dire que le cas français est finalement sous l'observatoire
02:52de ce qui se passe du côté européen et c'est en cela que c'est inquiétant, ce
02:56d'autant plus qu'à partir du mois d'octobre et de novembre on aura les agences de notation
03:00qui vont se reposer la question de la direction de la trajectoire de la dette française,
03:06ce qui pourrait déboucher très probablement sur un abaissement de la note surtout en direction
03:11de l'outlook. Dans la situation américaine, la situation est complètement différente
03:15puisqu'aujourd'hui on est en pleine situation électorale, il n'y a aucune volonté ni du
03:19côté des démocrates ni des côtés des républicains de réduire en quoi que ce soit la dette
03:23et vous n'avez pas de situation de contrôle par une autre entité donc la dette américaine
03:28peut continuer à se dégrader jusqu'à ce qu'effectivement les marchés prennent note
03:31et commencent à sanctionner. Dans le cas français, on a deux échéances absolument clés, c'est
03:37la première discussion à partir du mois de septembre du budget 2025 donc ça sera
03:41vraiment à l'Assemblée nationale française d'en décider et ensuite suivra la décision
03:46des agences de notation qui sera plus tard dans l'année.
03:49Et ces garde-fous paraissent solides pour le cas français en l'occurrence Alexandre,
03:54que ce soit les nouvelles règles budgétaires remises en place en Europe, que ce soit le
03:59garde-fou disciplinaire que peuvent être les marchés également et dans les marchés
04:03j'inclus les agences de notation également, au regard du paysage politique français tel
04:08qui s'est dessiné hier soir Alexandre, est-ce que ces garde-fous sont sérieux et
04:13solides du point de vue des investisseurs ?
04:14Du côté des marchés, il y a un impact important dans la mesure où plus de 50% de la dette
04:20française est détenue par des mains étrangères et donc la notation de la dette française
04:27va être un des paramètres très très important pour ces détenteurs étrangers étant bien
04:31entendu qu'historiquement on avait toujours une prime de rendement par rapport à la dette
04:34allemande et on estimait que le risque était à peu près le même. Si l'on devait avoir
04:38un changement dans la notation française par les agences de notation, on a de toute
04:42façon un petit spread aujourd'hui, on a un écart de 60 à 70 points de base mais cette
04:47notion de risque va probablement changer. Donc ce qu'il faudra mesurer ensuite c'est
04:50la décision des détenteurs étrangers de dette française qui effectivement décident
04:54de garder toujours cette dette en portefeuille et c'est en cela finalement que la situation
04:58française peut devenir inquiétante éventuellement si on continue à avoir un dérapage ou une
05:04trajectoire de la dette qui va dans la mauvaise direction parce qu'encore une fois la France
05:09est la dette française est détenue en majorité par des détenteurs qui sont non français
05:13et donc leur prise de décision va dépendre probablement des agences de notation.
05:17Il y a la politique et les fondamentaux macroéconomiques. A ce titre Alexandre comment est-ce que vous
05:23regardez la dernière séquence de données américaines notamment publiées la semaine
05:28dernière ? On a eu des enquêtes ISM par exemple ou encore des chiffres d'emploi qui semblent
05:33montrer que les surprises économiques sont un peu moins positives désormais aux Etats-Unis.
05:37Est-ce qu'on est toujours dans le cadre de ce que la Fed appelle un rééquilibrage souhaité,
05:43souhaitable de l'économie américaine et des tensions qui ont pu apparaître dans l'économie
05:47américaine en matière d'offres et de demandes ou est-ce qu'on est proche de quelque chose
05:52qui déborderait vers un refroidissement non souhaité ou inattendu qui pourrait forcer
05:59la réserve fédérale américaine à agir peut-être différemment ?
06:02Pour l'instant nous sommes en ralentissement ordonné, c'est un ralentissement qui a été
06:08voulu. On se rend compte que finalement la politique monétaire a un impact également
06:12sur l'économie aux Etats-Unis. Le point le plus important c'est peut-être de noter que le marché
06:17du travail s'est maintenant normalisé. C'est-à-dire que si on regarde la création d'emplois par rapport
06:21à l'activité économique on revient à la situation qui prévalait près situation du Covid. Ça veut
06:26dire qu'à partir de maintenant les prochains signes de ralentissement économique vont également
06:30se traduire par une moins grande création d'emplois, non seulement par une moins grande embauche mais
06:35c'est-à-dire que les entreprises vont certainement commencer à réagir en réduisant probablement leurs
06:40coûts. Donc ça veut dire qu'on est exactement en ligne avec ce qui a été voulu par la réserve
06:44fédérale. Ça ouvre certainement le chemin pour avoir une baisse des taux d'intérêt. Nous avons
06:48la première baisse des taux d'intérêt dans nos prévisions pour le mois de septembre de cette
06:52année. Ce qu'il reste encore à voir c'est effectivement des chiffres d'inflation qui
06:55baissent mais on aura des chiffres cette semaine. Donc encore une fois de façon générale et globale
07:00aux Etats-Unis on a un ralentissement qui ne conduit pas un scénario de ralentissement marqué
07:05et rapide mais c'est un ralentissement qui est bienvenu dans la vue de la réserve fédérale.
07:10Du point de vue de la fonction de réaction des banques centrales et de la Fed en premier
07:13lieu est-ce que ça veut dire peut-être que les banquiers centraux sont prêts à attacher un peu
07:18plus d'importance aux prévisions, à l'outlook, à leur propre projection plutôt qu'une stricte
07:24dépendance à chaque point de donnée Alexandre ? Est-ce que de ce point de vue là les choses
07:29évoluent un peu ? Non c'est peu probable parce que finalement les banques centrales font face
07:34aux mêmes problèmes que l'ensemble du marché c'est-à-dire que les deux dernières années
07:37étaient tellement particulières que les prévisions étaient particulièrement difficiles à faire et
07:42surtout à respecter. On a vu des paramètres économiques qui étaient très en-dessous ou très
07:47en-dehors de ce qui avait été prévu précédemment. Donc il est très probable que ce soit du côté de
07:51la banque centrale européenne mais également de la réserve fédérale que l'évolution de leur
07:56prise de décision va dépendre essentiellement des chiffres qui vont être publiés étant bien
08:00entendu qu'aucune des banques centrales ne veut baisser les taux d'intérêt trop rapidement au
08:04risque ensuite de relancer la conjoncture et dans cette dans cette optique là la réserve fédérale
08:09va très fortement dépendre des prochains chiffres d'inflation. Est-ce que ce ralentissement de
08:14l'activité économique aux Etats-Unis toute ordonnée qu'il soit Alexandre peut faire peser
08:21un risque sur le marché notamment le marché boursier par exemple américain qui reste au
08:26firmament avec un niveau de volatilité toujours extrêmement bas ? En réalité c'est déjà le cas
08:32parce qu'on se focalise toujours sur l'indice américain des actions représenté par le S&P 500
08:37mais le mois passé vous avez une performance positive du S&P 500. Si vous regardez les
08:43autres indices qui dépendent moins de certaines très très grandes capitalisations le marché était
08:47déjà en baisse donc en fait si l'on regarde au delà des fameux titres de la technologie que tout
08:52le monde mentionne en sous-jacent ce que l'on voit c'est déjà des paramètres dans les marchés qui
08:56font état d'un ralentissement marqué de la conjoncture. Le Russell 2000 qui est un indice
09:01fortement représenté par des petites et moyennes capitalisations, le S&P 600 qui mesure essentiellement
09:09la performance des moyennes capitalisations sont déjà en phase baissière avec de moins en moins
09:14de participation au phénomène de hausse du marché donc ça veut dire qu'en sous-jacent le marché est
09:18déjà en train de nous indiquer que nous sommes dans une phase de ralentissement économique c'est
09:23la raison pour laquelle ces indices-là n'ont pas bien performé la semaine passée malgré la baisse
09:27et tout l'intérêt que l'on a enregistré sur les obligations de l'usine de l'état américain.
09:30Merci beaucoup Alexandre, merci pour votre éclairage et votre analyse sur la situation
09:35de marché avec cette dimension politique mais également des fondamentaux qui sont
09:40importants à prendre en compte et vous le disiez à ce titre après l'emploi américain nous aurons
09:44la prochaine marque d'inflation aux Etats-Unis l'indice des prêts à la consommation qui sera
09:48publié ce jeudi sans oublier le témoignage semi-annuel de Jérôme Poel devant les différentes
09:54commissions du sénat et de la chambre des représentants pour éclairer peut-être la marche
09:59à suivre en matière de politique monétaire du côté de la Fed pour les prochains mois.
10:03Alexandre Tavasi responsable CIO office et recherche macro chez Pictet Wealth Management
10:07qui était avec nous à distance.

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