• il y a 6 mois
Lundi 17 juin 2024, SMART BOURSE reçoit Laurent Denize (Global Co-CIO, Oddo BHF) , Julien Nebenzahl (Administrateur, Advize) et Eric Turjeman (Codirecteur de la gestion collective, Ofi Invest Asset Management)

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00:00Et c'est parti à présent pour Planète Marché. Nous avons une quarantaine de minutes ensemble pour tenter de décrypter l'actualité politique, économique et surtout financière dans Smart Bourse.
00:20Aujourd'hui, pour tenter de décrypter effectivement cette actualité financière, nous avons le plaisir d'accueillir tout d'abord Eric Turgeman. Bonsoir Eric Turgeman.
00:29Bonsoir Nicolas. Bienvenue sur le plateau de Smart Bourse. Vous êtes co-directeur de la gestion collective chez Ofi Invest Assets Management.
00:35A vos côtés, nous avons le plaisir d'accueillir également Julien Nébenzale. Bonjour Julien Nébenzale. Bonsoir Nicolas.
00:39Bienvenue. Vous êtes administrateur d'Advise. Enfin, nous avons le plaisir d'accueillir également Laurent Denys. Bonsoir Laurent Denys.
00:44Bonsoir. Global CIO chez Odo BHF. On va peut-être commencer avec vous Eric Turgeman. On va parler marché obligataire.
00:54On va essayer de comprendre un petit peu, refaire peut-être la séquence rapide de la semaine dernière sur les marchés obligataires.
01:02Dimanche soir, annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale française.
01:07Différentes tractations, différentes rumeurs, différentes actualités, différentes nouvelles pour savoir à quoi ressemblera l'échec politique dans trois semaines.
01:15Et on a constaté quand même un écartement du spread franco-allemand assez important pour deux raisons différentes.
01:22D'abord, enfin, c'est mon analyse, je vous laisse donner la vôtre dans un instant, mais de ce qu'on peut lire effectivement,
01:27plutôt en lien avec une sorte de nervosité sur la dette française en début de semaine et plutôt en lien avec une sorte de mouvement presque
01:35d'un certain nombre d'investisseurs, de flux sur la dette allemande en fin de semaine.
01:41Oui, mais ce qui est intéressant à noter, c'est que ce n'est pas le lundi que ça s'est tendu. En fait, on s'attendait à ce que ça s'écarte.
01:47Lundi matin, il y a une toute petite tension de quelques points et ça s'est accumulé au fur et à mesure.
01:52La raison est très simple, c'est qu'on essaie de faire des projections sans rentrer dans la politique.
01:57On est obligé d'essayer de savoir ce qui va se passer. Bien sûr, il y a à peu près trois solutions.
02:03Et après, c'est très dur de les probabiliser. Mais donc une solution où on aurait une majorité, on va dire nouveau Front populaire,
02:11une autre RN et puis la troisième et qui devient de plus en plus mince, c'est la majorité en centre.
02:17Et le problème pour les marchés, c'est que les deux probabilités de gauche ou de droite sont budgétivores.
02:26En fait, ça a déjà été. Les programmes ont été annoncés. On part de centaines de milliards.
02:30Et à partir de là, si vous creusez le déficit budgétaire, très logiquement, la dette, la dette.
02:38La prime de risque augmente. Voilà. Ça, c'est donc un réflexe tout à fait normal.
02:44Dans la mesure où justement la note de la France venait d'être dégradée par SNP en considérant effectivement que le budget n'était pas assez équilibré.
02:51Donc, si vous dites on va encore dépasser 50, 100 ou 200 milliards de plus, soit vous créez un déficit.
02:59Et là, c'est normal que les taux s'envolent. Soit vous essayez de l'équilibrer.
03:04Et là aussi, ça peut faire peur comment on l'équilibre par des hausses d'impôts. Et ça, c'est ce qu'explique la chute de la bourse.
03:12Voilà. Mais donc voilà. Le mouvement des taux, c'est... Que va sortir ? On n'en sait rien du tout.
03:18C'est une élection à deux tours. Il y a des projections. Mais on peut pas forcément se baser sur les européennes pour avoir la vision de ce qu'elle sera l'Assemblée.
03:29Donc l'incertitude... Bon, déjà, les marchés n'aiment pas. Et avec un spread... Si vous avez un spread qui a 50, 60 points de base, vous dites autant aller sur l'Allemagne, qui paraît un peu plus sécure.
03:40D'où l'écartement du spread. Et du coup, ça a influé sur tous les autres pays périphériques. Parce que si vous allez sur l'Allemagne, vous vendez un peu les périphériques.
03:47Et du coup, l'Espagne, l'Italie, etc. ont pâti du cas français.
03:52— Mais c'est intéressant, parce que dans les commentaires, dans les analyses qu'on peut avoir de ce spread franco-allemand, il y a cette idée que, finalement, la semaine dernière,
03:59la France était plus dans un comportement de pays périphériques que ce qu'on avait l'habitude d'avoir jusqu'alors.
04:04— Oui, parce que jusqu'à présent, la France était effectivement considérée comme corps parce que la politique a toujours été un peu laxiste, mais enfin plus ou moins rigoureuse, quoi,
04:14avec la volonté notamment de Bruno Le Maire de réduire les déficits. Alors on avait du mal à le faire, en tout cas, cette volonté.
04:20Si vous changez complètement de politique en disant « De toute manière, quoi qu'il en coûte, on va aggraver le budget », là, vous passez dans un périphérique.
04:29Mais ce qui est aussi intéressant... Bon, ça, c'est le côté anxiogène. Après, le côté plus rassurant, c'est de voir que toutes les aventures qu'il y a pu avoir
04:38dans les autres pays européens au sens large, entre guillemets, ça s'est bien fini parce que, enfin entre guillemets, les politiques ont besoin des marchés pour financer l'économie.
04:50Donc vous pouvez pas laisser les taux français partir à 10%. Donc à un moment donné, l'Istrus, en Angleterre, enfin au Royaume-Uni, avait tenté d'avoir quelque chose d'assez laxiste.
05:01Bon, ça lui a coûté sa place. Ça a duré quelques semaines. En Italie aussi. Voilà. Donc les marchés aussi peuvent se dire... C'est pour ça que ça reste à peu près contenu.
05:10Bon, OK, il y a les effets d'annonce. Et puis après, quand il faudra bien trouver les sous, on va rentrer, on va revenir sur des promesses.
05:18C'est déjà un peu le cas côté RN avec la réforme des retraites. Voilà.
05:22— Il y a quand même une question. C'est combien de temps ce spread va-t-il continuer sans même continuer à s'étirer ?
05:27Combien de temps va-t-il rester effectivement dans une zone plus tendue que ce qu'on a pu connaître jusqu'alors ?
05:32— Ça va dépendre déjà des sondages à venir et puis vers quoi on va basculer. Il y a beaucoup d'hypothèses possibles.
05:39Donc après, plus vous avez un budget déficitaire dans vos annonces et plus le spread va s'écarter.
05:47— Laurent Denys, on parlera des marchés actions dans un instant. Effectivement, ça peut commencer à faire un début de réponse.
05:54Mais globalement, on a des marchés obligataires qui scrutent de près des programmes politiques qui changent tous les jours. Je l'ose en ce moment.
06:04— Vous avez raison. On a commencé à pricer justement ces déficits potentiels. Et donc le RN, même si vous avez raison,
06:14on n'a pas encore en fait l'intégralité du programme. Ça tournerait autour de 3% du PIB. Je rappelle qu'on a déjà un déficit de 5%.
06:22Donc 5 plus 3, ça ferait 8. Bon. Mais alors le nouveau front populaire, là, on est plutôt vers du 9%.
06:29Donc là, effectivement, on se rapproche plus de la Grèce. Donc c'est pas la même.
06:33Donc effectivement, il va y avoir un effet rattrapage, puisque les marchés ont commencé à sanctionner.
06:39Et voilà. On voit être la corde de rappel. Mais pour autant, attention en fait à une éventuelle majorité absolue de l'un des pôles extrêmes.
06:51Et là, je crois qu'il faut quand même parler un tout petit peu du mode de scrutin et en fait de la probabilité que ça puisse se mettre en place.
06:57— Bien sûr. — Mais en fait, ça, c'est vraiment le risque. En fait, il est vraiment que le RN ait la majorité absolue.
07:04Et je crois que le marché sous-estime ce risque aujourd'hui. Pourquoi ?
07:08Parce qu'en fait, ce mode de scrutin à deux tours, le fait que ce soit pas la proportionnelle mais la majorité absolue,
07:16fait qu'aujourd'hui, en fait, c'est le taux de participation qui va être la clé. Or, on a essayé de modéliser ça.
07:23Si on a un taux de participation qui est aujourd'hui autour de 50%, mais qui revient vers les 60% alors qu'il était à 70% dans les années 90,
07:32donc juste 10% parce que le sujet est d'importance, en fait, on devrait avoir en fait un rassemblement national qui est en mesure
07:41d'avoir la majorité absolue avec entre 35% et 38% des votes. On n'est pas à 50%.
07:48— Bien sûr. Oui, oui. — Donc pourquoi ? Parce qu'il y a plus de triangulaires.
07:51Et donc les triangulaires sont gagnées par le parti qui a le plus de votes. Et ça, c'est pas bien pris. C'est pour les marchés.
07:59Et aujourd'hui, en fait, nous, on reste très très prudents. Et on pense en fait que même s'il y a effectivement cette corde de rappel,
08:06les mesures populistes potentiellement mises en place par le rassemblement national, la baisse de TVA sur les produits de première nécessité...
08:14Enfin chaque mesure, vous les pricez. C'est à peu près 10 milliards, sans parler effectivement de la retraite.
08:19Bon, alors là, il y a effectivement une marche arrière toute. Mais juste un point... Enfin une année, en fait, de moins sur la retraite,
08:30c'est à peu près 15 milliards. Donc 64-60, ça fait 60 milliards. Il parlait de 62 milliards. Donc on est dans les 30 milliards.
08:36Vous rajoutez 10 milliards pour les 3 mesures phares du rassemblement national, on est à 50 milliards.
08:42On est encore encore dans une trajectoire extrêmement compliquée pour la France. Et donc les spreads, qui à notre avis, aujourd'hui, sont un peu complaisants.
08:51Nous, on est très prudents.
08:52— Je voulais réagir là-dessus. Des marchés actions, notamment un CAC 40 qui a effacé sa performance depuis le début de l'année,
08:59il y a un spread franco-allemand qui dure quand même dans le temps. Alors effectivement, peut-être contenu, mais qui dure.
09:05Vous dites qu'on n'a pas encore pricé peut-être le pire du risque politique en France.
09:11— Je pense qu'on n'a pas... Compte tenu de la trajectoire, déjà, du déficit sur PIB autour de 114% et... Enfin de la dette sur PIB, pardon, autour de 114%
09:21et du déficit budgétaire, oui, on a eu un dernier de SNP. Ça va pas s'améliorer. Et même si on a le scénario, je dirais, le plus favorable,
09:30qui est pas de majorité et donc un gouvernement technique, comme on a pu le voir en Belgique ou en Italie, c'est le scénario peut-être le plus favorable.
09:38Il y a un blocage total. Pourquoi ? Parce que M. Macron ne peut pas dissoudre l'Assemblée avant un an. Et donc là, on est dans un chemisement
09:44où il va rien se passer, pas de réforme, donc une trajectoire de la dette qui va continuer à se détériorer. Donc cette configuration, elle est pas bonne.
09:51Elle sera sanctionnée par les marchés. Et donc on est dans une configuration où on a du mal à voir le positif aujourd'hui.
09:57Et je pense que le spread n'est pas pricé. Et puis après, il faut avoir aussi... Et on est une banque franco-allemande.
10:03Il faut avoir en tête ce que pensent les Allemands. Et les Allemands considèrent les Français maintenant plutôt du côté des périphériques.
10:09Donc attention quand même à peut-être cette dislocation de la zone euro. Et c'est aussi pour ça que la dette allemande a été favorisée.
10:17C'est aussi pour ça – et vous l'avez très bien dit – qu'on a des inquiétudes. Et là, c'est le rapport au marché d'action sur la croissance de la zone euro.
10:23Pourquoi ? Parce que justement, cette dislocation peut amener des problématiques au niveau européen de flux, de capitaux et puis même d'investissements.
10:33Donc c'est pas bon de confiance au final. Donc oui, une certaine prudence en ce moment.
10:38— Ça veut dire, si je vous suis, Laurent Denis, que le risque politique français n'est pas un risque spécifique à la France.
10:46Ça devient un risque pour la zone euro aujourd'hui ? On peut parler de risque systémique ?
10:50— On n'en est pas là. On est d'abord dans un risque français. Mais si ce risque français se matérialise...
10:58Et on verra comment il se matérialise. Ne voyons pas le pire. Mais s'il se matérialise, oui, on aura à terme des problématiques au niveau européen.
11:06C'est d'une évidence sans conteste. Donc est-ce que c'est pour aujourd'hui ? Non. Est-ce que c'est pour demain ? Oui.
11:14Donc attention. Attention à cette dynamique qui se met en place, qui n'est pas bonne. Ce coup franco-allemand qui était déjà un peu à l'arrêt.
11:20M. Macron, M. Scholz ne s'entendent pas. Demain, en fait, des politiques budgétaires qui sont complètement différentes.
11:28Je vous rappelle, en Allemagne, c'est la politique du Schwarz-Null. Vous pouvez pas avoir un déficit.
11:33Et puis le ratio de dette sur PIB, il est à 66%. On va vers du 120%. 66%, il y a un moment où ça marche plus. Donc attention quand même.
11:42Julien Ebbenzal, toujours sur ce sujet. On refait la semaine dernière. On tente de comprendre ce qui s'est passé, en tout cas avec l'orniette des marchés obligataires.
11:53Pour le moment, comment vous avez vécu cette semaine dernière en tant qu'observateur des marchés financiers ?
12:00La première chose que j'ai regardée lundi-mardi, ça a l'air d'être à contre-temps, c'est le spread italien.
12:07Parce qu'en fait, je voulais voir si ce qui se passait en France avait déjà, et je rejoins justement le refuge vers la dette allemande, correspond à dire
12:16qu'est-ce qui va rester si ça marche pas si bien que ça à l'Europe pendant quelques trimestres ?
12:20La dette allemande.
12:21La dette allemande, voilà. Donc je voulais regarder s'il y avait une sorte, non pas de contagion, mais de réaction immédiate sur une autre zone fragile du point de vue monétaire.
12:30Maintenant, je fais juste un point sur le cycle de la dette rapidement parce que dans l'analyse comportementale, ça aide à structurer en tout cas un point de vue.
12:41Le cycle de la dette, c'est dans une zone monétaire, qu'elle soit organisée par un dictateur ou par une démocratie, c'est d'abord des investissements et des dépenses qui permettent de créer de la valeur.
12:51Et puis comme ça marche, on en fait un peu plus. On commence à émettre un peu plus de monnaie.
12:55Puis à un moment, le rendement commence à baisser. C'est le fameux mécanisme classique d'efficacité marginale des investissements qui est en train de baisser.
13:01Et du coup, ce qu'on fait, pratiquement dans tous les cas de figure, c'est qu'on monte encore plus l'investissement.
13:06On dépense encore plus, on investit encore plus et on se retrouve avec une masse monétaire finalement qui ne permet plus de réaliser des améliorations du point de vue économique
13:16et virgule donc aussi du point de vue social éventuellement.
13:19Quand on est face à ça, ce qui peut se passer, c'est comme tout n'est pas investi, le prix des actifs a tendance à monter.
13:25C'est un peu l'inverse d'une dépréciation de la monnaie.
13:28Quand les prix des actifs montent, ceux qui en détiennent relativement bien patrimonialement, la valeur de leur patrimoine progresse plus vite que ceux qui en détiennent moins parce qu'ils sont moins lotis.
13:40Donc on assiste systématiquement dans ces cas de figure à un accroissement des inégalités.
13:44C'est ce qui s'est produit et c'est ce que les gens ont vu dans tout l'Occident.
13:48On l'a vu avec Trump, on l'a vu d'une certaine manière avec le Brexit, on est en train de le voir là.
13:53Il y a juste une couche supplémentaire qui est arrivée.
13:55C'est qu'avec une masse monétaire importante, si dans l'intimité de l'économie on a des blocages type la reprise Covid et les problèmes d'approvisionnement, on a l'inflation qui arrive.
14:06Et là l'inflation, qu'est-ce qu'elle fait ? Elle touche en priorité ceux dont l'essentiel du revenu part dans la consommation.
14:11C'est eux qui sont impactés.
14:13Alors qu'est-ce qu'on voit ? Ils voient quoi les gens ?
14:15Ils voient cette fameuse start-up nation qu'ils assimilent à un monde globalisé et qui ne semble pas leur profiter beaucoup.
14:21Et puis maintenant qu'il y a l'inflation, on rajoute en plus la volonté de gérer les dépenses publiques correctement, ce qui veut dire réforme des retraites.
14:28On les met dans une situation qui est très difficile à accepter.
14:32Encore une fois, c'est pour ça que je regarde à l'Italie, c'est ce qui se passe dans toute l'Europe.
14:36C'est ce qui s'est passé aussi aux Etats-Unis.
14:40Donc le tableau, il est ici.
14:42Maintenant, il faut rajouter dans cette lecture un peu comportementale d'un cycle de dette, il faut rajouter l'élément du Covid.
14:48Dans le cas du Covid, parce que toutes les zones économiques ont réagi de la même manière au même moment,
14:58on a pu monter fortement les budgets et la base monétaire.
15:03En faisant ça, on a expliqué à tout le monde que quand on veut mettre beaucoup d'argent sur la table, on peut le faire.
15:09Et finalement, je ne dis pas que les gens ne comprennent pas ça, mais ils sont en train de dire que ça va être le moment de tester toutes ces hypothèses.
15:17C'est ça qu'ils sont en train de dire au travers de leur vote.
15:20Alors qu'est-ce que le marché interprète de tout ça ?
15:23De toute façon, je crois que je vais redire ce qui a été dit avant, mais de toute façon, si vous voulez me tester, je serai là.
15:30Donc on va voir ce qui se passe si vos taux vont à 10%.
15:33Mais pour le moment, compte tenu de l'impossibilité de la réalisation réelle, l'affectation réelle de ce surcroît de budget,
15:44compte tenu de cette impossibilité, moi finalement, mon taux français ne bouge pas tellement.
15:49Et ce qui peut se passer, c'est que ce soit l'Europe qui se mette à bouger, d'où le refuge sur le taux allemand.
15:54Voilà ce qui, pour moi, est en train de se passer.
15:57Ce que fait le marché en ce moment, c'est une synthèse de toutes les probabilités, incluant celles où l'extrême droite ou l'extrême gauche
16:06va tester le marché sur ses prévisions de dépenses budgétaires.
16:12Donc pas de risque systémique, on l'a dit.
16:14Pour autant, des élections européennes qui aboutissent quelque part à une redistribution des cartes en Europe,
16:19sur le volet au moins de la dette ou au moins sur le volet financier, c'est ce qu'il faut comprendre ?
16:24C'est-à-dire que ce qui se passe en France aura de toute façon des incidences en Europe sur les prochains mois ?
16:29Sans vouloir être particulièrement chevant, mais juste pour comprendre l'étendue du risque politique en France aujourd'hui.
16:35Pour les raisons que j'ai dites juste avant, la polarisation politique et la montée des extrêmes est quelque chose qui était inévitable.
16:42En tout cas, c'est ma lecture, mais je crois que je ne suis pas le seul à dire ça.
16:46Il y a beaucoup de gens qui le disent et qui l'expriment aussi différemment.
16:49Et je crois que ça a été le non-dit, mais vraiment très bien travaillé de la Commission européenne von der Leyen.
16:56Leur job, c'était de faire en sorte de créer un univers où on ne laisse pas monter les extrêmes.
17:01Ils ont tout fait pour ça, tout ce qu'ils pouvaient.
17:03Et c'était déjà le cas avec Draghi avant.
17:05Là, je parle de la Banque centrale européenne.
17:07C'était déjà la même logique qui était là.
17:09Donc, en fait, tout est organisé pour que ces extrêmes ne passent pas.
17:15Donc, Banque centrale européenne, qu'est-ce qu'elle est supposée dire dans ce contexte ?
17:19Elle est supposée dire exactement ce qu'elle a dit.
17:21C'est-à-dire, c'est votre problème.
17:23Allez faire votre test.
17:25Allez voir ce que vous pouvez faire.
17:27Et éventuellement, revenez à un principe de réalité.
17:30Parce que si à un moment, vous êtes en danger de mort, évidemment, je serai là.
17:34Mais ce qu'ils veulent simplement, c'est que pour que cette polarisation arrive un peu à se calmer ou s'adoucir un petit peu,
17:43ils veulent que les pôles extrêmes rencontrent cette réalité.
17:48Et c'est pour ça que c'est un des nouveaux tests pour l'Europe qui est très significatif.
17:55Le Brexit en était un tout à fait analogue.
17:57C'est la même chose.
18:00En complément, effectivement, la BCE peut dire on sera là si vous êtes en train de mourir.
18:05Mais si vous vous engagez à faire ce qu'il faut pour vous sauver vous-même.
18:09C'est ce qu'elle a fait avec les autres pays.
18:10C'est-à-dire, ce n'est pas on fait un chèque pour faire plaisir.
18:13C'est montrez-nous.
18:14Vous avez voulu jouer un petit peu.
18:16Vous voyez bien que ce n'est pas possible.
18:17Vous ne pouvez pas laisser filer vos taux à 10 ou 12 %.
18:20Donc, montrez-moi que vous allez commencer des réformes ou arrêter.
18:23Et en fait, les marchés sont un peu complaisants, effectivement, parce que personne ne croit.
18:27Ce n'est pas que les marchés ne croient pas à une majorité RN, voire même Front populaire.
18:32C'est qu'ils ne croient pas qu'ils feront ce qu'ils disent.
18:35Parce que dans le passé, jamais les candidats, une fois qu'ils étaient au pouvoir,
18:40quand c'était un peu extrême, n'ont fait ce qu'ils disaient.
18:43Parce qu'on est dans un monde globalisé partout.
18:45Et ceux qui ont essayé, l'Istrus a essayé.
18:48Là, l'Easterling dégringolait.
18:50Ça a duré quelques minutes.
18:52Elle a été virée.
18:53Et derrière, ils sont revenus.
18:54Donc, en fait, c'est un peu le pouvoir des marchés.
18:57Alors, si vous voulez faire abstraction de ça,
19:00là, vous sortez carrément de la zone euro.
19:02Vous devenez un pays complètement satellite de l'Europe.
19:06Mais ça, personne ne l'a dit non plus.
19:08C'est-à-dire qu'il n'y a maintenant plus aucun...
19:10C'est ça aussi qui rassure.
19:11Il n'y a aucun des deux extrêmes qui parle de sortir de l'euro,
19:16alors que le RN, il y a encore 2-3 ans, certains y songeaient.
19:20Donc, si vous restez dans les règles de l'euro,
19:22vous ne pouvez pas faire ce que vous dites que vous allez faire.
19:24Et les marchés pensent ça.
19:25Mais peut-être qu'ils se trompent.
19:27Et en tout cas...
19:28— C'est... Oui. C'est vraiment...
19:30Il n'y a plus qu'un seul paramètre.
19:32Le paramètre de l'euro, il n'est pas jouable, effectivement,
19:35parce que ce n'est pas la livre Saint-Denis,
19:37puisqu'on est à l'intérieur de l'euro.
19:38Donc le seul paramètre, c'est vraiment le spread de la dette
19:41par rapport à l'Allemagne, puisqu'il est mesuré comme ça.
19:44Et donc là, effectivement,
19:45le marché ne croit pas en la mise en place à tort ou à raison.
19:50En tout cas, aujourd'hui, si on modélise, en fait,
19:53même s'il y a une petite partie qui est mise en place,
19:55a priori, le spread est quand même un peu serré.
19:58Et surtout, c'est le seul paramètre.
20:00Et la BCE a un outil d'antifragmentation qu'elle a mis en place,
20:04mais vous l'avez très bien dit, avec des conditionnalités.
20:08C'est-à-dire qu'en fait, il faut une trajectoire de la dette
20:12qui est dans la ligne européenne, etc.,
20:15un déficit aussi qui revient dans les clous,
20:17ce qui n'est pas du tout le cas.
20:18Et ce qui ne sera pas le cas.
20:20Donc cet outil de fragmentation,
20:22il faut vraiment que la France soit en danger pour qu'il soit mis en place.
20:25Donc pour l'instant, ce n'est pas du tout une bouée de sauvetage.
20:28Pour l'instant, c'est pas envisageable.
20:29Donc il n'y a pas de bouée de sauvetage aujourd'hui,
20:32hormis effectivement le fait de croire que ces mesures ne sont pas mises en place.
20:38Mais là, vous avez totalement raison.
20:40Le problème d'un parti populiste qui va rentrer au pouvoir,
20:43c'est de se dire, si je ne mets pas ces mesures en place,
20:47en fait, moi je suis sorti la prochaine fois et remplacé par un autre parti.
20:51Donc est-ce que je n'essaie pas cette fois-ci ou pas ?
20:54Et ça, c'est la vraie question.
20:56Et nous, en tout cas, c'est une probabilité qu'on ne sous-estime pas.
21:03Mais vous avez complètement raison.
21:05Pour l'instant, les marchés restent d'un calme olympien.
21:07Mais peut-être avec, encore une fois, un raisonnement un petit peu des élites
21:15et c'est exactement ce que vous avez montré.
21:18C'est les élites contre le reste de la population plutôt rurale, etc.
21:24Et en fait, c'est ce choix qui va être fait.
21:28Et ce choix avec des conséquences.
21:31Et notamment les gens qui vont rentrer au pouvoir, ils sont missionnés.
21:34Alors que ce soit l'extrême-gauche ou l'extrême-droite, ils vont avoir une mission.
21:38Est-ce qu'ils vont avoir les moyens de le mettre en place ?
21:40Ce n'est pas du tout certain.
21:41Heureusement, il y a eu des gardes-fous.
21:43Mais attention quand même à leur volonté de le faire.
21:46– Julien Desbenzale.
21:47– Il y a un côté aussi un peu, peut-être pour le regarder sous un angle plus,
21:52pas joyeux, mais plus souriant.
21:54Il y a un côté jeu de rôle qui se passe là.
21:58Parce que les Français qui veulent, si je prends deux exemples simples,
22:02par exemple, choisissons la retraite à 60 ans, voilà un exemple simple.
22:07– Qui parle.
22:09– Qui parle.
22:10Et mettons aussi la baisse de la TVA, par exemple, sur l'énergie,
22:16sur l'essence, l'énergie, un certain nombre de choses que tout le monde consomme.
22:21Évidemment que tout le monde le souhaite, évidemment.
22:25Mais si la contrepartie de ça, c'est qu'il n'y a, par exemple,
22:29pas de crédit immobilier demain, il n'y en a pas.
22:32Il y en a à 15%, il n'y en a pas.
22:35En fait, l'immobilier, c'est le cœur de la pensée patrimoniale
22:41de la masse des Français.
22:43Donc si l'immobilier bouge, juste dans le contexte de ce type de décision,
22:49ils vont se retrouver à dire, on a envoyé au monde politique
22:54notre message à nous, avec cette polarisation, on l'a envoyé.
22:58Mais dans le fond, on sait bien que ce n'est pas tout à fait possible.
23:00On sait bien que toutes ces choses vont coûter tellement
23:04qu'elles ne seront pas applicables.
23:06C'est pour ça qu'il y a un côté un peu jeu là-dedans.
23:09En tout cas, j'essaie de dire qu'on peut aussi le regarder comme ça.
23:14C'est-à-dire d'amener les politiques, en signalant le mal-être profond,
23:18de les amener à chercher comment travailler encore mieux
23:22pour améliorer ce qui peut l'être.
23:24Sachant, dans le fond, que toutes ces choses ne sont pas techniquement possibles.
23:28Parce que, encore une fois, si elles sont mises en place,
23:31pratiquement tout s'effondre.
23:33Notamment pour les gens qui en ont le moins.
23:35Et ils le verront très très vite.
23:37C'est un peu le pari des marchés aussi.
23:39C'est ce que j'allais dire.
23:41C'est plutôt le pari des marchés.
23:43Est-ce que c'est effectivement la démarche dans laquelle on est actuellement
23:45quand on voit ce...
23:47On est une émission financière, pas politique.
23:49Mais quand on voit cette tripartite qui est en train de se dessiner,
23:52ce que vous dites, c'est qu'il y a une partie de programme
23:57qui soit à l'extrême droite ou sur le front de gauche
24:00qui, finalement, n'est pas fait pour être applicable ?
24:03Il y a 55% des Anglais qui ont voté pour le Brexit, je crois,
24:07au moment du vote.
24:08Si c'était 55, 53 ou quelque chose comme ça.
24:10On leur pose la question 6 mois plus tard,
24:12ils sont 55% à vouloir être dans l'Europe.
24:14Une fois qu'ils se sont rendus compte des conséquences.
24:18Pourtant, pour être polarisés, ils l'ont été.
24:20Mais ils ont vu ce que ça signifiait.
24:22Et peut-être, si on leur repose la question aujourd'hui,
24:24on aura encore d'ailleurs un autre chiffre.
24:26Pour moi, c'est pour ça que je fais tout à fait une analogie
24:28avec Trump, avec le Brexit.
24:30C'est le monde occidental.
24:32Tous les pays ont polarisé leurs politiques
24:36et testent des choses.
24:38Mais là, encore une fois, la réalité de ces tests,
24:41le marché, il est simple.
24:43C'est l'offre et la demande, c'est mathématique.
24:45Enfin, ce n'est pas mathématique, mais c'est une confrontation
24:47qui donne un résultat très clair, très simple à comprendre
24:50et dont les conséquences seront perceptibles par les gens.
24:53Éric Turgeman, en réaction,
24:55et peut-être avec un élément supplémentaire,
24:57l'euro dollar au plus bas depuis deux mois,
24:59c'est une conséquence naturelle dans le contexte actuel ?
25:03Une information à garder de près ?
25:05Il n'y avait pas que ça.
25:07Il y avait déjà la différence des politiques monétaires.
25:09Puisqu'on voit que, finalement, la BCE a tiré la première.
25:12On ne l'attendait pas forcément.
25:14Que la Fed n'en finit pas d'attendre de faire sa baisse.
25:19On en est toujours à zéro,
25:21alors qu'au début de l'année, on attendait cette baisse.
25:23Bien sûr.
25:25Au début de la réunion de politique monétaire,
25:27on en anticipait 3.
25:29Maintenant, on est entre 1 et 2.
25:31On voit bien qu'il y a une politique un peu plus stricte de la BCE.
25:34On ne va pas en avoir non plus 10 000.
25:36Il y avait ça qui jouait.
25:39La France, ce n'est pas la Grèce en termes de poids dans la zone euro.
25:44C'est un gros pays.
25:46C'est avec l'Allemagne.
25:48Tant que c'était Tsitsipras, en Grèce,
25:51on regardait ça de loin.
25:53Il y aura un haircut.
25:55Ils vont rentrer dans l'autre.
25:58Ils ont été obligés d'avoir une politique d'austérité derrière.
26:01Mais là, c'est la France.
26:03C'est quand même un des deux gros pays de la zone euro.
26:07Forcément, un Américain dit
26:09qu'il va revenir rapatrier chez lui-même
26:13plutôt que d'aller sur l'euro.
26:15C'est quelque chose d'assez logique.
26:19Après, j'ai revenu sur Trump et le Brexit.
26:21Une des raisons pour lesquelles les marchés sont consignants,
26:25c'est qu'à chaque fois qu'on a annoncé des drames politiques,
26:28ça s'est toujours bien terminé financièrement parlant.
26:31Souvenez-vous, avant l'élection de Trump,
26:34on disait que si Trump passe, les bourses perdent 20 %.
26:38Je ne sais pas s'il n'a pas perdu 10 % pendant 3 minutes
26:41et remonté peut-être à Wall Street.
26:43Encore, ça n'a pas duré.
26:45Maintenant, on s'est habitués à lui.
26:47Il y a 8 ans, ça paraît.
26:49Après, on a dit le Brexit.
26:51S'il y a Brexit, les bourses s'effondrent.
26:53Et à chaque fois, ça n'a pas été le cas.
26:55Donc, à un moment donné, c'est un peu pierre et loulou.
26:57Un jour, ça va arriver.
26:59Mais en attendant, on se dit qu'on a surmonté Trump,
27:01on a surmonté le Brexit.
27:03Alors, on peut surmonter en France une extrême ou l'autre.
27:07Voilà pourquoi les marchés continuent.
27:09D'autant plus qu'au-delà de ça,
27:11de toute façon, ils ne pourront pas appliquer.
27:13– Ça, c'est un titre.
27:15– Ils ne pourront pas appliquer.
27:17C'est quelque chose qui vous monte à 10% de déficit.
27:19Il faut sortir.
27:21Il faut avoir une monnaie qui se dévalue.
27:23Et là, ils ne peuvent pas avec l'euro.
27:25Donc, à la limite, au Royaume-Uni, ils pouvaient.
27:27Mais enfin, ils ont trouvé que la plaisanterie s'est écroulée.
27:31Ils ont arrêté.
27:33Donc, c'est une économie mondialisée.
27:37C'est-à-dire qu'il y a des flux.
27:39Donc derrière, si on va à l'extrême et qu'on ne peut plus payer les fonctionnaires…
27:45– Et si on veut se faire réélire trois ans plus tard, en plus ?
27:47– C'est vrai qu'il y a l'horizon.
27:49Julien Denormandie le mentionne, il y a l'horizon.
27:51– Il faut quand même dissocier la problématique gouvernementale,
27:55l'obligation à la dette, les obligations en état.
27:59Et puis, ce qui se passe au niveau des corporettes,
28:01aussi bien sur la dette corporette
28:03que sur les bénéfices par action des sociétés.
28:05Et là, en France, même en Europe, c'était plutôt positif.
28:09Donc, je crois qu'il faut vraiment dissocier le marché obligataire.
28:11On peut avoir une période un petit peu troublée.
28:13Mais après, en tendanciel, on a des améliorations.
28:19On a des tendances de résultats qui s'améliorent,
28:23des surprises économiques là aussi qui s'améliorent,
28:25au niveau européen, en France aussi,
28:27qui font qu'aujourd'hui, nous, on est plutôt positif,
28:29même avec un mouvement peut-être de basculement
28:33entre ces méga-cap qui ont surperformé post-Covid,
28:37mais qui sont rattrapés dans la création de valeur,
28:39peut-être par les small cap, les mid et small cap,
28:41qui sont en train de capter une partie de cette valeur
28:43et qui sont dévalorisées.
28:45Donc, en fait, il y a un moment un petit peu compliqué français,
28:49mais je crois qu'il faut avoir deux temps d'investissement,
28:53le temps tactique un peu plus prudent sur l'obligataire,
28:57mais sur les actions.
28:59Attention à ce qu'on achète. On achète des sociétés.
29:01L'Oréal, c'est 5% de son chiffre d'affaires en France.
29:03LVMH, c'est 7,9%. Schneider, c'est 6%.
29:09Attention, si jamais les marchés actions baissent,
29:13attention à ce qu'on achète.
29:15C'est pas attention, c'est regardons ce qu'on achète
29:17et on achète des valeurs internationales.
29:19Et donc, là, ce sera l'occasion de remonter dans le train
29:23de manière très conséquente.
29:25Je veux dire des valeurs qui perdent 20%, même des bancaires.
29:27Alors, attention à la ponction sur les résultats.
29:29C'est là aussi où on peut avoir des mesures populistes.
29:31Mais bon, quand on parle de la BNP qui perd 20%
29:35ou même la Société Générale,
29:37qui n'est pas forcément l'une de nos valeurs favorites,
29:41aujourd'hui, ça vaut 0,28 fois la valeur de la book value.
29:47Il y a un moment, il y aura un principe de réalité aussi
29:51qui fait qu'acheter des valeurs françaises,
29:54acheter des valeurs européennes actions, ça fait du sens.
29:56Je rajouterais même, je lisais dans le magazine
30:00Investir, l'histoire de cette entreprise Atlas Arteria
30:03cotée en Australie, qui a perdu 13% sur la journée
30:06puisqu'elle détient une partie des autoroutes françaises.
30:09Et on a vu que ça allait du coup jusque là-bas.
30:11Je vous pose la question différemment.
30:13Finalement, Laurent Denis, on achète des sociétés
30:15et pourtant quand il y a un risque politique,
30:17même si c'est des grandes capitalisations
30:19qui font tout leur chiffre d'affaires
30:21ou une majorité de leur chiffre d'affaires à l'international,
30:23elles sont impactées directement sur le CAC 40.
30:25Et pas sur une journée, sur une semaine.
30:27Absolument.
30:28Et peut-être que ça devient une opportunité d'achat.
30:31C'est là où il faut trier le bon gré de l'ivraie.
30:34Et va ainsi les concessions autoroutières à risque,
30:37bien évidemment.
30:39Pour autant, on verra si c'est mis en place.
30:41Honnêtement, ça m'étonnerait.
30:43Mais pour l'instant, c'est peut-être pas le moment.
30:46Il faut quand même attendre de savoir
30:48quel va être le Premier ministre.
30:50En revanche, LVMH, Schneider, L'Oréal, Danone,
30:54leur part sur le marché français est limitée.
30:58Mais effectivement, regardez quelle est la part
31:02du chiffre d'affaires des valeurs internationales
31:05sur le marché français.
31:06C'est exactement ce qui doit être fait.
31:08Parce qu'effectivement, si c'est 50% ou plus
31:10de leur chiffre d'affaires, elles vont être impactées.
31:12Donc oui, il faut faire ce travail de sélection.
31:14Et c'est peut-être là où les gérants actifs
31:16vont retrouver un petit peu de couleur.
31:18Et c'est finalement plutôt une bonne nouvelle pour nous.
31:20Julien Nébenzale, la semaine passée sur les marchés actions
31:23et notamment sur les valeurs à la Bourse de Paris,
31:26on en tire un bilan en se disant qu'effectivement,
31:30c'est peut-être une fenêtre d'opportunité
31:32quant aux gérants actifs.
31:33Ou au contraire, que ça envoie quand même un signal.
31:35Parce que passer une élection, un stress sur une journée,
31:39on a connu.
31:40Ou sur un début de séance, on a connu.
31:42Sur une semaine, ça montre quand même
31:44qu'il y a un questionnement, si je puis le dire ainsi,
31:48qui dure.
31:49Sur le marché des actions, pour cette question,
31:53l'interprétation de la semaine dernière,
31:55trois choses très brièvement.
31:57La première, le contexte toujours comportemental.
32:00Le dernier point bas, c'était fin octobre, début novembre l'an passé.
32:04Six mois de hausse qui commencent avec un certain scepticisme
32:07tout à fait naturel dans un cycle sur les marchés actions.
32:10Avec, à cette époque-là, six ou sept baisses de taux
32:14sont possibles du côté de la Banque fédérale américaine.
32:17Un truc complètement fou.
32:18Ce qui veut dire qu'on anticipait plutôt une récession
32:20qu'autre chose.
32:21Donc c'est normal qu'on ne valorise pas les bénéfices.
32:23Enfin, une croissance de bénéfices.
32:24On se rend compte en début d'année
32:26que finalement la croissance, ça tient plutôt bien.
32:28Le nombre de baisse de taux baisse.
32:30Enfin, l'anticipation de baisse de taux baisse.
32:32Et les bénéfices commencent à sortir.
32:34Les prévisions s'améliorent.
32:36C'est comme ça qu'on est monté pendant six mois.
32:38Qu'est-ce qui se passe dans un mouvement comme ça ?
32:40Il se passe que, je ne vais pas dire un certain pessimisme,
32:43mais d'une attitude prudente, on arrive à plus d'optimisme.
32:46C'est normal.
32:47C'est derrière nous.
32:48Il n'y a pas de hausse de taux, plutôt peut-être une baisse.
32:50Les bénéfices vont bien.
32:51Le momentum est bon.
32:52On est sur un nouveau sommet historique.
32:54Le plus logique là, c'est que les gens sont assez bien exposés.
32:57La couverture a baissé.
32:59La protection a baissé.
33:01Et donc, s'il y a une mauvaise nouvelle, on la prend fort.
33:03C'est tout.
33:04Il y a eu une mauvaise nouvelle à un moment où,
33:06sans être hyper optimiste, on était quand même bien tranquille
33:09que les marchés actions étaient partis pour bien monter.
33:12Donc, la mauvaise nouvelle, elle a fait exactement son travail.
33:15Après, du point de vue de l'analyse technique,
33:18sur le marché français spécifiquement,
33:20il y a deux sommets qui sont au même niveau.
33:22Évidemment, ça s'appelle un double sommet.
33:24Ce qui signifie que si on passe sous la zone
33:28qui est délimitée par ce double sommet,
33:30on crée ce qu'on appelle une figure de renversement.
33:32Elle est activée, elle existe, elle est là.
33:34Ça veut dire qu'on a un poids juste au-dessus de nos têtes
33:36de transactions, un ensemble de transactions
33:38qui est au-dessus de nous.
33:39Ça va nous bloquer pendant quelques semaines, quelques mois.
33:41C'est à peu près certain.
33:43Mais sur le fond, je reprendrai effectivement
33:46les points sur les bénéfices,
33:48mais sur le fond, le cycle économique,
33:50le cycle économique long,
33:53celui qui a commencé pour moi en 2019,
33:55il ne s'arrête pas avant 2026, voire 2025.
33:59Déjà, 2024-2025, c'est bien.
34:01Le cycle court, 3 ans et demi,
34:03le cycle de Keychain, c'est pareil.
34:05Il a commencé en 2022, à l'automne 2022.
34:083 ans et demi, ça nous emmène plus loin.
34:10Et le momentum de l'activité,
34:12déjà industrielle américaine,
34:14même si ce n'est pas extraordinaire,
34:16ça ne se dégrade plus.
34:18Ça remonte tout doucement, légèrement.
34:20C'est un cycle qui doit être un cycle faible
34:23en termes d'intensité économique,
34:25mais c'est un cycle qui vit comme les autres cycles.
34:27Donc la dynamique est encore très bonne
34:29pendant 1 an, 1 an et demi.
34:31Je crois que ça restera un support.
34:33Pour essayer de faire une synthèse.
34:35De sortir du simple côté politique également.
34:37Ce qui s'est passé, c'est normal
34:39du point de vue comportemental.
34:41Ça a des conséquences du point de vue graphique,
34:43mais sur la tendance de long terme,
34:45absolument rien n'est remis en cause.
34:47La perspective de nouveaux sommets sur les actions européennes
34:49au sens large est encore là.
34:51Si ça n'est pas des nouveaux sommets sur le marché français
34:53pour différentes raisons politiques,
34:55bon, il y aura ça.
34:57Mais rien n'a changé significativement.
34:59Ce qui peut nous arriver
35:01d'ici 1 ou 2 mois,
35:03c'est d'avoir une consolidation un peu sur le marché américain
35:05qui rebat un petit peu les cartes
35:07justement sur la distribution Europe-USA.
35:09Mais ça a un trail pour Gérand,
35:11qui font de la tactique.
35:13Le fond reste extrêmement solide.
35:15Comme dit Laurent Denys,
35:17n'oublions pas que nous investissons dans des sociétés
35:19quand on investit en actions.
35:21Eric Turgemann, que rajouter sur ces marchés actions
35:23par rapport à tout ce qui a été dit ?
35:25Tout ce qui est dit est vrai.
35:27Simplement, le scénario central
35:29est très positif.
35:31On est maintenant dans une baisse des taux.
35:33C'est le pic.
35:35Les résultats sont là.
35:37On pensait même d'ailleurs qu'on aurait du mal
35:39en Europe à progresser.
35:41Un petit peu, mais on va progresser.
35:43Finalement, on a une croissance mondiale
35:45qui tourne toujours autour de 3%,
35:47ce qui permet aux EPS en Europe de progresser.
35:49Il y a une corrélation assez forte.
35:51Donc on a la croissance qui va finalement passer mal
35:53et les taux qui baissent.
35:55Donc ça, c'est positif.
35:57Le seul problème, c'est qu'il y a des scénarios...
35:59Enfin, c'est qu'il y a une valorisation
36:01qui n'est pas du tout excessive,
36:03mais qui n'a pas de mou.
36:05C'est-à-dire qu'elle ne peut pas se permettre
36:07un grain de sable, un accident.
36:09Tout ça pour dire
36:11qu'il y a des scénarios alternatifs
36:13qui ne sont pas à zéro de probabilité
36:15et qui, s'ils arrivent,
36:17étant donné que la valo n'est pas bradée,
36:19on entraîne une baisse.
36:21Alors ces scénarios-là, on n'en parle plus,
36:23mais il y a deux guerres actuellement
36:25qui, pour l'instant, sont contenues,
36:27mais ça peut dégénérer.
36:29Ça ne s'est pas du tout priceé par les marchés.
36:31Zéro. Depuis le début, ni au Proche-Orient,
36:33ni en Ukraine.
36:35On voit qu'il peut y avoir des troubles politiques
36:37et d'autres scénarios.
36:39Aux Etats-Unis, le marché tient,
36:41mais il tient avec peu de valeur.
36:43Parce que si vous enlevez les magnifiques,
36:45le marché américain ne fait pas une croissance.
36:47D'ailleurs, le Doc Jones,
36:49plus personne ne le regarde,
36:51c'est un indice quand même,
36:53il est à 2%.
36:55C'est le Nasdaq qui a tiré avec 5 valeurs.
36:57Le marché américain, s'il y a un accident,
36:59ça proviendra d'une mauvaise nouvelle
37:01sur une méga-cap.
37:03Je ne sais pas laquelle.
37:05Regardez ce qu'on disait de Tesla il y a 4 ans.
37:07Ça peut augmenter,
37:09ce n'est pas que de l'auto, etc.
37:11Tesla, je ne sais pas si ce n'est pas 60% de baisse sur les plus hauts.
37:13On ne se rend pas compte,
37:15mais il y a quand même des sacrées chutes
37:17dans des gros indices.
37:19Dans le CAC 40, vous avez Kering.
37:21Kering, c'est 60% de baisse en 2 ans.
37:23Kering.
37:25Ce n'est pas assez inaperçu,
37:27mais voilà.
37:29Il se trouve que ce n'est pas un gros, gros poids.
37:31Le marché américain, le risque,
37:33c'est plutôt là-dessus.
37:35C'est-à-dire un accident.
37:37Moi, je ne suis pas spécialiste
37:39de la technologie, etc.
37:41Très bien,
37:43NVIDIA bat en permanence.
37:45Attention, quand je vois
37:47les acheteurs d'NVIDIA,
37:49il y a des analyses fondamentaux.
37:51Il y a aussi tous ceux qui ont chepilé
37:53parce qu'ils avaient reçu de l'argent pendant le Covid.
37:55On peut avoir un accident là-dessus.
37:57Et quand on est à 23 fois,
37:59je ne sais pas,
38:01dans les Etats-Unis, ça dépend des indices.
38:05C'est justifié
38:07tant qu'on n'est pas dans un scénario
38:09alternatif.
38:11Et là, il y a eu un accident
38:13en Europe.
38:15C'est le CAC 40 qui a subi.
38:17Oui, bien sûr.
38:19Il nous reste un tout petit peu moins de 2 minutes.
38:21Laurent Denis, on a passé beaucoup de temps à parler
38:23risques politiques en France sur les marchés.
38:25Si je vous pose la question à tous les 3,
38:27je vais commencer avec vous.
38:29Qu'est-ce que vous regardez aujourd'hui ?
38:31Est-ce que vous regardez des bonnes nouvelles sur les marchés ?
38:33Qu'est-ce que vous regardez dans le marché à l'heure actuelle ?
38:35Il y a des bonnes nouvelles.
38:37Il y a des bonnes nouvelles sur l'Europe, je les ai mentionnées.
38:39Des bonnes nouvelles plutôt en Chine.
38:41Une stabilisation de la macroéconomie.
38:43C'est le secteur de la construction qui s'est stabilisé.
38:45Une problématique au niveau de la consommation.
38:47Des dépenses d'investissement
38:49qui accélèrent. Des baisses de taux aussi
38:51qui permettent de stabiliser la croissance en Chine.
38:53Une décélération aux Etats-Unis
38:55mais qui finalement est maîtrisée.
38:57On est plutôt dans un
38:59environnement positif.
39:01On regarde ce qui
39:03nous apparaît être créateur de valeur.
39:05On reste sur la tech.
39:07C'est cher mais ça crée sa démarche opérationnelle.
39:09Nvidia de 75%
39:11avec des parts de marché qui pour l'instant
39:13ne justifient absolument pas
39:15de sortir de la tech.
39:17Le luxe, ça nous paraît un segment
39:19sur lequel il faut être positionné sur du long terme.
39:21On regarde les positionnements tactiques.
39:23Les small et les mid cap.
39:25On met de côté les small cap françaises
39:27qu'on a assez évoquées.
39:29Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des valeurs
39:31hyper attractives en Europe avec des positionnements
39:33internationaux.
39:35Sur les obligations, on regarde plutôt les obligations
39:37investment grade. Pourquoi ? Parce qu'elles n'ont pas
39:39eu le temps, le choix,
39:41la possibilité
39:43de faire cette erreur de surendettement
39:45pendant la période Covid. Elles ont des fondamentaux
39:47hyper solides. 4% de rendement
39:49voire un peu plus.
39:51Ça nous paraît offrir de la valeur
39:53à l'avenue d'une inflation
39:55qui décélère.
39:57Julien Ebbenzale, rapidement.
39:59Que dire de plus ?
40:01Que regardez-vous de plus ?
40:03Je vais m'intéresser
40:05en termes de stratégie.
40:07Je viens de commencer à le faire.
40:09A pondérer plus significativement
40:11tout ce qui est produit de base.
40:13Parce que je pense que le contexte
40:15de guerre va se développer.
40:17Pas forcément immédiatement.
40:19Tout ça, ça prend du temps.
40:21Mais ça va se développer et que l'enjeu
40:23des ressources sera significatif.
40:25J'ai rarement des biais sectoriels.
40:27Mais là, je pense qu'à horizon 5 ans,
40:29le biais sectoriel produit de base
40:31me semble intéressant. Je regarde ça
40:33en particulier.
40:35Eric Turgeman, est-ce qu'il y a un sujet qu'on n'a pas évoqué ?
40:37Rapidement, je ne vais pas être original.
40:39Nous, on préfère le crédit IG
40:41aux actions.
40:43On est plutôt neutre pour les raisons
40:45que j'ai évoquées.
40:47Le crédit IG, c'est un bon rendement.
40:49Si elles sont atteintes dans leur capacité
40:51à faire des profits, elles ne vont pas être forcément atteintes
40:53dans la probabilité qu'elles fassent
40:55défaut. Tout ce qu'on demande à une entreprise
40:57quand on a du crédit, c'est qu'elle rembourse.
40:59Ce n'est pas forcément qu'elle ait une explosion de son filet d'affaires.
41:01Donc, on préfère plutôt le crédit.
41:03Merci beaucoup Eric Turgeman,
41:05co-directeur de la gestion collective chez OFI
41:07Invest Asset Management. Merci
41:09Julien Nébenza, l'administrateur d'Advise.
41:11Et merci Laurent Denis, le global CIO chez ODO
41:13BHF. Merci à vous de nous avoir suivis.
41:15On se retrouve tout de suite dans Marché à Thème.

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